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[RP] De Mots à Maux

Anaon
"La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.



    L'écriture est tremblante, certains mots presque illisibles par l'écriture trop écrasée ou tremblante par moment.
    Citation:

    Maman...

    Tu es parties... Je t'ai perdu... Je te cherches sans te t******... Ma tête me fait mal... Le Petit Frère a attrapé un moineau, il vole bien... J'ai enterré l'oiseau dans un ***** dans le jardin... J'ai creusé avec mes mains comme pour le bébé qu'il était avant.... On m'a fait mettre une belle robe, mais je ne sais pas p*******....

    Ma tête me fait de plus en plus mal...

    J'oublie trop de c*****...

    Je ne me rappelle plus ton visage que sur mes dessins...

    Tu me manques....

    J'ai mal....

    Nyam....



Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,



    La main ne lâche pas le pli entre ses doigts. Les yeux ont lut, relut et relut encore, avec un certain sourire et un pincement au cœur. Elle avait désespéré de ne plus revoir ses courbes, craint de ne plus recevoir ses mots. Peur de n'avoir laisser qu'un sentiment de rancœur.

    Nyam lui avait répondu. Trop tard. Anaon n'était plus là.

    La femme parcoure de nouveau l'écris tremblant dans sa chambrine parisienne, regrettant de ne pas avoir attendu un peu plus longtemps. La capitale avait été regagné plusieurs jours auparavant et le voyage fut bien plus long que nécessaire. L'étalon ibérique n'est plus tout jeune et si ses épaules et reins sont encore bien porteurs, galoper à bride abattue avec cavalière et barda sur le dos n'est plus de son âge. Ajouter à cela quelques boulets que l'Anaon trainait au cœur et imaginez donc la motivation qui a put animé femme et cheval.

    Une main vient passer sur lèvres et menton et les doigts pincent le front qui y prend appui. La mercenaire avait écrit à la jeune servante dès son retour en Bourgogne du Maine, dans l'espoir de la revoir avant le funeste dimanche qui a marqué le début du mois de Juillet. Si seulement elle l'avait vu, les Dieux savent qu'elle aurait tout tenter pour la convaincre de la suivre dans la capitale, avec la bénédiction ou non de son... "propriétaire". Mais durant la semaine qui avait précédé les noces, point de Nyam. L'Anaon n'avait put attendre, l'Anaon était partit. Sans elle.

    Étrange lien qui unie les deux femmes. Tisser au fil d'une illusion, d'un manque, sur un fond de drame et de travers. Femmes complices aux yeux de tous, Mère et Fille dans le dos des autres. Relation mis à l'épreuve par la jalousie et le despotisme d'un homme et les affres du destin. Et aujourd'hui comme pour tout, l'Anaon n'est plus sûr de rien ni de ce que seront les jours prochains.

    Et elle relit encore la lettre inquiétante. Ces mots hésitants au sens parfois fragile. Elle se souvient de la fois ou elle avait revu l'adolescente dans une taverne Berrichonne, première fois depuis des lustres, bien après qu'elles furent séparées par les armées Tourangelles. Elle se souvient de son comportement bien étrange, de son ingénuité excessive comme si elle était retombée en plein cœur de l'enfance. L'Anaon s'était inquiétée, mais avait tut tout raisonnement. Une grosse erreur sans doute. Et aujourd'hui elle ne peut avoir aucune nouvelle de son état d'une personne extérieur. Elle ne peut décemment pas écrire à Judas. La pauvre Iris est devenue aveugle, pourrait-elle seulement l'aider. Rosalinde? Ah! On ne pourrait trouver moins fiable que l'œil de Judas et l'Anaon ne ferait pas plus confiance à son bras droit qu'est Moran. Non, Anaon est seule... Il faudra lire entre les mots décousus et les lignes tordue. Tenter de comprendre. D'aider. D'Aimer toujours.

    Les doigts se résolvent enfin à prendre la plume.

    Citation:
        Ma c'halonig,

      Si tu savais comme je suis contente que tu m'aie répondu, j'avais peur que tu ne veuille plus m'écrire. Je suis arrivée à Paris maintenant, mais je vais partir pour l'Anjou sous peu et quand tu recevras cette lettre, sans doute y serais-je déjà. C'est à Angers que tu devras m'écrire désormais.

      J'avais espoir que tu puisses venir me rejoindre pour quelques jours parfois, ou tout au moins, j'espérais que nous pourrions nous revoir à mi chemin entre la capitale et la Bourgogne. Mais je crains que cela ne soit plus possible, mon départ ne s'est pas passé comme je l'avais souhaité. Tu sais, maintenant il sera dur de nous voir et même de nous écrire peut être, mais sache que malgré tout ce qui pourra se passer, je penserais toujours à toi.

      Sache que je t'aime, ma aelig.

      Tu n'es pas toute seule. Mes pensées sont là qui te veillent. Écoute et tu entendras mon cœur qui bat pour toi. Peut être percevras-tu ma voix, quand je te murmurais des chansons une main dans tes cheveux. Souviens-toi que je ne t'oublie pas.

      Je suis loin, pardonne-moi, mais des choses me retiennent à Paris et maintenant en Anjou. Un jour, si tu le souhaite, un jour je t'expliquerais tout.
      S'il l'on te fait du mal, dis-moi tout et je te promet qu'il n'aura plus l'heur de recommencer, où qu'il soit, quel qu'il soit.

      Il faut que tu te repose, je sais qu'Iris veille sur toi, j'ai confiance en elle et je l'apprécie, tu pourras le lui dire. J'espère qu'elle se porte bien. Prend soin du Petit Frère, mais ne le nourrit pas trop, sinon ses pauvres petites ailes ne seront plus assez forte pour soulever son poids!

      Et surtout prend soin de toi. As-tu vu un médicastre? Méfie-toi, certains ne sont que de sombres crétins. Beaucoup le sont à vrai dire! Quand il s'agit de manier le rasoir, il n'y a plus personne. Faudrait-il que certains arrivent à différencier une plaie d'un trou du cul, mais comment pourraient-il le savoir, eux qui ont le rectum en lieu et place de la bouche!*
      Pour moi, les élixirs de chêne et de Saule restent de bonnes aides. Bien que parfois, je l'avoue, cela ne fait pas tout.

      J'attendrais ta réponse avec impatience. Je garderais tes lettres tout près de mon coeur.
      Je t'embrasse et pense bien fort à toi.

        Mamm

    La lettre sera portée au pigeonnier le plus proche et s'en suivra une attente insupportable nimbé d'appréhension. On craint toujours que la missive n'arrive jamais à destination, que le pigeon se fasse chopper par un faucon ou que le coursier se retrouve d'un coup de lame délester de ses fonctions. Et si l'Anaon s'inquiète du contenue de la réponse de Nyam, elle craint en premier lieu que sa missive ne lui soit jamais remise. On ne cache pas bien longtemps ses secrets aux yeux du Maistre de Petit Bolchen.


Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards."

    - Paul Eluard -

* * Réplique épique de "La Licorne" légèrement réadaptée. Rendons à César ce qui appartient à César.

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]


Nyam
[Peu de temps après le mariage du Maître, mais bien avant la gifle du Limier...]

Nyam était devenue le Fantôme de Petit Bolchen. Son esprit battait la campagne depuis plusieurs semaines maintenant. Les rêves et les délires se mêlaient à la réalité et aux souvenirs. Peu à peu, elle s'enfermait dans un monde qui n'avait de logique que pour elle. La Frêle s'effaçait lentement pour ne laisser qu'une coquille vide. Au fur et à mesure que la douleur dans sa tête occultait tout le reste, elle cessait de remplir ses tâches au sein du domaine, ne servant le Maître que quand elle se rappelait ce qu'elle devait faire, ou qu'il lui demandait directement. Elle oubliait même de manger, s'affaiblissant et maigrissant, ne se nourrissant que quand quelqu'un pensait à la faire asseoir à table et de lui donner la béquée.

En fait, il n'y avait bien qu'une seule chose qui la tirait de son monde illusoire empli d'ombre qui la terrifiait. Une lettre était venu percer son délire, des mots qui s'alignaient sur une simple feuille mais qui semblaient si claires dans son esprit malade. Elle avait donc répondu, d'une écriture maladroite et tremblante quelques mots sans logique et parfois illisible. Puis Nyam s'était de nouveau recluse dans sa tête douloureuse.

Les jours passant son état s'aggravait, elle en oubliait jusqu'au nom de ceux qu'elle côtoyait, donnant des noms aux ombres issus de son imagination et de ses cauchemars vivants. Et contre toute attente, une nouvelle lettre arriva. La Frêle était à la volière, elle était allée voir le Petit Frère, ce rapace qu'elle avait recueillis durant sa fugue. Le Maître avait interdis l'accès de l'oiseau à la chambre de la jeune esclave, faisant enfermer l'oiseau avec les autres rapaces et les pigeons. Ce fut donc ce jour-là, alors qu'elle parlait au rapace comme à un être humain, que la réponse d'Anaon arriva. Le serviteur responsable de la volière, un vieil homme au savoir faire tellement précieux qu'il n'était pas remplacé malgré son grand âge, observait avec bienveillance l'adolescente, l'aidant à prendre soin du faucon. Aussi, quand il vit son nom sur la lettre, la lui donna-t-il directement, puisqu'elle était là.

Nyam prit le papier, il lui fallut de longue minute pour faire le point avec son regard et réussir à déchiffrer les mots. Qu'elle était longue cette lettre, elle en oublia une partie du contenu avant même de la finir. Elle ne comprit pas tout ce qui y était inscris, la seule chose qui la marqua, s'imprimant dans sa tête comme au fer rouge, c'était que la lettre était envoyée par sa mère. Le vieil homme lui donna une feuille de parchemin un peu jaunie et un crayon de charbon, pour répondre. Mais la Frêle, ne savait pas trop quoi écrire, et la douleur enserrant ses tempes brouillait sa vision. Finalement, l’écriture maladroite et tremblante couvrit peu à peu la feuille.




A Maman

Tu me manques... Je sais pas où est Angers, c'est loin ? Je veux v****** mais je sais pas si je p***** . Ma tête me fait mal.... Les ombres me s*********, il y a Ayoub. Le Maître dit qu'il a plus sa tête car il l'a c***** mais pourtant il me suit... Mais je ne vois pas sa tête car il est couvert d'ombres. Elles me font p****.

J'ai mal mais personne ne me fait mal... Je ne comprend p**... Aide moi...

J'ai peur...

Je t'aime

Nyam


Donnant le papier froissé au serviteur, elle le laissa l'envoyer, oubliant presque aussi vite qu'elle avait écris à celle qu'elle considérait comme sa mère. La lettre de l'Anaon, avait été glissé dans une poche, et effacée par la mémoire malade.
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*Frédéric Régent, Historien
Anaon
    Sur la table, une miche de pain attend aux côtés d'un peu viande sèche qu'une canine contrainte veuille bien venir se planter dans le tendre sa mie. Mais L'attention de la réticente a trouvé meilleur préoccupation que de porter à ses lèvres la nourriture qui a bien du mal à passer depuis maintenant plus d'une lune. La joue est plus creuse que jamais, l'œil bien trop cerné. Il faut reprendre la main avant de succomber à l'irréversible... mais pas maintenant. Pas maintenant.

    Parce que maintenant, la main répond.

    Citation:
      Ma c'halonig,

    Angers n'est pas très loin, c'est en Anjou. T'en souviens-tu? Nous y étions passé cet hiver quand nous sommes rentré de Bretagne. C'est là que nous avons rencontré Moran. A cette époque, toutes les deux, nous ne nous parlions pas encore beaucoup... Il ne faudrait que quelque jours de cheval pour gagner le Duché, mais il est impossible de passer par la Touraine, ainsi faut-il contourner par le Limousin et le Poitou. Et ce chemin là est particulièrement long... A moins de prendre un bateau, mais pour ma part c'est impensable. Plus jamais je ne foutrais les pieds sur un bout de bois qui flotte.

    N'ai pas peur d'Ayoub. Jamais il ne t'aurait fait aucun mal. Jamais il ne t'en fera. Il se peut, souvent, que les disparus reprennent le chemin du monde des incarnés. Parce qu'ils ont encore des choses dires, parce qu'on ne les a pas assez écouté quand ils étaient en vie. N'ai crainte. Si tu vois des ombres, c'est que la lumière n'est pas loin.

    Je n'écrirais pas plus, tu dois être fatiguée, tu dois te reposer. La prochaine j'aurais plus à te dire et j'aurais même un cadeau pour toi. En attendant prend grand soin de toi.

    Je t'embrasse tendrement.

    Ps: as-tu donné un autre nom au Petit frère?

      Mamm


    Les filets du mensonges. Prendre le ton de la conversation dans l'espoir d'éloigner le temps d'un instant les démons qui rongent l'esprit de la gamine. Semblant de plume légère alors que la main est des plus lourdes.

    Dans un soupir la silhouette se délit, hantée par la plus cruelle des tortures : l'impuissance.

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]





Judas
En la demeure du Frayner il n'était pas de secret qui le restaient bien longtemps. Du moins à ses yeux, car si lui en inspirait et animait beaucoup, il n'était pas pensable qu'il puisse se faire dissimuler quoi que ce soit. L'homme se voulait omniscient, et ce même s'il fallait se faire aider par le concours de sa tyrannie ou de l'Oeil de Petit Bolchen.

Les lettres qui à force commençaient à s'entasser en la poche du tablier de Nyam avaient tôt fait d'être découvertes. La réaction du seigneur avait été à la hauteur de son indignation, cuisante et brusque, la petite suivant écopa d'une gifle et de la confiscation des mots de la discorde.

Ainsi la Roide après s'en être allée pour Paris, laissant Judas à son mariage, à son Isaure et à son hébètement écrivait en secret à l'insignifiante jeune suivante. Comment l'homme accepterait-il cette situation? Elle le fuyait, et lui préférait encore les faveur d'une bonne. Cet affront n'était pas sans lui rappeler sa dernière fuite vers la capitale, où elle ne revint vers Judas que pour s'enquérir de la santé de Nyam et de son traitement au castel. L'égo du satrape s'en trouvait une fois de plus écorché. Chassant de ses yeux pour quelques jours la Frêle il ne tarda pas à répondre à sa place à l'impudente bretonne.


Citation:

Le désert de ton coeur est une nonne, aucun homme ne le courtisera comme je l'ai fait, il a fait retraite, serein et immuable, au-delà de toute poursuite et de tout abandon. Ce désert n'a pas le droit de connaitre le remord, mais les justes conséquences de son aridité. Pour ces choix, tes choix, je t'interdis d'entrer en contact avec qui que ce soit de ma maison et qui que ce soit qui soit assez proche de moi. Sache que pour ta témérité et l'offense que tu perpétue en entretenant secrètement cet échange, ta chère "c'halonig" en paiera le prix fort.

Tu as fait voeu de silence, alors tais toi, ou je te ferais taire.

Judas Gabryel Von Frayner




Il n'écrit pas son nom. Sa simple évocation rouvrait l'injure d'une blessure que le Frayner s'efforçait de dissimuler par une montagne de rancoeur. Il scella le pli les zygomatiques crispés et chargea un laquais de le faire porter à la Roide sans délais. Quant aux représailles à porter sur Nyam, il n'y pensait pas. Garder la jeune femme droite en ses bottes lui permettrait au besoin d'exercer un pouvoir de chantage affectif auprès de l'amante, et au vu de son état général par les temps qui couraient la gifle reçue suffirait. Judas ne voulait pas punir la suivante, mais l'Anaon. Et c'est en ce sens que sa réponse inattendue allait. Uniquement en ce sens. Punir celle qui l'avait blessé.

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Je ne débats pas, je ne tergiverse pas, je joue.
Anaon
    Il y a eu la surprise, puis la résignation et après…

    Immobile. Depuis des secondes, des minutes peut être l’Anaon n’a pas cillé. Assise à son bureau, le vélin entre les mains, les azurites restent rivées sans les voir sur ces mots qui ont piqué sa tranquillité. L’inévitable vient de se produire, mais bien plus vite qu’elle ne l’avait escompté…

    Immobile. A la vue du sceau, le cœur avait frémit comme un imbécile. Avant d’être sèchement rappeler au silence par la rancœur qui se faisait despote dans sa poitrine. Le mépris. C’est encore le meilleur remède aux amours qui saignent. L’once d’une appréhension avait tendu ses membres puis sa lecture s’était achevée dans un gout acide et d’amertume.

    Aaah… Ainsi j’ai pour cœur un désert... Ainsi je n’ai droit à aucun remord. Ainsi je suis encore et toujours seule et unique coupable ?!

    Les doigts se crispent. La missive agonise. Les joues tremblent des masséters qui convulsent. Répondre. Lui faire ravaler son culot de la prendre ainsi de haut. Répondre à cet imbécile qui le jour de ces noces n’avait rien comprit. Lui, qui veut couper le seul lien qui l’arrime encore à un peu de raison. Nyam, sa réalité parmi ses chimères.
    La tentation de répondre est insoutenable… Mais le dédain l’est bien plus encore.

    Crissement de supplice du papier broyé entre ses mains. D’un bond la mercenaire se lève, percute son bureau avant d’envoyer gicler la boulette sur le sol. Les doigts s’accrochent à ses cheveux. De l’air. Il lui faut de l’air. Elle se retourne et dans un cri rageur le plat de la main s’abat violement sur le mur de sa chambre. Onde de choc et de douleur. La porte est dégagée à la volée et se referme dans un claquement bruyant.

    Gabryel ! Gabryel ! Gabryel ! Ange de malheur ! Si je le pouvais je t’arracherais les ailes!

    Se forger une haine quand on rumine son impuissance. Le maudire encore, toujours. Le maudire, puisqu’elle le fait si bien. La mercenaire s’en va évacuer sa frustration dans les jardins de Château-Gontier. Se calmer. Reprendre son sang froid, son pragmatisme. Retrouver son professionnalisme…Et manigancer.

    Non. L’Anaon ne s’écrasera pas.

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
Nyam
La gifle avait fait d'autant plus mal que la Frêle n'avait pas compris pourquoi elle était ainsi punie. Les lettres de la Roide, glissée dans une poche de son tablier, elle les avait oublié. Aussi quand elle les avait sortis de sa poche devant le Maître, elle avait été aussi surprise que lui de les y trouver, comme si ce tablier appartenait à quelqu'un d'autre. La gifle la sonna passablement, et la douleur dans son crâne devint insupportable. Renvoyée par le Maître, elle retourna péniblement à sa chambre où elle s'effondra pour ses premières convulsions, dont personne ne saurait rien.

Plusieurs heures après, elle se réveilla, ne sachant plus comment elle était arrivée ici. Se redressant péniblement, elle s'installa sur sa paillasse, sortant de sous son oreiller son calepin de dessins. Des visages se succédaient sur les pages, mais beaucoup n'avaient plus de nom de par son esprit embrouillé. Elle s'arrêta sur celui de la Roide, perplexe, mettant plusieurs minutes à se rappeler qu'il s'agissait pour elle de sa mère. Son esprit malade faisant un lien connu de lui seul, elle se rendit à côté de la volière pour voir le Petit Frère, qui était gardé dans un enclos à part. Elle lui passa de la viande à travers la grille. Nyam alla saluer le vieil homme qui s'occupait des oiseaux, plus par réflexe que par vrai logique.


Tu as écris ta réponse pour la Dame qui t'as envoyé le pigeon ?

Quel pigeon ?

Celui qui est là.


Les yeux bleus se posèrent sur l'oiseau et elle le reconnu.

Oh ! C'est celui de Maman !

Prenant une feuille de son calepin, elle écrivit une courte lettre, incompréhensible tant son écriture était hachée... Elle y joignit deux dessins, celui représentant le Petit Frère, admirablement réussis, datant de plusieurs semaines, et un autre, bien plus sombres, représentant des ombres monstrueuses et effrayantes, celles qui hantaient son champs de vision. Elle confia le tout au vieux serviteur, qui ignorait tout de la sanction du Maître. Voyant la lettre indéchiffrable, il se permit d'y joindre un petit mot de son écriture sèche.



Dame, qui que vous soyez

La petite ne va pas bien. Elle ne se rappelle plus des choses... Mais elle fait un si beau sourire quand elle voit votre pigeon arriver. Mais je pense que bientôt elle ne sourira plus, car elle s'éteint peu à peu. Un jour, vos messages resteront sans réponse.


Il ne signa pas, car quoi signer ? Il n'était qu'un vieux serviteur après tout...
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*Frédéric Régent, Historien
Anaon
" La peinture n'est pour moi qu'un moyen d'oublier la vie. Un cri dans la nuit. Un sanglot raté. Un rire qui s'étrangle. "
    - Georges Rouault -

    Une main dans les cheveux, le front contre sa paume. L'index dextre se joue de la tranche d'un petit disque de fer. De la taille d'un pendentif, frappé d'un pentagramme, le petit bijou subit les tracas incessants du doigt tortionnaire. Il y a bien des jours déjà que la lettre de Nyam est arrivée. Parfaitement indéchiffrable, c'est sur les mots d'un illustre inconnu que la Balafrée avait du se rabattre. Pourtant, au milieu de l'inquiétude, l'once d'une solution avait pointé le bout de son nez.

    Ainsi, c'est bel et bien le pigeon lui même qui menait ses lettres jusqu'à Petit Bolchen. Bien souvent les oiseaux ne font que rallier les colombiers municipaux, des coursiers se chargeant ensuite de mener les missives reçues jusqu'à bonne destination. Il n'y a bien que quelques nobles pour posséder des volières à pigeons personnelles et cela arrange bien l'affaire de la mercenaire. Elle est parfaitement assurée désormais que les lettres ne passent pas directement de mains de coursier à mains Judéennes. Mince espoir de ne pas se faire ravoir de si tôt. Payer quelqu'un pour rapporter en mains propres ses mots à Nyam? Risqué. Avec une Rosalinde dans le sillage du Von Frayner, l'Anaon préférait éviter.

    Le pentacle retrouve le plat de la table. Les dessins de la Frêle qui reposent sous son regard sont d'une admirable qualité, à ne point douter que la petite possède un talent certain pour le crayonné. Si le Petit Frère est aussi gras qu'elle a bien voulut le dessiner, il y a fort a parier que d'ici un mois ou deux, il suffira de le pichenetter pour le voir rouler sans ralentir sur des lieux et des lieux. Véritable boule de plume. Les ombres? L'Anaon soupire. La mercenaire sait se montrer très terre à terre. La médecine, elle l'a longtemps pratiquée par la simple herboristerie avant de la découvrir réellement à l'université. Pour finir par l'étudier dans l'illégalité. Mais l'Anaon est avant tout une inconditionnelle superstitieuse. Pour Nyam, elle avait fait graver un talisman. Un pentacle, fort symbole protecteur. Le pentagramme est gravé dans du bois de sorbier, cerclé d'un rempart de fer, quasiment le même qu'elle avait déjà fait fabriquer il y a de cela bien des années. Pour d'autres êtres chers. Mais il faut croire que ce n'est pas aujourd'hui que la Frêle aura ce cadeau protecteur.

    Les doigts s'emparent enfin de la plume. Non pas pour écrire, mais pour dessiner. Puisque les mots sont de trop et sont bien mauvais menteurs, l'Anaon dessinera. Des lettres, dans les mains de la blonde seraient éloquents. Mais un dessin parmi d'autre. Qui s'apercevrait que certains ne sont pas de Nyam? Personne. Judas n'y verra rien.

    La femme reste dubitative. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas cherché à dessiner, elle qui avait pu graver par le passé tous les visages de son village. Aujourd'hui, elle n'use bien du dessin que pour immortaliser des écorchés, témoins macabres de ses lubies d'anatomiste, dans le secret de quelques grimoires, bien planqués sous quelques planches de plancher. A cet instant, ce n'est pourtant pas l'histoire d'un simple recopiage, d'une fade observation. Aujourd'hui, il faudra créer un dialogue là où les mots sont obsolètes, là où le discours ne s'inscrit pas dans une lettre, mais dans la courbe d'un mouvement. Elle avait songer à faire compliquer, mais semble t-il que la petite ne soit pas en état de ce tordre le cerveau pour quelques exercices de messages dissimulés. Ainsi la plume tracera la symbolique.

    Un regard vers l'encre, un autre sur les dessins au fusain de la Frêle. Aujourd'hui, on ne tortillera pas du fion pour une différence de technique. Louons le fait qu'Anaon sache déjà dessiner. En plus de trente années, elle a eu bien le temps d'explorer mille et une passion. Et la plume vient bénir le vélin.

    Au centre de la feuille, il y a Nyam, branchette de sorbier tenue entre ses mains. Ses épaules sont ceintes de bras ectoplasmiques, silhouette vaporeuse qui l'étreint de tendresse. Et comme si la lumière émanait de leurs êtres, elles sont auréolées du blanc crème de la feuille, alors que se pressent sur les rebord brunis des amas d'ombre hachurées, assombries, qui s'enfuient. Spectres chimériques, aux faciès démoniaques, les monstres semblent vouloir quitter le vélin qui leurs sert de toile tout autant de cage.

    Dessiner le soutient, à défaut d'être présente. L'Anaon espère secrètement que la main inconnue qui lui a répondu, si brièvement soit-il, puisse lui donner clandestinement plus de nouvelles encore. Elle pourrait revenir, comme elle l'a fait une fois déjà. Elle pourrait l'enlever comme elle avait songé à le faire une fois déjà. Mais cette fois elle ne peut partir. Cette fois, elle est bien trop près d'attraper dans ses serres ce qui lui bouffe les sangs depuis déjà tant de temps. S'il arrive malheur à Nyam, la mercenaire, si tant est qu'elle s'en remette, s'en rongera les doigts tout le reste de sa vie. Mais si elle laisse filer cette chance de retrouver ceux qu'elle cherche si ardemment, ce n'est pas le désespoir qui la fauchera. Mais le suicide pur et dur.

    Non. Cette fois-ci, l'Anaon ne viendra pas.

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Anaon
-Plein cœur de l'automne -

    Un homme s'approche des remparts de Petit Bolchen. Juché sur son coursier, il fouille dans ses sacoches pour extraire le petit colis qu'il doit livrer ici-même. Une missive en est sortit ainsi qu'une petit bourse de velours grenas qui lui est associé. Un mot aux gardes, les objets qui s'échangent et le coursier rebrousse chemin galop.

    La bourse est toute légère. La missive n'est pas lourde. L'émetteur ne s'est pas encombré de beaucoup de parole. Sur le devant du pli un "Pour Nyam" est écrit. A l'intérieur, rien d'autre que que quelque mots.

    " Le 16 Octobre de l'an 1460
    Château-Gontier, Anjou"

    Le reste est aussi virginal qu'une jeune pucelle. Dans la bourse, il a une chaine de maillons fins en argent. Et au bout, l'enchainement retient un petit pendentif. Un pentacle gravé dans le sorbier et cerclé de fer. Un arbre y est sculpté sous le pentagramme dont les branches rejoignent le métal qui est creusé à ses sommets du nom des cinq éléments de l'univers. L'Esprit, l'Air, le Feu, l'Eau et la Terre. Symbole diabolisé par l'Eglise et attribué au adorateur du Sans Nom, le pentacle a pourtant toujours été un symbole magique évocateur d'élévation spirituelle et de protection. L'Église rejette toute magie du moment qu'elle ne lui ai pas profitable et continuer d'accepter les vieilles superstitions, celle des farouches celtes entre autre, n'étant pas du tout pour arrangé leurs affaires. Mais il reste encore sur cette terre quelques pauvres âmes pour se faire sourde au despotisme des culs-bénis.

    Quand sera-t-il fait de ce présent qui pourrait être reçu comme une bagatelle? Elle ne sait, mais elle a fait ce qu'elle avait voulut faire, il y a déjà un moment de cela.

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Nyam
Beaucoup de temps avait passé depuis que la Frêle avait failli mourir, le sang qui faisait pression dans son crâne et qui la poussait à la folie avait été évacué. Il lui avait fallu des semaines pour s'en remettre, et le Maître l'avait gardé jalousement avec lui, limitant un maximum son contact avec l'extérieur. Le dernier dessin d'Anaon ne lui était pas parvenu. Le vieux serviteur qui s'occupait des oiseaux l'avait gardé caché.

Maintenant qu'elle allait mieux, Nyam avait repris ses tâches auprès du Maître. Il lui avait confié ses comptes parallèles et cela occupait une grande partie de sa journée. Le reste, elle le passait à apaiser le Déchu chaque fois que sa femme le faisait sortir de ses gonds, autrement dis, trop souvent aux yeux de la jeune esclave. Parfois, son esprit s'égarait encore, se perdant dans des méandres qu'elle seule pouvait parcourir. Et puis il y avait Petit Frère. Le rapace était aux yeux de Nyam l'incarnation du fils mot-né d'Anaon. Et elle lui parlait comme à un être humain. L'animal avait bien grandis, et son embonpoint avait disparu grâce aux soins du vieil homme.

La Frêle avait trouvé par hasard plusieurs lettres de la Roide, dissimulés dans sa cachette sous les lattes du parquet. Elle ne se rappelait pas les avoir reçue, mais elle ne se rappelait pas grand chose de la période entre son viol et sa guérison... Juste des images confuses et effrayantes... Et elle essayait de ne pas trop s'y appesantir. Mais chaque soir, avant d'aller se coucher, elle relisait les lettres et rêvait de ses retrouvailles avec celle qui était sa mère à son coeur. Elle lui manquait tant... Mais elle ne pouvait pas la contacter. Le Maître la surveillait trop étroitement.

Mais la surveillance avait du finir par se relâcher, car Nyam pouvait sortir plus librement du château. Du moment qu'elle ne quittait pas la cour, elle allait et venait à sa guise. Ce jour, elle se promenait dans le jardin des simples avec Petit Frère. Le rapace s'envolait souvent pour ensuite revenir vers sa Maîtresse. Il ramenait parfois un oiseau ou une sourie prisonnier de ses serres. Alors Nyam les enterrait dans le jardin, en souriant un peu tristement. Elle rentrait quand elle aperçut un des gardes de la grille. Il transportait un petit paquet. Quand il la vit, il s'avança vers elle. Coup du destin ou non, il décida de lui remettre le colis sans le passer par le Maître avant. Il le lui tendit en silence.


C'est pour moi ?

La Frêle prit le petit paquet et déchiffra le message. Reconnaissant l'écriture d'Anaon, elle écarquilla les yeux et dissimula le tout rapidement dans les plis de sa robe. Elle rentra prestement, utilisant ses connaissances de la maison pour éviter de croiser qui que ce soit. Une fois dans sa chambre, elle déballa le cadeau de la Roide. Un oh se dessina sur les lèvres délicates de la jeune fille. Elle leva la chaîne à la hauteur de son regard, ses yeux bleus détaillant le bijoux d'argent sculpté. Elle le trouvait magnifique, et puis c'était sa maman qui le lui offrait.

Le passant autour de son cou, elle le dissimula sous le col de sa robe, le pendentif reposant entre ses deux seins. Le métal froid ne la gênait pas, au contraire. Cela la rassurait. Il lui faudrait envoyer un message pour remercier Anaon, mais elle ne savait pas comment. Ecrire ne lui semblait pas suffisant... Sans parler du fait que Judas risquait d'intercepter le courrier. En fait, elle avait envie de la revoir... Dissimulant le petit message dans sa cachette, elle se résolue à trouver un moyen d'être envoyée en mission par le Maître en dehors du domaine, ainsi elle pourrait la voir. Mais il allait falloir être prudente et subtile pour ne pas se faire prendre.

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*Frédéric Régent, Historien
Rosalinde
Pas de chance, Nyam... L’Œil veille, en l'absence du Maître. C'est depuis l'une des nombreuses croisées de Petit Bolchen, au premier étage, qu'elle vit le garde remettre le paquet à la Frêle, que l'Intendante avait ensuite pu à sa guise observer se diriger vers l'intérieur du castel. A n'en pas douter, jusqu'à sa chambre, c'est donc sur la pointe des pieds que Rose s'en approche, prenant bien garde à ne pas émettre le moindre son.

Un regard, voyeur, par le trou de la serrure, la voit replacer un paquet de lettres sous une des lattes du parquet. Dissimulée dans l'ombre, elle n'eut ensuite plus qu'à attendre que la petite esclave sorte de la pièce pour retourner à ses activités, ainsi elle put s'introduire dans la chambrée, et découvrir de quoi il retournait.

Pile de lettres aisément découverte, bien sûr, quand on en connait la tanière. Assise à même le plancher, elle parcourt les nombreuses lignes, partant de la plus ancienne, sans aucun scrupule quant à son insinuation dans la vie privée de Nyam. Au latrines, le secret de la correspondance, le principe juridique était bien trop futuriste pour elle.

Sans intérêt, et pourtant, peut-être, digne d'être rapporté à Judas. Il lui semblait que la blonde avait été interdite de correspondance, mmmh... Mais la dernière lettre fait naître le sourire sur le visage de Rose. Merci, Petit Oiseau... Pour la peine, elle replace les lettres telles qu'elle les avait trouvées dans leur cachette, alors qu'elle avait d'abord songé à les lui confisquer. Si besoin était, elle saurait sans doute faire planer la menace de dévoiler son secret au Maître.

En attendant, elle se décida à vider les lieux, pour se rendre jusqu'à sa propre chambre. Là, elle prit sa plume, et rédigea ces quelques mots...


Citation:
Je doute que l'information vous intéresse, mais...
Je sais où se trouve Anaon.

Et j'ai besoin d'une paire de gants, pour cet hiver.

Bien à vous,

R.

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Voyez la vie en Rose !
Judas
Octobre 1460.

Judas qui tournait en rond à Paris reçu bien vite des nouvelles de Bourgogne, et ô combien attendues... Des nouvelles plus prometteuses qu'espéré.

Il entrevit la fin de ses errances parisiennes grâce au secours admirable de Rose. Sans tarder il retourna réponse, se promettant de ramener un souvenir d'Anjou à l'intendante en sus du berceau promis à Isaure.

Enfin, encore fallait-il que la joueuse ne le fasse pas trop languir et éclaircisse vite sa lanterne...

Citation:
Gants et pelisse, le message est bien passé... Mais pas tout à fait entier. Ma chère, parlez où gelez-vous le séant cet hiver.

J.

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Je ne débats pas, je ne tergiverse pas, je joue.
Rosalinde
Gants ET pelisse ? Et bien, il semblait bien pressé, le Courceriers ! Enfin, voilà au moins ce pour quoi l'argent de Baile ne serait pas utilisé.
Réponse donc, sans un remord en pensant qu'elle vendait l'Ann contre quelques fourrures.


Citation:
La chère disparue se trouve à Château-Gontier, en Anjou.

Félicitez-vous que l’Œil n'ait rien perdu de sa sournoiserie malgré son exil forcé auprès de la Frigide.

Bons baisers de Bourgogne,


R.

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Voyez la vie en Rose !
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