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[RP] - A mon jardin croist la fleur souveraine

Yolanda_isabel
La vie à Château-Gontier est des plus calmes, surtout depuis le retour de la jeune maîtresse, en effet, revenue de Paris, elle a repris ses journées du plus simplement possible, accompagnée pour ce retour d’un jeune homme à la figure brûlée pour moitié, d’une pucelle de son âge, ainsi que d’une petite escorte. En vérité, la vie s’écoule, douce, paisible, entre les moments de joie aux cuisines depuis que Linien y a pris ses quartiers, les réflexions poussées avec Anaon, puisque la Balafrée ne saurait la quitter et lui dispense quelques unes de ses pensées lors de leurs discussions. Mais aussi, des sourires et bavardages d’adolescentes quand elle se trouve avec Jenifael entre deux recommandations, quant à Alix.. Yolanda pourra s’en défendre, Alix est de loin sa préférée, par son âge, par son caractère si doux, si paisible, sa petite voix délicate. Si Yolanda avait eu une sœur, elle aurait voulu que ce soit celle-ci. Dès lors, depuis l’arrivée de Jenifael et de Linien, les leçons ayant été abandonnées pour leur préférer de plus amples connaissances avec les nouveaux arrivants, et notamment l’arrivée soudaine de son frère ainé, son épouse et leur suite, Yolanda forte de cette constatation, a donc pris à la première heure et après une collation des plus respectables, la direction des jardins, non sans avoir fait prévenir la petite Kermorial-Montfort qu’elle est attendue dans ces jardins.

Ainsi, sous un poirier, l’un des rares arbres fruitiers ornant les jardins de Château-Gontier, assise sur un banc, se trouve un modèle de bonne éducation. Une pucelle en fleur, aux boucles blondes, portant à ses lèvres un traverso pour y souffler quelques notes de musique à destination de son seul public : Son chien, couché à ses pieds. Les pensées sont ailleurs, à ce qu’elle voudrait dire à son frère pour lui commander de s’empresser de faire un héritier à Corbigny, à ce qu’elle voudrait dire à Jenifael pour qu’elle se sente chez elle à Château-Gontier, à ce qu’elle aimerait dire à Linien pour effacer de son regard, certaines lueurs peu amènes. Mais surtout alors qu’elle attend Alix, l’envie de prendre la mesure de ses progrès pour en informer qui de droit ou tout simplement pour poursuivre les leçons de façon plus approfondies, ne saurait le disputer au seul besoin d’être en compagnie de la Fadette. Est-ce là ce qu’attend la mère d’Alix ? Qu’elle se lie d’amitié avec la petite et se l’attache plutôt que de l’éduquer ? Pour se rassurer, Yolanda de se remémorer que depuis son arrivée à Château-Gontier, Alix Ann parle mieux le français qu’elle ne parlait le breton.

Les notes s’élèvent au milieu des jardins, pour attirer à elle, la petite fée du pays de Nathan.

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Puisqu'on distribue des titres-bon points à tout le monde, j'en veux aussi ! J'ai été sage !
Alix_ann
-« Ar c'harz ! Amañ! »
Le Chat! Ici!

Le doigt s'abat fermement face contre sol pour indiquer au chat de se ramener dans les plus brefs délais. Pas encore sept ans et déjà chiante.

-« Mar plij... »
S'il te plait...

Alix n'en revient pas de la sauvagerie de ce chat qui feint de ne rien comprendre à ce qu'elle dit, ce qu'elle mime. Yolanda les avait appelé elle et le chat alors ils devaient y aller sur le champ pour savoir ce qu'elle leur voulait. Elle était toujours impatiente de savoir ce qu'elle lui voulait à chaque fois qu'elle la mandait. C'était elle la plus importante? Cela tenait peut-être du fait qu'elle vouait à la Josselinière un attachement fou, ce n'était pas comparable au lien d'un petite soeur à une grande c'était pire. Tout en respect, en admiration. Elle lui était vouée à cette fille qui l'avait volé à une famille pas tant en or que ça, elle lui devait tout et chaque enseignement qu'elle lui donnait était de ce fait bon à prendre.
Elle saisit de ses deux mains le corps du chaton que la fadette avait avec affection nommé Ar c'Harz ce qui signifiait dans sa langue natale le Chat. Très fière de lui elle voulait profiter de cet après-midi pour le présenter à Yolanda. Il était logique qu'ils fassent connaissance maintenant qu'il habitait sous le toit de la blonde.

Depuis quelques temps à Molière tout bougeait. Avec l'arrivée d'une nouvelle dame de compagnie, du cuisiner et Anaon dont elle s'était souvenu de chaque trait. Mais surtout avec le départ de l'écuyer de la violette et aussi l'arrivée d'une nouvelle demoiselle. Tout cela la précipitait, la mettait mal à l'aise. Alix, parfois, avait un peu du mal à se faire à quelques petits changement c'était comme si chacun lui prenait un petit bout de ce qu'elle ait pour aller l'enterrer. Qu'il fallait ensuite tout refaire, se ré-adapter. Enfaite, la fée était un peu lente.


-« Bremañ bloaz, da Santez Katell
Sortias ar flod eus a Vourdel !
Sortias ar flod eus a Vourdel ! »


Son pas se fait sautant lorsqu'elle s'approche de l'épaisse Yolanda au visage si bienveillant qui suffisait pour la rassurer et lui donner tout le courage qu'il lui fallait pour affrontés les petits obstacles quotidien de sa petite vie d'apprentie héritière.

-« Pa oent erru e-tal Penmarc'h
O devoe kavet avel a-walc'h
O devoe kavet avel a-walc'h
Petra c'hoarvez gant Penmarc'hiz
O terc'hel gouloù-noz 'n o iliz ?
Kriz a galon neb a ouelje
E-tal Penmarc'h neb a vije »


Que chantait-elle? Un chant de son pays, vestige de son enfance. Il s'agissait d'un Gwerz porteur de la culture celtique dans la tradition bretonne. C'était une balade, c'était La Ballade de Penmarc'h.

* Il y a eu un an à la foire de Ste Catherine
Que la flotte sortit de la rivière de Bordeaux,
Que la flotte sortit de la rivière de Bordeaux,

Quand ils furent arrivés près de Penmarc'h
Ils trouvèrent assez de vent.
Ils trouvèrent assez de vent.
Qu'arrive t'il aux gens de Penmarc'h
Qu'ils maintiennent des feux la nuit dans leur église ?
Chrétiens de cœur qui n'eut pleuré
Et eut été près de Penmarc'h!

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Yolanda_isabel
Peut-on attendre d’un chien qu’il se tienne coi quand arrive à lui, enfant et chat ? C’est l’évidence même, dès lors que ce chien là a été bien élevé et qu’il préfère du reste la paresse à l’ombre de l’arbre, à la cavalcade effrénée sous le soleil de l’été.

La flûte est ôtée des lèvres, et elle considère l’enfançonne qui vient à elle, c’est un sourire qui vient ourler le carmin des lèvres, un sourire mélancolique à l’entendre chanter de sa petite voix éthérée de si funestes paroles. Un instant, un court instant, le temps demande à être remonté, et Yolanda se fait fort de céder aux requêtes dont la Fadette abreuve le ciel concernant son frère, un instant, avant de se rappeler qu’elle n’est qu’une femme, une jeune femme, pas loin d’être la fillette qui se trouve devant elle. Et alors, les mains voudraient se presser pour enserrer contre elle le petit corps frêle pour lui transmettre de sa force, de son amour, pour taire la détresse. Le traverso est posé sur le banc à côté du luth qu’elle a apporté de même pour leur leçon, et la place à ses côtés est tapotée du plat de la main, tandis qu’elle la salue d’un mouvement de tête.


-« Qu'avons-nous là ? Présentez moi votre nouvel ami et venez donc vous asseoir à mes côtés, ma boudig. Vous chantez là, une bien triste chanson.. Est-ce la maladie de votre frère qui vous rend si triste ? Gagez que s’il a votre force, il se remettra vite et alors, votre mère n’hésitera pas à vous donner des nouvelles pour marquer le coup. »

Sa mère à elle se trouve trop occupée à prier, peut-on en vouloir à une mère d’abandonner ses enfants pour leur préférer d’autres occupations ? En société, jamais. Dans les tréfonds de son cœur, pourtant, un enfant le peut, et elle serait bien hypocrite d’en vouloir à la Kermorial, puisque l’initiative de prendre Alix à son service, vient d’elle-même, mais pourtant, elle avait espéré peut-être sottement que la mère donnerait des nouvelles au moins aussi fréquemment que le fait la marraine de la Fadette. Las, voilà guerre perdue d’avance, et c’est le cœur étreint que la Lune s’apprête à cajoler la fillette pour lui faire oublier ces douleurs filiales, habituée d’icelles pour les avoir éprouvées par le passé. Et dans le passé, il y avait Marraine, Blanche et Clémence, à charge donc à la Josselinière d’assumer cette responsabilités comme elles l’avaient fait elles-même.

-« Voulez-vous bien chanter ? Cela vous mettra du baume au cœur, peut-être et vous changera les idées. Vous me montrerez ainsi les progrès que vous avez fait pendant mon séjour en Paris. »

Car si elle avait pris la route royale, elle n’en avait pas moins avant de partir, donné des injonctions concernant l’apprentissage d’Alix. Sept ans approchant à grands pas, il est plus que temps dès lors de laisser de côté l’apprentissage renforcé de la dialectique et de la grammaire pour attaquer les autres disciplines du trivium et du quadrivium, et en cela, nul autre qu’elle n’aura sa place, elle n’en veut démordre. Sa dame de compagnie, son éducation.

-« En avez-vous une qui vous plaît plus que les autres ? Tenez, prenez le luth, je vous accompagne. »

Et ce faisant, elle reprend le traverso, bien consciente pourtant que les choses et les sentiments enfantins étant ce qu’ils sont, la leçon ne commencera certainement pas dans l’immédiat. En devenant femme, devient-on mère ? Il y a pourtant fort à parier que la douceur naturelle de Yolanda ne saurait pallier l'amour maternel recherché par la Fadette.
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Puisqu'on distribue des titres-bon points à tout le monde, j'en veux aussi ! J'ai été sage !
Alix_ann
-« C'est Ar c'Harz le Chat. Ankou non! Tu joueras avec quand il sera plus grand. »

Avec cette façon mignonne qu'elle a de prononcer tous les s, ou au moins trop. Elle soulève derechef le jeune chaton gris menacé par l'énorme Dogue noir. Château Gontier était une vraie ménagerie et l'arrivée du chat n'était surement pas là pour contredire la règle. Alix va se tenir aux cotés de Molières, elle lui montre le chat, pour les présenter. Regardes c'est elle dont je t'ai tant parlé, qui vient de rentrer de Paris et qui joue pour moi à la grande soeur, voilà tout ce qu'elle a pu raconter en somme au chat pour le préparer à ces présentations. Mais son sourire devient triste en entendant la jeune Dame.

-« Peut-être que tu as... que vous avez raison. Elle se rattrape in extremis. C'est qu'elle savait ce que lui réservait la Josselinière si elle n'améliorait pas vite son langage. J'ai travaillé mes révérences, lorsque vous étiez en voyage. La petite et la grande, mais je trouve la grande un peu ridicule... Lever les bras de la sorte. Alix aimerait bien lier le geste à la parole mais le chaton l'encombrait Dimezell*, vous savez comme moi que ma mère ne m'a pas écrit, je n'ai pas grandes nouvelles d'elle et... oui j'ai beaucoup prié le Doué pour le rétablissement de mon jumeau. »

La Fadette pose le si petit chat par terre, elle le surveillera d'un oeil. C'est que l'Ankou sans le vouloir pourrait ne faire qu'une bouché de l'animal. Alors elle prend le luth. Mais Yolanda le sait ce n'est pas aujourd'hui que la leçon ira vite, pas avec un aussi petit coeur trop tourmenté par bien des raisons.

-« J'ai entendu que vous pensiez à me faire apprendre le Trivium et même le Quadrivium. Tu penses qu'il est vraiment dans l'importance de m'apprendre les nombres? Moi ça me fait faire que dormir. »

Bien que l'astronomie était une matière qui lui tardait de découvrir, mais elle s'en cachait bien. D'ailleurs, elle se cachait bien dans sa flemmardise. Alix en avait bien profité toutes ces années mais on venait de lui annoncer la couleur. Ce ne serait plus qu'à renforts de cours et d'heures passées à mémoriser, à apprendre qu'elle pourrait devenir une Dame, une vraie comme elle les admirait.

-« Moi je sais pas... une chanson en français ce serait bien non? Je n'ai presque jamais joué de Luth... il se pourrait que j'en fasse faux. »

Et d'essayer de pincer les cordes, de les gratter du bout des doigts aussi pour en faire sortir du son.


*Dimezell - Demoiselle en breton
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Yolanda_isabel
Il était une petite fille blonde issue d’une grande famille qui avait été délaissée par ses parents, et qui avait eu pour soutien dans la dure découverte de la vie, une Marraine et des aînées. Cette enfant avait cru bon alors de se réfugier dans le monde animal, plus rassurant, et le cœur réconforté de tant et tant de caresses tendres, avait réussi à se construire son destin, sa vie. Si d’aventure, un écrivain désire retracer la vie de Yolanda Isabel de Josselinière, il pourrait la faire de telle manière que cette vie-là serait la même que celle d’Alix Ann de Kermorial-Montfort, et la chose expliquerait alors l’attachement absolu que lui voue la Lune pour ce que la Fadette lui ressemble. Une main vient se glisser sous le menton du chaton pour l’en gratifier d’une caresse, se remémorant l’époque où elle aussi, avait eu un félin, qui n’était plus dorénavant, tandis qu’elle écoute d’une oreille attentive le récit de la fillette.

Doit-elle lui dire que cette révérence toute ridicule qu’elle soit, n’en est pas moins de rigueur en dehors des murs de Château-Gontier ? Non, car déjà l’objection est balayée par la fatalité de la Fadette. Crève-cœur que cette enfant belle comme un ange, irréelle dans sa façon de marcher comme on volerait, qui pourtant souffre comme le dernier des êtres humains. La voix, d’habitude si mesurée, se fait emportée, et le regard capte son vis-à-vis.


-« Que vous chaut tout cela ? N’avez-vous pas une marraine qui vous chérit ? Et ne m’avez-vous pas ? N'êtes vous pas heureuse avec nous ? » Terrible et douloureuse question, car elle craindrait presque la réponse. « Nous trouverons bien le moyen d’avoir des nouvelles d’Alesius. Nous écrirons à Son Altesse, elle doit bien en avoir, continuez pourtant à prier ma boudig, le Très-Haut ne saurait refuser de si douces prières. »

En vérité, le Très-Haut, elle s’en moque comme d’une guigne et y croit bien moins qu’à l’existence des follets et fadets, mais le moyen de le dire à Alix ? De lui briser le cœur en lui disant que ça ne sert à rien de prier pour quelque chose qui n’existe pas ? Impossible. La main vient se glisser dans les boucles platines pour les glisser vers l’arrière et dégager le petit visage par trop chiffonné par la tristesse.

-« Bien sûr que vous les apprendrez, et bien sûr que vous trouverez plus d’affinités avec tel ou tel domaine, mais sans les chiffres ma boudig, comment saurez-vous si vous disposez de quatre ou cinq arpents de blé pour nourrir vos gens ? Comment saurez-vous si votre intendant ne profite pas de votre ignorance pour vous subtiliser les rentes qui vous reviennent de droit ? Ou bien .. Comment saurez-vous si Linien nous fait des madeleines au citron que j’en ai mangé plus que vous ? »

Elle se veut taquine volontairement, pour lui changer les esprits pour changer de conversation, pour réorienter leur entrevue sur cette leçon et sur ce luth, surtout.

-« Vous ferez sans doute faux, hé ! Il faut bien apprendre pour être parfaite. On vous demandera Alix d’être une jeune fille accomplie capable de distraire en société et de briller par votre intelligence mais aussi par vos talents. C’est ceux-ci que nous allons développer ce jour, vous chantez si joliment que ce serait péché que de n’en point abuser. Tenez, si nous essayions A mon jardin croist la fleur souveraine ? Il me plairait de vous l’entendre chanter, et si le luth vous dérange, et bien nous ferons sans. Voulez-vous que je vous aide ou vous la souvenez-vous ? »

Une chanson douce en résumé et bien heureuse.
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Puisqu'on distribue des titres-bon points à tout le monde, j'en veux aussi ! J'ai été sage !
Alix_ann
C'était un point sensible qu'on touchait là. Sans cesse remué pourtant. Si, Yolanda avait raison. Tout cet amour qui lui manquait elle le recevait, pas là d'où elle l'aurait voulu ou d'où elle l'attendait non, il venait d'ailleurs et souvent de personnes qui prenait en pitié cette petite fille dont la mère avait bien mauvaise réputation dont le père était absent et le frère malade. On vous l'a assez répété, d'ailleurs on leur avez bien assez répété. Elle songea que le mieux qu'elle puisse faire était de leur rendre ce qu'ils lui donnaient et ça passait par s’arrêter de s’apitoyer. C'est pas une mince à faire quand on a six piges et la colère qu'on nous ait laissé sur le banc de touche.
Ce n'était pas Molières qui l'avait volé à sa mère mais sa mère qui l'avait perdu dans Paris. Ce n'était pas Marzina qui s'occuper de prendre de ses nouvelles mais sa mère qui lui avait délégué à elle sa filleule le soin d’être une seconde mère. Vous croyez que c'est son père qui oublie de prendre de ses nouvelles? Bien non, c'était la faute à sa mère d'avoir trop d'amis.

Alix y songe sans reprendre le propos une nouvelle fois.


-« Je pense m'en souvenir. Pour savoir le mieux c'est que j'essaie ! »

Les doigts cherchent leur place sur les cordes sous le regard attentif de la petite blonde elle-même surveillée de près par la Josselinière. Elle devait bien quelque chose à Dieu au final, de l'avoir mis sur sa route.

-« A mon jardin croist la fleur souveraine, La voix chantonne discrètement, perçant la quiétude et le silence du jardin.
La plus bellede la chrestienté.
Se je la puis voir en tres bone estrai ne,
De tous mes maux seray reconforté. »


Le luth ça allait, mais la voix n'était pas certaine. Ça oscillait entre deux tons ça pourrait être juste mais non. Ça avait tout le charme de la voix d'un enfant et encore plus. C'était là le charme de la petite Kermorial.
Un moment d'hésitation. Pour replacer correctement sa main.


-« Reconforté je fusse de m’amye,
Se je la peusse toute seule trouver.
Ce moys de may merrons joyeuse vie;
Maiz qu’elle veuille du bon du cueur m’ aymer. »


Elle était toute seule à chanter. Elle était toute seule parce que Molières mettait tout son souffle au travail du traverso et ne pouvait user de sa voix. Mais non, plus cette fois. Elle n'était plus seule dorénavant, elle ne le serait plus. C'est un sourire qui lui fend la gueule alors qu'elle ouvre un peu plus sa voix qui devient plus imposante, ou du moins autant que peut l’être une voix si délicate portée par une fée de six ans.

-« Je m en entray en sa chambre jollye
Et la baisay si amoureusem... »

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Yolanda_isabel
Quiconque aurait pénétré en cet instant, aurait vu ce qu’il y avait à voir, une fée offrant aux simples mortels la délicatesse de son chant. Yolanda quant à elle, se contente de souffler de l’air dans le traverso, donnant le ton plus que suivant, menant plus que soutenant, car ainsi est devenu sa vie auprès d’Alix, un tuteur pour la jeune plante, alors qu’elle-même tente de grandir. Elle est l’arbre contre lequel voudrait s’appuyer le rosier grimpeur, la capucine, elle se veut force pour que pousse la beauté. Et les notes s’élèvent, elles, puissantes, pour faire grandir le filet de voix de la Fadette. Les doigts font leur chemin sur les trous percés dans le bois creux. Elle n’excelle pas plus qu’une autre dans l’art de la musique, elle n’excelle pas plus que les autres dans celui du chant mais elle connaît, et quand Alix chante, elle sait que la Fadette excellera, et que la cour de Château-Gontier sera charmée de cette voix éthérée, et qu’on viendra l’écouter. Ecouter les suppliques et les bonheurs de la fée de Nathan, qui pourtant, tait les derniers couplets dans un souffle perdu pour l’humanité. Les notes se poursuivent quelques secondes pour l’enjoindre à poursuivre et se taisent à leur tour. Le traverso est ôté et vient atterrir sur les jupes entre les mains potelées.

Un silence, coupé par une voix lasse à l’idée même de ce qu’elle voudra dire, ce qu’elle devra dire.


-« Avez-vous si peur de l’amour que quelques mots vous effraient, ma boudig ? »

Là. C’est là que tu dois le dire Yolanda, tu n’avais que son âge alors quand tu as compris, quand Marraine t’a dit. Un souffle est happé, et les instruments sont saisis, qui de son giron, qui des mains de la Fadette, pour être déposés à côté d’elle sur le banc. Le chaton est récupéré et contemplé un instant avant que d’être remis dans les mains de la fillette.

-« Voilà l’amour que vous pouvez vous autoriser sans commune mesure. Eux vous le rendront sans faux fuyants, sans égards et sans demi-mesure. Eux vous aimeront parce que vous les aimez, et personne ne vous retirera cet amour pour une raison obscure. Tout le reste .. N’a pas d’importance. » Aucune en vérité, et elle souffle, elle souffre. « Nous savons toutes deux à quoi nous en tenir quant à l’amour, n’est-ce pas ? Alors si vous ne voulez pas souffrir, gardez vous bien de penser que dans notre monde, à notre rang, l’amour peut avoir cours et peut vous effrayer. On ne vous demandera pas d’aimer Alix. »

La chose est dite, et tant pis si elle fait mal, et tant pis, si elle brise des rêves. Elle doit être dite, car alors qu’elle s’évertuait à penser qu’elle aimait, à chaque fois que son cœur se brisait derechef, revenaient les mots de Marraine. « Allons, jeune fille, pour votre mariage, seuls votre élégance et vos titres, et les capacités de négociateurs de vos tuteurs, seront pris en compte ! ». Pas l’amour, jamais l’amour. Ces mots imprégnés dans son âme et dans son cœur à l’âge d’Alix, elle les débite d’une voix placide.

-« Allons, jeune fille, pour votre mariage, seuls votre élégance et vos titres, et les capacités de négociateurs de vos tuteurs, seront pris en compte. » Pas l’amour. « Jamais l’amour. »

Alors que fait-on quand on aime ? On prie pour que l’être aimé ait pour lui l’intelligence de porter un grand nom, des titres ou au moins d’en être l’héritier. On ne se berce pas de mensonges, et on quitte la terre qui abrite un petit baron cher à son cœur, mais seulement baron, on s’efforce de songer à une amie vicomtesse, qui par un mariage, lui apportera plus qu’une baronnie, on s’efforce d’être heureuse pour eux. Parce qu’on aime ailleurs, mais qu’aimer est bien rude pour un cœur si jeune. Aimer, c’est le maux de toutes les femmes, c’est aussi le mot de toutes les chansons, et cette chanson-là est incomplète.

-« Advis me fust que toute la nuytye ne dura point une heure seullement. Quant je senty l’oudeur de son halleine, qui sent meilleur que la rose d’esté, et j’aperceu sa grant beaulté mondaine, de tous mes maulx suys venu en santé. » Un regard en coin à sa protégée. « Là. Ce n’est qu’une chanson, et elle ne nous engage à rien si ce n’est à donner l’espérance que nous pensons encore qu’aimer est une jolie chose. Il faut bien que nous chantions quelque chose, et les chansons à soldats, sont à laisser aux soldats ma boudig. »

Un sourire mutin toutefois, vite dissimulé, pour elle, qui a été bercé plus que de raison par les chants paillards de son Pair et du Blanc-Combaz.

-« Vous faites d'admirables progrès, et je gage que si vous vous entraînez chaque jour, vous maîtriserez assez bien le luth pour pouvoir vous passer d'un accompagnateur lorsque vous chanterez. Et vous chanterez Alix, vous brillerez lors du jour où votre famille voudra vous trouver un parti convenable. »

Puisque c'est à la famille de faire cela, n'est-ce pas ? Leur rôle à elles ? Etre la marchandise la plus en vue du marché. Voilà tout.
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