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[Rp] Tous des s*lauds!

Emeline.
« Il est rare que nous soyons tout à fait innocent de nos souffrances. »*

Devant les portes d'un couvent entre la frontière du Comté de Toulouse et celui du Languedoc ce tenait une femme. Elle n'en avait pourtant ni l'allure, ni la beauté, ses cheveux n'avait pas rencontrer de brosser depuis des jours, son corps ne c'était point abreuver ni nourrit correctement depuis autant de temps et ses yeux étaient ceux d'un albinos rouge vif au traits fatiguée. Tout cela aurait pu être ironique lorsque l'on savait qu'il y a quelques semaines quand la femme quitta le Languedoc elle était une gamine pleins de joie et de rire, bavarde et appréciant les ambiances chaudes et chaleureuse des tavernes.

A présent elle avait l'allure d'une femme portant sur ses épaules toutes la lâcheté des hommes et leurs mensonges, leurs manie de vouloir détruire celle qui les avaient bercer et leurs talent pour y parvenir. La femme regarda le couvent en secouant la tête, elle qui rêvait de quitter tel endroit il y a quelques mois ce retrouvais là à désirer y retourner pour...Pourquoi au juste ? Parce que sa vie demandait de l'ordre, de la discipline, du réconfort quelque chose de connu, de rassurant, une routine qui ne ce brisera pas sous l'influence d'un pseudo amour, d'une pseudo amie, d'un pseudo choix.

La porte s'ouvrit sur une sœur comme toutes les autres et la femme la regarda sans une seule paroles, savait-elle encore parler ? Parfois, elle ce posais la question et n'en était point vraiment certaine. Dos droit, menton haut malgré son état plus que déplorable elle suivit son hôte dans les couloirs et referma la porte de la cellule en observant le lieu dit Saint et possiblement apaisant. Fut-il un temps ou Emeline trouvais ce genre de lieu plus proche d'une prison que d'un lieu paisible. Aujourd'hui alors que son corps entra avec le matelas de la petite chambre, elle s'y sentie en sécurité. Allongée sur le flanc, elle ferma les yeux et s'endormit alors que les larmes coulaient sur ses joues de pêche sauvage.


Lorsqu'elle ce réveilla à nouveau le jour c'était levée et elle se sentie lasse, trahi et tellement salie que rien ne pourrait jamais la laver de tel faute. Ses derniers mots avaient été ceux qui le libérais, elle avait conscience qu'ainsi elle accepta seule ses peines et ses malheurs. La voir en soeur, en membre de sa famille, parler d'un inceste, ne pas voir la vie en elle et la souffrance. Elle en eut le souffle coupée et l'envie de hurler de rage, de frapper les pieds de chagrin. Mais rien ne sorti de ses lèvres et rien ne sortis de son armure de douleur. Plus rien n'en sortira jamais, elle l'avait jurée à elle à son enfant. Elle souffrira pour lui et le protégera contre tout ce qui était possible.

Mais elle ne s'en sentait pas capable, alors elle pensa au suicide. Théoriquement l'Église ne tolérait point tel acte, mais les gens ne toléraient pas les batards et les rumeurs la tuerons de toute façon. Peut-être avait-elle une chance que le Très-Haut comprenne son acte et lui pardonne ? Elle préférais avoir à faire à Dieu qu'aux inconnus pensant oser juger sa vie.

Alors elle sorti dans le jardin et s'approcha dangereusement des vignes et des rochers donnant sur la mer et ses vagues parfois meurtrières.





*Jean Rostand

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Gabrielle_blackney
[Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… Tu parles d’un idéal !]

Gabrielle était seule à Montpellier. Ils étaient partis. Tous. Pour des raisons diverses et variées. Raisons qu’elle ne connaissait pas forcément. Peu importait d’ailleurs. Emeline faisait partie de ceux qui avaient disparu elle ne savait où. Elle n’avait aucune nouvelle et ne sachant pas où était la jeune fille, elle ne pouvait en donner elle-même. Elle ne savais pas non plus pourquoi la gamine avait disparu, du moins pas précisément. Elle était dans le toulousain avait-elle appris lorsque l’intendant d’Emeline était venue solliciter son aide pour une histoire d’embauche. Elle avait probablement voulu rejoindre Gen qui combattait là bas. Gabrielle était vaguement inquiète car la zone était peu sûre mais elle imaginait qu’Emeline était en sécurité dans une ville plus calme que la capitale.
En attendant le retour éventuel des uns et des autres, la jeune femme s’occupait comme elle pouvait. Et les jours passaient tant bien que mal. Il lui manquait toujours. Mais il fallait bien avancer. Alors elle passait le temps.

Quand elle vit l’intendant d’Emeline franchir la porte de la taverne de Traverse, elle ne se doutait pas encore qu’Emeline allait bousculer un peu la platitude de ses mornes journées. L’intendant avait reçu une note d’Emeline qui l’inquiétait quelque peu et il était donc venu trouver Gabrielle. Pourquoi elle ? Mystère. Mais les faits étaient là. Gabrielle lu les quelques mots griffonés sur le vélin et soupira. Elle renvoya l’homme avec l’assurance qu’elle allait vérifier que tout allait bien.

Ainsi donc, Emeline était retournée s’enfermer dans un couvent. Et elle interdisait l’accès de sa demeure et de ses terres à Gen, l’homme qu’elle aimait et le géniteur de la petite chose qui s’était fait une place un peu trop vite dans le ventre d’Emeline.
Ca n’était pas normal. Pas normal du tout.
Gabrielle prépara donc un cheval, jeta quelques affaires à la hâte dans un sac, et partit en direction de l’ouest. Elle était notoirement nulle en géographie mais Emeline avait eu la bonne idée de choisir un couvent en bord de mer à la frontière entre le Languedoc et le Toulousain, facile à trouver donc.
Il n’y avait plus à espérer que les chemins ne seraient pas trop encombrés de malfrats. Quoique la brune était d’humeur à en découdre et enfoncerait bien son épée dans le ventre de quiconque l’approcherait de trop près. Mais la route fut calme.

Devant les portes du couvent, Gabrielle resta de longues minutes, immobile sur son cheval. Elle s’était promis de ne plus jamais mettre les pieds dans un tel lieu. Plus jamais. Elle soupira et mis pied à terre avant de se décider à signaler sa présence.

Si elle avait fait le trajet, c’est qu’elle pressentait que les retrouvailles entre les deux amoureux n’avaient pas du bien se passer du tout. C’était même évident. Sinon, pourquoi Emeline voudrait-elle retourner en prison ? Et pourquoi Gen ne serait il plus le bienvenue chez elle ?
Maintenant qu’elle était là, attendant qu’on veuille bien la faire entrer, elle ne savait pas trop ce qu’elle allait faire. Elle était venue parce qu’elle sentait que c’était ce qu’elle devait faire mais qu’allait-elle bien pouvoir dire? Pas grand chose sûrement. Gabrielle était bien mal placée pour donner un quelconque conseil sur la vie amoureuse de la gamine. La sienne était un désastre et elle était infichue de s’en sortir.

La porte s’ouvrit enfin, elle dû passer de longues minutes à convaincre la nonne de la laisser entrer juste pour voir Emeline. Elle déposa ses armes, comme il est d’usage dans les prieurés et se dirigea vers les jardins, où Emeline semblait avoir été vue pour la dernière fois. Mais c’est que c’est grand un prieuré, et Gabrielle ne sait pas vraiment où chercher. Alors, elle se promène un peu au hasard. Cherchant du regard la frêle silhouette bien connue. Et elle ne sait toujours pas ce qu’elle va lui raconter. Enfin, peu importe, il faut déjà la retrouver. Il est beau ce prieuré, calme, comme l’autre. Gabrielle imagine que tous les couvent et monastères sont du même acabit.
Elle regarde autour d’elle, l’air est chaud et sec malgré la présence de la mer qu’elle aperçoit en contrebas. Et puis elle la voit. Au milieu des vignes.
Emeline.

_________________
Emeline.
« Qu'il est divin le vide qui suit la disparition de la peur. »*

La silhouette marcha dans les vignes du couvent ce jour-là et malgré son état de fatigue mental et physique, son corps rachitique et la lenteur de ses mouvements. Lorsqu'il avait impromptu leurs histoires, elle n'y avait point crut, cela n'avait aucun sens en soit, ils devaient ce marier, fonder une famille et avaient des projets plein la tête et sans doute les yeux. Mais ''il'' en avait décidé autrement et forcée de constater que son destin ne lui appartiendrais jamais réellement Emeline était redevenue la femme d'avant leurs rencontres. Jeune famille de bonne famille, ne souhaitant en aucun cas décevoir ceux qui portaient son sang. Clairement elle ne put dire à quel moment précis ce choix était arrivé dans son esprit, lorsqu'il la quitta ou lorsqu'il annonça l'aimer autrement. Mais pourtant tout était clair dans son esprit, ''il'' n'avait jamais aimée autrement qu'une personnes convenable et qu'un amusement passager, la voyant comme la chose fragile qui trainait derrière lui ou devant à voir. Mais elle, elle l'aimais tellement fort qu'elle n'avait jamais plus eu peur de la vie, des rangs ou des risques. Mais tout ceci était terminé à présent l'armure qui l'entourait avait cédée et Emeline Lescuragne était à nouveau livrée à elle-même et au choix de la vie.

C'est pour cela qu'elle avait donner rendez-vous à Dieu en ce jour et en cette heure, pour avoir une discutions avec lui et assumer le prix de ses choix pas vraiment judicieux. L'une de ses mains caressèrent les feuilles de vignes naissance en arrachant parfois sur son passage pour la laisser couler entre ses doigts. Inconsciente d'être observée, inconsciente d'être l'inquiétude des uns et le malheur des autres. Lorsqu'il ce planta son épée, elle avait fait le choix de souffrir dans le plus grand silence et n'avait pas quitter son corps inerte, elle n'avait pas réussit à lâcher ses vêtements à l'abandonner là, malgré la douleur qu'il imposait à son cœur, son corps et son esprit. Des jours entiers, elle avait caresser ses cheveux dans un geste mécanique luttant contre le sommeil, la faim ou l'envie de sombrer et laisser le chagrin la noyer dans une réalité plus acceptable. Répétant le même mot pendant tout ce temps sans jamais ce lasser : '' Promis''. C'est à cette date là également qu'elle refusa toute forme de nourriture, luttant contre l'envie folle de ''leurs eux'' de faire manger sa catin de mère. Pomme, miel, l'alcool et macarons n'avaient plus le gout de joie et de rire, mais de souvenir et de souffrance. Tout dans ce monde la rappelais à lui, le jus de pommes, la bière fraiche, un bon verre de vin, une délicieuse olives.

Voilà ou l'amour vous amènera, dans des vignes faible et proche de la fin d'une histoire de votre histoire... Le livre était clos et l'écrivain manquait d'encre et de confiance pour ouvrir un nouveau tome.

A force de marcher, même plutôt lentement, Emeline arriva à tourner le dos entièrement aux vignes et alors qu'elle arracha une dernière feuille. Elle admira celle-ci virevolter dans l'air, bercer par le vent pour finir par plongée dans le gouffre qui séparait cette petite feuille et l'étendu d'eau. Frison, avant de suivre son chemin ce stoppant aux bord du précipice. Pour son rendez-vous la femme avait vêtu sa plus belle tenue, une robe blanche porter à son baptême et offerte par ''lui'', elle aurait sans doute du lui rendre comme tout le reste, mais finalement son départ ne lui permis pas de le revoir et bien qu'il n'était pas parfait, peut-être acceptera-t-il quelle la porte une dernière fois.

Fermant les yeux, elle laissa le soleil caresser sa peau et imagina ses caresses, ses mains sur son corps, elle n'était qu'une enfant et ne deviendras jamais femme. Mais cela n'avait aucune importance à présent, Emeline tenait par dessus tout à la réputation des siens et avoir une catin dans la famille n'était pas dans les projets de ceux-ci assurément. Ses mains ce posèrent sur son ventre légèrement arrondi et elle rouvrit les yeux pour fixer l'horizon qui ce dessinait devant-elle : Un bateau au loin, le chant de quelques oiseaux et le bruit fracassant des vagues qui percuter les rochers une dizaine de mètres en contre-bas. Mais elle ne fixa pas le sol, bien décidée à garder la tête haute dans ce rendez-vous improvisée avec Son Créateur. Les larmes coulaient sur ses joues, ses jambes tremblaient et tout son corps semblait céder sur le poids invisible qu'elle portait. Alors la femme, la toute petite femme redressa le dos, leva le menton et courageusement avança dans le vide...


Qu'il est divin le vide qui suit la disparition de la peur. Adieu 'toi', Adieu 'nous'... Tu verras que tu oublieras... Moi je souffre plus alors que je m'élance dans le dernier instant de ma vie.


*Anne Rice
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Gabrielle_blackney
[Elle surplombait la Manche
Quand je l’ai reconnue
J’ai saisi par la manche
Ma petite ingénue
Qui ne l’était pas tant
Au regard du profil
Qu’un petit habitant
Lui f'sait sous le nombril*]


Gabrielle leva la main et l’agita en direction d’Emeline, mais la gamine ne la vit pas. A cette distance et avec le soleil qui lui arrivait dans les yeux, difficile de dire si la jeune fille regardait vers elle. Gabrielle renonça à l’appeler et se dirigea donc de son pas décidé vers les vignes et Emeline. Mais pourquoi est-elle habillée en mariée la petite ? Enfin, peut-être pas en mariée mais avec une robe blanche. Ah mais elle la connaît cette robe. La robe qu’elle portait à son baptême. Donc pourquoi une robe de baptême ? Et elle ne se rapproche pas un peu trop du bord là, Emeline ?
Gabrielle regarde la silhouette, qui n’est plus si loin maintenant. Oui, elle se rapproche du précipice, bien plus qu’elle ne le devrait.

Et m*erde !

Gabrielle se met à courir. M*erde, m*erde, m*erde ! Mais à quoi elle joue là Emeline ? Nan mais quelle idée ! Elle ne va quand-même pas se balancer par dessus bord parce qu’un salaud lui a fait elle ne sait trop quoi ! Et certainement pas devant elle ! Gabrielle accélère, courant le plus vite possible, évitant les racines des vignes, trébuchant sur les cailloux mais se rattrapant à chaque fois. A bout de souffle, elle attrape in extremis l’avant bras d’Emeline et la tire un grand coup en arrière, l’entrainant dans sa chute. Elle se retrouvent toutes les deux au sol. Gabrielle ne lâche pas le bras d’Emeline, elle doit lui faire mal à serrer fort comme ça. Mais elle n’a pas envie que la gamine se relève et fonce la tête en avant vers la falaise. Après quelques instants, elle s’asseoit, le souffle toujours un peu court, et relâche son étreinte, doucement, histoire de montrer à Emeline qu’elle est toujours là, vigilante, et qu’elle n’a pas intérêt à réitérer. Gabrielle la regarde, sourcils froncés.


Mais qu’est-ce que tu fous Emeline ?

Pas terrible comme entrée en matière. Mais Gabrielle est sous le choc du geste presque réussi de son amie.

Je ne sais pas ce qu’il a fait, mais quoi que ce soit, il n’en vaut pas le coup !


Etrange comme c’est facile de dire ça aux autres, comme ça paraît évident et raisonnable quand on n’est pas concerné. Non, parce que Gabrielle ne le dit pas qu’elle a failli faire la même chose il y a peu. Mais elle a renoncé, elle. Parce qu’effectivement, Lui, comme Gen, comme les autres, comme n’importe qui, ne mérite pas qu’on se mette dans cet état là. Oui, c’est difficile, oui, on souffre mais il faut avancer. C’est trop facile de mourir, trop facile de renoncer, c’est faible et lâche. Mais elle ne lui dira pas tout ça à Emeline, pas maintenant en tout cas.

M*erde Emeline ! Tu peux pas faire ça ! Pense à ton gosse…

Oui, vraiment, étrange comme c’est facile de dire ça aux autres, comme ça paraît évident et raisonnable quand on n’est pas concerné. Oui, encore. Parce que Gabrielle, elle n’y a pas vraiment pensé elle, quand a choisi de tuer l’enfant qui s’était installé. Et ça non plus, elle ne lui dira pas, c’est son crime, sa honte, le secret qu’elle ne trahira jamais, à quiconque. Et puis, peut-être bien qu’elle y a pensé à son gamin, Emeline. Peut-être bien qu’elle veut lui éviter la honte d’être un bâtard. Peut-être bien qu’elle pense que c’est ça qu’il faut faire pour le sauver et pour se sauver elle.
Elle regarde Emeline et soupire.


Qu’est-ce qu’il t’a fait ?


Etrange comme pour Gabrielle, il est évident que c’est Gen la cause du malheur d’Emeline. Alors elle ne lâche pas Emeline du regard, parce que ça au moins, elle peut le comprendre. Tous des salauds ! Elle va vraiment finir par y croire la brune.

*Renan Luce

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Gen
Un rayon de soleil par la fenêtre, une douleur virulente, perçante à la poitrine, puis ses yeux, qui s'ouvrent lentement, qui s'ouvrent lourdement. Que s'est-il passé ? Un lieu inconnu, un homme endormi sur une chaise à côté du lit qui doit certainement être là pour le veiller, puis lui, torse nu, des bandages autour de la poitrine tachés d'une marque rougeâtre de sang coagulé... Que s'est-il passé ? Un souvenir rapide, le mot ''promis'' qui résonne dans sa tête, une sensation de picotement dans les cheveux et le cœur lourd d'une inquiétude sans justification apparente... Mais que s'est-il passé ?!

Oui... oui ! Ça y est, ça lui reviens...

"Une missive, un rendez-vous... Mais avec qui ? ...Elle. Quand ? Impossible de se rappeler. Ou ? Au port. Et pourquoi ? ...Faire le point sur ses sentiments. Oui, ça y est, il se souvient: il veut lui parler de ses sentiments changeants, de sa prise de conscience quand à son amour pour elle, plus fraternel que passionnel, d'un protecteur plus que d'un amant. S'en suit une longue discussion pour la convaincre de la vérité, qu'il tiens à elle, lui dire qu'il prendra ses responsabilités vis-à-vis d'elle et de l'enfant, pour l'inviter à Rodez aussi longtemps que nécessaire afin de la soutenir, comme il s'est toujours attelé à le faire du mieux de ses capacités, dans cette épreuve nouvelle qu'il lui impose, et pour prendre soin de l'enfant. Puis... Puis une baignade dans l'eau du port ? Étrange, mais ça parait pourtant réel... Oui, il retire ses armes, Emeline s'éloigne du bord, puis il la suit, inquiet de ses intentions. La discussion continue dans l'eau, elle s'éloigne, il la suit, elle s'éloigne encore, il la suit... Puis ? Puis elle se rapproche du bord et sort de l'eau, lui en fait de même. Il récupère ses armes, et elle lui dit... ? Elle lui dit... ''N'oubliez jamais que les hommes jugent toujours plus que Dieu le feras''. Il ne comprend pas. Puis ''Nous avons rendez vous lui et moi''. Un rendez vous ? Avec Dieu ? Bon sang, ça y est !"

Il se redresse en sursaut, à peine réveillé pour sentir la peau de son ventre et de son dos s'écarter en deux directions opposées, tirant par la même sur les fils de ses points de sutures, et attrape l'homme à côté de lui par l'épaule pour le secouer:


Médicastre ?! Médicastre !!!

L'homme se réveille, pas plus calme que lui à l'instant, pour se voir harcelé d'une même question:

Depuis combien de temps je dors ? Depuis combien de temps !!! VITE !!!

Deux jours. Deux jours qu'il dors, alors que lui a rendez-vous au troisième, aujourd'hui. Emeline va se donner la mort aujourd'hui par sa faute ! Bon Dieu ! Il se lève dans un bond, faisant abstraction de la douleur pourtant encore insupportable à sa poitrine, et se dirige vers la porte, alors que l'homme essaie de le convaincre de rester. En vain. Il sort, pour se retrouver en plein cœur de Toulouse qu'il reconnais. Son cheval... ? Son cheval !?! A coté de l'auberge ! Vite ! Il y va, pas vraiment en courant, plutôt dans un trot douloureux. A peine dix minutes pour y aller. Il le voit, s'en approche, et le monte aussitôt dans un cri de douleur alors que les fils dans son ventre semblent avoir craqués. La plaie ? Pas encore rouverte. Ouf, tant mieux ! Deux coups de talons dans les côtes de la bête, puis un galop entamé en direction des portes de la ville, et d'un couvent à la frontière du comté avec le Languedoc ! Cinq minutes, et les voilà franchies, non sans efforts alors que chaque bond que l'allure du cheval lui impose tire plus encore sur sa plaie. Tiendra ? Tiendra pas ? Ça mériterait un paris.

Il galope, torse nu, écrasé par le poids de la douleur et par la chaleur du soleil qui commencent à le faire suer. La bête ? Pas plus en forme que lui, elle halète, toujours plus fort à mesure que la fatigue se fait sentir. Et tant pis pour les mauvaises rencontres. Dans le pire des cas, il a toujours une lame secrète dans le pendentif nouvellement acquis qu'il porte au cou. Et en parlant de lame, se remémore pourquoi il est blessé...

"Un rendez vous avec Dieu, un suicide oui ! C'est ce qu'elle veut faire, ce qu'elle va faire, dans trois jours d'après ce qu'elle lui dit. Il veux la convaincre de ne pas le faire, lui prouver qu'aucune situation n'est sans espoir à qui se donne la chance de vivre pour la voir s'améliorer. Mais les mots sont inutiles. Alors il la prend dans ses bras, contre son gré au vu de la résistance qu'elle lui oppose, et serre son étreinte, suffisamment pour l’empêcher de partir. Il lui parle, elle semble décidée. Non, résolue plutôt. Il lui demande de ne pas faire ça, elle, l'invite à la rejoindre dans trois jours, si il en a envie. Il veux lui faire promettre de ne pas se donner la mort, elle ne le fait pas, lui dit juste qu'elle l'attendra. Il insiste, lui demande de jurer qu'elle ne fera rien avant son arrivée, elle s'y refuse. Cinq minutes ainsi, puis dix, puis... Plus encore. En vain. Elle veut mourir, et compte le faire, peu importe ses mots, peu importe ses larmes qui coulent maintenant sur son visage alors qu'il prend conscience du mal qu'il a fait. Puis il réalise... Si elle doit mourir par sa faute, lui n'a plus le droit de vivre. Il la relâche, l'éloigne même de lui en la poussant légèrement, puis dégaine son épée. Une menace ? Non, la preuve de sa détermination, a atteindre son but, ou a payer pour ses pêchés. Elle s'éloigne, dos à lui. La pointe sur le torse, le genou à terre, et juste quelques mots de son côté: ''Nous vivons tous les deux, ou nous mourons tous les deux''. Elle se retourne, un bref échange s'en suit. Elle ne le crois pas, lui ne veut pas y croire. Elle se retourne, puis marche et..."

La route, encore de la route ! Ou est-ce ? Un regard à gauche, un autre à droite, et ainsi de suite pour trouver ce foutu couvent ! Bien 40 minutes qu'il voyage entre galop, pour y arriver, et marche, pour récupérer. Sale bête ! Aucune endurance ! Ou juste poussée à bout... Toujours rien à l'horizon. Juste sa respiration forte qui se mêle à celle du cheval, et sa plaie qui continue de se rouvrir a mesure que chaque fil lâche sous la pression. Foutu plaie ! Puis à nouveau, il pense aux évènements d'il y a deux jours. Enfin... Il n'y a plus grand chose à penser...

"Une douleur mortelle au ventre, ses yeux posés sur son épée qui lui traverse maintenant le torse, puis sur le sol, une main par terre aussi, juste à côté d'une marre de sang. Puis la douleur qui s'intensifie alors qu'il s'écroule sur le côté. Autour de lui des cris, Emeline certainement, puis le vent qui lui caresse la peau. Puis la douleur, encore la douleur qui la lui transperce alors qu'il sent l'épée lui être retirée ! Et des larmes qui coulent sur ses joues, les siennes, et pas seulement. Et une caresse dans les cheveux, puis une autre, et encore une autre. Il voit son visage, la reconnaît encore, lève difficilement la main, tremblante, pour s'emparer d'un pendentif qu'il a au cou, fait par le petit bout de femme sous ses yeux, alors qu'il veut prononcer son nom. "Em..." Puis plus rien. Des échos dans sa tête, de l'agitation autour de lui, ou peut-être simplement un rêve... ? Non... Une caresse dans les cheveux, suivit d'une autre et d'encore une ! Et la douleur au ventre, et des voix qu'il entend, dont une qu'il reconnaît... Et un mot: ''Promis''. Puis une phrase qui dit qu'il est sorti d'affaire. Mais pourquoi ? Et qui ? Impossible à dire. Il ouvre les yeux dans son inconscience, il ne la reconnaît pas mais elle est là, Emeline..."

Et voilà qu'il comprend tout. Elle l'a veillé, caressant sans cesse ses cheveux et répétant frénétiquement sa promesse de ne pas se tuer... Jusqu'à le savoir hors de danger du moins. D'ou la sensation de picotement au front et les inquiétudes de son cœur au réveil. Quelle misère ! Et quel con ! Et... Bon Dieu, le couvent au loin ! Il était temps ! Courage Océan, plus que quelques centaines de mètres, courage mon corps, tu n'as pas encore gagné le repos éternel ! Heu... Oui, le couvent est là mais... Il serait pas un peu sur une falaise ce couvent ? Hé m**** ! Mais ça y est, ils arrivent ! Il tire violemment sur les rênes et descend de la bête, trop vite malheureusement. Il tombe sur le sol comme une feuille morte en automne. Enfin non, plus vite, et plus douloureusement. ''Crac'' ? Comment ça ''crac'' ? Pas le moment de se casser le poignet bon Dieu, y a déjà ton ventre qui sourit de travers ! Tiendra pas finalement. Et le dos ? Rien à signaler, les points de suture y sont encore. Ça fera ça de moins à celui qui devra le soigner. Un médecin, ou Dieu peut-être ? On va pas au paradis solaire avec les boyaux à l'air après tout si ? Enfin, ce sera plutôt l'enfer pour lui après tout, et pour le coup, les plaies ouvertes devraient faire plaisir au Sans-Nom qui y verra sûrement une source de décorations nouvelles pour son cou... Glurps ! On pense pas à ça, et on se reprend ! Il se relève, un bras sur sa plaie, l'autre pendant dans le vide, pas le temps de s'en occuper après tout. Et le cheval ? Pas attaché mais tant pis, il est trop fatigué pour partir. Les lourdes portes raisonnent alors qu'il donne coup sur coup pour qu'on vienne lui ouvrir. Et vite si possible ! Pas la force de crier pour accélérer les choses malheureusement. Mais les voilà qui s'ouvrent, quelle joie ! Enfin, on se comprend. Une tête de dépité qui le regarde les tripes à l'air, le corps suant, le poignet... Heu... L'est un peu pendant ce poignet non ? Bref ! Quelques mots pour s'expliquer et qu'on le laisse entrer. Sinon, il ira pas la force ! Enfin... On se comprend...


Emeline... ! Une jeune femme, quinze printemps... *suffoque* Brune, les yeux azures, maigre et pas très grande... Elle veut se tuer aujourd'hui ! Vite !

Une tête dépité ? Le mot est faible. Un morceau de viande ambulant qui vous dit que quelqu'un que vous avez accueillit il y a peu est venu vous voir pour se suicider alors qu'il tiens lui-même à peine debout... Vous réagiriez comment vous ? Il y a de quoi être surpris oui. Mais la femme devant lui semble avoir vécu de ces expériences qui vous endurcissent, et elle se remet vite de sa surprise et comprend la situation... A sa manière. Il entre, sans y avoir été invité, tant pis, il n'est plus à ça près. Elle, entame une course dans la grande cour derrière les portes et signale la présence d'un blessé grave à l'une de ses sœurs non loin, qui ne tarde pas a en rameuter d'autres pour s'occuper de ses plaies. Et en voilà trois devant lui, dont une un peu bourrue qui lui propose son épaule, lui disant de la suivre à l'infirmerie. Mais ce n'est pas le moment. Il les repousse, difficilement, plus vraiment de force ou de membres valides pour le faire correctement après tout...

Je... Je vous en prie... La falaise... Ou est la falaise !?!

Non non, ne rêve pas, tu ne passera pas. Mets toi à leur place après tout, elle ne savent pas ce qui se trame, juste que tu n'as pas l'air en forme... C'est de la gentillesse ! Heu... Gen ?

Écartez vous bon Dieu !!!

Jurer dans un lieu pareil ? Aie aie aie... Mais comment je vais rattraper ça moi... Bon, tant pis, comme dirait l'autre, ''allez la suite !''
Alors que les femmes s’écartent de lui dans un moment de surprise en entendant son cri de colère, ou de désespoir, il s'engage dans le bâtiment, sans vraiment savoir ou aller. Il avance, s'enfonce plus avant dans le couvent, droit devant, pensant que, logiquement, bah la falaise est dans cette direction... Un long couloir à droite, un autre plus étroit à gauche, puis une porte ouverte contre laquelle il va poser son épaule et.... Splash ! Oh non, pas ''splash'' quand même ? Ben si... Petite marre de sang qui s'échappe de sa bouche pour terminer à ses pieds alors que son corps atteint ses limites et que sa vue se brouille. Pourtant la sortie est là, et en face... En face, Emeline, au bord de la falaise et... Et c'est qui ça, juste derrière elle ? Il plisse les yeux pour concentrer sa vue et reconnaître Gabrielle, l'amie de couvent d'Emeline. Comme quoi, le lieu doit leur rappeler quelques souvenirs... Mais pourquoi est-ce qu'elle est là surtout, lui qui les croyait disputées, ou plutôt loin d'être des amies après les évènements de Montpellier et... Eh m****, qu'est ce qu'elle fait Emeline à se pencher comme ça ?! Il se redresse, veut crier son nom pour la retenir mais rien ne sort, alors fait un pas en avant, puis un autre, et encore un jusqu'à atteindre un gros chêne en face de lui, probablement centenaire vu la taille de son tronc, et bien à une dizaine de mètres derrières les femmes, sur lequel il s'appuie un instant avant de s'écrouler au sol dans un soupir de soulagement, adossé contre celui-ci pendant que la scène se déroule dans son dos et que Gabrielle a déjà tiré en arrière et plaqué sur le sol Emeline. Comme quoi, elle pourrait bien être pardonnée elle aussi... Ou détestée, à voir, mais après tout il vaut toujours mieux l'être d'un vivant que de gagner le pardon d'un mort...

Le cœur battant la chamade, le corps transpirant eau et sang, les yeux mis clos et a bout de force, reprend difficilement son souffle alors que sa main encore valide glisse à la plaie de son torse pour tâcher d'en contenir le sang. Espérant sa présence encore inconnue des femmes et à l'affût de ce qui se dit autour de lui, il sait qu'il n'y en aura pas pour longtemps avant que sa présence ne soit révélée, par le tapage qu'il a fait à l'entrée, ou simplement les traînées de sang qu'il a laissé un peu partout sur son chemin, et ainsi que les habitants des lieux ne tarderons pas à se regrouper. Alors, dans une douleur silencieuse, patiemment, il attend la suite des évènement, espérant qu'il n'aura pas à se relever pour intervenir à son tour et que le petit bout de femme sera mit à l'abri avant que ses yeux ne se referment complètement. Advienne que pourra après tout, lui peut bien mourir mais pas Emeline...
Emeline.
    « La trahison est une moisissure verte et douce, comme le duvet : elle ronge en silence et par l'intérieur. »*



La mort était douloureuse et renversante, point salvatrice et libératrice. Emeline reçu un coup dans le dos et termina sa course sur le plancher des vaches en compagnie d'une âme étrangement rassurante. Quelque chose dans le bleu du ciel lui fit prendre conscience qu'elle avait échouée dans la tâche la plus simple de sa vie. Même dans la mort elle arrivait à faire des erreurs et prendre les mauvais choix. Couchée sur l'herbe, elle perçu toujours le bruit de la méditerranée et la délicieuse sensation de force que celle-ci provoquait, quelques nuages flottait au-dessus du voile de ses azurs et les oiseaux chantaient toujours. Dieu quelle aurait aimé être au paradis, vivre dans cet instant à jamais, celui où l'adrénaline prenait son corps et que le cerveau coupait toute autre sensation sans importance pour la survie de son corps. L'amour n'était pas essentiel au moment où le danger vous guettait, vous ne pensiez à rien, absolument à rien, à mi-chemin entre la vie et la mort, dans un silence laissant place à rien d'autre que le dit silence.

La voix de Gabrielle arriva à ses oreilles et Emeline ne bougea pas, laissant apparaître sur son visage une forme de colère et de déception plus profonde encore que celle déjà ressentie avant. Les deux femmes s'étaient quittées après un étrange échange où Emeline en était ressortie trahie et blessée. Alors la revoir c'était un peu comme revoir Gen ou un être que vous aimiez avant et que vous vouliez fuir à présent. Elle n'était décidément pas douée pour se protéger Emeline et cela lui jouait plus d'un tour. ''Je ne le laisserais pas faire '' qu'elle avait dit et pourtant Gabrielle Blackney n'avait pas bougé le petit doigt, n'avait pas cherché à la contacter, n'avait point pris le temps de la rejoindre. Bref était sortie de sa vie en même temps qu'Emeline fut sorti de la taverne de Traverse. Se décidant enfin à la regarder ce ne fut que pour lui lancer un regard qui devrait lui en dire long. Point un mot, juste cet air abattu, ses lèvres, sa peau si blanche et les marques de jours de larmes sur ses pommettes autrefois si vivantes.

-*La même chose que toi.*

Pensée mortelle qui aurait certainement provoqué la colère de Gab si Emeline avait osé le dire à haute voix. Mais la boule dans sa gorge et les larmes dans ses yeux empêchaient toutes paroles, assassines ou douces, cruelles ou pleines de rage. Gen l'avait détruite et rien ni personne ne semblaient assez forts ou courageux pour la tenir en vie à présent. Tout était question de temps, un jour elle sombrera dans l'eau bleu de la mer et disparaitra comme elle était née. Retrouvant la vue du ciel, elle entendit Gabrielle se redresser et battit des cils en chassant quelques gouttes d'eau salée. Mon Dieu il l'avait vraiment quittée ! Les hommes sont des porcs incapable de tenir des promesses et se fichant bien de la douleur qu'ils provoquaient ! Emeline aurait pu être trahie par bien des gens, mais venant de Gen ? Il l'avait toujours tellement soutenue, avait ouvert son coeur, confié ses craintes et à présent il avait soit-disant changé de sentiments ? Un petit cri venu du fond de son âme l'attira à nouveau dans ce monde de souffrance alors que le rythme de son cœur se fait plus calme et régulier. Elle avait peur, se pensait perdue et coincée dans un avenir qui ne pouvait lui appartenir. La trahison était sans doute le pire des fléaux que les démons avaient attirés sur cette terre et Emeline ne comprit pas que Dieu laissa un tel sentiment toucher ses enfants. Nouveau regard à Gabrielle qui posa une question absolument pas au goût de la jeune femme, avait-elle pensé à la vie en elle ? Depuis qu'elle à quitté Toulouse, elle y pense à ce bâtard.

-* Tais-toi ! *

Regard froid empli de chagrin, elle était illégitime comme Gabrielle et toutes deux savaient qu'une vie commencant ainsi avait peu de chance de finir correctement. Déchirée entre deux familles, ni gueux, ni noble, aucun sang totalement bleu. La honte des uns, le mépris des autres. Comment pouvait-elle oser lui demander cela ? Elle n'y avait que trop pensé et savait que pour toujours elle sera et restera la Catin et son enfant : Le bâtard ! Second cri de colère cette fois, petit gémissement qui quitta ses lèvres en guise de preuve. Preuve que les nerfs allaient lâcher, que son corps n'allait plus supporter pendant longtemps le chagrin, la fatigue et le manque de nourriture. La gamine posa une main sur son ventre qu'elle referma comme pour attraper cet enfant et lui demander pardon. Pardon d'avoir été une coureuse de rempart, pardon d'avoir été perdue dans des draps qu'elle n'aurait jamais dû voir, pardon de lui offrir un père absent à la moindre occasion et une vie sans doute pas si belle que cela. Mordillant ses lèvres, Emeline ferma les yeux laissant les bruits environnant la bercaient comme les bras de sa mère qu'elle avait rêvés des centaines de fois.

-* ... Gabrielle ?*

Reposant ses azurs sur la femme devant elle, Emeline ce redressa et cacha le bout de son nez dans ses bras qui eux-même tenait fermement ses genoux. Boules de chagrin, voulant se couper du monde et prendre son rendez-vous avec le Créateur pour en découdre à tout jamais. Mais avant elle avait une question pour son 'amie' et comptait bien obtenir une réponse. Elle devait trouver la force de sortir les mots de sa bouche, confier à sa gorge un autre rôle que celui de respirer et de pousser des cris de chagrin. Déglutissant, la gamine se berça, et lâcha dans le vent du Languedoc.


Pourquoi tu n'as rien fait ?

Oui, pourquoi n'avait elle rien fait très exactement ? Cela était la première de ses questions. Pendant longtemps Emeline avait pensé que Gabrielle la trouvait réellement ainsi, puis avec le temps elle s'était imaginée que son 'amie' était heureuse d'être débarrassée d'elle. Plus tard Emeline en était arrivée à la conclusion que 'lui' – encore un homme, donc un salaud.- était plus important que tout. Regardant le fond du trou dans lequel elle s'était cachée, la gamine attendit réponse.



*Francis Blanche

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--Mere.emmanuelle
Mère Emmanuelle n'était pas vraiment du genre à être intriguée, ni même déstabilisée en soit. Mais lorsque du sang recouvrit le sol du couvent ou elle était Maître des novices, la religieuse toute douce et tranquille était-elle eu envie de pousser un cri de surprise. Que ce passait-il ? L'endroit si calme semblait devenir en quelques jours voir heures un sorte de bor*el hébergeant nombres d'enfant de Dieu divers et variés. D'abord une gosse muette comme le pape et aussi rachitique qu'une carotte. Puis une seconde femme ne voulant pas enter au couvent, mais simplement voir la muette et pour finir un homme à moitié mort désirant lui aussi voir la muette et prétextant même que celle-ci voulait mourir.

La vieille soeur secoua la tête et s'approcha du grand chêne en posant une main sur le front de cet homme, tout blessé et à demi-nu soit-il. Chassant d'un geste de la main toutes autres sœurs en manque de chair fraîche, elle claqua de la langue et demanda à ce que serviette et bandage soit apporter et rapidement de préférence. Son front était chaud et la blessure plus que moche, décidément elle savait pourquoi elle avait choisi le couvent à la vie extérieur. Posant une serviette sur la blessure, elle confia l'homme au soin de la soeur médecin et ce releva pour lancer un regard aux deux femmes si proche du gouffre. L'une lui était inconnue et était ici pour ''Voir la muette''. L'autre était une gosse à l'air fragile et Emmanuelle avait déjà pris grand soin de contacter son protecteur, car elle n'était pas inconnue de la religieuse. Comprenant que tous se souciait de leur amie, la mère regarda l'homme a ses pieds et décida de lui donner des nouvelles de la scène.

Elles sont tranquillement assise, ne vous enfaîte pas pour vos amies. Emmanuelle, observa la soeur médecin espérant que l'état de l'homme n'était pas trop préoccupante. Ne connaissant pas l'histoire, elle ne voulait pas juger, mais quelque chose lui disait que tout trois ne c'étaient pas retrouvé ici pour jouer aux cartes et que Monseigneur avait grand intérêt à lui répondre rapidement. Soupir quittant ses lèvres, alors que la religieuse grimaça devant les points de suture qu'effectuait sa soeur.

Il faut être fou, ou inconscient...
Ou tout simplement, croire en l'avenir.
Dieu est avenir, la créature Sansnom présent et le passé n'as pas de raison d'être cité.

L'échange entre les deux femmes furent parcourut d'un sourire alors que Emmanuelle posa ses doigts sur le poignet de Gen. Elle approuva d'un geste bref et déposa une couverture sur ses épaules. Quelque chose lui disait que toutes histoire n'avait rien à avoir avec une envie de prière, mais étant plutôt démagogue et peut-être un peu curieuse. Elle ne chassa pas la petite troupe immédiatement, cela animeras le couvent et peut-être seront-ils moins égarer au moment de leur départ. Poussant un profond soupir, elle regarda la plaie une énième fois et demanda :

Comment vous sentez-vous ?
Gabrielle_blackney
[What do I do when my love is away.
(Does it worry you to be alone)
How do I feel by the end of the day
(Are you sad because you're on your own)
No, I get by with a little help from my friends*]


Pourquoi tu n'as rien fait ?


C’est tout ce qui sort de la bouche d’Emeline. Gabrielle la regarde, un peu incertaine. Rien fait ? C’est que Gabrielle vient juste de lui sauver la vie quand même. Certes, ça n’est pas dit que la gamine en soit ravie. Mais on ne peut pas dire qu’elle n’a « rien fait ». Elle doit parler d’autre chose, Emeline. Oui, mais de quoi ? Gabrielle la regarde, le vent tiède fait voler des mèches folles devant ses yeux, elle regarde un instant la mer plus bas. La mer et les rochers. Et elle frémit en pensant au corps disloqué d’Emeline, brisé sur les rochers. Pour… Rien. Alors oui, la situation de la gosse n’était pas des plus faciles. Qu’est-ce qu’elle était allée donner son pucelage avant le mariage à un type pareil ! Et puis, pas de bol pour elle, l’autre avait tellement bien réussi son coup qu’elle se retrouvait en fâcheuse situation. Mais ça ne valait pas le coup d’aller se rompre les os pour ça. La jeune femme l’aidera, elle cachera la situation, Emeline pourra bien avoir son bébé en toute discrétion, le confier à des gens de confiance, elle pourra repartir dans la vie, oublier ce Gen. Ou pas. Gabrielle n’arrivait pas à l’oublier son salaud à elle, alors…
Mais leurs situations n’ont rien à voir.
Bon, et donc de quoi elle parle, Emeline. Rien fait. Où ? Quand ? Gabrielle soupire. Elle n’a pas la moindre idée de ce dont elle parle. Mais elle est fragile là, Emeline. Alors qu’est-ce qu’elle peut bien lui dire. Gabrielle regarde la mer, assise, toujours, une jambe allongé devant elle, l’autre pliée, un bras posé dessus.


Tu sais Emeline, quelques jours avant de quitter Montpellier tu m’as dit que je n’avais plus de place pour personne à part Lui, que je ne faisais pas attention à toi. Tu t'en souviens j’imagine. Et bien tu avais raison. Il occupait tout mon espace. Il continue d’une certaine manière. Je ne sais pas combien de temps ça va durer... Et je n’ai pas vu que tu n’allais pas bien. Je n’ai pas vu que Gen te manquait. Je n’ai pas vu que Mordric te maltraitait. Je n’ai pas vu que tu avais besoin de moi…

Gabrielle jette machinalement un caillou au delà de l’abîme. Elle pose son regard sur Emeline, juste un instant, puis replonge le bleu de ses yeux dans celui de la Méditerranée.


Alors je ne sais pas quand je n’ai rien fait… Mais plusieurs fois sûrement. Et je m’en excuse. Vraiment. Mais…


Elle détache ses yeux de la mer pour les poser sur Emeline.

Mais tu comprends peut-être un peu maintenant. Je ne te demande pas de me pardonner. Juste de comprendre. Parfois, quelqu’un disparait et il emmène avec lui une partie de nous-mêmes. Et ça nous empêche d’aimer les gens, les autres, ça nous empêche de les voir, de les écouter. On s’en fiche, juste centré sur nous et notre malheur. On peut même avoir des idées… idiotes. Se dire que la vie n’a plus d’intérêt.

Gabrielle soupire et pose sa main sur un genou d’Emeline.


Sauf que ce sont des billevesées tout ça. Emeline, tu dois vivre. Malgré lui, malgré moi. Tu dois vivre. Ne me fais pas regretter ce que je viens de faire…


La jeune femme se tait. Elle a beaucoup parlé. Elle n’a plus rien à dire. Elle se lève légèrement. Debout, sur le bord de cette falaise, face à la mer. Si la situation n’était pas tragique, elle serait belle. Elle tend une main à Emeline pour aider la jeune fille à se lever.
Prendra ou prendra pas cette main tendue ? Symbole d'une amitié un peu bancale, un peu brinquebalante. Mais bien là malgré tout.


*Qu’est-ce que je fais quand mon amour est loin
(Est-ce que cela t’inquiète d’être seule ?)
Comment je me sens à la fin du jour
(Est-ce que tu es triste d’être seule ?)
Non, j’y arriverais avec un peu d’aide de mes amis
(The Beatles)

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Emeline.
    « Pour tomber on se débrouille seul, mais pour se relever la main d'un ami est nécessaire. »
    Proverbe yiddish.


Les questions tournèrent dans sa tête et Emeline semblait partis dans un tourbillon sans début ni fin, mêlent que tourment, douleur et envie de disparaitre comme pouvait le faire le cailloux lancer par Gabrielle. C'est cela que ressentait son amie à Montpellier ? Emeline pouvait comprendre que soudainement plus rien n'avait d'intérêt à ses yeux, mais Gabrielle avait tort Enzo reviendras, il reviens toujours à elle. Gen lui ne reviendras jamais et quoi qu'il pouvait dire ou faire il ne reviendras jamais... Cette simple constatation lui donna envie de sombrer à nouveau dans le méandre de ses sentiments.

Les hommes étaient tous des salauds, tous ! Et pourtant elle savait que les seuls capable de faire chavirer son coeur était tous des hommes. Soupir avant de sentir une main sur son genoux et toujours bercer par les paroles de Gabrielle, elle leva un regard meurtri sur son amie.


-* ... Si tu la vu, mais tu n'avais pas le courage d'intervenir...*

Et maintenant ? Qu'allait-elle faire maintenant ? Emeline ne savait plus vraiment ce qu'il fallait faire. Mais rester au bord de la mer ne pouvait pas durée des années ou même des mois. Alors lorsque Gabrielle lui tendit la main, elle hésita la fixant longuement et lorsque leurs paumes entrèrent en contact, Emeline serra cette main dans la sienne ce relevant sur ses jambes tremblante et fixant l'horizon sans lâcher ce symbole hautement inattendu de la part de Gabrielle. Ces deux femmes n'avaient rien en commun, ou un simple chose : La vie les avaient réunis et ne semblait pas décidée à les séparer immédiatement. Alors que le vent souffla, la gamine observa l'horizon en profitant de la vie qui coulait dans ses veines.



Tu as dis que tu ne le laisserais jamais faire... Et tu n'as rien fait.


Au fond Emeline s'en doutait, Gabrielle tenait bien plus à lui qu'as elle et c'était écrit aussi, alors que pouvait-elle faire contre cela ? Pas grand chose en réalité. Elle aimait sa vie, aimait ses amis et appréciait d'être ce qu'elle était, mais devant le peu d'issus possible, la femme avait décidée de prendre la seule réellement radicalement définitive. Regardant le gouffre devant ses pieds, elle secoua la tête et tourna la tête vers Gabrielle.

-* J'ai mal...*

Une main sur son ventre et alors que l'apaisement arriva ce fut le tour de la colère de prendre la place, doucement peu à peu dans son ventre et pour finir par exploser en milles gouttes eau salée et violente après le calme arrive l'orage et celui-ci était incontrôlable. Serrant les poings, elle siffla et son regard prit une lueur de folie.


Tu n'as fais qu'écouter en silence et regarder Mordric s'en prendre à moi... Qu'il me détruise ne t'ébranlait pas. Il as souhaité la mort de Gen, il m'as insulté et jugé... Et toi tu n'as rien fait. Personnes n'as rien fait... Et personne ne fera jamais rien.

C'était dit, mais elle n'avait pas fini, parce que dans le vent du Languedoc, entre la mer et les vignes, une âme avait besoin de sortir tout ce qu'il y avait à sortir. Sans trop de logique, sans aucune raison précise, sans vouloir être méchante ou douce, simplement retirer de sa gorge cette boule de chagrin qui l'empêchera à jamais d'avancer.

-*Oui tu souffre, oui tu as besoin de lui, oui tu es attachée. Mais... Tu ne peux pas Gabrielle, tu ne peux pas être sans réaction devant ces mots sauf si tu les penses toi aussi. Alors... J'ai imaginée milles choses et je les imagines encore. Alors pourquoi ?*Pensa-t-elle, alors que ses lèvres s'agitèrent pour demander :
POURQUOI !!! il m'as fait ça !!!

Et arriva ce qui aurait dû arrivée depuis longtemps, ses mains envoyèrent un coup de poing dans l'épaule de Gabrielle. Oh pas avec force, Nenni cela n'était pas dans le caractère d'Emeline, mais le geste fut assez violant pour la perturber, alors que son corps fragile et son esprit perdu s'abat contre le corps de Gabrielle. Parcourt de long frisson et d'horrible sanglots. Pourquoi, mais pourquoi... Pourquoi, Seigneur...

Il n'as pas le droit Gabrielle ! Il ne peut pas dire que ...que c'est un inceste. Coup de poing encore, contre son amie qui pourtant n'as rien fait. que cet enfant et la faute de tout... Encore un pas violant, le but n'étant pas de blessée, mais d'attirer l'attention sur ce qu'il était en train de la détruire. Que je suis de sa famille qu'il ne ce voit pas mari ou amant. Regarde moi Gabrielle, regarde moi, j'ai si mal regarde moi ! Regarde le monstre qu'il à crée je t'en prie. Qu'il m'aime... Mais me rejette... Plus de coup, plus un mot le silence de la mer et des oiseaux, alors qu'Emeline s'agrippa à la taille de Gabrielle et sombra dans la folie. Elle était détruite, abîmée, blessée, envolé l'innocence, envolé les instants de rire et d'enfance. Il ne restait qu'un tas de cendre et de vide.


Mon Dieu, ayez pitié de moi, car je souffre. Donnez-moi la force d’accepter les peines que vous m’envoyez, de vous offrir ces peines en punition du mal que j’ai fait ... Aimez-moi, je vous en prie Seigneur, aimez-moi...

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Gabrielle_blackney
[Eve lève toi et danse avec la vie
L'écho de ta voix est venu jusqu'à moi*]


Gabrielle reste là, la main tendue vers Emeline qui la fixe, longtemps lui semble-t-il, avant de se décider à la saisir et à se relever, sans la lâcher. Et puis elle écoute la gamine parler, lui reprocher de l’avoir abandonnée, de n’avoir rien dit et elle se souvient. Oui, elle se souvient à quoi Emeline fait allusion. Ce jour juste avant son départ, une fuite peut-être bien, où Emeline s’est fait jeter de la taverne. Et où Gabrielle n’a rien dit. Parce qu’elle venait d’arriver et qu’elle ne savait pas ce qui se passait, parce qu’elle portait un regard indifférent sur les autres, parce qu’elle était coincée entre deux proches et qu’elle n’avait pas eu envie de faire un choix. Pas sans savoir ce qui se passait entre eux en tout cas. Alors, oui, elle avait laissé Emeline se faire mettre dehors.

Gabrielle songea un instant qu’il n’y avait qu’une seule personne qu’elle défendrait à tout prix, une seule personne à qui elle pourrait presque tout pardonner, et ça n’était pas Emeline. Ca n’était pas Mordric non plus. Non… Gabrielle faisait une bien mauvaise amie certainement. Mais elle était fidèle malgré tout. Probablement qu’Emeline s’en foutait qu’elle vienne de chevaucher des heures juste parce qu’elle s’inquiétait pour elle, sans rien savoir de la situation. Alors ça n’est peut-être pas grand chose mais Gabrielle était là. Elle et pas une autre. Elle n’en tirait aucune fierté, aucune gloire, elle était là parce qu’il le fallait. Et si elle devait aider Emeline à changer de vie, à oublier Gen, elle le ferait.

Elle ne répond pas à la jeune fille, ça ne sert à rien. Pas maintenant, pas ici. C’est Emeline qui doit parler, pas elle. Et Emeline parle. Gabrielle ne sait pas ce que Gen a fait, et elle ne sait pas pourquoi. Mais elle écoute.

Elle bronche à peine quand le poing d’Emeline s’abat sur son épaule. Si Gabrielle n’est ni bien grande ni bien épaisse, elle est musclée et athlétique, bien plus entrainée et costaud que la gamine qui en plus semble amaigrie.
Un deuxième coup. Inceste ? Mais de quoi elle parle ? Gen aurait parlé d’inceste à Emeline ? Et pourquoi donc ? Quel inceste ? C’est elle la spécialiste de la chose. Mais là, elle ne voit pas bien. Ou alors il a l’impression ? Parce qu’Emeline est plus jeune peut-être ? Bref, c’est confus. Mais peu importe.
Ah oui, le gosse maintenant. Forcément. C’est facile d’accuser un gamin pas encore né. Et on se demande bien comment il est arrivé là ce bébé. Un cadeau du Très Haut certainement. Pas le résultat d’un coup de rein mal contrôlé, d’une pulsion assouvie. Gen qui n’a pas su garder ses braies en place jusqu’à un éventuel mariage avec sa pucelle. Non, il a fallu que… Gabrielle soupire quand le poing d’Emeline s’abat une troisième fois sur elle. Gen donc, ni mari, ni amant, Gen qui cueille la fleur des jeunes donzelles pour les abandonner ensuite à leur sort, classe quoi, un vrai chevalier.
Ah par contre le coup de l’amour et du rejet, elle maitrise à fond Gabrielle. Elle peut même comprendre. Enfin, elle croit. Elle l’accepte en tout cas. Elle n’en veut pas à Enzo pour ça. Elle lui en veut de la laisser sans nouvelle, de la laisser imaginer le pire, de la laisser s’inquiéter. Mais elle sait qu’on ne peut pas forcer un sentiment, alors si l’autre ne veut pas de vous, on ne peut rien y faire.

Elle regarde Emeline, Emeline qui sombre et tangue et s’accroche à elle comme si elle était sa sauveuse.
Mais Gabrielle ne peut pas lui ramener Gen. Elle ne peut pas lui rendre sa vertu, ni son innocence envolée. Elle ne peut pas faire grand chose pour Emeline. Pas même lui dire que le temps arrangera les choses, parce qu’elle même ne le sait pas ça, toute engluée qu’elle est depuis des mois dans sa relation destructrice avec son cousin. Elle n’est pas bien douée pour réconforter les gens. Elle ne sait jamais quoi dire ni quoi faire. Pas très sociable finalement. Bien moins que ce qu’on peut imaginer sûrement.
Elle laisse son regard bleu sur Emeline et ça lui rappelle leur première rencontre. Alors elle passe un bras autour des épaules d’Emeline et elle la serre contre elle. Pour lui dire qu’elle ne la laissera pas tomber, pour lui dire qu’elle est là.
Un geste un peu vain, un geste maladroit. C’est étonnant comme Gabrielle est gauche avec les femmes et à l’aise avec les hommes.

Emeline, tu devrais rester te reposer quelques jours ici… Et reviens à Montpellier après. Il y a des gens qui t’aiment bien là bas. Ils seront contents de te revoir.

Quoi d’autre ? Gabrielle n’en sait rien… Aussi paumée qu’Emeline dans le fond.

*Julie Pietri (Si j'ai honte? Ouais, un peu quand-même)
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Emeline.
« Approchez-vous de Dieu ; et Dieu s’approchera de vous. »
Saint Jacques, Apôtre.


Et soudain ce fut le vide, le néant, Emeline savait qu'il était inutile de continuer à frapper, plus rien ne sortira de ses lèvres. La douleur était là, l'incompréhension était présente et l'oubli n'arrivera pas. Mais à genoux sur se sol qui lui détruit la chair et meurtrie ses os, la jeune femme posa sa tête contre le ventre de Gabrielle et s'accrocha à la vie, comme un animal blessé s'accrocherait à sa survie. Cela n'avait plus aucun intérêt, mais il le fallait pour ne pas risquer de partir trop rapidement dans la limbe de l'inconnu. Lorsqu'une étreinte enlaça ses épaules, elle dû sombrer quelques temps entre la réalité et le rêve, à bout de force et sans vraiment prendre soin de son corps depuis des semaines. D'ailleurs comment Gabrielle l'avait-elle reconnue ? Emeline se trouvait hideuse à présent. Sans bouger, elle fixa le lointain dans un silence qui en disait long sur la situation actuelle.

Et soudain un mouvement, puis un second, alors qu'Emeline se redressa de toute sa 'splendeur' celle qu'on lui avait appris au couvent, celle qui donnait à une femme la force de rester debout et l'espoir d'être encore vivante le jour suivant. Une femme est fragile, mais comme les hommes les imaginent fortes et les malmènent, elles deviennent des fleurs piquantes capable de donner l'illusion que rien ne les briseras jamais. C'est pour cela que devant Gen elle n'avait fait que verser des larmes et être très calme, pour cela qu'au final elle le réconforta plus qu'il le fit et pour cela également qu'elle avait disparu avant qu'il n'ouvre vraiment les yeux. Parce que dans le fond, il devait garder l'image d'une femme forte et capable de s'en sortir. Même si la vérité était bien moins alléchante.


Une fois debout, sa main droite sécha le reste de ces larmes et elle enlaça la nuque de Gabrielle pour approcher ses lèvres de son oreilles, dans cette position plus que particulière pour les deux femmes, elle lui accorda un dernier murmure :


Mercés...


Il y avait beaucoup de chose que Gabrielle ne disait pas à Emeline et beaucoup d'autres que la seconde ne confiera pas à la première, mais finalement toutes deux savaient au fond d'elles ce qu'il en était. Ce n'était pas rose, ce n'était pas doux et pelucheux, mais leur relation était ce qu'elle était, complexe, parfois pleine de rancœur, mais toujours véritable et c'était l'important. Par son mot, Emeline la remerciait d'être là, d'avoir su percevoir le problème et d'avoir parcouru la distance pour l'écouter. Le reste fera l'objet d'une discution lorsque toutes deux seraient remises de leurs malheurs, ou peut-être jamais finalement.

Relâchant son étreinte, elle leva le menton en direction du couvent et déglutie. Elle allait rester en 'prison' quelques temps, pour que ses blessures soit moins profondes, pour que son corps retrouve l'envie de manger et d'être fièrement dressé devant l'inconnu et lorsque tout ira mieux elle rentrera à Montpellier ou ailleurs. C'était son projet et cela ne devrait pas être le meilleur de tous, mais elle avait un but – même minuscule- dans la vie à présent. Mais pourtant Emeline ne semblait pas prête à décoller de son refuge, refuge un peu bancal, pas vraiment sécurisant, mais le sien.


...Tu as déjà été abandonnée Gabrielle ?

Dis-moi que je ne suis point la seule à souffrir autant, dis-moi que toi aussi tu as souffert comme je souffre, dis-le...Parle-moi de la pluie, du beau temps, du sable et du vent, des bateaux et des poissons. Mais parle-moi surtout du temps... Qu'il efface la douleur et redonne vie aux arbres dès le printemps.
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Gabrielle_blackney
[Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
Et que mon pays c'est la vie*]


Gabrielle eut un petit sourire au merci d’Emeline. Un merci qu’elle ne pensait pas mériter, elle n’avait après tout pas été bien présente pour la jeune fille. Elle s’était raidie au contact de la main sur sa nuque. Emeline était aussi généreuse en étreintes amicales qu’elle-même les redoutait. Elle avait tout particulièrement en horreur ses bises dont les françoys semblaient si friands. Ses pensées s’envolèrent vers Orthez et Cooky qui s’amusait à lui tapoter l’épaule en guise de salutation. Oui, Gabrielle détestait les rapports tactiles avec les gens, sauf avec ses amants, bien moins nombreux que ce qu’on voulait bien lui prêter. Il n’y avait guère eu de femmes dans son entourage, exceptée sa mère, mais une mère ça ne compte pas vraiment, c’est à part dans une vie. Elle se raidit donc légèrement mais laissa pourtant son bras autour des épaules d’Emeline, sentant confusément que c’est ce qu’elle devait faire. Emeline qui avait bien changé depuis leur rencontre au couvent, Emeline que la vie hors des murs sécurisants du prieuré avait broyé comme une brindille. Trop naïve, trop confiante Emeline qui n’avait pas idée de la dureté des hommes et du monde.


...Tu as déjà été abandonnée Gabrielle ?

Gabrielle regarde Emeline, un peu incertaine. Mais non, c’est une vraie question, elle a l’air sérieuse la gamine.
Est-ce que Gabrielle a déjà été abandonnée ? Son père d’abord, parti quand elle avait cinq ou six ans. Parti guerroyer elle ne savait trop où. « Chez les Blackney on est militaire » aimait répéter son cousin le Duc. Oui, chez les Blackney on est militaire mais on oublie ses enfants. On les laisse grandir seul, se débrouiller et ensuite, on se pointe avec des discours moralisateurs sur l’honneur plein la bouche.
Son père donc. Qui en partant avait emmené son frère, Tristan, son double, son autre elle-même. Elle avait même du mal à se souvenir de son visage. Pas vraiment un abandon de sa part à lui, mais elle ne saurait jamais s’il avait essayé de la rechercher, de la contacter. Ils étaient morts maintenant, tous les deux. Ses deux premiers amours. Son père et son frère. Deux hommes.

Et Lui. Un homme encore. Son grand amour. Etait-ce un abandon ? Pas vraiment, il ne lui devait rien après tout. Mais elle se sentait tellement vide et tellement seule. Il était son complément d’âme et il était parti. Sans un mot, sans un regard. Elle ne savait pas où il était, elle ne savait s’il était vivant, elle ne savait rien.
Alors elle ne le dit pas à Emeline, mais il lui semblait qu’il était plus facile d’avancer et de marcher vers le futur quand on savait. Aussi douloureuse que soit la vérité, au moins, on savait. Pas de doutes insidieux, pas de questions sans réponse, pas de rêves fous. Emeline savait. Gen n’était pas le bon pour elle. Et ça, le temps l’effacerait, elle oublierait, Gabrielle en était certaine. Elle pensait même qu’il fallait mieux découvrir ça maintenant que de dépérir dans un mariage râté.

Il y avait la question de l’enfant. Un bâtard de plus. Gabrielle aiderait Emeline à trouver une solution pour ce problème là. Une solution moins radicale que celle qu’elle avait choisit pour elle-même si possible. Gabrielle regarda la mer d’un visage fermé, elle ne voulait plus y penser à ce geste. Jamais. Oublier le passé et aller vers plus tard. Sauf que si elle ne s’en sortait pas trop mal avec son crime, c’était bien plus compliqué avec Lui.
Il lui manquait épouvantablement. Elle tentait de se raisonner, de se dire qu’il n’avait pas été grand chose, qu’elle s’en foutait bien. Mais le cœur n’est jamais bien raisonnable et il ne cessait d’espérer. Alors Gabrielle attendait. Pas Lui, non, elle ne l’attendait plus Lui. Elle attendait que cesse sa tourmente, elle attendait de se lever un matin et de ne plus penser à lui. Patiemment et sans vraiment y croire, elle attendait.
Elle soupira légèrement et – que le Très Haut lui pardonne – elle dit à Emeline une demi-vérité, une chose qu’elle savait vraie au fond d’elle-même mais qu’elle ne voulait pas accepter.


Oui, Emeline. Plusieurs fois… Maintenant encore… Mais le temps passera et tu oublieras. Moi aussi j’oublierai. D’autres viendront, resteront ou partiront. Mais nous, nous serons toujours là. En attendant, on souffre. Des salauds, Emeline, de beaux salauds. Ca ne vaut pas le coup de se gâcher la vie pour eux. La vie nous attend et eux… Qu’ils crèvent !

Ouaip, un beau salaud ! Mais qu’il revienne et d’un regard il la ferait chavirer. Maudit Normand !

*Serge Reggiani

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Emeline.
« Tombe-t-on en amitié comme on tombe en amour ? »
Lise Blouin.


Oublier ? Arriverait-il à oublier tel parole, son regard et cet petit air de fierté alors que sa vie entière s'effondrait ? Arriverait-elle oublier ses paroles, son impression d'insecte, son pseudo amour fraternel ? Les mots si durent qui franchirent la barrière de ses lèvres pour s'écraser à ses esgourdes tellement durement ? Emeline aujourd'hui en doutait, mais peut-être que demain tout lui semblera plus précis, elle n'avait jamais aimée avant ce jour et peut-être que ce premier amour était finalement pas le bon ? Inspirant un grand coup, elle ferma les yeux laissant le vent caresser son visage et repousser ses larmes. L'espoir devait s'inscrire dans son cœur pour que la jeune femme continu son chemin avec courage et force. Mais pour l'heure, elle ce sentait bien incapable de continuer à vivre ou à ce battre, elle rêvait de calme et de la présence de Dieu, certaine qu'en sa présence tout iras mieux bientôt. Puis elle devait prévenir son Père, lui dire pour l'enfant et ce plier à son choix. Tout cela demandait un minimum de calme et de repos dans son esprit encore embrumer.

Lorsque Gabrielle lui parla d'abandon, Emeline compris que son amie souffrait autant qu'elle de ce côté-là, mais 'il' reviendrais, Emeline le sentait que ces deux là étaient fait pour être unis. Au côté protecteur de sa moitié, a son regard plein de douceur quand il la regardait et à bien d'autre petites choses qui rendait le tout claire dans son esprit. Approuvant cependant la tristesse de Gabrielle, la jeune fleur prit sa main et ce tourna vers la mer en ouvrant grand les bras, le vent soufflait sur sa robe.


Une autre fois...Nous aurons rendez-vous, un autre jour.

La main de Gabrielle toujours dans la sienne, elle lui accorda la moitié d'un sourire et regarda son ventre. Allait-elle faire ? Elle n'en savait rien, mais n'étant pas seule, sa vie sera merveilleusement belle, Emeline en était certaine à présent, restait à faire comprendre cela à son coeur maintenant.

Tombe-t-on en amitié comme on tombe en amour ? Non, jamais !


J'ai...faim Gabrielle.
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Gabrielle_blackney
[La route du bonheur est peut-être la route de l’oubli*]

Gabrielle réfléchit à ses propres paroles. « D’autres viendront, partiront ou resteront » Oui mais quand on n’en veut pas d’autres ? Elle pensa à sa propre mère qui n’avait pas remplacé son père. Du moins, Gabrielle ne le pensait pas. Après tout, elle lui avait caché tant de choses qu’elle aurait bien pu avoir des amours et des amants discrets que sa fille aurait ignoré. Mais quand bien même, on peut bien faire défiler une armée entière dans sa couche, on peut bien tenter d’aimer ailleurs, l’oubli ne se décrète pas, il vient ou il ne vient pas et on ne choisit pas. Gabrielle ne pensait pas qu’on puisse aimer vraiment plusieurs fois. On aimait une fois et ensuite, au mieux, on tentait de retrouver le grand élan. Vainement probablement. Par contre, oui, on pouvait croire aimer. Le temps dirait à Emeline si ses sentiments n’étaient qu’illusion ou s’ils étaient plus profonds.
En attendant, elle pleurerait certainement, elle ragerait contre le monde entier, et surtout contre elle-même de s’être laissée embarquer dans cette histoire qui avait fini presque avant de commencer. Et elle s’en voudrait . Ou pas. C’est peut-être à ça qu’on reconnaît le vrai amour, quoiqu’il arrive, quelle que soit l’issue, on se dit que ça en valait la peine, qu’il ou elle en valait la peine.
Gabrielle sourit un instant quand Emeline lui prit la main. Elle en était certaine, le Normand en valait la peine. Elle posa ses yeux sur Emeline. Elle aussi en valait la peine. Mais c’était différent. On n’attend rien en retour d’un ami. On est juste là pour lui, et lui est là pour vous. Rien d’autre. Rien de compliqué. Et si les liens se défont, avec le temps, avec la distance, ils restent malgré tout. Alors que l’amour… Que voilà une chose bien compliquée et inexplicable.
Gabrielle soupira.
Oui un autre jour. Une autre fois. Un autre rendez-vous.
En attendant…


J'ai...faim Gabrielle.

Gabrielle eut un petit rire. Cette phrase, elle l’avait dite elle aussi il y a quelque semaines alors qu’elle vivait également un moment tragique. Le corps a le don de se rappeler à vous de manière assez élémentaire, même dans les instants où l’on se croit presque mort.
Elle sourit franchement à Emeline.


C’est une bonne nouvelle ça ! Ca veut dire que j’ai bien fait de te rattraper… Ca aurait été dommage que tu rates le délicieux repas de ce couvent. Je suis sûre que les sœurs sont des cuisinières de premier ordre.

Et Gabrielle de rire de nouveau. Le rire, la meilleure arme contre l’absurdité du monde, contre ses souffrances et ses difficultés. Le rire, ça permet d’oublier, un instant seulement. Un instant au moins.


*Yasmina Reza
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