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[RP] Scènes de vie au château des comtes du Languedoc

Ingeburge
[Cour du château, deux jours plus tôt]


Toujours assise à l'intérieur de son coche, la duchesse d'Auxerre attendait que l'on vînt lui signifier que ses appartements étaient désormais disponibles. Ses doigts jouaient nerveusement avec le chapelet qu'elle tenait entre ses mains. Les raisons de ce retrait et de cette nervosité étaient les mêmes : elle n'avait nulle envie de croiser le comte du Languedoc avec lequel elle avait voyagé depuis Mende. Quelle drôle d'idée avait-elle eue de lui faire savoir qu'elle se rendait en la capitale et quelle drôle d'idée elle avait eue d'avoir accepté de loger au château comtal. Elle ne s'inquiétait pas de ce que l'on dirait, elle n'était pas seule, bien plus entourée que lors de son premier séjour languedocien et l'Euphor lui-même, en sus de son train habituel, était accompagné de sa fille Mélisende et de sa protégée Ella. En outre, personne importante, elle avait déjà résidé au castel, sur invitation d'Adrien Desage et dans sa préoccupation, elle oubliait un peu que celui-ci était fiancé puis marié à l'époque, ce qui était loin d'être le cas de son hôte du moment. Elle haussa les épaules sans s'en rendre compte, agacée, ne faisant que suivre le cours de ses pensées. Elle aurait pu taire son séjour montpelliérain mais il en aurait eu vent, tôt ou tard et si cela n'avait pas été le cas, sachant qu'il y avait les allégeances à préparer, il se serait bien douté qu'elle quitterait Mende pour Montpellier. Alors, pourquoi n'être pas descendue sans rien dire? Car elle voulait le voir. Lui désormais sur le trône, il n'aurait que peu d'occasions d'être ensemble, en dehors des interminables cérémonies d'ores et déjà fixées et le meilleur moyen – le seul – d'augmenter considérablement les chances de rencontre, c'était de se trouver là où il était, quand il y était et accepter de loger au château était en ce sens un bonus dont elle avait bien entendu l'intention de profiter.

Oui, être avec lui était sa motivation. Mais pas aujourd'hui. Pas plus qu'hier ou avant-hier. Non. Elle était bien trop fâchée. Une vingtaine de jours depuis Agulhete, une vingtaine! Et si elle attendait, là, à ruminer, c'était parce qu'il y en avait que pour lui, pour cet homme qu'elle avait encouragé à régner et que la valetaille se pressait de recevoir. C'était normal et elle aurait été outrée qu'il en allât autrement mais patienter dans le cours, à ses côtés, non! D'un geste rageur, elle lança son chapelet devant elle; le collier se fracassa contre le pan de bois. Nul n'avait été témoin de la scène, elle avait congédié tout le monde, refusant la compagnie de ceux qui étaient avec elle, voyageant seule dans son coche depuis Alais et ce mouvement qu'elle venait d'avoir ne l'avait en rien calmée. Ses mains crispées formèrent des poings et elle se contraignit à respirer plus lentement. Observant ses doigts repliés, elle aperçut la bague qui lui avait offerte, ce saphir coupable qui remplaçait le saphir de son anneau de cardinal. Elle serra les poings, à s'en blanchir les jointures et ce fut dans cette posture que la trouva un valet venu l'informer que les pièces qui lui avaient été réservées pouvaient désormais la recevoir.

Quelques minutes s'écoulèrent entre le moment où le domestique s'était retiré et celui où elle mit pied à terre. Un Lombard l'avait aidée à descendre et les quatre autres l'encadrèrent aussitôt. Empoignant un pan de son manteau, elle avança, droit devant, sans un regard pour ceux qui étaient là, que ce fut Aelith, Assyr, Isora, Matthys ou Actarius, Ella, Mélisende, ignorant tout à fait s'ils étaient effectivement là. Hiératique et impassible, elle s'engouffra dans le château. Seul le léger frémissement des commissures de ses lèvres pouvait traduire sa grande exaspération. Parvenue à sa chambre, elle ôta le saphir de son annulaire droit et le lança dans la pièce avant de se jeter toute habillée sur sa couche.




[Appartements de la duchesse d'Auxerre et de sa suite]


Ingeburge était revenue à de meilleurs sentiments depuis son arrivée au château. Etalée comme une masse sur son lit, elle avait fini par s'endormir pour plusieurs heures. A son réveil, toujours irritée mais calmée, elle avait fait appeler deux servantes pour l'aider à se changer et avait entrepris de chercher la bague jetée dans un mouvement de colère. La tâche s'était révélée ardue : la pièce était pleine de malles, de coffres, de sacs posés au petit bonheur car la valetaille n'avait osé déranger leur maîtresse assoupie. Aussi, au milieu des bonnes déballant les effets de la duchesse, celle-ci, à quatre pattes, avait frénétiquement fouillé tous les coins et recoins.

Le saphir avait retrouvé sa place et brillait à cette main blanche qui écrivait quelques missives. La duchesse d'Auxerre après avoir pesté et maugréé deux jours durant s'était remise à ses affaires et préparait ainsi la cérémonie d'allégeances. La rédaction des convocations l'absorbait toute et si elle n'avait pas donné de consignes pour qu'on la laissât tranquille, elle jouissait en sa chambre d'un calme bénéfique et apaisant. Du château, elle n'avait pas vu grand chose, restant cantonnée à l'aile qui lui avait été destinée. Une antichambre, une grande salle, un salon pour recevoir, des chambres pour chacun de ses compagnons et elle, un cabinet de toilettes, privé; là était pour l'heure son univers. Mais elle finirait bien par sortir de son trou et par se risquer à pointer le bout de son nez ailleurs, ne serait-ce que pour aller à l'église respectant pour l'heure chaque temps de prière chez elle. Oui-da, elle sortirait, devant notamment se rendre aux cuisines afin de donner des instructions relatives aux délices servis durant la cérémonie. Ou pour traîner innocemment du côté du bureau du comte. Elle était certainement en colère et refusait de le voir alors qu'elle n'avait envie que de cela mais le masochisme connaîtrait tôt ou tard ses limites.




[Petite précision préalable : RP ouvert à tous dans la mesure où votre personnage peut évoluer à l'intérieur du château des comtes du Languedoc, à Montpellier. L'idée est de jouer l'envers du décor tout en créant des interactions entre des personnages qui ne se fréquenteraient pas ordinairement. Sont donc invités à y participer tous ceux qui pourraient être concernés.
La seule demande, outre la cohérence, est que vous balisiez votre post pour savoir où évolue votre personnage. Ainsi, s'il se trouve dans le bureau du comte, vous l'indiquez et cela permettra de situer chacun comme cela permettra de ne pas bloquer l'évolution du RP en un endroit et de proposer diverses scènes.
Je reste disponible par mp si besoin est.
Merci et bon jeu à tous!]

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Retour tout doux, merci
Actarius
[Du bureau du Comte aux appartements de la duchesse d'Auxerre]


Tout ou presque allait de travers depuis quelques jours. L'affaire du maire de Béziers était survenue et le Comte n'avait de cesse de s'arracher les cheveux pour savoir comment gérer une situation menaçant de s'aggraver jour après jour. Après d'intenses discussions, le Mendois se décida à appliquer la manière forte. Quiconque le connaissait un peu savait que sa patience avait ses limites et qu'il n'était pas du genre à lambiner éternellement en attendant que les choses s'améliorassent d'elles-mêmes. Il avait donc tranché et se trouvait cette matinée dans la position de celui qui attendait de connaître les conséquences de sa décision. Son regard semblait figé, concentré à la lecture d'une missive, mais à la vérité le Phénix broyait du vague sous ses iris éteints de fatigue. Lorsque la porte résonna, il se réveilla soudainement. Enfin ! Ce ne pouvait être que des nouvelles de Béziers. D'un mot, il ordonna sans ménagement d'entrer. D'une autre injonction autoritaire, il intima au messager de parler. La tension était à son comble.

Messire Dict du Cougain vous fait savoir que Béziers est reprise en main, Votre Seigneurie. La voix neutre du jeune homme trouva rapidement un écho enflammé lorsque le vigoureux poing du Mendois s'abattit sur la table de travail. De rage ? Non ! De satisfaction. D'un geste sûr, le Régnant fouilla la pile de parchemins et en retira un. Le messager lui ne sachant trop que faire observa la scène qui se résuma à une griffe apposée, à de la cire dorée coulant au bas du parchemin et à une matrice appliquée avec force.

Tiens ! Va porter cela au porte-parole, il a mon accord pour diffuser la nouvelle, glissa un Euphor visiblement satisfait tout en tendant un vélin, rapidement saisi. Le garçon allait s'éclipser lorsqu'il fut interrompu par un "Ah !" sonore. Il se retourna et eut la surprise de constater que le Pair avait déployé sa grande et imposante carrure. Porte également cela à Mestra Boulga. Le lourd battant s'ouvrit et se referma bientôt sur un Actarius à nouveau seul avec ses pensées. Mais celui-ci avait abandonné son air quelque peu hagard pour une moue trahissant de bonnes dispositions retrouvées. L'allant se conjugua en de multiples griffonnages. Le Carmin, l'Arsenal, la demande de caraque, les réponses aux différentes missives. Peu avant la midi, il rejoignit la salle du conseil et ne retrouva son refuge qu'après avoir mangé. Il abattit encore de l'ouvrage durant l'après-midi, mais la concentration s'estompa petit à petit, elle s'échappa même et le contraignit à abandonner son occupation.

Voilà, deux jours qu'ils étaient arrivés et pas une seule fois encore, il n'était allé la voir. Il sacrifiait à nouveau ce qui lui était le plus cher à son devoir, il commettait les mêmes erreurs, faisait preuve des mêmes négligences et déjà la culpabilité grandissait en son for intérieur. Il ne songea pas un instant aux convenances lorsqu'il quitta la pièce. Il se montra naturellement prudent pour traverser les couloirs du Castel, s'arrêtant, changeant de direction au moindre pas entendu. Il ne voulait pas être vu. La prudence avait fait son nid dans son esprit emporté. Mais elle avait elle aussi des limites. Des limites qui se matérialisaient par l'irrépressible besoin de lui parler, de l'entendre, de la voir, de la sentir près de lui, de la toucher même. Et cet élan dérida ce faciès fermé par les regrets d'avoir tu cette nécessité, de se l'être cachée sous des piles de parchemins. Il atteignit l'objectif sans avoir été découvert et se positionna bientôt au-devant des Lombards.

Ils devaient le connaître désormais, mais la méfiance naturelle, que le Mendois nourrissait envers ceux-ci, descella tout de même ses lèvres. Il s'annonça, mais en murmurant cependant, soucieux de ne pas trahir trop tôt sa présence à la Prinzessin et s'imaginant peut-être encore la surprendre.

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Assyr
[Cour du château - Deux jours plus tôt]


Les voilà, ils étaient à présent dans la cour du château comtal. Le voyage s'était déroulé sans encombre. A la différence de leur périple sur les terres du vicomte du Tournel, le trajet avait été fait à cheval pour Assyr. Il ne retournerait pas à Mende car il devait repartir en Bourgogne à la mi-août, il ne pouvait donc partir sans son Persan. Sa robe de jais était à l'image du caractère de la bête et c'est pour cela qu'il lui avait donné le nom de son frère ; une sorte de revanche, mesquine, certes, mais ô combien jouissive. Il mit pied à terre avec l'agilité d'un homme proche de la quarantaine et peut habituer à chevaucher longtemps. Autant dire donc que c'était quelque peu maladroit. Il n'en tapota pas moins l'encolure de sa monture puis confia les rennes au palefrenier qui vint se présenter à lui. Il récupéra également ses sacoches, seul bien que les brigands ne lui avaient pas rober sur la route de Chalon à Mâcon.

Le coche de la duchesse d'Auxerre était immobilisé dans la cour lui aussi, et la Princesse attendait à l'intérieur. Un domestique vint alors à la portière. Elle descendit un instant après et fila à l'intérieur du château sans même un regard vers ses compagnons. Assyr ne comprit pas vraiment ce qui se tramait. Rien n'avait transparu dans l'attitude de l'Altesse, comme d'habitude me direz-vous. Le Tonnerrois regarda interloqué ses compagnons et se mit à se gratter la tête, geste qu'il faisait machinalement lorsqu'il était perplexe. L'on vint finalement les chercher pour les conduire dans les appartements réservés à leur effet. Le diplomate suivit le valet à la trace tout en admirant l'architecture castrale.



[Appartements de la duchesse d'Auxerre - Chambre d'Assyr d'Ylfan]


Assis devant une table en noyer, Assyr avait la tête entre ses deux mains. Un morceau de papier était devant lui ainsi que le nécessaire à écrire. Il réfléchissait le Bourguignon, il cogitait sec. Faut dire qu'il s'était enfin décidé à écrire à Boulga. Or, il ne savait pas vraiment comment débuter cette missive, ni quoi dire exactement. La veille de son départ pour la capitale languedocienne, ils avaient passé la nuit ensemble. Ils avaient finalement finit ce qu'ils avaient commencé un soir de beuverie à L'Épi chantant. Il soupira, puis se gratta machinalement la tête. Il se décida finalement à écrire.



        Montpellier, le 5 août 1460.


    Chère Boulga,


Je ne sais par où commencer. D'abord, je vous prie de bien vouloir m'excuser de ne point vous avoir écrit plus tôt. Le trajet s'est fort bien déroulé mais, nous sommes allé bon train, ne me laissant pas l'occasion de vous écrire. De plus, une fois arrivé à Montpellier, la ville m'a comme englouti, accaparé. Cette ville grouille de monde, d'activités. Tout est mouvement, le bruit est quasiment incessant. Les travaux de l'arsenal sont des plus impressionnants. Et que dire du marché de la ville qui regorge de produits de toute sorte et venus d'un peu partout. Bref, vous imaginez bien qu'une fois mis le pied dehors, je perdais facilement toute notion du temps.

Ce jour d'hui, je fais donc ce que j'aurais dû faire plus tôt. J'aurais dû vous dire plutôt combien j'ai apprécié la nuit que nous avons passé ensemble. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'être fort mal à l'aise vis à vis de votre senher, mon ami. Et, puis je ne voudrais pas vous faire miroiter de faux espoirs. Vous savez que je repars promptement en Bourgogne et je ne sais quand ou tout simplement si je pourrais revenir en Languedoc. Je dois vous l'avouer, je ne suis point fort à l'aise avec les sentiments ni avec les femmes ; vous avez sans doute pu vous en rendre compte. Et, puis, je crois que vous savez les sentiments que je porte à une autre. Cependant, chère Boulga, je ne peux nier que vous m'avez touché, troublé. Votre douceur, votre jeunesse, votre attention ont su, je ne sais comment, panser mes maux et me donner espoir. Pour cela, je vous rend grâce.

Que le Très-Haut vous garde !

    Votre attentionné
    Assyr d'Ylfan


Les mots avaient couru seuls sur le papier, un peu trop facilement. Et s'il en avait dit trop, et s'il outrepassait ce qui était convenable de dire ? Bah, après tout, il n'était pas près de la revoir, alors autant ne pas se restreindre. Il plia la missive puis fit appeler un valet à qui il confia le pli. Le coursier parti, Assyr se leva et alla se jeter sur son lit. Il croisa ses mains derrière la tête, soupira et laissa son esprit vagabonder.
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Isora
[Cour du Château : deux jours plus tôt]

Ce voyage, bien plus court que le précédent et sans nœud cette fois, avait glissé dans la tranquillité. Elle retrouva donc Assyr, Aélith et Matthys dans la cour d'un château : "le château Comtal". Allaient-ils donc résider ici durant leur séjour à Montpellier ?...... Isora avait cette fois-ci voyagé en compagnie de Dona Melisende et Dona Ella, Isora ne connaissait que très peu la première et un peu plus la seconde, enfant charmante, très imaginative. Elles avaient fait connaissance un peu à Mende, des histoires de châteaux de sable, de grenouilles. A cette évocation, Isora sourit elle pense à son cher curé Valpot. Ses réflexions furent interrompues, la Duchesse d'Auxerre passa devant eux, elle semblait entièrement absorbée par ses préoccupations.Elle regarda ses amis et sourit en voyant Assyr se gratter la tête, elle avait remarqué ce geste à plusieurs reprises déjà. Pourquoi ? La, était la question. L'image de son ami qui résistait à la somnolence durant la messe à Tonnerre lui revenait à l'esprit. Il ne pouvait s'imaginer qu'il était à l'origine d'une sorte de pari avec ses amies Tonnerroises, allait-il cette fois enfin s’endormir pour de bon et peut être ronfler, ne serait-ce que très discrètement ? Et puis elle et Fantou, pour ne pas la nommer, les deux plus espiègles, il fallait bien l'avouer, lui avaient donné un surnom amusant, enfin pour elles il l'était. Mais ce qui inquiétait notre Tonnerroise, c'était qu'il lui avait annoncé son prochain départ, en solitaire s'il le fallait car il devait rentrer en Bourgogne.

[Non loin des Appartements de la duchesse d'Auxerre - La chambre d’Isora]
Isora fit comme ses compagnons de voyage elle suivit leur guide : un valet, elle se retrouva dans une très jolie chambre. Il y avait un grand lit avec un encadrement en bois, monté sur une estrade, recouvert d’une très belle courtepointe, au pied de ce dernier un coffre à linge, un petit buffet sur lequel avait été déposé un chandelier et surtout une sorte de petit bureau sur lequel se trouvaient : papier et plumes, et une chaise. Sur le sol une natte en paille tressée. Isora n’avait jamais été aussi confortablement installée.
Elle mit sur le bureau ses propres plumes, le stylet de son père. Elle retira de son sac ses biens les plus précieux qui ne la quittaient jamais, un mouchoir ayant appartenu à sa mère ; sa broche : une fine feuille d’acanthe cadeau précieux d'un ami disparu ; quelques missives….; une feuille séchée…. ; un ruban et quelques petites choses sans importance.
Un rayon de soleil passant au travers de la fenêtre attira son attention, quelle était la vue d’ici, un jardin ? des fleurs ?………….ses pensées s’éloignèrent de Montpellier vers Mende, une conversation en taverne le dernier soir, le sujet….la vue imprenable d’une chambre, un bâton de cannelle, une soirée fort distrayante pour la Tonnerroise, une histoire de Vieux Royaume, elle sourit, oui…..certaines rencontres étaient inoubliables et resteraient gravées dans sa mémoire.

Deux jours plus tard, reposée, Isora une fois préparée, après avoir pris une pomme, telle une belette se faufila sans bruit à l'extérieur et se dirigea vers Montpellier direction……….les rues de la Capitale. Elle avait quelqu’un à trouver, à rencontrer et elle espérait bien avoir un peu de chance. Lorsqu'elle reviendrait de sa promenade, si elle en avait encore le temps, elle chercherait les jardins de ce magnifique château, oui il y en avait toujours, un banc....à l'ombre, des oiseaux....
Boulga
[Les jardins du castel, à la fin de la journée]

Lorsque le soleil est moins ardent et que la lumière se fait dorée. Lorsque les fleurs profitent de la douceur qui s'installe avant la nuit pour exhaler leurs ultimes senteurs.
Lorsque l'heure de la sieste est achevée et qu'on se prépare pour le agapes vespérale, hm hm, après avoir célébré les vêpres, plansegur.
Bref, c'est bien à la fin d'une nouvelle journée de travail que Boulga rejoignit les fraîches allées du jardin du castel. Il avait fallu traiter les affaires urgentes, celle de la tentative de révolte à Narbonne, puis celle de la reprise de Béziers, et à présent rester vigilant suite à l'afflux soudain de bandes de brigands dans le comté. Les mêmes bandes qui avaient ravagé et pillé l'Armanhac et la Comenge le mois précédent. Les ordres de sa Seigneurie Actarius passaient avant toutes choses; l'office de Boulga, en tant que Procureur l'exigeait.


Elle avait déjà dû remettre à plus tard la réponse à une lettre de dona Isora, mais en s'attardant au castel, elle espérait bien la croiser et avoir l'occasion de la saluer, et pourquoi pas de bavarder, comme elles en avaient pris l'habitude lors du séjour mendois de la douce et aimable bourguignonne.
Et puis, un valet lui avait porté également une lettre de messer d'Ylfan.
Assyr.
Elle avait remercié le coursier, le gratifiant de quelques pièces, et avait attendu la fin de sa journée pour en découvrir le contenu.


Assise à l'ombre d'un figuier, où le feuillage est plus dense et où la saveur sucrée des fruits embaume l'air, la jeune fille prit son temps pour lire et s'imprégner de chacun des mots tracés, avant même de songer à une réponse.

Montpelhier... oui, elle se souvenait de son bref séjour en la capitale, deux mois plus tôt. Une ville grouillante de monde et bien vivante. En proie aux querelles des clans, aussi, mais au marché fort achalandé et abondant.

La nuit qu'ils avaient passé ensemble... c'était à elle à le remercier plutôt, car si on y regardait de bien près, elle n'avait rien eu de plus à lui offrir que quelques heures de partage. Au moins ne lui avait-elle pas menti à ce sujet. Mais la suite de la lettre laissait voir que son compagnon d'une nuit n'en avait guère davantage à offrir de son côté. Pour le moment du moins.
Peut-être s'il n'y avait pas eu le senher Salvaire...
Boulga soupira.
Mais sans son senher, la rencontre avec Assyr d'Ylfan n'aurait peut-être jamais eu lieu. Elle n'aurait sans doute jamais eu l'audace d'aller au bout de son désir de lui, et admettons-le aussi, de sa curiosité. Et combien de temps encore serait-elle restée sage fillette à cultiver son jardin à Valence, auprès de ses parents ?


Les sentiments portés à une autre ? Oui, Boulga les savait. Et bizarrement, c'était leur aveu même qui l'avait le plus touchée. Comme d'une certaine façon la touchait la dévotion que son senher portait à sa défunte cousine, la Reyne Beatritz.
Elle sourit aux grâces qu'il lui rendait.

J'en ai autant pour vous, Assyr d'Ylfan.
Définitivement, il était trop tôt pour prétendre s'engager avec lui et simplement pour prétendre l'aimer. Une attirance mutuelle ne saurait tout faire, encore faut-il lui laisser le temps de pousser, de s'épanouir, l'entretenir et voir ensuite les fleurs et fruits qu'elle est capable de donner. Qu'il aille d'abord au bout de ses engagements avec d'autres, en Bourgogne. Elle en ferait de même ici, en Lengadoc. Et on verrait plus tard ce que chacun d'eux en aurait retiré et si leurs chemins respectifs devaient se rejoindre.

Elle replia soigneusement la lettre et ferma les yeux, le temps de goûter pleinement la douceur du soir.

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Lacoquelicot


    [Cour du château, avant.]

    Le cul à l’arrière d’un canasson, les bras ancrés à la taille d’un cavalier, Ella contemplait le décor l’air boudeur, en attendant qu’on veuille bien l’aider à retrouver la terre ferme. Depuis le départ de Mende et la lettre d’Actarius, la môme n’était pas de la meilleure humeur qui soit. Personne n’ayant vraiment pris le temps de lui expliquer pourquoi… Pourquoi elle avait dû dire au revoir à ses amis ? Pourquoi elle allait être «confiée aux bons soins de Son Altesse Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg» ? Pourquoi elle devait vivre dans cet immense château qu’elle ne connaissait pas, avec tous ces inconnus qui ne lui adresseraient sans doute même pas la parole? Pourquoi…

    Farouchement cramponné au chevalier qui lui avait servi de chauffeur depuis le Tournel, Ella ruminait en zieutant d’un air énervé le carrosse de la Froide et la valse des baguages qui avait pris place dans la grand cour. Le seul point positif auquel la jeune fille aurait pu se rattacher était la présence tout proche de son protecteur, mais avec son altesse dans les parages, Ella se doutait bien que même ça, il n’était plus question d’y compter…


    Grumbl !!!

    L’homme devant elle, venait de se défaire de son étreinte pour sauter au sol, passant à deux doigts de la faire tomber avec lui. Rustre ! Bon gré, mal gré, la gamine lui tendit les bras pour qu’il l’aide à descendre du monstre qui leur servait de monture. Il semblait que c’était à son tour d’être introduit dans ses «appartements». La jeune fille restait méfiante vis-à-vis de ce nouveau lieu de vie qu’on lui imposait. Non pas qu’elle ne trouvait pas le Château des Comtes à son gout, mais ce n’était tout simplement pas chez elle. Et ce n’était pas près de le devenir. Trainant la patte derrière un page, la gamine ne manqua pas de faire un petit signe de la main lorsqu’elle passa à proximité de ces compagnons de route. Elle avait beau ne pas les connaitre –ou si peu- ils étaient au final les seuls et unique repères qu’elle pouvait avoir ici. Frêle pilier d’une existence chamboulé.



    [Chambre d’Ella, après.]

    Jean Clauuude, fait le beau ! Toooouuuurneuuh…

    Les yeux braqués sur le bestiau, la gamine désespérait. Si le dressage de pigeon borgne lui avait semblé une bonne idée au départ, la pratique s’avérait plus compliqué qu’elle l’avait imaginé. Son nouveau partenaire de jeu, le fameux Jean Claude donc, n’ayant pas le caractère le plus facile du monde. L’emplumé restait immobile sur le rebord de la fenêtre, l’œil fixé sur la rousse avec un regard bovin.

    T’es nul vraiment, t’sais… Et en plus t’es moche, et moi je suis seule !

    Seule dans cette immense pièce rien que pour elle. A deux pas de son seigneur et avec l'impossibilité de le voir. La vie ces derniers jours n'était vraiment pas du gout de la jeune fille, et les quelques robes dont on l'avait doté pour ne pas qu'elle fasse trop tâche n'avaient pas suffi à la consolé. La seule personne qui aurait pu était - vous l'aviez compris mais je le dis quand même - le Comte du Languedoc. C'est qu'elle aurait voulu lui parler de tant de chose. Notamment, une idée qui avait fait son chemin depuis sa rencontre avec Luisa, Lorenz, Liz et Ludwig. Le nom de famille...

    Premier complexe d'une orpheline.

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♥ Dessins by JD Luisa, extrait du ROSIFIAGE volume II. ♥ Le Mono-sourcil, je le vaut bien ! ♥
Isora
[Cour du château]
Après midi remplie d’émotions.
Le sourire aux lèvres, Isora revenait au « château Comtal », elle s’arrêta un instant pour admirer cet édifice magnifique.
Elle n’avait absolument pas envie de se rendre de suite dans sa chambre bien qu’elle fût très agréable et charmante. L’après-midi, touchait à sa fin et elle prit la décision de partir à la découverte des jardins de ce si beau Château, elle désirait se mettre en quête d'un endroit idéal pour y amener éventuellement, son ami écureuil. Afin d’éviter de se perdre, elle s’adressa à la personne compétente : un jardinier, présent dans la cour, pour lui demander le chemin. Elle prit bonne note des indications et tout en se dirigeant vers la direction indiquée elle pensa à cet après midi. Elle avait réussi à entrevoir la personne qu’elle cherchait. Elles avaient échangé quelques souvenirs de leur ami commun disparu depuis plus de six mois maintenant. Difficile pour la Tonnerroise de parler de choses très personnelles, extrêmement discrète habituellement, mais Mel était une amie proche de son cher ami parti rejoindre le Très Haut et c’était la dernière personne à l’avoir vu. Cette rencontre lui permit d’évacuer le peu….…….je dirais de tristesse qui demeurait en elle. Notre chère Tonnerroise était remplie de remords oui, car leur ami revenait à cause d’elle, pourtant elle n’avait rien demandé, jamais elle ne l’aurait fait, il ne fallait jamais inciter ni empêcher qui que ce soit d’accomplir ses souhaits. Tout cela se terminait enfin, elle avait retrouvé Mel, dernière personne à prévenir de la disparition de leur ami, la boucle est terminée..
Et Isora se sentait fort bien. Elle ne s’en était pas vraiment rendu compte, sans doute le coupable devait être encore une fois : « l’air salin », comme lui disait son cher ami Assyr. Sans doute cet air malicieux avait effacé les quelques remords d’Isora et lui avait ouvert les yeux et le cœur vers l’avenir ; ou alors cette rencontre en forêt avec son ami Matthys avec des « pas beaux », lui avait remis ses idées en place.
Enfin qui pourrait le savoir ? Le plus important c’est qu’elle sortait enfin de sa coquille, tout doucement elle allait au contact des « gens » qu’elle ne connaissait pas. Et puis ce voyage était la lumière de ses derniers mois. Elle avait rencontré des personnes extraordinaires, gentilles dont deux petites filles : Ella et Luisa ! Isora leur avait promis, à toutes les deux, d’apporter avec elle son ami de la forêt : Epargne, lors d’une prochaine visite en taverne. Elles voulaient voir ses jolies .... moustaches.

[Les jardins du castel, à la fin de la journée]
De douces odeurs vinrent lui chatouiller le nez, il devait y avoir des orangers et des citronniers à n’en pas douter ! Ces derniers avaient une odeur bien particulière.
Elle suivit le petit chemin droit devant elle, passa devant une jolie fontaine, elle continua sa route d’un pas léger, un enchantement…..C’est alors qu’une agréable surprise l'attendait, elle aperçut, assise sur un banc, sous les branches lourdes de fruits d’un imposant figuier, à l’abri du soleil, dans ses pensées : Dona Boulga ! Isora était ravie. Boulga, sans aucun doute, faisait partie des personnes qu’elle regretterait de ne plus voir. D'ailleurs c'est vers elle que son pigeon Vaillait était allé en tout premier. Elle s’avança un peu plus et tout doucement l'informa de sa présence. bonsoir Donna Boulga ! Comment allez vous, ah j’ai déjà oublié ne m'en veuillez pas, cossi va ? C’est cette charmante Dona Boulga qui a initié notre Tonnerroise en cette langue chantante ! Toutefois Isora l’a savait fort occupée de par ses responsabilités. Sans doute ces dernières l’avaient-elles menées jusqu’à Montpellier. Je suis ravie de vous revoir aussi vite. Nos petites conversations matinales me manquent un peu. Même si ici à Montpellier, elle avait retrouvé certaines connaissances, leurs petites discutions avaient pris une certaine importance. Elle en parlait encore avec son ami Assyr hier soir, ce séjour en Languedoc resterait en leur cœur, lui repartait sous peu mais Isora pas encore. Que faites-vous ici ? Sans doute vos fonctions de procureur ? Isora prend place à ses côtés, pose son panier….et lui sourit.
Assyr
[Appartements de la duchesse d'Auxerre - Chambre d'Assyr d'Ylfan - Milieu de l'après-midi]


Il faisait chaud, une chaleur pesante, moite. Assyr avait passée son après-midi à rédiger différents rapports pour l'ambassade. Comme à son habitude, il travaillait beaucoup pour oublier. Mais qu'essayait-il d'oublier au juste ? Oublier le trépas d'Armoria ? Oublier Boulga qui ne pourrait jamais vraiment être sienne ? Tout n'était pas clair dans son esprit. Alors, il s'abrutissait de travail, comme toujours.

La transpiration avait rendu sa chainse moite et collante. Les valets lui avaient recommandé de ne pas ouvrir la fenêtre afin de ne pas laisser entrer la chaleur ; n'empêche, il étouffait. Il se leva. Il fit quelques pas puis, se dirigea vers un bassin en argent, posé sur une natte, à même le sol, dans un angle de la chambre. Une cruche en faïence avait été disposée à côté. Le Bourguignon s'agenouilla, versa un peu d'eau dans le bassin, trempa un linge blanc puis se tamponna le visage afin de se rafraîchir un peu. Il recommença l'opération une seconde fois. Il s'essuya également le cou et la nuque d'où la sueur dégoulinait dans son dos et sur son torse. Il se sentit mieux un bref instant.

Il n'avait pas l'habitude de cette chaleur. La Bourgogne ne connaissait pas des températures si élevées même en été. Il se sentait un peu engourdi. Il alla s'allonger un instant sur son lit. Ses paupières étaient si lourdes qu'il finit par s'endormir.



[Les jardins du castel, à la fin de la journée]


Après avoir fait une petite sieste, Assyr décida de faire un tour dans les jardins. On lui avait assuré qu'en fin de journée la fraîcheur se ferait sentir et que les jardins étaient agréables en ce moment de la journée. Il est vrai que l'association de fontaines et l'ombrage des arbres rendait l'air plus respirable. Il marchait nonchalamment, sans but précis, tout à ses pensées. Il se demandait s'il avait bien fait d'écrire cette lettre à l'intendante du bi-baron. Il avait été un peu trop honnête, lui semblait-il. Peut-être avait-elle dû le prendre pour un nigaud à la lecture de ces confidences. Bah ! Après tout, il n'était pas prévu qu'ils se reverraient de si tôt, il ne devait pas s'en faire. Il se trouvait sous une pergola lorsqu'il aperçut au loin, à l'ombre d'un figuier, deux silhouettes féminines qui lui étaient familières. Il s'approcha légèrement et reconnu Boulga et Isora en grande conversation. Il s'arrêta net.

Par saint Bynarr ! mais que fait-elle ici ? Elle ne m'a pas prévenu qu'elle viendrait au château ! Chiasse ! Me voilà bien nigaud pour le coup.

Il se dissimula derrière la dernière colonne de la pergola. Ses mains étaient moites, il se mit de nouveau à suer à grosses goutes. Il n'entendait pas la conversation des deux jeunes femmes. Son cerveau était en ébullition. Que devait-il faire ? Aller la voir et faire comme si de rien était ? Partir en courant ? Il se retourna, appuya son dos et sa tête sur la colonne. Il déglutit. Non, il ne pouvait la voir. Non, ce n'était point raisonnable. Il avait déjà fait ses adieux, la revoir ne ferait que ranimer des flammes qu'il se devait d'éteindre. Il soupira. La Bourgogne l'attendait, il ne pouvait faire autrement. Or, il savait que s'il se dirigeait vers elle, il ne partirait pas. Il baissa la tête et soupira une nouvelle fois. Oui, il devait s'éloigner, elle ne devait pas l'apercevoir. Alors c'est ce qu'il fit. Il revint sur ses pas, retourna vers sa chambre, laissant derrière lui une petite languedocienne , qui, à n'en pas douter, avait bouleversé le cours de la vie du Tonnerrois.
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Boulga
[Toujours dans les jardins, sous le figuier]

Isora a écrit:
bonsoir Donna Boulga ! Comment allez vous, ah j’ai déjà oublié ne m'en veuillez pas, cossi va ?
...
Je suis ravie de vous revoir aussi vite. Nos petites conversations matinales me manquent un peu
...
Que faites-vous ici ? Sans doute vos fonctions de procureur ?

Isora prend place à ses côtés, pose son panier….et lui sourit.


Boulga rouvrit les yeux en entendant une voix qu'elle connaissait bien maintenant et qu'elle fut ravie d'entendre. Le genre de voix qui vous réchauffe parce qu'on sait déjà qu'on va passer un moment bien agréable

Ah dona Isora ! quel plaser de vous croiser ici ! Pourtant je ne devrais pas en être étonnée, vous êtes dans la suite de la Prinzessin avec messer Assyr

A ce dernier nom prononcé tout haut, la jeune fille s'aperçut qu'elle tenait toujours la lettre à la main, soigneusement repliée, mais bien en vue sur sa jupe. Et par un tour étrange de la pensée elle s'imagina que tout le monde la voyait et pouvait en lire aisément le contenu à travers le parchemin. Elle déploya sa main promptement comme pour la dérober aux regards, en même temps qu'elle fit de la place à Isora.

Il est vrai que je viens au castel par rapport à mon office de Procureur, même si je n'y suis pas tout le temps.
Vous savez que j'ai honte de ne vous avoir pas encore répondu !
Nos petits échanges me manquent aussi, mais je suis bien certaine que vous avez dû trouver une capitale bien animée et y avez sans doute fait des rencontres intéressantes ! Racontez-moi donc cela, qu'avez-vous découvert ? Et comment se portent vos compagnons ?


Et le petit flot de mots se déversa, un peu pour masquer sa petite agitation, beaucoup par plaisir de retrouver une amie, et un peu encore à l'idée qu'elle pourrait tout aussi bien croiser l'Ylfan en chair et en os, malgré des adieux déjà... formalisés.

Savez, je me suis dit qu'il faudra un jour que nous nous rendions aussi en Bourgogne. La promise de mon senher a sa résidence à Nevers, là où la feue reyne Beatritz a son tombeau...

Promise, senher, reyne Beatritz. Elle débitait cela de l'air le plus naturel du monde, et ça sortait tout seul, comme des choses anodines, ou comme un discours appris par coeur et qu'on se répète à l'envi jusqu'à acceptation totale.
C'était pourtant tout son drame : s'être attachée à un homme qui ne serait jamais son époux, et dont l'âme était remplie d'une autre, même si elle ne doutait pas d'être elle-même tendrement chérie. Et sa pensée glissa à nouveau vers Assyr d'Ylfan, lui aussi l''âme prise par une autre, et lui aussi capable de prodiguer des douceurs bienfaisantes. En un instant, la sagesse qu'elle attribuait à ses résolutions vola en éclats : ce n'était rien d'autre qu'un discours de plus pour masquer une réalité déchirante et retarder le moment d'assumer pleinement son choix. C'était tellement plus facile de laisser la vie ou les autres choisir à votre place ! On pouvait accuser l'injustice du destin ou la malignité des gens


Oui, décidément, un voyage en Bourgogne, pas de suite, mais plus tard, voyez, j'en toucherai un mot à mon senher.

Ajoutons que Boulga était trop occupée par ses pensées et par sa conversation avec Isora pour avoir seulement repéré la présence d'Assyr. Elle ne le vit ni arriver, ni repartir.
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Ingeburge
[Appartements de la duchesse d'Auxerre et de sa suite]


L'insùbrich coula, légèrement chuintant et rond. Andrea se tenait devant elle et elle releva les yeux, tant surprise par cette interruption – elle avait demandé à ne pas être dérangée – que par ce qui venait de lui être annoncé – le comte du Languedoc attendait à sa porte. Il lui fallut quelques secondes pour se reprendre et quitter cet air étonné mais pour autant, elle ne répondit rien au Lombard. Ses pensées étaient ailleurs, à quelques mètres, là où l'Euphor se tenait et elle ne savait si elle devait ou être heureuse de cette visite impromptue. Le fait était qu'elle n'avait pas décidé de le revoir, elle était fâchée. Son calme apparent était dicté par la nécessité de ne rien laisser transparaître et de ne pas accabler le régnant avec des soucis d'ordre privé. Elle tiendrait sa langue durant ces deux mois, elle ne dirait rien, sa résolution était prise et le mieux était encore de fuir et d'éviter toute rencontre pouvant déboucher sur une querelle. Ne lui avait-elle pas promis son soutien? Se montrer franche ne serait pas dans cette lignée et comme elle répugnait à lui mentir tant par nature que parce qu'il lui l'avait accusée de dissimulation, il fallait tout mettre en œuvre pour éviter les situations porteuses de drame. Toujours silencieuse, elle quitta sa table pour se diriger vers le coin où étaient entreposées ses affaires. Là, elle y choisit un voile sombre qu'elle déposa sur sa chevelure coiffée en une natte serrée et fixa celui-ci à l'aide d'un bandeau d'orfèvrerie. Comment allait-elle accueillir Actarius? Elle ne le savait toujours pas mais il était hors de question de paraître devant lui tête nue et les quelques préparatifs auxquels elle consentait pour préserver sa vertu lui étaient un apaisement. Ses réflexions d'ailleurs partirent sur ce terrain-là, délaissant cette obligation de faire autant que possible bonne figure et décision fut prise de ne pas le recevoir dans la chambre; l'idée n'était même pas envisageable. L'antichambre ne convenait guère plus, elle n'était pas faite pour et cela aurait peut-être quelque chose d'insultant pour le comte du Languedoc d'être accueilli ainsi en son château. Le salon destiné aux visiteurs alors? L'hésitation fut grande : le lieu convenait parfaitement. Mais le contexte, non. Ne pas parler, ne rien dire; en tête-à-tête, elle aurait du mal et même si elle se montrait vaillante, il finirait par l'interroger et avec insistance, par percer ses défenses. Et il était hors de question qu'elle le reçoive seule, ce qui serait le cas si elle optait pour le salon, n'ayant pas la moindre idée des activités de ses compagnons. Distraitement, elle jeta un coup d'œil au reflet que lui renvoyait le miroir à main dont elle s'était saisie. Il faudrait aussi faire taire ce regard fébrile.

Cinq minutes après l'arrivée du comte, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus, la porte s'ouvrit pour livrer passage à la duchesse d'Auxerre. Juste derrière elle se tenait Andrea qui referma le vantail une fois le seuil franchi. Ayant incliné légèrement la tête, Ingeburge prit rapidement la parole et pour excuser l'attente à l'extérieur, étrange écho d'un scène jouée à Mende un peu plus tôt et pour mettre à exécution sa résolution :

— Votre Seigneurie, j'implore humblement votre pardon.
La voix s'était élevée, plate, et toujours aussi atone, poursuivit ses explications :
— Vous m'avez surprise alors que je m'apprêtais à sortir, ceci explique que l'on ne vous ait pas fait entrer chez moi. Une course me conduit hors du château.
Croirait-il ce qu'elle lui avançait? Peut-être, ou pas mais cela importait peu, ce qui comptait c'était de donner le change, de faire front, pour lui et pour toute personne qui pourrait passer dans le coin. Ce fut donc pour lui et pour les autres qu'elle souleva légèrement le châle qu'elle tenait en main. Toujours en représentation, elle continua sur sa lancée :
— Si vous souhaitiez m'entretenir de la cérémonie d'allégeances, je puis vous rassurer, tout sera prêt. Pour le reste, nous aurons le temps plus tard.
Dans deux mois, par exemple.
— Je sais que vos priorités sont ailleurs.
Elle s'interrompit, sourcils froncés. Sa dernière phrase avait-elle sonné comme un reproche? Elle espérait que non, c'était bien le but de toute la scène qu'elle lui jouait, éviter qu'ils se retrouvent tous deux en situation de se déchirer car elle estimait qu'il la négligeait. Un peu précipitamment, elle tenta de se rattraper :
— Je suis heureuse pour vous.
Le ton s'était adouci et durant quelques secondes comme hors du temps, elle se perdit dans son regard, émue. L'instant, fugace, s'acheva et avec un entrain forcé, elle conclut :
— Je suis en retard, nous nous reverrons ce mardi. Que le Très-Haut vous garde.

Sans rien attendre, elle le contourna et s'éloigna d'un pas vif, aussitôt encadrée par les Lombards. Pendant le peu de temps que dura son monologue, la crispation l'avait gagnée et elle était maintenant prise de frissons. C'est que, lorsqu'Andrea avait ouvert la porte et qu'aussitôt, elle avait vu le Phœnix, elle n'avait eu qu'une envie à contre-courant de sa décision, celle de prendre Actarius par le bras, de l'attirer à l'intérieur et de s'y dissimuler avec lui. L'effort lui avait été mentalement et physiquement douloureux et elle n'aspirait qu'à s'étendre pour se reposer. Mais il y avait cette « course » à accomplir qui l'empêchait de retourner chez elle et en fait de commission, elle se rendit à l'église la plus proche; elle y passerait une heure ou deux agenouillée sur le sol à Lui demander de lui donner la force de résister encore.
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Retour tout doux, merci
Isora
[Toujours dans les jardins, sous le figuier]
Ah dona Isora ! quel plaser de vous croiser ici !
Isora, vive comme « l’éclair » telle une Donnola, s’était installée………un peu trop vite, elle n’avait pas fait attention, elle espérait ne pas l’avoir dérangée ni interrompue !
« Plaser », voilà un nouveau mot bien agréable aux oreilles d'isora, il lui faudra le noter, notre Tonnerroise avait pris cette habitude lors de ses rencontres avec Boulga, chaque nouveau mot « chantant » était soigneusement recopié sur une liste. Un certain nombre y figurait déjà : adissiatz, itou et plan ségur(ces deux là l’amusaient), va plan, merce…. Ah oui et deux mots en flamant, mais bon ceux là lui serviront-ils un jour ?
La soirée était douce, et il était étonnant de ne pas croiser plus de monde, les jardins étaient particulièrement calmes et ici la fraicheur était propice à la détente. Oui l’endroit plaisait à Isora, elle y viendrait sans doute souvent le soir ou le matin très tôt. Le cadre serait idéal pour lire ou écrire….ce sera selon. Une sorte de petite forêt miniature……
Isora sourit à Boulga lorsque celle-ci s’excusa de ne pas avoir répondu à sa lettre. Oh mais vous savez, si vous deviez répondre à chaque fois que je vous écris….sachez que j’écris très souvent, et mes lettres ne demandent pas forcément une réponse. Ah elle écrivait beaucoup, c’était indéniable, elle adorait l’écriture. Elle avait même reçu pendant quelques temps des pigeons venant de fort loin, un de ses trois « amis les plus importants» se trouvait en pays étranger......pendant quelques semaines, où était-il maintenant…..ah oui pas très loin d'ici d'ailleurs. Et puis vous êtes très occupée. Isora se rappelait une de leurs conversations, Boulga lui avait dit qu’elle pourrait penser à occuper certaines fonctions, l'idée était intéressante, mais notre Tonnerroise ne voulait rien de ce qui pourrait l’empêcher de bouger, de voyager. Un jour peut être, pourquoi pas, elle avait tout son temps et qui peut savoir après tout. La vie d’Isora dans l’immédiat avait été bien calme et en même temps compliquée. Elle sourit absolument contraire à tout ce qu’elle envisageait avant ! Oui j’ai fais des rencontres ! Intéressantes souvent ! Attachantes aussi ! Une adorable enfant de 9 ans. J’ai retrouvé un ami Tonnerrois qui est devenu Montpelliérain depuis peu ! Dans l’immédiat aucune rencontre désagréable je dois le reconnaitre. Isora s’arrêta un instant, quelquefois elle pouvait être aussi bavarde en écrivant qu’en parole, c’était ainsi lorsqu’elle était très à l’aise.
Comment vont mes compagnons ? Ah ses compagnons, elle y tenait à ces deux là, oui beaucoup. Elle aimait leur compagnie, ils l'a faisaient rire et ils étaient toujours attentionnés. Et bien je vois assez souvent Messire d’Alfan, mon cher ami Assyr. Il lui coûte de partir, il a fortement apprécié tout comme moi, nostre séjour ici. Il part sous peu. Isora soupire. Il va me manquer un petit peu sans aucun doute. Isora s'arrêta un instant, oui elle s'était habitué à le retrouver pour discuter, souvent ils parlaient en même temps pour dire la même chose......il s'en suivait des rires... c'était amusant.Quant à Matthys et bien je l’ai vu dernièrement, il est débordé sous les dossiers d’Auxerre. Isora sourit, et que voulez vous il est consciencieux donc. Peut être le verrais-je un peu plus après. Le principal est que je sache qu’il est là ! Toujours ce sentiment de sécurité. Donnola aimait savoir qu’il n’était pas très loin, même si elle ne le voyait pas souvent, mais pas loin d'elle.

C’est alors que Boulga lui fit part d’une éventuelle visite en Bourgogne.
Venir en Bourgogne, voilà qui serait une merveilleuse idée. Nevers dites-vous mais ce n’est pas très loin de Tonnerre, j’y viendrais si vous le souhaitez. Cela me serait très agréable de vous y voir, oui très ! Enfin si le vent ne l’aura pas emmené ailleurs, car Isora avait la bougeotte. Elle avait quelques projets mais les nouvelles de son Amie de Tonnerre étaient inexistantes depuis plus d’une semaine. Isora se demandait si elle n’avait pas déçue son amie, sa complice du jeu des tonneaux en continuant à échanger des missives, je dirais avec Joinville. La franchise, l'honnêteté n'étaient peut être pas toujours bonne à dire....... Et à Mende ? Comment vont vos amis ?
Gabrielle_blackney
[On va à la chasse à l’ours
On va en prendre un très gros
la vie est belle !
Nous n’avons peur de rien.*]


- Devant le château puis dedans, un peu paumée en fait –

Tenue adéquate : check
Chausses qui glissent : check
Armes : check
Munitions : check
Sourire innocent et air sérieux (à adapter selon les interlocuteurs): check

Il est grand ce château. Et bien gardé. Mais tout l’intérêt de faire partie du conseil municipal de Montpellier c’est qu’on vous laisse entrer sans trop sourciller. Il suffit de prendre un air affairé et d’agiter des vélins sous le nez des gardes avec le regard sérieux de celle qui a autre chose à faire que de s’amuser, ou – ça fonctionne bien aussi – battre des cils en agitant les cheveux devant le plancton qui s’emmerde façon « oups, monsieur le garde, j’ai oublié quelque chose à l’intérieur ». Sinon, plus prosaïquement, saluer, se présenter et utiliser ses clés. Ce que fait Gabrielle qui, en tant que maire adjointe de la capitale, a reçu un trousseau et rentre donc sans problème.
Problème : si la brune a bien repéré où était les bureaux de la ville, elle n’a pas la moindre idée de où se trouve la chambre de son acolyte du jour. Et Gabrielle est notoirement connue pour avoir un sens de l’orientation très… heu… comment dire sans la vexer ? Gabrielle est nulle en géographie et ne sait pas se diriger. Voilà, c’est dit.
Mais pour sa mission du moment, elle ne doit pas se faire repérer, et prend donc l’air dégagé de celle qui sait parfaitement où elle va. Tout droit d’abord, puis à gauche et à droite, de nouveau droite, gauche, tout droit et… Damned !** Gabrielle regarde autour d’elle. Là ce sont des bureaux, pas des quartiers privés, si ? Non, des bureaux. Ahem. Réfléchissons… Les chambres et tout, ça serait bien à l’étage. Oui, ça paraît logique. Gabrielle a croisé un escalier dans le couloir précédent. Ou était-ce dans ce hall là ? Quand on n’a pas le sens de l’orientation, on déploie des tas de stratégies pour ne pas se perdre. La jeune femme repart donc sur ses pas et repère le fameux escaliers. Hop ! hop ! hop ! Elle saute d’une marche à l’autre avec légèreté. Bon, premier étage, bureau ou chambre. Ou alors dans une tour peut-être ? Gabrielle avance au petit bonheur la chance. Non seulement ce château est grand mais en plus il est désert. Ils sont où les gens ? Elle marche le nez en l’air, admirant tapisseries et tableaux et bam ! Voilà qu’elle s’encastre dans un brave homme qui passait par là, faisant voltiger les rouleaux de parchemins qu’il tenait.
Gabrielle le regarde et saisit sa chance.


Bloody hell ! Pouvez pas regarder où vous mettez les pieds ! I am the teacher de Miss Ella, je suis mandée par sa Grandeur himself pour enseigner l’anglois à la charming enfant. Indiquez moi où je peux la trouver, and quick, je n’ai pas que ça à faire !

Le tout déclamé avec un accent anglois à couper au couteau et un petit ton pédant qui ne souffre pas le refus. Et ça fonctionne… Si, si. Gabrielle hoche la tête à l’explication et note mentalement le chemin pour rejoindre la gamine. Elle compense son incapacité à se repérer par une excellente mémoire, on ne peut pas avoir que des défauts.
A droite deux fois, une escalier, à gauche, on longe le couloir, on tourne et on y est !


- Devant la chambre d’Ella –

Gabrielle sourit, lisse sa chemise et ses braies, prend une inspiration et frappe à la porte avec toute la délicatesse qui la caractérise parfois.

Ella ! Open this door right now ! La chasse est ouverte !

* Chanson pour enfants
** En anglois, dans l’ordre : Bon sang ! / Bordel…Je suis la professeur de mademoiselle Ella… lui-même…. charmante… et vite…/ Ouvre cette porte tout de suite !

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Lacoquelicot


    [Chambre d’Ella, une fois de plus.]


    Agenouillée sur un gros tapis qui lui grattait affreusement les genoux, Ella, le cul sur les talons faisait de nouveau face au terrible Jean-Claude. Les émeraudes planté sur l’animal récalcitrant, la jeune fille tentait de lui expliquer comment voler tout en ayant de l’allure. Les bras tendus et la tête rentrée dans les épaules, Ella menait la leçon avec passion.

    Tu vois, tu tends les bras… Enfin les ailes pour toi.
    Ensuite, tu plies légèrement les coudes vers le bas,
    et tu remontes bien le bout des plumes vers le ciel.
    Puis, après, tu redescends l’aile tendue, et tu recommences...

    Vas-y, Jean Claude, tu peux le faire !


    Ce fut ce moment-là que choisit un inopportun pour tambouriner à sa porte.

    Ella ! Opainzidorraïtnaooon ! La chasse est ouverte !

    Un sourcil se haussa plein de perplexitude. La jeune rousse n’avait pas tout compris mais le principal du message était passé. L’heure était venue ! La chasse était lancée ! Il y aurait des morts ce soir… Ou pas ! Abandonnant son ami borgne sur le tapis, la Fleur bondit sur ses jambes et couru ouvrir à son alliée du jour. Gab’ était là armé jusqu’aux dents et prête à conquérir le château. Alors que la môme contemplait son acolyte de la tête aux pieds et inversement, des bruits de pas retentirent dans le couloir. Ni une, ni deux, avec la vélocité du guépard, (sisi!) Ella attrapa sa comparse par la manche et l’attira à l’intérieur.

    La porte claque et le silence s’installe. Lourd et pesant. C’est à peine si la mini chasseuse osait respirer. Le doigt sur la bouche, la Coquelicot regardait la Blackney l’air inquiète. Ce ne fut que lorsque les pas eurent disparu que la jeune enfant se permit une explication.


    J’suis la suivante d’Actarius, il ne dort pas loin t’sais… Ca aurait pu être lui!
    Pour se qu’elles avaient à faire c’était plutôt un avantage, certes.
    Mais la panique aidant, la gamine avait préférée assurer leur mission d’infiltration.


    Diiis Gaaab… On fait quoi quand on l’aura attrapé ?
    Rooooouuuu !
    *bruit de pigeon acariâtre*
    Erf… C’est Jean-Claude… Gab, JC. JC, Gab.
    Il est tatillon sur la politesse, désolée.


    La main blanche de l’enfant fit mollement l’aller-retour entre le tapis et sa comparse. Au sol, trônait fièrement l’emplumé qui les regardait d’un air bovin pendant que la rousse rassemblait ses affaires. Dans une besace de maigre qualité, d’origamiques flèche avait été rassemblée, ainsi qu’une petite gourde et son goûter. Ella était du genre prévoyante, et comme c’était la première fois qu’elle chassait, l’enfant n’avait aucune idée de combien de temps tout cela allait durée… Il valait mieux prévoir!

    Je suis prête Gabrielle !

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♥ Dessins by JD Luisa, extrait du ROSIFIAGE volume II. ♥ Le Mono-sourcil, je le vaut bien ! ♥
Gabrielle_blackney
[Messieurs Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue
spécialistes en assistance
aux Maniganceurs de Mauvais Coups
sont fiers de vous présenter
LA CARTE DU MARAUDEUR*]

- Chambre d’Ella, devant, dedans, et re-devant -


Mais.. mais… à peine la porte ouverte que Gabrielle se retrouve tirée dans la chambre et presque plaquée contre le mur avec l’ordre de la boucler par une gamine rousse maigrichonne et pas bien grande. Plus petite qu’elle en tout cas. Des pas, quelqu’un qui passe dans le couloir et une Ella soulagée.
Gabrielle hoche la tête à l’explication. Sauf qu’Actarius, il doit s’emmerder devant une pile de parchemins plus grosses que lui où écouter on ne sait quel habitant du coin se plaindre du prix du blé ou du bruit que fait le chantier de l’arsenal. Mais la probabilité qu’il se repose dans sa chambre paraît mince. Très mince.
Quand on l’aura attrapé ? On…
Gabrielle soupire. Un pigeon. Chouette. Jean-Claude ? C’est quoi ça comme prénom, Jean-Claude. Et puis cette manie de donner des prénoms aux créatures sans âmes. Un pigeon, soit ça porte des messages, soit ça se bouffe. Point. Enfin. Gabrielle est venue là pour distraire Ella et pour être gentille alors elle marmonne un « Enchantée, Jean-Claude » histoire de.
Un sourire en réponse à la dernière phrase.

Ella, notre mission du jour : la chasse au gros gibier. Notre cible : le Comte lui-même, sa Grandeur Actarius d’Euphor. Nos armes : des flêches en papier et notre courage. Notre cry…

Ah oui, damned, un cry… heu… Vite un truc en latin, n’importe quoi. Gabrielle ne parle pas latin, à part le confiteor et quelques formules toutes faites, « Coitus Interruptus », ça serait drôle mais pas bien sérieux, « Ab imo… » non, ça c’est son vrai cry, celui du blason et tout, « Veni, vidi, vici », ça fait prétentieux**. Gabrielle sourit, elle a trouvé.

Notre cry : Conjunctis viribus !

Forces Unies, c’est bien ça.


Mais n’oublie pas, Ella, le plus important c’est de ne pas se faire prendre. Si on croise quelqu’un, tu me laisses parler et toi, tu fais ton regard… Tu sais celui avec les yeux là, ce que tu fais quand tu veux quelque chose.


Gabrielle ouvre la porte et jette un œil. La voie est libre et elle sait très bien à qui elle veut rendre visite. Faut juste retourner… enfin, aller là où ets le bureau. Qui doit être… heu… hmm…

Vers la droite. Fais comme moi.

Et Gabrielle de s’élancer en gambadant dans le long couloir et d’enchainer avec une glissade magnifique et d’attendre la rouquine en souriant.

* Harry Potter (enfin J.K.Rowling)
** En latin et dans l'ordre : coït interrompu / du fond.. / Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu

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Lacoquelicot


    [Dans un couloir au premier étage...]


    Ella n’eut pas le plaisir d’avoir une réponse à sa question. A quoi bon pouvait servir un chasse à l’Actarius? Sans doute à passer un peu de temps avec lui. Peut-être même qu’elle réussira à lui voler assez de temps pour lui raconter par le menu tous le compliqué et l’ennui de sa vie depuis les dernières semaines. Mais sans doute qu’il faudra partager ses précieuses minutes avec Gabrielle… Les émeraudes se posent sur la chasseuse. Que pouvait-elle vouloir lui dire au Comte ? Dans la caboche rouillée, tout un enchevêtrement de questions se met en place

    Mais n’oublie pas, Ella, le plus important c’est de ne pas se faire prendre.
    Si on croise quelqu’un, tu me laisses parler et toi, tu fais ton regard…
    Tu sais celui avec les yeux là, ce que tu fais quand tu veux quelque chose.


    C’est le regard chaton ! Mais ça marche pas toujours…
    Et je l’ai jamais fait sur Actarius en plus.


    L’explication du suffire car la Blackney ouvrit la porte et s’en alla vers la droite en marchant d’une drôle de façon, avant de finir en glissade tout au bout d’un corridor. Les mains sur les hanches, les yeux ronds comme des billes, la rousse l’avait regardé faire d’un air admiratif. La chasse c’était encore mieux que ce qu’elle avait imaginé ! Et c’était à son tour, jetant un petit coup d’œil à droite puis à gauche, la demoiselle se mit à avancer en sautillant, fit trois magnifique bon et termina dans une roulade jusqu’au pied de son amie.

    C’était bien ? Personne a vu tu crois ?
    La rousse se releva doucement et épousseta sa robe.
    La chasse s’était amusant et salissant semblait-il.
    Désignant le couloir sud, d’un geste volontaire…

    Moi je dis que le gibier est par là !

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♥ Dessins by JD Luisa, extrait du ROSIFIAGE volume II. ♥ Le Mono-sourcil, je le vaut bien ! ♥
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