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[RP] Courceriers, n'as tu jamais embrassé félicité?

Judas
Rp initialement posté en Gargote mainoise.


Citation:


    A ceux qui liront, et pas aux autres!

    Qu'il soit su en tout le comté du Maine que Judas Von Frayner seigneur de Courceriers, cherche un sénéchal pour ses terres. Icelui se devra d'être lettré et bien peigné même les jours de grand vent. Aura en charge doléances du servage, contrôle de l'usufruit et de la population de gibier et autre entretient courant du castel et de sa vènerie. Solde à la hauteur de la tâche mandée, contacter Judas Gabryel Von Frayner ou Erwelyn Corleone.

    A Mayenne, le quinzième jour du mois de juin de l'an de grâce mil quatre cent soixante.




Le voyage ne fut pas paisible jusqu'à Mayenne, loin s'en faut. Le Von Frayner et sa Roide d'amante avaient avalé les lieues sans mot se dire depuis le débarquement à Saumur et jusqu'à Vannes, dans une ambiance a couper à la serpette. Bretagne fut donc vite traversée, et le Maine bientôt en vue.

Le Maine. A-t-on déjà vu duché si dépeuplé? Dieu savait que si Judas n'avait pas eu ses terres de Courceriers et une suzeraine endeuillée à Mayenne, ses pieds ne l'y auraient pas conduit de sitôt. Pourtant la fatalité - ou la déveine - voulu que l'homme daigne bien s'y rendre en personne, tant pour découvrir enfin lesdites terres et honorer le deuil de la baronne que pour se heurter à la ridicule obstination de la Corleone à le marier. Mais ça, c'était une autre histoire. Depuis Laval, il n'avait croisé âme qui vive sur les chemins, a défaut peut-être de quelques mulots et douaniers zélés. Lors d'une halte, Frayner fit passer une annonce publique afin de trouver un sénéchal qui pourrait s'occuper de Courceriers, car l'homme était certain d'une chose: Le Maine ne le reverrai pas de sitôt. Une missive lui était parvenue, un candidat potentiel.

Avant même d'aller saluer l'instigatrice de sa visite Mainoise, il entreprit donc de fouler le sol de Courceriers qui n'avait pas encore de visage, curieux et à la fois rétif à l'idée de découvrir un endroit qui ne lui plairait pas. Peut-être s'imaginait-il des remparts rosâtres et des étendards criards à l'image de celle qui lui avait en quelque sort passé la corde du fief au col. Où alors c'était la pure incertitude, ce flou artistique angoissant qui ternissait l'excitation qui le caractérisait la plupart du temps lorsqu'il s'agissait de nouveauté ou de possession.

A cheval sur une monture dont la croupe était recouverte de la cape poussiéreuse du voyage, Judas suivit des yeux le sillon tracé d'une carte sans âge jusqu'à la Lettrine C faisant office de point de ralliement, a savoir le castel de Courceriers. Les armoiries mêmes semblaient dénuées de leur couleurs originelles, de gueules à la bande d'argent, accostée de deux cotices d'or n'était que sombre gribouillage dépeint par le temps.


les remparts avec leurs tours de défense firent au fil de la progression leur apparition austère, bordés d'un étang trop paisible pour être honnête... Pour les rallier la chevauchée traversa ainsi la découpe de champs où s'échinaient quelques serfs dans un silence mortuaire. L'homme au bliaut pourpre et aux cheveux longs point sûr de lui décida de faire une halte à la hauteur d'un petit groupe dont les femmes semblaient être aussi vieilles que les pierres de l'édifice qui les dominait. Accostant l'une d'elle sans chaleur et du haut de son bai, il lui manda avec sécheresse:


- Dis moi vieille femme, pour qui traines-tu cette charrue et bâtes-tu tes boeufs chaque jours?
- Pour Courceriers mon bon messire. Pour la Sainct Antoyne de Rochefort et pour son seigneur.

Courbée de vieillesse et d'usure, la vieillarde ne s'attarda pas et repris sans mot ajouter sa besogne, laissant Judas assuré de la justesse de ses supputations. Le regard revint se poser sur les murailles, sans y trouver une once de gaieté. L'endroit était loin d'être à l'image d'Erwelyn, sans doute bien plus à celle de Judas. Fort de cette constatation la progression reprit, couronnée d'un vol de corbeaux voleurs.

Roide s'est tue, l'atmosphère est lourde. Bienvenue à Courceriers, mon seigneur. Bienvenue à Courceriers, mon seigneur.

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Anaon
    Le silence pour cortège. Et la poussière des chemins pour leurs faire un sillage. La terre semble déjà souffrir des affres prometteurs d'un été plein de lourdeur. Quand l'air n'est pas sec, il transpire d'une moiteur pesante, faisant lever au ciel des regards dans l'attente de voir l'éther craquer et déverser sur terre un peu de sa fraicheur. La mercenaire, qui d'ordinaire serait la première à blasphémer sur le soleil et sa maudite chaleur, garde bouche close et regard dans le vague. L'été s'annonce sous de bien mauvais augures.

    Balafrée juchée sur rouan. Le tableau cloche. On ne retrouve pas sous le séant l'habituelle monture au poil doré. L'ibérique, harassé du précédent voyage, avait été remis au bon soin de Petit Bolchen et l'Anaon avait dû s'octroyer les services d'une monture temporaire. Un mal pour un bien et une frustrante contrariété. Parfois, les regard de la femme se perdaient bien au-delà de leur route. Car bien au delà, il y a Paris. Œillades bourrées d'arrières pensées et lourdes de sens. Désir qui demeurera pourtant sans concrétisation. Jamais la mercenaire ne reprendra les chemins de la capitale en délaissant son unique compagnon de route dans l'écurie du Von Frayner. En conséquence, le retour à Petit Bolchen lui était inévitable.

    Aujourd'hui, pourtant, la Bourgogne est bien loin et c'est la mort dans l'âme que la balafrée suit le chemin qu'on lui impose. Les crins de sa monture pour unique horizon, la mercenaire garde ses sens résolument braqués sur l'équidé qui la porte, évitant inconsciemment de poser son regard sur la silhouette de Judas . Vision coup de surin. L'Anaon se fait automate. Calfeutrée dans un mutisme imperméable, elle suit, bêtement.

    Arrêt du cheval de tête. Le sien s'immobilise de même et un regard morne daigne enfin se lever pour aller se poser sur la femme que Judas interpelle. La vision de cette vieille ridée de lassitude la força à s'appesantir sur le décor qui les entoure. Des remparts inhospitaliers aux chevelures de blé qui parsèment ses alentours, tout semble suinter d'une ambiance à aller se pendre. Les azurites s'attardent sur les paysans qui ahanent dans les champs. Bientôt, au détour des pâturages, on sentira la singulière odeur du foin. Diable, ce que l'Anaon avait put s'y saigner les mains au mois de Juin.

    _ Que de souvenir çà, hein...

    … Gamin. Le regard se heurte sur l'encolure de la monture qui n'est pas sienne. Ah oui. Une once de déception pointe sur la mine de la mercenaire déjà assez désœuvrée. Un soupire et le regard retourne se poser mollement sur les alentours.

    _... Et bien... non...

    Comme un ordre muet, Judas reprend le pas et la mercenaire renvoie sa monture dans l'allure. Le silence pour cortège. Et la poussière des chemins pour leur faire un sillage.Les azurites accrochent l'envolée des volatiles aux plumages portant la couleur des sombres présages.

    Le tableau est complet.

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
Judas
Le mur austère, premier rempart est atteint, verdies de lichens les pierres sans âge indiquent le nord. D'un coup d'oeil observateur le Frayner jauge la hauteur de l'édifice sans ralentir sa monture. Au pas les deux cavaliers silencieux entrent dans l'enceinte de Courceriers, il y règne un silence mortuaire. Première vision, et pas des moindres, une potence. Plantée là, près de ce qui semble être une grange si l'on en croit la chouette clouée à sa porte, cette apparition dérange. Judas fait semblant de l'ignorer, la contournant jusqu'à une charrette esseulée contre un four de pierre. Frayner devina qu'il était le point de ralliement quotidien des paysans qui travaillaient les terres de la Corleone, les siennes, afin de cuire leur pain. Continuant à observer les alentours il met pied à terre, quittant son assiette rigide et attache sa monture au bât.

Derrière eux la herse semble menacer de pourfendre le premier malandrin qui oserait sans autorisation et au devant, là , le castel se dresse fièrement. Judas s'avance, sans s'occuper de la mercenaire qui ne daigne plus lui adresser la parole depuis la traversée et l'Anjou. L'ensemble dégageait une sensation de force endormie, éteinte. Le château avait les pieds dans le chiendent et la tête dans de sombres nuages, l'orage menaçait. La grande porte tendit les bras à son nouveau maistre, il la poussa avec précaution.

L'intérieur était sombre, nul doute que personne ne venait plus visiter Courceriers que pour s'assurer qu'il n'était pas dépouillé de ses trésors. Ce manque de lumière poussa Judas à dégager une fenestre afin de laisser un peu de la maigre clarté de l'extérieur entrer. C'est là qu'il aperçut les ruines, juste derrière le château. De tout ce qu'il découvrit du fief, cet enchevêtrement de roc mi fait mi défait le fait pauser un instant. Sous ses prunelles scrutatrices sans doute les reste d'une tour, au vu de ses vestiges éparpillés circulairement.

Courceriers semble figé dans le temps. D'un geste lent, Judas découvre du bout des doigts les tapisseries dont on ne distingue plus l'histoire, posées sous la fenêtre afin de protéger la pièce de l'hiver lorsqu'il parait.


Il n'y a pas de vivier.


Simple conclusion. Pas de vivier, pas de chiens, pas de bois. Juste au delà du mur des terres planes à perte de vue, plantées de quelques arbres donnant çà et là l'illusion d'une intimité. Ce n'est pas Petit Bolchen, mais l'endroit dégage un charme à dépoussiérer... Nonobstant cette potence. Les serfs de Courceriers n'étaient pas consciencieux pour la gloire non.


Pas de vivier mais un étang.


Dit une voix du fond de la pièce. Judas se tourna vivement, découvrant un homme en soutane, corde à la taille et traits presque aussi vieux que le bâtiment lui même. Le chapelain. A défaut de sénéchal, le Très haut se chargeait de garder les lieux en l'absence d'autorité...
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Anaon
    Le tableau était complet, mais il semblerait que Courceriers aie décider de le parfaire un peu plus. Après l'envolée de mauvaise augure et maintenant la vision de la fameuse potence, l'Anaon ne se surprendrait pas de trouver un cadavre derrière chaque buissons ou dans l'ombre d'une porte. La structure de bois retient l'attention volage de la mercenaire et les azurites ne s'en détournent que le temps de voir le seigneur poser sa monture et vaquer à sa découverte. Retour à la potence. Les doigts se resserrent sur le cuir des rênes et l'Anaon met à son tour pied à terre. Ailleurs, prise dans sa contemplation, la balafrée ne prend même pas la peine d'attacher sa monture, sans penser que cette fois-ci, il ne s'agit pas de Visgrade.

    Une main passe sur son menton tandis que l'œil se fait critique. Le voyage depuis le débarquement de La Cardabella a été tellement morose que pour une fois que quelque chose attise la curiosité de la mercenaire, elle serait capable de s'émerveiller devant la moindre de ses échardes. Une chose de sûr, c'est que la Corleone ou bien l'ancien propriétaire ne devait pas être des tendres. Le regard se défait de la vision funèbre pour embrasser la façade de l'édifice... pas forcément plus accueillante. De toute manière, quant bien même le château serait envahit de paillette et de pâquerette la mercenaire ne le trouverait sans doute pas plus avenant. Si elle avait passé une partie de sa jeunesse à se démener dans la fange, ce n'était pas le cas des siens, et l'Anaon n'avait pourtant jamais cherché à s'octroyer ce monde, préférant aux château et à leurs couloirs sans fin la coquetteries d'une petite maison bourgeoise. Quoique le Louvre était agréable. Il avait l'avantage d'avoir de beau jardin. Et de belles écuries.

    C'est d'ailleurs ce qu'elle cherche du regard l'Anaon, les écuries, alors qu'elle avance lentement vers la porte de la bâtisse. De gestes habituels, elle vient remonter ses cheveux en chignon noué par ses deux longues tresses, dégageant sa nuque qui étouffe de chaleur sous le brun de sa chevelure. Qu'importe le fait de dévoiler les prémices de ses brulures, aujourd'hui, il n'y a bien que Judas pour les voir et ce derniers connait ses cicatrices sous toutes leurs coutures.

    La balafrée franchit le pas de la porte avec précaution, s'y arrêtant presque immédiatement pour sonder la pénombre à la recherche de la présence de Judas. Bien vite repéré ainsi que...

    Frisson d'effroi. Elle croit sentir chaque poil de sa nuque se hérisser alors que son visage se ferme plus qu'il ne l'était déjà. Réaction épidermique face à la vision de la bure. Diable! La journée est par-faite! Les azurites suintant le mépris se détournent de la silhouette du cul-bénit et comme le rat fuit la peste, l'hérétique s'empresse de prendre la tangente et d'aller à l'autre bout de la pièce voir se qui s'y passe.

    Elle, elle fera sa découverte de son côté. Hors de question de rester dans le périmètre d'un moinillon.

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
Judas
A peine le temps de chercher des yeux l'Anaon qu'il l'aperçoit tourner les talons et leur offrir la vision de sa nuque. Si ce derniers connait ses cicatrices sous toutes leurs sutures, sans doute que le chapelain lui restera surpris. A moins que de par son grand âge sa vue ne lui confère qu'une vision altérée de la vie, sans doute la raison pour laquelle il arrivait à vivre dans ce Courceriers si austère. L'oeil du fervent n'enchante-t-il pas ce qui n'est que désenchanté?

D'un salut respectueux Judas décida de laisser Roide et ses humeurs là où elles étaient et de se consacrer au vieil homme. Il serait toujours temps de tenter un renouement sur le retour en Bourgogne, lorsqu'ils se retrouveraient de nouveaux coincés sur la Cardabella...


Mon père. Je suis le nouveau seigneur de Courceriers, mon nom est...
Judas Von Frayner, oui, je le sais. La Dame de Saint Fargeau m'a parlé de vous.
... Je viens faire état des lieux, afin de prendre connaissance de ce qui fait défaut au castel et à ses gens, en ce sens je suis certain que vous allez m'être grandement utile.
Suivez-moi.


Le prêtre invita d'un geste chevrotant Frayner à le suivre, ce qu'il fit. Au fil de leur avancée il découvrit la surface de l'endroit, chaque porte poussée offrait ses surprises et ses déceptions. Ici une cheminée a moitié détruite, là une chambre à la vue* impayable sur la face cachée des ruines * * La tâche était fastidieuse, les deux hommes parchemin en main échangèrent de longues listes de mobiliers, d'interminables décomptes de trésorerie, la litanie des doléances à honorer et aussi les dettes de la seigneurie. Allant et venant dans chaque pièce, ils devisèrent sur l'avenir et les projets du seigneur pour un castel qui se faisait vieillissant et qui avait résisté bon gré mal gré aux assauts angloys par le passé. Ainsi par la sagesse du prêtre Judas apprit l'histoire des terres qui lui étaient confiées.

Et la potence?
La potence n'est qu'un épouvantail, la baronne n'aura jamais voulu ne serait-ce qu'en entendre parler.
Je vois.
Tant que les serfs ne seront pas persécutés et qu'ils recevront la protection qui leur est due en les murs de Courceriers, elle n'aura que l'heur de regarder passer les corbeaux... Les paysans sont paisibles lorsque la famine passe sans s'appesantir de trop sur leur enfants.


Nourris décemment tes ouailles et ils ne te mangeront pas. Le prêtre avait ce don de laisser entendre en toute subtilité quelques conseils bien avisés au nouveau seigneur. Judas les prit en silence, continuant de faire le tour des récoltes passées et à venir. Il lui faudrait un sénéchal, c'était désormais plus qu'une idée, un réel besoin. Le chapelain ne vivrait pas centenaire, et son assiduité mourrait bientôt avec lui.

Après un long moment ils retrouvèrent la clarté de la Basse Cour, de laquelle Judas observa l'état des murailles . Le parement était décent, bien qu'il manquait cruellement de quelques rampantes pour verdir le tableau. Le vieil homme ensoutané lui indiqua la présence d'une poterne, elle serait sans doute utilisée à des fins différentes que celles présumées. Cette dernière conversation marqua le point final de l'état des lieux, Frayner rangea sous son bliaut le fruit d'icelui avec l'idée de s'y pencher de nouveau après son mariage. Courir deux lièvres à la fois restait aisé, sauf lorsqu'il s'agissait de rendre à un castel ses lettres de noblesses et de rendre à sa vie ses aspects vertueux.


* Aperçu de la distance séparant les ruines du château.
** Les ruines telles qu'elle l'étaient à l'époque.

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Anaon
    L'intérêt est feint. Quand le regard fait mine de se perdre par l'embrasure d'une porte qui semble donner sur un couloir, le reste de ses sens reste braqué sur le duo qui évolue un peu plus loin. C'est seulement quand elle croit perdre le son de leur pas que l'Anaon se précipite dans leurs sillages. A distance plus que raisonnable bien évidement. De loin, la balafrée guette d'un regard noir. Pour sûr, si les azurites étaient des arbalètes, le religieux se retrouverait avec deux carreaux fichés dans la tête. Inutile de préciser que depuis le jour ou l'inquisition à ordonné sa torture, l'Anaon a une sainte horreur de tout ce qui touche à Aristote...

    Ainsi la mercenaire se fait ombre, suivant le chemin emprunté par les deux hommes sans jamais les rattrapé, visitant chaque pièce après qu'ils y soient passé, rebroussant chemin lorsqu'ils faisaient mine de se retourner. La femme prend grand soin de ne jamais s'attarder de trop dans le champ de vision du porteur de croix. Sans doute n'aura-t-on jamais inventé meilleur répulsif à Anaon qu'un homme en bure...

    Le manège douteux de la mercenaire s'arrête quand l'attention du Von Frayner et du vieil homme semble s'appesantir de trop sur quelque détails qui ne la préoccupe point. Une main se risque alors sur une porte à sa portée. D'une poussée lente, le passage lui est dégagé et la femme s'engouffre avec précaution dans la pièce inconnue.

    L'endroit est à l'image du reste du château, d'une pénombre qu'il serait bon de dépoussiérée, à peine éclaircie par quelques minces raies de lumière qui filtrent aux travers de volets ébréchés, semblant avoir eux aussi bien souffert du temps. La porte est refermée presque silencieusement alors que les prunelles de la mercenaire s'acclimatent à cette nouvelle obscurité. Les pieds se risquent alors jusqu'au cœur de la pièce dont elle ne saurait jurer la fonction. Vestige d'un salon, d'une chambre sans lit peut être? Ou simple pièce à débarra. Sait-on. Un vieux siège trouve grâce à ses yeux, ou plutôt à son séant, et la balafrée s'y laisse choir lourdement, bien vite accueillit par un nuage de poussière qui se dégage des vieilles étoffes.

    _ Putain de ruine...

    La main chasse l'air rageusement, ponctuée par un reniflement dédaigneux que la poussière insultée ne manque pas punir d'un éternuement sonore. Juron étouffé. Les coudes de la mercenaire se pose enfin sur les accoudoirs et mains croisées devant son visage, elle observe d'un œil critique les murs que lui dévoile l'obscurité. Un château. L'Anaon se demande si ce n'est pas plutôt un pieu dans le pied que Judas vient de se récolter. Une véritable décrépitude.

    L'aigreur de la balafrée s'estompe pourtant, au fil et à mesure que ses prunelles parcourent l'envergure de la pièce. Quelle teinte pouvait-elle bien avoir avant de tomber dans sa monotonie? Quel agacement lui scierait le mieux maintenant? Intérêt surprenant, mais pourtant sincère. Qui connait l'Anaon connait son attrait pour les arts, quel qu'il soit. Savoir redonner vie à une bâtisse en est un, en soi. L'esprit créatif est chatouillé. Savoir veillez à l'attrait de son foyer, le devoir de toute femme bonne à marier.

    Le devoir d'une Femme oui.

    Le regard se fige. Le visage s'assombrit. Oui, sans doute que ce ne sera pas Judas, mais sa femme qui se chargera de redonner de la chaleur à ces pièces sans âme. Sa Femme. Voilà ce qu'il a gagné Frayner contre la protection de sa suzeraine. Un tas de gravas et une bonne femme. Maudit soit Judas et tous ceux de son sexe! Les pensées de la mercenaire retrouvent toute leur acidité. Oui. Ainsi l'Anaon ne vaut pas mieux qu'un amas de ruine et qu'une pucelle a trousser... Regard étriqué par des œillères coléreuses, la balafrée en est réduite à ces puériles comparaisons.

    La silhouette se défait de son trône de poussière pour laisser ses doigts fureter sur une étoffe rugueuse qu'elle dégage au profit du miroir qu'elle dissimulait. Les azurites se perdent avec attention dans le reflet du tain. Rares sont les fois ou la balafrée peut profiter du répondant d'un miroir. Deux doigts viennent pincer une mèche qui s'est échappé de son chignon de fortune. Dégradé anarchique qui reprend lentement, mais surement ses longueurs. Loin le temps pourtant, ou les filins frôlaient ses reins. Il ne reste pour vestige de leur cascades que les deux tresses qui pendent derrière son oreille droite.

    L'attention se détourne de son reflet pour couvrir d'un regard plissé les fins rayons de lumière qui s'épanchent des volets intérieurs. Un œil curieux se risque contre l'une des fentes. Arf! C'est qu'on y voit comme à travers une pelle. La tête se relève pour couvrir le bois d'un regard critique. Les mains viennent saisir les poignées bien décidées à faire entrer un peu de lumière dans cette saleté de pièce. Mais il semblerait que les volets ne l'entendent pas de cette oreille.

    _ C'pas un pan de bois qui va m'faire chhhhh...Erf!

    Un pied contre le mur, un juron contre les volets et les bras qui s 'acharnent pour faire céder les rebelles. Et comme rien ne résiste à l'ardeur d'une Anaon, les panneaux cèdent bon grès mal grès, si bien que l'un deux décide même de se suicider à ces pieds. Soudaine sueur froide quand le fracas se repend en échos contre les pierres du castel, figeant la mercenaire dans son geste.

    _ Ha kaoc'h...
    Et m.rde

    Un regard hésitant, se relève. Enfin une vue sur l'extérieur. L'avantage, c'est qu'au moins, on y voit jour et... Ah... Plus besoin de chercher Judas. La balafrée s'empourpre subitement.

    Putain de ruine, je vous dis.

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Judas
En s'éloignant le prêtre n'a rien raté de la prouesse de la Roide, Judas lui attend de le voir sortir de son champ de vision pour se retourner sourcils vaguement arqués. C'est cela, détruit tout! Moi qui m'évertue à rénover! Il grommela un vague:

Rentrons.

Et se retourna pour retrouver sa monture. La masse de travail pouvait être endiguée en deux mois si le sénéchal se montrait à la hauteur et si la Corleone accordait à Judas toutes ses doléances et alignait les écus. Une auberge les attendait non loin, et bien que l'on pu croire que le seigneur dormirait "chez lui" pour la nuit, il n'en fut rien, la route vers le Maine devait être faite au plus rapide alors autant prendre un peu d'avance.

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