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[RP] Une vie...un fil.

Xenac
Au petit matin sur l’Equator.

Encore une nuit d’amour, qu’inspire le désir assouvi par le plaisir d’une corps à corps. La rouquine s’extirpe avec volupté de son sommeil , légers étirements, effleurements de sa peau. Au travers des paupières encore mi-closes son azur se pose amoureusement sur lui, l’Amiral, son époux, son amant.
Revient alors à son esprit le souvenir de la veille, baisers passionnés, caresses éffrénées et ces jeux impudiques qui les menèrent vers cette petite mort. Cette dernière trop intense, trop vite pour dévier la destination de la semence.
Elle est comblée, la rousse, mais cette fois encore, malgré leurs précautions, ils défiaient Dame Nature. Un mauvais pressentiment l’étreind, elle ne veut pas être mère, pas encore, c’était trop tôt, leurs projets n’en étaient qu’à leur balbutiement, un polichinelle dans le tiroir les retarderait, l’empêcherait surtout d’y participer, chose qu’elle ne pouvait concevoir.

Elle sort du lit, enfile braies et chemise, entortille négligement ses cheveux sur eux même en chignon, laissant libres quelques mêches folles. Elle quitte alors la cabine sans bruit après avoir attrapé, au passage, ses bottes laissées à l'abandon,la veille au milieu de la pièce.

L’heure était matinale, la brume encore présente sur le port bordelais, d’un pas pressé elle traverse Bordeaux par les ruelles encore endormies, le jour commence pourtant à reprendre ses droits,les volets poussés à la volée, des habitants commencent à sortir et se diriger vers le marché, la rousse sourit à deux prunelles sous un porche qui la regarde passer.
Elle serre son châle contre elle, l’humidité de ce matin printanier, réussit à atteindre sa peau, jusque là protégée par la chaleur de la nuit.

Sur le parvis de la cathédrale, elle ne ralentit pas l’allure, elle pénétre dans l’édifice en silence, décidée, elle se dirige jusqu’au bénitier dans lequel elle trempre délicatement le bout de ses doigts et se signe en faisant face à l’autel.
Elle vient s’installer sur les bancs du premier rang, s’agenouille, croise ses mains et pose son front en appui dessus. Xen, prie ainsi de longues minutes mentalement, expliquant au Très Haut sa vie de mercenaire, la Guyenne menacée, une vie incompatible avec celle d'une femme engrossée, puis relevant la tête elle s’adresse presqu’à voix haute sa prière au Tout Puissant.
« Nous défions Dame Nature… mais ô Tout Puissant exauce ma prière, ne me fais pas mère, pas maintenant… »
A genoux, front sur ses mains jointes, elle ne se décide pas à sortir, reste là continue de prier dans le silence de la cathédrale.

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Ardath
Les mots de Shaomye repassent en boucle au fond de sa conscience "Et tu sais tu étais bien mieux en étant toi même …. Elle s'accroche à eux comme un damné au radeau de la méduse, elle les digère lentement, elle les sent qui forment une sale boule au creux de son estomac, qui s'imprègnent de bile et qui la rendent plus amère à chaque lieue qu'elle trace loin de Labrit.
Elle taille la route vers le parvis de la cathédrale de Bordeaux. La question est trop importante pour qu'elle se risque à la poser au Très Haut dans une simple église.

Elle a essayé d'être gentille, parce que c'est comme ça qu'on aime les gens : gentils. Mais elle même pas bonne à être gentille, on lui crache au visage son acidité, son amertume mais quand elle met de l'eau dans son vin on lui dit que c'est pire encore.

Remparts de Bordeaux. Est-ce que c'est des miliciens ou juste des douaniers ? Ils sont deux et ils ont des hallebardes qu'ils tiennent croisées de manière à interdire le passage à tout voyageur qui répondrait pas à leurs questions.


Nom, provenance et motif de la visite.
Celui qui lui pose la question a le visage mangé par la barbe et l'air passablement blasé.
J'suis l'Ardath et j'suis une gentille fille …
Elle attrape son tricorne de la main droite et l'abaisse en salut.
… je viens de Labrit et je suis là pour me rendre à la cathédrale pour prier.
Il lui jette un regard sourcilleux, apparemment on la leur sert pas souvent celle-là. En tout cas c'est pas le bouclier aux couleurs de Cartel qui dérange puisqu'il ne peuvent pas en voir la peinture au vu de l'angle.
Ça ira pour cette fois mais pas de grabuge. Un écu pour passer.
La pièce change de main, les hallebardes s'écartent pour laisser le passage à Infortune. Hochement de tête de la brune.
M'ci bien. Z'aurez pas de problème avec moi vous savez. J'suis une gentille fille.

C'est pas bien difficile de trouver le chemin vers l'édifice le plus haut de la ville. Surtout que Bordeaux n'est pas des plus animées, le genre de ville à pouvoir se battre en duel avec Lyon pour la place de capitale la plus barbante du royaume.

À destination.

L'alezan est attaché à un anneau à l'ombre et attend patiemment le retour de l'Enseigne, c'est pas un animal nerveux de toute façon. Elle est passée par la porte cochère en laissant filtrer le moins de lumière possible pour ne pas déranger les fidèles.
Dure mais croyante, on ne peut pas lui retirer ça.
Elle a sa peinture préférée, s'adresser au vide lui est difficile. D'habitude elle choisi une statue et s'assoit à ses pieds pour converser avec le Très Haut mais à Bordeaux il y a une fresque représentant Saint Bynarr. Tellement mieux.
Le tricorne à la main elle se dirige vers son saint bourguignon quand une voix attire son attention. Elle l'a déjà entendue quelque part et les mots prononcés sont pour le moins intéressants.
Elle tourne la tête et en lieu et place de la voix se trouve une rousse agenouillée. Le regard passe de vert clairière au vert vipère amère et ses lèvres se pincent avant que leurs coins se retroussent dans un sourire mauvais.

Xenac. Un autre jour elle lui aurait juste souhaité un peu de malheur et aurait continué sa route mais ce n'est pas ainsi qu'on l'aime apparemment. Puisqu'on l'aime en mercenaire désabusée et cynique c'est ce qu'elle sera.
Elle lui a souhaité la mort, sans vraiment le penser, sans vraiment désirer son mari.
Mais les choses ont changé.
Mauvaise sans le savoir. Mauvaise sans vraiment le vouloir.

Elle avise d'une pauvresse dans un coin et d'une démarche discrète va s'asseoir à côté d'elle, qu'elles puissent causer tranquilles.
Le sourire tendu est amène, charmeur. L'Enseigne sait mentir à l'occasion.


Bonjour l'amie.
L'autre tourne la tête et Ardath sait déjà que le poisson est ferré. Elle continue.
J'ai une amie là-bas, elle prie. Je ne peux pas la contacter personnellement, je ne voudrais pas que cela puisse entacher ma réputation. L'autre n'a assurément rien à sauver de ce côté-là. Pourriez vous lui glisser que vous l'avez entendue et que Pandora saura résoudre son problème. Elle réside à l'écart de l'aile ouest du château, dans une cabane reculée entourée par des parterres de fleurs. Dites lui que si elle passe la voir ce soir elle pourra arranger son problème.
Et comme rien n'est gratuit et qu'elle compte s'arroger la discrétion de la femme elle sort les 5 écus qu'elle comptait laisser à l'église et les lui fourre dans la main.
N'oubliez pas, cela vient de vous.

Sans prolonger la conversation, on risquerait de les remarquer elle se lève et ressort du lieu saint aussi rapidement qu'elle peut le faire sans risquer de se faire remarquer.
Le forfait est presque accompli et cela la met en joie.
Elle est redevenue l'Ardath amère et sans rien à perdre un instant.
Dehors il fait toujours aussi beau et Aristote ne l'a pas foudroyé. Le tricorne de Tamarin retrouve sa place et elle détache Infortune pour se diriger vers chez Pandora. Oui, il fait vraiment beau dehors.
Aujourd'hui est un beau jour pour mourir.

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Juliuz said : Ardath qui sait être cinglante sans être méchante, la seule tata floodeuse.
--Vieille_bique


Grmbl, enfin, des personnes qui vont dans les Eglises, non mais c'est quoi ces gosses, de nos jours, r'gardez moi ça, l'état de ces bâtiments, mais quelle époque, quelle époque, mes enfants...

Elle grommelle, vieille carne, vieille folle, pauvre bigote, oui, pauvre bigote.
Mais qui s'en soucie ?
Sûrement pas eux, l'ont tous abandonnée, sales gosses, saleté de mari parti avant elle, saletés de personnes qui l'aident même pas, l'est devenue inutile, ça oui, saleté, elle les hais, tous, elle les déteste, oui.

Elle sursaute quand une voix se fait entendre, et regarde fixement la jeune femme.
La forme rachitique identifie un sourire, et écoute attentivement.
Un étirement, très fin, vient à son tour découvrir ses rares dents pourries gâtées, oubliées par le Temps.


Merci, jolie dame, merci.
Z'êtes bien gentille, vous savez, c'est rare, de nos jours, d'être gentil comme ça, vraiment, restez telle que vous êtes, ma brave fille.
Pandora, oui, Pandora.


Elle lève ses deux cannes qui lui servent de jambes, et s'avance doucement vers la femme.

Z'avez pas l'air bien, ma jolie. Mais je peux vous donner un conseil, vous savez, je peux vous dire un truc... Pas mère, vous disiez ?
Y a une herboriste, à l'écart de l'aile ouest du château, Pandora, une brave dame, elle saura vous aider, assurément, vous ne croyez pas ?
Allez la voir ce soir, dans sa cabane entourée de fleurs. Elle vous sera d'une grande aide.


Ses chicots noirâtres exhibés à la face de la femme, elle recule, palpant les cinq écus dans sa poche.
Enfin des personnes qui s'occupent d'elle, enfin des gens qui vont dans les Eglises, aujourd'hui est un bon jour, oui, un bon jour.
Faudra prier, très fort, pour que tous soient ainsi, elle y pensera, elle oubliera pas la gentille fille.
Ardath
Elle talonne le cheval qui part à un bon trot sitôt que le chemin de terre lui paraît correct, elle n'a pas un instant à perdre. Elle doit atteindre la demeure de Pandora avant l'autre.
La femme a l'esprit qui s'égare parfois et l'Enseigne ne sait pas s'il faut blâmer le temps ou les abus de médecine que l'herboriste a pu faire depuis sa jeunesse. La réponse ne l'intéresse d'ailleurs pas.

La seule chose qui compte c'est que Pandora a besoin d'argent et de silence. De silence particulièrement, si elle vit cloîtrée dans la forêt c'est parce qu'elle a peur que sa conscience crie si fort ses péchés passés que ses voisins les entendent.
Moufette les connaît et sait les exploiter. Oh, ce n'est pas qu'elle aime torturer les vieilles femmes non, juste qu'il faut que cette vieille femme lui obéisse. Et elle n'a pas trop le choix, c'est plus facile de se le dire de cette façon là : pas trop le choix.

Quand ils arrivent enfin les flancs du cheval se soulèvent rapidement, trop, juste assez peu pour qu'elle ne s'inquiète pas.
Elle frappe à la porte et attend que la femme lui ouvre. C'est un visage étonné, peu accueillant qui lui fait face une fois que la porte a pivoté sur ses gonds. L'Ardath n'est pas surprise, elle n'est pas là pour les étrennes ou pour lui amener des caramels, les deux le savent.


Bonjour Pandora.
La vieille s'assoit à sa table branlante et surchargée en désignant du menton le siège en face. Elle ne propose pas à l'Enseigne de lui offrir une boisson, sans doute qu'elle n'a pas envie que l'autre s'éternise.
J'ai besoin que tu me rendes un service. Ensuite nous serons quittes et j'emporterai ton secret dans ma tombe.
L'herboriste opine du chef, sachant très bien que si l'autre décide de faire autrement par la suite elle ne pourra rien contre ça.
Une femme va arriver, elle s'appelle Xenac. Elle va te demander une potion qui l'empêche de tomber enceinte.
Pandora ouvre la bouche, une telle potion n'existe pas, on peut provoquer des fausses couches en manquant tuer la mère par la même occasion mais pas prévenir les grossesses. La gasconne en face ne lui laisse pas la place de lui dire.
Donne lui n'importe quoi qui l'empoisonnera. Cette femme ne doit pas vivre.

A ces mots l'herboriste sourit. Peut-être bien que chacune connaîtra le secret de l'autre après ça. Libre oui, elle sera libre. Le chantage sera à double sens. Ça peut en valoir la peine.
Apparemment, Ardath tient l'affaire pour acquise puisqu'elle se lève avant de lui serrer la pogne. La poignée de main renferme un carré de tissu rempli de pièces. Oui, ça en valait la peine.
Sans se retourner pour voir l'autre femme récupérer son cheval et sortir elle se dirige vers sa malle et en tire des sachets d'herbes qu'elle trie avec diverses expressions faciles.

Oui, la demande d'Ardath sera exaucée.
Et aujourd'hui sera le dernier jour de sa vie. À la troisième.

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Juliuz said : Ardath qui sait être cinglante sans être méchante, la seule tata floodeuse.
Sancte
Samedi matin. Réveil ombrageux. Le rhum de la veille lui plombe les mirettes et sature ce qu’on pourrait appeler chez lui « vivacité d’esprit » dans un élan de générosité.

« De toutes façons celui là, il fera jamais rien comme les autres ! »

Raté la nonne. Tu peux remballer tes laitues. De docker à soldat, et de soldat à mercenaire prêt à se lancer en bataille pour quelques fruits gorgés d’soleil, on pouvait pas dire qu’il avait eu une vocation à verser dans l’original. A peine le temps de se rhabiller qu'il arpentait déjà le pont. Désert. On dirait bien que cette fois, il s’est levé le dernier et que les matelots en ont profité pour se faire la malle. Femme comprise. C’était jour de marché, rien d’étonnant. Seulement avec les bourses aussi plates que les nénés d’une vieille mendiante, les gaillards pouvaient pas aller bien loin.

Bonjorn. Amiral. s’exclame soudainement un douanier bourgeonnant d’ironie à son égard, les yeux pétillants d’une fourberie coutumière au corps de métier.
Qu’c’tu veux ? lui rétorque le brave Sancte les mains en appui sur la rambarde de son bâtiment, aussi amène qu’une porte de prison, dispensant au pauvre fonctionnaire son humeur exécrable prolongée par une vénéneuse haleine de rat crevé.
Hummmm … Ma ! Rien’ d’outrancièr, Amiral. Nouvelle étincelle ironique dans le regard mesquin du fonctionnaire qui manque de se prendre un balai brosse dans le groin en représailles de son comique de répétition difficilement supportable de bon matin chez qui patience ne constitue pas réellement cardinale vertu. Il s’avèrre simpl’ement qué nous sommes Samédi et … cela faite oun’ momento qué vous êtés là. La face de l’avarice s’illumine en une expression triomphante. Il sait à qui il a affaire. Il sait que ce qu’il lui demande est délicat en cet instant. Autant qu’il sait que sur ce ponton il a tous les droits et que l’influence du Conseiller céans est une arme inefficace, sinon nuisible si ce dernier choisissait d'en faire recours. Si vous persistez à né pas pahyer la taïxe, je me verrais contrainto d’immobilisèr votre navire. Treize jours, pour oune goéletté, à 3 elcous par jour, et bien on dirait bien que ça vous fait dou 39 elcous. 40 avec lé pourboire dou bon’ Ramirez.

Face à telle provocation, v’là que l’Amiral, pas plus fortuné que ses hommes et déjà bien échauffé de ne trouver personne à bord, se met à secouer la tête.

Va t’faire mettre. Dépravé.
T’es tombé sur plus con qu’toi, débile.
On pissera de l’or en Guyenne avant que j’file d’la mitraille à un sale bâtard d’Hispanie.


Ca, c’était vraiment pas malin.
Il le savait pourtant.
En l’entendant arriver, il s’était juré de raquer, pas poser d’questions, pas faire d’histoires. Mais une fois encore, c’était foiré. Il avait pas pu résister.
Chassez le naturel, hin …


Allez barre toi d’là avant que j’te plombe le cul, fils de gorce ! rugit-il en épaulant son mousquet, profondément irrité par ses propres erreurs et son absence de propension à toute forme de tempérance. Les autorités portuaires de Bordeaux viendront réclamer leur dû à Montauban, certainement pas avant, et certainement pas non plus via un sale bouffeur de tortillas.

Profondément vexé par cette odieuse discrimination de sa personne, le douanier bombe le torse avec conviction, plein de l’assurance que lui procurait la noblesse et l'autorité relatives de sa fonction. C’est au moment où il allait donner libre cours à son indignation, que le mercenaire raffermit sa mise en joue, coupant court à toute polémique.

N’y pense même pas.
Juste ferme ta gueule.


Tu parles d’une matinée. L’atmosphère à Bordeaux devenait du genre craignos. Vivement qu’ils foutent les voiles de ce cloaque qui leur servait de capitale, et le vent en poupe !
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"Voir la Guyenne et mourir."
Amiral Sancte Iohannes
Xenac
Des voix chuchottantes la tirent de ses prières, depuis combien de temps était –elle là, trop longtemps surement si elle ne voulait que sa balade matinale soit remarquée. Un dernier signe de croix vers le tout puissant, elle rejoint l’allée centrale alors qu’au même moment un silhouette sort de la cathédrale, un frisson dont elle ne comprend pas le sens la parcourt, cette silhouette, une jeune femme à coup sûr lui semble familière, l’attention portée sur l’inconnue disparaît aussi vite qu’elle est apparue lorsque une vieille femme l’apostrophe.

Herboriste…Pandora…une cabane entourée de fleurs.

Xen écoute la vieille femme, est –il possible qu’il existe un remède pour empêcher cela, elle jetta un œil vers l’autel, Aristote ne devait surement pas aimer ça. Mais si c’était la solution, il lui fallait essayer. La vieille femme paraissait de confiance, et si elle ne l’avait pas été, la rouquine ne l’aurait peut être même pas remarquée, pleine d’espoir de pouvoir échapper à ce qui lui paraissait inélluctable.

Elle prend les mains de la vieilledans les siennes, la remercie chaleureusement, sourire désolé de rien pouvoir lui offrir, elle était sans le sou depuis plusieurs jours, et les choses ne semblaient pas vouloir s’arranger. Il ne lui restait que quelques écus qu’elle voulait conserver pour la dite Pandora.

Jour de marché à Bordeaux, les habitants étaient de sortie , mais la ville n’en est pas plus animée. La rousse arpente rues et ruelles en direction du château. Les visages croisés, blafards,moroses, poussent la jeune femme à presser le pas, elle n’aime pas Bordeaux, un sentiment d’oppression l’étreind à chacun de ses passages dans cette ville, surement les évènements qui avaient eu lieu à la création de la capitale, elle restait endueillée, endormie, à l’image de ses tavernes abandonnées.

Au détour d’une rue dans son empressement, la rouquine percute de plein fouet un gros bonhomme, panier rempli de miches de pain sous le bras.

« Hé la rouquine …peux pas faire attention ! Où c’est-y que tu cours comme ça donzelle ? »
La rousse ramasse confuse les quelques miches tombées au sol, regard dans la ruelle dans laquelle elle s’engage.

« Pandora…vous connaissez ? »

Le visage de l’homme semble se fermer soudain « Cette vieille folle ? Elle vit retirer dans la forêt du coté ouest du château » De sa main libre, lui montre la direction, puis à voix basse lui chuchotte « Ses plantes et ses potions, pour moi c’est une sorcière ».
Une sorcière… parce qu’une vieille femme vit seule et isoler, Xen regarde de travers l'homme, combien de fois par la rousseur de ses cheveux l’avait -on elle aussi suspectée de sorcellerie, elle ne s’arrêterait pas aux divagations d’un gros bonhomme superstitieux.

Sorcière c’est aussi très certainement ce que lui aurait dit l’ Amiral s’il avait eu vent de ses intentions, sûr qu’il ne l’aurait pas laisser faire. Ils étaient mariés après tout, un marmot bien que la situation ne s'y prêtait guère n'aurait pas été un drame en soit.

Le château... la pinède... la petite cabane au parterre de fleurs... les bruits de sabots d'un canasson qui s'éloigne...La jeune femme inspire profondément, toujours ce mauvais pressentiment qui l’accompagne dans la capitale bordelaise, aujourd’hui il ne l’a quitte plus, obnubilée par ses préoccupations elle ne prend pas conscience que c’est une tout autre menace qui pèse sur elle, comment pourrait –elle l’imaginer d’ailleurs ?

La rousse pénètre dans la cabane de Pandora, invitée à entrer après les coups frappés à la porte.


Edit: correction orthographique.
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--Pandora.


[Ballet mortel sans balles et sans mortier]

C'est une chorégraphie orchestrée par une main experte, pour la perte des corps séquestrés. Ardath se sauve en perdant son éternel salut, et Pandora voit entrer celle qui l'Enseigne lui a enseigné devoir saigner.
Elle est rousse la femme, la fameuse innocente sentinelle de l'Advocatus.

Elle n'est pas folle Pandora, quoi qu'ils en disent, pas folle non. Elle a sa tête
alouette et ses mains. Une main experte, la deux ex machina de la haine en Guyenne. Pas folle, pas une olibrius sans brio. Qu'entre la rousse dans la danse, le combat aura lieu dans sa panse.


Entrez dans mon antre. Que puis-je pour vous ?

La réponse n'a pas une once d'importance. Elle sait déjà ce qu'elle lui donnera. Le sac est prêt, tout près, mortel tel la la belladone pour la belle que voilà.
Pas folle, même si le plan confine à la folie, in fine. Elle se raccroche à ça, jour après jour la Pandora, pas folle. Elle ne rouvrira pas la boîte de Pandore. La faute à sa mère qui l'a mal nommée. Qui peut-être digne d'homme en se nommant ainsi ?
La pièce est pleine de simples qui poussent dans ses patères dehors. Par terre ou hors sol, dans des pots.
Peau, la femme a une belle peau. Elle est désolée de la fin qu'aura la femme, Pandora.
Rat, oui, l'Ardath n'est qu'un rat, un rat qui mangerait à n'importe quel râtelier. Elle l'aura ce rat.


Quelque chose à boire ? Il ne fait pas bon discuter le gosier sec.

Sec, pas comme le ton qui est mielleux. Si ça vie doit se terminer autant lui rendre la mort douce au mousse.
Le ton est amène, en sachant que le Très Haut ne lui dira pas amen pour cette fois.
Elle se lève, avec l'innocence des sens d'Ève, et va raviver le feu dans l'âtre, marâtre. Avec un tison elle mélange les braises qui couvent, comme le prochain malaise.


Mettez vous à votre aise. Je vous fait une infusion.

Comme si ça pouvait encore lui donner l'accès à Sion. Elle n'est pas folle, elle sait bien que c'est l'enfer lunaire qui l'attend, qui lui tend les bras. Des brassées de fleurs pour soigner, ce sera le prix de sa rédemption, de son retour à Sion.
Cette femme, qui doit mourir, qui n'en sait encore rien. Elle a peut-être un mari, qui rit et qui pleure, cette femme qu'elle leurre et qui meurt. Bientôt.
Ça la rend malade Pandora. Elle avait dit plus jamais, mais de mai en mai on la fait parfois mentir.
Xenac
Entrez dans mon antre. Que puis-je pour vous ?

Elle entre la rousse,sans avoir jeter un œil derrière elle pour s’assurer que personne l’aie vue. Elle entre dans l’antre d’une folle ? d’une sorcière ? Peu importe, elle laisse le doute et les superstitions, elle veut ce remède s’il existe. Elle refuse une existence cloitrée au manoir pour donner vie, et prendre le risque de faire un autre orphelin, risque que sa condition de mercenaire impose. Pas de place sur la goélette pour un nourrisson, pas de place dans ce ventre vide pour un polichinelle.

La femme devant elle, a perdu sa jeunesse depuis longtemps maintenant, la noirceur de ses cheveux et de ses yeux donne une profondeur au visage de la vieille qui s’affaire devant l’âtre tout en accueillant la rousse.


Mettez vous à votre aise. Je vous fait une infusion.

C’est vrai qu’elle a la gorge sêche, sêche de devoir, après avoir prier le Très haut de l’épargner d’une nouvelle grossesse, venir chercher de l’aide auprès d’une femme qui manipule des plantes aux effets des plus obscurs.
La douce chaleur de l’âtre la réchauffe doucement, la voix mielleuse de la femme la met en confiance, elle se défait de son châle, et sans quitter la femme des yeux.

« Je ne refuse pas l’infusion… » Elle ne perd pas de temps en conversation futile et se lance en allant droit au but « On m’a dit de venir vous voir, que vous pourriez m’aider, je ne veux pas être mère, je crains de l’être… s’il existe un remède, une plante qui permette d’éviter ce qui pour moi n’est pas envisageable, je la veux. »
Son ton est péremptoir, mais qu’avait-elle à proposer pour exiger un tel service ?
Elle se radoucit et reprend « Vous devez avoir vu nombres de femmes dans mon cas, refusant une nouvelle bouche à nourrir alors que le petit dernier est encore accroché à leur sein, vous devez me comprendre. »

Xenac se saisit de l’infusion servie, la boit tranquillement, un sentiment de quiétude l'envahit, maintenatant qu’elle a enfin confié ce qu’il la préoccupe à une femme, qui elle en était sure, ne pouvait que comprendre son embarras.
Après un silence où toutes deux vont de leur observation de l’une et de l’autre, où leur esprit est soumis à leur reflexion personnelle, Xen plante son regard azur dans les yeux noirs de Pandora, question qui n’appelle qu’une seule réponse qui pourrait nourrir l’espoir de la rousse.

« Vous pouvez m’aider ? »

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Sancte
[Mer calme n'a jamais enfanté bon marin]

13h et des poussières. L'Amiral qui tenait plus de Don Quichotte que du vénérable Nelson emprunte le débarcadère. Il vient de nourrir les poissons par delà la balustrade babord, ce qui confirme assez nettement les très mauvaises dispositions de cette triste journée.

Que j'en vois pas un s'approcher d'mon bâtiment.
J'le descendrais aussi sec.


Les tripes vidées et la bouche pâteuse, il parcourt les docks de sa démarche sanguine. Rectiligne, jouant des épaules comme gorille en conditionnelle, mais qui s'en fout, trop peu convaincu qu'une vie rangée aurait à lui promettre davantage que ce qu'il peut arracher à la force de ses bras.

Grmbl ... Putain d'ville. Les Hollandais ont foutu l'camp. Plus une seule goutte de Rhum dans tout Bordeaux.

C'est la guerre là haut il parait. Alors ils retournent au pays soutenir l'effort. Super. Pas la peine de larguer les amarres pour aller à la rencontre de la guerre. De cette merde là, on en a déjà bien assez en Guyenne, suffisait d'rester. Sa grosse paluche pousse la porte vermoule d'une taverne à la facture honnête. Pas le Flore, pas la Joyeuse Carmélide, ni même le Val qui Rit (jaune). Mais le Rat qui pette. Une taverne avec une énorme faute en Enseigne ne pouvait pas se révéler foncièrement malhonnête. Surtout que ça gueulait bon enfant là dedans, et qu'il s'y baladait du néné généreux et d'la touffe pas farouche.

Du Rhum si vous avez.
Autrement ce s'ra Cognac.


Malgré sa nouvelle vie, malgré sa femme et les gosses, de boire il n'avait jamais arrêté. Juste ralenti. Ca le vivifiait, qu'il aimait dire. Surtout à jeun. Mais hors d'Agen, si possible.

14h ... Et toujours rien.
Qu'est ce qu'ils foutaient, tous ?

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"Voir la Guyenne et mourir."
Amiral Sancte Iohannes
--Pandora.


Elles se justifient toutes, avec les mêmes mots : "Trop de bouches à nourrir". Ou alors : Nous ? Rire ? Non … On ne rit pas bien souvent à la maison. Elles sont trop pauvres, ces femmes, pas assez d'argent. Elle ne juge pas Pandora non, ce n'est pas son travail de juger. Elle récupère l'argent que ces femmes n'ont pas et elle les aide à tuer dans leur sein les enfants.
Ces enfants qui ne s'accrocheront jamais à leur sein. D'ailleurs elle cherche celui qui doit s'accrocher à la rouquine.
Inique. Pour ces enfants. Est-ce qu'on tue les faons ?


Je peux vous aider oui. Mais ça ne vous aidera pas non. Elle marque une pause qui s'annonce lévanesque*. Change de pose. Reprend. Ça ne vous fera pas du bien. Bien que ça tue l'enfant. Un poison pour lui mais vous y survivrez.

Vivre ? Elle n'en aura pas l'occasion. La potion est déjà prête, ne reste plus qu'à appeler le prêtre.
L'enfant, elle est triste pour l'enfant. Elle les aime bien les enfants. Ils sont heureux et vivants. Celui là sera mort. Comme sa mère. Peut-être qu'on jettera sa mère à la mer depuis le pont de la goélette.
Les goélands, quand tout sera fini elle ira la voir la mer avec ses goélettes et ses goélands. Elle est si fatiguée et doit paraître si gaie.

Elle fouille dans son sac en tapisserie, celui qui ne doit être ouvert qu'avec parcimonie. Elle en ressort un sachet. Léger, si léger, qu'elle tendra avec la conscience lourde, si lourde.
Palourdes. Elle en mangera avec les goélands, les goélettes et la mer, des palourdes.


Tenez.

Le sac change de main, elle n'a plus d'atout dans la sienne. Chienne de vie, chienne de mort ici.
À l'intérieur il y a de la morelle douce-amère. Pour une mort rapide et sa paralysie éternelle, offreuse d'ailes, par un paralytique. Pandora est à l'image de la plante : douce-amère. Mère, mer, merde.


Diluez les plantes dans de l'eau bouillante et avalez tout.

Qu'est ce qui valait tout ? Qu'est ce qui pouvait valoir ça ? La gasconne est folle.

* le crédit est à donner à Eilith pour cette expression. Rendons à César ce qui est à César.
Xenac
Ça ne vous fera pas du bien. Bien que ça tue l'enfant.

La rousse prend le petit sachet tendu alors que résonne cette phrase dans son esprit, elle relève les yeux vers la femme.

« Je ne suis pas enceinte, j’aimerais juste éviter de l’être »

Elle regarde le petit sachet qu’elle tient dans sa main , puis de nouveau Pandora

« Ce remède peut l’éviter , n’est ce pas ? » La rousse pose sur la femme un regard soudain animé d’un doute.
Elle hésite à lui rendre le petit sac renfermant les plantes, cherche dans le regard de sa bienfaitrice la conviction du bien fondé de son action, elle était partie prier Aristote, là voilà dans la cahute d’une inconnue une plante à la main. Etait ce cela la réponse du Très Haut ? Elle a envie d’y croire…elle se décide alors à ranger le sachet dans la poche de ses braies, elle en ressort les derniers écus qu’il lui reste, et les tend à la brune.

Tisane finie…remède en poche…tout était dit, décidé…Xen prend congé, après avoir remercié la femme dont elle ne doute pas de la bienveillance. Elle sort de la bicoque aussi discrêtement qu’elle était entrée.

Sur le chemin qui la mène à l’Equator, la rousse ne cesse de louer la providence, d’avoir mis Pandora sur sa route, certaine qu’elle a trouvé là de quoi calmer ses inquiétudes de femme, ces petites choses qu’elles ne maîtrisent pas, mais qui portent de lourdes conséquences sur leurs vies.

Xen n’est pas fachée de ne trouver personne ni sur le pont, ni dans la cale où l’équipage a pour habitude de se retrouver. Elle se précipite sur le poêle pour y mettre l’eau à chauffer. D’une main tremblante, de peur qu’on la surprenne et de devoir se justifier, elle s’empare du sachet qu’elle vide dans une timbale, verse l’eau bouillante sur les plantes, respectant scrupuleusement les consignes de Pandora. Dans le silence rassérénant de la goèlette, assise à l’unique table du mess, la rouquine porte à ses lèvres le breuvage d’une saveur fruitée.

A cet instant l’improbable décide d’entrer en scène , un chat sortit dont on ne sait où et hurlant de frayeur sans que l’on sache pourquoi, bondit sur la table renversant sur son passage la timbale au trois quart vide. Xen la rattrape in extremis et avale la dernière goutte pestant contre le malheureux qui venait de gacher le précieux liquide. Pandora lui avait dit de tout boire, elle en avait plus du trois quart, l’effet serait surement le même.

Sa petite balade matinale lui avait prendre du retard sur son activité de quartier maître, elle se rend dans le magasin pour y faire l’inventaire et répertorier les denrées dont ils auraient besoin pour un éventuel départ, elle verifie armes et munitions. La tache qui d’ordinaire lui demande peu de temps au vue de leur stock de misère, lui semble difficile à mener, un étourdissement la saisit alors qu’elle continue à compter et recompter les miches de pains, et viande, les armes…les chiffres ne sont jamais les mêmes, elle compte encore , s’agace. Des tremblements secouent ses mains et ses jambes se mettent à flageoler, sur son front des gouttes de sueur perlent alors qu’une sensation d’étouffement l’oppresse. Les chiffres dansent, son esprit s’embrume, confusément elle comprend…mais qu’est ce qu’elle comprend ?
Elle pose négligement sur un tonneau vide, le carnet rouge sur lequel elle tient à jour l’inventaire, se tourne vers l’escalier qui mène sur le pont, de l’air, il lui faut de l’air.
L’ascencion de l’escalier est difficile, ses jambes sont lourdes et répondent mal à sa volonté, respirer lui devient de plus en plus difficile.
Une marche l’une après l’autre, elle y est presque… Encore une, une de trop, elle s’écroule , dans un sursaut d’énergie elle termine l’ascension en rampant.

Soleil aveuglant, bruits du port, des pas sur le pont, l’esprit encore là… si peu, les poumons comprimés s’acharnent à faire leur travail, amener de l’air, encore… si peu.

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--Ptit_mendigot


Elle a pas l'air bien, la rouquine.

Il en sait quelque chose, il l'observe depuis sa venue à l'Eglise.
Sourire effronté quand elle le remarque et le salue.
Pas souvent qu'on lui fait.
Il aime bien.
Vraiment.

Mais quand même... l'mendigot reste curieux comme pas deux, et rentre incognito dans le bâtiment.
Faudrait pas qu'on l'attrape, alors il se planque derrière une colonne de pierre.
Puis, il tend l'oreille.
Ça sent pas bon.
Du tout.

L'gamin a vu la rousse sortir, il s'inquiète, normal, surtout qu'il a entendu le nom de la femme.
La Pandora, elle est connue pourtant, on dit partout que c'est qu'une sorcière.
Mais le petiot n'a aucune idée de l'endroit où aller, et préfère attendre.
Près du bateau, il va patienter, attendant de la revoir.
Pourvu qu'elle aille bien.
Ah, la voila.
Enfin.

Sauf que c'est un petit timide, le gamin, malgré un air effronté et canaille, il ose pas lui parler.
Il se contente de l'observer, de loin, hésitant à rentrer, caillassant un chat au passage.
Au moment où il allait disparaître, ses prunelles perçoivent une lueur enflammée.
Elle est ressortie, tiens... sauf qu'elle a l'air de se sentir mal.
Mais c'est pas un médecin, l'mendigot.
Il peut rien faire, lui, c'est qu'un ptit.
Sauf le prévenir, l'autre.
Le mari de la rousse.
A la Taverne.
Il y court.

M'sieur, m'sieur, y a un souci vers le pont, y a un gros souci, vot' femme elle s'empoisonne toute seule!
C'est vers le pont, vous savez bien, sur le bateau, et elle est par terre, vot' dame.

Il tend le doigt, en direction de l'endroit où est étalée la rouquine.
Espère peut-être une rémunération, qui sait ?
Mais surtout, qu'elle s'en sorte.
Pas souvent qu'on le salue.
Et il l'aime bien.
Vraiment.
Sancte
Renvoi, rends toi.

On l'informe.

Enfin "on". Un gamin quoi. Avec une tête de jeune premier, malgré la crasse. Un petit air négligé, du genre juste ce qu'il faut pour faire clodo mais pas assez pour être repoussant. De la mendicité de haute volée. Rien à voir avec les pestiférés des cloaques et des mendiants à l'épiderme fripé qui agitaient leur moignon en se réclamant vétéran d'une guerre déjà trop lointaine dans les mémoires collectives pour faire naître dans les coeurs de ce monde endurci une quelconque compassion à leur égard.

Il grogne et jette un regard meurtrier au môme à qui on devait avoir donné 20 deniers pour lui sortir le museau de l'estaminet. A d'autres, ptit con. Surtout qu'il a beau mirer sa gueule d'ange crasseux, elle lui cause pas. Encore un qui ferait mieux de remonter sur son nuage.

Il s'éjecte le reste du Cognac dans le gosier. Il se dresse, l'esprit réconforté par une douce chaleur légèrement étoudissante. Agréable. Il balance quelques pièces de cuivre sur la table, récupère son mousquet et se dirige vers la sortie, le pas sanguin et impérial. Sans courir.

Il ne courrait jamais que pour charger. C'était gravé. Il se tenait néanmoins prêt à le faire. Il le ferait sans doute d'ailleurs. Une fois l'ennemi identifié. Sa grosse mandibule s'abat sur le col du môme qu'il soulève du sol, sans réellement prêter attention à lui. Son autre main brandit déjà un coutelas. Un éclat froid en parcourt la lame aiguisée.


Si tu m'mens, j'te brise.

De la garde, il s'ouvre la porte grinçante, sans s'avancer. Mâchoire en étau et yeux plissés, le voilà qui darde son regard acier sur les côtés, attentif à la prévention de toute embuscade. De grosses veines lézardent son cou de taureau, son coeur tambourine dans sa cage thoracique à en réveiller les morceaux de lard ingérés la veille. Mais dehors ... ya rien. Pas de gueux armés jusqu'aux dents prêts à le planter dans le dos, pas de charretiers en surnombre armés de gourdins. Rien. Juste l'animation habituelle d'une ville à la con comme Bordeaux. Il ouvre les vannes d'air. Sa respiration reprend alors qu'il oblique le regard sur le môme qui balance ses jambes dans le vide au bout de son bras.

Il l'avait presque oublié.

Méprisant, il le lâche sur le pavé comme on se débarrasse d'un colis encombrant avant de lorgner sur le mouillage, cherchant à repérer son bâtiment dans le bordel grouillant de vie du lointain. Ses bottes bleuâtres martèlent avec force le pavé des docks, jusqu'à ce qu'elles l'emmènent sur le ponton où est amarré l'Equator.

Bonne nouvelle. Pas de douaniers pour le faire chier.
Mauvaise nouvelle. Le môme avait pas raconté de craques. C'est con. Il aurait bien aimé le taper.

Trêve de plaisanterie. Sa belle n'avait pas coutume de faire la sieste au soleil sur le pont de son bâtiment. D'ailleurs il connaissait personne qui pouvait avoir des coutumes aussi débiles. Hormis les Anglais. Il s'avance sur l'embarcadère et une sale intuition l'étreint. Il se sent pas bien, non. Pas bien du tout. Ses tripes se nouent façon crinière de poney sauvage et il se met presque à regretter d'être allé boire ce foutu verre.

Il pose genou à terre, l'air grave. Grave et sévère. Sa main lui chope le visage. Il l'ausculte, majeur sur la carotide. Ca palpite. Pas fort. Mais ça vit. Pas de traces de coups. Il regarde ses mains, les ongles. Pas de sang, pas de peau, rien. Même pas qu'elle est un peu débraillée. Le con. Il en mène pas large. Il la perd, il est foutu. Il la repose, enfouit sa gueule dans ses grosses mains, et se balance d'avant en arrière comme une saleté d'autiste en marmonnant des trucs sans queue ni tête. Il est totalement désemparé. A qui s'adresser ? Il connaît deux médecins. Un est en voyage dans le Nord, l'autre couve un chinois à l'Est. Les médecins de l'Ost ? Pff. Ces cons là savent même pas lire.


Intervention subliminale -et un brin narquoise- de la conscience.
Citation:
"Ben alors Iohann ? Tu vas chialer comme une p'tite lavette ? Hum ?! R'garde là ! R'garde là bon dieu ! Tire tes mains ! Vala. R'garde là. Tu la perds. Tu vois pas que t'es en train de la laisser filer ? C'est ptet' bien vrai au fond c'qu'on dit. Au fond, t'es ptet' bien qu'une ptite lavette. Tu veux que je te dise Sancte Iohannes ? J'crois que tu ferais mieux de d'venir Diplomate ! Hahahaha !"


Va chier. Salope.
C'ta pute de mère l'ambassadrice.


Mange ta décharge. Tu la sens bien là hein ? Tu m'étonnes. Le voilà qui se redresse, chargé à bloc et les yeux injectés de rage. Celle du désespoir. Il aggripe le col de sa femme, et commence à lui coller des baffes avec l'air de lui en vouloir méchamment.

Réveille toi ! Réveille toi ! Réveille toi !

Ca lui colore les joues. C'est plutôt joli. Elle paraît plus vivante comme ça. Plus heureuse aussi. Comme quoi, c'qu'on dit sur les femmes battues. C'est toujours à prendre au conditionnel. Par contre c'est plutôt inefficace. Faut admettre. Alors il la lâche et s'enfonce en cale qu'il remue de fond en comble en catastrophe. Une minute plus tard -qui lui a semblé être une éternité- il en ressort avec une bouteille de tord-boyaux. Le genre de truc à faire danser la gigue aux morts. Retournant auprès de sa femme en mauvaise posture, il lui fait sentir le nectar au goulot. Juste sentir. Il la sent frémir et de suite s'embrase en son for intérieur une explosion d'espoir à l'intensité incomparable (si l'on omet le jour où il a gagné une esclave Hollandaise au Ramponneau). Sa main se glisse sous la nuque de la demoiselle. Il lui fait boire le breuvage à la fermentation quasi-corrosive dont les seules vapeurs pourraient assomer un âne. Ca va pas assez vite à son goût, voilà qu'il inonde son gosier, puis, la redressant soudainement, il lui carre deux doigts dans la bouche, jusqu'à la gorge.

Allez vomis mon amour, vomis ...
Vas y vomis. Mets-y toute ta race !

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"Voir la Guyenne et mourir."
Amiral Sancte Iohannes
Xenac
Blancheur extrême de ce visage contrastant avec sa rousseur flamboyante. Face écrasée contre les lattes de bois sous un soleil de plomb, elle gît sur le pont, s'enfonçant dans l'obscurité des abîmes.
Profondeurs rassurantes où la douleur ne règne plus, cette oppression qui lui broyait les poumons s'est envolée tout comme les dernières bouffées d'air inspirées avec peine.

Plus d'air...plus de douleur...l'esprit encore là...un peu. Des vibrations sur sa joue des pas lourds sur les planches de bois, elle prend à peine conscience d'une présence que l'obscurité reprend ses droits.
Léger filet d'air...l'esprit vagabonde... La brune, le sachet de plante, le canasson qui fuit ,la cathédrale plongée dans les ténèbres, une claque... c'est une porte qui s'ouvre laissant filtré un rayon de lumière sur une silhouette familière, une autre claque...c'est un tricorne qu'une main porte à la tête. Elle était là… Etait-il possible qu’elle soit la cause de son mal ?

Une odeur acide lui chatouille les narines, odeur qui devient saveur âpre et brûlante qui coule dans son gosier, son esprit se débat, son corps lutte, ce n’est pas son heure. Mais si elle ne mourrait pas étouffée ce serait noyée par le tord-boyaux ingurgité. La torture bienveillante continue et ce sont maintenant deux doigts enfournés si loin dans sa gorge qui en sont la cause, l’infâme breuvage se répand sur le pont à force de crampes gastriques.

Dernier soubresaut de ce corps malmené, qui lui ramènera la vie, l’air chargé d’embruns marins envahit ses poumons toujours enserrés dans un étau. Elle respire…avec difficulté, bruyamment, mais elle respire.
Au travers de ces yeux mi clos, elle le voit sans vraiment distinguer les traits de son visage, est-il en colère ? Soulagé ? Elle ne saurait le dire, et au fond peu importe, elle est vivante.
Elle aimerait lui demander pardon, pour sa naïveté, et son refus à devenir mère au risque d’y perdre la vie, mais dans un souffle seule deux syllabes n’en sortent… « Ar …dath »

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Ardath
Elle est loin déjà, bien loin. Sur son cheval qui avance régulièrement sans se presser. Elle s'est pas retournée pour constater les dégâts, elle sait que quel que soit le résultat elle ne pourra pas le contempler. C'est le prix à payer pour chaque vengeance. Se contenter de savoir qu'on a fait mal et ne pouvoir que l'imaginer.
Elle attend juste le contrecoup, le moment où elle réalisera pleinement ce qu'elle a essayé de faire. Tuer quelqu'un sur le champ de bataille c'est pas grave. C'est propre, une estafilade et l'autre accouche de ses tripes. C'est le jeu, c'est la vie. Juste que là elle a triché, elle s'est pas annoncée.

Elle attend le moment où elle se sentira aussi mal que Xenac. Elle attend et ça vient pas.
Ça lui fout les jetons, elle se savait pas encore capable de tuer quelqu'un sans réelle raison et sans remords.

On l'attend ailleurs mais pas pour construire quoi que ce soit sinon une légende. Elle n'excelle dans rien d'autre que la vengeance et peut-être que c'était ça la véritable dette qu'elle devait maintenant à la vie.


Tu vois Infortune y'a pas de balance cosmique. S'il y en avait une je serais crevée depuis longtemps.

Elle renfonce le tricorne un peu plus sur son crâne, le soleil commence à lui taper dans les yeux.
Elle a un gamin à aller chercher quelque part. Livré avec le chapeau, ça fait cher la coquetterie.

Et pendant tout ce temps l'alezan continue d'avancer.

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Juliuz said : Ardath qui sait être cinglante sans être méchante, la seule tata floodeuse.
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