Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Les aléas - aller à... - d'une brebiesque

Gypsi
*[Allez tiens, prends ce coup d'poignard dans les tripes
Tu verras bien si la vie t'excite... ]


Elle commençait a être heureuse la brebis... la brebiesque, comme l'appelait Nayièl, un doux mélange de brebis et de burlesque. Elle commençait, enfin, à redevenir heureuse. Un voyage... des amis... Le coeur qui fond, à cause d'un mirage bien trop beau, parfaitement imparfait, et pourtant... Elle recommençait enfin à être heureuse. Action, amitié, et l'amour s'en mêlait, lentement, surement, doucement. Elle rayonnait presque, la gitane. Le passé derrière elle, elle avançait enfin, souriant presque à l'avenir.

Mais à trop sourire, on se reprend tout dans les dents. ça fait mal, et les dents, ça se cassent. Bien trop facilement. Et le sourire n'est plus jamais le même ensuite. Un sourire édenté. Un sourire où il manque bien trop de chose. Un sourire moche. Un sourire sur lequel on devait mettre un masque. Pour qu'il parraisse plus beau. Pour que les autres le perçoive comme un vrai sourire. Et le cercle est sans fin... Parce que même les masques finissent par se casser...

Un, deux, trois... soleil. Apprendre en premier lieu la disparition de celle qui comptait le plus à ses yeux, dans la gente féminie... Nayièl. Sa pimprenelle... Une requête, une demande, qui la bouleverse, la gitane. S'occuper de son fils, de Jolan. Nayièl lui demandait à elle, de prendre soin du petit, et de son éducation... Folie. Pure folie. Mais elle avait toujours été folle, cela ne changerait pas. Une mission, que la brune mènerait à bien...
Apprendre ensuite d'autres disparitions. Qui la peine. Sans la faire pleurer pourtant... Des connaissances, des personnes croisés il y avait bien longtemps, quelques jours. Même les étoiles s'éteignaient. D'autres renaissaient... Ou non...

Le coup dur, le plus dur peut être frappa ce soir là. Le 11 Mars 1460. Une missive, puis deux puis trois. Et la brebis perd son identité, un peu plus, à chaque missive. Tout essayer pour le retenir. Quand elle sait pourtant que rien n'y fera.... Tout essayer. Et finir par pleurer. Pleurer d'incapacité. Pleurer de désespoir. Pleurer de honte. Pleurer de haine. Pleurer d'amour... Devoir le regarder disparaître, lui qui avait toujours été là pour elle, lui qui l'avait toujours soutenu, depuis leur première rencontre. Devoir le regarder disparaître, et ne rien pouvoir faire. Impuissance affreuse. Insupportable. Et crever de chagrin. Une seconde fois. Crever de chagrin. Se renfermer sur elle-même. Reformer cette coquille autour d'elle. Changer de masque, en mettre un plus solide. Laisser son coeur se reglacer. Et se promettre cette fois que rien ne le déglacera à nouveau...

La douce chaleur attire, mais finit par tuer plus surement et avec bien plus de douleur que le violent froid, qui ne fait qu'endormir lentement... La glace préserve, le feu tue. Elle venait d'en avoir la preuve... Et elle avait mal. Si mal. Plus mal qu'un coup de poignard dans les tripes... Mais elle ne pouvait rien faire. Le temps comme seul remède, qu'elle savait par avance inefficace... Perdre ses deux seuls repères, les deux seules personnes qui la faisait tenir en vie coup sur coup. Perdre en même temps, une grande amie, par incompréhension, sorte de rancune, et renferment sur elles-mêmes. Perdre son poison par erreur. Perdre... Tout perdre d'un coup. Une seconde fois. Et devoir continuer. Malgré tout. Envers et contre tout. Fichue vie.


* La belle Bleue, Coup de poignard

_________________
Gypsi
... J'ai envie d'aller m'asseoir
Pour raconter à ma feuille la suite de cette histoire...
Pas d'bonnes résolutions pour la nouvelle année
Mais plutôt l'heure d'un bilan pour mieux savoir où aller.
*

Le dernier soir approchait. Elle lui avait écrit, pour le revoir. Se donner une chance de plus de le faire changer d'avis. Mais elle savait l'effort vain. L'angoisse remontait, refluait. La peine restait présente...Trop présente. La nostalgie commençait déjà à prendre place dans la tête et le coeur de la brebis. Il ne lui restait qu'une solution... écrire. Il y avait, finalement, deux personnes qui lui manquaient. Enfin trois, mais à l'une elle n'écrirait plus pendant un certain temps... Fierté, honte, ou déception. Stupidité surement. Principalement. Une autre à qui elle ne saurait quoi écrire. Il ne restait qu'une seule personne. Qu'elle avait appris à apprécier avec le temps. Déjantée, drôle, et fortement attachante quand on la connaissait. Une forte carapace, tout comme elleS, une histoire qui pouvait sembler un peu similaire, du peu qu'elle en connaissait. Un sourire à tout épreuve, une sensibilité profonde - si si, en cherchant bien ! - une folie contagieuse, une beauté qu'elle savait bien utilisé et décrire seule, sans que la gitane aie besoin d'en rajouter.
Elle alla s'asseoir, sortit parchemin, plume et encrier - il était finit le temps où elle se tranchait un peu la main pour n'écrire qu'avec son sang. Trempant la plume dans l'encre bleutée, elle commença lentement... une furtive envie de faire ça... "bien"...



A Andrea dict de la Colombière de Gypsi de
Qu'écrire... Gypsi d'où? Un éclair de lucidité - de vanité? - ou bien de ridicule, elle n'était plus à ça prêt, et la voilà continuant la missive, trouvant que ça sonnait plutôt bien :


A Andrea dict de la Colombière de Gypsi de la cour des MiraGes, en ce 12ème jour du 3ème moi de la 1460ème année après l'auréolé.


Maintenant, il fallait développé le noyau du problème. Transformer la colombe en confidente. Drôle d'idée. La meilleure qui lui soit venue pourtant. Elle ne savait pas ce qu'elle attendait en réponse. Elle n'attendait rien finalement. Simplement lui donner des nouvelles, à celle qu'elle considérait aujourd'hui comme une amie. Elle avait mit du temps a accepter d'accorder ce mot. Elle mettait toujours du temps. De véritables amis, qu'elle nommait elle-même ainsi, elle n'en comptait que très peu. Combien... ? La voilà qui compte sur ses doigts, les mettant tous, rebaissant le doigt quand ceux-ci n'étaient plus que des étoiles... Elle n'en comptait que... 3, plus la colombe quoi. Elle poursuivit, sur un ton qui allait sans doute aller en se dégradant...pour reprendre le ton habituel :



Heureusement que tu laisses un souvenir impérissable, parce qu'un peu plus de silence et on t'oublierais... Remarque, je ne fais guère mieux, donc j'essaie de me rattraper un peu.
J'espère que de ton côté tout va bien. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que oui. Un drôle de gitan à tes côtés. Ta traque est-elle terminée? Bref, donne un peu de tes nouvelles, si tu as deux minutes de ton temps à perdre pour écrire à une pauvre brebis *mot raturé* gitane.

De mon côté... Que de mouvements. Mais la joie, tu as du l'emporter avec toi. Faudrait que tu reviennes quoi. On va sombrer ! Non, non, profite de ton voyage, amuses-toi bien. On devrait survivre quand même.
Des détails donc, parce que j'ignore pourquoi -peut-être parce que je commence à te connaître un peu - mais je t'entends d'ici râler qu'on ne te donne pas de nouvelles... ?!
Alors je m'y jette... Depuis que tu es partie et bien... Avec Fan tu dois être au courant, j'imagine, même si c'est pas le genre à parler bien trop de lui. Mais je ne m'y étends pas. Le barbu... Bin, toujours présent. Tendre et attentif. 'Fin bref, adorable quoi.
*la laisse tirer ses propres conclusion colombienne de ça tient...*Par une envie de mouvement, parce que Montauban, ça va bien un moment, mais faut pas pousser, j'avais des fourmis dans les jambes moi à force, j'ai décidé d'aller rejoindre mon frère... à Montluçon... et ouais, y'a des râtés dans la vie. Pis, Thomus, Stan et Rubein s'étaient donc motivés pour venir avec moi. Si si je t'assure.

Et paf ! imprévu. Comme toujours, mais j'aime ça. Le jumeau de Rubein, un chiant pervers avec qui personnellement j'ai un peu de mal, m'enfin il est marrant à ses dépents quoi... a b'soin du barbu. En procès le jumeau, il est dans la galère, donc il appelle Rubein à la rescousse. Et forcément bah, on change nos plans et on se dirige bien plus au nord... Tu parles ! C'était sans compter un troisième changement de plan... Une dispute entre le castor - Thomus, j'sais pas si tu suis - et la louve, qui fricottait ensemble, j'sais pas si t'étais au courant, mais bref v'là. Les raisons, j'ai que celle du castor. Je te détaillerais ça une autre fois s'tu veux. Sinon ça va faire trop long. Bref dispute. La stan en déprime, le coeur presque brisé... Et le Thomus, mon si cher berger... qui... à toi j'ose l'écrire et le dire... Mon berger qui m'écrit ses adieux, et qui veut mettre fin à ses jours...
Un détour, revenir en arrière pour le revoir, essayer de le faire changer d'avis... Rubein a voulu venir avec moi. J'ai l'impression que j'ai déjà perdu mon berger...

Personne n'arrive a comprendre ce qui munit à lui... Mais je ne peux en vouloir à personne finalement... Je crois que je ne comprend pas moi-même... Juste que c'est simple, c'est beau... que ça n'a pas besoin d'aller plus loin. Juste qu'il fait parti de mon identité. Que s'il vient à disparaître, la moitié de moi s'efface avec lui... Sans berger, pas de brebis... Juste une gitane... Une simple gitane. Comme avant. Personne ne comprend que j'arrive à lui dire "je t'aime" à lui, et non à mes amants. Peut-être suis-je trop étrange en fait. Mais je le lui dis, comme je le dis à mon frère... C'est simple, limpide... Pas de question de durée. Pas de question tout court. C'est tellement plus facile l'amitié... Et pourtant entre un homme et une femme, ça paraît tellement plus compliqué...

Mes péripéties du soir... La tendresse rend jaloux... Rubein est parti ce soir. Et j'ignore le choix de Thomus... Peut-être qu'il ne me dira rien. Ce n'est pas la joie, tu vois. Le groupe du tout départ me manque je crois. J'en deviens nostalgique, t'y crois berdol ?!
Pour terminer sur une note un brin plus gai, j'ai rencontré une sorte de jumelle. Physiquement quelques traits, et dans le caractère, pareil... 'Fin bref, c'était marrant.

Je te laisse sur ce ... roman en fait. J'attend de tes nouvelles. Ou pas, c'est toi qui voit. Je pense m'éclipser quelque temps en fait. Du genre, faire un bout de route en solitaire, pour me retrouver un peu t'vois...

Bonne soirée, et prends soin de toi Colombe.
G.


Une missive. Longue comme un bras. Voir plus. Bien plus. Il était rare qu'elle écrive autant. Sans doute en avait-elle besoin de soir là. Pourquoi elle ? Peut-être parce qu'elle pensait trouver en elle une personne qui ne la jugerait pas de trop. Peut-être parce qu'elle n'y avait pas réfléchit. Elle hésita d'ailleurs plusieurs secondes à l'envoyer... Et puis finalement... Elle n'avait aucune honte à avoir. Ni dans les mots, ni dans les actes. Elle envoya la missive, rangea son nécessaire d'écriture, et alla se perdre dans la nuit. Elle n'arriverait pas à dormir cette nuit-là. Entre angoisse et espoir, attente et tristesse, envie et regret...


* Grand Corps Malade, 1er Janvier 2010

_________________
Gypsi
L'absence n'est qu'une illusion que le corps impose à l'esprit.*

Nouvelle journée. Nouveaux doutes. Nouveaux problèmes. Nouvelles pensées. Réfléchir, chercher une solution. Sans rien laisser paraître de son trouble. Cacher, pour que rien ne se voit. Cacher pour ne pas troubler plus ceux qui l'entourent et qu'elle aime. Mais le besoin de parler se fait sentir. Se fait puissant.

Arrivée tôt ce matin là, dans une ville qu'elle déteste, pour une action qui la fait trembler, rien que d'y penser. Apprendre tant de "dommages colatéraux" provoqué par l'armée. Serrer les dents. Ecrire. Faire des demandes. Pour ne pas perdre de temps. Etre au plus vite dans cette autre ville, où tous trois se retrouveront. Enfin... Etre au plus vite dans cette ville, où les paroles risquent de fuser. Blessantes. Ou tendres. L'espoir d'un espoir, comme l'aurait dit Rubein, s'il avait été encore présent prêt d'elle. Vague souvenir d'une tendresse magnifique qu'il savait lui apporter. De ce barbu qui savait la faire sourire et rire, même quand elle n'avait envie que de pleurer. Vagues souvenirs, épurés. Mais si beaux. Si simples. Un amour tendre... qui n'aura jamais réellement passé le cap de la passion. Un amour tendre. Quelques regrets. La tendresse n'était-elle pas sensée moins l'effrayer que la passion ? Et pourtant... Elle l'aimait trop pour accepter de ne pas l'aimer assez. C'était si dur à comprendre... et pourtant... si limpide de sens. Elle ne souhaitait que son bonheur, à ce hibou, ce chat noir. Si doux, si tendre. Il saurait comblé une femme mieux que quiconque. Sauf elle. Trop... différente.

Quelque chose s'était brisé avec son départ... Quelque chose, en elle, c'était brisé avec ses départs. La glace de son coeur qui explose lorsque son mirage s'efface. Décision inévitable. Et pourtant si douloureuse. Ne rien laisser paraître. Enfin essayer. Comprendre son départ, quand son coeur se resserre, quand son ventre se noue, quand elle n'a plus que ses yeux pour pleurer, que sa bêtise pour regretter. La passion s'évapore... A croire qu'il avait tout emporté avec lui, ce mirage. Un poison... Qu'on ne voit pas, qu'on peut seulement ressentir. Un poison qui ne tue pas. Mais un poison qui reste en nous. Qu'elle ne peut oublier. Un poison qu'elle aime, même si elle n'avait jamais voulu lui dire. Un poison qu'elle ne voulait pas du tout oublier. Pour rien au monde. Avec son départ, il avait emporté sa passion. Sa flamme. Mais elle ne dirait rien. C'était à peine si elle osait lui écrire. Peur de lui faire espérer quelque chose que ces temps-ci elle n'était pas capable de donner. Lui qui lui demandait au moins son amitié... Simple, et touchant. Mais elle n'en était pas capable...

Avec son départ à lui, le barbu, elle avait perdu la tendresse. La tendresse qui l'habitait. Elle avait perdu un soutien. Elle l'avait aimé, même s'il pensait le contraire. Peut-être pas comme il l'avait espéré. Un amour peut-être trop éphémère. Avec son départ elle avait perdu ses surnoms. Mais grâce à lui, elle avait appris bien des choses. Un amour qui fait grandir. Un amant qui apprend. Apprendre à ne plus être indécise. Apprendre à dire, vraiment, les choses. Avec son départ, elle n'était plus sure d'y parvenir encore vraiment. Les leçons n'en étaient encore qu'au début.

Avec leurs absences à elles, elle avait perdu beaucoup de chose. Elle avait perdu beaucoup d'elle-même. Elles les avaient déçues, sans doute, ses Furies. Celles qui avaient sû se faire une place peu à peu dans son coeur de glace s'éloignaient. Ou était-ce elle qui s'éloignait d'elle-même? Incompréhension, manque de parole, de communication... Doute, esquisse de jalousie mentionnée... Idée rejettée et qu'elle pensait pourtant possible. Qui croire ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Avec leur absence elle avait perdu sa légèreté, et sa confiance en elle.
Et elle... sa pimprenelle... Une disparition à lui en déchirer le coeur, à lui fendre l'âme. Une disparition, qui aurait pu la tuer, si la plus grande amie qu'elle n'avait jamais eu ne lui avait pas confié une mission, ne lui avait pas donné quelque chose qui la fasse avancer. Encore. Toujours. Un enfant... Jolan... La Bourgogne. Bientôt. Avec sa disparition, elle avait perdu le sens de la vie. La mort n'est qu'un passage. Folie. Femme qui devient parfaitement insensée. Encore un peu plus...

Affronter le Diable, avec lui. Elle était prête à le faire aujourd'hui. A trop perdre, on ne risque plus grand chose. Tenter le Diable. Foncer dans le tas. Quitte à faire parti des dommages colatéraux. Ils allaient essayer si sa missive restait sans réponse. Pour arriver plus vite dans cette ville où tout allait se décider. Où tout allait se jouer... Avec lui, elle pouvait bien tout affronter. Même loin de lui, tant qu'elle le savait en vie, tant qu'elle le pensait heureux. Tant qu'il était là, quelque part, n'importe où, proche ou lointain. Qu'importe. Tant qu'il était là. Elle n'en demandait pas plus. Elle n'en avait jamais demandé plus.

Cette missive... La peur qui lui avait tordu le ventre en la lisant. Les larmes qui avaient ravagé son visage en lisant, ses mains tremblantes, incapables de faire la moindre chose, sa voix éteinte incapable d'hurler sa douleur, sa peine, sa peur. Tout, à cette lecture l'avait poussé à aller le retrouver. Pour l'empêcher. Parce que s'il venait à disparaître, elle serait perdue. A tous les niveaux. Tout faire pour le retenir. Elle aurait aimé lui dire tellement de choses... Face à lui, ses yeux criaient les mots qui refusaient de sortir comme elle le voulait. Qui sortait d'une façon plus banal, qui sortait plus fade. Ses yeux criaient :
Où tu veux, j'irai où tu voudras. Je te suivrai partout même dans les étoiles... Je veux juste que tu saches que vivre sans toi m'est impossible. Alors je t'en supplie, ne meurs plus, parce que sinon moi je vais mourir pour de bon... Parce que la vie sans toi n'a pas de goût, pas de sens. Parce que sans tes yeux je suis aveugle. Sans tes mots je me perds...
Véritable guide, véritable soutien. Elle l'aimait. Sincèrement. D'un amour pur, différent. Trop différent peut-être. Elle l'aimait, et cette fois encore, peut-être pas comme il faudrait. Peut-être pas comme on l'attendrait.

Le retenir, réussir. Par quel tour ? Par quelle magie ? Rester emplie de doute. Eux c'est beau. Eux, c'est simple. Presque naturel. Tendre. La tendresse... Eux c'est liberté. Eux c'est jalousie. Eux c'est folie. Eux c'est espoir. Mais, elle sait la gitane. Elle doute surtout. Elle doute d'elle-même. Elle sait bien trop de chose. Elle sait qu'elle va la revoir. Son coeur devrait se gonfler à cette idée, une soeur... Qu'elle avait tant voulu, qu'elle avait tant réclamé... C'est la crainte qui domine pourtant. Prévoir. Arriver là-bas. Lui parler, à elle. Et puis... Tout se préparait dans sa tête. Tout prenait place. Il fallait seulement qu'il n'y ai pas d'imprévu. Pas de problème. Elle espérait. Elle se contentait d'espérer. Elle verrait.
Oui, son berger elle aurait pu le suivre n'importe où. Parce qu'elle l'aimait, de cet amour différent, qui semble pouvoir tout faire, qui semble pouvoir faire faire n'importe quoi. Et c'est parce qu'elle les aimait tous les deux qu'elle agirait ainsi.

Un problème après l'autre. Elle avançait. Le retenait, profitait. Tant de chose l'attendait encore... La Bourgogne et Jolan. Montluçon et son frère. Le Nord et... une jumelle étrange. Castillon et son coeur qui penchait dangereusement, ses amis, son poison... L'Italie et sa poulette... Un ordre se dessinait lentement dans sa tête. Qu'elle ne respecterait pas. Etrangeté d'une gitane qui prévoit à défaut, mais vit au jour le jour.

Secouer la tête, sortir de ses pensées, déambuler hors de la ville, à la recherche d'un point d'eau. Le trouver, et sous la chaleur d'un soleil printannier revenant, se dénuder, se glisser dans l'eau froide. Souffle coupé, les yeux se ferment. La respiration est haletante. Nager pour se réchauffer un moment. Finir par se laisser flotter sur le dos, bras écarté, visage tourné vers le ciel, les yeux fermés toujours. Et sentir le monde par le corps. Trouver un apaisement dans l'eau qu'elle avait si longuement craint. Un apaisement. Grâce à lui... Esquisse de sourire, beauté des souvenirs qui déferlent. Qui la font sourire. Avant que les doutes ne l'assaillent à nouveau. Et plonger, entièrement sous l'eau. Les yeux toujours fermés. Dans une bulle. Une bulle d'eau. Un silence totale, voluptueux. Merveilleux. Le silence, le noir, la douceur de l'eau froide sur sa peau. Le vide. Un peu de répis.


* Pierre Bottero : Ellana

_________________
Gypsi
La vie comme les rêves conduit souvent à une impasse.*

Le temps passait. Le temps filait. Inlassablement. Sans attendre. Sans l'attendre. Le compagnon de sa défunte soeur disait souvent : "Le temps n'est jamais à l'heure, on lui court après ou on l'attend, c'est pour ça qu'on se dispute sans arrêt !" Il avait tant raison ce fou. La brune, elle n'attendait pas. Meval lui avait écrit un jour qu'attendre c'était perdre son temps. Elle devait avouer qu'elle avait raison, la belle blonde. Elle ne courrait pas après non plus. Force était de constater que la gitane courrait devant. A trop vouloir tout bien faire, elle en perdait sa vie au présent. Sa vie au jour le jour. La vie qu'elle présumait tant avoir et tant vouloir.

Elle courait sans attendre. Prenant les décisions plus rapidement maintenant. Quitte à prendre les mauvaises. Elle avançait. A reculons peut-être... Mais elle avançait. Les pages, elle essayait de les tourner. Les lycans au loin... Aucune nouvelle. Comme si elle avait commis un crime impardonnable. Alors qu'il n'en était rien. Son poison au loin, qui lui manquait tant. Et pourtant... Son présent quel était-il ? Un enfant orphelin qui l'attendait en Bourgogne quand elle ne se sentait pas la force de l'éduquer correctement... Son frère en Bourdonnais-Auvergne qui attendait depuis plusieurs mois qu'elle daigne venir l'aider à déménager. Un berger entre la vie et la mort, hésitant toujours, amoureux de sa sulfureuse, en colère, triste vivant peut-être ce qu'il avait vécu. Elle ne savait pas. Elle ne savait plus.

Elle était simplement seule, avec sa poule. Retrouvant sa solitude, les chemins sans fin, le vent dans les cheveux murmurant des réponses énigmatiques à ses questions existentiellement paradoxales. Un retour en arrière. La parenthèse qui se referme. Le mirage de bonheur qui disparaît. Incroyable. A première vue déprimant. Mais pas tant. Elle y était habituée, la brune. Gitane solitaire. Sa définition, son identité même restait dans le paradoxale. Elle était un paradoxe ambulant.

Comme tout le monde, elle avait des choses à se reprocher, mais souvent pas ce qu'on lui reprochait justement. Coupable innocente ou innocente coupable. Le paradoxe restait là. Entier. Complet. Une page se tournait. Si les Furies ne pouvaient la pardonner, elle le comprenait bien que... Un soupir s'échappe de ses lèvres venant interrompre le cours de ses pensées. Trop d'espoir tue l'espoir. Elle avait suffisamment espérer à tort. Elle ne voulait plus recommencer. Elles lui manquaient toutes les deux, le groupe lui manquait. Elle aurait aimé leur écrire. Plusieurs brouillons avait brûlé dans le feu résistant d'une cheminée. Q'écrire quand elle ne se sentait pas coupable. Sans hyprocrisie elle ne pouvait leur demander pardon.

A force d'essayer de leur écrire, c'est à lui qu'elle finit par écrire. Dérive sentimentale. Pour lui demander pardon, à sa façon, à lui. Ecrire... cela faisait longtemps. Ecrire avant de poursuivre sa route. Quitter Millau, la ville où tout avait commencé une vingtaine d'année plus tôt. La ville où les beaux souvenirs se mêlaient aux moins beaux. LA ville. Quitter cette ville, quitter ce lac, qui lui avait fait pensé à lui - à croire qu'elle ne pourrait plus voir une étendue d'eau sans penser à lui, rageant non?! oui je trouve aussi - pour rejoindre sa ville, rejoindre son poulet préféré, et sa blonde. Essayer de retrouver le sourire, couper sa solitude, et aller compter les nids de poules, prêt de celle qu'elle savait amie, sans jugement, sans attente véritable. Celle qui comprenait ses départs imprévus, qui l'acceptait telle qu'elle était.



A toi, mirage ou poison...

Il y a peu on m'a dit que je devais cesser d'être indécise, prendre des décisions rapidement, quitte à ce qu'elles ne soient pas bonnes, et dire ce que je pensais et voulais vraiment.
[...]


Pigeon envoyé avant que de trop réfléchir. Et s'éloigner de Millau, en se dirigeant vers sa ville. Et tout en marchant à grands pas, réfléchir à grands traits en s'éloignant sur les chemins.

* Pierre Bottero (on ne change pas les bonne vieille habitudes)

_________________
Gypsi
Le vent l'emportera

Quand les réponses n'arrivent, la gitane doute. Quand la gitane doute, elle s'isole. Et quand elle s'isole, elle devient râleuse. Quand elle devient râleuse, elle reste avec la seule compagne qui la supporte : sa solitude. Quand elle reste avec sa solitude, elle repart sur les chemins. Quand elle repart sur les chemins, seule, elle redevient elle-même. Fille du vent. Fille de rien. Gitane solitaire.

Plus qu'un seul pigeon. A force de ne pas répondre, les réserves s'amenuisent. Un pigeon, et sa poule. Mais elle ne semble guère motivée pour pondre ses oeufs sur les chemins sans son garde du corps de brebis. Un pigeon. Et tant de personne à qui écrire... Son frère qui doit toujours l'attendre pour déménager. Son Zorro, qui est le rare ami qui prend des ses nouvelles, quand elle n'en donne jamais. Sa garce dont les nouvelles, les coups de gueule et les fou-rires lui manquent depuis plusieurs jours. L'ours, pour lui écrire que la vie n'a pas de prix, son grippe-sous pour s'excuser de son lapin, son blond préféré pour le revoir simplement, ou encore la troupe, pour les prévenir qu'un blond, fou, est déterminé à les sortir de là. Pourtant aucun de ces visages ne prend place dans sa tête de gitane lorsqu'elle regarde pensivement son dernier pigeon.

L'heure du départ a sonner. Après un quiproco avec un blond étrange, qu'elle surnomera à vie sans doute : "on", elle rejoint sa soeur de coeur, et son berger, pour planifier ce départ. Fourmis dans les jambes, elle ne tient plus en place. Uzès, ou attendre vainement des mots - qu'importe les mots - qui ne viendront jamais. Doute, déception. S"effacer, prendre la route, pour tenter d'oublier. Oublier l'inoubliable. La victoire risquait de ne pas être au rendez-vous...

Craquer. Complétement. Comme toujours avec lui. Comme toujours pour lui. Habituellement sans le montrer, restant dans la mesure, feignant le contrôle, ou l'indifférence, au choix. Craquer, et ne pas résister. Sortir sa plume, et écrire. FIN.. Un mot qui fait mal. Un mot qui résonne faux. Mais que faire d'autre? Qu'écrire d'autre ? Partir, et annoncer un changement de direction dès le début. Ce n'est plus la peine de faire le chemin pour le rejoindre. Il faut se convaincre que le mot qui sonne faux, sonne juste. Toujours aussi étrange la brebis. C'est ce qui fait son charme, il paraît.

Ecrire, attacher la missive à la patte du pigeon survivant et l'envoyer... se faire bouffer. Un sacrifice, qu'elle tenait à faire. Se convaincre elle-même, c'est ce qu'il fallait. Et, avoir hâte de prendre la route, de partir, pour tenter de penser à autre chose, pour ne plus attendre. Pour que l'inanité cesse.

FIN.

Préparer sa besace, et chanter pour s'apaiser, à sa façon. Le retour d'ancienne méthode...

Je n'ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu'on y goûte
Des méandres au creux des reins
Et tout ira bien
Le vent nous portera

Elle y avait cru. Un instant. Un instant trop tard. Un instant de trop. Jamais à l'heure, toujours en retard la gitane. Elle ratait tant d'événements importants. Elle râtait tant de personnes exceptionnelles.

Elle aurait voulu lui dire... Lui dire ce qui n'arrivait pas à sortir. Ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle. Mais... L'écrire, le dire. C'était trop. Trop de mauvais souvenirs. Dire, c'est si facile. Ne lui avait-on pas répéter sans cesse dernièrement : "les actes, Gypsi, les actes !". Oui mais... ses actes... ils ne disaient pas ce qu'elle voulait qu'ils disent. Elle voulait faire comprendre qu'elle avait peur. Elle montrait de l'indifférence et du libertinage ?! Elle voulait... Elle voulait trop. Pour ce qu'elle pouvait avoir. Alors, elle aurait voulu lui écrire... Mais quoi ? que lui dire à part ce mot de fin ? La chanson continue, emmenant les paroles qu'il lui manquait, celles qu'elle aurait du écrire, dire... :
Pendant que la marée monte
Et que chacun refait ses comptes
J'emmène au creux de mon ombre
Des poussières de toi
Le vent l'emportera
Tout disparaitra...


L'espoir d'un espoir*

Une missive. Une réponse. Une remontrance. Un "je t'aime'" qui sonne presque creux. Qu'importe. A croire qu'elle n'aime pas son pigeon. A croire qu'elle ne connait plus aucune règle de séduction. Elle répond. Essayant à nouveau de mettre son coeur à nu, en détour, en tournant. Saurait-il comprendre le sens de ses mots cette fois ? Mangerait-il le pigeon à nouveau? Son pauvre survivant... Porter son espoir sur un pigeon... Au bout du rouleau la gitane ? Presque à ce moment là, oui.
La bêtise humaine? La bêtise de l'amour ? Etait-ce cela qui redonnait sans cesse espoir, qui faisait croire en la vie, en la possibilité d'un bonheur, quand tout semblait si compliqué et perdu d'avance ? Elle aurait voulu fuir, partir en courrant, disparaître. La raison de la brebis avait ses raisons que son coeur ignorait souvent. Mais quelque chose la retenait. L'empêchait de partir ainsi. Il fallait qu'elle le retrouve. Comme bien du monde, le coeur a ses raisons que la raison ne connait pas... **.
Un espoir, un rêve...

Le vent nous portera, Noir Désir
*Rubein
** Pascal

_________________
Gypsi
Car l'amour a ses horizons que les poisons ignorent...*

Mais répond berdol ! répond-moi, je t'en prie !
Elle grommelle, elle gémit la gitane. Ce que l'amour peut transformer une femme. Ce que l'amour lui faisait faire. Comme l'amour la métamorphosait. Mais pas en tout point. Elle grognait toujours autant. Elle était toujours aussi impatiente. Impatiente, c'était bien le mot qui la qualifiait. Elle s'énervait, à attendre dans cette misérable ville Languedocienne - même pas "sa" ville" - elle attendait à regarder le ciel en permanence, espérant l'arrivée d'un pigeon.

Il est si débile que ça pour ne pas comprendre mes questions implicites ?! 'Tain, mais aimer un vaurien aussi, faut vraiment être stupide !
Et la gitane de donner un grand coup de pied dans une grosse caillasse qui trainait devant elle. Serrant les dents, allant jusqu'à se mordre la lèvre, elle retint un cri, un gémissement, un gromellement. Elle retint la colère qui devrait pourtant sortir. Désillusions. On pleure parfois les désillusions avec autant de tristesse que les morts. Elle n'avait pas envie de pleurer. La douleur était trop forte. Elle avait tout détruit, comme toujours ? Les plus grandes douleurs sont muettes. Rien ne montre que l'on souffre.

Alors au lieu de montre sa douleur, elle gueule sa colère. Se détruire physiquement, pour oublier. Oublier sa faute ? Oublier sa bêtise ? Oublier son ignorance. Elle ressort le sac de toile. Elle le remplit à nouveau de terre, de sable, de terre-sâbleuse, pensant brièvement à sa jumelle brune, partie bien loin de là. Elle le remplit, elle l'accroche, et sans prendre le temps de faire ce qui aurait pu rendre la chose comique, et à laquelle toutes deux avaient pensé longtemps auparavant, sans prendre la peine de se bander les mains de tissu, comme elle avait promis de le faire, elle se remit à taper, de ses poings le sac suspendu.

Elle cogna jusqu'à ne plus sentir ses mains, jusqu'à ne plus sentir ses bras, jusqu'à ne plus tenir debout, jusqu'à s'écrouler sur le sol. Elle cogna jusqu'à pleurer de fatigue. Et elle se souvint. Elle se souvint que le choix qu'elle avait du faire l'avait mise dans le même état. Elle se souvint que le barbu, Lui, avait été présent. Et elle regretta presque de l'avoir laissé partir. Peut-être aurait-elle du le retenir. Il aurait été là, il l'aurait empêcher de se détruire. D'abîmer les mains qui ne devraient prodiguer que douceur. Ce que les hommes pouvaient être misogyne parfois. Elle serra les dents, en contemplant ses mains en sang, de toute part, en faisant bouger infiniment ses poignets douloureux. Elle fouilla dans sa besace, et les banda, sans grande douceur, cherchant à se faire mal, plus qu'à se faire du bien. La colère ne la quittait pas.


Faut-il écrire le mot FIN pour qu'il réponde ? Ni y'a-t-il plus que cela qui l'intéresse ?

Elle prenait conscience de ce qu'était l'ignorance. De ce qu'elle leur avait fait subir à tous deux. Et elle se rendait compte de sa vacherie. Pour une brebis, c'est un comble. Elle n'avait pas pensé, elle n'avait pas imaginé. Elle les avait souffrir, tous deux. Elle comprenait maintenant. Et elle s'en voulait. Elle lui en voulait aussi. Elle ne démordrait pas. Ils lui manquaient. Elle prit alors sa décision. Dans la colère. S'il devait rejoindre un certain groupe, la colombe et lui, elle savait où ils allaient se rendre. Fuite. Sans risque pour eux. Sauf pour lui peut-être. Elle s'y rendrait. Elle était déjà en route. Pas pour la même ville. Mais il fallait prendre des décisions. Aujourd'hui elle en prenait une. Elle partirait ce soir, quitte à ne rien manger pendant une semaine.

Quoi qu'il m'en coûte, je te retrouverais, et mon pauvre, tu te souviendras de moi... Par la baffe monumentale que tu prendras ce jour-là !

Parole lâchée au vent. Promesse. Conviction. Elle savait qu'elle le ferait. Plus têtue qu'une mule, et pour lui enlever une idée de la tête, il fallait y aller à coup de... Non, à coup de rien, c'était purement impossible. Elle quitterait donc sa Reyne et son Berger ce soir, sans leur dire, laissant une brève missive posé sur leur "lit". Ils avaient besoin de faire une pause, après le brigandage subit. Elle, bien qu'elle n'ai plus rien, et rien n'avaler de consistant qu'une unique miche de pain en trois jours, avait une autre faim. Celle d'une claque à donner. Elle ne s'écroulerait qu'après. Décision prise, elle se releva, sans prendre la peine de se dépoussiéré. Dans cette ville, les gens n'aimaient pas les "sales", aussi serait-elle tranquille. C'est ce qu'elle voulait. Elle détacha le sac de toile, le vida, le plia, comme le pouvait, au vue de ses mains, et le renfouit dans sa besace. Elle gardait toujours son engin de torture personnelle. Ses mains en avaient pour plusieurs avant de guérir. Et la baffe serait peut-être encore ensanglantée. Mais qu'importe. Besace prête, elle la posa sur son épaule, laissant sa cape miteuse, trouée, ensanglantée, sale au possible, et sans aucun charme, puant le cheval peut-être même - mais ne lui dites surtout pas cela - et partit en direction d'une baffe.

L'amour a ses horizons que les poisons ignorent.* Elle était poison. C'est ainsi qu'il l'appelait. Se rendait-elle compte que les horizons amouresques n'étaient pas pour elle ? Pas à ce moment là précisemment, ou la colère dominait. Oh, douce colère qui nous protège de la violente vérité. De la brute réalité.


* Grand Corps malade : Roméo kiffe Juliette.
Maupassant, Une vie
Gypsi
Tout n'est surement qu'une question de fatalité

Fatalité. Oh, le grand mot. La fatalité est-elle nécessairement fatale ? Ou, ... Nous plonge-t-elle dans une position ... alité ? Fatale alité. Alité fatale. Fatalité. Il est possible de concevoir que la brune pense à des choses bien étranges en étant légèrement - très légèrement, comme toujours toi qui la connaît si bien - pompette. Saoûl. Bourrée. Ronde. Comme un ovale. Pensant aussi bien qu'un ovale ressemble à un rond mal fait. Tout cela est bien beau, mais ... Où va-t-on ?

Allons à... Aller à ... Un aléa, deux aléas, trois... Et un alinéa. Retour à la ligne ? Non, pas encore.
Elle pourrait presque jouer à la marelle. Lancer la pierre et voir. Elle lançait la pierre. Disons qu'elle disait une annerie. Ecrivait une déclaration. Plus souvent de guerre que d'amour d'ailleurs. Ou déclaration d'adieu, de ridicule, de vanité, de... Bref. Action qui engendrait une prise de décision. Les mots lâchés comme on lance une pierre en jouant à la marelle. Parfois on râtait son coup. On visait mal. Mais quoi qu'il en soit, il fallait toujours agir. Et sautiller pour aller récupérer le dit caillou. Et on ne parle pas du crâne d'un chauve.

Elle était bloquée à la troisième case de la marelle pour le moment la gitane. Bloquée. Peut-être aussi pour cela que la narration de son état semble tout aussi bloquée. On tourne en rond ? Presque. Ou en ovale quoi. Vous avez compris. Elle tournait en rond donc la gitane. Autour de la ville qu'elle était sensée rejoindre. Avec ses deux compagnons de route. Les meilleurs, les plus sublimes. Ceux qu'elle aimait le plus. Avec qui elle riait le plus. Bref, ils tournaient en rond donc autour de la ville qu'elle devait rejoindre et où ils l'accompagnaient gentillement. A comprendre qu'il n'avait pas encore mis les pieds dans ladite ville. Mais elle savait... intuition féminine surement... qu'il n'y était pas encore. Renseignement fragmentaire ? Certes. Mais elle préférait tourner en rond autour de la ville, que de tourner en rond dans la ville. Disons que tout est dans le diamètre du cercle.

Bref, à trop tourner en rond, ses pensées finissent par tourner en rond. Remarquer, si elles tournaient en carré ça ferait encore plus de mal. Rond, comme le haut d'une choppe de bière, rond comme le cercle d'un tonneaux de bières. Rond. La plus belle des formes géométriques. Sauf que... Quand elle était ronde, elle dessinait plus des ovales que des ronds. Comment ça elle dessine pas quand elle est ronde ? Ah ouais, pas faux, elle chante, maintenant que vous le dites. Il aurait peut-être mieux vallut qu'elle dessine à bien y réfléchir finalement. Dommage pour vous.

Quand elle tourne trop en rond, ses pensées tournent en ovale elles aussi. Et quand ses pensées tournent en ovales, sa tête lui tourne. Et quand sa tête lui tourne, elle s'asseoit, pour réfléchir. Et quand elle réfléchit, elle repense à ses pensées ovalesques. Et donc la boucle est bouclée. C'est fou comme le monde est rond... euh tourne rond. Ou les deux ? Elle ne sait plus très bien. Bref, toujours est-il qu'elle s'asseoit pour réfléchir donc. Et revoilà ses pensées. Et dans le genre philosophique, on fait difficilement mieux...


Est-ce qu'il va venir ? Est-ce que je vais vraiment lui foutre une claque ? Comment je vais réagir ? Mais, est-ce qu'il va me poser un lapin... ?La réponse de sa Reyne résonne dans sa tête à ce moment-là, et un sourire étire les lèvres de la gitane - en ayant un peu, et pour rester dans la logique géométrique, ça ferait une sorte de triangle, voyez ?!
Il a pas intérêt, sinon c'est moi qui le lapine !Parce que oui, en jeu de mot sublissime elles sont imbattables.Et la belle de reprendre ses pensées qui tournent plus rond pour le coup.
Elle veut le rencontrer mais... Comment elle va réagir quand elle saura ? ... Et... si elle veut se venger, j'irai avec elle, même si... mais... c'est décidé, je la quitte plus, je les quitte plus... Mais...lui comment il va réagir ? Il va me tuer sur place p't'être, ce sera régler *hiiiiips* Un hoquet qui la fait sortir momentanément de ses pensées. Faut dire que ce n'est pas très difficile dans son état... Mais les bougresses, elles reviennent vite à la charge. Pas le temps de souffler qu'on est déjà assaillit de nouveau.
Tu crois qu'j'suis amoureuse ?
*Est-ce qu'on est maître de devenir ou de ne pas devenir amoureux? Et quand on l'est, est-ce qu'on est maître d'agir comme si on ne l'était pas ?
Silence de la 3G. Fallait dire qu'elle se posait une colle là. Et que la colle allait se poursuivre. Elle allait s'engluer. Et ne pourrait plus tourner en rond physiquement. Quelle tristesse suprême ! Pire que le supplice de Tantale pour un peu. Condamnée à rester immobile, et à tourner sans cesse les mêmes questions dans sa tête de linottes, sans trouver jamais de réponses convenables. Le CAUCHEMAR !
*Puis-je n'être pas moi ? Et étant moi, puis-je faire autrement que moi ?Puis-je être moi et un autre ? Elle vous en boucherait presque un coin avec ses ronds la brune. Si c'est pas un comble ça. Faut dire que bourrée, elle peut devenir intéressante. Quand sobre elle peut parraître simplement chiante. Mais là, ce n'était plus être saoûl, c'était au-delà.

Elle se releva, titubante légèrement. Et partit vers la place du marché en beuglant - si si, c'est bien le terme - un éloge paradoxal de l'alcool, arguant qu'on ne pouvait pas mentir en étant ivre, que l'ivresse permettait de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, qu'elle nous faisait vivre des moments de vraie vie, où l'on ne se posait pas de question - comment ça son comportement montre tout l'inverse ? Elle est un paradoxe sur patte, pour cela - que l'alcool rendait les gens plus heureux, augmentait les traits de caractère de sorte à ce qu'on connaisse véritablement les personnes telles qu'elles étaient réellement, qu'elle nous faisait sentir le bateau sous nos pieds, et que c'était bien parce que la vie nous menait en bateau, qu'on voyait tout en triple, mais que tout est si beau que ça vallait vraiment la peine. Bref, vous voyez, on pourrait en écrire encore pendant des pages et des pages, pour ne rien dire d'intéressant. Mais la brune poursuit sa lancée.


SulfurA
*Diderot Jacques le Fataliste et son Maître
Gypsi
*Vivre, c'est espérer... et attendre

Attendre. Un mot qu'elle n'aimait pas entendre, encore moins prononcé. Attendre. Un acte qu'elle haïssait. Qu'elle ne faisait jamais. Elle partait toujours, avant d'attendre. Elle partait à la découverte d'autres lieux, d'autres personnes, elle partait vers d'autres horizons, d'autres rencontres. Elle laissait de côté cette "attente" si caractéristique de la vie humaine, et s'en allait loin.

Car attendre... Tous les hommes attendaient pourtant. Des choses si différente. Mais le résultat était semblable. Tous, tous attendaient. Elle non. Du moins le pensait-elle. En réalité elle attendait beaucoup de choses. Elle attendait que le vent souffle pour lui montrer la direction. Elle attendait de renaître, de revivre. Ou peut-être attendait-elle seulement la mort. Elle attendait de croiser un "je ne sais quoi" qui aurait pu la faire rester quelque part. Elle attendait de sentir son coeur rebattre. Elle attendait de ressentir à nouveau des sentiments étonnants. Elle attendait... Elle attendait un miracle. Elle attendait des retrouvailles impossibles.

Elle attendait comme tous. Sans s'en rendre compte, se convaincant du contraire, se moquant des gens qui attendent. Car se mentir à soi-même est chose facile. Se mentir à soi-même peut parfois protéger. Souvent dans son cas... Ces temps-ci pourtant. Elle attendait, et se haïssait elle-même de sa faiblesse. Elle savait qu'elle attendait. Elle L'attendait Lui. Le dingo comme l'avait resurnommé la Reyne. Elle attendait une réponse, elle attendait de savoir où cela la mènerait. Elle attendait de Le voir et de voir. Ils s'étaient trouvés... elle l'avait perdu, le laissant partir. Et quand elle le voulait prêt d'elle à présent, se rendant compte de son erreur, elle ne le retrouvait pas. Incapable de le croiser, de le revoir. Rester dans son coin à attendre des réponses, qui ne viendraient pas.

Observer. Voir la souffrance muette de sa Reyne. Se détester. Vouloir être là pour elle. Se voir en elle. Analogie. Se voir, à l'envers... Comme dans un miroir. S'inquiéter. La savoir "souffrante". La savoir dans le doute. Et ne pas savoir quoi faire pour l'aider. Se détester, les détester de lui avoir fait subir cela. Voyait-il à quel point elle l'aimait ? A quel point elle allait mal ? Voyait-il qu'elle cachait sa souffrance pour le protéger lui, sans doute ? Qu'elle aurait tant de mal à s'en remettre ? Qu'elle ne pardonnerait pas ? La gitane s'inquiétait pour elle. Sans savoir quoi faire. Rester là, prêt d'elle, ce qu'elle aurait dû faire depuis si longtemps. Rester prêt d'elle, pour essayer de l'aider, de la soutenir, à sa manière. Lui faire une promesse. Qu'elle tiendra. Une façon de se rattraper peut-être. Une façon de se faire pardonner sa faute... Pardonner à elle-même, pas à sa Reyne. Car la Reyne ne pardonnera pas. Rester prêt d'elle, tant qu'elle en aura besoin, ou jusqu'à ce qu'elle se venge. Mais ne plus la quitter...

Attendre, et voir.

Et espérer... Car l'espoir fait vivre, et le rêve permet l'espoir. Et qu'au fond, même si elle dit survivre, même si... Elle rêve, elle espère, et elle vit... Elle attend. Elle l'attend, et elle espère. Trop sûrement. Mais la claque de la réalité saurait aisément la ramener à elle-même.


Montre-toi... ! Je n'veux plus jouer au chat et à la souris...

*Etienne de Senancour
Gypsi
Ambiguïté. Entre calme et inquiétude.

Quand elle avait prit l'habitude de mener sa vie comme elle l'entendait, quand elle avait toujours décidé du lieu où ses pas la mènerait, durant toute cette période elle se pensait libre. Libre car... sans contrainte ? Sans contrainte car... seule. Aujourd'hui elle comprenait.

Quand ses pas suivaient ceux d'autres, quand sa vie la menait par le bout du nez, l'emmenant dans des lieux, dans des sensations, des sentiments étranges, quand sa vie lui jouait des tours, la faisait trembler d'attente, elle comprenait enfin. Elle comprenait que la solitude était un poids. Qu'il fallait savoir se satisfaire de soi-même, mais que l'existence se conjugue bien mieux à plusieurs. Elle comprenait que les autres n'étaient pas source de contraintes. Au contraire. Ils étaient source d'obligation. Obligation. Une connotation totalement différente.

Obligation. Contrainte que l'on s'impose à soi-même pour les autres. Contraintes : obligation imposer par les autres à soi. Tout est dans l'inversion.

Une missive. L'annonce d'un départ. Mauvaise nouvelle. Celle du départ comme celle de la raison de ce départ. Inquiétude. Pour eux surtout. Déception d'apprendre son départ quand les retrouvailles n'ont pas véritablement eu lieu. Et finalement la rencontre a lieu. Parler, avouer. Comment ? A sa façon. Pourquoi ? Parce qu'on avait su la convaincre du bien fondé de cette entreprise. Quoi ? La seule chose qu'elle puisse avouer. Lui avouer. Vous aimeriez savoir ? Vous ne saurez rien.

Etrangement, lui avoir promis d'être là pour elle tant qu'elle en aurait besoin. Voir que c'est l'inverse, comme toujours avec elle. Trop généreuse, qui souffre trop en silence et s'efface derrière les autres, préférant les aider que d'être aider. Devoir parler. Sentir qu'une séparation approche. Pas avec sa Reyne. Une promesse est une promesse. Une séparation, peut-être... A moins qu'une discussion ne les emporte tous sur le même chemin. Affaire à suivre.
Gypsi
Je fais rien que des bêtises quand t'es pas là.*

Etrangeté. Ne changera-t-elle jamais ?

Prendre la route avec son duo préféré, persuadé qu'il va les rejoindre, eux là-bas au loin, puisqu'elle a peu de nouvelles... et en donne peu aussi. Alors prendre la route avec eux. Discuter, en avançant. Avec l'un sans l'autre. Avec l'autre sans l'un. Trouble. Les aimer tant tous deux. Peut-être trop. Parler, être dans le trouble et...

Ne changera-t-elle jamais ?

Faire une bêtise ? Le considérait-elle vraiment comme une bêtise ? A vrai dire non. Son poison était là, présent, et sa seule présence la rendait heureuse. Non niaiserie. Accepté le mot couple était une chose, devenir aussi niaise que d'autres en étant une autre. Il était là. Elle le savait. Couple effacé ? Couple miroitant. Couple cache-cache. Quand l'un était là c'était l'autre qui ne l'était pas. Et inversement. Marrant en soit. Facile à vivre. Au début. L'un comme l'autre craquerait surement ensuite. Ou non. Enfin surtout elle ?

Ne changera-t-elle jamais ?

Sans doute que non. Elle, elle aime la passion. La vie, les surprises, les folies. L'action. En tout cas avec lui. Elle ne saurait se repaître vraiment d'autre chose. Alors quand il est là, mais qu'elle ne sent qu'une vague présence, quand il est là mais qu'elle part pour les suivre, et qu'il reste, manque de communication, quand elle se retrouve seule sans sentir sa présence, son souffle derrière elle, ou le bruit de ses pas, elle fait des bêtises. Il paraît... Elle hésite. Est-ce une bêtise... ou non ? Surement. Le trouble à nouveau s'accentuera. Pour combien de temps ?

Elle fait des bêtises. Elle est sure que c'est ce qu'ils lui diront tous. Elle lui a écrit. Pas à son poison, non. A lui. Le barbu. Le seul barbu capable de lui plaire en soit. La réponse ne tarde pas. Esquisse de sourire, avant le trouble.




Citation:
[...]
J'aime à pensé que j'ai la franchise de dire que ta présence me manque, ainsi que ton tirage de barbe mais on ne choisie et contrôle pas toujours tout.

Un vrai faux dieu Grec
Gypsi
Une bonne paire de claques



Entrée dans les pensées de la gitane

"Le temps n'arrange rien. On dit que le temps apaise les blessures. Qu'il est parfois le seul remède. Un remède aux blessures qui ne peuvent pas se refermer autrement. Mais le temps n'arrange rien. Le temps n'est pas un remède. Il n'est pas un soin. Le temps est inefficace. Le temps vous frappe, vous flétrit. Mais le temps n'apaise pas. Le temps est en dehors de cela. Le temps est objectif. Peu lui importe de faire le bien ou le mal. Il ne fait ni le bien ni le mal d'ailleurs. Il est neutre. En tout. Toujours.

Le temps n'arrange, sinon qu'il éloigne de nous les souvenirs douloureux, et les blessures. Mais le temps n'y est pour rien je crois. C'est la mémoire de l'homme qui, enregistrant chaque jour de nouvelles choses, éloigne les autres. Si le roi de coeur est au dessus du tas de carte, chaque jour qui passe vient déposer une carte au dessus de lui. Si bien qu'il finit un jour par se trouver tout en bas du tas de carte. Et alors, on y pense moins. L'oubli, la perte de mémoire. Une mémoire subjective qui garde plutôt le bon pour éloigner le mauvais. Un mécanisme de défense comme un autre... On se protège comme on peut.

Si le roi se retrouve en bas du tas de carte, cela ne veut pas dire qu'il est oublier pourtant. On croit l'avoir oublié. Comme on croit avoir pardonné. Et puis... un jour, sans vraiment prévenir, la carte que l'on prend dans le tas pour la placer au dessus de la pile... c'est le roi de coeur. Il est de nouveau là. Les rancoeurs sont plus fortes. Les regrets plus tenaces. Les souvenirs plus amers. Le pardon ... impossible. Le temps n'arrange rien. La mémoire n'oublie pas. Elle n'oublie pas les mauvais coups, elle n'oublie pas les blessures, les coups qu'on a pris. Elle les met de côté, pour nous protéger. Jusqu'au jour où elle les remet en avant. Sans doute juge-t-elle qu'il est l'heure de se venger. Ou d'affronter. De rendre les coups qu'on a pris. De se battre. De ne pas accepter sans rien faire, sans rien dire.

L'homme est un phénomène paradoxal. Un pas en avant, trois pas en arrière. Parfois c'est le contraire. Trois pas en avant, un pas en arrière. Et ça ne changerait jamais. C'était toujours ainsi. Cercle vicieux. Du temps, de la mémoire, de la bêtise humaine, de la peur, et du doute. L'homme est un phénomène paradoxal. Et longtemps je me suis considérée comme un paradoxe à moi toute seule. Le phénomène humain le plus paradoxal qui soit. Vanité, prétention. Auto-dérision. Mal-être. Beaucoup sont aussi, voir plus paradoxal que moi. Ce n'est pas une critique, puisque ce n'est pas un mal en soi, et que finalement c'est naturel... C'est une constatation.


Citation:
J'aimerais parler avec lui.... je ne sais pas ... peut etre que j'arriverais mieux à mettre des mots sur ce qu'il y a en moi ... car.... faut toujours trouver un fautif... et mon fautif c'est toi....


"et mon fautif c'est toi". Des mots qui font l'effet d'une claque. N'est-ce pas trop facile de rechercher un fautif autre que soi ? Etre fautive, j'accepte l'idée. Je l'ai été, et le serait encore bien souvent. L'admettre, le dire, accepter qu'on me le dise. Difficile et pourtant, je n'ai pas le choix. C'est surement mieux ainsi. Une claque, dont j'ai du mal à me remettre. Etre la fautive pour les erreurs des autres. Pourquoi ? Parce que je ne me suis pas emmêler ? Il y a d'autres raisons sans doute... Une claque qui laisse l'empreinte de la main sur la joue. A-t-on le droit de donner des claques aux autres juste parce qu'on en a reçu une grande ? Plus grande que l'addition de toutes celles qu'on a reçu ? Est-ce que j'ai le droit de ne pas accepter et de m'offusquer de recevoir une claque que je mérite ?

Je dirais oui. Parce que la position de victime ne me convient plus. Je suis telle que je suis. Je fais des erreurs, je blesse des gens. Et ensuite ? Qui ne l'a jamais fait ? Erreur, faute. Les mots sont proches. Le sens un minimum différent. Faire des erreurs, que les autres considèrent comme des fautes...
Gypsi
Nuages qui se délitent
Dans un ciel balayé par le vent.
Solitude.
*

Une claque. Se retrouver. Ne rien dire en public. Tout s'écrire. Car il est des choses qu'on ne peut garder en soit. Il est des choses que la gitane, dans sa franchise affolante avait besoin de partager. De dire. Quoi qu'il en coûte. La remettre en question, autant qu'elle est remise en question et qu'elle se remet elle-même en question. Douter. Les choses s'arrangent toujours... Avec elle. Rien qu'avec elle. Car elle est la seule à pouvoir véritablement la comprendre. Et si son comportement la surprend parfois, la blesse, la vexe, ou l'agace, elle est la seule à pouvoir tenter de comprendre... Que serait-elle sans elle ? Et sans lui ? Sans eux deux ? Eux deux qui faisaient un si beau couple, qu'elle remettait parfois en question aussi... pour faire avancer son abeille, mais à quel prix ? Et si elle prenait ses mots au pied de la lettre? Si elle finissait pas la croire, elle qui ne voulait que lui montrer à quel point elle l'aimait et ne pourrait pas vivre sans lui ?

Respirer. Se calmer. Décider d'un voyage. Un départ. Une destination choisie à la dernière minute. L'espoir de retrouver sa moitié. La seule qui le restera jusqu'à sa mort, son frère, son jumeau... Son tout. L'espoir, l'envie et la hâte, quand c'est pour un jeune blond qu'ils s'y dirigent. Et finalement heureusement. Trouver la demeure franginesque déserte. Souffrir en silence de ce départ, de ce non-dit. Souffrir de ne pas savoir où il se trouve, ce qu'il devient, ce qu'il fait, avec qui... Souffrir de ne pas avoir de ses nouvelles depuis trop de temps. Souffrir, de s'inquiéter pour lui. Parce qu'après tout, il ne le mérite pas tant. Combien de fois s'était-elle inquiété pour lui... Et cela sans raison ? Il était fort, et costaud. Elle devait le laisser vivre sa vie, le laisser filer, et ne pas le retenir. Il n'était pas à elle. Elle n'était pas à lui. Ils étaient libres... Chacun de leur côté. Continuer d'avancer, sans lui. Sans l'oublier pour autant.

Et puis, s'énerver, s'agacer de les voir réagir et agir en enfant gâté. En enfant qui veut seulement qu'on le regarde, qu'on lui confère toute son attention. Et leur dire. De vive voix, de plein mot. Qui fouettent. Qui énervent. Et des mots qui jaillissent, qui l'agacent, la brebis. Lui dire de se taire, lui dire qu'on ne l'a pas sifflé, non, elle ne peut l'accepter. Alors sortir, et se murer dans le silence. Ne plus parler, et se cacher derrière des missives... Attendre, parler à ceux qui lui manque... qu'elle n'oublie pas...

Apprendre... la blessure de l'un... qui annonce à chaque fois qu'il est seul, qu'elle est la seule femme qu'il aimera jamais... et à chaque fois qu'il est en couple qu'elle est une amie qu'il ne perdra pas... Et finalement, l'oscillement fatigue. Mais elle s'inquiète pour lui. Jamais, non plus jamais elle ne pourra l'aimer comme aux premiers jours. Elle s'était sentie trahie, et abandonnée. Humiliée par tous, et lui qui regardait sans rien dire... Lui qui savait, mais qui ne disait rien, ne bronchait pas. Dur à pardonner. Elle ne retomberait pas dans le piège de si tôt. Elle restera ce nuage pour lui... ce nuage d'amitié. Car sa rancune a des limites, et elle l'apprécie ce bougre...

Parler... et sourire, bon gré mal gré en prenant connaissance de la soirée de celui qu'elle... Secouer la tête et se murer plus encore. Accepter amèrement. Elle le sait, il le vaudrait mieux pour lui... Il vaudrait mieux qu'il tombe amoureux d'une autre femme. Il vaudrait mieux qu'il l'oublie... qu'elle s'efface. Elle ne pouvait accepter de le rejoindre pour que son berger soit blâmer. Pourtant elle en mourrait d'envie... Mais... toujours ses "mais" ses blocages qu'elle seule acceptait de s'infliger. Savoir qu'il s'amuse, et espérer pour lui, quand elle refuse de l'accepter pour elle... Se murer en silence. S'effacer lentement. Rester avec eux pourtant. Parce qu'elle ne peut les laisser. Parce qu'elle ne veut les laisser. Mais s'enfermer dans son silence. Et regarder l'horizon en attendant...

Il n'y a que les rêves qui soient doux...


* Pierre Bottero
Gypsi
Que seraient les êtres humains sans les femmes ? Ils seraient rares, extrêmement rares.*

Que seraient-elles sans eux ? Aussi rares mais heureuses ? et elle, toute seule, que serait-elle sans eux tous ? Tranquile berdol ! Oui, mais elle s'ennuyerait gravement aussi, il y a de fortes chances. Quoi que... il lui en fallait peu pour s'occuper. Il faut dire qu'à force de traverser villes désertes sur villes désertes, sans faire de pause entre chaque ville, mais ne voir que des villes désertes, sans âme qui vive... et bien, on commence à se chercher des occupations personnelles et individuelles. Surtout que le berger avait été largué en route, et que l'abeille butinait des fleurs étranges, qui la rendait invisible aux yeux de la brebis, qui s'accrochait tant bien que mal à sa monture chaque soir.

Villes désertes, compagnons de route discret. Et la gitane de se renfermer sur elle-même. Des souvenirs l'assaillent. Brûler une église en chantant une chanson paillarde avec une blonde louvarde et une brune colombique. Souvenirs qui remontent. Sourire qui s'étire, pour que finalement il s'étiole. Ce temps là n'est plus, et ne sera doute plus jamais. Pour diverses raisons d'ailleurs.
Villes désertes, et la gitane de se renfermer sur elle-même. Intense moment de réflexion, comme souvent. Pas d'hommes à charmer, pas de noble à contredire et personne à qui rabaisser le caquet, forcément, c'est propice à l'introspection. Mais berdol, on avait dit que Gypsi faisait trop souvent des introspection et qu'il était temps d'arrêter. Bin oui, mais si vous liguer tout contre elle, elle a beau lutter, elle n'ira pas bien loin. Tant pis pour vous. Vous supporterez une énième crise brebiesquement existentielle.

Un agneau qui s'efface, lâche des mots qui sans être précis ne laisse pas de doute sur ce qu'il veut faire. Stupeur... et tremblement. Inquiétude. Si la passion reste, l'amour parfois trépasse. Elle savait au fond d'elle que si elle le revoyait, la fin serait toujours identique. Mais était-ce réellement de l'amour ? Elle doutait. Quoi qu'il en soit, qu'importe ses sentiments profonds, elle tenait à lui, et elle ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose. Et pourtant... N'était-ce pas sa faute au fond ? Peut-être devrait-t-elle en parler à sa Reyne... Peut-être pourrait-elle la conseiller, elle... Elle savait ce qu'aurait dit le barbu dans cette circonstance, et pourtant, elle avait un mauvais pressentiment, qui mettait en doute la parole de ce dernier...
Le barbu quand à lui... elle en parlait souvent, pensait souvent à lui... Mais il était loin. Et elle était avec deux amis, dont un qu'il aurait du mal à revoir sans rien dire... Et au fond l'idée de l'entendre le remettre en cause lui faisait du mal. Elle n'aimait pas y penser. Parce qu'après tout elle savait ce qui se passerait... Elle prendrait sa défense, quoi que l'un et l'autre puisse dire. Il croirait qu'elle était amoureuse du berger par ce simple fait. Parce qu'elle parlait toujours de lui de façon positive... il paraît. Elle s'énerverait à s'evertuer à lui faire comprendre que non. Et finalement il partirait en silence et sans autre cri. Car il "sait" s'effacer quand il faut, lui qui parle sans cesse des actes...

Qu'il était beau de parler des actes. Mais s'effacer, partir sans un mot était-ce vraiment un acte dans ce cas là ? Ou n'était-ce pas, au contraire, une absence d'acte ? Tout dépend surement du point de vue... Il lui manquait, elle aurait aimé le revoir, mais... elle ne quitterait pas le duo infernal. Pas maintenant, pas encore. Et il était hors de question de les emmener vers lui... Un double renfermement sur soi. Vouloir deux choses à la fois, qu'on sait pourtant incompatible. Devoir choisir. Et choisir. A contrecoeur et en même, avec bonheur. Car elle se plaît en leur compagnie...
Et l'Albert qui revenait. Qui revenait... à la charge. Celui qui n'aime qu'elle mais qui tente de l'oublier avec maintes femmes. Celui qui aurait pu mais qui n'a pas su. Un ami. A chacun sa chance, elle en donne rarement deux. Egoïste, quand elle aimerait qu'on lui en donne une seconde à chaque fois. Parce qu'elle agit mal, la gitane. Elle aime, mais elle blesse.

Une missive dans chaque main. Dans l'une, les mots d'une abeille qui viennent tenter de poser un baume sur les blessures. Des mots qui la touchent profondément, car elle sait à quel point il est rare de l'entendre dire ses sentiments, rare qu'elle se dévoile ainsi. Elle est là pour elle... Cela la touche et pourtant... Dans l'autre, des mots d'une sorte d'adieu. Des mots fragiles, des mots qui s'enfuient. Des mots qui inquiètent. Remord ? Peut-être n'aurait-elle jamais dû lui écrire à nouveau, après toute cette histoire. Elle aurait s'effacer pour de bons... Il en aurait moins souffert.
Une phrase qui lui monte à l'esprit en relisant chacune des missives. Elle fait souffrir, elle le voit, elle le sait, elle le sent. Et une phrase qui monte dans son esprit, comme un résumé de ce qu'elle est, de ce qu'elle fait...
Là où je passe, le bien trépasse...


* Mark Twain
Stupeur et tremblements titre d'un livre d'Amélie Nothomb.
Gypsi
L'habitude est une route qui conduit droit à l'indifférence.

L'habitude est une route qui conduit droit à une impasse. La pire de toute. L'indifférence. L'indifférence qui fait peur, qui fait mal. La plus grande blessure. La pire des injures. L'habitude peut-elle produire cela seule ? Nouveau passage de réflexion. Ils avaient peur qu'elle s'ennuie, qu'elle se lasse de voyager avec eux. Ils avaient qu'elle se sente opprimée. Opprimée par... l'habitude ? L'amitié peut-elle trouver une habitude ? L'amitié n'est-elle pas un renouvellement permanent ? La perennité d'un sentiment, et tous les enjeux pour que cette éternité ne prenne jamais fin. Un acquis à acquérir. Un défi à relever. A deux. L'amitié longe la route de l'habitude sans jamais la croiser. Elle est au delà. L'habitude mène à l'indifférence, mais l'indifférence est un démon qui peut être battu.

D'un autre côté, notre faculté à nous émerveiller est liée à notre état d'esprit plus qu'au renouvellement qui s'offre à nos sens.

On pense prendre une habitude. On pense se lasser. Tout ne dépend que de nous finalement. On retourne toujours vers ce qui nous fait du bien. On retourne toujours vers ses amis. Sorte d'habitude. Mais tout ne dépend que de nous finalement. Renouveler, inventer, partager, créer. Se servir de l'ancien pour fabriquer du nouveau. Plus solide, plus beau. Rendre chaque détail plus parfait. Et ne jamais s'arrêter. Ne pas changer l'autre, se changer soit. Et avancer. En innovant en soit. Changer son regard pour ne pas changer le reste. L'habitude se voit dans un regard habitué. Mais dans des yeux sans cesse renouvelé, l'habitude se dissipe et laisse place au changement, propre à la découverte et à l'émerveillement.

Alors je dirais qu'il est essentiel de ne jamais cesser de découvrir. En voyageant ou en restant immobile. En échangeant ou en se taisant. En réfléchissant ou en innovant.

Que de philosophie. Que de pensées étranges dans la tête d'une gitane. Grandissait-elle pour prendre conscience de tout cela. Elle se rendait compte qu'elle avait laissé s'installer une sorte de routine entre eux. Quand elle aurait dû tout faire pour réinventer chaque jour. Une arrivée qui bouleverse pas mal d'événement dans sa tête. Oui, Gypsi avait toujours aimé la nouveauté. Et ce caractère attrayant que la nouveauté s'avait lui apporter : un secret à percer. Une aventure sur le point d'éclore. Action et péripétie. Découverte au rendez-vous. L'arrivée d'une autre personne avec qui voyager produisait des sortes de changements notables. Apprendre la mode des poulaines, rencontrer des morts-vivants. Il n'y avait pas à dire, Limoges était une ville bien étrange. Une comtesse différente de bien des autres. Qui restait une comtesse, et la gitane n'aimerait jamais la noblesse. Simple question d'habitude. Qui lui tient fortement à coeur.

Une arrivée, une arrivante qui fait prendre conscience que... à trop réfléchir, on finit par perdre son temps. Foncer dans le tas et profiter de chaque instant. N'est-ce pas cela finalement, vivre ? !


Pierre Bottero La quête d'Ewilan

_________________
Gypsi
Elle est bien bonne cel'-là !

Parce que certaines péripéties rendaient la vie trépidantes, surprenantes, impensables, et totalement irréalistes, la jeune femme y repensait forcément. Que d'aventure ces derniers temps. Ridicules, les aventures. Rire forcé. Pour ne pas pleurer.

Le commencement ? La rencontre d'une fanatique des poulaines. Et là, tout n'était que plaisir. Elle devait avouer qu'elle l'aimait bien, ainsi que sa répartie. Un plaisir de l'embarquer dans ses galères. Oh que si je vous assure. Elle est comme ça Gypsi, généreuse au possible !

La suite les conduisait à Saintes, pour un mariage, auquel le berger était invité. Déjà l'idée générale du mariage n'enchantait pas la gitane. Mais revoir Saintes et Alida particulièrement, puisque les autres, au fond, elle n'en avait cure en soit, l'avait fait marché jusqu'à la-bas. En bonne compagnie. Rire, taquinerie, peinture de taverne et boisson à faire offrir. Le voyage s'était passé dans la bonne humeur et une franche camaraderie. Comment ça c'est cliché et gnian gnian ?! Ah oui, un peu quand même... bin tant pis... La suite !

Saintes et le départ de l'édentée pour cause de mot doux... de la prévôte. L'ambiance est un tantinet moins drôle, même si la brune est heureuse de revoir la belle rouquine. Pourtant le temps passe. Et voilà, au summum qu'elle apprend qu'il s'agit d'un mariage entre... deux femmes. Impensable. Impossible. Se marier pour pendre au bout d'une corde deux jours plus tard, la gitane a beau chercher, elle ne voit pas l'utilité. Et le curé, le fou ! Bref, ça l'avait bien fait rire. Et en parlant du ridicule de cette affaire avec son cher Albert, ils en étaient parvenus à la conclusion qu'on mariait n'importe qui de nos jours. Et ils voulaient organiser un grand mariage où s'unirait une brebis à un bélier - une véritable brebis et un réel bélier. Faut préciser parce que ces temps-ci, les choses n'étaient plus très clair pour certains et certaines...

Bref, ceci étant dit, la gitane avait pris sa besace et la route pour rejoindre l'édentée qui avait filer en douce avant d'être placer sous les verrous pour un crime datant de trois siècles au moins. Donc elle avait rejoint la poulainique dans la merveilleuse et grandiloquente ville de ... Blayes. Et là, la douleur avait été cuisante. Que de déceptions. Elle n'avait trouvé personne qui avait une réelle conversation et un sens de l'humour assez développé pour la suivre... Un jeune homme calme lui avait permis de passer une soirée relativement agréable, à papoter des étoiles et de l'amour de sa vie... à lui...

Enfin, un homme qui se prenait pour le fils du Sans nom lui avait proposer de vendre... son âme contre tout ce qu'elle désirait. Drôle de situation et le pire c'est qu'il semblait vraiment y croire. Puis sa compagne est entrée, puis repartie, et c'était au tour d'une impolie brune de faire irruption.

Non vraiment, il y a des voyages qui laissent des souvenirs impérissables. Il était évident qu'il en ferait parti. Elle avait ri, mais ri... ! tout le long. De dépit. C'était mieux que rien. Les aléas de la vie... On n'en fera rien ces jours-ci.

_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)