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[Rp fermé ] Et tu ne me diras jamais non...

--Titca


Quelque part dans un lieu bien défini, mais pourtant inconnu du grand public, une femme de petite taille à l'allure condescendante et froide s'enfonçait dans la pénombre de la forêt repoussant branches et épines de sapins d'une main couverte de gants en dentelles. Depuis qu'elle avait, pour la seconde fois, quitté le couvent où elle se cachait l'ombre n'avait pas franchement parlé.

Tout avait commencé il y a quelques jours avec l'arrivée d'un étrange courrier écrit d'une main homme, un enfant de Dieu, décidé dans ses choix, et prêt à beaucoup pour parvenir à ses fins, tellement qu'il fut obligé d'écrire à la seule religieuse qui n'avait rien de conventionnel et qu'on ne pouvait qualifier de convenable. De prime abord, elle avait pris ceci pour une énième plaisanterie et n'avait accordé que peu d'intérêt à ce pli, qui termina sa course sur la table au côté d'une cruche d'eau fraiche et d'un linge propre. Mais aimant les défis et particulièrement ceux qui lui offraient la chance de défier ses frères, elle ne tarda point à réagir et partir dans quelques recherches, mais également à y répondre avec avidité. L'histoire, sans doute banale, continua ainsi avec quelques échanges protocolaires et informations parsemées d'allusion sur la dangerosité, mais également sur la complexité d'une telle action. La femme n'était pas vraiment du genre à avoir peur, ni même craindre les défis, mais celui-ci était un pas de plus dans son avenir et risquait de mettre en colère plus d'un romain. Tant pis ! Après avoir trainée avec des brigands reconnus, fait cocu quelques Pairs de France et être tombée amoureuse d'un réformé, elle pouvait bien devenir en prime une traitresse à Dieu, Rome et les siens. De toute façon depuis la mort de son époux, plus rien n'était important et certainement pas l'image qu'elle donnait. Avouons-le nous, son époux était bien le seul, qui même dans l'ombre de sa femme, la retenait dans ses caprices, il était aussi son seul point faible, accordant peu d'importance au reste du paysage. A présent qu'il avait rejoint le Créateur, la Vipère pouvait bien risquer l'enfer lunaire sans s'inquiéter des conséquences et tant pis si elle trainait dans son sillage quelques civils.

Ou en étions-nous ? Ah voui, voilà ! Le grand jour arriva donc et Edmond était au rendez-vous ainsi que Hector. Les deux hommes étaient ses domestiques depuis très -trop- longtemps et tout deux n'avaient jamais posé de questions, acceptant parfaitement le côté loufoque de la religieuse. Lorsqu'elle enlaça leurs épaules, ils furent triste, car tout ceux qui connaissaient un peu la Vipère pouvait lire la mort si proche dans son regard. Une affreuse maladie qui laissait des traces sur sa peau, comme si le feu de l'enfer la caressait déjà, lui promettant d'atroces souffrances. Mais elle n'en avait cure du feu de l'enfer et des Saints du paradis. Seul Dieu pourra la juger sur ces actes et quelque choses lui murmurait à l'oreille que Dieu était moins sot que ses enfants.


Monseigneur. Les deux voix à l'unisson lui rendirent le sourire, un beau sourire franc et plein de vie. Car elle avait toujours été ainsi sans doute, alors, doucement elle posa son pied dans l'étrier de l'étalon et se retrouva à cheval. Son regard alla vers Hector : grand, bien bâtit, il était également terriblement vieux et c'était rare que la Vipère lui demande encore son aide préférant prendre Edmond dans ses coups un peu louche.

Excuse-moi mon ami, mais nous avons besoin de tout les âmes de confiance pour ce soir... Edmond t'as informé de tout s'imagine ?
De tout Monseigneur, vous êtes certaine ? Dans votre état vous devriez..
Attendre la mort ? Nenni ! Je n'aime point attendre !
Ya, ya, digarez. *
Tête de Mu....mu...muse ?


Voilà c'était tout, plus aucun mot ensuite ne sorti de la bouche de la vipère. Oh parfois elle sifflait entre ses dents lorsque les hommes osèrent dialoguer sur son état de maladie ou sur l'étrangeté de l'endroit, elle réclamait sa fiole d'alcool dans un claquement de langue ou lançait un petit raclement de gorge pour signifier son impatience, mais aucun mot. Parler n'était plus vraiment une nécessité pour elle et cela lui était complexe de parler en retenant ses cris de douleurs. Vipère, femme, mais point faible ! Jamais !

Le petit groupe en était là, au début de notre récit, la Vipère poussait une branche de sapin alors qu'une fine pluie d'été caressait leurs visages, agréable et rafraîchissante, tellement que la femme tira la langue pour récolter celle-ci posée sur ses lèvres. Sourire d'enfant alors qu'elle était âgée et loin d'être une enfant en manque d'affection. Rire aussi léger, contente de relever un défi, le dernier sans doute. Mais un merveilleux défi.

Une dernière branche la séparait de son but et alors qu'elle découvrit l'endroit, Typhanie inspira un grand coup... Edmond et Hector arrivèrent à ses côtés et le petit groupe attendit, à l'affut du moindre mouvement.





* Breton : Oui,oui, pardon.
Hector en marron.
Edmond en bleu foncé




__________
Enzo
    « [...] There's a fine line between love and hate
    And I don't mind
    Just let me say that I like that
    I like that [...] »

    Diary of Jane - Breaking Benjamin


    - Quelques heures avant

- « Bon…»
- « Nous sommes prêts, Monseigneur. »
- « Nortimer ira chercher Isleen. Je la veux comme témoin. »
- « Ça sera fait. »
- « Dites-moi, comment ai-je pu avoir une idée aussi saugrenue ? »
- « Vous êtes amoureux Monseigneur. »
- « Vous dites n’importe quoi. »
- « Si vous le dites. »
- « J’aurais dû écouter vos conseils. »
- « Je ne saurais le dire. »
- « Ça doit être énervant en fait un anneau au doigt… »


Un soupir, quelque peu agacé par son propre comportement. Ces deux mots murmurés dans l’étreinte du retour, impulsivement, n’auraient jamais dû passer la barrière des lèvres. Et cette lettre envoyée auparavant, alors qu’il séjournait encore au Monastère. Quelle idée, franchement, de croire en cette union, et de surcroit, d’oser l’amener à son terme, à sa bénédiction. Ce coup sur la tête, et ce retour dans le monde des vivants devaient l’avoir perturbés pour agir de telle manière. C’était la seule explication plausible pour le jeune homme. Mais autant il semblait anxieux de cette optique, le fait était qu’il la trouvait tout aussi banale, et évidente. Évidente, puisque de toute manière, il n’avait cure de ce qui se passerait après, des emmerdes dans lesquelles il avait de forte chance de se mettre en amenant Gabrielle devant l’Autel. Il soupira tout de même de nouveau, une main tentant de dresser ses cheveux toujours indomptables.

- « Allons-y. »

Un seul ordre, tandis que les sinoples vont se déposer un instant sur Audoin, avant de passer la porte, tombant nez à nez avec un début de pluie, temps encore incertain à savoir s’il allait continuer à pleuvoir, où si les nuages seraient cléments. Troisième soupir tandis que le Blackney se dirige d’un pas rapide vers la rue de Traverse, en début de soirée. Claquement de porte, bottes qui couinent un peu sous le bois, regard vert qui la cherche ELLE. Un léger sourire narquois, regard qui lorgne la silhouette, sourire qui s’étire légèrement…

- « Mons…»
- « Gabrielle ! Je te cherchais. Si je puis dire ainsi, vu que tu es toujours, ou pratiquement, aux mêmes endroits. Enfin, peu importe. C’est le jour de ta vie. Je t’attends.
S’approchant d’elle, il lui prend la main. Trop rapidement pour que ça soit tendre, mais pas assez durement pour que ça soit imposé.
- « Tout est prêt. Même ta robe…»

    - Les heures passent…


Un grognement s’extirpe des lèvres du jeune homme qui marche sur une branche et sursaute presque au bruit sonore de la cassure de cette dernière. Le chemin est boueux, et ils ont dû abandonner les chevaux à l’entrée du bois. La nuit est tombée et le temps ne semble pas clément, quoique la pluie soit fine et chaude. Secouant un peu sa tête, le jeune homme se tourna légèrement vers Gabrielle et Audoin, Nortimer devant les rejoindre avec Isleen. Normalement. Si ce dernier avait fait son travail. Il espérait d’ailleurs que la rousse allait prendre le jeune garde au sérieux, et qu’elle arriverait à temps. Faut dire qu’apprendre en fin de soirée que vous devez être témoin à un mariage dans une chapelle dans les bois… ça doit faire un peu loufoque. Mais c’était aujourd’hui, et pas un autre soir. Il savait depuis quelques jours, déjà, le lieu et la date, mais n’en avait rien dit à personne, attendant le dernier moment, ce moment où LUI serait prêt. Seule Cooky avait été informée avant tout le monde, pour s’assurer qu’elle serait là temps. Car on lui avait bien spécifié qu’il fallait deux témoins. Cooky et Isleen. Toutes deux parfaites et de confiance, autant pour Enzo que pour Gabrielle. Du moins, c’est ce qu’il avait pensé quand IL décida de ces deux là. Il aurait pu prendre Audoin, mais le jeune Blackney avait préféré le mettre à la garde avec Nortimer, au cas où. Il fallait rester prudent, tout de même. Et la pluie qui continuait de tomber, et le sentier qui devenait de plus en plus boueux.

- « Rha mes bottes ! Elles étaient impeccables ! Rha, franchement ! Ça ne va pas du tout, là ! Pas du tout ! »
- « Normalement on devrait…»
- « Fermez-là Audoin ! Ventre-Dieu ! »


Et Enzo de secouer rageusement son pied gauche comme pour retirer la boue sur ses bottes. Un air exaspéré s’affiche sur le visage du jeune homme, tandis qu’il pousse quelques branches de son bras droit, limitant encore les mouvements avec son gauche, à peine remis de sa blessure, et évitant surtout d'être brusque. Il se fout bien de l’état mental de Gabrielle, même qu’il la regarde à peine. Non, ses bottes ! Elles sont boueuses et il est trempé, les cheveux lui tombant devant les yeux. Un second grognement vient sortir des lèvres du jeune homme tandis que devant les sinoples, à travers les mèches, se dessine une chapelle. Délavée, sombre, abandonnée. Des plantes montantes sont venues s’installer contre les murs, et les couleurs qui devaient afficher un ancien prestige à la chapelle laissaient place à une couleur terne, allant de pair avec le mauvais temps. Le clocher semblait en bien mauvais état, et que dire du toit et d’une partie du mur gauche. Un choc soudain fit chanceler Enzo, qui recule de quelques pas, le temps de comprendre. D’assimiler. Une panique venant légèrement s’installer. D’une nature tout autre à celle qu’il avait en début de soirée face à l’idée idiote qu’il avait de demander en mariage Gabrielle. Si l’on pouvait appeler ça une demande. Le fils du Chat n’était même pas certain que le toit soit totalement étanche, et peut-être que quelques gouttes de pluies risquaient de leurs tomber sur la tête en prononçant les vœux. Plusieurs vitraux avaient été cassé, potentiellement le temps, mais sans doute aussi quelques pilleurs peu aristotéliciens. Un battement dans sa poitrine, une main qui se glisse sur le front mouillé, un regard vers Gabrielle, puis Audoin. Qu’était-il en train de faire au juste là ? Lui qui était destiné a une belle carrière militaire, qui devait se marier aux Mont Saint-Michel, dans son abbaye, que faisait-il devant une chapelle abandonnée, avec Gabrielle, des alliances dans le fond de ses poches, une robe à protéger le plus possible de la pluie dans les bras de Audoin, à la nuit tombante…

Le doute survient, la panique s’installe. Plus loin, Monseigneur Typhanie et les gardes qu’elle avait prévu, lui semblait-il dans sa lettre. Du moins, c’est ce qu’il pensait, il n’était plus certain de rien. Le jeune homme repoussa une branche et sortant un peu du sentier boueux s’avança vers elle, incertain, les yeux froncés, les cheveux mouillés et un soupir au bord des lèvres. Qu’avait-il fait pour mériter ça ?


trad.
Il y a une bonne limite entre l'amour et la haine
Et je m'en fiche
Laisse-moi juste te dire que j'aime ça
J'aime ça

_________________

IRL à Québec, le 13 octobre ! Viendez !
Gabrielle_blackney
[When the night has come, and the land is dark
And the moon is the only light we will see
No, I won't be afraid, oh, I won't be afraid
Just as long as you stand, stand by me *]


La porte qui s’ouvre et laisse passer une silhouette bien connue, Gabrielle ne dit rien en le voyant. Elle ne dit rien non plus quand il parle, il n’attend pas de réponse. Elle doit le suivre et c’est tout. Le jour de sa vie. Tu parles ! Mais elle ne lui dit rien. Elle le laisse prendre sa main, elle hoche la tête, tout est prêt, allons-y alors. Et elle le suit.

Elle n’a rien dit non plus pendant la chevauchée. Elle s’est tenue là, à ses côtés, réglant l’allure de son cheval sur le sien. Alternance de pluie et de nuages gris, le temps est à l’orage, comme l’humeur de Gabrielle. Et comme celle d’Enzo semble-t-il.

– Dans les bois –

Elle le regarde Enzo justement, il marche un peu en avant dans ses fichus bois sous cette fichue pluie pour aller elle ne sait où. Il commence à faire sombre mais on voit encore où on met les pieds. Elle suit le mantel bleu nuit d’Enzo qui peste et rage. La pluie met à mal ses élégants vêtements, lui si maniaque voit ses bottes de cuir noir s’enfoncer dans la terre devenue boue à force de se gorger d’eau.
Gabrielle suit donc, toujours sans un mot. Quiconque la connaît un peu devrait trouver ce mutisme inquiétant. Gabrielle est d’un naturel volubile, il n’est pas dans son habitude de rester silencieuse aussi longtemps. Si elle ne dit rien, c’est qu’elle réfléchit à cette histoire de mariage. Elle n’a pas dit oui après tout. Il ne lui a d’ailleurs rien demandé. Il a lâché ça comme une chose qui devait être faite, comme un ordre auquel on ne se soustrait pas, comme un désir impérieux qu’on ne refuse pas. Alors elle n’a pas dit oui. Parce qu’il ne lui a pas demandé donc et parce qu’elle ne sait pas bien en fait. Elle le regarde s’énerver sur Audoin, sur la pluie, sur la boue, sur… la situation. Mais c’est lui qui l’a voulu, pas elle, c’est lui qui s’est pointé comme si c’était parfaitement normal après des semaines d’absence, c’est lui qui a manqué la faire mourir de peur en la coinçant dans cette ruelle, et c’est lui qui s’est penché sur elle pour lui murmurer ces deux mots.

Elle sourit un peu en y repensant. C’était assez surprenant, touchant un peu aussi, et troublant assurément. C’était du Enzo typique. Un peu comme cette idée d’aller s’enfoncer dans les bois sous la pluie à la nuit tombante pour un mariage interdit et secret. Et puis qu’est-ce qu’il y avait au fond de cette forêt ? Il y avait… Ca. Une chapelle. Délavée, sombre, abandonnée**. Gabrielle sourit plus franchement en regardant la bâtisse délabrée, la nature a repris ses droits, les plantes grimpent le long des murs, des vitraux sont brisés, le clocher est un peu effondré.
Ainsi donc, c’est ici qu’Enzo Blackney, un des potentiels plus gros héritiers du Royaume a choisit de se marier . Avec sa cousine de surcroit. Il aurait pu avoir n’importe laquelle des pucelles de haute noblesse. Il aurait pu avoir une cathédrale et une abbaye. Mais non. Il la voulait elle et ici. Gabrielle regarde Enzo et se demande bien pourquoi. Oui, parce que ça non plus, elle ne le sait pas. Elle a vaguement eu droit à un demi-aveu de sentiment amoureux mais rien de bien clair. Est-ce qu’on peut raisonnablement se marier avec un homme incapable de vous dire qu’il vous aime ? Avec un homme qui avoue une maitresse ? Avec un homme qui vous a planté sans explication pendant plusieurs semaines ? Avec un homme qui semble s’assombrir de plus en plus au fur et à mesure que le moment approche ? Oui, est-ce que Gabrielle peut raisonnablement se marier avec Enzo. C’est toute la question qu’elle se pose à cet instant précis. Est-ce qu’elle en seulement envie d’ailleurs ?

Elle le regarde toujours, il a l’air d’être autant en proie au doute qu’elle. Ce mariage est une idée idiote. Il faut en finir. Gabrielle aperçoit alors d’autres gens, une femme et deux hommes. La lumière décline mais il lui semble bien qu’elle la connaît cette femme. Oui, elle la connaît. C’est celle qui l’a baptisée au prieuré, celle qui a baptisé Emeline aussi dans cette petite chapelle. Ainsi donc, il a trouvé quelqu’un capable d’accepter une union illégitime par le sang. Et pas n’importe qui. Monseigneur Typhanie Anastasia Casaviecchi en personne. Enzo quoi. Elle repose ses yeux sur lui. Il a l’air de plus en plus incertain. Gabrielle soupire, elle arrache la robe des mains d’Audoin et lui jette un regard qui ne laisse aucun doute sur sa réaction s’il tente de s’y opposer. Oui, il est bien plus fort et entrainé qu’elle, le garde, mais elle, elle n’est pas d’humeur, donc dangereuse, un mysogine comme Audoin doit savoir ça. Elle prend Enzo par le bras, le tire à sa suite et l’entraine vers la droite de la chapelle, à l’abri des regards. Après tout, elle a une robe à mettre, mariage ou pas, ça lui occupera les mains, elle risquerait d’être violente avec le Normand sinon. Elle a envie de le secouer, qu'il crache un peu ce qu'il a dans la tête. Elle s’arrête et le regarde droit dans les yeux. C’est pénible qu’il soit si grand, elle est toujours obligée de lever le regard, et ça enlève la moitié du plaisir. Elle aimerait bien le toiser de haut comme il le fait lui. Tout de suite, forcément, ça vous pose en situation de force. Mais elle fera sans.


Tiens-moi ça !

Et de lui balancer la robe dans les bras. Gabrielle entreprend de défaire les lacets de son bustier tout en ne quittant pas Enzo du regard. Fichu bustier ! Mais forcément, à ne pas la prévenir, elle est partie comme elle était, soit vêtue de manière fort peu pratique pour qui envisage de se déshabiller sous la pluie et dans la pénombre. Ah enfin ! Gabrielle coince le bustier entre ses jambes et fais voler sa chemise par dessus sa tête. Chemise qu’elle cale aussi entre ses genoux, c’est bien trop boueux par terre pour songer y poser quoi que ce soit. Elle prend la robe des mains d’Enzo et tente de l’enfiler sans la faire trop trainer au sol.

Enzo. Renonce…

Elle se tortille pour faire descendre cette maudite robe.

Tu as l’air si… incertain… Je ne t’en voudrais pas tu sais.

Elle lui sourit et enlève une mèche de cheveux qui tombe sur les yeux verts, laissant sa main s’attarder un peu sur sa joue. Elle sait qu’il ne renoncera pas, même conscient de faire une erreur et c’est bien ça qui l’angoisse Gabrielle. Qu’il fasse la gueule, qu’il soit d’une humeur massacrante, même ce jour là, elle peut s’en accommoder. Mais qu’il s’obstine par orgueil, ça serait vraiment terrible.

On n’était pas si mal jusque là… Tu me tiens ça une minute s’il te plait ?

Et de lui donner sa chemise et son bustier. Elle défait les lacets de ses braies sous la robe, puis s’appuie sur le mur en pierre, mouillé aussi forcément, pour enlever une botte, faire glisser les braies, remettre la botte et la même chose avec la deuxième jambe.
Elle regarde Enzo et soupire légèrement. Oui, ils n’étaient pas si mal, mais ça n’était pas fait pour durer, il fallait bien que les choses bougent, même si ça n’était pas du tout ce qu’elle avait imaginé
.

Tu peux encore changer d’avis. Ne fais pas une chose que tu regretteras toute ta vie ensuite.

Ou moi d’ailleurs. Mais elle ne lui dira pas. C’est finalement assez confortable parfois de se laisser guider, de laisser l’autre décider pour vous. Même si c’est dangereux, un jour ou l’autre, les reproches peuvent tomber et s’il y a bien une chose que Gabrielle n’aimerait pas, c’est décevoir Enzo, elle n’a pas envie de revoir la petite lueur méprisante au fond de ses yeux, celle qu’il avait au début. Elle peut supporter ses névroses, son arrogance, son exaspération, sa jalousie, son mutisme… Tout, elle peut tout endurer. Mais pas son mépris. Alors s’il dit oui, au moins que ça soit parce qu’il est convaincu que c’est ce qu’il veut vraiment, pas à cause de cet orgueil imbécile qui leur a déjà tant coûté.

Et Gabrielle reste debout sous la pluie, attendant une réponse qui probablement ne viendra pas.

Post écrit avec l’accord de JD Enzo dont le pantin fait un charmant portant pour les vêtements.

*Quand la nuit est là et que la campagne est sombre
Et que la lune est la seule lumière que nous voyons
Non, je n’aurai pas peur, oh, je n’aurai pas peur
Tant que tu restes, que tu restes contre moi
(Ben E. King)
**JD Enzo dans le post juste au-dessus

_________________
Enzo
- « Hé ! Mais ça va pas non ! »

Les yeux du Blackney se fronce, tandis qu’il est tiré à l’abri des regards par Gabrielle qui semble énervée. Tout du moins, c’est ce qu’il pense. Pourquoi l’est-elle ? Il n’en a aucune idée. Peut-être aurait-il compris s’il était un peu plus a l’écoute, mais ce n’est pas le cas. Un air sévère s’affiche sur les traits aristocratiques du jeune homme qui fixe alors Gabrielle, agitant son bras pour qu’elle le lâche. Il croise donc son regard, cherchant une explication, soudainement énervé, alors que quelques minutes avant l’angoisse pénétrait son sang et créait des palpitations dans sa poitrine. La robe lui est soudainement mise dans les mains, tandis qu’Enzo écarquille les yeux un bref instant, observant Gabrielle qui s’agite et… bien se déshabille en fait. Un soupir agacé s’échappe d’entre ses lèvres, alors qu’il est prié d’attendre que Madame ait fini de se changer, car elle lui a ordonné de tenir la robe. Si cette robe ne valait pas une petite fortune, il l’aurait bien laissé se débrouiller toute seule, la Gabrielle. Gadoue ou pas.Comme s’il n’avait que ça à faire d’abord. Puis, elle le fixait, limite il aurait bien pu reconnaître la lueur sombre qu’il y voit quand elle le foudroie du regard. Un second soupir, alors qu’il grimace, roulant les yeux, et agitant la jambe droite. Impatient. Il ne la regarde même pas quand elle retire sa chemise, à peine réagit-il quand elle lui enlève, enfin, la robe des mains. Seuls les mots qu’elle prononça à la suite, dans sa tentative de mettre la robe de façon convenable le rendirent perplexe, avant de lui faire froncer de nouveaux des sourcils. Un ton agacé dans la voix, il observait Gabrielle.

- « À quoi tu penses ! Que je renonce ? Tu veux dire que j’aurais fait tout ça pour rien ? Tu sais combien elle vaut cette robe ! Tu sais tout ce que ça m’a pris d’ organiser tout ça. Pour toi ! »

Agite les bras pour montrer le tout, même si ce tout est ridiculement affreux. Bien loin des images de mariages qu’avait le jeune Blackney en tête. La clandestinité n’offre pas le luxe. Il venait de l’apprendre à ses dépends. Renoncer. Non, mais elle pense à quoi là Gabrielle ? Et son orgueil là-dedans ? Il a beau douter, il ne reculera pas, même si l’idée lui semble bien idiote. Il n’a pas peur du regret, mais plutôt de l’impact sur sa vie. Sur la leur à tous les deux, peut-être, s’il fait un effort et n’est pas entièrement égocentrique. Puis, ce n’est pas ce qu’il espérait. Et la boue a gâché ses bottes. Il regarde Gabrielle qui se tortille.

- « Tu ne m’en voudras pas… Ehm. Eh bien, après tout c’est vrai que tu m’as vu disparaître des semaines sans te donner aucune nouvelle. Une fuite de plus ou de moins, je ne serais plus à ça prêt, han ! C’est ça Gabrielle ? »

Il secoue toujours la jambe, les sourcils toujours froncés, la bouche crispée, le poing aussi, si on s’y attarde. Il n’est pas une mauviette. Il doute, c’est vrai. L’angoisse le tenaille. Il n’est pas certain d’arrivé à dire oui, ça l’affole cette chapelle, cette ambiance si peu noble, et cet esprit de clandestinité, mais de là à fuir ? Non. Il ne fuirait plus. C’est le choix qu’il a fait quand il a décidé de revenir. Avec ses réflexions sur l’honneur, sur ce qu’il voulait vraiment. Ses lettres partagées avec Cooky, cette remise en question plus ou moins forcée après son retour d’un long voyage où il aurait pu y rester. Définitivement, il ne pouvait pas renoncer. S’il avait écrit, à LA Typhanie Anastasia Casaviecchi ce n’était pas pour rien. Non. Gabrielle était sotte de penser qu’il allait renoncer, quelle idée juste de l’avoir pensé. Elle le prenait pour qui au juste ? Enzo se racla la gorge, et soupira un grand coup, comme pour calmer son esprit mélangé entre angoisse et colère. Franchement ! Il observa la chemise et le bustier qui lui furent mis dans les bras, puis Gabrielle, de nouveau. Le pire, c’est qu’elle discutait comme si c’était totalement inconscient cette idée. Et Enzo de lâcher les vêtements qu’il tient. Fixant son regard, presque méprisant, sur sa peut-être future femme.

- « Tu me prends pour qui Gabrielle Blackney ? Arrête tout suite de mettre TES angoisses dans les miennes, et décide-toi pour de bon. Moi, j’ai fait mon choix. Qu’il te plaise ou non, je m’en fiche, mais sache que si tu oses me dire non, je le jure sur la tête de ma mère, aussi morte soit-elle déjà, que tu ne me verras plus jamais de ta vie. Plus jamais ! Tu as compris ? Je ne renoncerais pas parce que TU n’es pas capable d’affirmer tes choix. Soit c’est Moi, cette nuit, dans cette affreuse chapelle, sous cette satanée pluie, avec mes bottes boueuses, soit c’est plus rien du tout. Que le vide et l’absence entre nous. Indéfiniment. »

Enzo déglutit, angoissé lui-même par ses propres paroles, mais voulant se donner contenance, et donner un impact plus grand à ses paroles il se détourna, laissant Gabrielle là, avec ses vêtements au sol, à finir de s’habiller. Où avait-elle déjà fini ? Peu lui importait. Il fit quelques pas rapides en direction de l’entrée, voulant rejoindre celle qui officierait. Mais surtout rentrer dans cette chapelle, qu’il puisse tenter de nettoyer un peu ses bottes et arrêter de se faire tremper par cette pluie, aussi fine soit-elle. Il la détestait, mais il y a une limite entre l’Amour et la Haine, et ça lui importe peu. Car malgré tout, son putain de cœur réagissait à elle, et son vide ne pouvait être comblé que par Elle. Un coup de pied fut envoyé dans le vide, Enzo cherchant à déverser sa colère qu’il avait tendance à peu canaliser. Sa névrose, son tempérament ou sa jeunesse ? Un mélange des trois, peut-être, mais ce n’était guère important. Il avait un mariage à faire, même si la mariée, Elle, semblait diverger dans des idées saugrenues, comme renoncer ! Il jeta un regard méprisant à Audoin.

- « Toi, si tu parles...! »

Autre coup rageur dans le vide. Qu’elle le rattrape, qu’elle le gifle, il s’en fichait. Il allait rejoindre Monseigneur, et pénétrer dans cette foutue Chapelle, qu’il en finisse avec ce mariage indécent, cette décision ridicule. Oui, mais son honneur c’était ça. D’assumer. De prendre ses responsabilités, au risque de s’en prendre plein la gueule. Son honneur, à lui, il portait le prénom de Gabrielle. Point barre. Il n’allait pas tourner les talons et fuir comme un con. Plus jamais ! Pis… en plus, qui ne serait pas incertain le jour de ses noces… ?

Puis, devant l’allure du mariage…

_________________

IRL à Québec, le 13 octobre ! Viendez !
Cooky
[Quelque part an centre de Verneuil, Duché d'Alençon]

Qu'est-ce qu'il m'a encore inventé....

La question se perdit bien vite dans le soir tombant tandis que, accoudée à la fenêtre de l'auberge où elle avait établit ses quartiers, elle réfléchissait à la missive fraîchement reçue. Oh, elle n'était pas vraiment étonnée. Depuis plusieurs semaines déjà elle l'attendait cette annonce. Depuis la dernière missive d'Enzo à vrai dire. Elle avait bien sentit qu'il avait une idée en tête mais qu'il hésitait encore. Mais le silence avait succédé à leurs échanges épistolaires et elle avait pensé qu'il avait renoncé, changé d'avis avant de faire une bêtise. Visiblement non.

Elle relu la lettre une nouvelle fois. Que voulait-il dire quand il écrivait qu'il avait voulu "éviter quelques petits commentaires" de sa part ? Il était gonflé tout de même ! Il lui demandait son avis et quand elle le lui donnait, il lui en voulait presque de lui avoir répondu. Parcequ'elle ne disait pas ce qu'il voulait entendre ? Parcequ'elle parlait franchement ? Ses cheveux balayèrent ses épaules tandis qu'elle secouait doucement la tête. Non, Enzo méritait la franchise et la vérité. Il avait trop longtemps vécu dans son monde à part et doré. Le ménager encore et toujours ne faisait que renforcer son côté gamin capricieux, égoïste et pédant, presque hargneux parfois. Elle ne supportait pas cette facette du jeune noble. Mais depuis le début elle savait qu'il était bien plus que ça. Depuis la première nuit de dispute en taverne elle avait compris qu'il ne faisait que porter un masque et jouer un rôle taillé sur mesure, mais qui lui allait si mal.

Un doux sourire vint étirer ses lèvres tandis que les souvenirs lui revenaient en mémoire. Bonnie... Enzo... Glenwyt... Dunkan aussi. Et puis ce fameux jour où leur bulle avait explosée, griffée mortellement par un chat en colère. C'était bien le seul à avoir pu la virer de taverne contre son gré. Même Serge n'y était jamais parvenu. Dès lors tout avait changé. Elle avait espéré qu'ils pourraient rester, que le duc comprendrait à défaut de pardonner. Mais l'évidence était là et rien n'avait pu l'ébranler. Cela faisait des mois à présent qu'ils étaient partis tous les deux. Elle avait peu de nouvelles de Bonnie. Un peu plus d'Enzo. Étrange, elle n'aurait pas parié sur cela à leur départ.

Un soupire lui échappa. A quoi bon revenir là dessus à présent. Ils s'étaient retrouvés si elle en jugeait pas les nouvelles reçues et Enzo avait même décidé qu'ils ne se quitteraient plus. Alors, tout était dit. Elle se détourna de la fenêtre et s'approcha du bureau de pin de sa petite chambre. Un regard vers sa fille endormie... puis elle attrapa son nécessaire d'écriture, un parchemin, et rédigea sa réponse. Il avait eu la décence de lui demander son accord, comment refuser ?


[Quelques jours plus tard, la veille du mariage]

Les malles étaient bouclées depuis peu, ses compagnons de route avaient reçu la consigne d'attendre son retour tout en se reposant. Elle attrapa sa fille, l'emmaillota avec milles précautions dans une couverture de laine, puis après un dernier signe à ses amis, grimpa sur la charrette comme elle pouvait. L'expédition était une aventure de bout en bout mais pour rien au monde elle n'y renoncerait. Angy avait d'ailleurs du le lire dans ses yeux car elle n'avait posé aucune question quant à ce départ soudain en plein milieu de leur voyage. Mais elle devait commencer à avoir l'habitude de la voir filer sans prévenir. Après tout c'était son troisième écart du genre depuis leur départ quelques semaines auparavant. Mais cette fois sa fille était de la partie. Lui imposer un tel voyage était une folie, mais elle n'avait pu se résoudre à l'abandonner une fois de plus aux bons soins de son amie. Mère indigne, elle tentait de ne point trop l'être.

La deux-bourricots s'ébranla et dans un nuage de poussière ils prirent la route. Elea couchée dans un panier entre ses jambes dormait à poings fermés, mais elle aurait été bien en veine de l'imiter. Le voyage était long pourtant, la nuit n'y suffirait pas, elle le savait, mais une énergie hors du commun la maintenait éveillée. Elle n'avait pu partir avant, retenue aux joutes, mais comptait bien arriver à l'heure au rendez-vous malgré ce handicap.


[De longues heures plus tard, le jour J, enfin]

Deux heures... elle n'avait pu glaner que deux petites heures de sommeil. Finalement, emporter la petite avec elle dans son périple n'avait pas été une si grande idée que ça. Si sa cadette avait dormi durant tout le long voyage, elle avait été en pleine forme à leur arrivée dans le petit village où elle avait décidé d'établir leur quartier général. Elle-même alors ne rêvait plus que d'un bon lit où s'étendre quelques heures entre les bras accueillants de Morphée. Mais la fatigue serait un problème à résoudre plus tard, elle ne pouvait s'offrir le luxe de s'y laisser aller dès à présent. Elle n'osait imaginer la réaction d'Enzo si elle arrivait en retard à la cérémonie. Et puis... quoi qu'il en soit, elle n'avait pas envie de faire ça à Bonnie. Bien au contraire, elle brûlait d'impatience de revoir son amie. Elle ne savait même pas si elle était au courant de sa venue !

Sachant qu'il lui fallait encore prévoir le temps de trouver la chapelle du rendez-vous, elle prépara sans attendre Elea avec soin, l'habillant d'une robe de taffetas bleu pâle et la coiffant de deux tresses blondes et légères. La petite gazouillait gaiement dans son langage approximatif, ignorante de la situation particulière à laquelle elles allaient toutes deux assister. Puis ce fut à son tour de se préparer. Après les ablutions de rigueur, elle passa une élégante chemise de soie d'un beau rouge profond et des braies sombres ajustées, puis chaussa ses plus belles bottes avec habileté. . Ses cheveux sombres furent relevés puis ornés d'une coiffe simple mais élégante comme elle aimait à en porter quand elle ne pouvait se présenter tête nue. Pas de robe pour elle mais quelques fards pour l'occasion afin de cacher de son mieux les premiers dégâts visibles de sa nuit sans sommeil. Pour compléter le tout, elle se para d'une cape de velours noire. Il était temps de partir. Elle noua adroitement une bande de tissu en écharpe autour de son buste, y glissa sa fille contre son ventre, puis attrapa ses béquilles-bâtons et quitta la pièce.

Le claquement de ses bâtons sur le sol inégalement pavé retentit étrangement à ses oreilles. Elle ne connaissait pas les lieux, n'ayant jamais pris le temps de s'attarder outre mesure dans ce coin du royaume. Seules les indications données par Enzo lui permettrait de trouver son chemin et elle ne pouvait s'empêcher de se demander si cela suffirait. Le bois fut facile à trouver et à rejoindre, mais la suite du parcours se corsa. Elea se faisait lourde à son cou et sa démarche boitillante la fatiguait rapidement. Il lui fallu lutter vaillamment contre une furieuse envie de rebrousser chemin, mais elle ne pouvait abandonner si près du but. Elle avait dit oui, elle avait promis, elle serait là. Serrant les dents, elle s'engagea dans le chemin boueux du petit bois, ignorant les gouttes de pluie qui s'écrasaient de plus en plus régulièrement sur ses bras. Elea était protégée par la cape, c'était bien là le plus important. Elle sentait le corps chaud de sa fille tout contre elle et y puisa l'énergie nécessaire pour continuer sa progression. Peut-être qu'un jour sa fille aurait besoin d'elle pour son propre mariage. Peut-être alors devrait-elle traverser le Royaume pour être près d'elle. Aujourd'hui elle ne faisait que s'entraîner pour plus tard.

Combien de branches lui fouettèrent le visage ? Combien de fois manqua-t-elle glisser sur quelques tas de feuilles ? Combien de gémissements laissa-t-elle échapper lorsque sa jambe blessée dut porter son poids suite à un écart de béquilles ? Beaucoup trop.


Ils ont intérêt à dire oui tous les deux, sinon il vont entendre parler du pays !
Mais quelle idée loufoque que ce mariage en pleine forêt... et sous la pluie en plus !


Concentrée sur le sol où elle cherchait les meilleures prises pour ses bâtons, elle ne vit pas le temps passer. Chaque boitillement la rapprochait un peu plus de l'étrange chapelle et ce qui devait arriver arriva, elle finit par l'apercevoir. Un sourire de pur soulagement vint alors éclairer son visage, bien vite remplacé par une expression perplexe. Vraiment ?.... ils n'avaient rien trouvé de pire pour se marier que ce bâtiment en ruine ? Elle prit le ciel à témoin de l'inconstance de ses amis, mais n'en continua pas moins à clopiner jusqu'à ce qu'elle parvienne aux portes de la vieille bâtisse.

Par Aristote, j'espère au moins qu'il y a quelqu'un...
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Gabrielle_blackney
[Some others I've seen might never be mean
Might never be cross or try to be boss
But they wouldn't do
For nobody else gave me a thrill
With all your faults, I love you still
It had to be you, wonderful you
It had to be you *]

Ah si. Elle a une réponse. Une réponse qui ressemble à celui qui lui fait face. Epouse-moi ou je te quitte. Menace ? Chantage ? Mais pour se prenait-il ? Sale petit con ! Odieux salaud ! Il mériterait bien qu’elle le plante là. Qu’elle s’en aille. Elle ne le verrait plus jamais. Et grand bien lui fasse.
C’est incroyable comme sous l’effet de l’agacement, les pensées les plus folles vous viennent. Parce qu’elle a expérimenté l’absence, le vide. Et plus jamais elle ne veut vivre ça. Plus jamais. Et quelque chose lui dit que lui non plus en fait. Elle le fixe avec son regard bleu sombre. Que des mots, Enzo. Mais elle le sait bien que si elle partait là tout de suite, il souffrirait. Après tout, il est revenu. Il a beau dire qu’il ne sait pas pourquoi. Il est sûrement revenu aussi un peu pour elle. « Que le vide et l’absence entre nous ». Les mots résonnent alors qu’il lui tourne le dos et disparaît. Et un petit sourire se dessine sur le visage de Gabrielle.

Un petit sourire qu’il ne voit pas puisqu’il est déjà parti. Sinon, peut-être bien qu’elle lui aurait dit qu’il était totalement affolant et excitant quand il parlait comme ça. Ou peut-être qu’elle ne lui aurait pas dit. Sûrement pas même. Mais les faits sont là, quand Enzo joue au mâle dominant, ça fait flancher Gabrielle. Toujours. Mais il ne le sait pas. Et elle va bien se garder de lui dire, il serait capable d’en profiter. Et elle n’a aucune envie de lui donner de quoi asseoir encore un peu plus son emprise sur elle.

Et évidemment qu’elle était sûre de son choix, qu'est-ce qu'il va penser. Elle le voulait Lui. S’il fallait en passer par un mariage, elle le ferait. Elle n’avait pas d’avis tranché à ce sujet. Elle ne savait même pas bien à quoi servait un mariage, ni ce que ça signifiait vraiment. Mais elle n’avait pas d’angoisses, juste des questionnements auxquels il ne répondrait pas. Vivre avec Enzo ça sera être en proie aux doutes et à l’incertitude en permanence, elle était en train de le comprendre. Et ça, oui, ça lui faisait un peu peur. Parce que c’est facile de s’aimer quand on se voit juste quelques heures dans une chambre d’auberge, dans des tavernes ou que l'on flâne sans but précis. C’est facile de s’aimer quand on est libre et sans engagement. Facile quand on ne se doit rien, qu’on ne se promet rien. Quand on n’a rien à perdre. Mais se dire oui devant l’autel de cette chapelle délabrée, ça changera tout. Ils risquent beaucoup. Lui surtout. Il pourrait tout perdre. Pour elle.
Alors elle sourit. Parce qu’il est capable de prendre tous ces risques, de renoncer à un mariage grandiose avec une noble héritière, de tourner le dos à son éducation, d’affronter son père. Il ne le sait peut-être pas, mais c’est plus qu’un aveu, c’est une preuve. Et c’est tellement plus important que tout ce qu’il ne lui dira jamais.

Gabrielle regarde ses vêtements au sol, trempés et maculés de boue. Elle les ramasse, récupère sa lanterne et se dirige vers l’arrière de la chapelle. Elle ne va pas courir après Enzo, elle va le laisser se calmer, si c’est chose possible. Elle soupire, une vie entière avec lui, ça ne va pas être simple, non, vraiment pas. Il fait presque noir à présent, alors elle marche doucement histoire de ne pas s’étaler de tout son long dans la boue. Une porte. Il y a une porte au bout de ce mur. Parfait, Gabrielle va pouvoir s’abriter dans la chapelle et attendre que les autres se décident à faire de même. Avec le temps et l’humidité, le bois a gonflé mais avec un bon coup d’épaule, la porte cède assez facilement. Et elle entre, refermant derrière elle. Elle ne voit pas grand chose évidemment, juste assez pour distinguer l’autel, les bancs, elle lève sa lanterne et la bougie fait danser les ombres sur les murs de pierre. A part les vitraux cassés, les plantes qui en profitent pour rentrer et quelques gouttes de pluie, la chapelle semble en bon état. Pas de toit qui s’écroule, le mur en si mauvaise forme à l’extérieur tient encore toute ses promesses quand on est dedans, un lieu préservé des ravages du temps et qui semble hors du monde. Gabrielle avance vers l’entrée de l’édifice. Elle pose ses vêtements sur un des bancs du fond, s’asseoit, dépose sa lanterne sur le sol et regarde l’autel de là où elle est. Elle sourit. Ce lieu est parfait. Vraiment. Elle reste là, assise, juste un instant, juste le temps de se dire que ça sera Lui, dans cette chapelle pas si affreuse, que la pluie ça n’est pas si grave et qu’elle se fout bien que ses bottes soient boueuses.
Puis elle se lève et ouvre la porte principale, celle qui se trouve sur la façade…

Hey, venez voir, c’est… Cooky !?

* J’en ai vu d’autres qui n’auraient jamais été méchants
Jamais été durs ni n’auraient essayé de tout diriger
Mais ils ne l’auraient pas fait
Parce que personne d’autre ne m’a fait frissonner
Avec tous tes défauts, je t’aime quand-même
Ca devait être toi, merveilleux toi
Ca devait être toi
(Franck Sinatra)

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Cooky
Debout devant les portes délabrées, elle s'arrêta. Exit la pluie qui s'en donnait à cœur joie tout autour, elle n'en avait cure. Les yeux dans le vague, elle était une nouvelle fois assaillie par les souvenirs. Elle revoyait une autre chapelle, en bon état celle-là. Un autre mariage presque trois ans plus tôt. D'autres mariés. Elle détestait les mariages d'ailleurs, se souvint-elle en cet instant. Alors que fichait-elle là ? Peut-être qu'elle détestait juste les siens finalement.
Il fallait l'espérer car les faire-parts de mariage défilaient sur son bureau depuis quelques semaines, promettant un été souriant, festif. N'était-ce pas tout ce qui comptait après tout ? Le moment de bonheur sans nuage que le mariage offrait à ceux qui y croyaient simplement. L'instant magique où deux êtres sincères unissaient leurs espoirs et leurs rêves en un tout petit mot si lourd de sens. Étrangement, elle y croyait dur comme fer pour les autres. Elle était certaine que ses trois amies qui se marieraient cette année là seraient sincères au moment d'unir leur vie à celle de leur compagnon. C'était juste elle-même qui était à présent immunisée. Plus jamais.

Elle remercia en pensés Enzo pour ce choix de mariage si peu conventionnel. Moins cela ressemblerait au sien, mieux ce serait. Elle effleura des lèvres les cheveux blonds de la fillette qui commençait à s'agiter tout contre elle et se retourna. Quel silence ! Elle se trouvait là en pleine forêt inconnue, près d'une vieille chapelle abandonnée, un enfant dans les bras et ses bâtons en main. Inconsciente ! Et si elle s'était trompée ? Si elle avait mal lu les indications ? Ravalant l'inquiétude qui commençait à poindre, elle replaça sa besace sur son épaule, rassura sa fille d'une voix douce, puis...


Aaaaaaaaaaaah !

Impossible de se retenir. La porte dans son dos venait de s'ouvrir avec fracas, manquant la faire sursauter. Il n'aurait plus manqué que ça, qu'elle glisse de tout son long !

Bonnnie ? Booniiiiiie ?!

Le soulagement se mêlait dans sa voix à la joie de revoir son amie.

Bon sang, j'ai bien cru que vous aviez oublié la date et que j'allais me retrouver toute seule ici !

Les bâtons tombèrent au sol tandis qu'elle attrapait son amie par la manche pour l'attirer contre elle et la serrer aussi fort que possible sans écraser sa fille.

Tu es folle ma chère, complètement folle mais dieu, que je suis heureuse de te revoir !

Sans lui laisser le temps de réagir, elle écarta ensuite Gabrielle pour l'examiner d'aussi près que le lui permettait la faible lueur du soir qui traversait les feuillages au-dessus de leurs têtes.

Et tu es en robe... Enzo est décidément très fort.
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Isleen
« Le moment c'est maintenant et maintenant c'est le moment. »
Josho Yamamoto


Maintenant ! A la nuit tombée, un mariage nocturne, un mariage en plein milieu de la forêt, un mariage sous la pluie, elle le sait particulier, mais à ce point là, ça frise l’exagération, la folie, la stupidité, il veut les tuer en les forçant à patauger dans cette gadoue ou au moindre pas posé on frôle le suicide, la glissade et la rencontre d’une tête avec un cailloux, un arbre ou quoi que ce soit qui soit assez dur pour vous casser la tête ! Elle rage intérieurement la rouquine, ne pas glisser sur le chemin éclairé par la pauvre lanterne que tient Nortimer à bout de bras, frise l’exploit, et elle ne le réalisera pas, elle ne mettra pas le pied là dedans, elle s’enfoncerait jusqu’à la tête et s’y noierait et au revoir le témoin !

En y repensant, elle était restée assise sur le popotin lorsque Nortimer l’avait trouvé, pour lui annoncé la nouvelle, alors qu’elle était chez elle, revenant juste de voir Phyl, qui malade se faisait soigner chez les moines. Ce n’est pas tant, le moment prévu pour ce mariage qui l’avait surprise, encore que à la tombée de la nuit, il y a mieux comme horaire, non elle était au courant par Gabrielle qu’il devait avoir lieu un jour prochain, mais c’est le fait qu’il veuille qu’elle soit témoin, elle, ça ça l'avait surprise ! Si on lui avait dit un jour « Il te prendra comme témoin à son mariage » elle aurait rit, éclater de rire, et c’est d’ailleurs un éclat de rire qui avait accueilli la nouvelle apportée de Nortimer. Mais non celui ci semblait vraiment sérieux, et suffisamment stressé pour que ce ne soit pas une blague de ce pauvre bougre, aussi l’avait-elle donc suivi. N’empêche, Gabrielle lui avait demandé de venir, elle avait accepté et avec plaisir, c’est qu’elle l’aimait bien la brune, le courant passait bien entre elles, Gabrielle avait cette simplicité et ce quelque chose qui tout de suite avait accroché la rouquine, elle lui avait plu, le courant était passé, et elle la considérait comme une amie, mais de là a croire que son boss, qu’Enzo accepte qu’elle soit là à son mariage, ça elle n’y avait pas cru, alors le coup d’être le témoin, ben ça l’avait assise la rousse, et pas qu’un peu, elle qui au final ne pensait pas être vraiment présente. C’est que ça en dit beaucoup sur ce qu’il pense maintenant d’elle…il lui fait confiance…ou il veut sa mort: une noyade dans la boue ! C’est peut être ça en fait. Non, qu’il la voudrait vraiment, il n’aurait pas été si tordu, il aurait simplement dit à Audouin « Tort lui le cou » et ce couillon l’aurait fait ! Simple et efficace ! Non, il lui fait confiance, et ça ben c’était inédit jusqu’à présent. Elle apprécie la rouquine, vraiment mais bon, ça ne suffira pas à la faire avancer plus, elle s’arrête, ne bouge plus, il peut continuer le grand dadet, elle ne bougera plus, elle n’a aucune envie de finir noyer, et encore moins couverte de boue, elle n’a pas signé pour ça !


Nort’ Je n’irais pas plus loin !
Mais…
Pas d’mais, impossible que j’pose un pied plus loin, t’as vu ça.

Et l’irlandaise de montrer d’un geste de main la mare de boue, du moins ce qu’elle en distingue dans le noir, c’est à dire pas grand chose. Faut-il être fou de se marier à cette heure indue, peut pas faire ça de jour comme tout le monde !

Mais ils attendent…faut continuer.
Continuer, continuer t’en as de belles toi ! J’pose un pied et j’me noie !
Il…il va pas être ..
Content, je sais . D’façon ca changera pas d’son caractère habituel.
C’est pas loin, faut continuer, ils attendent…
Si j’pose un pied plus loin, c’est un témoin mord pas noyade qu’il aura et donc pas d’mariage
Mais…

Rhaaa des fois, comme maintenant, elle comprend Enzo, Nortimer a un coté vraiment très exaspérant, qu’on a envie de lui donner une paire de claques et….oh, oh, elle vient d’avoir une idée de génie, une idée pour ne pas finir recouverte de boue, et avoir une tenue à peu prêt potable pour un mariage.

Nortimer accroupie toi ! Pose pas d’question et fait le.

Un sourire malicieux s’étire sur le visage de l’irlandaise, alors qu’elle remonte sa jupe, dire que pour une fois elle en a mise une, enfin bon passons, l’instant d’après elle était accrochée sur le dos de Nortimer, les bras autour du cou, une jambe de chaque coté, un cavalier sur sa monture. Il est exaspérant mais très obéissant ce garde.

Allez hop en avant Nort’, c’est pas loin. Droit devant et sans glisser !

Et c’est ainsi, que plusieurs minutes plus tard, une rouquine chevauchant un Nortimer arrive à la Chapelle abandonnée au milieu de nul part, elle est mouillée, mais propre, presque un petit miracle, devant la porte principale : Gabrielle, une femme et une enfant. Une chose est sure, ils sont au bon endroit.

Merci Nort’.

Et la rouquine de descendre de sa monture masculine, et de la remercier d’un sourire, d’une tape amicale sur le bras, avant que celle-ci ne parte elle ne sait ou, surement indiquer à son boss, qu’elle est là, ou peut importe. Elle est à bon port c'est tout ce qui importe et maintenant reste le mariage. Un oui ou un non, c’est toute la question. Un sourire s’étire malicieux alors qu’elle s’approche, lisant sa jupe d'un geste de la main, curieuse de connaître la suite, saluant les personnes présentes à sa vue.

Gabrielle...Dame.


* édit pour corrections
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Gabrielle_blackney
[Yeah, you really got me now
You got me so I don't know what Im doin, now
Oh yeah, you really got me now
You got me so I can't sleep at night*]


Cooky était là ! De quoi rendre définitivement le sourire à Gabrielle et la rendre imperméable aux humeurs orageuses de son… son… futur mari ? La jeune femme senti son estomac se nouer. Pas d’angoisses, juste des questionnements. Vraiment ? Mais peu lui importait, Cooky était là et Gabrielle en était sicontente qu’elle ne pensa pas à râler quand celle-ci la serra contre elle. Cooky qui avait été une des première personne à lui tendre la main quand elle était arrivée à Orthez, Cooky qui connaissait Enzo avant elle, et une des rares qui l’aimait bien aussi. Cooky qui ne lui avait jamais tourné le dos, qui l’avait défendue face à son cousin le Duc, Cooky qui ne l’avait pas jugée ni rejetée. Cooky qui lui avait même évité un « je te l’avais bien dit » qu’elle aurait pourtant mérité quand elle avait été exilée. Cooky, une amie, une vraie. Rare et précieuse, Gabrielle en était bien consciente. La jeune femme rit à la remarque sur sa tenue.

Oui, il est très fort ! Mais pas forcément pour ce que tu crois… Et la robe c’est mon idée. Je… Enfin, c’est mon mariage tout de même ! Mais entre, il pleut des cordes et ta fille va attraper la mort ! Allez viens, tu vas voir, c’est… Isleen !

Gabrielle sourit en voyant la petite rousse.


Isleen, voici Cooky, ma plus ancienne amie en ce Royaume. Cooky, voici Isleen, elle travaille pour Enzo et, accessoirement, est venue me soutenir en ce jour oh combien délicat de mon existence.

Gabrielle tira les deux femmes par la manche pour les faire entrer dans la chapelle. Elle regarda un instant la petite encore calée contre sa mère. C’est vrai que Cooky était mère. Deux fois. Elle avait tendance à l’oublier. La maternité la mettait mal à l’aise, celle des autres, un peu, et l’idée de la sienne, beaucoup. Un jour pourtant, ça serait peut-être bien son tour. Elle frissonna et reporta son regard sur ses deux amies.


Je suis contente de vous voir toutes les deux, vous n’imaginez pas à quel point ! Je sens que je vais faire une énorme bêtise, ça n’est pas raisonnable, je n’ai même pas eu le temps d’y réfléchir ni de m’y habituer. Mais…

Gabrielle soupira et baissa la voix.

… mais je ne peux pas faire autrement. Je n’y arrive pas. Même si en ce moment précis, j’ai envie de l’étrangler. Cet homme est peut-être mon futur mari mais il a vraiment un caractère épouvantable. Il fera un mari atroce. Mais c’est bien le seul que j’arrive à imaginer à cette place dans ma vie.

Un nouveau soupir et un haussement d'épaule.

Enfin… Tu as raison, Cooky, je dois être folle. Et vous deux ça va ? Je vois que la promenade dans les bois sous la pluie vous a réussi, vous êtes ravissantes toutes les deux!

Elle posa son regard bleu sombre sur les deux femmes qui lui faisaient face. Dernières minutes de liberté. A moins que la liberté ne commence après. Le mariage n’était peut-être pas la prison qu’elle imaginait. Elle n’en savait rien. Elle n’avait jamais songé à cet acte autrement que comme à un contrat dans lequel on échangeait terres, titres et autres richesses. Seule la gueusaille se mariait par amour. Et eux ? Elle ignorait toujours ce qui avait motivé Enzo à revenir et plus encore ce qui l’avait poussé à cette demande déraisonnable. Une demande qui n’en n’était pas une, comme quelques semaines plus tôt, elle avait eu droit à une déclaration qui n’en n’était pas une. Est-ce qu’un jour, une fois, une seule, il arriverait à lui parler vraiment ? Elle ne le pensait pas. Et ça n’avait pas grande importance finalement.
C’était pure folie de s’engager avec lui. Et pourtant. Elle ne lui dirait jamais non. Et peut-être bien qu’il le savait.

*Ouais, tu m’as vraiment maintenant
Tu m’as tellement que je ne sais plus ce que je fais maintenant
Oh ouais, tu m’as vraiment maintenant
Tu m’as tellement que je n’en dors plus la nuit
(The Kinks)

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Enzo
Bien sur qu’il le savait, qu’elle ne dirait pas non. Elle tient beaucoup trop à lui. Et Enzo n’est pas bête. Il n’a pas prit un si grand risque dans ses paroles. Quoique si elle décidait réellement de partir – ce qui l’étonnerait vraiment – il serait bien embêté, et surtout l’orgueil serait très massacré. Mais elle ne le ferait pas. C’était sur. Ce baiser reçu lors de son retour était l’explication, la raison qui le rendait si présomptueux. On n’embrasse pas un homme de cette façon là quand il ne nous a pas manqué. Plusieurs semaines, elle avait survécu. Toute une vie ? Il n’était pas sur qu’elle reste bien droite dans ses bottes et bien nette dans sa tête. Ainsi, elle dirait oui, et ne partirait pas. Elle ne pouvait pas de toute façon le planter là. Ça ferait bien désordre. N’est-ce pas ? Bref. Enzo s’avance vers celle qui officiera la cérémonie, tentant de repousser toutes ses questions qui voilent un peu sa vision, et met un désordre fou dans ses idées. Il évite surtout de se retourner, ne voulant pas vérifier qu’elle le suivre, et surtout ne pas montrer une certaine vulnérabilité. Car le sait-elle, que lui n’est pas si bien que ça, sans elle dans sa vie ? Peu importe, de toute manière ce n’était guère important, et le jeune homme était encore d’humeur plus ou moins massacrante, et en avait marre de cette pluie qui lui mouillait les cheveux et le mantel. Il ne vit pas Cooky, ni même Nortimer avec Isleen sur les épaules qui arrivèrent, enfin, même s’ils n’étaient pas en retard. L’impatience coulait légèrement dans le sang de Enzo, encore tourmenté par certaines questions. Peut-être faisait-il vraiment la pire bêtise de sa vie ? Il risquait gros, ça c’était certain. Mais tant pis. C’est ce qu’il souhait. Et Cooky avait raison, l’honneur ce n’est pas seulement une question de mérite ou autre. C’est agir et faire des choix qui ne nous semble pas déshonorables, et bien. Et le jeune Blackney ne voyait rien d’honorable d’utiliser Gabrielle comme si elle n’était qu’une amante de passage. Ce même s’il ne lui dirait jamais vraiment. Alors il s’arrêta devant le prélat, secouant un peu ses cheveux.

- « Ravi de faire vostre connaissance, Monseigneur. Enzo Blackney. »


Politesse ? Où voulait-il prendre cet allure mielleuse qui lui prenait parfois, pour faire sentir bien un client ? Ni l’un ni l’autre. Il était presque réellement ravi, et puis il respectait le prélat quand même le Blackney. Il avait grandi dans la religion Aristotélicienne, et avait été Garde Épiscopale. Il avait eu des écarts de conduites, et était beaucoup trop odieux et orgueilleux, mis récitais un confiteor chaque soir. Enfin, de toute façon, elle n’allait pas demander des détails sur sa vie passé, si ? Tout du moins, aux mariages où il avait été, jamais il n’avait été question de s’assurer par des questions sur les croyances des futurs mariés et de leur véritable consentement dans les liens sacré du mariage. Ceci dit, ce n’était pas un mariage de convenance, ce jour, alors ça n’avait guère d’importance. Il observa quelques instant la femme, qui semblait avoir quelques années passés, déjà… Puis les gardes qui l’accompagnaient comme ils avaient convenu. Un léger sourire s’afficha sur le visage du Blackney, effaçant quelques instant sa mauvaise humeur et ses bottes boueuses.

- « Il serait peut-être sage de rentrée. Gabrielle doit nous attendre. Et avec un peu de chance les témoins aussi. Voici Audoin, il pourra garder la chapelle avec vos deux hommes. Nortimer viendra compléter aussi, quand il sera de retour avec un des témoins. »

Et Enzo de reculer de quelques pas avant de se diriger vers la chapelle. Les portes avaient été ouvertes et des voix se faisaient attendre. Il espérait que c’était Nortimer et avec Isleen. Cet incapable serait bien capable de faire arrivé la rousse en retard ! C’est la voix de Cooky qu’il reconnu en premier. Et le jeune homme d’avancer plus rapidement, au même moment ou Nortimer arriva vers lui, d’un signe le Blackney lui fit savoir de rejoindre Audoin, et le jeune homme pénétra – enfin – dans la chapelle.

- « Cooky. Isleen. »

Petit sourire narquois, puis voyant la fille de Cooky qui semblait dormir contre elle, son sourire s’agrandit un peu plus, tandis qu’il passa une main dans ses cheveux pour enlever un peu cette pluie.

- « Je vois que tu as même pensé à amener une demoiselle d’honneur pour Gabrielle. Qu’elle belle attention, Cooky ! »


Il se tourna ensuite vers Isleen, regardant son allure avant de hocher de la tête. Elle savait bien se mettre, et semblait avoir réussit, malgré tout à ne pas trop se salir, comparé a lui qui avait des bottes affreusement boueuses. Définitivement, il avait bien fait le Blackney de lui avoir donné une 2eme chance à la rousse, surtout avec cette couleur de cheveux qu’il n’appréciait pas vraiment. Et ce qui était bien, c’est qu’elle était apprécié de Gabrielle, et pourrait bien avoir des informations, un jour s’il avait besoin. Tout du moins, étant donné que la rouquine était son employée, n’aurait-elle pas le choix ? Mais peu importe, là c’était l’heure de célébrer un mariage.

- « Bien, Isleen. Nortimer t’a expliqué ? J’espère bien, car si on pouvait commencé, ça m’irait. Je ne suis pas spécialement patient. »

Regard sur Gabrielle. Je savais bien que tu ne t’en irais pas. Sourire malicieux avant de lever les yeux vers l’Autel. La chapelle n’était pas si désastreuses vu de l’intérieur.
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IRL à Québec, le 13 octobre ! Viendez !
--Titca


Que d'agitation autour de cet endroit pourtant habituellement si calme et paisible, Monseigneur la Vipère sur le dos de son étalon passa une main gantée sur son encolure et poussa un profond soupir en prenant soin de se pincer l'arrête du nez. Pourquoi Diable les jeunes étaient si emplit d'énergie, oubliant toute discrétion ? Lançant un coup d'œil sur Hector, elle secoua la tête l'air dépitée. Oh, elle avait sans doute également agit ainsi et sans doute provoquer les soupirs de ses aînés. Hector pouvait en témoigné lui qui connaissait particulièrement bien la femme pourrait certainement contre une petite sommes d'écus sonnants et trébuchants vous offrir les plus divertissantes des histoires aux plus sombres. Celui-ci qui l'avait vu grandir ne pouvait oublier que Typhanie n'avait pas toujours eu de la contenance et du mystère, ceci était arrivé avec la maladie ou la crainte de faire souffrir les autres.

Dans une moue quelque peu amusée, malgré tout, elle passa sa langue sur ses lèvres récolant les gouttes de pluie et tourna à présent le regard vers Edmond. Il n'était pas à l'aise le Champenois et cela l'amusait, Edmond aimait les lois, un grand adorateur du Très-Haut, des lois, avec la craintes de finir en prison ou en enfer. Faut dire qu'il était mal tombé le pauvre, mais n'était pas prisonnier après tout, cela devait lui convenir finalement.

Reposant son regard sur l'agitation ambiant, elle fut soulagée de constater que tout le monde entra tour à tour pour qu'il ne reste qu'un homme venant à sa rencontre. Enzo Blackney sans doute, ou l'un des domestiques ? Du haut de l'animal, elle hocha la tête approuvant ses paroles sans en dire d'avantage. Lorsqu'il disparut à son tour dans la chapelle, la vipère aidée d'Edmond retrouva le sol et confia l'étalon à Hector.


Edmond et moi allons à l'intérieur. Soit prudent, les espions peuvent être partout. Plus rien ne m'étonneras jamais.
Je ne reste point faire le garde ?
Vous ne savez même pas découper un poulet Edmond ! Cela serait folie.
Diable, je suis parfaitement capable de découper un poulet, mais point avec une épée aussi grande que moi.
Oh pardon, Monsieur à besoin d'un petit couteau tout mimi pour ne point ce blesser.
Plait-il ? Mais Nenni !
Je n'aime pas le poulet.


La voix de la sagesse fit approuver les deux autres, alors que l'un offrit son bras à l'autre. La Vipère souffrait au moindre mouvement et cela empirait avec les jours qui passent. Les médecins lui donnait quelques semaines et étaient certains que son état ne pouvait s'améliorer si elle passait son temps à parcourir le Royaume pour 'sauver' des moutons en manque de religieux. Le feu sacré était une malade courante et pourtant nul ne pouvait agir contre celle-ci, la Vipère brulait de l'intérieur ou du moins tout son corps donnait cet impression. Alors elle couvrait sa peau de plusieurs couche de tissu, ainsi que ses mains et cachait son visage de son mieux derrière un léger voilage noir et ma foy un brin mystérieux. La main tremblante elle attrapa sa fiole et en bu une longue gorgée, clairement son contenu n'était pas de l'eau, ni de la tisane, mais bien de l'alcool unique boisson à lui retirer sa douleur l'espace d'un instant, ma foy trop court.

Passant aux côtés des témoins et futur époux, elle ce planta devant l'autel et avec l'air précieuse d'Edmond s'agenouilla priant un instant en silence. S'ils étaient pressés tant pis, Dieu avait besoin de reconnaître les siens et quelque chose murmurait à la Vipère qu'ils n'étaient point d'accord sur tout les points. Une fois relever -Edmond la porta à moitié pour la dresser sur ses jambes.- La religieuse ce retourna et regarda la petite assemblées.


Edmond soyez gentil, apportez-moi mon livre.
S'il vous plait, c'est pour le voisin.


Prenant l'ouvrage, elle s'appuya contre l'autel pour ne pas porter tout son poids sur ses jambes et commença.

Nous sommes unis en ce jour pour unir, Enzo à Gabrielle, devant Dieu, les hommes et les Saints. Gabrielle, Enzo, Madame et...Madamoiselle, approchez-vous de l'autel. S'il vous plait.



Hector en marron.
Edmond en bleu foncé




__________
Gabrielle_blackney
[It's a beautiful night,
We're looking for something dumb to do.
Hey baby,
I think I wanna marry you*]

Toute à son excitation de voir Cooky et Isleen, Gabrielle en avait oublié que la Béarnaise avait quelques difficultés à se mouvoir, une blessure de guerre croit-elle se souvenir. La jeune femme va donc ramasser les batons qui aident son amie à se déplacer, elle les regarde et se demande si ce sont ceux qu’Enzo lui avait offert. Il lui semble bien les reconnaître, bois de qualité, bel ouvrage, luxueux – pour des batons – mais sans ostentation, ça ressemblait bien à un cadeau du Normand en effet. Gabrielle eut une légère pointe nostalgique en repensant à ses premières semaines à Orthez, du temps où elle se baladait encore sous un nom d’emprunt, plus angloise que normande, du temps où la vie était presque aussi simple que vider une chope de bière, du temps où Enzo n’était qu’un sale gamin arrogant, et où il ne prenait pas tant de place.

Gabrielle rend ses batons à Cooky au moment même où Enzo entre dans la chapelle. Elle lui jette un œil, toujours aussi trempé, toujours aussi boueux mais un poil moins agacé semblait-il. Il daigne même plaisanter sur la fille de Cooky et elle voit à son regard qu’il apprécie les efforts vestimentaires d’Isleen. Oui, définitivement, de meilleure humeur le Grand, il la gratifie même d’un sourire un peu gamin, plus malicieux que narquois, un sourire rare. Un sourire qu’elle lui rend parce qu’il n’est pas dans le caractère de Gabrielle de bouder ni d’en vouloir aux gens très longtemps. Et surtout pas à lui. Elle le laissait souvent tempêter, s’agacer, s’énerver seul, et elle attendait qu’il s’apaise, seul également. Et quand elle avait quelque chose à lui dire, elle lui disait, sans détour, elle choisissait juste bien son moment, que ses mots ne causent aucun dommage irréversible, qu’il ne fuit pas, qu’il y ait tout au plus une porte qui claque, une chaise qui casse, mais rarement au delà. Un équilibre précaire, mais un équilibre tout de même, et ça convenait à Gabrielle.
Alors quand il lui souriait, il était rare qu’elle ne réponde pas, il fallait savoir profiter des instants de paix qu’il lui accordait. Certains y verraient de la soumission, mais il n’en n’était rien, elle avait juste compris qu’avec un homme au caractère aussi changeant, sa constance à elle était son meilleur atout. Sa constance et sa patience. Et quand à ce qu’il en pensait lui, ça restait un grand mystère. Probablement qu’il n’était pas conscient de tout ça, du moins elle ne le pensait pas, trop egocentrique, trop orgueilleux, trop odieux certainement pour s’en rendre compte. Mais elle lui avait dit pourtant. Et il avait du hausser les épaules, comme toujours. Car après tout, rien n’a vraiment d’importance pour Enzo. Du moins c’est ce qu’il disait. Et elle faisait semblant de le croire. Oui, un équilibre précaire. Mais ça fonctionnait. Pour l’instant.

Elle lui sourit donc et elle le regarde pendant qu’il découvre l’intérieur de la chapelle. Son regard s’arrête sur ses bottes. Elle sait qu’il est terriblement maniaque, avec ses vêtements en général, et ses bottes en particulier. Toujours impeccable, en toutes circonstances. Ca devait le rendre fou, cette boue. Déjà qu’il n’avait pas droit à un mariage en grandes pompes, si en plus, il devait se présenter à l’autel dans cet état, c’était un coup à ce qu’il n’arrive pas à répondre à la fameuse question. Alors Gabrielle prend sa chemise, celle qu’Enzo avait laissé tomber dans la terre, celle qui était trempée de pluie. Elle soulève sa robe, pas plus haut que ce que la décence autorise, même s’il n’y a pas grand monde pour s’en offusquer, mais suffisamment pour s’agenouiller devant Enzo.

Laisse-moi arranger ça…

Et elle entreprend de lui nettoyer ses bottes. C’est qu’elle n’a pas de domestiques ni de gardes pour s’occuper de ce genre de choses, donc faire briller des bottes, elle sait faire. Sa chemise est fichue de toute façon, alors autant qu’elle serve. Les bottes noires retrouvent vite une allure très correcte. Elle lève la tête et sourit à Enzo.

Pour qu’elles brillent vraiment, il faudrait cracher dessus et frotter**, mais je vais te l'éviter ce soir.

Gabrielle se redresse et balance le tissu sur un banc alors que Monseigneur Typhanie va s’installer derrière l’autel suivie d’un homme. La jeune femme la regarde s’agenouiller et prier, elle savait que quand elle se redresserait, elle ne pourrait plus reculer. Le sort en était jeté. Elle allait se marier avec celui qui se tenait à ses côtés et c’était absolument angoissant et terrifiant. Gabrielle prend la main d’Enzo, juste un instant, juste le temps de se hisser sur la pointe des pieds pour lui murmurer :

J’espère que ton épaule va mieux. Puisque je dois en passer par le mariage, je veux au moins une nuit de noce digne de ce nom…

Elle lui sourit, l’embrasse légèrement sur la joue, lâche sa main et marche vers l’autel du pas le plus assuré et le plus dégagé qu’elle peut.
Qu’on en finisse avec cette cérémonie. Et vite.


*C’est une belle nuit,
Nous cherchons quelque chose d’idiot à faire.
Hey bébé,
Je crois que je veux t’épouser
(Bruno Mars)
** C’est en tout cas ce qu’affirme Blaze (Yves Montand) au Roy dans La Folie des Grandeurs de Gérard Oury

_________________
Isleen
Elle ne se souvient plus ou elle a entendu que toutes les futures mariées sont gagnées pas le stress le jour de leur mariage, mais celui qui avait dit ça avait raison, Gabrielle en est le parfait exemple. A peine arrivée, le temps d’un « enchantée » à Cookie, qu’elles sont tirées dans l’édifice par Gabrielle. Confidences, doutes et certitudes mêlés intrinsèquement, c’est bien la première fois, qu’elle sent tout cela chez la brune, qui semble toujours si certaine d’elle, assurée. Que dire à tout cela sinon simplement ce qu’elle pense.

Tu l’aimes, c’est tout, rien à voir avec la folie à moins qu’aimer soit une folie.

Et là, Isleen n’est pas loin de penser que oui, aimer c’est une folie, ça conduit à faire des choses complétement stupides, à vous retenir de faire, de dire certaines choses pour ne pas blesser l’autre, ou encore d’en faire et de faire du mal tout de même. Il suffit de voir sa relation avec Phyl, elle l’aime à sa manière, mal et pas assez au gout de ce dernier, aussi passe-t-elle son temps à le blesser, involontairement, dans tout ce qu’elle dit, ne dit pas, fait, ne fait pas, si bien qu’elle semble marcher sur des œufs à chaque fois…et là, le voilà…chez les moines…malade…elle chasse cette pensée qui l’inquiète, par une réponse légère à Gabrielle, surtout en ce jour, autant égayer les lieux vu que ceux ci ne le sont point trop.

La ballade dans les bois m’a réussi, c’est que j’ai eu un porteur pour m’éviter les dégâts…mais nous ne sommes pas aussi ravissante que toi.

Ce qui est vrai au demeurant, malgré les lieux, malgré le moment, la pluie, la boue, Gab en robe, aujourd'hui est magnifique, peut être aussi parce que c'est la première fois qu'elle la voit dans cette tenue. Esquisse d’un sourire malicieux, Enzo qui arrive, a bien fait de lui envoyer Nortimer , Audoin n’aurait pas été d’aussi bonne composition avec elle, à coup sur, il l’aurait trainé ici par les cheveux si elle lui avait fait le même coup, elle n'aurait pas été aussi propre à son arrivée. Un signe de tête pour répondre au salut, elle soupçonne qu’il préfère cette inclinaison muette du chef plutôt qu’un "Enzo" ou d'un "Boss" dont elle l'affuble parfois. Au fil du temps, elle finit par le connaître et apprécier certains de ses cotés, de quoi en surprendre plus d’un, surtout lorsque l’on connaît le caractère si "doux" d’Enzo.

Oui, il m’a expliqué et s’il ne s’est pas trompé dans son message, je suis….témoin.

Il est des doutes qui ne s’ôtent qu’au dernier moment, et en voyant le regard du Grand, il semble que Nortimer ait eu raison ! Et là, la question saugrenue pointe le bout de son museau dans les méandres de l’esprit de la rouquine : Ca fait quoi un témoin à un mariage ? C’est censé être juste là et regarder ou ça doit dire quelque chose ? Elle n’en sait rien l’irlandaise mais ne posera pas pour autant la question, elle n’a aucunement l’envie de passer pour une simple d’esprit. Un regard autour d’elle tandis que la future mariée lustre les bottes de son promis, tout cela semble irréel, de ce mariage à cette chapelle en ruine, sans parler de celle qui allait officier et les appelle maintenant à s’avancer tous vers elle. Logiquement la rouquine se place derrière Enzo, les futurs mariés en premier vers l’échafaud, elle ensuite.
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Cooky
Sourire de connivence à l'adresse de Bonnie lorsque celle-ci essaya de justifier le choix de la robe. Elle se fichait un peu des raisons mais n'allait pas le dire à son amie. Elle était juste heureuse de la revoir et ravie de la trouver rayonnante dans sa robe des grands jours. Elle qui n'aimait pas les robes justement devait admettre que Bonnie avait tout simplement fière allure. Son regard se dirigea vers le visage de son amie. Etait-elle heureuse de ce mariage ? Elle avait eu la version d'Enzo et se plaisait à penser que au travers des mots qu'elle lui avait écrit, elle l'avait un peu poussé à faire un pas vers la jeune femme.
C'est que pour elle il n'y avait aucun doute. Tous deux étaient fous l'un de l'autre depuis le premier jour. De la haine à l'amour ils avaient tout essayé mais leurs sentiments toujours avaient été explosifs, intenses, dévastateurs. Il n'y avait pas besoin d'être grand clerc pour l'avoir vu. Cela se lisait sur leurs visages, dans leurs yeux à tout instant et se ressentait dans les vibrations qui naissaient lorsqu'ils se trouvaient tous deux dans la même pièce. Mais l'amour l'emporterait-il jusqu'au bout ? Elle aurait été bien en veine de le dire. Enzo était bien trop obtus et trop peu enclin à l'introspection pour ne pas risquer de mettre un jour tout ce bonheur en péril sur un excès de colère enfantin.
Car oui, elle en était persuadée, c'était le bonheur qui les reliait tous les deux. C'était évident. Même lorsqu'ils avaient du être séparés elle n'avait jamais douté qu'ils se retrouveraient et qu'ils continueraient, accord du duc ou pas. Ses pensés en cet instant volèrent vers ledit duc. Que penserait-il de ce qui allait se jouer d'ici quelques instants ? Un sourire malicieux naquit au coin de ses lèvres. C'était sa façon à elle de se venger que d'être venue ici sans condition, sans hésitation aucune. Il avait été le seul - Serge mis à part évidemment - à l'avoir un jour virée de taverne. On ne la virait pas de taverne impunément.

Comme bien souvent lors des mariages, elle s'était perdue dans l’abîme de ses pensés. Elle détestait tellement ces cérémonies qui la ramenaient cinq années en arrière, qu'elle avait développé cette faculté de s'enfermer dans un monde de pensés et de questions tandis que se déroulaient les cérémonies auxquelles elle ne participait que de corps. Il était cependant un peu trop tôt pour l'instant pour qu'elle s'y plonge totalement. Secouant doucement la tête, elle revint à l'instant présent, juste à temps pour sourire à la dénommée Isleen en guise de salut, et attraper les bâtons que lui rendait Gabrielle.


Merci... tu m'évites une manoeuvre délicate à devoir me pencher avec ma fille accrochée à mon cou.

Nouveau sourire. Elle se pencha légèrement en avant et suivit les deux demoiselles à l'intérieur. Le claquement de ses bâtons sur le sol de la chapelle la fit grimacer. Si elle avait voulu se faire discrète, c'était fichu. Le bruit d'ailleurs sembla réveiller Elea qui la regarda bientôt d'un air interrogateur. Elle lui retourna un sourire bien plus confiant qu'elle ne l'était en réalité. Mais la blondinette n'avait pas demandé à venir se perdre en pleine forêt par un temps pareil.
Tandis que, visiblement rassérénée, sa fille cherchait à se rendormir, elle déposa ses bâtons contre un vieux banc d'église puis se tint prête à suivre le "cortège nuptial". Le terme la fit sourire, indu en cet instant si éloigné de ce qui faisait habituellement un mariage.
Enzo apparu alors et son sourire s'élargit. Elle était comme ça, à sourire facilement en toutes occasions.


Bonjorn Enzo, moi aussi je suis ravie de vous revoir.


Moue rieuse, tandis qu'elle s'amusait de la proposition d'Enzo. Elea en demoiselle d'honneur ? Après tout sa fille pouvait bien marcher à présent qu'ils étaient au sec. Et si cela pouvait rendre la cérémonie un peu plus... un peu moins...
Elle effleura la joue de la petite du dos de la main et lui murmura quelques mots. L'enfant ouvrit bientôt ses grands yeux verts et s'agita dans son harnais de fortune.


Je crois que l'idée lui plaît, il est trop tard pour revenir sur votre proposition à présent.


Sans plus attendre, elle dénoua le tissu et laissa sa fille glisser au sol pour s'y dégourdir les jambes. Elea s'approcha aussitôt de la robe de Gabrielle et la toucha du bout des doigts avec des exclamations ravies. Si elle-même n'était guère à son aise avec les beaux vêtements, on ne pouvait pas en dire de même de la petite.
A son tour elle s'approcha de Bonnie qui venait de se détacher d'Enzo. Se penchant à son oreille elle murmura...


Elle s'appelle Elea.
Tu verras Bonnie, Enzo sera le meilleur des maris impossibles.
Et puis... de toute façon je suis là.


Pas le temps d'en dire plus, l'officiante les attendait. Elle boita lentement et vint se placer à côté de la dénommée Isleen. Pour elles, le plus difficile était accompli, elles étaient là.
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Enzo
- « Ehm. »

La petite ferait demoiselle d’honneur. Devait-il soupirer ou rire. Il n’était pas bien sur le jeune Blackney, l’incertitude le gagnant de nouveau. Son regard vert se posa quelques instants sur Gabrielle, avant de revenir sur Cooky. Il avait été ironique, mais voilà que son humour, n’avait soit pas été compris, soit elle avait compris, mais avait décidé d’embarquer dans le jeu. Ce qui embêtait le jeune homme. Enfin, c’était quand même pas lui qui allait devoir se coltiné la gamine. Puis ça rappellerais un peu moins le côté clandestin de ce mariage. Peut-être. Un soupire glissa entre les lèvres du Blackney tandis qu’il passa une main dans sa chevelure mouillée, ce qui lui rappelait d’un coup l’état de ses vêtements, et ses cheveux. Un second soupire s’échappa de ses lèvres bien malgré lui, mais un sourire vint tout de même paraître aux paroles d’Isleen. Il lui semblait que son français c’était améliorer, mais il n’était pas bien sur. Peut-être s’était il habitué à l’accent, après tout, Enzo avait grandi avec plusieurs accents, entre le gascons, le bourguignon et le normand, ça améliorait l’oreille. Le jeune homme déposa son regard sur la petite fille. Il se souvint l’avoir rencontrée, quand il avait dormi chez Cooky. Il ne se souvenait plus pourquoi d’ailleurs. Trop ivre sans doute. Mais peu importait maintenant, il buvait moins. Beaucoup moins, depuis sa mésaventure lors de la disparition. Encore ce jour il ne se souvenait plus bien de ce qui s’était passé. Bref, le mariage. Oui, car bon, ils sont là pour ça. S’unir jusqu’à la mort. Aller se pendre de son plein gré. Tout du moins, c’est ce qu'Enzo se répétait. Que c’était la chose à faire. Il voulait défendre son honneur, et forger son identité, à lui. Par ses choix. Et non ceux des autres ou de sa famille. Que les rumeurs courent, que les insultes fausses sur lui volent. Ça n’aurait plus d’importance bientôt. Le lien sacré du mariage sera établi entre Gabrielle et lui. Et plus rien ne pourra venir le déranger.

- « Oui. Témoin. Nortimer sait parfois bien faire les choses paraît-il. »

Et Enzo de voir Gabrielle de s’agenouiller devant lui. Les yeux s’arrondissent un instant, et les joues s’empourprent un peu. Première pensée du Blackney ? Elle ne va pas faire comme dans la cave, ICI, dans la chapelle, devant Elles quand même ! Mais d’être rapidement rassuré quand elle se met à nettoyer ses bottes, après avoir dit qu’elle allait arranger ça. Petit sourire, tendant son pied sans aucune gêne pour qu’elle nettoie bien. Ça avait peut-être du bon, finalement, d’aller vers l’échafaud. Nouveau sourire, penchant la tête pour regarder le travail fait par Gabrielle.

- « Ehm. Pas mal. Pas impeccable, mais ça ira. »

Petit sourire narquois, qu’il perd vite quand elle prend sa main, se hisse et lui murmure à l’oreille avant de s’en aller vers l’Autel. Il aurait pu répondre, mais préfère lui laisser le suspense. Puis, même ce n’était pas le cas, le jeune homme ne comptait pas du tout se désister de la nuit de noce. Pour ça, il lui faudrait qu’il soit terriblement souffrant ou a moitié mort. C’est qu’en plus, avec son soucis d’épaule quand il était – enfin – revenu il n’avait pu partagé sa couche avec Gabrielle – autrement que pour y dormir. Et à 17 ans, il faut bien que la jeunesse se fasse ! Puis, l’avantage avec sa future femme c’est qu’il n’avait pas – ou moins – à calmer des pulsions étrangères. Peut-être était-ce se sentiment qu’il avait qui changeait tout, mais ça n’avait pas d’importance. Et puis de toute manière, malgré quelques améliorations, Enzo restait quelque peu brutal au lit. Bref. Ils étaient attendus, et Elle avançait déjà. Enzo déglutit, jeta un œil incertain à Cooky et Isleen. Devait-il s’avancer maintenant, lui aussi ? Était-ce LE moment ? C’était ce qu’il voulait, après tout… alors c’est d’un pas hésitant qu’Enzo s’engagea dans l’allée à la suite de celle qui deviendra bientôt sa femme.

C’était le moment de sauver l’honneur et d’aller se mettre la corde au cou. En espérant que ça serait assez court pour qu’il ne rumine pas trop de pensée qui s’agitent dans sa tête…Il se mis aux côtés de Gabrielle et attendit la suite de la cérémonie.

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IRL à Québec, le 13 octobre ! Viendez !
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