[RP] T'es noble ? T'as pas d'chance.

Marineblanche

Paris.
La capitale bondée et bruyante.

Marine est soulagée de sentir que la charrette s'arrête enfin et la vive grimace qui ornait son visage finit par la quitter. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour trouver du noble ! Et oui Minah et Marine ont décidés de se trouver un petit nobliot, parce qu'elles les détestent trop !

Pourquoi ?
Les nobles, ça sent bon.
C'est riche.
Ça ne fait que manger et ça fiche rien de la journée !

Le pire, c'est que les nobles, ils se lavent et elles sont certaines que si elles les bousculent un peu, le ventre ferait "glou glou".

Voilà les préjugés qui ont poussés les deux mioches à venir à Paris, surtout que la rouquine est en furie depuis qu'elle a été frappée par l'armée du Connétable et dès le moment où la fillette commença à aller mieux, elle eût envie de taper du noble, surtout que sa copine manchote partage ce même désir ! Et heureusement qu'elle est là la Minah sinon Marine n'oserait jamais. Minah, c'est une grande sans être une grande mais elle est trop chouette, alors il faut qu'elle assure, la rouquine.

De toute façon, c'est trop pas juste ! Pourquoi ils ont le droit d'avoir toutes les robes qu'ils veulent et pas elles ?! Enfin devant Minah, Marine dira que les frustres des nobles sont trop moches mais la réalité est tout autre, elle aimerait bien en avoir des robes comme les nobliotes ! Des vraies !

L'enfant descend doucement de la charrette.

Aaarrrg...

Elle a mal et elle grimace.
Un petit regard vers Minah, et elle se met à boiter pour regarder s'il y'a du noble aux alentours.

J'parie que quand vont nous voir, vont pleurer ! Des froussards, j'te dis !

De mauvaise foi ? Très.
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Minah

La Minah leva les yeux, essayant de contenir dans ses toutes petites mirettes l'immensité de Paris.
Les villes, c'est trop grand. C'est trop haut. C'est trop grouillant de populace. C'est trop tout.
Elle avait pas l'habitude de tout ça, la gueuse, en bonne cul-terreuse qu'elle était.
Et puis la dernière fois qu'elle était allée à Paris, dans ses bas-fonds... Grimace.

La charrette s'arrêta brusquement et la fille aux dents cassées fit un geste pour se retenir à quelque chose.
De la main droite, par réflexe. Erreur. Son moignon ne rencontra que le vide et la manchote se mangea le fond du chariot.
Vexée comme un pou, elle lança un regard pour vérifier que la rouquine n'avait rien vu.
Laquelle, visiblement, était très occupée à souffrir. Ouf... Avec un peu de chance, son honneur était sauf.

Minah sauta à bas de la charrette.
En théorie, elle n'aurait pas dû suivre Marine dans cette aventure.
C'était un truc de gamin, d'abord. Elle avait treize ans, elle. Elle était presque adulte et devait se montrer responsable.
Mais... Voilà, quoi. Sa cervelle faisait de curieuses liaisons entre les choses.
Aussi, les mots comme ''responsable'' et ''adulte'' étaient irrémédiablement liés à d'autres notions comme ''barbant, ''pénible'' voire même ''terrifiant''.

Et puis secouer un noble pour voir si ça fait vraiment ''glouglou''...! Avouez !
Du coup l'adolescente n'avait pas hésité et avait foncé tête baissée, avec un enthousiasme monstrueux, pour aller casser du nobliard.

Vont s'pisser d'ssus dans leurs dessous en soie ! Approuva la gueuse. On va leur montrer qu'on est mieux qu'eux !

Main sur la hanche, le menton haut. Posture conquérante.
D'un ridicule des plus rares...
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Elfry

Un bon prétexte... Un excellent même : rechercher un local pour la future boutique parisienne de la parfumerie familiale Le N'Ebréché, nom trouvé par son horrible frère, Beren, qui était justement le Nez en question...
Si on lui avait demandé son avis, Elfry aurait plutôt choisi comme nom : Le Nez Bréché, mais on ne lui a rien demandé, à la plus jeune des Fioles Ébréchées.

Enfin, elle avait besoin d'évasion, la petite fêlée, parce que depuis son retour de fugue, sa grande soeur, Idril, la couvait beaucoup trop et ne voulait plus la quitter des yeux... Pénible !!

Elle sauta donc sur l'occasion, enfin sur le beau projet familial. Beren était trop occupé et un rien fainéant, Idril ne pouvait pas quitter la Lorraine à cause de ses fonctions, ni son Duc d'amoureux avec leur mariage qui approchait...
Il ne restait plus qu'elle pour se charger de cette délicate mission et puis malgré ses presque 13 ans, la fiolinette avait les pieds sur terre et le sens des affaires, enfin quand elle ne partait pas à la chasse aux dragons et ne conversait pas avec son amie imaginaire !

Idril avait finit par céder et accepter de laisser la benjamine entreprendre ce voyage, mais elle l'avait affublée de cinq gardes venus tout droit de la Seigneurie de Dampierre, gardes qui avaient ordre de ne pas la quitter des yeux... Pénible !
Et comme compagnie, on faisait mieux... Aucune conversation ! Incapable d’avoir le moindre avis sur les dernières tendances parisiennes, ni sur les meilleures boutiques et ateliers à visiter absolument ! Encore moins sur les dragons !

Il lui fallait une compagnie digne de ce nom pour rendre ce long voyage moins ennuyeux et tellement plus profitable sur place. Elle avait évidemment invité Callypso, son amie rien qu'à elle, que personne ne pouvait voir sauf elle...
Et elle était en train de marteler la porte du manoir de Cleméry avec le heurtoir en métal forgé, pour inviter la seconde élue.

ELENNNDRAAAAAA, ouvre-moi !! Je sens que tu vas m'adorer...encore plus je veux dire !

Je vous avais dit que la petite fêlée ne doutait jamais de rien ?
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Elendra

J'étais occupée! Du genre, très occupée! Comme on en voit rarement!

En effet, j'attend depuis au moiiiins deux bonnes semaines, mon pigeon du Collège Saint-Louis de France en France qui s'était perdu à coup sûr! Après tout, ce serait pas étonnant, la Lorraine, il doit pas venir là souvent! Et en plus Luisa non plus l'a pas reçu! Alors c'est clair que les pigeons! On leur a pas appris elle était où la Lorraine!

Mais moi j'attend quand même! Postée sur le bord de la porte des fois, ou dans ma chambre, ou des fois dans la chambre de maman et papa. En fait, c'est surtout la chambre de maman, parce que papa il veut jamais venir ici, même pas pour surveiller les choses de maman!

Mais moi je le fais! Tous les jours! Je vais toujours dans son garde-robe et je regarde toutes ses robes! Une par une, et je les compte pour m'assurer qu'aucune d'elles n'a disparue!

Ensuite, je m'assois toujours sur le petit banc devant son grand miroir et je compte ses médailles, pour la même raison que je compte ses robes. Et ensuite, j'essaie sa couronne...

Elle est un peu trop grande pour moi... Mais je me demande si quand je serai plus grande elle va me faire... Je la remonte sans cesse, alors qu'elle glisse sur mes cheveux détachés. MAIS peignés! Si, si! Maintenant j'ai douze ans, alors moi je me peigne les cheveux! Par contre, habituellement c'est maman qui me les coiffe... Donc j'ai arrêté de les coiffer. Je vais recommencer, juste quand je vais aller la rejoindre, elle et le Tout-en-Haut!

Papa il m'a dit que toute la maison elle sera à moi... Et que aussi j'aurai ta couronne. Mais là elle est beaucoup trop grande! Mais il sait pas si je vais avoir une nouvelle couronne juste à moi de ma taille ou si je vais devoir prendre la tienne. Toi, tu le sais?

Je regarde le miroir, là où ma mère devrait être, où elle est habituellement quand elle me fait de jolies nattes ou de jolies couettes avec ses beaux rubans. Mais comme depuis maintenant deux mois déjà, ma maman elle me répond plus... Je sais qu'elle m'écoute, mes amies me l'ont dit, alors moi je continue à lui parler. Tout le temps.

Et là, alors que j'allais me lever pour continuer mon inspection de la maison, on frappe à la porte! Et pas qu'un peu! Je me lève donc d'un bond! C'est mon pigeon qui est arrivé! C'est CER-TAIN!

Je me précipite donc vers la porte et entend alors la voix de mon amie Elfry! Déçue que ce ne soit pas mon pigeon, j'ouvre la porte et lui sourit quand même! La dernière fois qu'elle est venue ici! C'était pour plusieurs jours et on s'est amusée follement! Histoires pour faire peur! Parade de mode! Cuisine! Et en plus, j'avais une amie pour pas avoir peur de dormir toute seule la nuit! D'ailleurs, peut-être qu'elle fait une autre fugue parce qu'on s'était trop bien amusée!

Elfryyyy! Bonjour! Tu viens passer quelques jours ici encore?! T'as apporté des nouveaux tissus pour faire une autre parade de robe comme à la galerie de la Fayette?! OU MIEUX?! Idril t'as donné plein de robes et on doit toutes les essayer?!

Je sautille déjà sur place alors que toutes ces idées se bousculent dans ma tête! Un autre séjour avec Elfry! Chouette, chouette, chouette! Car il faut le dire! Elfry, elle sait occuper ses journées!
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Marineblanche

Ouais, trop !

Se pisser dessus leurs dessous de soie ? Bien évidemment, parce que Marine est certaine que ce sont des trouillards, les nobles ! Les petits gueux, c'est plus courageux et les meilleurs, parce qu'ils ne se lavent pas tous les jours et donc, ils ne font pas "glou glou". Ils travaillent aux champs pour aider les parents et ça rend trop fort, ça ! Ou alors, quand ils vivent dans la rue, ils apprennent à voler et surtout à courir vite ! Enfin, quand ils boitent pas...

J'parie qu'ils s'cachent là... Z'ont eu peur d'nous quand on n'est arrivé !

Elle y croit, en plus.

Pour elle, casser du noble, c'est facile ! Elle ne se demande pas un instant si elle peut tomber sur un nobliot plus fort qu'elle. Impensable. Juste impossible dans sa petite caboche excitée et impatiente d'en découdre avec ceux qui ont plus de chance qu'elle ! Elle aimerait bien, elle, être comme eux, secrètement. Avoir tout ce qu'elle veut ! Manger comme elle veut. Dormir dans des grands lits avec de bons édredons ! Vivre dans un château comme dans les histoires.

Le rêve de toutes les petites filles, quoi.

Enfin...Elle n'aimerait pas se laver tous les jours et faire " glouglou" ! Ou avoir du sang bleu ! Beurk ! Ah non, elle ne veut pas avoir du sang bleu ! Ca doit être moche ! Pas qu'elle n'aime pas le bleu, elle aime bien mais elle préfère le rouge ! C'est même un peu sa couleur préférée avec le vert. Et puis, elle aime bien aller creuser pour chercher des vers de terre ! Les nobles, ça fait pas ça ! Tiens, ça joue à quoi les nobles ? Elle ne sait pas mais sûrement qu'il ne joue pas, parce qu'ils font que dodo et manger.

Les prunelles azuriennes cherchent des petits nobles et pas des grands ! Parce qu'un grand, c'est... grand ! Et ce n'est pas drôle du tout... La petite rouquine est donc pas du tout cap' de vérifier si un noble adulte fait "glouglou". Seulement, pour l'instant, elle n'a vu que des grands.

T'crois qu'y sont ailleurs ?

Parce que c'est Paris, quand même !
C'est obligé des nobles dans la ville... Sinon, elle y comprend plus rien, Marine !

Faut les chercher !

Parce que même si ça fait que faire dodo et manger, ça doit bien sortir des fois, non ?
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Elfry

Elfryyyy! Bonjour! Tu viens passer quelques jours ici encore?! T'as apporté des nouveaux tissus pour faire une autre parade de robe comme à la galerie de la Fayette?! OU MIEUX?! Idril t'as donné plein de robes et on doit toutes les essayer?!

La petite fêlée saisit les mains d'Elendra, toute joyeuse et sautillante, et elle l'accompagne dans quelques tourbillons de jupes, en s'exclamant :

Non mieux ! Quoique c’est une idée cela, faut que je demande à Didil pour les robes. Mais elle est un peu fâchée depuis ma fugue, surtout qu'au retour j'ai failli faire exploser son fiancé de Duc. Elle sait bien que je l'ai pas fait exprès mais elle ne veut plus que je fasse de bêtises ! Comme si c'était une bêtise de vouloir être savante !

Et soudain, elle se fige, se rappelant enfin l'objet de sa visite :

Je t’emmène avec moi à Paris ! Je dois chercher une jolie boutique vide pour y vendre les parfums N'Ebreché ! Et je compte bien aller visiter quelques ateliers réputés, quelques artisans de génies et pleins de boutiques. C'est la première fois que je visiterai Paris toute seule, enfin avec toi....

Elle ajouta dans un murmure, en désignant du menton les 5 gardes postés derrière :

Enfin toutes les deux seules avec ses cinq moutons, Didil a exigé qu'ils me suivent et me surveillent, la poisse.
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Elendra

MIEUX QUE DES TONNES DE ROBES À ESSAYER?!

J'ai du mal à m'imaginer qu'il y ait mieux! En fait...

Non... Je sais un truc qui serait mieux! Que Elfry vienne me voir pour me dire que maman s'est réveillée! Qu'elle faisait juste dormir pour vrai comme tout le monde et pas dormir pour aller rejoindre le MÉ-CHANT Tout-en-Haut qui me l'a volé...

Mais bon, si papa était là, il me dirait que c'est pas possible, maman reviendra pas, elle aura plus besoin de ses choses et pas besoin de les surveiller, etc. Pleins d'âneries quoi! Parce que MOI je sais que les choses de maman il faut en prendre soin et les surveiller et que ça lui fait plaisir de me voir en prendre soin là où elle est, BON!

J'écoute donc mon amie avec attention pour savoir ce qu'elle a encore imaginé comme super activité pour aujourd'hui, dans sa tête rousse! Visiblement, faire explosé le Duc (ou presque) c'est déjà fait, alors ce sera pas ça! (Dommage que j'ai manqué ça quand même! On aurait dû m'inviter! Ça m'aurait fait quelque chose à raconter à maman! Surtout que ce Duc LÀ! Il était du parti que maman a inventé! Je connais pas trop trop la politique! Mais ÇA, je le sais!)

Et soudain, alors que je m'imaginais un succulent repas, une escapade en forêt, une chasse aux dragons ou aux vers de terres ou encore une autre idée fantastique, mon amie m'annonce avec fierté:

Je t’emmène avec moi à Paris !

Paris!

Paris!

Paris!

Paris!

Pa-ris!

PAAA-RIIISSS.... (Comprendre que rendu là, c'est l'écho!)

Ce nom fatidique résonne dans ma tête! Paris l'affreuse! Paris la maudite! Paris la! Non pas Paris! Je sais que mon amie continue de parler, mais je ne l'écoute pas du tout!

Plusieurs souvenirs que j'avais essayé d'oublier (avec assez de succès!) me reviennent alors en tête!

La Folle!

La Folle noble!

Paris! LÀ où le noble est plus exécrable que le plus exécrable des hommes! Là où être noble ne suffit pas à ne pas se faire traiter de gueux! On est jamais assez noble pour aller à Paris et ça je l'ai bien compris! Et je me suis bien promis que JAMAIS plus, Jamais, JA-mais plus! Je ne remettrai les pieds dans cette ville tout aussi exécrable que le plus exécrable des hommes!

Une fois sortie de ma torpeur, je reporte mon attention sur Elfry qui me pointe ses 5 gardes qui l'accompagne. Je souris avec compassion, la pauvre 5 gardes! Elle est folle sa soeur! Des gardes pour quoi faire? Il est hors de question que j'aille à Paris de toute façon!

Or, moi, j'ai un problème bien plus grave que de me faire imposer cinq gardes! Je dois mettre Elfry dehors au plus vite avant qu'elle ne m'enlève et ne m'entraîne de force à Paris! (L'affreuse, l'horrible! La ville la plus exécrable! Plus exécrable que le plus exécrable des hommes!)

Et alors que je regarde Elfry, en panique à l'intérieur, une idée (parfaite) germe dans mon cerveau! Je m'empresse donc de l'appliquer! Je prend les mains d'Elfry, et je les serre doucement, puis fait quelques pas vers l'extérieur, la poussant ainsi à son insu vers l'extérieur de ma demeure.

Aussitôt qu'elle a franchit le seuil de ma porte, je marmonne en tournant une mèche de cheveux entre mes doigts:

Écoute... Je prépare des vêtements et une collation pour le voyage et je te rejoins!

Rapidement alors, je lui claque la porte au nez! (Pas polie, je sais! Ma maman me l'a dis aussi, mais LÀ! C'est une question de vie ou de mort! Car oui! Si je retourne dans cette ville, c'est clair que je vais mourir cette fois! Parce que la dernière fois, je suis passée à un cheveux! On va pas m'épargner une deuxième fois c'est certain!)

Pour être certaine, je verrouille même la porte! Dans un cliquetis de clés que j'essaie de faire discret, mais dans mon empressement, je suis certaine qu'Elfry l'a entendu de l'extérieur! (ZUUUT!)

Je regarde la porte un moment... Elfry est avec cinq gardes... Pas un... CINQ! Je me demande alors si ma porte sera assez solide pour résister à CINQ gardes voulant entrer à tout prix! (À la demande d'Elfry qui ne laissera sans doute pas tomber son idée d'aller à Paris!)

J'en viens donc à la conclusion qu'il me faut quelque chose pour bloquer la porte! Et je sais exactement quoi! Dans le salon il y a une table! J'ai juste à la mettre devant la porte! Et c'est donc en moins de deux que je me précipite au salon et que je pousse la table de toutes mes forces.

Table qui ne manque pas de signifier son mécontentement en hurlant à la seconde où je la bouge un peu! Rhaa les tables de nos jours!

MAiis chuuut! Elfry m'a déjà entendu barrer la porte! S'il fallait qu'elle sache ce que je fais là, j'aurai même pas le temps de te déplacer que la porte sera déjà défoncé!

Un peu stupide de parler à une table? Oui... Je sais... Mais depuis que maman s'est envolée et que j'ai pris l'habitude de lui parler... On dirait que tout objet qui ne peut pas me répondre a droit au même traitement que maman!
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Minah

Se curant négligemment l'oreille, mauvaise habitude de sa part, la gueuse jeta un regard circulaire sur la rue parisienne.
Elle hocha la tête aux dires de Marine. Ben oui. C'était évident, que les nobles avaient entendu parler de leur présence...
Deux bougresses comme elles, le vent les annonçait des lieues à la ronde ! Et si vous aviez le nez bouché, il n'y avait qu'à suivre les mouches.
Exagéré pour l'odeur ? À peine.

Y sont forcément là, répondit-elle d'un ton grave. Forcément. Ou c'est qu'y pourraient ben être, sinon ? R'garde, ça sent l'nobliard à plein nez ici !

Geste large du moignon, qui embrassa quelques mendiants qui se disputaient un truc, un cochon vautré dans la fange et un teinturier qui versait des produits louches dans le caniveau.
Minah grimaça. Mauvais exemple.

'Fin bon... Euh... On en prend un p'tit pour y faire sa fête, hein ? Les p'tits c'est les meilleurs !

Parce que c'est pas une flèche, la manchote, mais elle est pas complètement débile non plus !
Pas au point d'aller cogner sur un duc entouré de ses gardes, par exemple. Sans compter le risque de se retrouver raccourcie d'une tête...
Et entre l'éclopée boiteuse et le pingouin... De quoi faire peur, tiens ! Mais ça, elle n'en avait pas conscience, la gueuse. Elle se sentait invincible.
De toute façon, les nobliots ne devaient être que de grosses limaces graisseuses à force de ne pas bouger de leur lit et de tout se faire apporter par des larbins.
Mais un p'tit c'était quand même mieux. On n'est jamais trop prudent...

Tu crois qu'ça s'trouve comment, un noble ? On crie « petit, petit, petit » en agitant une boîte de macarons ?

S'avançant dans la rue, elle souleva une caisse vide. Nan. Pas là.
Loucha par la fenêtre d'une échoppe. Pas là non plus.
Vilaine moue déçue. C'était plus dur qu'elle pensait !
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Marineblanche

Marine fit une moue en regardant les mendiants se disputer un truc, le cochon vautré dans la fange et le teinturier mettre des produits dans le caniveau. C'est pas des nobles, c'est certain ça, même si pour elle, les nobles étaient aussi gros que les cochons. Se pendre un petit ? La rouquine plisse les yeux car elle n'est pas sotte, non plus. Elle ne risque pas d'aller affronter un noble avec son garde, comme elle l'a fait une fois. Sauf que le noble en question était une femme et elle lui avait volé la bourse. Elle s'était pris une rouste comme pas possible par le garde ! Heureusement qu'Elouan l'a sorti des pattes du colosse sinon elle aurait été fichue, la mioche !

Donc un adulte, pas cap' !
Petit, oui ! Mais pas trop petit, quand même !

Ouais, un p'tit mais un peu grand car les p'tits petits, c'est trop nul ! Y pleurent comme des bébés, d'abord ! Faut des grands petits, d'abord ! Hein ? C'mieux, na ?

Les grands petits ? Pour Marine, ce sont des enfants entre 7 et 15 ans ! Enfin 15 ans, quand même pas parce que c'est des grands quand même à 15 ans.

Tu crois qu'ça s'trouve comment, un noble ? On crie « petit, petit, petit » en agitant une boîte de macarons ?

Pas bête, Minah !
Les nobles aiment les macarons, surtout les filles.
Pour sûr que si elles agitent une boite de macarons, ils vont tous se jetter desus ! La mioche fait un sourire niais en voyant tous les nobles les supplier de leur donner les friandises.

T'sais où on n'en trouve des macarons, toé ?

La petite rouquine boita pour regarder derrière un étal discrètement. Personne. Du moins, pas de nobles ! Elle se gratte la tête, se demandant où ils peuvent bien se trouver quand soudaine une main vient se plaquer violemment sur son épaule, ce qui la fit sursauter.

T'as quoi à regarder derrière mon n'étal petite crasseuse ? T'cherches à m'voler, c'est ça ?

L'enfant ouvrit de gros yeux, en regardant le commerçant.

Z'allez pô bien, hein ! J'ai rien fait, j'vous jure !

Marine lance un petit regard vers Minah, essayant de se dégager de la poigne de l'homme.
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Elfry

Écoute... Je prépare des vêtements et une collation pour le voyage et je te rejoins!

Puis la porte se ferme. La fiolinette fronce les sourcils. Soit ! Elendra a parfois de drôles de réactions, comme partir sans son amie à un rendez-vous où elles doivent aller ensemble pourtant...
Claquer la porte et laisser son amie dehors, au lieu de l'inviter à entrer le temps de préparer ses affaires.

Tu veux pas que je t'aides ? Je peux boire un verre d'eau ?

La petite fiole entend le bruit d'un verrou et quelques minutes plus tard, on dirait qu'un combat à lieu dans la maison, cela frotte sur le sol, cela cogne...
Elfry pose son oreille contre le bois de la porte, inquiète. Elle entend des murmures et toujours les bruits étranges, surtout qu'Elendra est normalement toute seule...
Elle crie à la porte et à ceux qui se battent derrière !

Ouvrez immédiatement ! Ne faites pas de mal à Elendra ! Je vous préviens, je fais enfoncer la porte si vous n'obéissez pas ! Et si vous touchez à un cheveux de mon amie, je vous ferais bouillir dans un chaudron, puis distiller dans un alambique, avant de vous arracher les cheveux un à un, de vous couper les oreilles et de vous écrabouiller en purée ! Après promis je vous donnerais à manger à mes dragons ! Ouvrez j'ai dis ! Elendra va te cacher, on va te sauver !

Et la fiolinette d’émettre un sifflement strident en faisant signe à sa meute de gardes de s'attaquer à la porte. Elle piétinait de rage et d’appréhension pour son amie. Elendra, ils n'allaient pas lui faire du mal ces barbares sinon ils verraient qu'une fiolinette tient toujours parole. Elle sortit d'ailleurs de sa besace son couteau de chasse qu'elle tint fermement devant elle.
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Elendra

Oups...

J'avais pas pensé à ça moi...

Pas pensée que Elfry pouvait penser que je me faisait attaquer! Pas pensé que Elfry... Elle était si cruelle! Heureusement qu'il y a pas de brigands dans ma maison, parce que je les ferais sortir par derrière pour leur éviter qu'Elfry les attrape!

J'arrête alors tout le remue-ménage avec la table et m'immobilise pour réfléchir et analyser la situation!

Elfry est dehors.
Avec CINQ gardes.
Elle pense que je me fait attaquer.

Une seule solution possible! Je me mets à crier!

C'EST ÇA! Bande de poltrons! Allez-vous en! Mon amie Elfry est beaucoup plus forte que vous!

OUSTE TOUS! Avant qu'elle vous donne à manger à ses dragons!

Et je fais alors semblant de courir, en faisant le plus de bruit possible et je repousse la table pour faire du bruit, espérant que Elfry y croit!

Même que je détache le ruban dans mes cheveux et je penche la tête en bas, mets mes mains dans ma longue chevelure et les secoue dans tous les sens! Comme ça, je vais avoir l'air de m'être battue! Elfry n'y verra que du feu!

Je me précipite alors vers la porte avant que les gardes n'aient la brillantes idée de la défoncer! Parce que maman sera pas contente, mais alors là pas du tout!

Je la déverrouille et l'ouvre sur Elfry, me penchant vers l'avant en m'appuyant sur mes cuisses.

Aaah! Elfry!

Ouuuf!

Et je m'écroule sur le sol! (J'en mets un peu trop vous croyez?)

Je ferme les yeux et pose mes mains sur mon ventre.

Aaah... Je vais jamais pouvoir aller à Paris moi! Pfff je suis trop fatiguée! C'était ouuf... Tout un combat!

Tu ferais mieux d'y aller sans moi et je me repose!

J'ouvre un oeil et la regarde, plusieurs mèches de cheveux me bloquant la vue toute fois! Si avec ça je réussis pas à ne pas aller à Paris... Il faudra bien que je me résoude à lui dire la vraie vérité...

Et la vraie vérité... Je préfère aller à Paris plutôt que de la dire à qui que ce soit! Même à une membre de la Charlie!
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Minah

Se grattouillant l'aisselle, Minah louchait sur le cochon. Longtemps qu'elle en avait pas graillé, du jambonneau...
Il était énorme, en plus. Elle se demanda un instant si les petits nobles seraient terrifiés de la voir juchée sur une monture aussi balèze.
Ça devait en imposer ! La gueuse manqua de proposer l'idée à sa compère, puis se ravisa.
Le goret pesait assez pour les écraser, était assez gros pour les manger et avait l'air assez méchant pour mettre tout ça à exécution sans se poser de questions.
Minah secoua la tête. Nan... Pas une bonne idée... Elle reporta son attention sur Marine.

Ben nan, on va pas en prendre un 'tit riquiqui. On va l'ratatiner trop vite, c'pas drôle. Aucune gloire, t'vois.

C'était important, la gloire. Fallait que les nobles se sentent minables. Écrasés.
Et si c'était trop facile, si elles tapaient sur un bambin en langes... Ça marchait pas.
En plus avec un morveux, il risquait d'y avoir une nounou derrière et les nounous, c'était féroce.

Mais revenons à nos appâts !

Les macarons ? Euh...

Longue réflexion, la bave aux lèvres. Question existentielle du jour : où trouve-ton les macarons ?
À vrai dire, en bonne plouc mal éduquée, la manchote n'en avait jamais vu.
Pour elle, les sucreries se limitaient aux fruits qu'on piquait* dans le verger du voisin, à la confiture qu'on piquait** sur le haut du buffet à mémé... Rien de plus sophistiqué.
Le macaron... Le macaron, c'était une sorte de Graal des cochonneries, celui dont on n'entend parler que dans les légendes !

Mais Marine, elle, semblait savoir où chercher !
Minah l'observa fouiller un étal et couina de surprise quand elle vit un grand bonhomme l'attraper par l'épaule.
Échange de regard entre les deux mômes.

Vite. Il fallait faire quelque chose. Vite. Vite !
Courir ! Ah non... Fallait pas laisser la rouquine en plan... Crotte.
Prenant son courage à deux mains (mais c'est tout de suite moins pratique quand on n'en a qu'une), Minah s'avança vers le commerçant.

Euh... 'Scusez-la... Euh... Elle est aveugle ! Oui, c'est ça ! Elle y voit pu rin d'puis qu'une armée lui a marché d'ssus, 'voyez. Alors elle cherchait son ch'min... L'a rin fait.

Large sourire édenté, un poil gêné.
Va gober, va pas gober ?

* Si c'est pas volé, c'est vachement moins bon. C'est prouvé.
** idem
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Elfry

L'intimidation, rien de tel ! Ses menaces avaient porté leur fruits, et ses gardes aussi avaient eu un peu d'effet, faut bien le reconnaître... un peu.
Du coup les méchants étaient sortis par derrière, laissant Elendra saine et sauve...
Enfin presque, elle avait dû être sonnée tout de même, choquée aussi parce que là elle déraillait carrément !

Elfry se jette au sol près de son amie et la prend dans ses bras pour la serrer très fort, mais pas trop pour pas lui faire mal !

Oh ! Que le Très-Haut en soit remercié, tu es sauve ! J'ai eu si peur pour toi ! Mais tu n'y penses pas !! Y aller sans toi ? Et te laisser toute seule ici pour que ces vils cancrelats, cette raclure d'auge à cochons reviennent te faire du mal quand nous serons partis ! Hors de question ! Je ne me le pardonnerai jamais s'il t'arrivait un truc. Je ne te quittes plus là ! Nous t'emmenons ! Tu ne dois surement pas rester toute seule ! Tu auras le temps de te reposer tranquillement et en sécurité pendant le voyage.

Elle se releve en frissonnant à la pensée de ce qui aurait pu se passer, si elle n'était pas arrivée au bon moment. Elle ordonne aussitôt aux gardes de soulever la pauvre Elendra et d'aller l'installer confortablement dans l'attelage. Puis elle en profite pour aller verrouiller la porte convenablement.
Elle ordonne même à deux gardes de rester là et de monter la garde, quitte à aller chercher des renforts pour protéger la demeure de son amie. Trois gardes suffiraient pour leur voyage. Elle retourne ensuite s'installer près d'Elendra dans la voiture.

Tu vas bien ? Tu as besoin de quelque chose ? Je te prêterais des affaires et nous ferons pleins d’emplettes à Paris ! Tu vas voir comme nous allons bien nous amuser !
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Elendra

Y a pas à dire. Elfry. C'est une amie en or! Surtout quand vient le temps de vous emmener visiter la belle capitale de Paris contre votre gré!

Même que je me sens un peu mal d'avoir fait semblant de me faire attaquer! Parce qu'elle a l'air d'avoir vraiment eu peur! Et même malgré que je viens juste de me faire attaquer, elle veut quand même m'amener à Paris vers ma mort certaine!

Voulez-vous bien me dire ce que j'ai fait au Tout-en-Haut pour qu'il m'oblige à retourner dans cette ville de fous?! Parce que là... J'ai fait un effort hein pour pas y aller vous savez! J'ai fait tout ce que je pouvais! Mais je me fait toujours empoignée par deux gardes qui me guide vers l'attelage.

Moi je tente de planter mes pieds dans le sol pour pas qu'on m'amène dans cette carriole, parce que je vais mourir je vous jure! Mais rien à faire! Après 14 secondes exactement, je suis assise dans cette prison en route vers le pilori! Sans pouvoir rien faire! Et en plus! J'ai même pas eu le temps de me «nobiliser» un petit peu!

Quelle horreur! Le cauchemar! J'espère que je la croiserai pas au moins elle!

Je regarde dehors, déprimée, répétant dans ma tête: «Pitié maman, fait quelque chose! Aide moi!»

Or, aucune roue ne se fracasse contre un rocher, aucun cheval ne refuse d'avancer (je déteste ces bêtes!), rien, rien, RIEN n'empêche cette foutu carriole de faire la route vers Paris!

C'est juste Elfry et moi. Moi et Elfry. Qui me demande d'ailleurs si je vais bien, si j'ai besoin de quoi que ce soit, qu'on m'achètera des choses à Paris...

Alors tout d'abord: NON JE VAIS PAS BIEN! JE VAIS MOURIR BIENTÔT ET J'AI PAS DIT AU REVOIR À PAPA!

Ensuite; j'ai besoin de rentrer à la maison au plus vite! Arrêtez cette carriole!!!

Et tu devras me promettre de m'acheter AU MOINS trois robes pour me convaincre de descendre de cette foutue carriole!

C'est ce que j'ai envie de lui répondre! Mais si je fais ça... Je vais devoir lui dire mon secret! Et ça! Jamais! Je peux pas lui dire! Je veux pas le dire à personne! C'est trop un gros secret!

Alors, je soupire et je joue la carte des brigands.

Bffff.... hummf... Tu sais.... Ça pourrait aller mieux. Parce que là on a laissé les choses de maman sans surveillance et avec ces brigands là en plus tu sais... Je sais que t'as laissé deux gardes là, mais... Tu sais!

Je chiffonne le ruban dans mes mains. Mal à l'aise de cacher mon secret à Elfry, mais je peux pas lui dire. Et en plus de ça je vais avoir l'air de n'importe quoi encore pour aller à Paris! Une gueuse! Et je vais encore me faire attaquer!

Puis je lève les yeux vers Elfry et lui tend mon ruban.

Tu saurais pas me tresser les cheveux, dis? Histoire d'être un peu plus présentable que ça?

Je pointe mes cheveux que j'ai volontairement mélangé et qui ont tendance à faire beaucoup de noeuds.

Et je passe le reste du voyage à lisser ma robe, replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille, à me tenir droite, comme une vraie noble, me pratiquant pour plus tard, histoire de pas me faire embêter par les nobles qui grouillent dans les rues de Paris!

Et plus le temps passe, plus je sais qu'on approche et j'ai peur! Et je serre mes mains l'une contre l'autre et je lisse ma robe avec nervosité et je cligne des yeux frénétiquement redoutant le moment où je devrais sortir d'ici!

Je ne voulais pas entrer dans cet attelage, maintenant, la seule chose que je souhaite c'est de ne pas en sortir tant qu'on ne sera pas de retour à la maison!
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Marineblanche

Alors que Marine tente de se dégager, la poigne de l'homme se resserre sur son épaule et là, c'est vraiment la poisse, parce que mine de rien, elle ressemble à une brindille à ses côtés ! Elle déglutit et lance un autre regard vers Minah. Pourvu qu'elle la sauve, pourvu ! Parce que la mioche n'a pas de rester toute seule avec lui.

Ouais, ils disent tout ça, ceux d'ton genre ! Les p'tits voleurs là...

Humpf ! Pour sûr que la mioche ne ressemble pas du tout à une petite noble avec toute la crasse qu'elle a sur elle, mais plus à une gamine des rues !

Humpf, j'suis pô une voleuse !

Ouh, la menteuse.
Des boulangers et des bourses, elle en a volés !
Surtout des boulangers, parce que c'est plus facile de voler sur un étal où il y'a pleins de monde et de vite se faufiler entre les gens ! Enfin, ça, c'était avant, parce que depuis qu'elle est blessée, elle n'arrive plus à courir.

Minah s'avança vers le commerçant et Marine se sentit presque sauvée quand soudain, la manchote dit qu'elle est aveugle. La rouquine ouvre de grands yeux. Non mais elle est folle ?! Aveugle ?! Et puis, c'est comment les aveugles ? Elle n'en sait rien, la gosse !

Déjà, un aveugle, ça ne voit pas.
Alors faut que la mioche ne voit plus.
Et pour ne plus voir, il faut fermer les yeux !

Finalement, c'est trop facile d'être aveugle.

T'te fous d'moi ?! Toi aussi, t'as une caboche d'petite voleuse, comme ta copine !

Hééé j'vois plus riiien !

L'homme secoue la gamine qui grimace de douleur.

Arrête ton bara...Aiie !

Ça, c'est la mioche qui vient d'écraser le pied du commerçant, parce qu'elle n'aime pas particulièrement qu'on la secoue, ça fait mal ! Mais est-ce que ça va suffire pour pouvoir s'échapper ? En tous les cas, la gamine se défait de l'emprise de l'homme et commence à boiter aussi rapidement qu'elle peut !

Viiiiiite !!!

Des voleuses ! Rattrapez-les !

Oups !
Si la "Rousse" est dans les parages, elles sont dans la mouise.
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T'es noble ? T'as pas d'chance.

Minah

Raté...

La peur avait créé un grand vide dans l'esprit de la gueuse. Mais dans le néant cérébral minahesque, cette seule pensée parvint à percer.
Bon, elle avait toujours su que le mensonge n'était pas son truc. Pas avec les étrangers, en tout cas... Parce que baratiner m'man ou mémé, c'était du gâteau. Mais là !
Fallait dire qu'il fichait une sacrée frousse, le bougre. Il paraissait grand et... et fort et... et voilà, quoi !

En bonne forme, elles auraient peut-être pu lui jouer un vilain tour. Éclopées comme elles l'étaient, elles le pouvaient pas mais sinon, le commerçant aurait eu qu'à bien se tenir !
Ou du moins c'est ce que se dit la manchote pour sauver son ego.

Après le calme, c'est la panique. L’effervescence.
Parce que la Minah venait de se rendre compte qu'elle aussi allait se prendre une rouste.

Quoi une caboche d'voleuse ?! Gueula-t-elle en commençant à détaler, profitant de la diversion de la rouquine. Tête de veau ! Ta marchandise c'rin que d'la merde !

Après quelques mètres de fuite, elle s'aperçut que Marine boitillait encore loin derrière elle.
Ni une ni deux, la fille aux dents cassées se pencha et ramassa les éclats de quelques pavés abîmés.
Maladroitement mais avec conviction, la voilà qui se met à les balancer sur l'homme. Ou en direction, du moins.
C'est que de la main gauche, elle n'était pas très habile !

Cours Marine ! J'te couvre ! 'Fin j'essaie, hein...

C'était bien malin, de jeter du gravier. Mais après ?
Il allait être furax, le bonhomme. Et elles n'avaient pas vraiment d'endroit où se cacher...
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Elendra

J'en peux plus! J'en peux plus! J'en peux plus de la route! De toute cette attente pour quoi hein?! Eh bien pour Paris! Paris la dégoutante! Faisons demi-tour Elfry, je suis trop inquiète! Faisons demi-tour Elfry, j'ai oublié telle ou telle bricole! Faisons un retour Elfry, je vais être malade… Mais peut importe ce que j'inventais, fausses excuses ou mensonges éhontés, rien de rien n'a empêché le carrosse de s'arrêter là. À Paris… Devant la boutique. La première boutique.

Parce que, bien que trop préoccupée par ma peur, j'ai un peu écouté le programme : visiter des ateliers vides pour y faire pousser des parfums, visiter des boutiques, pleins de boutiques et des ateliers réputés.

Sauf que moi, c'est dans une boutique qu'on m'a attaquée! Ainsi, lorsque que ma soeur de la Charlie se dirige vers la première d'une longue série de boutique, je me contente de sortir de la charrette, de lisser ma robe, de me tenir la tête haute et de faire semblant d'être noble. Espérant que les blondes de nobles elles y voient que du feu!

Je vais t'attendre un peu dehors Elfry! Vas y toi! Toutes ces secousses sur la route, ça m'a donné le tournis, je vais prendre un peu l'air.

Si, si. Je te rejoins dans un instant. Vas y prend ton temps. Je vais bien.

Un sourire pour la rassurer et le tour est joué. Quelques minutes, histoire d'observer les alentours. Ce que je cherche? Une blonde. Vêtue de rose, le nez en l'air comme si elle avait une bouse de dragon sous le nez*. Et une voix aigüe pour couronner le tout. Elle est ici, quelque part. Je le sens... Ça pue le noble à plein nez ici!

À chaque mouvement brusque ou froufrous qui me frôle, je sursaute, prête à soulever mes jupes et prendre la fuite. Peut-être que j'aurais pas dû quitter Elfry… Z'avez entendu sa voix quand elle a menacé les prétendus brigands!? Avec une puissance comme ça, il y a pas une noble qui oserait m'attaquer… Et puis Elfry, même si elle croit que les dragons existent, c'est quand même une fille un petit peu plus noble que moi! J'aurais pas dû la quitter, j'aurais pas dû la quitter!

Même que…

Elllfryyyyy? J'arrive!!

Coup d'oeil nerveux à droite, coup d'oeil furtif à gauche. J'ose. J'ose quitter l'ombre, la tranquillité, l'invisibilité presque, que me procurait la charrette pour m'exposer au grand jour des rues de Paris.

Du calme Elendra… Marche tranquillement. Un pas… Deux pas… Plus que cinq petits pas et t'es rendue, t'as qu'à pas ouvrir la bouche. En cinq petits pas, il peut rien t'arriver de bien bien méchant.

N'est-ce pas?

*Un peu inspiré de la descriptions de la maman de Drago quand même!

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Elendra

Encore quelques pas! Si peu! Tout va bien se passer, tout va bien aller. Un dernier regard en arrière à la recherche d'une horde de blondinettes nobles en froufrous roses, bleus, jaunes ou mauves en train de foncer sur moi pour m'arracher ma robe, jusqu'au dernier lambeau. Non, rien de tout cela! Tout baigneeeeeee.

Puis le choc! Paaaaf! Je ferme les yeux.

Pas une noble, pas une noble, pas une noble… que je supplie avant d'ouvrir un oeil et d'avoir droit à un « Rah, mais tu peux pas faire gaffe où tu mets les pieds, toi ?! »

Aussitôt, je baisse les yeux vers mes dits-pieds afin de m'assurer que je suis pas en train de lui broyer les orteils ou de marcher sur un truc qui lui appartienne. Et c'est là que…

Votre braaas! que je m'exclame en regardant partout autour de moi. Pas possible! Pas possible! Pas possible! Le choc était pas si fort!

Je suis tellement désolée! que j'ajoute sans arrêter de chercher, me demandant à peine comment cela pouvait être possible.

Je vais vous aider à le retrouver… Je vais... Oh lalaaaa…

J'ai fait tomber son bras! Pouvez-vous croire ça?! Y a qu'à moi que ça arrive ce genre de chose là! Et qu'à Paris surtout! Je vous avais dit hein que Paris c'est la pire ville qui existe, la ville du Sans-Nom! Car avez-vous déjà vu quelqu'un perdre un morceau de bras dans une autre ville que Paris, hein?!

Mais quel désastre, vraiment je suis… hoooo tellement désolée! Et moi de me fondre en excuses, me rendant vite comte que son bras avait dû être propulsé un peu plus loin à cause de la force du choc! Parce que j'ai bien vérifié, il est ni derrière moi, ni sous mes pieds, et encore moins sous mes jupes.

Penses vite Elendra. Penses vite… Elle pourrait bien se mettre à crier et là tout le monde va débarquer, m'accuser de lui avoir tranché le bras! M'emmener en prison! Et Elfry va me chercher!

ELFRY!

Oui!

Je… J'ai mon amie là, en dedans, dans la boutique juste là, que je pointe. Je peux aller la chercher, elle va nous aider à le retrouver, elle est très douée pour retrouver des trucs manquants…

L'est-elle? On l'espère!

Puis, je me tais, j'attend son verdict. Je l'observe. Point positif dans cette histoire, c'est pas une noble!
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Marineblanche

La mioche, elle, elle n'insulta pas le crevard gros plein de soupe, parce qu'elle savait que s'il arrivait à se relever, elle se prendrait la rouste de sa vie ! D'ailleurs, la fillette ne s'était jamais imaginé qu'un bon coup de pied entre les jambes puisse faire crier autant un garçon. Les garçons, c'est trop nul ! Voilà, la conclusion de Marine. Avant la petite rousse disait que les garçons, c'était trop moche car ils n'avaient pas les cheveux longs comme les filles mais ça, c'était avant. Elle venait de faire une trouvaille extraordinaire, gar' aux méchants garçons qui lui voleraient son pain !

Marine s'était donc engagée dans la ruelle en clopinant et elle plissa le nez en voyant Minah la dépasser ! La tête regarda en arrière pour s'assurer que le marchand n'était pas à ses trousses et l'enfant souffla, en voyant qu'elles étaient sauvées ! Un petit ricanement s'échappa des lèvres de Marine quand elle décida de continuer à ce qu'il ressemble à une mioche qui essaye de courir alors qu'elle a mal à la jambe !

C'est là qu'elle vit Minah sur le sol et une autre fille en train de lui parler. La mioche plissa le nez. Sa potesse a été attaqué ! C'est sûr, ça ! Sinon, pourquoi elle serait par terre, hein ?!

Hey !

Ca, c'est la manière très aimable de Marine pour dire bonjour à la nouvelle copine de Minah. D'ailleurs, la fillette sait partager sa copine et elle n'est pas possessive pour un sou !

Touche pô à ma copine !

Qu'est-ce que je vous disais ? La gentillesse, même.
La mine pas très agréable, parce que depuis qu’elle boitait, la mioche, elle rechignait un peu à l’effort pour tout ce qui était de courir et surtout, elle toisa celle qu’elle pensait qu’elle avait attaqué sa copine. Un petit regard vers sa copine à qui elle lui tendit la main et ensuite, à l’autre fille, tout en plissant le nez qu’elle s’empressa de frotter.

T’es qui, toi ?

Faut bien apprendre à s'connaître, non ?
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Minah

La Châtaigne s’ébroua comme un vieux chien et lança son regard le plus hautement courroucé à l’impudente, histoire de bien enfoncer le clou.
Je-suis-pas-contenteuh-et-y’en-a-une-qui-va-en-faire-les-frais. Na.

La fille paraissait avoir plus ou moins son âge. Bien. Ça aurait embêté Minah de tomber sur un adulte. Les adultes, ils estimaient qu’ils avaient raison même quand ils avaient tort, et c’était agaçant dans ce genre de situations. Vous finissiez toujours par vous prendre une beigne.
Seconde observation, et pas des moindres. L’autre était vachement mieux habillée que la gueuse. C’est le genre de détail que la gent féminine distingue au premier coup d’œil. Même quand ladite féminité est représentée par une bestiole échevelée, mal dégrossie et à qui il manquait des morceaux, autant par la cervelle que l’apparence.
Soit. Ce n’était pas les soies, la dentelle blanche et les froufrous en vigueur chez ces dindes de nobliottes, mais c’était d’une classe autre que le gros drap brun quinze fois rapiécé de la robe minahesque.

La crasseuse se renfrogna davantage encore.
Nan mais franchement ! Non seulement on vous bouscule (admirez la mauvaise foi de qui court sans regarder devant soi et accuse celui qui a le malheur d’être sur son chemin), mais en plus on vous ridiculise ! Parfaitement ! On vous rabaisse sans vergogne à votre condition de pauvre bouseuse ! Honteux !
La bête ouvrait déjà grand la gueule, prête à déverser quelques méchancetés venimeuses à l’adresse de la condescendante gourdasse. Laquelle, visiblement, avait d’autres chats à fouetter.

Minah pencha la tête de côté, la curiosité laissant momentanément place à l’indignation.
Qu’est-ce qu’elle cherchait ? La v’là qui devenait hystérique ! Elle causait si vite que ça donnait le tournis. Un objet de valeur ? Un truc à grailler ?
Avec espoir, N’a-qu’une-patte balaya la rue du regard. Bof. Rien qui ne vaille tant d’agitation. Tout ça n’avait aucun sens.

Mais alors, qu’est-ce qu’elle cherchait, bordel ?!

Tandis que les rouages s’agitaient sous la bogue de la Châtaigne quant à ce comportement des plus étranges, Marine se pointait en mode vénère. Même esquintée de partout et à l’issu d’un rude combat, elle se laissait pas abattre la rouquinette.
La manchote hocha la tête. Marine, c’tait pas d’la chochotte. Enfin quelqu’un qui a d’la tripe. Tant mieux. C’est ce dont on a besoin pour une croisade anti-nobles.

Avec une méchante candeur, Minah se tourna vers son éclopée comparse et pointa un index courtaud en direction de la-pas-noble-mais-ça-y-ressemble.

Elle, là. Elle cherche la bagarre.

Ben oui. Que pouvait-elle chercher d'autre, la mini-cinglée ?
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Elendra

Vraiment! Je sais pas de quoi j'avais peur hein! Paris c'est tout à fait charmant et ses gens! Oh! Ses gens! Des perles ma foi! On y fait des rencontres tellement extraordinaires! Si extraordinaires que je n'y retournerai plus jamais de toute ma vie, c'est décidé! Sinon, je serais tentée de rester et ma famille pourrait pas le supporter. C'est ça que je vais inventer quand on va me proposer de retourner à Paris, peut-être que ça aura plus d'impact que « Nooooooon! Les gens sont fous là bas! », tandis qu'on me regarde comme si c'était moi la folle. Parce que soit tout le monde est fou, soit j'ai la poisse! Et on sait tous que la première hypothèse est bien plus probable!

Hey! Moi c't'Elendra! que je répond un peu maladroitement sur le même ton que la rouquine, histoire d'avoir l'air de la place. À Paris, faites comme les Parisiens, c'est bien connu!

Et alors que je lève les bras pour montrer ma bonne foi et aussi lui prouver que je touche pas sa copine, je recule de quelques pas histoire de rejoindre Elfry, que j'aurais clairement dû suivre au lieu de trainer dans les ruelles de la plus dangereuse ville des royaumes!

Elle, là. Elle cherche la bagarre.

Hooolala… Non non non, y a erreur! Je… Non! Pas du touuut! que je lance en continuant de reculer, les yeux braqués sur la boutique où se trouve Elfry - mon seul espoir - tandis que je m'en éloigne de plus en plus. Quel malheur, pour y accéder, il fallait passer le barrage des deux gueuses, qui elles, semblent vouloir se battre, contrairement à moi!

Pense vite, pense vite Elendra! Un caillou! Je vais leur lancer un caillou! Elles vont avoir tellement peur qu'elles vont s'enfuir en courant, pas vrai?! Et puis, oui je vais. Oui!

Tremblotante, je me penche pour ramasser le premier caillou qui me tombe sous la main. Un caillou de la taille d'une mirabelle environ, que je brandis comme s'il s'agissait d'une arme.

Attention hein… Je… J'ai… J'hésiterai pas… à m'en servir si vous approchez… que je lance d'une voix tremblotante que j'espère au moins un tantinet menaçante, tout autant, sinon plus que mon vulgaire caillou.

Il est p'têtre… tranchant!

Dans mes rêves! Parce que vraiment, à ce stade, une branche aurait été une meilleure idée, voire même la fuite! Que je commence sincèrement à envisager! Grimper dans un arbre et y rester jusqu'à ce qu'elle se tanne ou encore… Crier! Crier au meurtre! Y doit bien y avoir des braves gens dans cette ville maudite?!

Au secours… maman? Envoie-moi quelqu'un…?
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Marineblanche

La boiteuse plissa le nez lorsque la fille se présenta. L'était pô noble, elle en était sûre, la mioche, car les nobles, ça a toujours des manières. Tout d'abord, les nobles, ça parle bien ! Ensuite, ils ont un drôle de nom et elle n'avait jamais compris pourquoi mais elle s'était très vite rassurée en se disant qu'il y'avait deux groupes dans la vie. Ceux qui s'appellent comme la pain ou la viande qui ont des noms simples et ceux qui s'appellent avec un "de" au milieu comme épi de maïs ! Elle ne les aimait pas ceux qui s'appelaient comme les épis de maïs, parce qu'elle était certaine qu'ils avaient autant d'oseilles que ce qu'il y'a de graine de maïs. Trop pas juste !
Mais la viande, c'est peut-être qu'un seul nom et ça rend plus fort, comme quand elle travaille aux champs pour aider ses parents, pareil ! L'est plus forte que les nobles, elle en est sûre !

Bref la pas épi de maïs aurait pu ne pas s'attirer les foudres de la rouquine, s'il n'y avait pas eu ça :

Elle, là. Elle cherche la bagarre.

Alors là, c'est sûre que la rouquine n'allait pas être copine avec Elendra. Il faut pas toucher à sa potesse éclopée ! Surtout une, qui n'aime pas les nobles et qui veut autant leur foutre une rouste que la fillette pour vérifier s'ils font glouglou ! Et puis, peut-être que savoir si les nobles font glouglou servirait à quelque chose, tiens !

La mioche toisa la fille en s'approchant d'elle en boitant avec les poings serrés, à mesure qu'elle entendait "non non, y'a erreur". Des manières ! Peut-être pas de noble mais peut-être de riche ! Et c'est pareil, Marine n'aimait vraiment pas les riches. 'fin, la fille qui lui faisait face, elle n'était pas paysanne, c'était sûr ! Trop belle robe.

Et vala, qu'elle les menace d'un caillou !
Marine se stoppa d'un coup.
Un caillou, ça fait mal s'il est gros !
Un caillou, ça fait mal si tu te le prends sur la tête !

'tain, Minah, l'a un caillou !

La mioche aurait pu vraiment avoir peur de son interlocutrice, parce qu'elle semblait être une grande pas trop grande mais plus grande, quand même !

Il est p'têtre… tranchant!

Plissage de nez, suivi d'un frottement avant l'explosion.

C'est même pô vrai ! Sale menteuse ! Ca, c'est dit. Ton caillou l'est pô tranchant et pis, même pô peur ! Une vraie dure, Marine. Presque même pas peur des cailloux mais elle n'oubliait pas que la fille était en train de les menacer. Va l'bouffer ton caillou, il fait pô peur !

La fillette releva ses manches, parce qu'elle avait déjà vu des grands le faire avant une bagarre en taverne et elle avait trouvé ça trop chouette alors elle fait pareil ! Les manches relevés, elle regarda Elendra.

T'as d'trop beaux habits et c'est pô juste !

En conclusion : Tu vas morfler !

En plus, fallait pô taper Minah, d'abord !

Clairement de la mauvaise foi.
Elles n'attendaient que de tomber sur des nobles pour de la castagne et là, pour la castagne, elles allaient peut-être être servi !
D'ailleurs, la rouquine se rua- en boitant, certes - vers la fille pour tenter de la pousser violemment !
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Minah

Marineblanche

Minah

OOOOOUUUUUUUAAAAAAAAARGG… ?

Le cri de guerre, pourtant lancé avec conviction, mourut au coin des lèvres minahesques.

Il paraît que les riches étaient de gros narcissiques qui passaient leur temps à commander leur tronche à des peintres. Soit c’était pas vrai, soit la fille en jolie robe en avait déjà un, mais en tout cas elle avait pas l’air décidé à se faire refaire le portrait. Très pressée d’échapper à la séance de tortu… peinture, la presque-noble.
Minah resta bouche bée un instant, l’œil vide, choquée par tant de lâcheté. Puis la béatitude se mua lentement en ricanement mesquin quand la gravité eut la bonne idée de rappeler sa lourde présence à Elendra.

Ah ! V’là c’qu’on gagne à tortiller du cul dans une parure d’grande dame ! Pfeuh !

Ouh la grosse hypocrite ! Qui c’est qui veut la piquer, la robe en question, hein ?
La gueusette resta hermétique à la question, ne prenant pas même la peine de se la poser. D’abord, on faisait ce qui était marrant. Après on réfléchissait. Ou pas.
Comme un gros vautour pataud, la manchote s’approcha de la proie, que Marine asticotait déjà. Elle se sentait plus, la Châtaigne. C’était tellement chouette de regarder les gens de haut ! D’être suppliée ! En un mot comme en cent, elle suintait de satisfaction.

Une patte aux ongles noirs se tend vers l’étoffe du vêtement tant convoité, tire un coup dessus. CRAAAAC !

Oups, cassé. Tiens, j’en veux pu d’ce morceau-là, j’te l’rends.

Et la bête, sans se départir de sa joyeuse barbarie, balança le lambeau déchiqueté à la figure de sa légitime propriétaire. Pas grave. Il restait encore assez de robe pour les deux comparses.
Puis elle se tourna vers la rouquine avec un grand sourire.

Owiiii ! Le glouglou ! T’la tiens par un pied et moi par l’autre, on va la secouer ben comme y faut pour le glouglou ! D’acc’ ?

Et il y en a qui osent encore croire que les enfants sont innocents.
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Marineblanche

Elfry

Elendra

Marineblanche

Dur le caillou ? Un moment de reflexion de la rouquine alors qu'elle était en train de s'élancer - en boitant - contre Elendra. Vrai qu'un caillou, c'est dur. Un caillou, ça fait mal. Un caillou, ça peut éclater la tête comme une coquille d'escargot. Marine sait ça car elle s'est déjà amusée à éclater une coquille d'escargot et ça l'avait fait marrer de voir la bestiole souffrir. Ca, c'était un peu avant sa passion pour eux et les vers de terre.

Et voilà que la riche décampe.

Putain, la trouillarde ! Attends-nous !

Tu rêves, ma petite.
Ouaip, elle rêvait, la rouquine, parce qu'elle était certaine que les riches - à défaut de nobliot - se pissaient dans les braies sans même prendre la peine de fuir et qu'elle pourrait les castagner pendant que eux, ils chouinaient ! Et là, l'Elendra se mettait à courir. Ce qui n'était pas pour calmer Marine qui détestait ce genre d'exercice car depuis qu'elle était éclopée - on l'aura compris - elle a mal à la jambe !

Alors que la rouquine s'élança en clopinant, elle se mit à ricaner en voyant comment la riche galérait pour courir. Bien fait ! Elle n'avait qu'à pas avoir une robe belle, c'est de sa faute car ce n'était pas juste qu'elle, elle a une robe et que Minah et elle, avaient des nippes de gueuses ! Marine n'avait pas l'impression de faire quelque chose de bien, elle savait qu'elle faisait quelque chose de mal mais tout ça, ce n'était pas juste ! Les riches, elle ne les aimait pas du tout car ils se pavanaient avec de belles robes et des trucs brillants alors qu'elle, elle aimerait juste manger des trucs et surtout, ne plus avoir mal !

PAF, Elendra tomba.
Marine ricana - une nouvelle fois - moqueuse.

T'es nulle 'vec ta robe !

Elle tourna autour de la "un peu plus grande qu'elle", pour la jauger, prête à lui sauter dessus mais pour l'instant, elle ne le fera pas car Marine, elle aime bien se moquer !

Elle la donne ? Qu'elles la prennent ? La rouquine fit un sourire en coin, contente de son coup. En plus, elle les supplie. Si ce n'est pas trop la classe, ça ! Pour sûr qu'elles étaient les Terreurs des nobles, maintenant !

Même ta gamelle, elle était trop nulle ! Tu la mérites pô ta robe 'lors bé 'reusement que tu nous la donnes ! Une moue comme si c'était une évidence. Té, t'as des z'écus aussi 'vant qu'on t'refasse l'portrait ? Un plissement de nez car voir une riche toute seule devant elle, ça lui faisait un drôle d'effet. T'fais glouglou ? Du genre, comme une noble ? Du genre, comme... comme... Comme l'eau qui entre dans la peau et qui y reste, puis que t'deviens trop grosse ? Fais glouglou ! Ouaip, la rouquine veut voir ça !
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Elfry

Elendra

Qu'est-ce qu'on dit déjà?

Il faut souffrir pour être belle! Ah non! C'est pas ça. En tout cas pas aujourd'hui, parce que je sens que je vais souffrir, mais je serai sûrement pas plus jolie, si ça se trouve, je serai plus moche encore!

Pierre qui roule n'amasse pas mousse?

Parce que mon caillou. Après examen. Il est pas tranchant… Pas plus qu'un oeuf de pigeon, pour reprendre les mots d'une de mes deux agresseuses. Et puis tandis que je fais tourner ce vulgaire caillou dans ma main, mes attaquantes, elles sont parées à l'attaque! Et moi?

Et moi, ben je cherche! Je cherche! Encore deux secondes de réflexion et si je trouve rien je prend mes jambes à mon cou!

Il est peut-être pas tranchant, mais en tout cas il est dur! Si ça s'trouve, il va vous…

Transpercer le crâne! Ouais… Elendra, arrête de causer et couuuuuuurs!

Jupes relevées, je me lance donc dans une course folle! Aussi folle que me le permettent ces maudits bouts de tissus finalement si encombrant! Trois enjambées. Un coup d'oeil derrière. Deux enjambées. Une mèche de cheveux dans les yeux. Une main pour les ramener derrière mon oreille. Une enjambée. C'est tout ce que ça prenait pour que je m'étale sur le sol.

Fallait pas lâcher ta jupe Elendra! Fallait pas venir à Paris tout court en fait!

Et dans ma tête. Qu'on se comprenne bien! Je me fais poursuivre par deux monstres! Ils vont me mordre et me donner la rage sûrement! Si ça se trouve pour se venger, la petite va me voler mon bras pour remplacer celui qu'elle a perdu! Et l'autre va faire un collier avec mes dents! Et moi? Je rampe sur le sol, tentant de peine et de misère de me remettre sur pied.

En les voyant s'approcher, l'envie me prend soudainement d'hurler : J'vous la donne! J'vous la donne! mais ce serait avouer que je voulais me battre! Et j'voulais pas me battre! J'veux toujours pas me battre! Je sais pas le faire! J'ai même pas eu le courage de lancer mon caillou!

J'vous la donne! Prenez là!

Comme quoi, les convictions, devant une gamine armée de botte prête à vous ruer de coup et une autre qui cache encore son arme secrète...

Qu'est-ce qu'on dit déjà?

S'il vous plait!
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Marineblanche

Une mioche rousse qui boite et qui court, ça donne quoi ? Une fillette qui clopine et qui sent les ennuis arriver par derrière, comme l’homme, qui a le pied en feu et en colère après avoir appris que sa marchandise n'était que de la m'rde, tout en lui courant après et qui a toutes les chances de la rattraper.

Ouille, ouille !

Sale jambe !
Elle lui faisait trop mal et elle lança un regard derrière elle en ouvrant de grands yeux. Elle allait prendre une rouste ! C'était sûr qu'elle allait morfler là. Ce n'était vraiment pas juste ! Les enfants de nobles, eux, les marchands ne voulaient jamais les taper. C'est en tout cas ce que pensait Marine.

Minah, attend-moi !

Parce que oui, Minah, elle avait trop de chance là ! Elle était peut-être éclopée du bras qui n'était plus mais elle était déjà loin. Pour sûr que si la mioche ne boitait pas, elle aurait déjà semé le marchand ! Fort heureusement que Marine peut compter sur sa copine -toute aussi éclopée qu'elle - du moment.

Elle lança... Quoi au juste ? La mioche plissa le nez. Ce n'était pas ça qui allait assommer le marchand !

Sales mioches ! J'vais vous faire regretter d'être nés !

Non, ça l'avait juste énervé un peu plus. Minah la couvait, elle l'a dit ! Tout allait bien se passer même s'il y'avait un marchand complètement furieux qui voulait leur donner une rouste !

Ta gueule tête d'veau ! L'a raison, ta marchandise, c'est que d'la merde !

Ce qui devait arriver, arriva ! Une main ferme vient attraper l'épaule de la mioche et la retourna d'un coup. L'enfant se mit à gigoter comme si elle avait le Sans-Nom aux trousses ! Lâche-moi ! lança-t'elle, effrayée.

Hey toi là-bas, si je t'attrape, je vais te les faire bouffer tes pierres, sale petite pu... AHHHH !

Vous vous demandez ce qu'il se passe ? C'est simple. Bien que méconnaissante de ce genre de chose, la mioche vient de rendre un fier service à la société. Elle s'est assurée qu'un homme gueulard ne puisse jamais devenir père qui aurait sans doute engendré une descendance qui aurait eu un commerce de m'rde. Un bon coup de pied entre les jambes, comme lui avait appris des grands et il y'avait que ça de bon !

Couuuuuuuurs Minaaaaah, viiiite !

Et revoilà, la rousse en train de s'engager dans les ruelles, en train de clopiner !
Peut-être qu'ils trouveront des enfants nobles sur le chemin, qui sait !
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Elendra

Marineblanche

Minah

La manchote trépignait furieusement, observant Marine peiner au loin.

Vitevitevitevitevitevitevitevite… !

Les mots, muets, se pressaient aux lèvres de la petite gueuse.
Comme si ils allaient permettre à sa rousse compère de faire fi de sa jambe folle ! Ah, l’espoir enfantin…
Bien beau, bien bête. Et surtout particulièrement inefficace. Pour Marine en tout cas. Parce que ce gros balourd de commerçant, il déboulait derrière la coupine à un train d’enfer lunaire !
Et hop ! v’là qu’il la chope par le collet !

Minah grogna, fit un pas avec la ferme intention de se jeter sur le malotru, hésita.
Elle fulminait. Rah ! C’était trop injuste ! Elles allaient se faire casser la goule pour quelque chose qu’elles n’avaient même pas fait !
Pour une fois qu’elles se tenaient à carreau… Franchement, le monde des adultes était aussi biscornu qu’illogique.
Et après ces grands benêts vous sortaient des conneries sur la justice et blablabla…

Heureusement qu’elle avait de la ressource, la Marine. Vlan !
Le bonhomme braillait comme un porc à l’abattoir. On le lui avait souvent dit, à Minah, de taper par-là si elle avait un souci. Mais elle n’imaginait pas que ça avait tant d’effet !
Ça tenait à pas grand-chose un homme. Qu’une môme lui cogne le vermisseau et sincèrement, on se demandait pourquoi il vous faisait si peur un instant plus tôt.

Bien fait pour tes coilles, crevard de gros plein de soupe !

Ricanement.
Puis, sans demander son reste, elle suivit le conseil de la petite boiteuse et fila au coin de la rue. La voilà qui galope à en perdre haleine !
Minah ralentit un peu et se retourna, juste le temps de savoir où Marine en était.
Et…

PAAAAAAF !

C’est ce qui arrive généralement quand on court sans regarder devant soi. On s’écrase contre quelqu’un.
N’a-qu’une-patte marmonna un juron et tenta de masser son pif endolori à l’aide de sa main droite, oubliant sur le coup que celle-ci n’existait plus.
La constatation la rendit de plus mauvaise humeur encore.

Rah, mais tu peux pas faire gaffe où tu mets les pieds, toi ?!

Elle loucha furieusement sur l’encombrant obstacle.
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Elendra

Elfry

Minah

La manchote ne prit pas la peine d’écouter le baratin d’Elendra.
Tss ! Ces nantis élevés dans du drap de laine se pensaient tout permis. Ils vous frappaient, vous méprisaient, se croyaient invulnérables… Et puis quand ils réalisaient que ouais, ils allaient se prendre une bonne taloche sur le museau, ils se débinaient !
Ils disaient « non, non ! C’pas ma faute ! Y’a erreur ! » ou Minah n’savait quelle autre excuse bidon. Ben voyons. Et son cul, c’tait du poulet, tiens.

Enfin ! Au moins la fille n’était pas aussi cruche qu’elle en avait l’air et faisait mine de se défendre.
La gueuse salua l’effort bien que ça ne l’arrangeât guère. Une caillasse bien employée, ça fait mal.
Un pas en arrière, par lâchet… hum… précaution, N’a-qu’une-patte n’abandonnait toutefois pas l’affaire.

Ouais, il est pas tranchant du tout ton caillou ! Fit-elle écho à la rouquine. Il est euh… rond comme un œuf de pigeon ! Na. Pis t’es trop nulle t’os’ras pas l’lancer !

Ce genre de pronostiques valait mieux pas les sortir, sinon à coup sûr ça vous retombait dessus. Mais la crasseuse ne s’en tracassa pas sur le moment, trop occupée à harceler plus démunie que soi.
Seule, l’idée d’enquiquiner son prochain ne lui serait même pas venu à l’esprit. Mais les conneries, c’était tellement mieux à deux !

D’ailleurs, Marine lançait les festivités. Avec un enthousiasme barbare, Minah se précipita à sa suite. Mais pour elle, hors de question d’y aller de ses poings. Déjà, elle n’en avait qu’un, rendu fort maladroit de l’absence de son frère. Quant à celui qui manquait, le moignon tout récent était trop douloureux pour se risquer à en cogner quelqu’un.
C’est donc un panard solidement botté (Minah était outrageusement fière de ses bottes d’un vermeil putassier qui aurait fait rougir d’embarras la plus aguerrie des péripatéticiennes) que la crasseuse s’apprêtait à envoyer dans les rotules de l’impudente bourgeoise.

On va tell’ment ben t’refaire le portrait, que même ton fantôme y va pas d’t’reconnaître ! Pis après on va voler tout c’que t’as ! Même ta robe, d’abord !
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Elendra

Marineblanche

Minah

Elendra

Je ne sais plus où donner de la tête! On m'attaque de part et d'autre! J'ai l'impression de ne pas avoir assez d'yeux pour garder le contrôle de la situation! Qu'est-ce que ça doit être de se faire attaquer par des gens humainement complet, si je ne peux garder un oeil sur trois bras et trois jambes?! Même mes oreilles sont dépassées! En plus de devoir écouter les mots, une foule de sons s'y bousculent.

Des cris terrifiants : OOOOOUUUUUUUAAAAAAAAARGG…

Le craquement de ma robe qui se scinde en deux : Criiiiisssh

Et le perturbant, mais pourtant répété : Glougou…

« Fais glouglou! » C'est ça qu'elle dit la rousse. Et à ce moment, je me sens comme un chat à qui on répète sans cesse : « miaou? » dans l'espoir d'entendre sa jolie voix féline. Sauf que moi! Je suis pas un animal! Et encore moins un dindon!

Mais devant le ton de la fille. Et surtout après avoir entendu l'autre dire qu'elles allaient me prendre par les pieds pour me secouer, aussi absurde que cela puisse paraître j'ouvre la bouche et je glougloute?

Glou…glouuu… Me secouez pas siouplait! Glouglou! Voyez! Je, glouglou! Glouglouuu….?

À ce stade, j'ai mal au popotin, ma robe est gâchée (merci gamine numéro 2) et je glougloute pour ma vie! Sans négliger de ramener mes genoux contre ma poitrine pour ensuite passer mes bras autour. Elles vont certainement pas m'arracher une jambe - voire deux - en plus! Et ça, c'est sans compter que la gamine numéro 1 me demande si j'ai des écus avant de me faire refaire le portait, parce que oui! Je vais payer pour me faire attaquer! Les joies de Paris!

J'ai pas d'écus sur moi je le jure!

Mais secouez moi pas, parce que ça pourrait faire gui-ling gui-ling!

J'ai tout donné à mon amie Elfry qui est dans la boutique là-bas… que j'ajoute en pointant « là-bas » du doigt.

Loin de moi! Avec des gardes! Z'allez manger la poussière vous aussi! Ou pas?
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Marineblanche

Té ! D'la gnognotte cet' robe !

Bout de robe déchirée et moue de Marine. Elle, qui pensait que les robes des riches, ça restait tout le temps jolie, elle s'était trompée sur toute la ligne. Est-ce pour autant qu'elle va cesser de convoiter cette robe ? Pas du tout ou du moins, pas encore ! Parce que c'est bien connu, c'est tellement plus amusant d'embêter sa camarade qui n'en était pas une et le pire dans tout ça, c'est que la rouquine était pris d'une sorte d'ivresse qu'elle n'avait jamais connu. Là, elle se sentait presque comme une noble ! Parce qu'elle s'imagine que les nobles passent leurs temps à martyriser les gueux car les gueux, ça n'a pas toutes leurs dents, qu'ils ne se lavent pas tous les jours et qu'ils sont pauvres qui sont tout le temps le nez dans la fange. Et là, c'est qui qui a les fesses contre le pavé ? Une riche ! Donc autant en profiter. En plus, elle est toute seule et elle arrête pas de supplier !

Ouaip, la mioche se sentait puissante en compagnie de sa copine tout en ne sachant pas que si elle avait été seule, elle n'aurait jamais osé faire ça ! C'est pas de la lâcheté. Enfin, presque ! C'est juste que les bêtises, c'est tellement plus amusant à deux, quoi ! Les potesses, ça s'donne du courage !

Et puis, ça se donne des idées.
Comme Minah vient juste de le faire ! Tenir Elendra par un pied pendant que l'autre la tient par l'autre tout en la secouant. Ça, c'est une amie, Minah ! Elle comprend tout sur tout !

Trop d'acc' !

Avec un sourire de peste et le visage transpirant le mépris, Marine commença à s'avancer quand soudain Elendra se mit à glouglouter. Est-ce que la rouquine se mit à rire ? Pas du tout ! Elle fit, pour ne pas changer, une moue en regardant Minah. Non mais elle se moquait d'elle ? C'est que les nobles ne voulaient vraiment pas avouer qu'à cause de leurs bains, ils étaient gonflés d'eau ! Non mais imaginez si les nobles et les riches avouaient que l'eau entre par la peau, se met dans le ventre et que le ventre gonfle tellement qu'ils font glouglous, jamais les parents ne pourraient faire prendre des bains à leurs enfants car c'est bien connu, les parents ça comprend rien de rien et ça veut juste embêter les pauvres enfants !

Pas d'écus ? Tout donné à son amie qui est dans une boutique ?
Grattage de caboche.
Mouais. Potib’.
Trop nul, elles tombent sur une riche et elle a tout donné à son amie. C'est vraiment pas trop de chance !
Mais avant...

T'as t'être pô d'écus mais t'vas quand même faire des glouglous !

Ouais, d'abord !

Et du VRAI glouglou !

Mais y'avait un petit problème. C'est que la riche avait ramené ses genoux contre sa poitrine pour ensuite passer ses bras autour. Té, ça arrange pas la boiteuse, ça ! Tout en tournant autour de sa proie, la mioche essaya de la bousculer pour qu'elle arrête d'être comme ça car elle l'énervait trop !

'llez bouge ! T'sais que t'as d'trop trop beaux cheveux ?! J'veux les mêmes ! T'me les donnes, dis ? Et hop, elle tire un peu sur les cheveux en ricanant. Pardon ! J'ai pô fait exprès ! Pourquoi t'les z'a collés, d'abord ?! C'est ta faute, rien que TA faute ! Un regard vers Minah. T'crois que bé si on la pousse comme ça bé l'glouglou, l'eau bé elle bouge quand même ?
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Minah

Arrête de t’fout’ de nous ! T’vas pas nous avoir ‘vec des faux glouglous d’la bouche !

Nan mais oh. Elles étaient pauvres, pas débiles. Elles savaient bien que les nobles, c’était des glouglous du ventre à force d’absorber l’eau en prenant des bains.
Pas de la glougloute de dindon ! Quoique toutes les nobliotes étaient de grosses dindes, c’était bien connu, mais là n’était pas la question.
Cette fille ne faisait là que tourner autour du pot pour cacher son secret… C’est qu’ils devaient en avoir honte, les nobles, de faire un bruit ridicule à chaque mouvement. Pas étonnant qu’ils ne se mêlent pas aux bonnes gens.

Secouer par les pieds ? Idée approuvée.
Encore fallait-il les trouver parce que la bourgeoise les avait cachés. Franchement, elle aurait pu se montrer un peu plus coopérative !
Long silence pensif, tandis que la bestiole faisait le tour du sujet, se demandant par quel bout le prendre.
Marine, elle, passait déjà à la pratique. Une technique des plus chevelues et visiblement terriblement jubilatoire.

Ouais c’peut marcher ! Mais faut qu’elle a les ch’veux solides s’non ça va casser on pourra pu la secouer ! Et comme ça…? Pu on la s'coue pu ç'va marcher t'façon.

Et la voilà qui, de la patte, pousse la riche de l’épaule comme s’il s’agissait d’un gros culbuto vivant.
Rire. Un de ceux, terriblement joyeux, qui tendent légèrement vers la démence.

Chais pas si on devrait aller piquer l’fric à sa copine. P’têt que l’sale type de t’a’leur y nous cherche encore pis on va s’faire bastonner grave.

Minah était contre la violence. En tout cas, elle craignait celle des autres.
La sienne ne lui posait aucun problème.
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Elendra

Je vais vous l'avouer… Si ce n'est déjà fait… Mais là, là, en ce moment, je suis terrorisée! J'ai peur de finir la journée nue comme un ver ou pire! Estro…piée… J'appelle au secours dans ma tête, le Très-Haut, ma mère au paradis solaire et je suis même sur le point d'appeler pour le Sans-Nom, s'il peut me sortir de ce cauchemar, j'hésiterai pas à l'appeler et à lui demander de transformer ces deux gueuses en rondelles! Vous avez bien compris! En rondelles!

Mais soudain, l'image de tranches de gamine se dessine à mon esprit et me fait grimacer, au même moment où autour de moi ça cri, d'une voix terrifiante : « du VRAI glouglou! »

Dans ma tête la réponse est ultra rapide : C'est bon! C'est bon! Pas des tranches en Haut, j'ai changé d'avis! Qu'esse que je ferais avec des tranches de gueuse de toute façon… Hein? Certainement pas des tartines!

Et comme pour me récompenser d'être revenue sur le droit chemin de la non-violence, j'ai droit à un compliment! (Comme si on donnait un bon gros nonos à un chien qui vient de vous chasser la marmotte qui avait eut la gentillesse d'aérer votre terre et de récolter vos carottes pour vous!)

Mais si on en revenait au compliment? J'ai de beaux cheveux! C'l'a gamine numéro 1 qui l'a dit. Et moi, trop concentrée à discuter avec moi-même dans ma tête pour me sortir de ce pétrin pour me souvenir dans quelle situation je me trouve (paradoxale non?) je lance avec un radieux sourire - et enthousiasme qui plus est :

Oooh mais t'es trop gentille!

Il n'en fallu pas plus de trois secondes - et une douleur intense au cuir chevelu - pour me ramener à la réalité!

Rhaaa mais t'es folle! C'est pas en tirant dessus que… Ouch… que je marmonne en me frottant le crâne quelques secondes pour faire passer l'horrible douleur. Non mais je vais lui tirer les cheveux moi aussi quand j'aurai plus peur de me faire arracher une jambe! Car oui, je pourrais bien poser mes deux mains sur la tête pour me protéger d'une prochaine attaque capillaire (j'ai de beaux cheveux que voulez-vous!), mais je tiens un peu plus à mes jambes qu'à mes cheveux - qui eux vont reposer… C'est donc pourquoi, après quelques frottement anti-douleur, je ramène mes bras autour de mes genoux, bien décidée à ne laisser personne me secouer comme… comme un hochet!

Et puisque je vous ai déjà fait quelques aveux, autant en faire un deuxième. Je crois… que je suis folle. Ou alors que j'ai manqué un cours quelque part, parce que ces glouglous… J'en ai jamais entendu parler! Et la gamine numéro 2 me dit d'arrêter de me foutre d'elles, mais là j'ai vraiment très l'impression qu'on se fou de moi! Et j'aime pas ça! En plus que j'ai peur! Elles arrêtent pas de me tourner autour, comme un oiseau de proie, comme si elle voulaient me manger… ou pire… me transformer en rondelles… pour faire des tartines! Et ensuite me manger!

Je tourne donc la tête de tous bords tous côtés, tandis que ça rode autour de moi, discutant, comme si j'étais pas là, de la meilleure façon d'extirper de moi ce fameux glouglou! C'est alors que je regardais la gamine numéro 1 que numéro 2 me pousse sur l'épaule! Et moi, en équilibre précaire sur mes petits os de fesses, eh ben je roule! Et j'étire les pieds en l'air - question d'équilibrage - posant ma main droite derrière moi pour me rattraper et éviter de me fracasser la tête contre le sol.

De ma main gauche? Je me venge! (Bien contre mon gré) Et je tire sur la tenue de numéro 2, parce que c'est la seule chose que j'ai sous la main pour me rattraper et quand on y pense, c'est vraiment injuste que je sois la seule par terre!
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[RP] T'es noble ? T'as pas d'chance.