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[RP] Désenchantée mais pas perdue

Charlyelle
Elle est dingue. Elle est rougne. Elle est enragée. Elle exulte de colère... et de trouille aussi.
Les cent pas dans la roulotte n'y ont pas résisté. C'est une brune fulminante qui s'en est extraite et qui ce soir au coin du feu ressasse la soirée merdique qu'elle vient de se farcir. Devant un vieil Ilug qui ne sait plus que faire pour calmer sa jeune maîtresse.

- Enfin Pallikari, calmez-vous, cessez de vous ronger les sangs ainsi !

"- Ilug ! Fer-me là !!! Mais comment est-ce qu'il a seulement pu ? Et je suis sensée faire quoi moi maintenant ! Je te l'ai dit, je me suis euthanasiée de lui. Et m'sieur est en convalescence maintenant. Et il a le toupet de me dire que je me suis rapprochée de lui, qu'on attendait que ça. Et que j'ai qu'à aller le voir à Muret parce qu'il convalescence c'putain de Sapineux !"

- Et bien allez y le voir. Si ça peut vous calmer. Voulez-vous que nous levions le campement demain ?

"- No ! Noooo et Nooooooooo!!! Je ne vais nulle part, je reste ici ! Puis Gwennie a promis de passer demain. Et Ilug tais toi tu me tapes sur les nerfs ! J'ai fait une promesse à Gabrielle. J'ai donné ma parole à un Comte. Alors non quoi qu'il puisse m'en coûter, je ne bougerais pas d'ici."

Des retrouvailles inattendues venaient perturber le quotidien auquel s'astreignait la brune depuis quelques semaines. Sa Gwennie, le poussinet, et même le Lab qui était dans le coin mais qu'elle n'avait pas eu le loisir de croiser. Et les discussions, les rires, les souvenirs qui remontent entre les anciens compères qui ont tous décrochés. Charlye est la dernière en date à l'avoir fait. Et le Sapineux qui ressurgit soudain. Tout le drame de sa vie. Sa tempête infernale, son euthanasié qui n'a finalement peut-être pas encore dit son dernier mot. A t'il senti quelque chose. A t'il senti Machette. Ou alors a t'il senti pire encore. Ce que la brune a fui avec lui pour retrouver chez un autre en encore plus différent et plus tortueux encore.
Bordel et il est encore allé se mettre dans le pétrin !! Mais cette fois Charlyelle, tu n'y cours pas. Tu l'as dit toi même que tu t'étais euthanasié de lui. Puis tu as promis. Et tu viens de dire oui au voilé aussi. Raccroche toi à ça pour ne pas replonger dans tes vieux démons. Oui voilà. Pense Judas Gabryel. Respire Judas Gabryel. Et balance Drannoc aux fers et aux oubliettes une bonne fois pour toute.

"- M*rde Gwennie, grouille toi faut qu'on cause !"
_________________
Gwennie
Béziers, plusieurs semaines d'arrêt.


Dans les roulottes...

Bordel mais cékankonpar ?
Avançons alors !
Cékankonpar ?
Nan j'peux pas j'suismalade, avancez sans moi j'vous rejoins.
Nan on part pas sans toi !!!!
J'attends
Cékankonpar ?
On part ?
Elle est où elle fait quoi ?
Cékankonpar ?

JE SUIS MALADE BORDEL DEMERDEZ VOUS !

Elle est quoi?
Cékankonpar ?
ON PART DIMANCHE ! J'suis pas votre mère !
On part quand ?
Dimanche !
Si c'est ça j'pars !
Mais pisqu'on part !!!

VOUS M'FAITES SUER LES GARS !!!!!!!!!!! BORDEL !!!!!!!!!!!!!!!!!!

Et ils partirent...Dans la nuit...Jusqu'au petit matin...

Tain, pourquoi qu'on est deux ? MI ROUX !!!!!!!!! Pourquoi qu'on est QUE deux ?
Hey hey Mi Roux, on est que tous les deux !!!On en profite pour discuter ? Hein quoi ?
DIS-CU-TER... Ok... bon ben avançons alors...N'a fout d'toute manière...NA !


Les pigeons voletèrent...

Bon t'es où ?
Me suis endormi...
Tu te fous de moi ? Bon avance jusqu'à l'embranchement après Béziers.

Bon toi t'es où ?
A Montpellier !
T'en veux une ou quoi ? Si t'avances quand j'recule comment veux tu que...je fasse des crêpes aussi quoi ?????????????
BOUGE PLUS !!! Sinon j'réponds plus de moi , j'te mords !


L'embranchement après Béziers dans quel sens?

OH BORDEL ! Suis un peu !!!!!!!!!!!!!!Direction MON- PEL-LIER


A Montpellier donc...

La bretonne enfonça une crêpe au fond du gosier d'un manouche, n'entraperçut même une ombre de moustache rousse, but une bière avec un Poussin, revit un ancien tulliste quelque peu crispée et songea à envoyer un pigeon à un Marquis en perdition ailleurs. Puis renonça, usée.

Elle allait se coucher d'un pas lourd et pesant, râlant sur les hommes qui grandissent pas mais qui la font sourire quand même.
Triple cruche un jour triple cruche toujours.Puis fit demi tour pour se boire un dernier verre en tête à tête avec elle même.

La porte s'ouvrit et au fond de la salle, attablée sagement, une ombre surgie du passé, l'autre celte de l'Hydre, la compagne d'infortune du Bro du Manouche...Celle dont les tourments avaient égalés les siens...

Charly.

Comme quoi la vie c'est comme une boite de calissons... Parfois...Hésitation, elle n'en est plus, elle non plus, mises au point, fous rires puis la séparation avec la promesse d'apporter du lambig à la roulotte de la Dentellière.

Gwen , le lendemain ,frappa à la porte.

Charly !!! Lambig !

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Charlyelle
Les accents qui se font entendre, la voix qui s'élève, l'Ecossaise les aurait reconnus sans faillir. La seule et unique capable de lui arracher des éclats de rire à en chialer. Celle avec qui elle a partagé une époque bénite. Avant que tout parte au va de l'eau et qu'elle ne continue tout de même son chemin, cahin, cahan.

Gwennie et son lambig.

Charlyelle et son eau de vie ambrée.

Les deux inséparables celtiques d'une certaine époque. Et oui on a beau dire, l'Hydre, ça crée des liens tout de même. Et pas des faux. Pas des transparents qui s'envolent en fumée une fois que tout est dit. Non. Il y en a qui résistent au temps. Et c'est ce qu'on appelle l'Amitié.

Ce n'est pas souvent que la porte de la roulotte de la brune s'ouvre, mais c'est toujours sur des gens qui comptent dans sa vie.
Elle lui tend la bouteille d'eau de feu qu'elle distille elle-même et se saisit en échange du lambig.

"- Et les garçons ne t'ont pas suivis ? Toujours à la traîne à ce que je vois ! Tant pis pour eux, ça en fera plus pour nous !".
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Charlyelle
La nuit était passée. Blanche. Et la gwinardant coulait de source entre les deux celtiques. Goût de pomme, saveur cidrée en bouche. La Bretonne et l'Ecossaise étaient bien là toutes les deux.
Les éclats de rire avaient fusés, les silences évocateurs aussi. Ebauches de souvenirs, quelques belles parties de grimpette de remparts dans les neurones pour la Brune, quelques portes de château enfoncées pour la Blonde. Fous rires. Puis le ton avait baissé. Elles s'étaient racontées l'une à l'autre. Leurs tourments passés. Qui faisaient d'elles ce qu'elles étaient aujourd'hui. Gwennie aussi avait morflé. Charlye avait fait le vide autour d'elle, cadenassé l'organe principal qui lui servait de coeur afin que plus jamais il ne soit tourmenté.
La brune était sans nul doute plus sauvageonne que la blonde. Alors que Gwennie avait gardé dans son entourage quelque bête ou poussinet, la Dentelliere venait encore de balayer le pas de sa porte.
Yep. Elle avait laissé partir Machette. Pourtant elle aurait pu le suivre. Il lui avait proposé de faire un bout de chemin ensemble. C'est ce "bout de chemin" qui lui avait retourné l'estomac. Peut-être que s'il lui avait présenté la chose autrement elle se serait laissé tenter. Quitte à l'accompagner dans des lieux qu'elle n'aime pas. Genève elle n'en raffole pas. La Bourgogne, elle hait. Mais si on sait lui demander correctement la chose, avec beaucoup de finesse il est vrai, ou alors faut être vicieux, elle ne refuse pas toujours.
Car parfois, c'est dans les endroits inattendus que l'on se découvre soi-même. Un peu comme ici dans le Languedoc. Révélation pour la Celtique. Une porte de claquée. Regret ou pas elle s'en cogne. Elle ne revient jamais en arrière de toute façon. Avancer, quoi qu'il en coûte. Toujours.
C'est son crédo.
Sans doute leurs routes se recroiseraient t'elles avec le Mach'. Peut-être. Peut-être pas. Mais assurément que s'il se pointait de nouveau, les lieux lui seraient ouverts.Parce qu'il a pas tout à fait tort Machette. Sont fait de la même race ces deux là. Mais lequel des deux a le plus foutu caractère, ça reste encore à voir. On s'attache et on se détache. C'est la vie qui est ainsi faite. Ne garder que le meilleur et jeter le reste.
Sauf que pour le Sapineux. Elle a tout gardé. Le bon. Le beau. L'horreur. L'humiliation. Le Bien et le Mal en fait. Et c'est lui qui sans le savoir, détient cette part de son coeur qu'elle a fermé à tout jamais.
Alors oui. Evidemment qu'elle peut être une bonne maîtresse pour le Voilé. Pas chiante la Celtique. Caractère de défection mais assurément d'une discrétion à toute épreuve. Elle ne craint personne.

Hormis la folie de son père. Car oui. L'engeance est folle. Peut-être pour ça qu'elle s'est si longtemps contentée de celle de Dran. Et elle a compris que quelque part, bien qu'elle ne sache que si peu de lui, Judas Gabryel est lui aussi de cette race là. Plus classe certes. Mais la même.

Les nuits se font plus froides. La solitude se fait jour de nouveau avec le départ des anciens compères. Mais Gwennie lui a dit qu'elle revenait. Elle a envie de passer un peu de temps avec la Celtique. Nostalgie quand tu nous tiens. On ne refait pas le passé. Mais l'Amitié prend quelquefois les chemins les plus longs avant de revenir au point d'ancrage.
Ce sont des filles de la mer toutes deux. Tellement de points en commun, mais tellement de différences aussi. Et pourtant, malgré le temps qui passe et leurs chemins si opposés parfois, elles sont sur la même longueur d'onde.

Encore un petit matin qui se lève. Et l'Ecossaise a rempli sa gourde de uisge beatha. Distillée made in Charlye. Pas moyen de partir en ballade sans elle. Et la journée allant être sous le signe de la grimpette des rocheuses et de la cueillette, c'est ainsi accompagnée qu'elle s'en dirige vers les précieux trésors à faire récolte.

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Charlyelle
« L'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l'hiver. »
- George Sand -

***



Il est trois heures et demie du matin ; les premières lueurs du jour filtrent à travers les feuilles des arbres, encore vertes de ce vert virginal qui ne dure que quelques semaines ; le moindre vent fait pleuvoir une rosée glacée qui tremble à l’extrémité des branches, et roule sur les grandes herbes comme une grêle de diamants. La Dentellière s'en revient de l'Oustau. Elle à besoin d'oeuvrer dans les lieux et y retournera un peu plus tard.

Coup d'oeil embrummé sur la roulotte qui prend différentes allures au gré des saisons.

Au printemps, vêtue de sa vigne verte comme d’une robe d’avril, elle se chauffe amoureusement au soleil ; on dirait alors qu’elle est sortie de la forêt pour venir se coucher au bord de la route. Ses fenêtres, sont garnies de ravenelles, d’anthémis, de cobéas et de volubilis qui leur font des stores de verdure tout brodés de fleurs d’argent, de saphir et d’or. La fumée qui s’échappe de sa cheminée n’est qu’une vapeur bleuâtre et transparente laissant à peine sa trace dans l’atmosphère.
En été, c’est autre chose : la roulotte fait la sieste ; elle a fermé ses paupières de bois ; aucun jour n’y pénètre. Sa cheminée reste sans haleine et sans respiration ; la porte seule, située au nord, demeure ouverte pour surveiller la route.
En automne, la vigne a rougi ; la robe verte du printemps a pris des tons chauds et miroitants comme en ont le velours et le satin qui ont été portés. Les fenêtres s’entrebâillent ; mais aux ravenelles et aux anthémis, fleurs des saisons printanières, ont succédé les reines-marguerites et les chrysanthèmes. La cheminée recommence à éparpiller dans l’air de blancs flocons de fumée, et, quand on passe devant la porte, le feu qui brûle dans l’âtre, quoique à moitié voilé par la marmite où bout le pot-aufeu, et par la casserole où cuit la gibelotte, tire l’œil de la belle brune qui vit en ces lieux.
En hiver, l’aspect devient morne : la roulotte a froid, elle grelotte. Plus de robe verte ou rouge changeant ; la vigne a laissé tomber ses feuilles une à une avec ce triste murmure des feuilles qui tombent ; elle étend sur la muraille ses nerfs décharnés. Les fenêtres sont hermétiquement fermées ; toute fleur en a disparu, et l’on n’aperçoit plus que les ficelles, détendues comme celles d’une harpe au repos, où montaient les volubilis et les cobéas
absents. Une énorme colonne de fumée opaque qui s’échappe en spirale de la cheminée indique que, le bois étant un des bénéfices du garde, on ne ménage pas le bois.

Une main posée sur la porte de bois de la roulotte, elle frappe alternativement ses deux pieds bottés au sol. A ce moment elle sourit, un brin étonnée. Car oui, oh oui, Ilug, pour une fois se trouvait non pas à l'extèrieur, mais bel et bien à l'intérieur de la roulotte. Elle vit apparaitre sa tête grisonnante et si matin qu'il fût, elle s'ornait déjà d'un brûle-gueule. Il est vrai qu'il n'était pas encore allumé.Ledit brûle-gueule, qui avait commencé par être une pipe, et qui était devenu brûle-gueule par suite des accidents divers qui avaient successivement raccourci son tuyau, ne quittait les lèvres d'Ilug, que le temps strictement nécessaire
à son propriétaire pour en expulser la vieille cendre et y introduire le tabac frais ; puis il reprenait, au côté gauche de sa bouche, entre deux dents creusées en tenailles, sa place accoutumée.
Il y avait encore un cas où le brûle-gueule fumait à la main du vieux druide au lieu de fumer à ses lèvres : c’était le cas où Charlyelle lui adressait la parole.
Alors Ilug tirait respectueusement son brûle-gueule de sa bouche, s’essuyait proprement les lèvres avec la manche de sa veste, passait derrière son dos la main qui tenait la pipe et répondait. Quand il ouvrait la bouche pour faire une question, la question était toujours faite de la façon la plus brève ; quand il ouvrait la bouche pour répondre à une question, la réponse était toujours faite de la façon la plus concise. Et il faut croire que Charlyelle avait pris l'habitude de prendre exemple sur son Hencher.

Le reste du temps, la mâchoire du vieil Ilug, habituée à maintenir entre ses dents un fragment de pipe qui souvent n’avait pas plus de six ou huit lignes de tuyau, ne se desserrait point ; il en résultait un sifflement qui n’était pas sans analogie avec celui du serpent, les paroles étant obligées de
s’échapper à travers l’écartement des deux mâchoires, écartement produit par l’épaisseur du tuyau de la pipe, mais qui à peine offrait un vide à pouvoir y glisser une pièce de cinq sous.
Quand la pipe avait quitté la bouche du vieux sage, soit pour donner à son maître le loisir de la vider ou la faculté de la remplir, soit pour lui permettre de répondre à Charlyelle les paroles, au lieu d’être plus faciles, devenaient plus vibrantes ; le sifflement, au lieu de diminuer, augmentait, et c’était tout simple : le tuyau de la pipe ne desserrant plus la mâchoire, les dents de la mâchoire supérieure pesaient sur celles de la mâchoire inférieure de tout le poids de l’habitude.

En fallait-il de la patience pour le comprendre parfois. Mais il n'y avait pas plus fidèle et loyal serviteur à la Couronne Princière. Trop même au goût de la jeune femme qui n'était pas dupe. Homme d'une cinquantaine d'années, taille un peu au-dessus de la moyenne, droit et sec, avec des
cheveux rares et grisonnants, d’épais sourcils, un collier de favoris encadrant son visage, de petits yeux perçants, un long nez, une bouche railleuse et un menton pointu. Sans avoir l’air d’écouter ou de voir, il avait toujours l’œil au guet, et voyait et entendait d’une merveilleuse façon, soit ce qui se faisait auprès de Charlyelle, soit ce qui se passait dans la forêt entre les perdrix, les lapins, les lièvres, les renards, les putois et les belettes, animaux qui, depuis le commencement du monde, se font des guerres acharnées.
Ilug avait le père de Charlyelle en vénération ainsi que la jeune femme elle-même. Il avait conservé sous un globe le verre dans lequel avait l’habitude de boire le général Vladimissime quand il chassait avec lui, et dans lequel aussi dix, quinze et vingt ans après, il ne manquait jamais de faire boire la Dentellière lorsqu'il l'emmenait avec lui à la chasse.

Tel était l’homme qui, la pipe à la bouche, passait sa tête moqueuse par l’entrebâillement de la porte. Il semblait ravi de l'air hébété de Charlyelle.


Vous m'aviez bien dit que je pouvais y rentrer me chauffer dans la roulotte non ? Allez Ma Demoiselle, grimpez vite qu'il ne fait pas chaud !
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Isleen
[Même lieu, un autre jour, une autre heure.]

Un bal à Montpellier. Un bal en temps ordinaire, l’Irlandaise n’y mettrait pas un peton, elle n’est pas friande des robes, des fanfreluches, surement cela lui vient-il d’avoir grandit sans mère, d’avoir chercher à prouver sa valeur, à prouver qu’elle n’est pas rien, pour un peu d’attention, d’affection qui ne virent pas. Mais voilà, la rouquine, s’ennui, s’emmerde, se faire royalement ch.ier, depuis qu’elle s’est fait virée, c’est de pire en pire, sa petite bicoque est en ordre, aussi propre ou presque qu’un sous neuf, ses légumes dans son carré de potager poussent tout seuls sans un brin de mauvaise herbes pour perturber leurs croissances, de la luge a roulettes elle a fait, le funambulisme sur les toits elle a promis de ne pas faire, les poches des montpelliérains et des gens de passage, elle fait quand l’envie irrésistible la prend, sans qu’elle puisse la contrôler, même si elle tente de luter contre, un petit tour en taverne, pour boire un verre en bonne compagnie, elle fait aussi, continuer seule son apprentissage de la lecture et de l’écriture dans cette langue qui n’est pas la sienne, elle fait, oui mais tout ça ne tue pas l’ennui.

Alors, le bal, elle en avait discuté avec Charlyelle, y venir ensemble pour tromper l’ennui, elles avaient trouvé l’idée sympathique. C’est vrai que toute seule, ça a moins de charme, moins d’intérêt, s’amuser à deux c’est toujours mieux, tromper l’ennui à deux c’est encore mieux ! Elle en avait touché un mot à Audoin qui bien entendu, elle s’en doutait, ne pouvait venir puisque de garde. Sinon pour sur il l’aurait accompagné, sinon avec plaisir, au moins pour la protéger du danger que représente ce type d’événement. Danger oui oui j’ai bien dit danger, c’est que cela peut être dangereux un bal masqué, va savoir qui se cache derrière les masques, un pervers, un tueur sans compter le danger absolu, le pire de tous…celui de se faire marcher sur les pieds, écrasés, piétinés. Imaginez le drame. Les petons du minipouce écrasés par ceux d’un danseur malhabile, d’une brute épaisse qui ne soit pas lui. Un léger rire s’échappe alors qu’elle grimpe le chemin jusqu’à la roulotte de l’Ecossaise. Pas dit que son Blond ait eu vraiment envie de venir, elle ne le voyait pas danser, elle l’imaginait plutôt dans un coin, les bras croisés, adossés au mur à regarder. Rire à nouveau. Pas dit que lui l’imagine dans le costume qu’elle s’est trouvée et concoctée et Charlyelle non plus d’ailleurs.

Piouff, marcher avec toutes ses affaires sur le bras ça donne chaud, qu'est ce que ça sera lorsqu'elles seront sur elle ! L’irlandaise n’est pas frileuse, mais ici elle a l’impression d’être constamment trop couverte, c’est horrible. Elle veut un hiver. Un vrai, un glacial, un froid, avec le vent du nord qui souffle, vous cingle le visage, vous fait monter le rouge au joues, vous refroidi le bout du nez, vous fait vous sentir vivante, et une mer, une vrai, une qui se fracasse sur les falaises, libérant ses embruns iodés dans l’air. Elle veut la rudesse et la fragilité de son Irlande. Nostalgie, nostalgie qu’elle envoie au loin, elles vont se déguisées, elles vont aller au bal, s’amuser et tromper l’ennui. Roulotte atteinte. Propriétaire des lieux es tu là ?


Charly’ t’es là ?

Esquisse d’un sourire amusée, l’Irlandaise et l’Ecossaise au bal, ça risque de donner, surtout quand on ne les attends pas vraiment, mais avant d'y aller, elles doivent enfiler leurs déguissements...
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Charlyelle
Les embrumées s'illuminent alors qu'elle entre dans son chez soi. Ce n'est sans doute pas pour rien qu'Ilug était dans la roulotte. Muette, la Celtique tournoie dans son cocon, dont les chandelles allumées jouent une note dansante sur les tentures. La table est garnie de noix, de fruits secs, de pain noir. Ilug avait frotté les branches sèches du Chêne sacré et enflammé un nouveau feu afin d'honorer le dieu du soleil et effrayer les esprits diaboliques. Une douce chaleur régnait dans les lieux. Avec la braise rouge de ce feu, ils allumeraient demain un nouveau feu dans l'âtre qui est censé durer jusqu'à l'automne suivant.
On comprend mieux pourquoi un feu de bois brûle toujours près de la roulotte quel que soit la saison. Feu sensé protéger du danger toute l'année. Grande nuit de l'hiver qui couve le nouveau cycle. Samhuinn est de sortie ce soir.

Ses îles du Nord à demeure. Ilug les lui a emmenées ce soir. Un petit bout tout du moins.


Charly’ t’es là ?


La porte de la roulotte s'ouvre et Charlyelle est là oui. Invitant Isleen à entrer. L'Ecossaise lui avait dit de passer. C'est qu'à force de s'ennuyer et bien on s'ennuie mieux à deux en ont t'elle déduit. Et les deux Celtiques ont décidé d'aller se faire une virée. Dans un bal.
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Isleen
Et l'écossaise est là oui, et l'irlandaise sourit, entre et ne s'attend pas à tomber sur un homme avec elle. Elle le salut donc d'un signe de tête d'un simple "dia duit", ne sachant quelle attitude adopter avec lui, vu qu'elle ne sait qui il est. Les onyx se posent sur la brune en souriant, un brin hésitante, la présence de l'homme n'était peut être pas prévue, la dentelière peut être doit-elle renoncer à leur virer ensemble?

Nous allons bien toujours au bal en'semble ?


Et le mini-pouce de montrer ce qu'elle tient dans ses bras, le costume, du moins le reste de sa tenue : masque, foulard pour les cheveux, cape, couteaux. Le reste de sa tenue, elle le porte déjà sur elle, en témoigne sa tenue intégralement noire.
La rouquine veut tromper son ennui, veut , a besoin d'occuper son temps, le bal est un bon moyen, et à deux c'est quand même mieux.

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Charlyelle
Nous allons bien toujours au bal en'semble ?

Elle se fait hésitante Isleen. Comme un brin intimidée et Charlyelle la regarde, sans trop comprendre sur le moment. Puis elle surprend le regard de l'Irlandaise envers Ilug, qui ne se gêne pas non plus pour détailler l'arrivante. Haussement des yeux au ciel de la jeune femme. Et elle rit doucement de sa voix rauque l'Ecossaise.

"- Yep Isleen, bien sûr que nous y allons toujours."

D'un imperceptible mouvement de menton, elle lui désigne le vieil homme. A son tour de se faire un brin hésitante. Pourquoi donc a t'il fallu que son père lui complique ainsi la vie au bout de vingt-trois années d'existence où elle se la coulait douce et sans enclume prête à lui tomber sur le coin de la trogne, au nom des armoieries familiales et d'une quelconque hérauderie lointaine qu'il lui fallait désormais apprendre à respecter et à composer avec.
Ilug le Druide, le Marin, l'Alchimiste, le Conseiller le plus proche et le vassal le plus loyal de celui qui cherche à l'emprisonner elle, dans une vie dont elle ne veut pas et contre laquelle elle n'est que rebellion. Ilug qui est son seul lien entre un père qui lui fut longtemps inconnu et une mère partie rejoindre les limbes alors qu'elle n'avait que quelques mois. Un père de substitution. Et le Vladimissime n'aimerait très certainement pas savoir qu'elle pense ainsi la Kallipari.


"- Ilug est mon hencher. Tout une partie de ce que je suis, c'est à lui que je le dois. Il est le gardien de mes origines et de mes coutumes en quelque sorte. Bref il ne m'a pas quitté depuis ma plus tendre enfance."

Le sujet est volontairement survolé alors qu'elle regarde ce que lui montre Isleen. Elle se dirige vers l'une des grandes malles rangées au fond de la pièce et elle s'agenouille un moment devant, farfouillant quelque peu. Elle a tôt fait de revenir avec la longue toge noire faite d'un seul empiècement. A la main un masque. Et un chapeau.

"- ça tu vois , c'est ma panoplie quand il m'arrive de devoir soigner quelque malheureux atteint de la peste. Mais pour un bal costumé ça fera aussi bien l'affaire que l'une des nombreuses robes qui dorment dans mes malles."

L'Ecossaise éclate de rire. Elle avait le choix entre se grimer en la princesse que son père voulait lui imposer d'être, ou bien rester un tant soit peu elle-même. Et son choix était vite fait.

"- Tu ne crois pas qu'on devrait emmener quelques bouteilles bien de chez nous aussi ?"

Tant qu'à tromper l'ennui, autant le faire en beauté.
_________________
Ilug
[Et le temps passe, implacable]




Il froissait le vélin trouvé à l'abandon sur la table entre ses mains. Réfléchissant à ce qu'il devait faire. Le Sauvage il savait qui il était. Mais qu'est-ce que ce Barbare venait faire dans les écrits de sa protégée ? Et pourquoi après cette lutte acharnée que le père et la fille se menaient, renonçait-elle tout de go. Quelque chose clochait. Il n'avait pourtant pas senti le vent tourner le vieux druide. Et les sinoples perçantes se posent sur Charlyelle. Muette. Assise devant cet âtre qu'elle n'a quasiment pas quitté de la matinée. Il l'a vu sortir ce matin mais elle est rapidement revenue. Les traits tirés. Et cette expression vide sur le visage. Enroulée dans ce plaid qu'elle ne quitte plus depuis quelques jours maintenant. Aurait-il laissé passer un évènement dont il se devrait de connaitre la teneur ?



Citation:

A vous mon père Détesté,
De moi, votre fille, Oubliée.

Quand une fois on a eu la chance d'aimer fortement, la vie se passe à chercher de nouveau cette ardeur et cette lumière. Le renoncement à la beauté et au bonheur sensuel qui lui est attaché, le service exclusif du malheur, demande une grandeur qui me manque.
En ce jour je renonce.
Vous avez gagné, mais ne vous réjouissez pas, ce n'est pas la Sauvagerie qui a raison de moi, c'est la Barbarie.




Avant, avec un temps pareil, le vieil homme sait qu'elle s'en serait allé chasser au faucon, pleine de joie devant la beauté de sa meilleure femelle s'élançant de son poignet pour s'en aller quérir l'azur. Il la revoyait, s'immobilisant soudain dans l'air pur, point noir dans une immensité de bleu, avant de fondre telle une flèche sur la malheureuse proie qui serait morte avant d'avoir eu le temps d'arriver.

Mais elle ne va pas bien. Il le sait, il le sent et il le voit.

Debout devant elle, Ilug lui offrait sur une serviette de lin, une collation fort tentante, arrangée de la plus appétissante façon : du pain frais, sorti à l'aube du four, des tranches de pomme, un tendre morceau de fromage blanc et une cuisse de poulet rôti. Il le dépose près d'elle, puis se baisse pour saisir une tasse en terre empli d'un liquide couleur de rubis. L'arôme qui en émanait venait lui chatouiller cruellement les narines.

Mais elle ne touche à rien. Avec un doux signe de tête, elle repousse le tout.

Mangez et rendez grâce à la Mère ! Tête-dure.

Ilug savait lui. Il connaissait la conduite du triste sire que le Vladimissime Focker voulait faire épouser de force à sa fille. Il avait une vingtaine d'années ce qui déjà suffisait amplement à déplaire à sa protégée qui, il l'avait compris depuis longtemps ne trouvait un intérêt quelconque que dans les hommes plus âgés. Walter se croyait tout permis à la fastueuse cour de l'Impératrice.
Ce jeune homme s'enorgueillissait sottement de ses audaces. Dettes, abus de vin fin et autres excès. Et la rudesse qu'il employait avec les femmes suffirait à ce qu'Ilug lui-même ne le pourfende. Il se racontait qu'il les montait comme un chien. N'importe où et n'importe quand. Mais le Général ne voulait rien entendre. C'est cet homme là qu'il avait choisi et il n'en démordait pas. En songeant à l'immonde union vers laquelle sa protégée se dirigeait, le vieux druide n'avait qu'une envie redoublée, celle de la protéger. Mais comment la mettre en garde sans qu'elle n'y perde le peu de goût qu'il semblait lui rester encore. Il n'était pas aveugle. Il l'avait vu ces dernières années s'endurcir et fuir tout contact masculin. Ces mois derniers il y avait eu cet inconnu qui avait semblé la sortir de cette léthargie dans laquelle elle semblait se complaire à loisir.
Mais alors que depuis quelques jours, il avait revu cette lueur qu'elle avait avant, elle semblait totalement anéantie à l'instant présent.

Combien de temps faudrait-il à cet homme pour lui ôter son caractère vif-argent et emplir ses beaux yeux gris d'une douleur intarissable ? Très vite il n'en doutait point, les fraîches joues de Charlyelle se teinterait d'un gris de cendre et se marqueraient de tristes cernes noires. Suffirait-il d'une année ou moins pour que ce petit rossignol écossais oublie jusqu'à son chant entre les murs de cette prison que lui destinait son père.

Auriez-vous reçu quelques nouvelles que j'ignore ma Kallipari ?

Charlyelle
Des embruns perdus dans les flammes. Seuls eux, y voyaient une haute silhouette se découper. Ils avaient d'abord vu cela au travers du carreau de la Taverne de Traverse un matin, assez tôt, il y a maintenant quelques jours. Des cheveux chatains clairs illuminés par des reflets d'une belle couleur dorée. Ses mèches étaient-elles douces ou rêches au toucher ? Elles semblaient aussi soyeuses que celle d'un bébé mais le corps lui, était bien celui d'un homme. Et des épaules. Une stature peu ordinaire. C'était à se demander si sa mère avait du lui couper des chemises démesurées pour éviter que les emmanchures craquent lorsqu'il maniait l'épée. Question d'importance à priori pour la brune. Car il avait du s'exercer au maniement des armes, ça, elle en était certaine. Et ce n'est que plus tard cette fameuse journée, qu'elle avait découvert les azurs dans lesquels vogue la Mer du Nord dans tous ses éléments. Depuis c'est un froid dont elle n'arrivait pas à se débarrasser qui l'étreignait.

C'est à peine si elle regarde le plateau pourtant appétissant qu'Ilug lui dépose et d'un simple mouvement de tête, elle lui signifie qu'elle n'a pas faim. Puis elle s'enroule dans le lourd plaid de laine Ecossaise qui ne la quitte pas depuis bientôt quatre jours. Pas plus qu'elle n'avait desserré les lèvres depuis qu'elle avait reçu la missive de sa grand-mère. Elle aurait voulu hurler à Ilug que son père n'était qu'un scélérat, mais elle ne le pouvait, aucun son ne sortait de sa gorge. Et elle savait que l'homme qu'il lui destinait était plus apparenté à une canaille de la haute qu'à autre chose. De ce qu'elle avait pu discrètement en apprendre de son côté, c'était un homme brutal et sans moralité qui ravageait son propre fief de ses méfaits. Les derniers mots que sa grand-mère avait pu écrire ne cessaient de trotter dans sa caboche. " Quand Walter se sera lassé d'utiliser votre joli corps pour assouvir ses goûts pervers, il vous jettera à la fosse, vous et vos beaux idéaux, avec les eaux usées".

Et c'est un vent fort, venu de ses mers du Nord, qui ne cessait de souffler en elle et de la frigorifier plus elle voyait les jours qui défilaient. Elle ramène les genoux contre sa poitrine et les enserrent entre ses bras. On eut cru à la voir que le vent cinglant amenait avec lui les premières gelées sur son souffle glacé.

Auriez-vous reçu quelques nouvelles que j'ignore ma Kallipari ?

Les embrumées, lasses, se posent sur son hencher. Et simplement elle l'informe.

" - Grand-mère a écrit ".
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Ilug


La façon dont les yeux du vieil homme pétillaient en apprenant la chose n'échapperait sans doute pas à la Kallipare. Mais l'humour et le mordant du Druide n'en avait cure. Il effleura les cheveux bruns d'un geste impromptu et observe la jeune femme à la lueur de la chandelle de suif posée sur la table. Il surprend le regard de Charlyelle qui jette un coup d'oeil au pichet en terre et au gobelet qui la jouxte.
Le ton d'Ilug se fait joyeux.


Voulez-vous que je vous verse de l'eau ?

C'est la langue bien pendue et les froncements de sourcils de votre grand-mère qui me manquent. Ainsi que ses remarques acerbes. Mais vous êtes là vous. Et vous êtes une tendre part de moi.


Silence gêné d'Ilug alors qu'il lui tend le gobelet dans lequel il a versé de ce vin chaud épicé au miel dont l'Ecossaise a le secret et dont lui même ne connait pas la teneur. Il s'en sert lui aussi une rasade qu'il s'envoie directement dans le gosier.

Peuh ! Et que vous raconte t'elle ? Quel dommage que votre obstiné de père et elle ne s'entendent pas plus que cela. Il souhaitait ardemment un fils. A votre naissance il est entré en fureur comme un garçonnet privé d'une douceur qui lui aurait été promise. Pas d'héritier mâle et votre mère nous a quitté peu après. L'indifférence avec laquelle il vous a traité par la suite est ignoble et votre grand-mère lui a bien des fois fait part de ses remontrances à ce sujet. Et sa dernière lubie est scandaleuse. Vous faire épouser un homme qui ne connait pas trois mots de notre langue et faire en sorte que seulette, vous vous languissiez dans cet endroit perdu. Il n'a rien d'une enluminure, je me dois de vous en parler, c'est un homme de chair et de sang. Mais cet ennemi barbare, injuste et sanguinaire, songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est votre père. Je pensais que nous disposerions de plus de temps pour aborder ce sujet, mais il semblerait que non.

Ilug est inquiet. Car si Kaolyn McAlayg prend la peine de faire le long voyage depuis Ardencaple pour venir voir sa petite-fille, ce n'est certainement pas sans raison.
Charlyelle
Les heures qui ont suivies

Elle avait trouvé le moyen de l'avoir encore une fois. La deuxième. Et bizarrement. Pour le même motif que la première. Elle lui avait demandé s'il ne voulait pas aller lui chasser un lapin. Si, si, c'était très important. "Il" lui avait demandé de lui ramener un lapin, qu'il n'en avait pas mangé depuis longtemps. Et de rajouter à Ilug que ce lapin là, ce serait bien qu'il le porte ensuite au Nordique. Et elle lui en avait fait la description précise, rajoutant qu'il le trouverait très certainement à la taverne de la Traverse.
La jeune femme la lui avait joué fatiguée et grelottante. Mais grelottante, elle l'était vraiment. Elle n'avait pas eu besoin de feindre. La fatigue par contre, bien qu'elle ait un mal fou à dormir, elle semblait accumuler les heures de veille sans flancher.

Une fois qu'Ilug se fut éloigné, et qu'elle s'assura qu'il était bel et bien parti, c'est vers Moonblack qu'elle se dirige. Non pas pour l'emmener avec elle. Car alors Ilug s'en apercevrait dès son retour. Mais elle était plus finaude que cela Charlyelle. Même si ça lui crevait le coeur et l'âme de partir, elle n'avait pas le choix. Pour sûr qu'elle allait respecter.
Faut croire que son lipizzan a senti lui. Les naseaux soufflent dans son cou et le hennissement se fait doux. Longuement, elle perd ses mains dans son crin soyeux, s'y attardant, la joue se glissant contre le poitrail de l'animal. Mais oui, on va se revoir, d'ici peu Ilug aurait rameuté tout un régiment pour me courrir aux flancs je me doute bien que père et grand-mère seront vite mis au pli.

Elle sait bien qu'il verra dans quelques heures qu'elle a fui. Encore une fois. Mais cette fois ci, son père n'en est nullement la cause. Non. Juste des attitudes qu'elle n' a pas apprécié. Une mauvaise foi et un manque de franchise qui l'ont sidérée et déçue. Et des paroles qui l'ont atteinte de plein fouet. Elle a laissé entendre qu'elle partait à Alais. Mais ce n'est évidemment pas cette direction qu'elle compte prendre.
Pas qu'elle s'en cogne du contrat mais le Seigneur fait la tronche depuis plusieurs jours et elle n'est pas de celle qui se laisse manipuler au gré des humeurs des uns et des autres.

Elle lui a écrit à Lui. Il sait. Le reste, elle s'en cogne, elle a déjà assez mal. Elle s'en est allé rejoindre Mae et toutes les deux se sont mises en route. La nuit se passe, la journée aussi.
Des missives sont échangées mais la brune ne mettra que brièvement les pieds en taverne.
Puis les courriers arrivés tardivement en soirée la laisse sans voix. Ce fut la même chose pour Mae qui elle non plus ne comprend pas. Pourquoi une missive à elle et non pas à la brune ? Il y a comme quelque chose qui cloche. Et les noms du Seigneur et de sa femme qui apparaissent sur les vélins que lui fait parvenir Mae. Copie exacte du vélin qu'elle a reçu de l'inconnu. Suite à une discussion que cela dit, Mae serait sans doute partante pour accompagner de Nimes à Alais.
Oui mais Mae n'y comprend rien, elle ne connait pas l'expéditeur, ne l'a jamais vu et lui a répondu de se mettre en rapport avec l'Ecossaise qui elle n'a rien reçue.
Et prévenue par Mae, la manoeuvre la fait sourire à Charlyelle. Que faire d'autre à part en sourire. Encore à se mêler d'autrui. Encore à décider pour les uns ou pour les autres. Malheureusement, cela ne fait que confirmer ce qu'elle pense.

Demain. Elles se verront. Demain elles parleront. Demain elles décideront. Et toujours ce froid qui est là. Bien ancrée en elle. La chouette d'Isleen lui est bien parvenue.

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Ilug


Le vieil homme s'en était allé dans la forêt. Relever ses collets comme chaque jour. Mais il n'était pas dupe. La Pallikare changeait, ces derniers jours, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Et la missive qu'il avait intercepté et gardé, adressée à son père ne l'en inquiétait pas moins. Depuis quand acceptait-elle son sort sans broncher ? Depuis quand capitulait-elle face à une situation qu'elle déteste et contre laquelle elle s'insurge depuis des mois et des mois. Depuis quand restait-elle ainsi au coin du feu, emmitouflée dans un gros plaid écossais comme si tous les vents du Nord et des Balkans avaient pris possession d'elle. Depuis quand ce petit Rossignol du Nord s'aliénait-elle de toute liberté et de ce supplément d'âme rebelle qui faisait d'elle la Pallikari et cette jeune femme fière et qui se moque des conventions pour ne suivre que ses désirs et ses envies à elle. Noble de sang est-elle, mais pas que. Non vraiment, Ilug sentait que quelque chose n'allait pas.
Si elle voulait un lapin pour cet étranger, elle irait se le chasser elle-même. Il n'était pas là lui pour apporter pitance en dehors de la leur. Encore moins à ce Nordique dont il ignorait tout.
Ilug ralentit le pas et sortit le vélin qu'il avait en poche. Le vieil homme avait l'art et la manière pour mettre la main sur tout ce que la jeune héritière semblait vouloir cacher. Et faut croire que là, il avait eu le flair. Il s'y reprit à plusieurs fois dans sa lecture et laisse échapper un terrible grognement de sa gorge alors qu'il serre le poing de colère.

Sacrebleu ! Kaolyn McAlayg !! Comment as tu osé !

Il tressaille, commençant alors à comprendre. Sa parente avait du l'effrayer par quelque conte de vieille femme. Et malheureusement, avec ce vaurien de Walter, la réalité risquait d'être pire encore. Il aurait voulu étrangler la Matriarche Ecossaise pour ce commérage, pour avoir semé sans nul doute la crainte dans l'esprit de sa petite-fille. Ne souffrirait-elle pas suffisamment le moment venu, pour lui gâcher les ultimes semaines d'insouciance qu'il lui restait encore à vivre ? Et comment des enfants pouvaient-ils encore naître, si les filles à marier étaient préparées de la sorte au jour le plus important de leur existence ? Quoiqu'il savait bien lui que Charlyelle avait vécu une partie de que la Matriarche lui avait écrit. Il s'efforça d'oublier que dans le cas de la jeune femme, ses craintes étaient pourtant probablement fondées.

Si seulement tu pouvais faire cesser tout cela au lieu que de paniquer ta petite-fille !

Le soleil jetait de pâles rayons pour la première fois depuis des semaines. Il avait bien remarqué que Charlyelle avait cessé de rire et de plaisanter depuis quelques semaines. Elle semblait désormais garder ses forces pour se réchauffer, il la voyait toujours emmitouflée. Combien à ce moment là aurait-il souhaité qu'elle soit encore cette petite fille, petite diablesse si enchanteresse. Mais le passé était le passé et désormais, songeait-il sombrement, elle aurait besoin de toute l'ardeur qui l'animait pour survivre à un homme tel que ce sauvage que son père lui avait choisi.

De retour au campement, les sinoples percutantes se posent sur Moonblack qui semble nerveux. Il frappe violemment le sol de ses sabots. Il tire fortement sur sa longe et renâcle puissamment. Pour la première fois depuis qu'il a rengainé sa bastarde, le vieil homme regrette de ne point être armé. Par un accord aussi subtil qu'un soupir perdu dans le vent mais aussi résistant qu'une lame en acier trempé, il avait fait voeu il y a vingt trois années de prendre soin de cette enfant qu'elle était alors. Et il n'aimait pas les ombres qu'il sentait plâner au-dessus d'elle à l'heure actuelle.
En ces parages désolés, il avait tôt fait de sentir une présence et ce n'était pas l'Ecossaise qui était sur les lieux.
Quatre hommes de fort méchant aspect lui apparurent alors. Le vieil homme reste impassible, les observant. Ils secouaient l'humidité qui couvrait leurs mantels.


- Enfer et Damnation ! Peux-tu nous servir un bon soûper et une bonne cervoise, mon Seigneur est prêt à tomber d'inanition ! C'est bien toi le fameux Conseiller de notre bon Vlad non ?

Le vieil homme s'en allait répondre lorsqu'il lève le visage et en tressaille d'horreur. Des plaies purulentes couvraient ses mains, son cou et son visage comme sans doute le reste de son corps. Les yeux rougis entre des paupières enflammées, tranchaient crûment sur son visage blâfard et amaigri. Et son chaperon couvrait probablement un crâne chauve. Devant ce cadavre ambulant Ilug ne perdit nullement son sang-froid mais sentit la rage monter en lui. La Matriarche avait ainsi dit vrai, et sans doute son voyage vers sa petite-fille avait des raisons bien particulières.

_ Avez-vous eu vent d'une femme. Jeune. Une demoiselle d'Ecosse, que l'on dit fort belle et qui voyage dans ces contrées. Il se raconte que vous l'accompagnez depuis des années. Est-ce vrai ?

Le vieil homme, brûle-gueule en bouche dont les dents à cet instant aurait pu le briser tellement elles s'y arc-boutait dessus lâcha sur un ton peu aimable.

Cela se pourrait. J'en dis que la demoiselle que vous cherchez n'est pas loin très certainement. Mais qu'elle n'est pas ici.

Les regards maléfiques se croisent, luisants de satisfaction.

_ Notre beauté n'est pas là et bien nous allons donc souper et l'attendre auprès de vous, vieux Sage.

La nuit s'avançait, de plus en plus froide mais Ilug ne ressentait que ce mauvais pressentiment qui lui nouait les entrailles. A quelques pas de lui, les voyageurs buvaient et mangeaient tant et plus. Et comme Ilug n'avait volontairement pas mouillé la cervoise, il les observait, qui commençaient au bout de deux longues heures à dodeliner de la tête sur leurs godets. Sauf le vilain seigneur qui ne faisait que tremper ses lèvres, ses yeux perçants rivés sur Ilug.
A un moment donné il alla se soulager. Et Ilug s'approcha alors de Moonblack, le libérant de ses entraves. Celui-ci était déjà loin dans la nuit.
La Pallikare n'était pas revenue et il ne savait si c'était parce qu'elle les avait vus ou bien si la raison était autre. Mais la puissante monture ne passerait pas inaperçue et saurait sans doute aller à l'encontre de sa jeune maîtresse.

Fourbu, le vieux Sage s'en cherchait déjà un moyen de se débarrasser de l'intrus. Comment avaient-ils eu vent de leur présence en ces lieux ? Si le père de Charlyelle avait accepté l'accord il n'en demeurait pas moins qu'il était très à cheval sur les traditions et respectueux de la chose. Et jamais, il ne tolèrerait une telle intrusion auprès de sa fille.

Il restait encore un mince espoir, tout n'était pas perdu. Le "futur" venait de commettre un impair irréparable. Mais le Vladimissime était encore en mer. Comment allait-il réagir en apprenant ce qui se tramait ici ?

Calmement, Ilug tire sur son brûle-gueule.
Charlyelle
Revenues au petit matin. Elle avait déposé la p'tiote rouquine à son campement avant que de s'en rejoindre le sien. Elle ne rêvait que de passer des vêtements propres, et d'une solide collation. Du porridge, du pain noir garni de beurre et de miel, du saumon grillé, des poires cuites sur la braise avec une tranche de cheddar. Et l'âme glacée et blasée, elle s'en repartirait ensuite.
Dans la nuit, un pigeon avait manqué de l'éborgner tellement il était arrivé dans un état désespéré. " Votre Altesse machin bidule et des brouettes..gna, gna...histoire de quête, de confiance, de marchandage et de trahison,gna, gna, gna, navire en fuite en direction du .." Les prunelles celtiques s'écarquillent de surprise et d'agacement.
Kac'heri !*mais c'était bien sa veine, même quand elle voulait fuir cette glace au loin c'est elle qui venait à elle !," ...vous demande ce service au nom de l'amitié qui nous lie, blablabla...votre père ou l'un de ses hommes pourrait-il gnagna...aidez-moi..."

Fallait-il donc que la main qui écrivait soit encore plus désespérée qu'elle ne l'était elle-même. Et les embruns avaient virés couleur cyclone. La dague, sa dague, garde à main dextre, pointait à main senestre dans un mouvement menaçant. Elle a eu tôt fait de lui répondre et de l'envoyer vers...son père ! L'Altesse jusqu'à nouvel ordre c'est lui et c'est pas elle hein. La chose étant réglé, coulage ou pas il y aurait, c'est tout ce qu'elle pouvait lui en dire.

Et la voilà qui débarque auprès d'Ilug, le minois concentré sur les hommes qui roupillent et sur celui qui vient de se lever en la voyant arriver. Sa dague toujours en main.Yep. Toujours aussi peu amène l'Ecossaise face aux étrangers. Celui la pue l'odeur de graisse, de sueur et de chien mouillé et plaquant une main sur son nez, la voilà qui feint d'éternuer.

Atchiiiii !!!

Un léger mouvement attire son attention, et les embruns se posent sur Ilug qui lui aussi s'est redressé. Quel plaisir et soulagement en fait de le retrouver, mais pourquoi tire t'il sa capuche aussi bas sur son visage ? Au peu qu'elle distinguait de son visage, elle le trouvait encore plus pâle et crispé qu'à l'habitude. A se demander si Ilug ne jeûnait pas encore comme il pouvait parfois lui arriver de le faire.

_ Lady Charlyelle McAlayg de Kallipare, est-ce bien vous ?

Les nacres viennent se planter sur les ourlées et les gris s'emplissent de méfiance. L'instinct se fait prévenant.

"- Que lui voulez-vous ?"

_ Je ne suis guère accoutumé à perdre mon temps en courtoisie, Ma Demoiselle. Passons donc au sujet qui nous occupe.

"- De quel sujet s'agit-il ?"

La brune tousse dans son mouchoir, les embruns fixant l'homme, découvrant sans ciller les altérations de la face et les écrits de l'Aïeule lui font redouter d'être en présence de cet homme qui a conclu arrangement avec son père.

_ On dit de moi que je suis un vaurien sans peur et sans scrupules. Je dois le confesser. Il se dit de vous que vous êtes taillée dans la même roche que votre père mais que vous auriez hérité des qualités que possédaient votre mère. Vous ne devez donc pas être dénuée de sens et de raison et je gage que vous saurez concéder que l'arrangement conclu avec votre père ne peut qu'être bénéfique pour votre famille. Même si cela vous oblige à quelques sacrifices. Je ne vous le cache pas, depuis que la corruption de mon âme a contaminé aussi mon corps, je ne connais plus guère de limites. Je cours à ma perte tête baissée et rien ne peut m'arrêter. Vous qui avez ce don parait-il, vous devez déjà savoir ce qu'il en est.
Oui je vais crever . Et oui je tiens à sceller cet accord avec votre père. Vous n'allez pas en ressortir perdante, tout au plus veuve et le pouvoir de votre paternel n'en sera que renforcé. Puisque vous porterez en votre ventre, je l'espère pour lui et pour moi, cette descendance tant espérée.


L'intonation de la voix avait légèrement changé, ce qui indiquait à la brune, un danger à venir. Le vent s'était levé, même si elle ne savait encore dans quel sens il allait souffler. Et elle était glacée. Tel un spectre, elle vit alors Ilug se déplacer et venir se poster à ses côtés, sans un bruit.

_ Oui Ma Demoiselle. J'ai oeuvré toute ma vie pour construire ce que j'ai. Tout comme votre père a peiné toute sa vie pour ce qu'il possède. J'ai donné une solide réputation à mes terres. Et je ne veux point que tout cela se perde. Lui il vous a vous et moi je n'avais personne jusqu'à vous. Il me faut donc à moi aussi, un héritier. Mâle et qui soit sain. Qui me survivra et recueillera mon héritage. Le but de ce discours est le suivant : j'ai conclu alliance avec votre père, nous nous marierons donc dès que les bans seront publiés.

En proie à une tornade d'émotions, elle crispa les doigts sur le pommeau de sa dague, sans répondre.

_ Voici le contrat de mariage signé par votre père et moi il y a trois ans. Peut-être l'avez-vous déjà lu ?

"- Puis-je le voir ?"

_ Vous savez donc lire ?

"- Le gaélique, le françoys, l'angloys, et le latin".

_ Je ne prise guère l'éducation des femmes.

Il lui tendit cependant le document, qu'elle parcourut rapidement. Dans un langage fort simple, le Vladimissime Focker, Altesse Princière, donnait son unique fille, Charlyelle Ileana McAlayg de Kallipare à Walter, fils du Comte Roger Osmond lorsqu'elle aurait vingt ans révolus. La dot consentie était plus vaguement décrite, à savoir "divers biens d'argent et d'or". La jeune femme cligna un instant des paupières. " Oh papa quel esprit rusé vous avez !" Le parchemin était scellé par les deux hommes. Leur authenticité ne faisait aucun doute, bien que les cachets de la cire rouge aient noircis entre-temps.
Il s'empressa de lui reprendre le contrat, comme s'il craignait qu'elle ne le jetât dans le feu.

_ A propos de la dot, je présume que vous en avez une partie avec vous ?

Sans un mot, Charlyelle disparut un instant dans la roulotte et revint un écrin entre les mains qu'elle lui tend. Tandis qu'il le regardait, elle ne put s'empêcher de lever un regard tourmenté vers Ilug. Il lui prit la main et la garda dans la sienne.

_ De pures merveilles ! Nous voyons rarement des pièces d'orfèvrerie aussi fines de par chez nous. Si le restant est de cette qualité, Ma Demoiselle, j'ai hâte de le contempler.

Et l'allusion était on ne peut plus claire. Sa gorge se noua tandis que ses tempes palpitaient douloureusement, et elle serra un peu plus fort la main d'Ilug. Un sourire narquois apparait alors qu'elle se redresse de toute sa taille. Cela fonctionnerait peut-être et alors la rejetterait-il.

"- C'est tout là ma dot".

_ Quoi ?!!

D'un geste rageur, il devient écarlate et balaye l'écrin au sol.

_ Le diable m'emporte ! Aurais-je fait un marché de dupe ? Votre père m'a bien eu avec ses paroles mielleuses !

Un mélange de colère brûlante et de honte glacée s'empare alors de la brune. Elle ouvrit la bouche pour défendre l'honneur de sa famille mais la pression qu'Ilug exerça alors sur sa main l'en retînt. Quand elle le regarda, il secouait imperceptiblement la tête.

L'homme tonne alors.

_ Aviez-vous vent de cette perfidie ?

Elle déglutit, se demandant s'il allait la frapper, puis elle hoche la tête, faisant preuve de toute sa force de persuasion.

"- Il n'y a là nulle perfidie, seulement les agissements du destin. Mon père il y a trois ans a signé ce contrat de bonne foi, convaincu de pouvoir me doter à la hauteur de ses espérances. Mais j'ai été suivie d'un frère qui n'existait pas à l'époque et il est logique que le plus gros de l'héritage lui revienne. Si vous êtes mécontent de ce que j'apporte, libre à vous de me renvoyer. Je vous prierais seulement de m'en avertir au plus vite. Il me déplairait d'être retenue ici contre mon gré par les rudesses d'un hiver qui s'approche."

Non mais. Que ne fallait-il pas entendre comme sottises dans la bouche de l'Ecossaise. Et elle se cramponne au solide support que lui offre la main d'Ilug. Priant de toute son âme pour que son stratagème fonctionne. Rabattant sa capuche, Ilug s'agenouilla près d'elle, une profonde tristesse dans ses yeux bleus délavés et usés par le temps. Puis il prit ses mains glacées dans les siennes et les lui baisa. Ce simple geste, bouleversa Charlyelle de fond en comble, elle qui n'était déjà que l'ombre d'une loque depuis quelques semaines. Que n'eut-elle donné pour poser la tête sur l'épaule d'Ilug et y pleurer toutes les larmes de son corps. Mais devant cet homme, elle ne le pouvait. Seul son sens de l'honneur et du devoir l'en empêcha. Mais elle savait désormais qu'Ilug ne l'abandonnerait pas. Il lui resterait loyal jusqu'au bout, elle en était certaine. C'est lui qui tenait désormais dans le creux de sa main, la dague aux armoieries familiales. Et elle lui souffle d'une voix éteinte.

"- Je préfèrerais avoir la mort pour époux".
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