Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Repeindre le poil sur la Bête

Isambre
L’air frais incendiait ses narines échauffées par la chevauchée. Les yeux ambres sombraient.

La campagne dansait tout autour en un tourbillon de bourdonnements nocturnes, inquiétants et absurdes. La Lune boudait ce soir, son œil à demi aveugle éclairait paresseusement la route tortueuse. Les montures bousculaient les poussières poitevines, brouillant encore davantage les ombres furtives. L’opacité de la nuit s’échappait pourtant déjà. A l’horizon, la frêle musique du jour s’insinuait.

Le corps maigre se retourna sur sa selle.

On avait quitté la ville depuis bien des heures, à l’arrière les cavaliers fatiguaient. Leurs silhouettes ballotaient légèrement au gré d’une petite brise glacée. Le cahot brutal des chariots choquait ses tempes chaudes. Tout ce hoquet obscur l’étourdissait.

On crut bientôt distinguer les murs de la cité. La colonne s’arrêta. On donna les ordres.

D’une main gantée, elle porta une petite fiole à ses lèvres gercées. Les yeux ambres s’étrécirent. On toucherait bientôt au but. Ses rétines un peu folles se plantèrent dans celles du cavalier. Leurs deux bottes se touchaient désormais.

Brusquement un son violent creva la nuit. Isambre siffla.
_________________
Garzimlebo
Cahin-caha, la dernière colonne de la 'Veneratio Vel Nex!' cheminait au travers de la campagne poitevine. Depuis des mois, plus d'une année en somme, la mesnie Hyrglas emportait avec elle les armoiries des ducs et barons, les tapisseries et meubles de leur puissante forteresse qu'ils avaient détruite au moment de quitter la Guyenne pour s'en aller guerroyer aux côtés de leurs alliés du Ponant. Bêtes, armes, écus, tout avait fondu, englouti par les besoins qu'impliquait tel combat pour pareil équipage. Mais cinq chariots demeuraient, chargés de riches tapisseries, garde-robes, ou encore des cathèdres ducales désormais inutiles sinon que pour décorer leur salle à manger avec nostalgie _ ce de quoi ils pouvaient se prévaloir d'être épargnés. L'argenterie avait disparue, transformée en pains, boucliers, épées, médicaments,... Des armes, il en restait en nombre, la guerre s'étant arrêté plus brutalement encore qu'elle n'avait commencé. Et depuis lors, le couple Hyrglas et les quelques proches qui avaient demeuré à leurs côtés après la fin des combats continuaient de mener à travers le Royaume cette petite colonne, pèlerinage permanent de la fierté guyennoise préservée. Il était temps que cela cesse.

Et cela cesserait bientôt. Ces longs mois de silence n'avaient pas été que vain repos ou lâche abandon, non. Le temps passé avait avant tout et surtout mis à profit pour la reconstruction économique de la maison Hyrglas. Réputée pour sa générosité en temps de guerre, aussi bien en Guyenne que désormais en Ponant, la Maison était néanmoins sortie de la bataille sur les genoux, repoussant encore et encore les limites du possible grâce à l'ingéniosité et à l'implication absolue de tous les membres de l'armée guyennoise du Ponant. Quelques mois d'activités diverses, au travers du Royaume, avait commencé de remettre les Hyrglas à flot, et un peu mieux.

A présent, et maintenant que leur rôle en Poitou était achevé après le dernier rappel fait à ce comté ami, il était de nouveau question de la Guyenne. Duché si grand d'être encore debout après tant d'épreuves depuis ses premiers jours. Duché si petit de tomber si souvent dans la médiocrité de ses élites. La Guyenne vers laquelle tout semblait converger au moment même où eux décidaient d'y revenir enfin, définitivement. L'avenir serait lourd. Et la tâche qu'ils s'étaient donnée énorme.

Mais avant de boucler tout à fait la boucle, la petite compagnie guyennoise encore présente en Poitou voulait accomplir un dernier acte. Une sorte d'hommage, mêlé d'une promesse. Et pour ce faire il avait fallu à nouveau se remettre en chemin, sur des routes empruntées autrefois pour le commerce de la maison Hyrglas et plus récemment de manière plus précipitée au son lourd des bottes et cottes de mailles. Ils avaient laissé Saintes derrière eux, coupé à travers marais, bois et villages isolés, vraisemblablement parcouru une partie de la campagne angoumoise. Et voilà que la cité orientale du comté poitevin dardait ses murailles éprouvées dans la lueur de ce troisième matin de chevauché.


Le retour sera plus rapide.
La voix grave coupa dans le monotone crépitement des sabots des cheveux et boeufs, grincements d'essieux et bruissement des haies sous le souffle de la brise matinale. Il avait parlé comme pour se rassurer lui-même, quelque peu irrité de l'air frais de cette fin d'été. L'homme avait passé au moins la moitié de sa vie sur les routes, généralement une épée ou une lance à la main, mais l'âge commençait à percer au travers de sa solide constitution.
A ses côtés, botte-à-botte, Isambre chevauchait en silence, se jetant quelque rasade réconfortante dans le gosier toutes les paires d'heures. Manifestement, la scène sur laquelle ne tarderait plus à tomber le rideau attisait l'impatience de la cavalière...


Il ne faudra pas oublier de conserver le nécessaire pour notre ami nouvellement élevé au rang de Citoyen Breton... Nous aurions maille à partir avec notre conscience si nous ne marquions dignement son mariage je crois.

Puis, se dévissant sur sa selle, le semi-manchot scrute la petite colonne, jusqu'aux deux cavaliers fermant la marche. Ceux-là aussi avaient tout donné, tout perdu, et reviendraient pourtant tout prochainement en Guyenne, reprendre la bataille. La scène politique guyennoise promettait une agitation propre à réchauffer les âmes en ce début d'automne précoce.

Toujours basculé en arrière et toujours à l'attention d'Isambre, il reprend :

Millie a encore refilé du crapaud à sa monture... Sa jument souffle une buée verdâtre des plus caractéristiques.
_________________
Isambre
On n’était pas connue pour son sourire qu’on dispensait avec la plus scrupuleuse économie. Pourtant, les lèvres rouges d’Isambre s’étirèrent jusqu’à laisser apparaître deux canines pointues. Le regard ambre se porta immédiatement sur la nuque de son époux et sur Millie.

- Le pauvre animal… Il faudra pourtant bien qu’il tienne. Le jour se lève, on ne tardera plus à ouvrir les portes. Faisons une pause.

Le convoi s’arrêta en bord de route. On joua aux dés et comme le vin avait bien circulé, au bout de quelques instants, les insultes fusèrent. Dur de jouer sans tricher, aucun n’en était probablement capable. Pourtant, le jour levé, on se réconcilia comme toujours. Heureux privilège d’une longue amitié !

Les gardes de la ville eurent bien quelques œillades passablement amicales au passage de tout ce fourbi mais la troupe franchit les portes sans inconvénient. Conduire les gros chariots dans les méandres de la cité poitevine se révéla nettement moins commode, même au point du jour, sans avoir à jouer des coudes. On parvint pourtant finalement au lieu du crime.

- Tout le monde sait ce qu’il a à faire. On se retrouve à la nuit.

Plantant là ses cinq compères, Isambre s’empara d’un long paquet et disparut dans les ruelles poitevines.

_________________
Tagalu
Tagulu s’essuya le front avec sa manche. Le berrichon s’était retrouvé désigné pour garder les « affaires » sur une place qui avait grouillé de monde toute la journée et avec pour toute compagnie et assistance le scribouillard du Duc. On avait beau lui répéter depuis des mois que le gosse était devenu un vrai p'tit guerrier durant la grand'guerre, lui ne voyait encore que le damoiseau avançant toujours dans l'ombre de son maître, tablettes ou rouleaux à la main. Norf... Quoiqu'il en soit, 'l'avait pas levé l'nez de son écritoire portatif de la journée, le guerrier imberbe.

Un long soupir s'échappa d'entre les poils frisés de la barbe soignée du Berrichon. Six heures qu’il maniait le fouet autour des chariots pour empêcher la merdaille d’y regarder de trop près. Ça commençait à bien faire. Tous les jurons de son répertoire y étaient passés. Maintenant à cours d’arguments, il voyait avec un certain soulagement les lieux se vider. Malheureusement, le soir finirait bien par tomber amenant son lot de problèmes.

Il était crevé, ce qui l’amenait à tripoter de plus en plus l’arme qu’il portait au côté. Tagalu coula un regard sceptique à son compagnon. Et comme sa conversation laissait décidément à désirer, il commença à gamberger. Il en vint à se demander depuis combien de temps il suivait les Ducs Noirs. Pfiou. Non. Il valait mieux ne pas trop se poser ce genre de questions. De toute façon, ils se quittaient ce soir. Enfin, si tout se passait bien. En même temps, il sentait bien que la solitude ne lui plairait pas longtemps. Mais il faut bien rentrer un jour, non ? Depuis la libération du Berry, pour laquelle il était allé au tapis par cinq fois (y compris une fois la trêve signée), il n'avait passé que quelques jours chez lui. Y'aurait du ménage à faire dans la bergerie au retour...

Bref, bien planté sur ses deux jambes, le chapeau vissé sur ses cheveux sombre, il croisa les bras. Un gamin pas trop farouche tenta de soulever les bâches qui couvraient une des charrettes. Attends que ça passe… Adopte la position de la moule sur son rocher et t’énerve pas…


- Vas-tu lâcher ça espèce de saloperie ?!

Voilà. La moule venait de boire la tasse.
_________________
"Je vous ai déjà dit que je prête du pognon à des taux vraiment pas dégueulasses ?"
Millie
L'arrivée en ville s'était faite au petit matin dès l'ouverture des portes.
La citée n'était pas encore réveillée,seuls quelques artisans commençaient à ouvrir leur boutique ça et là.
La petite troupe s'était arrêtée sur une place dans un grincement d'essieux et un martèlement de sabots.
Les cavaliers avaient mis pied à terre et s'étaient répartis les tâches prévues.
Avant de partir à la recherche de son "trésor", Millie, après avoir cherché du regard son barbichu et ne l'ayant pas trouvé, s'était occupé de ses enfants qui venaient de se réveiller dans le dernier chariot.
La route ne les dérangeaient pas, ils y étaient habitués depuis leur naissance.
Les deux petits bouts de 10 mois étaient de tous les voyages.
Le premier repas de la journée avalé, elle les avait mis dans leur caisse à roues et, laissant les affaires sous la surveillance de ceux qui restaient auprès du convoi, elle s'était enfoncée dans les rues bien animées maintenant.
Une débauche de couleurs et de sons venait distraire les petits pendant qu'elle cherchait sur les étals offerts, l'objet de sa convoitise.
Au détour d'une allée elle tomba exactement sur ce qu'elle voulait.
Affichant un sourire malicieux, elle fit ses emplettes et rejoignit les autres.

_________________
Kal.
Cela faisait un bon moment qu'il n'était plus monté sur un cheval et ne pensait pas y remonter à vrai dire, c'est qu'il commençait à se faire vieux l'barbichu.
Ses cheveux et sa légendaire barbiche commençaient à grisonner, les blessures du passé et ses os lui faisaient ressentir une douleur lancinante.

Pourtant le revoilà à chevaucher à travers la campagne Poitevine en compagnie de ses vieux amis, ce qui lui faisait penser à il y a déjà bien des mois en arrière.
Ils l'avaient déjà sillonné cette campagne et à l'époque on pouvait s'attendre à une embuscade ennemie ou à croiser un groupe de brigands à chaque instant.
Il avait également déjà perdu une ou deux dents et subi quelques blessures en traversant ces lieux.

Fermant la marche aux cotés de Millie, fatigué, il ne fut pas mécontent que la colonne s'arrête enfin quelques instants.
Juste le temps de se divertir un peu puis de se réchauffer avec une bonne bouteille et ils reprirent la route sans plus tarder.

Une fois en ville il descendit de sa monture, acquiesça d'un signe de tête pour montrer qu'il avait bien pris note du rendez vous.
Sentant venir le coup que Millie allait lui demander de s'occuper des deux niards se trouvant dans le chariot et ne se sentant pas la fibre paternelle de si bon matin, l'barbichu s'empressa de filer discrètement dans les ruelles.

_________________
Garzimlebo
Bon, parfait. La troupe était parvenue à destination au complet et tout le monde avait quelque chose à faire... Gwenolé, qui avait repris son rôle de secrétaire particulier du semi-manchot depuis quelques semaines, avait de quoi user quelques plumes d'ici au soir. Millie et Isambre, parties toutes deux à l'assaut de la cité accomplir les missions qui leur était échues. Tagalu, le sombre berrichon, était de garde sur la place. Bien...

Ne restaient plus que les deux meilleurs pour la partie la plus intéressante de la journée. D'ailleurs, le barbichu se faufilait déjà dans la première ruelle venue... Ni une ni deux, le "Duc Noir" le prend en chasse.


Penses à conserver copie des lettres que je t'ai dicté plus tôt, avant d'expédier le tout. Et assure-toi que le pli adressé à Betoval soit en de bonnes mains... jeta t-il par dessus son épaule au jeune homme qui déballait son écritoire de campagne.

Rattrapant prestemment le Père Indigne, Garzim le prend par le bras et l'attire dans un dédale de ruelles avant de pénétrer dans un bouge peu reluisant.


Là... Ici nous serons tranquille pour attendre la tombée de la nuit. Non ? Et de sourire de toutes ses dents à son plus vieux et meilleur compagnon.
_________________
Kal.
L'barbichu avait réussi à filer avant que Millie ne le chope.
Une fois un peu plus avancé dans la ruelle qu'il avait emprunté il fit tomber d'un geste sa capuche sur ses épaules et se détendit.

Quand il sentit une main sur son bras il se croyait pris, rattrapé par sa belle pour qu'il s'occupe des deux gnomes.
Il se retourna déjà en train de préparer une explication à lui sortir pour y échapper.
Il fut soulagé de voir que c'était Garzim et il se laissa entrainer.
Une fois dans le bouge, les deux compagnons prirent place.


Ah là, tu as bien raison nous seront beaucoup mieux ici.
Bon, et bien il ne nous reste plus qu'a s'en jeter un p'tit pour faire passer le temps.


Une fois bien installés, les deux compères commandèrent de quoi picoler et attendirent tranquillement en discutant, que la journée se passe.
_________________
Cavalier.
Cavalier était au rendez-vous. La soirée était plutôt belle. Il passa sous les portes de son pas nonchalant coutumier. Quelques minutes lui suffirent pour trouver ce qu’il cherchait.

Sous le soleil déclinant, il s’approcha du dernier chariot. Il fit un petit signe de la main en direction de Tagalu et de Gwenolé. Sa botte gauche s’appuya fermement sur le marchepied. L’homme en noir prit les rênes et le véhicule s’ébroua. Il était diablement lourd et sa progression était ralentie par la jument qui suivait.

Alors qu’il cheminait le plus lentement possible dans les rues poitevines, un mouvement l’avertit. Pas besoin de s'arrêter, elle montrait en marche.
Isambre
Les yeux ambres scrutaient depuis une heure le carrefour. Sous son grand mantel noir, le corps maigre attendait patiemment. Brusquement, le visage pointu sortit de la pénombre de son capuchon. Son rendez-vous arrivait. La silhouette sombre se hissa avec raideur auprès de l’homme.

- Vous êtes en retard, l’ami.

Constatation qui n’appelait pas de réponse. Les doigts gantés s’emparèrent d’un long paquet jusqu’alors caché sous le manteau et le déposèrent sur les genoux du conducteur. Un pli changea aussi rapidement de main.

- Vous lui remettrez ceci également, avec tous nos compliments.

Isambre salua l’homme d’un signe de tête et sauta du chariot. Les yeux ambres suivirent encore quelques instants le véhicule qui entamait sa route vers les terres bretonnes.

De son pas chaotique, elle rebroussa chemin en direction de ses compagnons. Les rues restaient trop fréquentées. Il était trop tôt.

_________________
Millie
Après avoir trouvé ce qu'elle cherchait, la jeune maman était revenue auprès du convoi.
Le temps de nourrir les petits et la voilà repartie en balade.
Il était encore tôt, elle avait le temps de flâner et de faire quelques boutiques.
Elle avait laissé son paquet dans le chariot de peur de l'abimer puis s'était enfoncé dans les ruelles.
Regardant les étals et les devantures elle ne vit pas le temps passer.
Le jour commençait à décliner, les petits s'étaient endormis.
Il serait bientôt l'heure de retrouver les autres.
Marchant au hasard des rues elle passa devant une taverne aux fenêtres ouvertes.
Des voix bien connues la firent s'arrêter.
Elle regarda dans la pièce et vit Kal et Garzim attablés et devisant tranquillement.
Voilà où ils avaient sans doute passé la journée.
Fronçant les sourcils, elle entra d'un pas décidé dans la pièce avec la petite chariote où se trouvaient les bébés et se planta devant leur table.
Leur faisant comprendre calmement qu'il était l'heure d'y aller elle les entraina à sa suite.
Ils arrivèrent tous les trois avec les enfants sur la place où les attendaient déjà leurs autres compagnons.
Elle coucha les bambins dans un des chariots puis les rejoignit pour commencer leurs préparatifs.

_________________
Garzimlebo
Pas de surprise, Kal avait approuvé sans réserve le plan du blond grisonnant pour tromper tout à la fois l'ennui et la mère de ses enfants. Un certain nombre de gobelets plus tard, et aussi quelques saucissons pour accompagner la descente, les deux compères en étaient à trouver que cette dernière demi-journée d'inaction était somme toute fort agréable. Jusqu'à ce que...

Jusqu'à ce que Millie ne leur remette la main dessus. Enfin surtout sur le barbichu en réinsertion paternelle. Solidarité masculine oblige, Garzim se joint au couple _ moyen commode de se payer la tête de son camarade _ d'autant que Millie leur a rappelé que l'heure avait tourné depuis leur première rasade.

En avant donc... L'on titube légèrement sur les premiers mètres, histoire de faire comme tout le monde, et puis on se reprend : les choses sérieuses commencent !
Le chargement à destination de Vannes devait être parti depuis une heure ou deux déjà, emportant voeux et présents du couple. Un chariot de moins.

Parvenus sur la place désertée par la foule qui grouillait plus tôt, ils constatent que le Berrichon et le Page ont répartis la charge excédentaire du chariot disparu sur les autres. Bien, encore une chose de moins à faire... Il aimait bien quand ça se passait comme ça, selon le plan établi. Et ce qu'il aimait par dessus tout, c'était quand ça se passait bien ET que c'était lui qui avait réparti les tâches...


Alors, c'est l'heure ? questionne le semi-manchot.
Les acquiescements de ses compagnons dans la pénombre naissante lui répondent.

Aux armes, donc ! Gwen, fait le guet !

Et de saisir ustensile adéquat à pareil ouvrage.
_________________
Isambre
Isambre se dirigea vers les chariots et entama le déballage. On ne serait pas trop de quatre pour la tâche. On commença par les deux cathèdres qui achevèrent leur voyage en plein milieu de la place, aux pieds de la statue. Puis, vinrent les tapisseries, meubles et autres fatras ducaux que l’on posa plus ou moins en équilibre contre la silhouette de pierre. Enfin, Isambre s’empara des dernières reliques de leur noblesse passée, le lourd étendard de la citadelle blanche, brodé aux armes de Blanquefort et de Luzech qu’elle disposa en évidence sur la cathèdre.

Les yeux ambres se promenèrent un instant sur tout ce bazar et se fixèrent sur la silhouette sombre de son époux, lancé dans une opération héroïque.

- Bon sang, il va bien se casser le cou ce couillon.

Regard amusé en direction de Tagalu et petit signe de la main. Une deuxième missive sortit du manteau et glissa entre les mains (trop) habiles du bonhomme.

- Bonne chance, l’ami.

Dans une petite heure, les honnêtes gens se lèveraient et les portes de La Trémouille s’ouvriraient. Il ne fallait pas manquer le coche.

_________________
Tagalu
[Garzimlebo]

[L'art de la nuit]

KAaaal ! arrête de bouger bon sang ! Pas à l'aise, le fier guerrier... Perché sur les épaules de son vieil ami, le semi-manchot peine à exercer pleinement ses talents créatifs.

Isambre a achevé la disposition des bannières, tapisseries, malles et coffres autour de la statue. Les cathèdres sont en bonne place, semblant attendre le retour de quelque roi ou reine. Il y a là le plus encombrant, mais aussi le plus symbolique, de la richesse des anciens Ducs de Blanquefort et Barons de Luzech. Nulle place pour cela en Guyenne désormais.
Une couronne d'acier entoure le tout. Voilà qui pourrait servir à nouveau, un jour...

Pour l'heure, il s'agit avant tout de précision. Ne pas bouger... Lààààaa.


Ah ah ! z'avez vu vous autres !? Et pas une bavure avec ça !
Il saute à terre, atterri lourdement malgré une grâce pourtant naturelle _ farfaitement ! _ et prend un peu de recul avec ses compagnons pour admirer leur oeuvre.

La fameuse et renommée statue de Davor d'Estissac-Lisaran, trônant au milieu d'une place à présent digne des plus grands palais, et agrémentée au goût de la petite compagnie... L'un des étendard de 'Veneratio Vel Nex!' coincé tant bien que mal avec un bras statufié, 4 couronnes disposées sur des coussins aux pieds du célèbre CapComte.
Et une magistrale moustache peinte avec patience et méticulosité.


Ca a d'la gueule.
Voilà qui sonnait comme une affirmation mais aussi comme le signal du départ. La chevauchée allait être effrénée jusqu'en Guyenne où les élections s'achevaient bientôt.

Isambre remettait la touche finale de cette mise en scène au Berrichon qui serait encore de garde pour quelques minutes qui lui sembleraient bien longues sans doute. On avait pris soin de prévoir un messager, un mioche déguenillé dégoté dans les quartiers pauvres de la cité la veille au soir. Garzim alla le réveiller, lui tendit une pièce et en promit deux autres à son retour. Le gamin fila en baillant...


J'espère que Davor est un lève tôt. Ton monocorde, attitude désinvolte, mais sourire sadique.

Le quintet final monte en selle, fait ses adieux à Tagalu, et se dirige vers les portes encore closes de la cité. Vers la Guyenne.

______________________________

_________________
"Je vous ai déjà dit que je prête du pognon à des taux vraiment pas dégueulasses ?"
Davor
Et bien non, Davor n'était pas un lève-tôt, loin de là. Une honte peut-être pour un ancien chef d'armée, qui passait désormais plus de temps à travailler dans sa boucherie qu'à mener des armées sur les champs de bataille aux différents coins du Poitou, ou plus loin même parfois. Ainsi donc, lorsqu'il entendit tambouriner à sa porte, il commença par émettre un grognement réprobateur, sans ouvrir les yeux, persuadé que cela cesserait bientôt. Erreur. Le bruit persistant força le CapComte à se redresser péniblement et, pour éviter que sa femme ne se réveille à son tour, à sortir du lit conjugal afin de comprendre ce qui se passait et pourquoi on le réveillait de si bon matin. Petite promesse de faire pendre par les pieds l'auteur du réveil en question d'ailleurs.

Il avait à peine ouvert sa fenêtre qu'il aperçut un gamin débraillé, déclamant des phrases sans queue ni tête, mais où quelques termes revenaient très régulièrement. Une statue guyennoise à vendre lors d'une brocante sur la place de La Trémouille ? Non non, cela ne devait pas être ça, dur d'avoir les idées claires quand on est réveillé depuis trois minutes et six secondes. Davor se figea soudainement, comme s'il avait enfin la lumière à tous les étages. Une statue, sur la place... Mais il n'y avait que la sienne ! Sans se préoccuper davantage de ce que pouvait bien signifier cette soit disant brocante, il fit demi-tour à toute vitesse, retournant dans sa chambre pour s'y habiller en deux temps trois mouvements, chemise à peine attachée. Petit parchemin laissé à côté de son épouse pour la prévenir, tout de même, et il sortit de leur demeure, presque courant, filant à grandes enjambées vers la place principale du village.

Il bouscula un ou deux ivrognes qui ne s'écartaient pas suffisamment vite de son chemin, et stoppa net en arrivant sur la place, essayant d'intégrer tous les éléments du tableau se dressant devant ses yeux. Bouche bée, Davor observait tout l'attirail trônant désormais autour de sa statue, et comprit bien vite d'où tout cela venait, en reconnaissant l'étendard de Veneratio Vel Nex, étendard qu'il avait lui-même suivi une fois les armées ponantaises rendues à Tours. Suivre Baillant puis Garzim, c'était une version moderne de Charybde et Scylla en fait...

Il s'approcha un peu, juste quelques pas, puis s'arrêta net à nouveau. Non... Il n'avait pas osé tout de même ? Ses yeux venaient de se poser sur sa statue elle-même, et notamment son visage majestueux, empreint de gravité, de solennité, de grandeur même, et qui se trouvait dorénavant défiguré par une moustache ridicule, et bien trop visible...

Grognant comme un ours mal embouché, l'ex Comte du Poitou se précipita vers la seule personne qui se trouvait à proximité et qui, selon lui, devait bien entendu être le principal responsable de cette mise en scène. Ou du moins, le principal exécutant. Se plantant devant Tagalu, il hésita un instant à lui coller son poing dans la figure, avant de songer qu'il était p'tèt préférable d'obtenir des réponses avant, et d'aviser ensuite.


Vous ! Vous...

Oui, pas très percutant comme discours, mais c'était à peu près tout ce que Davor était capable de prononcer à cet instant, avant d'inspirer profondément pour réussir, enfin, à faire une phrase à peu près intelligible.

Qu'est-ce que c'est que tout ce... ce foutoir ?! C'est... C'est vous qui avez mis tout ça sur ma statue ?! Et qui a dessiné ces horribles moustaches ?! Et... et... et où est ce bon diou de Garzim ?!
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)