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[RP Privé ] Quand les réveils s'ouvrent sur un rêve...

Mabelle
La légèreté de ses baisers effleuraient son visage en douces caresses, elle murmurait des mots inaudibles, peut être même un prénom, entre de faibles gémissements, gesticulant en agitant lentement son bras pour le chercher à ses côtés...puis soudain, ses sourcils se froncèrent, surprise par ce dernier baiser sur la joue, rude et dégoulinant de salive, ses yeux s'ouvrirent aussitôt, extirpée de son rêve avec stupeur :

- Brennus ! Mais..mais enfin ! Arrête ! Quelle heure est il ? Je suis en retard ?


Mabelle se redressa en ronchonnant après son chien qui avait le don de toujours la retrouver. Encore embuée de sommeil, elle se frottait les yeux avant de découvrir sa couche peu ordinaire. Elle étira ses membres et cambra son dos pour effacer la douleur des racines de l'arbre au pied duquel....Ils s'étaient endormis. Son regard s'arrêta sur Lui et un sourire radieux éclairait son visage encore tout froissé.
Un frisson parcourut tout son corps et elle resserra la cape qu'il lui avait déposée sur ses épaules.
Ses jambes à présent en tailleur, elle l'observait songeuse. Leur soirée avait été délicieuse, d'une douceur onctueuse qui l'enveloppa d'une paix exquise tant espérée.
Attendrie, elle déroula son col et le déposa délicatement sur sa poitrine.
Leurs échanges avaient duré jusqu'au milieu de la nuit, et ni l'un ni l'autre n'avaient eu le courage ni sans doute l'envie, de rentrer, après cette balade nocturne qui les menèrent au pied d'un frêne majestueux.
Ils s'étaient endormis sur leurs dernières paroles, encore présentes dans son esprit, sa tête appuyée sur son épaule, tandis qu'il était adossé sur le tronc rugueux.

Les feuilles chuchotaient leurs secrets, le soleil projetait ses timides rayons au travers des branches, la rosée parsemait ses gouttes de cristal sur le tapis de mousse douillet, Mabelle fermait les yeux en inspirant profondément cet instant de bonheur précieux, hésitant à le sortir de son sommeil, d'apparence bienfaiteur à voir son visage reposé presque rieur.
Cependant, elle voulait partager ces enchantements matinaux avec lui, aussi elle se décida. Elle profita encore de quelques minutes pour l'admirer, l'imaginait sans sa moustache en souriant, amusée, se demandait pourquoi son coeur frappait sur ses remparts aussi lourdement.

Doucement, elle se pencha vers lui, son coeur battait plus fort, ses joues s'empourpraient, sa raison l'agaçait mais Mabelle devenait curieusement docile...Alors tout doucement, elle se résolut à lui murmurer :

- Jean...Jean...

Elle mordit sa lèvre inférieure, hésitant à le réveiller plus prestement.
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Beldurian
[Le rêveur]

L'eau dans laquelle il se trouvait semblait bien tiède et douce. Les quelques remous que faisaient les vagues caressaient son corps nu et le faisait frissonner de plaisir. Il se sentait apaisé, se laissant aller aux directions que lui intimaient le fleuve, avant de commencer à s'enfoncer dans l'eau, petit à petit. Lentement, le voilà qui s'enfonce, entièrement recouvert de cette eau d'une étrange pureté, d'une température délicieuse et d'une douceur peu commune.

Nu, plongeant au fond d'un fleuve qui apparaît maintenant comme un véritable oncéan, ne voyant autour de lui qu'un bleu qui s'assombrit de plus en plus, il entend au loin une voix sans parvenir tout à fait à en discerner les mots. Lui qui ne sait pas nager, qui devrait avoir bien peur au fond de cette eau qui se fait de plus en plus inquiétante et qui perd de son éclat, semble bien paisible, ayant bien l'impression que cette plongée dans l'obscurité et dans l'eau devait le rapprocher de cette voix qui se fait entêtante en son esprit et à laquelle il se raccroche.

La voix se fait en effet plus forte tandis qu'il croit percevoir une lueur au fond de cet océan sans fin. Sa main tendue, il cherche à l'atteindre tout en voyant l'eau s'éclaircir de nouveau petit à petit autour de lui. Voilà qu'il parvient à entendre les mots avec plus de clarté, et qu'ils semblent se répéter, tandis qu'une forme se fait plus précise et s'avance vers lui du fond de l'océan, un étrange poisson qui semble avoir taille humaine.


- Jean...Jean...


[Du côté de chez Mabelle]

Le Soleil éclairait déjà les quelques feuilles du Grand Parc qui renvoyaient avec obstination les rayons lumineux aux alentours. Ceux-ci venaient réchauffer le visage du jeune homme endormi sous le chêne, paisible et presque rieur en effet, sans doute plongé dans un rêve tout aussi extraordinaire que plein de douceur.

Son corps était allongé, un peu plus avachi qu'hier avant qu'ils se soient endormis ensemble, incapables de résister à la tentation du sommeil et d'une nuit si douce et si belle. Le voilà, lui, l'homme de la défaite, n'ayant pas su faire face et resté éveillé comme il lui avait promis pour prendre soin d'elle et surtout pour la réveiller si elle devait s'endormir elle aussi. Son corps parlait suffisament, démontrant la totale insouciance avec laquelle il s'était laissé aller au repos, incapable sans doute d'imaginer quelque danger en cet endroit avec pareille compagnie, l'esprit tout occupé à profiter du moment plutôt qu'à imaginer quelque objet d'inquiétude.

Ses cheveux ébouriffés, un léger sourire béat aux lèvres, les yeux clos et immobiles, il me semble pas vouloir se réveiller de si tôt. C'est qu'il affectionne particulièrement de dormir dans l'herbe, quelque étrange que cela puisse être. Il frémit néanmoins légerement lorsqu'il entend le murmure que lui adresse Mabelle, comme si tout à coup il prenait conscience de son environnement et se mettait à son écoute.

En vain toutefois parvient-elle à l'éveiller, tandis que le jeune homme se contente de rouler légèrement sur le côté afin de venir s'appuyer doucement contre la jeune femme, comme un petit enfant endormi. Sans doute eût-il bien honte de sa position et de ce geste audacieux s'il était éveillé, mais l'innocence du sommeil fait faire bien des choses.

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Mabelle
Elle souriait béatement, un peu fébrile à l'idée que Jean puisse la voir au réveil sans être apprêtée. Réalisant cet état de fait, elle fit glisser soudain la cape du dormeur pour agencer ses cheveux indisciplinés, les noua grossièrement avec son ruban laissant quelques longues mèches retomber le long de son dos. Mabelle rougissait déjà en s'imaginant la tête qu'il ferait de la voir ainsi chiffonnée. Elle tapota ses jupes, ajusta sa chemise quelque peu froissée et délacée, et adopta une position plus féminine, assise de côté, les jambes repliées vers l'arrière, appuyée sur son bras gauche. Enfin, elle tapota ses pommettes pour rehausser son teint, puis essaya quelques expressions faciales : gracieuse, étonnée, souriante, songeuse en posant un doigt sur sa lèvre le regard concentré au loin, inquiète, stupéfaite, passionnée, fatiguée, curieuse, triste, rayonnante, espiègle, tant et si bien qu'elle finit par grimacer de douleur en massant ses zygomatiques bien éprouvés !

La jeune femme se ressaisit alors et le regardait de nouveau. Elle finit par sourire naturellement, toujours attendrie de le voir ainsi, en paix, heureux même, jusqu'au moment inattendu où il roula contre elle !. Mabelle se tendit aussitôt, les yeux tout ronds, la respiration bloquée, coite.
Leurs genoux se touchaient à présent, couché latéralement face à elle, une main sous sa tête qui effleurait le bras sur lequel elle était appuyée, elle sentait le souffle de sa respiration sur son poignet, la main de la jeune femme, à plat au sol, était presque écrasée sous la sienne, celle qu'il avait glissé sous sa tête, ils étaient si proches qu'elle restait tétanisée, incapable de réagir pendant un long moment.
Elle regardait alentour, imaginant tout Rouen débarquer en cet instant, se mordait la lèvre, inquiète, le regardait de nouveau, hésitait à le pousser, à se relever, embarrassée , confuse. Elle levait sa main s'apprêtant à le secouer doucement puis stoppa son geste le bras en l'air, trop émue.
C'est à ce moment, que son émoi redoubla. Une immense douceur s'empara de tout son être, sa main droite, comme naturellement se dirigeait avec délicatesse vers son visage qu'elle mourrait d'envie de caresser. Elle mimait d'abord le geste, la main juste au dessus de son visage, elle le contemplait puis esquissa un sourire amusé : c'était le moment de toucher cette moustache qui l'intriguait tant ! Elle s'amusa donc à l'effleurer, d'abord avec un doigt qu'elle ôta aussitôt comme on touche une épine, puis renouvela l'expérience appuyant le geste avec un peu plus d'assurance mais toujours avec douceur et tandis que le visage du dormeur émettait quelques rictus nerveux, elle se mit à rire doucement et se ravisa en se pinçant les lèvres au moment où il gesticula légèrement. Mabelle se figea alors une nouvelle fois, n'osant plus bouger, même lorsque le bras du bel endormi se posa nonchalamment sur sa cuisse ! Le coeur de la dieppoise bondit et aussitôt elle s'empressa de le remettre en place délicatement et de vérifier que personne ne se promenait déjà à cette heure bien matinale.
Mabelle réalisait alors que cette fois, les rouennais se lèveraient bientôt. Il fallait que Jean se réveille ! La rumeur ne leur ferait aucune grâce, il y avait bien des jours qu'elle avait commencé son ouvrage de mégère malgré eux !
Une idée lui vint à l'esprit accompagnée d'un sourire un brin espiègle. Mabelle connaissait la crainte de l'eau du rouennais, liée au fait qu'il ne savait pas nager...
Alors elle se pencha à nouveau, glissant cette fois sa main sur les cheveux du rêveur pour atteindre son oreille dans laquelle, elle souffla :


- Jean ! Jean ! La barque coule !
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Beldurian
[Rêve interrompu]

Jean...Jean...

Le poisson s'approchait en nageant avec grâce, laissant sa nageoire glisser de droite et de gauche, avec une exquise légereté qui s'accompagnait d'une précision étonnante. Le jeune homme était toujours sous cet immense océan, les yeux grands ouverts, nu, n'ayant étrangement aucun mal à respirer.

Pourtant, tandis que le poisson s'approchait de lui, un malaise commençait à naître et semblait bien se propager aux alentours. L'eau se faisait plus sombre, plus inquiétante, propageant un bruit léger mais persistant, comme une unique note d'un instrument qui se faisait obsédante. L'eau se mouvait de plus en plus, à la manière d'un tourbillon naissant, et l'homme ne parvenait pas à remonter à la surface, ne sachant nager, s'étant contenté jusqu'ici de se laisser emporter par cette atmosphère pourtant si douce quelques instants auparavant.

Les alentours se faisaient maintenant bien dangereux et hostiles. Le jeune homme paniquait, ne parvenait plus à respirer correctement, agitait en vain ses bras et ses jambes, ne parvenant à rien d'autre qu'à tourner vainement sur lui-même et à s'épuiser. L'eau remplissait ses poumons, il sentait son coeur battre fort et le désespoir le gagner, plongé maintenant dans une obscurité presque complète.

Deux mains vinrent se poser sur ses épaules, tandis que le jeune homme se retournait, surpris, bien prêt à s'évanouir pour finalement se laisser dépérir ici. Une jeune femme au torse nu était presque collée à lui, le regardait fixement, ses yeux mêlant tendresse et alarme. Une jeune femme...dont le bas du corps n'avait rien d'humain ! Une sirène, ces mystérieuses créatures tout droit issues des contes de l'Antiquité que lui avaient conté ses parents, se tenait en face du jeune homme et semblait moins...dangereuse qu'il n'y paraissait. Elle était même bien attirante, ainsi dévêtue, et son visage lui était familier...n'était-ce pas Mabelle ?

Il n'eût pas le temps de penser à tout cela tandis qu'il se trouvait face à la créature. Il était en train d'étouffer, de perdre petit à petit la clarté de son esprit, quand la sirène vint déposer ses lèvres sur les siennes, le surprenant tout autant que l'avait surpris son apparition. Elle lui redonnait ainsi un peu d'air et un peu de vivacité, et lui murmurait avec un ton séducteur :


Jean...Jean...

Mais les sirènes étaient perfides, le jeune homme le savait bien, et séduisaient pour perdre l'âme de ceux qu'elles capturaient. La douce voix se faisait entêtante dans son esprit, et se mit à crier, à crier si fort qu'il crût sentir son corps imploser de l'intérieur :

Jean ! Jean ! La barque coule !



[Un réveil incongru]

Il entrouvre légèrement la bouche, il tréssaille un instant, son corps se tend doucement. Puis, en entendant les mots de Mabelle, le jeune homme ouvre grand les yeux et se redresse vivement comme s'il prenait peur, laissant échapper un long souffle pour reprendre l'air qui lui manquait. Le voilà le regard quelque peu affolé, les yeux glissant ça-et-là sur ce qui l'entourait pour essayer de reprendre une juste perception de la réalité et discerner où il pouvait bien se trouver. C'est petit à petit que les couleurs apparurent, les formes, les sons, que chaque objet put retrouver le concept et l'idée qui lui appartenaient, et que tout cela devint bien plus clair à son esprit.

Plus claire aussi la situation bien inconvenante dans laquelle il était. Mabelle était devant lui, bien plus proche qu'il n'y pensait au premier abord. Son visage avait frôlé le sien lorsqu'il s'était redressé, et il s'était agrippé à elle avec angoisse, ses deux mains posées sur les deux bras de la jeune femme. Il la regardait, un peu interloqué, ayant du mal à savoir que faire, quoi dire, et surtout comment réagir. Ses mains restaient bien agrippés à ses bras, sans qu'il eût la pensée de les en retirer.

Ses yeux glissèrent sur le corps de Mabelle comme pour l'inspecter, et son coeur se serra doucement en la voyant ainsi, au réveil, tandis qu'il se rappelait petit à petit la soirée précédente. Un regard sur le frêne et sur la gourde de Calva lui avait suffit pour se remémorer la manière dont les deux amis avaient tant discuté, assis près de cet arbre, à cause de la fermeture des tavernes, et comment ils en étaient venus à perdre l'espoir de pouvoir rentrer chez eux un jour. Ils s'étaient endormis, sans doute, et le jeune homme rougissait en se rappelant qu'il avait pourtant eu pour mission de la réveiller si d'aventure elle devait s'endormir.

Il la trouvait bien belle au réveil, peut-être même plus qu'à l'ordinaire, alliant parfaitement la délicatesse et le maintient à une légère négligence qu'il affectionnait particulièrement. Ses cheveux lui apparaissaient bien jolis, s'accordant harmonieusement à l'environnement du Parc et reflétant les rayons du Soleil avec une certaine discrétion. Ses yeux n'avaient pas changé, dans lesquels il plongea les siens un court instant, retrouvant ici le souvenir de son rêve et par conséquent celui du corps qu'il avait pu voir partiellement dénudé. C'est bien involontairement qu'il abaissa son regard sur sa chemise, comme pour vérifier ce qu'il en était, avant de se redresser vivemenent et de secouer légèrement la tête.

Tout au long de cette observation, ses mains étaient restées sur les bras de la jeune femme et leur emprise étaient devenues plus douces. Il n'y pensait plus, n'en avait pas conscience, et bien heureusement, sans quoi il se serait assurément bien blâmé. Mais son esprit n'était pas occupé de la rumeur, d'éventuels passants ou de sa propre apparence, seulement du rêve duquel il était sorti, et de l'autre dans lequel il venait d'entrer.


Je...bonjour...

Un bonjour qui le fit rougir, de ceux que l'on dit le matin à la personne aimée en se réveillant près d'elle, et qui portait en lui la promesse d'une journée merveilleuse et d'une matinée tout aussi étonnante.
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Mabelle
Elle sursauta, presque déséquilibrée, lorsqu'il ouvrit les yeux en se redressant vivement. Aussitôt elle regretta de l'avoir réveillé au moyen de ce qui tourmentait le rouennais depuis quelques jours : la mer, les bateaux, le lac.... lui qui ne savait pas nager. Le regard affolé de Jean déconcerta la jeune femme autant qu'elle se troubla, lorsque leur visage se frôlèrent. Son coeur, lui, clamait l'intensité de son émoi plus encore, lorsqu'il saisit ses bras.
Elle se demandait de quel rêve affreux l'avait-elle extirpé pour afficher un visage si inquiet, et rougissait de remords de son idée incongrue.

Elle l'observait, partagée entre le désir de le prendre dans ses bras pour l'apaiser, ce qu'elle n'oserait bien évidemment pas, et le raisonner verbalement tout en lui proposant la gourde de calva pour ramener son esprit dans la réalité.

Puis il semblait se calmer, doucement, d'un regard circulaire pour s'approprier le lieu avant que ses yeux ne s'arrêtent sur elle. Les pommettes de la dieppoise commencèrent alors à rosir tandis qu'il la dévisageait, leurs regards s'unirent avant que celui du rêveur ne glisse sur sa chemise. Mabelle s'empourpra cette fois d'emblée, craignant d'avoir oublié de lacer son corsage. Instinctivement, elle sonda d'une main son affublement, discrètement, en prenant garde de ne pas contraindre la main de Jean à lâcher son bras, qu'il tenait à présent avec douceur. Son coeur cognait plus fort contre sa poitrine, ses remparts avaient tous disparu sans qu'elle ne le remarquât elle-même.

Chacun s'immergeait dans les yeux de l'autre secrètement. Elle souriait doucement tout en l'observant autant attendrie de ses cheveux ébouriffés que troublée par l'intensité de son regard.

Lorsqu'il prononça un timide "Bonjour", les joues rougies à son tour, Mabelle sourit plus amplement en posant ses mains, avec douceur, sur les avant bras de son rêveur tourmenté. Elle oublia tout, sa tenue qu'elle jugeait inconvenante, les rumeurs des promeneurs, les passants malveillants, et même son chien tapi sur l'herbe, somnolent.


- Le..le bon jour Mon Rêveur...Il me semblait que vous dormiez bien, puis vous étiez soudain bien agité...je ..je suis confuse de vous avoir réveillé de la sorte..

Le regard d'abord contrit, elle baissait timidement les yeux en exerçant une délicate pression sur ses bras, comme pour intensifier ses excuses.

Petit encart destiné à Ljd Floralise : comme indiqué dans le titre, ce RP est privé, merci de bien vouloir supprimer votre post

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Beldurian
Le jeune homme frissonna légèrement lorsqu'à ses oreilles parvinrent le son de sa voix. Son esprit perdait désormais les dernières hésitations qu'il avait pu avoir sur la réalité de ce qui l'entourait, et laissait de plus en plus s'éloigner le rêve passé pour s'accrocher au réveil qui lui semblait désormais tout aussi extraordinaire. Ses mains toujours posées sur les bras de la jeune femme, tandis que celle-ci avaient déposé les siennes sur son avant-bras, il frémit légèrement et se sentit confus en réalsiant à quel point la situation était peu ordinaire et...ambigue.

C'est bien malgré lui qu'il se détache doucement d'elle et qu'il quitta ce qui ressemblait alors de plus en plus à une étreinte. Après un réveil brusque, qui n'avait pas permis à sa raison de reprendre tout de suite la maîtrise de son corps, celle-ci reprenait maintenant des forces et avait su se faire entendre bien plus que son coeur. C'est que l'environnement, s'il se prêtait à quelque romance, était aussi un lieu public, et qu'à l'enthousiasme des émotions avait succédé la peur de paraître bien inconvenant aux yeux de la jeune femme.

Ses yeux s'abaissèrent également légèrement, tandis qu'il se concentrait pour ne pas avoir à rougir, troublé par ces premiers mots qu'il n'osait considérer comme l'acte de naissance d'une nouvelle aventure dans son existence. Elle s'était emparée de lui par ces mots, et il en était presque paralysé : par le son de sa voix tout d'abord, si claire et si douce à son oreille, qui rendait alors le jeune homme si sévère avec le chant des oiseaux qui les environnaient tout deux. Mais par la signification des mots également, "Mon Rêveur", comme s'il n'était désormais plus qu'à elle et qu'elle avait réussi ce tour de force de lui voler jusqu'à ses rêves, son intimité la plus précieuse sans doute.

Il se décida à prendre un peu plus de constance néanmoins. Ces échanges lui apparaissaient désormais comme une bataille, et il cherchait un moyen de reprendre l'avantage afin de se ressaisir et de ne pas la laisser prendre toute emprise sur lui. Il ne perdrait pas sans combattre vaillamment, se disait-il, ayant néanmoins peu d'espoir quant à l'issu du combat : le coeur en venait bien souvent à vaincre la raison la plus obstinée et la plus sage.


- Détrompez-vous, Mabelle, vous m'avez éveillé d'un rêve tout aussi merveilleux que troublant, mais sans doute avez-vous eu raison de me raccrocher à une réalité qui n'a rien à lui envier...

Ses regards se portèrent sur une fleur qu'il décrocha doucement afin de venir la glisser dans la chevelure de Mabelle, tendrement. Il la regardait avec un léger sourire aux lèvres, certain maintenant d'avoir regagné un avantage sur la situation et croyant pouvoir résister à tous les assauts du coeur pour préserver une parfaite maîtrise de lui-même. Seulement, ce qu'il ignorait c'est qu'il avouait lui-même sa faiblesse en ne faisant pas que la regarder : il l'admirait. Et c'est bien involontairement que lui échappa cette phrase qui devait très certainement rendre compte de son trouble

- Est-ce encore un...un rêve ?

Il rougit légèrement en s'entendant, conscient de la banalité de ces paroles qui semblait tout droit sorties des contes qu'il avait tant aimé écouter dans son enfance. Il se décida à reprendre un certain maintient afin de ne pas se laisser gagner par une trop grande familiarité qu'il imaginait bien inconvenante. Il se redressa donc, une jambe allongée devant lui, l'autre pliée, le genoux en hauteur et ramené un peu plus vers lui, tandis qu'il s'adossait à l'arbre. Il sentait sa tête tourner quelque peu, sans doute à cause de l'alcool qu'il avait bu hier, en quantité qui lui avait semblé raisonnable pourtant.

- Avez-vous bien dormi, et ne m'en voulez-vous pas trop de ne point vous avoir eveillé comme j'aurais dû le faire ?

Il penchait sa tête légèrement sur le côté, lui lançant un petit regard d'excuse, en plissant les yeux. Son coeur, lui pourtant, ne s'excusait pas...et plutôt remerciait l'esprit de n'avoir pas su résister aux douceurs du sommeil et d'avoir ainsi permis un réveil si charmant.
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Mabelle
Le soleil matinal s'éveillait lui aussi et ses rayons caressaient le monde avec douceur, jalousés par des nuages joueurs qui se plaisaient à le voiler à tour de rôle.
Soucieuse de sa réaction, elle n'osait relever son menton, s'inquiétant un peu de savoir s'il était tout à fait réveillé ou encore sous l'emprise de ses rêves agités.
Cet instant lui sembla une éternité et enfin, lorsqu'il prononça ses premiers mots bien distinctement, elle soupira de soulagement, relevant sa tête en affichant un sourire satisfait avant qu'il n'eut fini sa phrase. Ces derniers mots faisant allusion à la réalité, provoquèrent, bien entendu, un camaïeu de rouges, intensifié par la fleur qu'il glissa sur ses cheveux avec douceur mais surtout par cette question, qu'il semblait se poser à lui même "Est-ce encore un ..rêve ?".

Profondément troublée, émue et ébaubie, elle ne pouvait répondre et le bénit de l'épargner quand il décida de s'installer contre le frêne complice, comme la veille au soir.

Elle en profita pour se détendre à son tour, engourdie par sa position figée depuis un long moment et par ses émois successifs. Mabelle le regardait alors, hésitante sur la place qu'elle allait choisir. Il lui paraissait bien inapproprié de s'asseoir de nouveau à ses côtés, et si elle s'endormait encore sur son épaule ?
Elle opta pour une assise de biais, presque face à lui, mais sans vouloir l'embarrasser, ni s'imposer. Naturellement, elle aurait mis ses jambes en tailleur, comme lorsqu'elle était seule sous son chêne, mais la situation déjà confuse, lui ordonnait une certaine convenance. Elle s'assied donc de côté, à l'instar de la position choisie précédemment mais, cette fois, s'appuyant du côté droit, le bras gauche étant encore engourdi.
Enfin décemment installée, et rassurée aussi que l'atmosphère se détende progressivement, Mabelle lui sourit doucement :


- J'ai merveilleusement bien dormi ! Elle se mordit la lèvre aussitôt, les joues rougies d'avoir laissé échapper son vif enthousiasme. Elle se réprimandait elle-même, toujours incapable de se contenir, marmonnait-elle dans sa tête. Mais au fond que lui importait ! Oui elle avait merveilleusement bien dormi, enveloppée de cette paix exquise, peut être même , était-ce la première fois qu'elle goutait à cette sérénité subtile.

- Enfin...j'ai bénéficié d'un sommeil paisible, un peu douloureux au réveil, les racines de cet arbre n'ont pas épargné mon dos.

Elle lui souriait, encore béatement, envoutée inlassablement par son regard profond, touchée par sa courtoisie sincère, et profondément émue par sa délicatesse embellie de sa tendresse.
N'avait elle pas dit au Juge, il y a des lunes de cela, que cet homme était différent ? Et lorsqu'il lui demanda en quoi l'était-il, elle s'était surprise à enchainer les qualificatifs, "sincère, courtois, attentif, subtil..." et d'autres encore qui provoquèrent un haussement de sourcils surpris et inquiets sur le visage du magistrat.

Elle se ressaisit, et poursuivit avec une certaine insouciance, plus détendue à présent.


- Oh non je ne puis vous en vouloir, j'aurais dû moi aussi lutter pour rester éveillée si je le voulais...je..je n'avais pas le courage de rentrer, épuisée de ma journée semble t-il..ahem..nous avons bavardé fort tard dans la nuit. Elle s'embourbait, allant à contresens de ses pensées au sein desquelles, elle le remerciait infiniment mais elle continua pour ne pas se laisser submerger dangereusement.

- Et vous Jean ? Avez vous dormi convenablement ? A mon réveil, vous dormiez paisiblement, et je n'ai osé vous réveiller puis le lever du jour était tellement gracieux que je ne voulais pas que vous le manquiez. J'ai donc commencé doucement à vous réveiller mais rien n'y faisait, vous étiez... écrasé de sommeil.
J'insistais un peu plus..ahem...
Elle rosissait à cet instant...et soudain, vous étiez fort agité. Je m'en veux car...j'ai usé de vos inquiétudes pour vous sortir de votre sommeil.
- Aurais- je, malgré moi, fait naître quelque cauchemar ?


Les pommettes rosies de son audace, elle pencha la tête doucement, son regard soucieux glissa sur ses moustaches, et elle ne put empêcher d'esquisser un large sourire amusé lié à ses expériences précédentes !
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Beldurian
Le jeune homme souriait doucement, presque mystérieusement, en écoutant Mabelle. Ses yeux étaient posés sur elle et se perdaient à l'observer prendre position avec un délice qu'il dissimulait très difficilement. La décence que prenait la jeune femme à s'installer lui réchauffait le coeur, puisqu'elle témoignait d'une délicatesse et d'une féminité qui lui enseignaient l'art de la modération, l'exquise prélude à l'accomplissement d'un désir qui s'amplifiait de jour en jour : celui de, peut-être, pouvoir un jour abandonner toute pudeur, d'esprit comme de corps.

Ces pensées, qui unissaient l'attention à la situation présente aux incertitudes sur ce qui les attendaient tous les deux, plongeaient Jean dans un trouble qui lui offrait tout à la fois le blâme et le courage, la timidité et l'audace. Ses yeux parcouraient ainsi son visage comme pour faire naître de ce sens les sensations habituellement dévolues à d'autres : son regard posé sur son cou lui remémorait son odeur dont il s'était ennivré hier, tandis qu'elle s'endormait à ses côtés ; si les cheveux étaient l'objet de son attention, en revanche, c'était comme pour se rappeler leur douceur qu'il avait pu goûter ce matin même en y glissant une fleur presque naturellement. Ses yeux semblaient ainsi capables à eux seuls de lui faire goûter tous les plaisirs des sens...mais aussi peut-être ceux de l'âme, éveillant un coeur qui frappait désormais avec force et troublait plus encore l'esprit d'un plaisir indéfinissable et pourtant si familier.

C'est bien difficilement qu'il parvenait à comprendre les mots qui lui étaient adressés, liant les phonèmes avec peine pour en reconstituer la sémantique des mots et finalement la structure d'une phrase logique et cohérente. Ailleurs, il l'était...ou plutôt bien plus présent à lui-même qu'il ne l'avait jamais été, adhérant difficilement à la réalité extérieure pour s'ancrer dans celle qui, elle, était bien plus dissimulée, bien plus profonde est secrète, mais sans doute bien plus véritable que l'autre : celle du coeur et des âmes qui communiquent.

Cette réalité profonde était bien difficile à quitter, mais il s'y résigna, trop enclin à ne pas froisser son interlocutrice et à lui offrir toute l'attention qu'elle méritait à cet instant.


- Je ne sais si c'était un cauchemar, mais sans doute était-ce bien moins agréable que les deux réalités entre lesquelles ce rêve s'est introduit : notre discussion d'hier soir, et le réveil de ce matin. Je...

Il avait parlé sans trop réfléchir, d'une traite, étonné d'une audace qu'il ne reconnaissait pas en lui, tout en se blâmant d'user de paroles si peu usuelles dans le langage commun. Il devait sortir de ce rêve éveillé, et vite, pour retrouver pieds avec la réalité...sans quoi il craignait de se rendre bien ennuyeux aux yeux de Mabelle.

- Je crains que vous n'ayez à répondre de vos actes ! Se servir des inquiétudes d'un pauvre homme comme moi devrait vous faire honte...mais je vous offrirai la possibilité de vous faire pardonner. Vous connaissez de bien agréables remèdes aux blessures de l'esprit, n'est-ce pas ?

Un léger sourire malicieux et joueur vint se former sur les lèvres du jeune homme. Le jeu avait ceci de plaisant qu'il permettait une reprise de contact aisée avec la réalité ainsi qu'une audace qui se déguisait par le rire, tout en essayant d'y entraîner avec soi sa partenaire, à la manière d'une main tendue qui offrait l'opportunité d'une danse. Accepterait-elle la danse, serait-elle joueuse ce matin ? Il connaissait son goût pour les défis et espérait ainsi reprendre en main la situation qui lui échappait, bien décidé à conduire cette danse qu'il devinait déjà bien agréable.
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Mabelle
Elle ne pouvait quitter ses yeux tandis qu'il semblait plongé dans ses pensées, qu'elle tentait de deviner en vain. Pendue à ses lèvres et incontestablement à tout son être, elle effleurait du bout des doigts sa fleur, naturellement et même inconsciemment, comme pour s'assurer qu'elle était bien réelle, qu'elle venait de sa main mais surtout, elle se l'imaginait, de son coeur. Son trouble, né de cette attention, et qu'elle tentait de dissimuler bien maladroitement en agissant de la sorte, la possédait entièrement, elle aurait voulu ne jamais avoir à se séparer de ce, ô combien, délicat présent.

Mabelle effeuillait des brins d'herbes pour se donner de l'assurance. Son regard glissait de son visage à ses épaules, son torse, ses bras qu'elle jugeait rassurants et accueillants telle cette épaule qui l'avait reçue généreusement pour l'emmener vers ses rêves nocturnes.

Leur situation était pour le moins déroutante, il semblait que leurs âmes comme leurs coeurs se respiraient. D'abord surpris de découvrir un souffle inhabituel, puis chatouillés par la curiosité, âmes et coeurs se rapprochaient timidement, de plus en plus attirés par ce flux subtil qui semblait s'infiltrer en eux insidieusement, comme pour les confondre à ne faire qu'un...

Enfin il recouvra ses esprits et Mabelle s'impatientait presque de savoir si son réveil taquin avait provoqué ou non un mauvais rêve. Elle l'écoutait en souriant tendrement, il ne lui en voulait pas visiblement ce qui déclencha un léger soupir de soulagement chez la jeune dieppoise.

Soupir sitôt interrompu lorsque soudain, il semblait qu'il réalisa la portée des actes de Mabelle, censés lui faire "honte", en lui indiquant qu'elle devrait en répondre. Mabelle blêmit, subitement extirpée de ses pensées onctueuses.

Ses sourcils se froncèrent légèrement , ses joues s'empourprèrent, elle marmonnait entre ses lèvres, presque outrée. Puis, elle se détendit, esquissant un petit sourire amusé en écoutant la suite : "de bien agréables remèdes..." répétait-elle.

Ses yeux se plantèrent dans les siens, dont le regard profond et malicieux la troublait inlassablement, mais ne laissait aucun doute sur son dessein.
Elle le défiait du regard, soulevant son audace, le sourire en coin, en se redressant maintenant l'esprit clair, puis s'éclaircit la voix :

- Ainsi je vous ai à ce point meurtri pour devoir vous admistrer quelque remède destiné à panser ces vilaines blessures, que de surcroit j'aurais osé vous infliger ? Je m'en voudrais jusque la fin de ma vie d'être à l'origine de telles souffrances...A propos, quel genre de souffrances aussi horribles s'agit il ? Quel a été l'objet de vos agitations inquiètes ? Vous comprenez qu'il me faut vous interroger pour adapter les remèdes aux maux...

- Certes, j'ai plus d'un remède dans ma besace, elle adoptait un sourire charmeur avec sa voix soudain plus douce à cet instant.
- Cependant, compte tenu de leur efficacité incontestable, ces remèdes se méritent, et aussi, il faut savoir les utiliser avec parcimonie, car en tout l'excès nuit, n'êtes vous point de mon avis ?

Son petit air espiègle accompagnait à présent ce petit sourire persistant, elle plongea ses yeux dans les siens en prenant garde de ne pas s'y noyer...
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Beldurian
Non, décidément, cet échange ne sera pas si aisé à dominer. Voilà qu'il perdait de nouveau contenance devant ce regard espiègle et ces réponses habiles. La main qu'il lui avait tendue avait été prise mais il s'était laissé entraîné dans la danse sans parvenir à la maîtriser. Étrange métaphore, se disait-il, sachant très bien qu'il maîtrisait si peu l'art de la danse. Il lui fallait néanmoins se reprendre et, si du moins il devait se laisser entraîner, au moins essayerait-il de le faire avec contenance et avec un certain talent.

Il soutint donc ce regard troublant, sentant un léger frisson parcourir son corps, se sentant ici au bord de l'eau, prêt à s'y jeter dangereusement, lui qui ne savait pas nager. Il devait garder pied à terre et ne pas y plonger. Il se sentait heureusement aidé par la jeune femme, qui tout en prenant garde de ne pas se noyer dans ses yeux, évitait ainsi de l'y entraîner à sa suite.

Un léger sourire vint donc se dessiner sur ses lèvres, tandis que sa main droite glissa quelque peu nerveusement dans ses cheveux pour les remettre en état, après ce réveil un peu brusque. Sa tête se pencha légèrement sur le côté, signe de sa curiosité, et c'est à voix un peu plus basse qu'il s'entendit répondre, comme une confidence, car sans doute était-il déjà un peu ailleurs et ne contrôlait-il pas tout à fait ses paroles.


- Vous connaissez ma frayeur de l'élément aquatique, chère amie.

Il insista avec douceur sur ce "chère amie" qu'il voulait bien agréable, une marque d'affection amicale qui présageait peut-être un peu plus.

- Vous la connaissez donc, cette frayeur, et je crains que vous ne l'ayez accentuée. Le monde aquatique...je m'y sentais presque comme chez moi dans ce rêve, à l'aise et l'esprit reposé, jusqu'à votre intervention qui réveilla quelques souffrances et quelque peur certaine.

Ses yeux s'abaissèrent quelque peu, tandis que sa voix restait basse, signe de sa peur et de sa soumission. Il attirait ainsi la jeune femme dans son jeu, espérant qu'elle croirait ainsi prendre l'avantage pour baisser sa garde. Il poursuivit ainsi, après ce retrait, pour de nouveau lancer une attaque.

- Suivez bien mon raisonnement : si ma peur de l'eau s'accroit, alors je crains de ne pouvoir jamais avoir l'envie de visiter Dieppe, votre chère ville, et ainsi peut-être de vous attrister. Vous rendre triste élargirait plus encore qu'il n'est déjà mon sentiment de culpabilité de ne pas savoir apprécier cette eau qui vous semble si chère. Ainsi, nous serons tous les deux bien plus tristes qu'auparavant, mais il est en votre pouvoir de m'octroyer quelque remède qui saura me redonner confiance et ainsi nous apaiser tous les deux. En somme, c'est dans notre intérêt à tous les deux.

Un large sourire vint naître sur ses lèvres, sachant bien que ces longues déductions logiques étaient bien peu appréciées par Mabelle et qu'il risquait de la perdre en route. La perdre...pour mieux la rattraper ensuite et cette fois-ci reprendre l'avantage sur cette danse que leurs âmes semblaient partager ensemble. Un avantage qu'il ne souhaitait toutefois par courtoisie pas prendre de force mais qu'elle devait lui octroyer ; cela devait paraître être la propre décision de Mabelle.

- Mais c'est vous la médicastre, je vous laisse le soin de décider de l'opportunité ou non d'un traitement...et en effet du dosage qu'il convient d'appliquer, en tout nuit l'excès oui.

Il soupira doucement. Cet effort de rationalisation à outrance de la situation, ces calculs qu'il se prenait à faire pour se rassurer et pour éviter de se laisser déborder par ses émotions commençaient à le lasser. Oubliant tout à coup son esprit, ses pensées, ses stratégies, son corps parla pour lui, si peu peut-être mais avec une intention certaine de laisser passer un message. Son cœur vint se faire entendre un peu plus fort dans sa poitrine tandis qu'il se pencha doucement, se mit en tailleur et laissa sa main se poser à terre, juste à côté de la sienne qui lui servait à s'appuyer contre le sol, la frôlant, la touchant quelque peu, invitation à ne plus seulement laisser les âmes communiquer mais à faire également parler un peu les corps entre eux.
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Mabelle
Mabelle coulait malgré elle. Noyée à la fois dans ses yeux, dans ses paroles, dans ses audaces, dans son émoi, à peine perceptible mais bien évident. Le sourire satisfait qu'elle avait affiché presque fièrement, se transforma bien vite en regard perplexe, se frottant la tempe pour tenter de déchiffrer les mots de Jean qui s'amoncelaient trop vite à l'entrée de son cerveau. Elle ne retenait que celui de "tristesse" et son coeur s'effondrait. Non ! Non nous ne serons pas tristes Jean…Non je ne veux pas.
Et tout était de sa faute à vouloir s'amuser de ses tourments aquatiques. Elle se maudissait, se qualifiait de gourde, d'idiote, d'orgueilleuse, et puis, allons ! soyons généreux ! aussi de prétentieuse ! Et pourtant il était bien clément : le ton sur lequel il l'avait interpellée "Chère Amie" ne présageait d'aucune rancune et elle s'en blâmait davantage.

Il l'avait touchée et elle coulait.

Une bouffée d'air l'oxygéna soudain, dès lors qu'il raviva l'idée de la nécessité des remèdes. "Redonner confiance" et les "apaiser"…Son coeur tambourinait plus fort et encore plus fort. Le soleil, déjà haut à présent glissait ses rayons tièdes sous ses vêtements et elle ne savait plus vraiment pour quelles raisons, ses joues étaient en feu.

Elle fixait à présent leurs doigts qui se frôlaient. Son coeur cognait dans sa poitrine réclamant son dû avec véhémence,. Elle tremblait légèrement même, décontenancée par cette nouvelle audace et par cette position qu'il adopta, à présent presque face à face, supportés par leurs bras tendus, et leurs mains, bien que dangereusement proches ne l'étaient pas autant que leurs visages.

Et elle coulait à nouveau.
Face à lui, son regard qui, immanquablement, la déstabilisait par toute la douceur et la tendresse qu'il offrait, par son esprit qui s'accordait si naturellement au sien, par ses attentions, son écoute, son âme toute entière qu'elle touchait du bout des doigts comme pour ne plus s'en séparer jamais.
Et maintenant elle devait la soigner cette âme. Son coeur tapait contre sa paroi en lui présentant le remède évident...

Alors elle pensa qu'avant de se noyer complètement, elle se devait d'octroyer son onguent. L'onguent velouté que lui tendait son coeur fatigué de s'agiter ainsi pour lui crier ce qu'elle refusait d'entendre. C'était l'onguent de l'évidence. Le remède doux et tiède prescrit par tout son être.
Son émotion était telle que ses mots restaient coincés dans sa gorge. Ses doigts alors s'agitèrent légèrement, puis se redressèrent cette fois avec davantage d'assurance et sa main toute entière, effleura alors celle de son "patient."
Elle ne se doutait pas qu'à compter de ce moment, cette main ne pourrait plus se passer de l'autre. Que de ce contact fébrile, émanerait une éruption de ses sens, que déjà, alors qu'elle avait hésité longuement, elle ne pouvait plus s'en séparer et poursuivait ses caresses pourtant si fines, un peu plus franchement.
Son coeur cette fois se heurtait à sa poitrine presque douloureusement , ses joues empourprées trahissaient son émoi profond. Fascinée par l'intensité de ce contact, Mabelle ne contrôlait plus les frémissements délicieux qui parcouraient tout son corps.
Elle releva doucement les yeux vers l'auteur de son bouleversement, et enfin, lui répondit d'une voix douce et faible :


- En tout nuit l'excès....?, un sourire caressant, timide et teinté d'une touche de malice se dessina sur son visage doucement.
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Beldurian
Etait-il bien éveillé ? Ou était-ce là encore quelque rêve qu'il devrait bientôt quitter à regret après s'y être pourtant entièrement abandonné ? La situation reprenait une part d'irréalité qui le faisait tout à coup douter, ne sachant si cette situation était bien tangible ou devait obéir à la loi héraclitéenne d'un changement d'état permanent.

Son coeur, lui, et cela malgré son arrogance et ses agressions répétées et sourdes, semblait néanmoins être le gage d'une permanence qui le rassurait. Sa stabilité depuis quelques jours était admirable et savait chaque fois mettre à bas les incertitudes. C'est à lui qu'il devait s'en remettre, et c'est à lui qu'il s'en remettrait.

Il frissonnait de sentir ce doux contact sur sa peau, un frisson qui partit de la main pour venir se répandre peu à peu le long de son bras, de son corps, de ses jambes, pour finalement se glisser jusque dans son esprit et peut-être même au coeur de son âme. Une douce et discrète chaleur s'empara ainsi de tout son être tandis que son regard ne quittait pas le sien, un regard bouleversé, tiraillé entre plusieurs désirs qu'il aurait voulu embrasser tous ensemble et sans attendre.

Sa main, à son grand étonnement, se faisait vivante et semblait quant à elle revendiquer son indépendance vis à vis de son esprit. Elle bougea, doucement au début, puis plus franchement, pour envelopper celle de Mabelle et la presser tendrement, accompagner ses caresses, se mêler à elle dans une union des corps qui avait quelque chose d'obscène mais aussi de gracieux et de touchant. Le ferment de la révolte contre cet esprit obtus et censeur partait donc d'un membre anodin, une main, quelques doigts, pour se propager petit à petit dans tout son corps. L'esprit savait qu'il perdait la bataille contre le coeur, et qu'il allait devoir céder la place à un nouveau gouvernement, celui des sentiments, celui de la passion, celui d'une tendresse qui n'aurait plus à se cacher pour s'exprimer.

C'est dans ce climat de guerre civile à l'intérieur de son être qu'une bataille décisive fut remportée pour l'avènement d'une nouvelle alliance. La bataille du lieu le plus important peut-être, devenu bien vite le coeur et l'âme de la révolte, un lieu qui s'abandonnait décidément aux rebelles et qui chassait toute censure et toute rationnalisation de la situation. Le jeune homme s'avanca doucement, se pencha, fébrilement, le corps entier criant victoire, dans un long frisson qui semblait lui donner des ailes, le coeur accompagnant cette marche d'un tambour battant qui pouvait bien être entendu aux confins du royaume. Les yeux, derniers soldats de l'esprit censeur, renoncèrent à leur tour et se fermèrent doucement, vaincus, pour laisser éclore une nouvelle souveraineté, celle du coeur, qui prit son siège dans les lèvres du jeune homme, le lieu de cette bataille décisive qui venait d'être gagnée.

Une souveraineté qui serait partagée, qui abdiquait déjà pour s'incliner devant l'Aimée, qui se livrait tout entière dans un tendre baiser. Leurs lèvres s'unirent, doucement, chaleur contre chaleur, émoi contre émoi, abandon contre abandon, pour se faire la promesse d'un nouveau devenir.

Etait-ce un excès ? Il ne pouvait le dire et, à vrai, ces questions rhétoriques venaient de lui échapper et semblaient déjà bien loin de ses préoccupations actuelles. Entre la crainte du refus et l'audace d'avoir osé l'embrasser, une certitude commençait à se faire entendre et à prendre l'avantage sur toute autre parole : il Aimait.

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Mabelle
Elle se noyait maintenant avec délice, dans l'abysse étourdissante qui s'ouvrait béatement à chacun des sillons creusés par ses frissons exaltants. Leurs âmes s'allièrent ondulantes de plaisir, leurs coeurs s'entrechoquaient dans un vacarme de joie explosive, leurs corps brûlants réclamaient une victoire bien plus majestueuse...

La communion délicieuse de leurs lèvres ne permettait pas à Mabelle de s'en séparer, elle glissa une main sur sa nuque, tendrement, naturellement, amoureusement, s'abreuvait encore un instant, un instant irréel de cette magie autant enivrante que déroutante.

Ainsi, ces mois d'errance à jouer avec la mort, avaient aujourd'hui un sens. Elle avait sombré à mordre la terre, rampante au sein de sa forêt, où seul son chien l'accompagnait, la secouant chaque jour de ses coups de museau intempestifs, en vain. Amaigrie, asthénique, blême et même crasseuse, elle devait sa survie à son monastique, parvenu à l'extirper de sa torpeur. A cet instant, elle remerciait alors Coulis, elle le vénérait même de l'avoir maintenue en vie, juste par ses mots, il lui avait offert la Vie. Mabelle avait accepté le précieux cadeau se promettant de l'honorer dignement. Mais sans jamais espérer ni même imaginer qu'elle puisse un jour retrouver le Bonheur, celui qui transcende l'âme et le corps jusqu'à briller dans le fond des yeux, inondant chaque jour de ses rayons de Lumière.

Empreinte d'une immense douceur, elle se résigna à abandonner leur étreinte inoubliable, s'écartait légèrement, les pommettes teintées d'émotion, les yeux noyés dans son regard déconcertant, son coeur orchestrait fièrement la mélodie envoutante qui s'emparait de tout son être, et libérait enfin l'évidence depuis bien trop longtemps retenue : elle Aimait.

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