Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP Fermé] Des cendres renaît la Flamme.

Yuliya
[ Lourdes – Une auberge ]

C'était un jour comme un autre sur la ville béarnaise. Un jour calme, paisible, un jour où le soleil avait fortement brillé au point de rendre toute sortie fatigante en raison de la chaleur qu'il abattait sur les âmes. Yuliya avait quant à elle prit soin de s'enfermer dans la chambre d'auberge qu'elle partageait avec son fiancé tout le temps de leur séjour à Lourdes, mais surtout jusqu'à ce que leur champ soit vendu à Tarbes. Du temporaire qui devenait de plus en plus perpétuel, ce qui avait le don de décourager la jeune femme qui se demandait comment faire pour emménager le plus vite possible à Lourdes, sans pour autant perdre l'argent de leur lopin de terre tarbais. Une question parmi tant d'autres qu'elle se posait ces derniers jours où méditer était la chose la moins épuisante qu'il était possible de faire.

Une autre question lui brûlait les lèvres. Qui ? Qui était-elle ? La rousse n'avait jamais pu dire d'où elle venait, faute de le savoir elle-même. Pourtant, la clé de ce mystère était peut être avec elle depuis toujours, dans une lettre déposée dans un coffret argenté, accompagnée d'un anneau surmonté d'une pierre bleutée. Une lettre et une bague, biens maigres souvenirs, d'autant plus que la lettre était illisible en l'état, codée avec soin. En connaître son contenu avait longtemps été le but de la Flamme, comme aimait à la surnommer Syd, avant qu'elle ne finisse par le délaisser, se préoccupant enfin plus de son avenir que de son passé. Jusqu'à ce que Syd découvre de son côté son identité, oubliée après un guet-apens. Si Yuliya était absolument heureuse pour lui, cette nouvelle avait réveillé en elle le dilemme qui la rongeait depuis des années : décoder ou abandonner la lettre au fond de son coffret pour ne plus jamais y retoucher. Hésitation liée à la peur, celle de connaître le passé de sa famille qui pouvait être plaisant comme détestable. Elle avait pu se forger seule, grandir de façon autonome et vivre pleinement indépendante, en apprendre plus sur son histoire n'effacerait pas tout cela, mais l'amènerait à reconsidérer ce qu'elle était.

Assise par terre, adossée contre un des murs de la chambre, Yuliya regardait le coffre argenté, posé au sol, contre le mur opposé. La Tarbaise ne quittait pas l'objet des yeux, son visage impassible. Pourtant sa tête fourmillait de questions qui nécessitaient des réponses depuis bien longtemps. Mais les voulait-elle ces réponses ? Rien n'était sûr. Elle seule pouvait prendre la décision de rechercher sa famille, mais elle en était incapable. La rousse avait besoin de lui, lui qui saurait la conseiller, la soutenir, lui qui l'aimait. Syd saurait trouver les mots, l’apaiser, lui donner le courage d'aller de l'avant après avoir hésité si longtemps. Tandis que les idées s'entrechoquaient dans sa tête, presque de façon assourdissante, Yuliya replia ses jambes, les entoura de ses bras et posa son menton dessus, comme lorsqu'elle était contrariée quand elle était petite. A présent elle ne l'était plus, allant bientôt se marier, projetant de fonder une famille. Il était temps qu'elle sache, qu'elle laisse partir la petite orpheline qu'elle avait toujours été, la petite orpheline étrangère à sa propre histoire.

La Flamme resta longtemps assise ainsi, son regard finissant finalement par se décrocher du coffre de temps en temps pour guetter la porte à sa droite, espérant la voir s'ouvrir sur Syd. Les fourmis finissant par investir ses longues gambettes, la rousse les retendit sur le sol. Elle souriait d'ailleurs en coin en imaginant son tendre arriver dans la pièce et la voir assise par terre à regarder un coffret qui, par son état, semblait avoir beaucoup vécu. Il risquait de se moquer, et Yuliya se disait qu'il n'allait pas avoir tort de le faire. Penser à lui la rassurait, comme sa présence la rassurait toujours depuis qu'ils se connaissaient, et lui faisait un peu oublier l'amertume de sa longue hésitation. Il était celui qui la connaissait le mieux et elle avait confiance en son jugement, nul doute qu’il lui serait d’une grande aide. Il ne lui restait plus qu’à passer la porte.

_________________
Syd
Syd avait passé une mauvaise journée. Les élections commençaient à lui prendre légèrement la tête, puisqu'il y avait toujours des geignards en gargote qui ne savaient que critiquer et qui ne proposaient jamais leur aide. Il avait parcouru le Petit Béarnais déchaîné, qui le présentait comme un arriviste et un vil sournois, qui ne cherchait au final qu'à avoir un fief et un titre. Lui qui avait toujours tout donné pour le Béarn, sans rien demander en retour.

Il arriva dans la chambre de l'auberge qu'il partageait avec sa douce Yuliya, celle qui partageait sa vie et qu'il aimait plus que tout. Il en avait tout de même ras-le-bol d'avoir une propriété à Tarbes alors qu'ils voulaient s'installer à Lourdes, cette ville si accueillante. Il entra un peu en colère, mais celle-ci disparut tout d'un coup quand il vit dans quelle position était sa rouquine. Assise par terre, regardant son coffre dont il connaissait le contenu. Il fit semblant de ne pas comprendre et vint s'asseoir à ses côté, regardant lui aussi le coffre, sans un bruit. Puis il lui dit tendrement :


- Ça ne va pas, manamour ?
_________________
Clément de Montbazon-Navailles, dit Syd.
Commissaire au commerce du Béarn
Yuliya
- Oui…enfin non. Enfin si…non ! Hum…peut être.

« Bonjour je suis une fille, je suis rousse, et je suis la reine de l’auto-contradiction. » aurait-elle pu ajouter. Yuliya n’allait pas mal, elle n’allait pas bien non plus. La rousse était soulagée par la présence de son Moineau et posa spontanément sa tête sur son épaule. Un soupire et elle reprit.

- Je ne sais pas ce que je dois faire. Ça doit bien faire une heure que je regarde ce fichu coffre en me demandant si je dois prendre la lettre qu’il y a dedans et aller la faire décoder. Mais je n’arrive pas à savoir.

Anxieuse, elle se rongeait les ongles, lui donnant une fois de plus un air enfantin. Ce qu’elle venait de dire ne risquait pas d’aider Syd à comprendre ce qui se passait. Cela faisait des années qu’elle se faisait hésitante quant à la découverte de son passé. Les yeux bleus restaient cependant fixés en direction de l’objet argenté qui recelait une tonne de mystères pour la jeune femme. Fronçant les sourcils pour chercher ses mots, Yuliya reprit.

- Tu sais le jour où tu as reçu cette lettre, la toute première, te permettant de retrouver la piste de ta famille, j’étais terriblement envieuse. Je me disais que j’adorerais recevoir une telle lettre, je me disais que ce serait beaucoup plus simple et moins inquiétant qu’une lettre codée. Mais je ne me faisais pas d’illusions…

Oh oui elle l’avait envié, jalousé. La Flamme en eut honte après coup, mais lorsqu’il venait demander conseil elle se prêtait au jeu, imaginant ce qu’elle aurait fait si elle avait été dans sa situation. Puis elle avait partagé sa joie, comme ses inquiétudes qu’elle avait tenté d’apaiser du mieux qu’elle pouvait. Il avait retrouvé un nom, bientôt il retrouverait les siens. Yuliya de son côté n’avait qu’un parchemin recouvert par des caractères dont l’association n’avait aucun sens, mais elle n’allait pas crier à l’injustice. Il lui suffisait de s’armer de courage pour découvrir la vérité. En avait-elle seulement ?

- …Et puis je me dis que plus tard j’aimerais pouvoir raconter mon histoire à mes enfants. Celle que j’étais incapable de te raconter quand nous nous sommes connus. Celle qui d’une certaine manière pourrait leur en apprendre un peu plus sur eux à travers moi. Je ne veux pas avoir à raconter que je ne suis qu’une simple orpheline, ce serait comme accepter le néant d’où je viens. Et j’ai horreur du vide.

Mais…

L’hésitation reprenait, toujours là, ridicule. Ce sentiment mettait Yuliya en colère car elle le considérait comme une faiblesse. Rares étaient les fois où elle avait pris son temps pour faire un choix. Encore plus rares étaient les fois où elle s’angoissait parce qu’elle n’arrivait pas à choisir. La rousse ne voulait pas être déçue, ni souffrir une nouvelle fois. Cependant, quand personne n’était là pour elle lorsqu’elle était petite, Syd était à présent à ses côtés. Et lui seul pouvait influencer son choix comme la réconforter dans la peine.


- A ton avis…je dois faire quoi ? Je sais, tu vas dire que ce choix n’appartient qu’à moi…mais à ma place ? Qu’est-ce que tu ferais ?

Yuliya ne lui demanda pas s’il était prêt à l’aider si elle décidait de se lancer. Elle savait qu’il dirait oui, et qu’ainsi lui demander de façon explicite était inutile. En revanche son avis et ses conseils lui importaient beaucoup. La rouquine releva alors la tête de son épaule et le regarda dans les yeux comme pour y chercher l’assurance qu’elle était incapable de trouver pour trancher cette question épineuse.
_________________
Syd
Syd réfléchit longtemps avant de répondre, il passa son bras au dessus de son épaule et lui déposa un doux baiser sur le front. Il était terriblement marqué par sa maladie de l'ennui et du découragement, mais il fallait aider celle qu'il aimait.

- Ma douce, quand j'ai retrouvé ma famille comme tu dis, ce n'était que moi-même que je retrouvais, plus des personnes que je n'ai encore rencontré que par lettre. Ma perte de mémoire reste tenace et ce qu'il faut que tu saches c'est que quoi qu'il arrive tu es ma seule famille que j'ai choisie.

Il était visiblement ému.

- Je t'aime et je veux que tu sois heureuse et enfin au clair avec toi-même. Tu meurs d'envie de savoir ce que dit cette lettre, mais tu n'oses pas. Oui, le choix t'appartient mais je suis là pour t'aider et t'épauler.

Je pense que tu devrais aller la décoder. Je ne sais pas où ni comment, mais il faut que tu règles cette histoire qui te fait tant souffrir. Je ne t'avais pas vue comme ça depuis un certain temps. Je sais que je ne suis pas très présent ces temps ci, ni pour toi, ni pour autre chose. Mais ça va changer. Je t'aime manamour. Après je pense que tu n'as rien à perdre, sauf l'illusion et le doute.

_________________
Clément de Montbazon-Navailles, dit Syd.
Commissaire au commerce du Béarn
Yuliya
Lorsque ses lèvres touchèrent son front, Yuliya ferma les yeux. Se laissant bercer par ses mots, se concentrant sur chacune de ses phrases. Il était sa force, et savait comment la réconforter. Un sourire amusé se dessina sur son visage lorsqu’il l’appela « Manamour », trouvant toujours ce surnom à la fois drôle et affectueux, comme tous ceux qu’ils adoraient se lancer en pleine tête, rivalisant de mièvreries pour battre l’autre. Espiègles, comme tendres. Et lorsque sa dernière phrase fut achevée, la rousse rouvrit les yeux pour les plonger dans les siens durant un long instant. Il l’avait convaincue. Sans un mot elle l’embrassa avant de se lever lentement. Ses longues jambes l’emmenaient avec tout autant de lenteur en direction du coffre auprès duquel elle se baissa pour l’ouvrir. Ironiquement ses mains tremblaient un peu alors qu’elle était enfin décidée à connaitre la vérité. Avec délicatesse Yuliya prit la lettre et revint auprès de Syd. Toujours sans un mot la rouquine prit sa main droite et y déposa le pli. Tête baissée elle reprit.

- Je sais que c’est un peu lâche ce que je fais mais…j’aimerais que tu ailles porter cette lettre à un homme. Je m’étais un peu renseignée pour savoir qui pouvait rendre cette lettre lisible et on m’a indiqué une espèce…d’ermite… apparemment savant. Laisse-lui le temps qu’il faudra et demande-lui de te prévenir lorsqu’il aura terminé.

Yuliya marqua une pause, un peu gênée.

- Si je vais à sa rencontre je sais que je n’irais jamais chercher la lettre quand il aura terminé de la décoder. En fait ce n’est même pas sûr que j’arrive à lui porter tout court. Tu iras quand tu voudras, j’ai déjà attendu longuement alors un peu plus ou un peu moins, ça n’a plus d’importance.

La phrase fut ponctuée d’un rire. Elle savait qu’elle ne pouvait pas faire ce pas, dans la quête de son histoire, seule. La rousse s’en voulait un peu se disant qu’elle abusait peut être de sa gentillesse, mais elle ne s’imaginait pas rendre visite à l’ermite avec le pli à la main, elle en était incapable. Si bien que sans tarder la jeune femme expliqua à son fiancé comment se rendre auprès du vieil homme. Malgré son retrait de tout, on le disait fort aimable, encore plus lorsqu’on lui apportait une énigme. Yuliya espérait seulement qu'il trouverait la réponse à la sienne, faute d'avoir pu percer le mystère par elle-même.
_________________
Syd
Syd sourit devant la décision de sa douce et prit la lettre en lui laissant un baiser sur les lèvres. Il partit quelques jours plus tard à la recherche de l'homme, un ermite savant selon elle.

Il le trouva à l'écart de la ville et frappa à la porte. L'homme qui lui ouvrit était un peu bizarre et sa maisonnée sentait une drôle d'odeur d'encens, comme dans les églises. Il lui demanda s'il pouvait décoder une lettre et le vieil homme après avoir un peu maugréé accepta cette tâche si importante pour sa Flamme.

Le lendemain Clément partait en retraite spirituelle pour une longue période et il s'ennuya de sa belle au côté de moines un peu bourrus mais plein d'humour parfois sur les choses de la vie. Quand il sortit de son repos, dont il avait vraiment besoin, il passa par la maison de l'ermite et celui-ci lui remit la lettre décodée. Syd ne la lut pas bien qu'il en avait terriblement envie. Il préférait la remettre directement à Yuliya qu'il trouva dans leur nouvelle maison à essayer une tenue qui la mettait vraiment en valeur...


- Ma douce, je suis de retour avec de bonnes nouvelles !
_________________
Clément de Montbazon-Navailles, dit Syd.
Commissaire au commerce du Béarn
Yuliya
Syd était parti, avec sa lettre. Lui, la clé de son avenir, et elle, la clé de son passé. C’était étrange, presque surréaliste, pour Yuliya de s’imaginer avoir une famille alors que toute sa vie le mot « famille » lui était inconnu.
Syd était également parti en retraite. Une période que la rousse n’avait guère appréciée, mais qu'elle savait bénéfique pour lui. L’ennui l’avait gagnée durant ce temps et chaque jour elle se prenait à espérer le voir revenir d’entre les moines. La jeune femme espérait qu’il allait bien tout en se faisant beaucoup de soucis. Leur nouvelle maison lui paraissait vide, si bien qu’elle préférait la quitter pour aller travailler au conseil ou à la Chancellerie. Travailler pour oublier son absence.

Les jours passèrent et pour son plus grand bonheur, la rousse vit son fiancé lui revenir, en pleine séance d’essayages.
Son ennui lui avait fait découvrir un certain goût pour les vêtements et en prévision d’une rencontre avec sa future belle-famille, Yuliya avait jeté son dévolu sur une robe rouge et noire aux longues manches qui mettaient en valeur ses bras fins. La Lourdaise se demandait justement si elle allait plaire à son fiancé lorsque la voix de ce dernier se fit entendre. Qu’importe les essayages, déjà Yuliya se jetait à son cou pour l’embrasser délicatement et se serrer fort contre lui, se demandant ce qu’étaient ces fameuses bonnes nouvelles. Celle de sa sortie ? Assurément. Mais quoi d’autre ?

Elle le comprit bien vite, et sa joie se mua en inquiétude. La lettre. Elle l’avait oubliée durant cette période. Doucement elle lâcha Syd et le regarda avant de prendre la missive dans une main, et la main gauche de son fiancé dans l’autre. D’un pas lent elle se dirigea vers une chaise, sans cesser de regarder la lettre pour finalement s’y asseoir d’un coup. Avant d’ouvrir la traduction fournie par l’ermite, la rousse posa son regard bleuté sur le visage de Syd et l’embrassa, comme pour se donner du courage. Elle voulait lui demander de la lire pour elle, avant de renoncer et de se lancer. C’était son histoire, c’était donc à elle de la lire.

La lettre dans ses mains tremblait, à l’image de sa voix qui prit une tonalité presque étrange.


- « Julia, ma fille.

Ces mots, si tu les lis, seront les derniers que je t’adresserai. Il n’existe pas de chose plus déchirante que de dire adieu à ses enfants. Car si cette lettre est entre tes mains, c’est que je ne suis plus… »


Encore une fois les saphirs vinrent chercher l’aide de ses jumelles avant de reprendre la lecture. Le souffle de Yuliya devenait court, oppressé par ces premiers mots qui n’annonçaient rien de bon.

- « …Aucune mère ne devrait avoir à faire cela. Mais la vie est injuste. Jens, ton père, a longtemps été un mari exceptionnel et a su nous offrir à toi, tes frères et sœurs et moi, une vie à laquelle certains haut-nobles n’auraient pas pu prétendre. Notre demeure était belle, grande, décorée avec un soin tout particulier, nous ne manquions jamais de rien. Mais il en voulait toujours plus. Il a su se lier d’amitié avec les hommes les plus influents des environs de München, mais les amitiés attirent également la haine et une trahison suffit pour que tout s’effondre. Oui, ton père est un traître. Un homme qui n’a pas de parole, un homme qui s’est cru plus fort car richissime. Or, l’argent ne fait pas tout. Ton père nous a envoyé vers la mort par sa cupidité. J’aurais tant aimé te dire qu’il avait été un homme bon et intègre, mais ce serait mentir, et j’en suis incapable… »

Chaque mot tapait dans sa tête. Les prononcer était difficile pour l’orpheline qui voyait son histoire se compléter peu à peu. Elle buttait parfois, s’arrêtant une seconde avant de reprendre avec beaucoup de mal. Que cette lettre était longue…

- « …Si tu lis cette lettre, c’est que tu as pu être sauvée. Je n’ai malheureusement pas eu d’autres choix que de la coder afin qu’on ne la lise pas facilement. Ta grande sœur, Emma, est morte de manière inexpliquée et ton autre grande sœur, Helena a succombé à une forte fièvre. Si je ne vis plus, je veux que toi et tes frères soyez sains et saufs. J’ai pour cela dû vous séparer, faire en sorte qu’il soit moins facile de vous retrouver. Johann est parti en direction des Flandres, Maximilian en direction de ma terre natale, la Bretagne. Mon frère François et son épouse Mari le recueilleront sans doute. Je ne sais si vous arriverez à vous retrouver, je le souhaite, mais je n’ai pas eu le choix… »

La peur, et l’espoir, tels étaient les sentiments qui se mêlaient en elle. Curieuse, elle poursuivit, toujours avec difficulté.

- « ...Sois forte ma fille, et même si je ne suis plus à tes côtés, je veille sur toi. J’aurais tant aimé te voir grandir, devenir une jolie jeune femme, te consoler lors de tes peines, voir ton sourire dans la joie. J’ai mal en écrivant ces mots, mais je me dis que cela vaut mieux. N’oublie pas que si ton père a fait notre fin, il m’a aussi donné de merveilleux enfants. Je suis en colère contre lui, mais ne le sois pas. Pardonne lui sa faiblesse, pardonne lui toutes les choses que je ne pourrais pas lui excuser, pardonne lui et porte fièrement le nom qu’il t’a offert, Julia von Kreizen… »

Des larmes. Lentement elles coulaient sur ses joues, signe de la peine qui s’emparait d’elle à chaque ligne, du manque d’une mère qui aurait dû connaitre tout d’elle mais qui avait dû se contenter d’une simple lettre en guise de testament. L’évocation de son père, le souhait de la voir lui pardonner alors que sa folie lui avait tout arraché. Et un nom…

- « …J’aimerais écrire plus longuement, te raconter des choses sur une vie que tu vas oublier, ou que tu as déjà oubliée. Te dire combien nous étions heureux et à quel point j’aurais aimé que tout cela perdure. Mais le temps m’est compté et je dois achever cette lettre pour la confier à ceux qui partiront avec toi s’il m’arrive quoi que ce soit. Sois gentille mon cœur, et garde précieusement cette lettre avec toi car elle sera l’une des seules choses qui restera de nous, de tous ce que nous avions ensemble… »

Le dernier paragraphe. Des sanglots accompagnaient la déception de voir la fin arriver. Que cette lettre était trop courte… Un soupire et les derniers mots.

- « …Je t’aime.

Ta mère,
Enora von Kreizen d’Herbauge… »


La surprise, l’étonnement, le choc. Un nom qu’elle connaissait bien pour souvent fréquenter la Comtesse de Lescun.
Yuliya était perdue, trop de choses nouvelles, trop de surprises, trop de mauvaises surprises même. L’incompréhension se lisait sur son visage et dans ses yeux rougis par les quelques larmes qui s’en étaient échappées. Durant plusieurs minutes elle resta silencieuse, regardant dans le vague, essayant de trouver un sens à tous ces mots.

Julia von Kreizen…

Ce nom résonnait sans cesse, frappant ses tempes, faisant battre son cœur avec une certaine violence. Yuliya comprit vite que les personnes qui l’avaient emmenée avec elles avaient probablement déformé son prénom, ou l’avaient transformé pour la protéger.

Des questions aussi, beaucoup de questions. Trop même. Et Yuliya ne savait pas comment y trouver des réponses. Le regard un peu hagard et triste, elle tourna la tête vers Syd lui demandant implicitement son avis, ses conseils.

Julia…

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)