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[Rp] - Après moi le Déluge...

Lallie_ap_maelweg
Une veine saillante palpitait contre sa tempe, sourde à toute tentative de raisonnement et d’apaisement. La rage vrillait son regard et dans sa bouche le goût amer de la rancœur. Le carmin de ses lèvres se voyait concurrencer par le vif de ses joues aux émotions exacerbées. Elle avait alors voulu le tuer. La main crispée sur le poignard qu’elle brandissait au dessus de sa tête, comme un cobra qui se dressait prêt à frapper, elle s’apprêtait à enfoncer la lame de métal dans les chairs de celui qu’elle adorait et haïssait pourtant plus que tout autre chose au monde. Elle n’avait jamais été aussi proche de commettre l’irréparable. Elle cherchait sur son visage un pardon, des remords, de la terreur aussi sans doute. Mais rien, rien de ce qu’elle désirait ne se reflétait sur cette face. L’ingrat ! Qu’il crève ! Qu’il crève !

Dans son regard à lui nulle trace de peur, mais un petit sourire insolent. Cette fois encore il ne la prenait pas au sérieux. Il s’était levé avec nonchalance et lui avait adressé quelques mots vibrants de désintérêt pour finalement se détourner d’elle. Son cœur n’avait fait qu’un bond dans sa poitrine. Qu’il crève ! Qu’il crève !

Mais alors s’insinua en elle un nouveau sentiment qui se distilla rapidement dans tout son être. Elle avait peur qu’il se détourne et l’en haïssait d’avantage pour avoir osé faire naitre en elle une telle émotion de faiblesse. Elle n’était pas vulnérable, il ne pouvait la briser. Qu’il crève ! Qu’il crève !

Ils en étaient arrivés à un point ou l’existence de l’un empêchait la survie de l’autre. Se besoin d’être proche et de se repousser sans cesse, de se mutiler pour mieux se prouver, se détruire pour mieux exister. Mais leurs plaies désormais béantes suintaient l’amertume et le reproche. Ils étaient allés trop loin. Il était allé trop loin, elle allait aller trop loin. Qu’il crève ! Qu’il crève !

Après la peur, la résignation devant l’inéluctable. Il avait ouvert la porte et s’apprêtait sur le pas de celle-ci. Le poignard qui jusque là était resté brandit dans les airs, se découvrir une autre cible. Plus proche de lui, plus consentante aussi. Il lui fit ses adieux. Elle aussi.


- Adieu donc.

La porte se referma. Elle su alors. Elle su que c’était non pas à lui de mourir, mais à elle. Il avait cessé de jouer. Elle était désormais seule.

Energique, la lame vint entailler le poignet droit, puis le gauche et un long filet de sang sirupeux s’écoula. Ses yeux suivirent le tracé carmin sur le bras d’albâtre puis les gouttelettes chanter sur les pierres froides. Elle resta là quelques instants, à contempler ce spectacle. Elle n’aurait jamais cru son sang si rouge et si épais. Lentement elle se releva et prit la direction de sa chambre à l’étage qu’elle occupait depuis quelques semaines. Une servante qui malgré les cris était resté en haut, avait préparé son bain habituel à sa maîtresse. Quand celle-ci pénétra la pièce, elle congédia sa bonniche sans autre forme de procès. Elle se dévêtue seule puis se glissa dans l’eau chaude.

La tête rejetée en arrière, bras dans l’eau, elle contemplait le plafond comme s’il eut s’agit d’une œuvre d’art. Sa vision déjà se troublait et un mince voile de brouillard sembla l’envelopper. L’eau se teintait peu à peu d’une couleur rubiconde.
Il était sorti sans se douter qu’elle venait de se tuer.

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Grand_sage
- Adieu donc.

La porte se referma. Par contre il ne sut pas. Ou refusa de savoir, tout aveuglé qu'il était par la colère. Les ténèbres l'enveloppèrent et la fraicheur nocturne le saisit. Il frisonna alors reprenant ses esprits. Et il quitta le porche de la taverne, s'enfonçant dans la nuit.

Il ne se doutait pas de ce qui allait se passer au premier étage de la gueule du renard. Et comment aurait-il pu? Ce n'était pas la première fois qu'ils jouaient cette scène, parfait illustration de ce que peut produire de pire un amour fou comme celui ci. Un amour vache dans toute sa splendeur. Qu'elle aille au diable!

Il était épuisé, tant mentalement que physiquement, anéanti et exsangue des assauts verbaux et physiques de leurs affrontements quasi permanent depuis des semaines et des semaines. Incapable de raisonner, ne rêvant plus que de mettre une distance toujours plus grande entre lui et elle, trouvant plus souvent qu'à son tour quelques charmes et vertu dans ses absences. Qu'elle aille au diable!

Elle avait longtemps été la solution. La solution a ses problèmes, à ses angoisses, à ses doutes et à ses peurs. Elle était devenue un problème. Un problème qu'il n'arrivait pas à résoudre malgré de multiples tentatives. Et cette incapacité à gérer la situation, pour quelqu'un comme lui habitué à contrôler chaque parcelle et instant de sa vie, était pire qu'une terreur sans nom. Qu'elle aille au diable!

La déception la plus profonde le disputait à la colère la plus vive qui soit, l’aveuglant comme seul ce sentiment en était capable. Il se dirigeait tout droit vers la taverne municipal, son dernier havre de paix depuis quelques semaines. La faible lueur de quelques bougies dansait à travers les vitres de l’établissement trahissant une présence. Il y trouverait sans doute une bien meilleure compagnie, plus calme, plus sereine, plus rassurante. Qu’elle aille au diable !

Et pourtant il l’aimait, toujours autant et il découvrait chaque jour un peu plus la capacité de l’être humain à gérer les contraires. Car il se surprenait à la détester autant qu’il l’aimait ce qui n’était pas peu dire. Les contraires se rejoignaient en un seul sentiment confus et désagréable. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait… il n’était pas indifférent, il ne l’avait jamais été. Il était juste blasé, dépassé, blessé, anéanti… battu. Qu’elle aille au diable.

En cet instant précis, quelques pas avant de mettre la main sur la poignée de la porte de la taverne municipale, son ressentiment atteignit son paroxysme. En cet instant, l’on lui aurait dit que son épouse était décédée qu’il en aurait presque poussé un soupir de soulagement.

Mais en cet instant seulement.

Car on ne saurait changer un homme du tout au tout en l’espace de quelques disputes tout aussi dures et violentes qu’elles soient. Pas un homme de la nature du duc, humain, consensuel… amoureux.

La main sur la poignée, à l’instant d’entrer, il fut saisi d’un doute. Pas un de ces petits doutes anodins au premier abord et qui s’insinue peu à peu dans votre esprit jusqu’à devenir une obsession… Non, un gros doute, brut, franc, direct. Et si ?

Et s’il minimisait la situation ? Et s’il se trompait sur ses intentions réelles ? Et s’il se trompait sur le courage qui était le sien ? Et s’il se trompait sur le désespoir qui était le sien ?

Et si ?

Aussi les quelques attardés nocturnes de la municipale furent surpris de voir la poignée de la porte bouger, la porte grincer et s’entrouvrir pour finalement ne laisser personne rentrer. Et un convive curieux eut aperçu le maire courir en sens inverse, comme fuyant la taverne sans demander son reste s’il s’était levé assez tôt pour venir refermer la porte.

Lequel maire courait à perdre haleine dans la nuit vannetaise, non pour fuir ses démons mais pour y faire face, pris au ventre par une crainte terrible, mû par quelques intuition funèbre. Un esprit un peu mystique aurait pu avancer l’idée selon laquelle le lien unissant le duc et la duchesse, jadis illustré par une inégalable complicité, tout distendu qu’il était, n’était pas rompu. Un autre plus religieux aurait émis l’hypothèse d’une intervention divine. Le Duc lui ne se souciait pas du pourquoi et du comment. Seul la conséquence lui importait et l’inquiétait.

Il déboula en trombe à la taverne et se jeta littéralement dans la gueule du renard. Pas un regard pour Rufus, pas une intention pour la servante passant par là. La peur au ventre, une boule dans la gorge, l’esprit déconnecté pour ne pas penser à l’impensable, il avala les marches quatre à quatre et fila droit jusqu’à la chambre qu’il savait qu’elle occupait.

La porte fermée ne lui résista pas et une fois entré, il regarda la scène se déroulant sous ses yeux sans bien comprendre. Sonné qu’il était, il resta là hébété avant soudain de saisir l’horreur absolu de ce qui se jouait sous ses yeux.

Il poussa un cri qui n’avait rien d’humain, ne voulait rien dire et ne servait qu’à extérioriser soudain ce trop plein de colère, de rancœur et de peine. Il se précipita et se jetant à terre la tira de l’eau tiède et rosée. Dieu qu’elle était pâle, plus encore qu’à l’accoutumée. Dieu qu’elle semblait frêle et fragile, plus encore qu’à l’habitude. Dieu qu’elle était belle, plus que jamais magnifique, même dans sa nudité sanglante. Dieu qu’il était fou d’elle. Dieu qu’il était bête….

Les linges voisins furent à la hâte serrés avec vigueur autour des poignets meurtris pour faire cesser toute hémorragie. Ou tenter au moins. Et c’est seulement ces gestes vitaux exécutés, qu’avachi sur le sol, avec l’amour de sa vie dans ses bras, les larmes coulant le long de ses joues, il a serra contre lui et la berça, sans même savoir s’il était trop tard ou pas, tout abandonné à sa peine soudaine.

- Mon dieu Lallie mais qu’as-tu fait… Ne me laisse pas je t’en prie.
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Bodh
On ne peut pas dire que j'étais là.
C'est faux.
J'étais, mais ailleurs ; et j'étais très peinée. De cette antre où des cris avaient fusé, je m'étais échappée comme une ombre, j'avais fui l'hombre de ma mère et les hurlements qui encombraient l'air. Rasant les murs, fuyant les mots, n'écoutant plus que mon coeur qui battait à tout rompre, obombre esseulée. J'écarquillais d'inimitable effarement à leur incompréhension, j'y ajoutais la mienne. Nombre de mes questions ne trouvaient pas réponse, nombre de ces questions me poursuivirent.
J'étais seule.
J'avais la main posée sur l'encadrement de la porte. J'étais restée en haut, en bas ne voulant me rendre, j'y étais restée et les mots m'avaient suivie. Mais en arrivant à l'ombre du désastre perpétré par ma mère, mon père n'avait plus rien dit. Ou je n'en avais plus rien entendu. Comment savoir?

Je n'étais pas vraiment là.
Je n'avais pas envie de savoir.
Quoique.

Le couloir gémit.


P...P..
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