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[RP] L'Auberge de l'Avancée

Mabelle
Il était temps...temps de tout recommencer ou mieux, de commencer une nouvelle Vie. Alors, Mabelle s'y attela avec ferveur. A peine arrivés de Fécamp, elle s'équipa d'outils, de chiffons, de balais et entreprit enfin l'ouvrage qu'elle avait longtemps esquivé prétextant mille excuses dérisoires.
Et puis elle devait se hâter...Mabelle avait en effet, proposé le gîte aux voyageurs de Fécamp. Elle passa donc la journée à tout remettre en ordre, enfin ce qu'il restait de l'auberge, une partie étant à l'abandon, le toit percé par la tempête d'avril, les meubles soufflés, l'âtre en vrac... Elle cloua cette partie qui concernait la deuxième extension, anciennement la grange, avec une planche de bois qu'elle couvrait d'un rideau épais.

Enfin, satisfaite de l'ouvrage, elle retourna en bas et s'écroula recroquevillée et éreintée, sur un fauteuil. Morphée en profita pour l'emmener dans un sommeil profond...

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Galla
Hier ils étaient à Fécamp, ils y avaient séjourné le temps de se refaire une santé physique pour Galla qui avait été retrouvée inanimée dans un champ à la suite de leur agression par des bandits de grands chemins. Antonius avait bien tenté de les défendre mais que pouvait-il seul contre trois malfrats puant le fromage avarié ?? Ils avaient donc dû voir s'envoler tout ce qu'ils avaient sur eux....
Ils allaient mieux à présent et avaient pu obtenir une prolongation de leur laissez-passer, ils étaient partis vers Dieppe pleins d'espoir pour d'autres étapes.
Ils étaient toujours aussi complices et avaient toujours autant de plaisir à se donner la réplique brouillant les pistes sur leur relation !!!! Les quiproquos les faisaient redoubler de fous rires.....
Ils avaient rencontré le dernier soir deux couples, des vrais couples, des couples amoureux, ils passèrent une excellente soirée jusqu'au moment où les gnomes, farfadets, mauvais génies, ou on ne savait quelle mauvaise créature les jeta hors de la taverne, ce fut si rapide qu'ils ne purent distinguer les traits de ce ou ces malotrus !!!!


(Arrivée à Dieppe)

Ils avaient marché une bonne partie de la nuit, Galla se tenait comme à son habitude à la ceinture de Antonius. A présent elle avait des petites chaussures qui protégeaient ses pieds des aspérités de leurs chemins... Il faisait un peu plus frais la nuit aussi Antonius lui faisait partager la protection de sa cape, il posait sur son épaule un bras protecteur, elle pouvait ainsi sentir la chaleur de son flanc contre le sien sous la cape.

En arrivant à Dieppe ils se séparèrent, chacun devant accomplir les formalités d'usage, trouver un emploi, un gîte pour la nuit...
Ce fut Galla qui trouva une taverne au joli nom de "La chope Joyeuse", ce nom lui plu, elle poussa la porte et quelle ne fut sa surprise de découvrir que la propriétaire et tavernière n'était que Mabelle avec qui ils avaient passé la soirée de la veille !!!!
Les deux femmes se saluèrent avec plaisir, elles entamèrent une conversation au cours de laquelle Galla l'informa qu'elle avait obtenu le sésame pour rester encore quelques jours en normandie. Elle lui dit qu'elle cherchait un abri pour dormir, les nuits devenaient fraîche et les granges n'étaient plus très confortables.
Mabelle lui dit qu'elle avait des chambres, modestes certes, car une bonne partie de son auberge avait eu à souffrir d'une tempête et que toutes n'avaient pu être restaurée, cependant elle pouvait leur en présenter deux.
Galla accepta avec grand plaisir enfin pouvoir dormir dans un lit lui serait fort agréable... Il lui tardait de pouvoir annoncer la bonne nouvelle à son compagnon de route !
Elle remercia Mabelle et repartie soulagée du souci de leur hébergement, à présent il lui fallu penser à se restaurer, dans son enthousiasme des retrouvailles elle n'avait pas pensé à prendre une collation dans la taverne et à présent son estomac se rappeler trivialement à elle.
Elle alla sur le marché, elle trouva que pour se nourrir il y avait le choix, bien qu'à cette heure il n'était pas très abondant sur les étalages mais les ménagères avaient du passer avant son arrivée !!! Ne dit-on pas que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt !!!!! La nourriture aussi !!!!
Elle regarda avec envie les vêtements, elle rêvait d'une paire de braie pour couvrir ses jambes en prévision du froid qui n'allait pas tarder à se faire piquant sous peu... Elle poussa un gros soupir, le contenu de sa bourse était plutôt maigre !
Elle trouva un emploi et la journée se déroula sans surprises.

Le soir ils se retrouvèrent à la taverne, Mabelle les accueillit avec un grand sourire, puis son compagnon se joignit à eux, et ce fut la découverte du Calvados, vingt dieu ! Ca chauffait le gosier, mettait le feu à l'intérieur au premier verre, mais il ouvrait la voie pour les autres !!! La galette que Mabelle leur offrit fut une bonne idée pour calmer un peu les ardeurs des pommes fermentées, elle était absolument savoureuse, le goût du beurre faisait se dresser les papilles, et surtout permettait au calvados de paraître moins "attaquant" !!!!!!
Belle ambiance, discussion joyeuse, Antonius en voyant la joie de Galla lui demanda si elle voulait séjourner quelques jours dans cette ville, elle lui dit que oui !!!! Il lui sourit, de ce sourire ravageur pour les dames, et lui dit qu'il en serait ainsi !!!!
La soirée arrosée et entrecoupée de plaisanteries avec d'autres personnes s'avançait et Galla était épuisée elle les quitta pour monter à l'étage... Elle se fit expliquer pour trouver sa chambre et s'y rendit, elle essaya de marcher avec dignité car elle voyait les murs qui se mettaient à tourner et avait la sensation que le sol soudain était comme des douves de tonneaux, et qu'elle marchait en basculant..... La montée dans les escaliers fut un peu périlleuse mais elle se tenait à la rampe !!!!
Quand elle ouvrit la porte de la chambre elle fut émerveillée !!! Quelle belle pièce !!!!

Un immense lit avec des courtines blanches sous le baldaquin de bois clair, une table dans le coin, un fauteuil, une fenêtre donnant sur la mer,

une petite porte donnait sur un cabinet de toilette, elle se crut un instant plongée dans un rêve !!! Elle fit une toilette sommaire car elle était épuisée par le voyage, sa journée de travail et les libations de la soirée l'avaient achevée !!! Elle se précipita vers le grand lit, l'ouvrit et avec une volupté sans nom se coula entre les draps, un grand soupir de satisfaction lui vint et quelques brèves minutes plus tard elle était plongée dans un profond sommeil, un léger sourire flottait sur ses lèvres...

(Le lendemain matin)

Elle se réveilla dans le grand lit, le soleil lui chatouillait le visage, elle s'étira toute fatigue effacée, elle était seule dans la chambre. Prestement elle se leva, accomplit une toilette énergique et sortit toute guillerette. Elle ne vit personne dans le couloir ni la salle, elle partit donc en direction de la mairie et de son tableau d'embauches.

Déterminée elle consulta ledit tableau des embauches, humm, en voici une qui lui conviendrait parfaitement, si la chance la servait, elle postula très vite le coeur battant !!! Elle attendit que sa requête fut acceptée ou refusée, elle fit le vide dans son esprit pour chasser toute image négative, elle imagina le champ de maïs et ses épis mûrs, sa main qui les saisissait pour les placer dans la grande caisse prévue à cet usage.... Elle visualisait le soleil, il chauffait doucement le paysage et sa peau, le champ verdoyant et ses épis chevelus et pleins, elle entendait le chant d'un oiseau, elle voyait.....


Demoiselle, demoiselle ! Vous allez bien ???


Elle sursauta légèrement en ouvrant les yeux, elle bredouilla une vague réponse affirmative, elle était soudain éblouie par la lumière du soleil, un homme à la chevelure blonde et brillante, au costume d'une blancheur immaculée lui parlait, non il n'était pas une apparition séraphique c'était son employeur qui lui annonçait qu'elle était prise et qui lui donnait les indications pour se rendre au champ de maïs !!!! Elle l'écouta attentivement et elle partit rapidement se mettre au travail, quand elle fut loin de tous regards, elle se mit à chanter et à esquisser une folle danse sur le chemin, c'était la première fois qu'elle allait avoir un travail aussi bien rémunéré !!!!!
Il lui tardait de l'annoncer à son meneur, son mentor, son guide, son maître, tous ces noms dont elle aimait l'appeler et qui jetaient le doute sur leurs relations !!! Elle exultait de joie !!! Jamais labeur lui parut si léger !!! Elle l'accomplit en chantonnant.....
Beldurian
Le travail qu'avait pu accomplir Mabelle était impressionnant. L'auberge était désormais rénovée et son charme n'en était que plus intense. Tout était en ordre et chaque chose semblait lui parler de cette jeune femme de laquelle il était tombé profondément amoureux il y a maintenant quelques jours, et qu'il croyait déjà connaître depuis de nombreuses années. Tout était en ordre ? Du moins, jusqu'à la soirée précédente, où le Calva avait en effet coulé à flot et où l'extravagance s'était mêlée à l'amitié, l'amour, le rire et même à une pointe de séduction. C'est épuisé que le couple était allé s'endormir dans leur chambre après avoir profité d'un moment de calme suite au départ des clients pour...approfondir un peu plus leur relation. "Leur" chambre, voilà qui paraissait bien étrange à dire, symptôme de cet étrange sentiment d'être en couple depuis déjà bien longtemps. La nuit était déjà bien avancée ; les corps et les âmes entrêlés, Jean et Mabelle plongèrent dans un sommeil profond, paisible et réparateur.


[Le lendemain matin : debout ?]

Le Soleil semblait être déjà haut dans le ciel quand le jeune homme ouvrit les yeux, lentement, doucement, prenant le temps de les laisser s'habituer à la clarté qui se faisait quelque peu aggressive. Il soupira doucement en déposant une main sur le lit, à la place que devait occuper Mabelle. Elle était déjà partie, comme à son habitude, et il ne l'avait pas entendue. Il se maudissait de dormir ainsi inconsciemment alors qu'il aurait pu baigner son âme dans la sienne, ses yeux dans les siens, et ainsi disposer d'un réveil plus agréable encore.

Les draps étaient encore imprégnés de son odeur ; il se blotissait dans ceux-ci, ivre de sa présence et de sa chaleur, soupirant doucement d'aise en se sentant l'homme le plus chanceux du monde. Cruelle distraction que ce lit dans lequel elle avait dormi à ses côtés, car il savait bien qu'il ne pourrait pas le quitter avant un moment, trop heureux de se sentir encore un peu auprès d'elle ici, baigné de sa présence. Ses yeux se fermèrent doucement, et c'est un léger sourire aux lèvres qu'il repensa à la folle soirée qu'ils avaient tous passés ensemble, tout en s'enveloppant des draps qui témoignaient de la présence de sa Sirène à lui. C'est ainsi qu'il replongea doucement dans son sommeil, reportant à plus tard son lever, son travail dans les champs de Mabelle, et l'impatiecne qu'il aurait toute la journée à la revoir de nouveau.

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Galla
Galla s'éveille, elle ouvre doucement les yeux, filtrant la lumière entre ses cils, paupières mi-closes....
C'est encore le petit jour.... Elle sent la présence de Antonius près d'elle...
Elle ne bouge pas, écoute son souffle, regarde le jour se lever, elle est bien dans ce grand lit confortable, sous une couverture bien chaude...
Aujourd'hui son meneur va partir quelques jours chez les moines, elle restera dans cette taverne/auberge à attendre son retour... Elle va travailler à se fortifier, si elle le peut elle se vêtira, elle a envie de montrer à Antonius que ses leçons ont portées leurs fruits, qu'il a semé en terre fertile.... Elle se dit qu'elle a de la chance d'avoir rencontré cet homme désintéressé pour l'aider et la protéger... Bien que.... Les trois vermines les avaient bien ratatinés tout de même !!!!!
Mais elle prenait des forces bientôt elle pourrait elle aussi se battre auprés de son ami ....


En garde ! Les vermines comptez vos abattis !!!! Yéééé Galla vous attend pour une bastonnade de derrière les fagots !!!

Ce faisant elle s'est assise dans le lit, s'agitant, faisant des moulinets du poignet comme si elle pourfendait un adversaire imaginaire !
Un grognement attire son attention, elle suspend ses moulinets, confuse elle s'aperçoit qu'elle a parlé à voix haute, elle vient de réveiller Antonius !!!
Elle le regarde qui l'observe le sourcil levé, l'air interrogateur, il la regarde sans parler, dans son oeil elle voit s'allumer une étincelle goguenarde... Il ne dit rien et la regarde.... Un sourire en coin comme il en a si souvent étire le coin de sa bouche et alors elle se rend compte du spectacle qu'elle lui offre, elle est à genoux, avec sa tenue de naissance, et seuls ses cheveux couvrent une partie de sa nudité !!!
Elle se sent confuse le rouge lui monte au visage, lui chauffe les joues, elle le regarde, éperdue cherche sa chemise des yeux, elle la voit qui est tombée au sol, elle doit se pencher pour la ramasser, elle remonte le drap sur elle, cherchant à dissimuler le bas de son dos....
Bien sûr lui ça l'amuse, il part d'un grand éclat de rire, il rit de sa confusion, et ne détourne pas les yeux la mettant encore plus dans l'embarras, il rit ...
Elle se retourne à demi et prend son oreiller pour le lui jeter dessus et dans le même élan elle se penche pour attraper sa chemise .... Lui bien sûr est encore plus hilare... Il lui fait savoir qu'il vient d'avoir lorsqu'elle s'est penchée une vue intéressante sur son anatomie...


Antonnnn !!!! Oh vous alors !!!! Vous êtes incorrigible !!! Moqueur !!! Mais enfin !!!!
Bon et bien je vous demande pardon, je vous ai réveillé, si je ne m'étais pas agitée de la sorte cela ne se serait point passé !!! Oh et puis il n'y a pas mort d'homme n'est ce pas ??? Au vu de la longueur de ma chemise vous n'avez aperçu qu'un bout de peau supplémentaire au dessus de mes jambes ... Rien que vous n'ayiez déjà vu dans votre bain chauffant à Fécamp !!!!


Elle rit à son tour mais tout en parlant elle avait remis sa chemise et mit un peu de distance entre eux deux....
Il était temps à présent pour lui de se préparer pour aller chez les moines... Ils prendraient leur petit déjeuner et chacun alors prendrait sa route....
Beldurian
[19 septembre : Vingt-quatre heures de la vie d'un homme]

Le jeune homme soupirait doucement en ouvrant les yeux ce matin là. Il savait que cette journée serait bien pénible et paraîtrait longue, bien trop longue. Il était tôt et, comme à son habitude, se réveillait seul et ne verrait personne ce matin. Mabelle était déjà partie pêcher, et sans doute attendrait-il bien longtemps avant de la revoir. Presque vingt-quatre heures !

Il se leva lentement, l'esprit encore un peu perdu à la frontière du monde onirique et de la réalité sensible. Son corps était engourdi, peinant lui aussi à s'extirper du sommeil, tandis que le jeune homme s'étirait pour chasser définitivement la nuit qui venait de passer et se préparer à cette difficile journée. Il s'habilla rapidement, se prépara, puis descendit les escaliers en toute hâte, sachant qu'il avait déjà bien trop tardé ce matin. Il avait prévu de partir travailler tôt à la mine et se contenta donc de prendre un morceau de pain que Mabelle lui avait gentiment préparé et qu'il mangerait en chemin. Pas le temps de s'asseoir ni de ruminer, comme il le faisait habituellement, sur les songes qu'il avait eu cette nuit !

La mine était un endroit toujours aussi obscure, un lieu qui glaçait l'âme mais dont l'exigence du travail réchauffait bien vite le corps, parfois jusqu'à la limite du supportable. Heureusement, il n'était pas seul et était bien heureux de voir des compagnons l'aider dans cette tâche si importante pour le duché en ce moment. Il pensa néanmoins beaucoup à Mabelle tandis qu'il travaillait, l'imaginait dans un tout autre élément...un élément plus dangereux encore, plus froid, d'apparence paisible et par conséquent perfide : l'eau. Elle pêchait sans doute à cette heure-ci, et il l'imaginait seule, au calme, se demandant ce qui pouvait bien occuper ses pensées. Lui peut-être ? Il s'en persuadait, rendant ainsi sa journée moins pénible qu'elle ne l'était.

Une journée pénible, non pas par le travail à fournir, mais bien plutôt parce qu'il savait qu'il ne verrait pas Mabelle de la journée, et qu'il ne la rejoindrait que très tard dans la nuit, tandis qu'elle dormirait déjà assurément. Une journée sans elle...voilà qui paraitrait bien minime s'il en parlait autour de lui, mais qui lui déchirait le coeur en réalité. La première journée entière pendant laquelle il ne la verrait pas, depuis que leur relation était plus intime ! Il se disait que c'était là quelque chose de nécessaire, et que sans doute il connaîtrait bien d'autres journées de cette sorte à l'avenir. Seulement, le contexte actuel n'était pas propice à ce qu'il considérait comme une véritable épreuve.

Ce voyage vers Dieppe, le départ de Rouen, il l'avait vécu comme une possibilité de se reposer, d'alléger son âme des inquiétudes qui le tenaillaient dans la capitale, et surtout l'envisageait comme une possibilité de se retrouver un peu isolé, avec Elle, juste tous les deux, pour profiter de l'éclosion d'une relation qui apparaissait bien prometteuse. Cet isolement avait été des plus charmant, les deux Âmes ayant partagé sur bien des points et ayant enfin vécu leur relation sans se cacher, librement, pleinement, se découvrant l'un l'autre sans trop de culpabilité ni d'hésitation. En ce sens, ce voyage était une véritable réussite. Et c'est cette promesse de bonheur que cette journée allait quelque peu briser, le jeune homme la considérant comme une rupture dans cet isolement qui les avait tant enchantés tous les deux. Retour à la réalité, donc !

Il faut dire que c'était là de sa faute : quelle idée d'être aussi occupé ! Il devait travailler à la mine, puis aller s'entraîner l'après-midi auprès de Neiviv, avant de repartir finir son travail à la mine le soir et de gérer de nombreux dossiers diplomatiques qu'il avait trop négligé et qu'il se devait d'étudier. Il l'avait prévenue qu'elle serait seule ce jour là, et s'en voulait quelque peu...se promettant de se faire pardonner à nouveau comme il se devait. Il avait bien des idées en ce sens...

Après la mine, l'entraînement. Après l'entraînement, la mine une nouvelle fois, tout en ne mangeant rapidement qu'un morceau de pain pour ne pas trop perdre de temps. Mais avant de retourner travailler le soir, il avait décidé de retourner à l'auberge rapidement. Il savait bien qu'à cette heure-ci il ne la verrait pas, mais au moins pourrait-il la ressentir en son âme, dans ce lieu qui lui était maintenant si cher et qui évoquait déjà bien des souvenirs entre eux. C'était le lieu excellence de cet isolement qu'il avait tant souhaité : leur grotte à eux. Il était allé cueillir plusieurs fleurs de toutes sortes, se gardant bien néanmoins de cueillir des roses que la jeune femme n'aimait pas, avant de se rendre à l'auberge qu'il avait fleuri ce jour-là. Des fleurs jaillissait une myriade de couleurs et d'odeurs qui emplissait la pièce et qui rappellerait à Mabelle sa présence, à lui. Il était bien décidé à ne pas se faire oublier de si tôt, et pas si vite ! Il écrivit quelques mots à la hâte pour elle, qu'il laissa sur le comptoir à son attention, avant de repartir travailler.

La mine était un travail bien difficile le soir, car un peu décourageant. Le jeune homme était maintenant bien seul, la plupart ayant fini leur tâche quotidienne et ayant quitté l'endroit. Le souvenir de Mabelle ne quittait toutefois pas son esprit, se demandant ce qu'elle faisait, ce qu'elle vivait, ce à quoi elle pensait, ce qu'elle respirait, ce qu'elle buvait, mangeait, écoutait...et chaque minute passée le rapprochait un peu plus de la possibilité pour lui de la revoir. Son corps et son âme brûlaient d'une vive impatience.

Il restait dans la mine pour finalement travailler les dossiers qu'il avait emporté. C'était calme, au moins, et surtout éclairé par les diverses bougies, quoique bien faiblement. Il pensait maintenant à Aude, à Antonius et à Galla, trois personnes qu'il avait rencontrées et qui sans doute, elles, avaient en ce moment le plaisir de profiter de la compagnie de Mabelle. Il leur en voulait un peu, du moins les jalousait fortement, et espérait bien, égoïstement, qu'ils ne parviendraient pas à la distraire suffisament pour qu'elle l'oublie, lui.

Il devait être au moins deux heures du matin. Il avait enfin fini tout ce qu'il avait à faire, et se rassurait de savoir qu'il pourrait maintenant pendant plusieurs jours profiter de nouveau de son existence, la seule qui importait, celle auprès d'Elle. Il se releva, soupirant doucement, épuisé de fatigue. La route fut longue jusqu'à l'auberge, cette auberge qui était le terme de son petit voyage du jour, et qui était également le lieu d'une promesse à laquelle il aspirait depuis ce matin : celle de pouvoir enfin la sentir contre lui. Long, bien long était le temps qui le mena jusqu'à l'auberge. Plus long encore celui qu'il passa à monter les escaliers, après s'être un peu débarbouillé pour se rendre présentable. Plus long encore, bien plus long, le temps que mit la porte à s'ouvrir et le temps que mirent ses yeux à s'accomoder suffisament de l'obscurité de la pièce pour enfin la voir.

Elle respirait doucement, paisiblement. Elle était là, étendue dans le lit, un Ange endormi dans une attitude de parfaite innocence, de pureté qui l'émerveillait. Ses longs cheveux détachés recouvrait une couverture qui elle-même cachait avec pudeur ce corps auquel il avait pensé toute la journée. Il ne pourrait pas l'admirer, sans doute, mais au moins pourrait-il le sentir contre lui lorsqu'il serait auprès d'elle dans le lit. Il ne bougea pas toutefois, resta un long moment à l'observer, à l'écouter, à sentir cette odeur si particulière qui était propre à cette pièce et qui était la leur. Il se sentait de nouveau isolé, recouvert par un voile d'intimité qui écartait de son esprit tout autre chose que leur deux corps, que leur deux esprits, que leur deux coeurs, que leur deux âmes.

Il s'approche lentement, silencieusement, pour ne pas la réveiller trop brusquement. Car il allait la réveiller, c'était entendu, il lui fallait plonger ses yeux dans les siens, il lui fallait la sentir bouger contre lui, peut-être même aurait-il le plaisir d'entendre quelques mots venant d'elle. Il retira ses chausses, puis sa chemise, avant de rejoindre ce lit déjà chaud de sa présence, mais qui paraissait bien froid pour ce coeur tout embrasé d'amour. Il soupira doucement, penché sur elle pour l'observer plus attentivement, et sans doute ce souffle le trahit, sans doute devait-elle l'avoir senti sur son cou car elle bougea doucement, s'éveilla, se retournant pour lui offrir le plus beau des présents : deux yeux brillants accompagnés d'un léger sourire aux lèvres. Elle se réfugiait contre lui, venait se blottir, tandis qu'il ne put s'empêcher de déposer quelques baisers sur sa peau tendrement, ivre de l'odeur, du goût et de la chaleur de sa peau, laissant finalement ses mains venir tendrement caresser son dos et ses cheveux pour l'engager à se rendormir paisiblement, bercée par ses gestes et par sa respiration. Ils étaient l'un contre l'autre, serrés comme s'ils ne voulaient plus jamais se séparer, tandis que le sommeil vint tendrement les envelopper et leur laisser profiter de ces retrouvailles.

Le monde onirique avait été retrouvé aussitôt qu'il avait gagné leur chambre, et se prolongeait maintenant dans le sommeil. Vingt-quatre heures bien pénibles, mais qui peut-être n'avaient fait que lui rendre plus claire encore l'évidence qui se présentait à lui depuis plusieurs jours déjà : il l'Aimait et resterait bien plusieurs vies entières entre ses bras.

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Mabelle
[Dernière soirée, 24ème jour de Septembre]

Ces larmes pour lesquelles Mabelle s'était battue pour ne plus les sentir sur sa joue ruisseler, étaient aussi perfides que la Vie. Jamais, elles ne se lassaient. Elles survenaient insidieusement, sournoises, sans prévenir, sans savoir pourquoi, juste pour le plaisir de faire mal.
Mal.
Elle s'était jurée de ne plus avoir mal, ou plutôt de ne plus laisser l'Amour lui faire mal.
Alors ce soir, elle pleurait. Elle pleurait à remplir le puits asséché durant l'été. Elle criait sa douleur, seule, abandonnée.
Abandonnée.
Encore.
Plus jamais.

Elle n'avait rien compris. Ou plutôt elle avait bien compris mais avait peur d'avoir compris justement.
On pouvait la blâmer, tandis qu'elle pleurait de tristesse par ce qu'elle venait d'apprendre, mais personne ne lui avait demandé d'où venait cette tristesse. On la blâmait encore de futilités alors que son coeur souffrait d'un tout autre mal, celui né de l'Amitié.

Et il s'était fâché parce qu'elle avait osé douter. Elle avait bien senti qu'il était déjà d'humeur irritée, mais ne se doutait point d'un tel emportement, qui soudain lui rappelait leurs premiers échanges épistolaires, issus d'un malentendu similaire.

Et ses larmes s'en donnaient à coeur joie. De légers rus en violents torrents, elles se déversaient en cascade, humidifiant toute sa jupe, assise au sol, la tête enfouie sur ses bras croisés, genoux pliés.

Demain, Mabelle partirait. Finalement, son reclus avait raison, mais au moins elle aura essayé, même si elle était désolée de ne point honorer son précieux présent.
La Vie.
Présent à cet instant empoisonné.
Elle s'était juré.
Et demain elle se plierait à son traité.

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Beldurian
[Fuir : loin de l'auberge]

Loin de l'auberge, le plus loin possible, par le corps puisqu'il n'était pas possible d'en évacuer son esprit. Le jeune homme marchait dans la ville, respirant l'air froid avec réconfort, comme si celui-ci avait quelque pouvoir pour le calmer, ou du moins pour anesthésier quelque peu ce corps qui paraissait bien lourd. Il était seul, dans la nuit, entouré des bâtisses qu'il fréquentait depuis plusieurs jours maintenant et qui commençaient à lui être familières. Son regard était néanmoins baissé, fixant le sol, incapable de voir et incapable d'entendre, son esprit luttant avec et contre lui-même.

L'auberge. Cet endroit l'obsédait, et sans doute pensait-il pouvoir y échapper en marchant toujours pour pouvoir s'en éloigner. La douceur du lieu s'était substituée à quelque délire étrange qui était apparu tout à coup, de manière incongrue, sans doute insidieusement. Nul n'avait sans doute prévu une soirée aussi étrange, qui avait brisé moralement le jeune homme, et nul n'avait peut-être encore compris ce qui s'était déroulé. La question ne cessait de hanter Jean, à laquelle il ne répondait que par le mutisme : que s'était-il passé ? Des événements sans doute communs, mais qui en s'assemblant avaient composé une atmosphère bien particulière et tout à fait inattendue : l'impatience et la crainte pour des êtres chers ne donnant plus de nouvelles, l'alcool, la moquerie, une prise de panique, quelques mauvaises nouvelles, l'absence, un questionnement inattendu, le ridicule, et peut-être d'autres choses qui devaient être si communes à ce genre d'endroit. L'auberge devait bien rire devant ces événements qui devaient bien lui sembler habituels, quoique leur agencement et les conséquences qui en ont découlé l'avaient sans doute étonnée.

Le jeune homme s'arrêtait, songeur. Il était maintenant en pleine forêt, au milieu de petits arbres sans réelle qualité, qui n'étaient pas propices à être coupés pour du bois. Dieppe était une ville de pêche, et non une ville de bucherons. Il se laissa glisser lentement sur le sol, contre un arbre, en soupirant doucement. Il tremblait, tout son corps tremblait de nervosité et d'emportement. Il avait honte aussi, il avait peur, et tous ces sentiments s'assemblaient en lui pour l'exténuer et pour l'épuiser. D'une certaine manière, dormir contre un arbre lui permettrait de s'abriter en un espace et en un temps qui lui paraissaient tout à fait sûrs : celui du passé. Ses yeux se fermaient, doucement, tandis que le jeune homme essayait de se concentrer pour cesser de trembler.

Il attendrait que la colère, la honte et la peur disparaissent pour retrouver l'auberge. Il attendrait demain. En attendant, il essaya d'échapper à cet endroit qui hantait son esprit. Echapper à cette auberge, et aux âmes qui lui étaient associées. Dormir...seul, dans le froid et dans la forêt, mais dormir loin des tourments, pour panser la fêlure qu'il avait lui-même fait à son âme, avec la complicité de cet endroit enchanteur. Le jeune homme dormait.

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Mabelle
[De la nuit au matin...un goût amer de FIN]

Enfouie dans l'oreiller de son Aimé, mouillé de larmes, la fatigue l'avait emportée. Emportée dans les cauchemars que Mabelle pensait enfin disparus.

[Un cauchemar fatal]

Son esprit malicieux l'avait menée dans les hauteurs des falaises, vers lesquelles elle s'était rendue guidée par des taches de sang au sol.
Elle s'était aidée du bâton d'Ytharès pour affronter l'ascension, lorsque soudain, il céda, laissant échapper des rires sourds et machiavéliques alors que sa cheville se brisait en glissant sur une pierre instable. Un cri de douleur émanant de la veuve vêtue de noir, le teint gris et les cheveux de la même teinte, tombant jusqu'aux cuisses, résonnait, percutant la roche pour s'amplifier dans des échos maléfiques. Elle poursuivait son chemin, les yeux rivés sur les taches de sang, boitant difficilement terrassée par la douleur.
Submergée par la souffrance, elle finit par ramper jusqu'au bord du précipice, là où les trainées sanguines s'arrêtaient.
Dans un dernier effort proche du supplice, elle hissa sa tête pour voir en bas et hurlait. Jean était allongé au sol, baignant dans une mare de sang.
Alors elle criait de tout son soul son nom, le visage trempé de larmes démesurément abondantes, en se laissant glisser pour le rejoindre dans un cri d'effroi épouvantable"JEEEEEEEEEEEAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANNNNNNNN".

Mabelle sursauta violemment en se redressant, paniquée, haletante, les mains agrippées sur l'oreiller de Jean plaqué contre elle.
A peine eut-elle compris qu'elle émergeait d'un cauchemar, qu'il lui semblait entrer dans un autre.
La nuit était bien avancée et Jean n'était pas à ses côtés.
A genoux sur le lit, chétive et fragile à cet instant, ses larmes incessantes coulaient de ses yeux rouges et gonflés, désarmée, elle ne pouvait pas croire ce qui se passait.
Alors que quelques heures auparavant, elle voguait, insouciante, sur les remous d'un amour voluptueux et d'un bonheur onctueux, à présent elle se noyait dans un gouffre de douleur qui lui tordait le ventre à se plier en deux.
Et c'est anéantie d'une douleur violente, que son corps s'écroula sur le lit, recroquevillée, frissonnante, haletante, l'oreiller pressé contre elle :

Il l'avait abandonnée, lui aussi.

Ainsi, elle était à nouveau en chemin vers une chute vertigineuse, cette fois elle savait qu'elle n'en reviendrait jamais.

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Leandana
Cela faisait des semaines maintenant que j'étais revenue à Dieppe...

C'était la ville de mes soeurs, je n'y avais jamais été que de passage, mais là, j'avais décidé de ne plus m'éloigner de ma famille.

Ce jour là, le 25, j'avais décidé de passer une journée auprès de ma soeur.
Nous avions été séparées si longtemps, nous avions tant de choses à nous raconter.

Je frappais donc à la porte de l'Auberge, par pure politesse. Ici, c'était un peu comme la demeure familiale des Everlange.

Seule, assise à une table, une chandelle pour seule compagnie, j'aperçus le visage ruisselant de larme de ma grande soeur... ma Pabelle à moi.

Je l'embrassais sur sa chevelure, une main sur son épaule.


Ma chérie, je vais mettre un peu de feu dans l'âtre. Va chercher ta couverture, et raconte moi. Et si tu ne veux pas raconter, je te dirai mon histoire depuis que nous nous sommes quittées

Sans attendre réponse de sa part, sachant qu'il n'y en aurait pas, - les Everlange ont ça de caractéristique que la douleur ne les conduit pas à s'ouvrir et à parler-, j'allumais un feu qui de petites flammes passa à de grandes flammes.

Je cherchais dans notre malle familiale, y trouvais la peau d'ours qui nous servait jadis de tapis lorsque nous étions enfant et que Lizie nous racontait des histoires à faire peur devant le feu.

J'installais ce souvenir devant l'âtre, et prenant ma soeur par la main, je l'invitais à se poser au sol.

Pour ma part, je verrouillais la porte d'entrée afin que personne ne puisse venir nous déranger.
Mabelle
Elle était perdue, noyée dans ses pensées sombres. Il avait fallu d'un rien pour que ses démons saisissent l'occasion de la hanter de nouveau et l'assaillent de songes funestes.
Tapie sur son lit, l'oreiller contre elle, telle une enfant, elle sanglotait parce qu'elle avait osé croire que son esprit avait recouvré une paix définitive.
Ses spasmes entrecoupés des sons presqu'inaudibles de sa bouche qui répétait inlassablement "Mon Amour....mon Amour....mon Amour" s'espaçaient, mais son esprit vagabondait dans des sphères toujours aussi sombres.
Si sombres que soudain, recroquevillée sur la place vide de son Aimé, à l'instar de la situation dans laquelle elle s'était retrouvée quelques années auparavant, elle se redressa vivement : et s'il lui était arrivé malheur ? Et s'il était parti seul et des brigands l'avaient attaqué ?
A présent paniquée, son cœur anéanti cognait d’angoisse dans sa poitrine.
Elle se leva d'un bond de son lit quand un pigeon tapait du bec à sa fenêtre.
Elle s'arrêta soudain et craignant le pire, arracha la missive, sans se soucier du pauvre volatile malmené.

L' écriture douce et élégante noircissant un long parchemin, provoqua un soupire de soulagement.
Il était vivant.
Alors ne quittant pas le parchemin des yeux, elle se laissa tomber sur le lit, le cœur en miettes.
Et c'est à cet instant, qu'elle se souvint lui avoir écrit juste après son départ, hier soir.

Son départ. Ce départ soudain qui, immanquablement, l'avait ramené à ses souvenirs tragiques, Lef, Ytharès, Khan, Coulis...Jean l'ignorait mais tous ces hommes qui l'avaient approchée, promis, amant ou amis, s'étaient éteints à ses côtés soudainement et parfois violemment, sans que rien ne le laisse présager.

Elle se mordillait les lèvres, plongée dans les mots de son Amour.
Elle se maudissait autant qu'elle maudissait tous ces démons, combien de temps encore allait-elle devoir les supporter ? Combien de temps encore l'empêcheraient ils d'être sereine ?

Elle plaquait la missive contre sa poitrine, les yeux vides mais le cœur débordant de cet Amour immense qu'elle éprouvait pour Lui.

Tout était bien nébuleux à cet instant dans son esprit.
Mabelle se souvenait simplement qu'elle avait décidé de partir, déterminée à ne plus jamais souffrir.

Mais cette fois, l'histoire ne semblait pas se répéter. Il était bien là, il ne l'avait pas abandonnée, il avait dû avoir froid toute la nuit, seul dans la forêt, aussi triste qu'elle. Mais il était là et il l'Aimait peut être "comme jamais elle ne l'avait été", oui il devait avoir raison en réalité, mais elle l'ignorait encore.


- Oh mon Amour....


La torturée enfila une cape et descendit l'escalier en appelant Brennus. Puis elle se dirigea dans la cuisine, sanglotante, pour prendre du pain et des amandes et même, instinctivement, une gourde de calva. Le tout dans la besace, elle s'apprêtait à partir à la recherche de son Amour, mais s'effondra de nouveau, en se laissant tomber sur une chaise.
Mabelle ne savait plus pourquoi elle pleurait. Sa missive coincée dans son corsage, elle ne savait plus si elle pleurait de tristesse ou de joie.
Oui de Joie.
La joie d'aller le chercher. L'histoire s'inversait cette fois, peut être même qu'elle déjouerait enfin ses démons.
Elle relevait doucement la tête, les yeux captivés par la flamme d'une bougie. La Flamme.
Et elle se souvenait de l'histoire des braises et tout ce qui avait suivi depuis. De cet Amour grandissant, intègre, puissant."...[...]un homme qui vous Aime comme on ne vous a peut-être jamais aimé."
Ces mots martelaient son esprit sans qu'elle puisse les contrôler.

Il s'était laissé immergé d'une pointe de jalousie, elle avait cru qu'il l'avait abandonnée.
Ses larmes étaient tel un tourbillon d'émotions confondues, son esprit essayait de remettre de l'ordre dans ses pensées lorsqu'une main se posa sur son épaule en même temps qu'un baiser se posa sur ses cheveux.

Un instant elle pensa que c'était Jean et se retourna vivement. Ses yeux s'agrandirent à la vue de sa petite soeur.

Alors que Dana l'invitait avec tendresse à se confier, prenant soin d'elle, Mabelle, confuse, tressaillit lorsque sa petite soeur ferma la porte. Comment Jean rentrerait-il Chez Lui après une nuit aussi triste que grelottante ?

Elle n'osait refuser la main tendue mais ses yeux ne quittaient pas sa besace garnie de victuailles pour Jean.

Embarrassée, elle resta debout et inspira profondément.

- Dana ma douce...

- Je..tout va bien...je dois partir mais restes ici si tu veux bien...j'ai besoin d'un grand feu pour tout à l'heure.

- Je dois aller chercher Jean..je l'Aime Dana, je ne veux pas le perdre. Attends moi ici si tu veux bien, d'ailleurs Lizie devrait nous rejoindre. Et je ne puis que te conseiller de préparer calva et galettes que j'ai préparées hier...tu comprends ce que je veux dire....


Un faible sourire même presque amusé en songeant à son Dragon, s'esquissa sur la brune, son premier sourire depuis...
Elle déposa un doux baiser sur sa joue, ouvrit la porte qui n'avait jamais été fermée et s'arrêta pour lui dire :


- Je te promets que nous nous offrirons un moment pour conter nos sombres égarements. Mais c'est justement parce que je ne veux plus m"égarer vers ces sombres chemins que je dois aller chercher ma Lumière...

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Beldurian
[La cristallisation]

Citation:
"Laissez travailler la tête d’un amant pendant vingt-quatre heures, et voici ce que vous trouverez :

Aux mines de sel de Salzbourg, on jette dans les profondeurs abandonnées de la mine un rameau d’arbre effeuillé par l’hiver ; deux ou trois mois après, on le retire couvert de cristallisations brillantes : les plus petites branches, celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d’une mésange, sont garnies d’une infinité de diamants mobiles et éblouissants ; on ne peut plus reconnaître le rameau primitif. Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections"


Stendhal, De l'amour, chapitre II.


Une lumière vive et aggressive, celle des rayons du soleil se glissant insidieusement sous les paupières pour rappeler le jeune homme à la vie. Une vie bien douloureuse, ce matin là, puisqu'il s'était endormi près de son Aimée contre le sol, devant la cheminée, cet endroit qu'ils affectionnaient tant tous les deux. Son dos lui faisait mal, sa nuque également, mais son coeur soupirait déjà d'un doux plaisir d'avoir vécu une telle expérience.

Ils avaient passé quelques soirées près du feu, ainsi, lorsqu'ils étaient à Rouen et qu'ils se découvraient. Ce souvenir se glissa dans l'esprit de Jean pour se manifester sur son visage par un léger sourire. Leur attachement l'un à l'autre était naissant et encore peu déterminé à l'époque ; ils étaient hésitants, timides, quelques fois honteux de certaines audaces de dans l'expression d'un sentiment encore quelque peu voilà. Une première fois, un soir, ils s'étaient tenus la main devant un tel feu, ayant décidé de cesser de cacher aux autres mais aussi à eux-mêmes ce qui était né de leurs longues conversations. Il se rappelait également leur première nuit ensemble, dehors contre un arbre, tandis que les tavernes étaient fermées. Elle avait posé timidement sa tête contre son épaule, et c'est au réveil qu'ils s'étaient réellement avoués leur amour par un premier baiser.

Cette fois, toutefois, c'était un peu différent. La timidité avait laissé place à la douceur et à la tendresse, ils avaient dormi l'un contre l'autre sans pudeur et, bien qu'ils continuaient chaque jour à se découvrir plus encore, leurs deux coeurs se connaissaient déjà. Ils ne s'étaient pas reveillés au milieu de la nuit, comme ils se l'étaient dit encore une fois, et avaient donc passé toute la nuit ici, allongés. Si quelqu'un était alors entré tôt ce matin, il aurait pu appercevoir un spectacle touchant et gracieux, deux innocences plongées dans leur sommeil dans la sérénité que peut offrir l'Amour en de pareils instants.

Il était éveillé, maintenant. Evidemment, comme à son habitude, Mabelle s'était levée bien plus tôt que lui et il était seul désormais. Une douce chaleur continuait toutefois d'imprégner ses membres, comme si l'empreinte de son corps contre le sien était encore vive et perdurait. Ses yeux ouverts, s'habituant petit à petit à l'aggressivité de la lumière, il les avait laissés glisser ça et là sur le sol, le feu, la fenêtre, la taverne, les tables, accompagnant ses délicieux souvenirs.

La journée allait être bien difficile. Son dos lui faisait mal. Mais si c'était là le prix à payer pour partager de tels moments avec Elle, alors il se promettait d'accepter encore bien des maux. L'Amour a cela d'étrange qu'il transforme toutes les situations en d'agréables opportunités. Ce qui serait apparu pour d'autres comme un sommeil bien inconfortable lui apparaissait dès lors comme la plus douce des nuits. L'Amour redécouvre chaque événement pour en tirer le parti le plus doux.

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Mabelle
L'Auberge somnolait encore sous la fraîcheur de l'aube automnale. Leurs corps entremêlés quémandaient la chaleur de l'autre tandis que leurs âmes gambadaient dans les champs oniriques du sommeil mystique.
Invariablement, Mabelle se réveillait doucement, à croire qu'elle entendait le frétillement des poissons depuis le lac fertile.
Chaque matin ressemblait à une torture. Elle devait séparer leurs coeurs qui battaient gaiement l'un contre l'autre, blottis au creux de leur Amour et quitter cette chaleur exquise de leurs corps qui riaient de se chatouiller douillettement, confondus dans une Douceur subtile.
Elle déposait quelques baisers tièdes sur sa joue, son cou ou ses épaules, passait une main caressante sur ses cheveux puis se réjouissait de cette belle journée, le coeur pétri d'Amour.

Ce matin là, la dieppoise avait fort à faire. Leur voyage était prévu pour demain, elle devait remonter et ranger ses filets, préparer du pain, fournir sa taverne, sans compter l'ambassade qu'elle avait négligée ces derniers jours.

Le lac sommeillait, reflétant de faibles rayons d'argent, tandis que des libellules matinales parsemaient des auréoles souriantes, au gré de leur quête gourmande.
Mabelle vola un peu de temps pour s'abreuver de cette quiétude soyeuse. Assise en tailleur, son esprit vagabondait et immanquablement, se centra sur Jean.
Leur relation la surprenait chaque jour. Certes encore jeune, mais si peu de temps et pourtant tellement longtemps... A croire que leurs âmes se connaissaient déjà et qu'elles s'étaient égarées et enfin retrouvées.
Convaincue que l'Amour n'était qu'un abîme dans lequel elle avait été violemment jetée, écrasant son coeur définitivement rompu, elle était bordée d'inquiétudes de le voir aujourd'hui bondir et cogner contre sa poitrine avec autant de douce véhémence.
Elle s'était promis de vivre leur Amour au présent mais doucement quelques projets de demain s'immiscèrent et la peur de la chute effleurait sournoisement parfois son esprit rayonnant, pour lui rappeler que rien n'est permanent.
Et pourtant Jean n'était que confiance. Un léger sourire éclaira son visage à cette pensée. Oui, Confiance.
Ce mot résonna alors en échos et elle se leva, le sourire cette fois éblouissant, prête conquérir le monde tant qu'Il serait à ses côtés.

A défaut du monde, elle rangea ses filets qu'elle dénouait à présent vaillamment, un léger pincement au coeur de devoir s'en séparer plusieurs jours.
Sa barque remontée, elle vérifiait que tout était en ordre puis se rendit au marché pour acheter la farine et faire de bons pains pour le lendemain. Un pain aussi tendre, moelleux, croustillant, doré, appétissant, savoureux et délicieux que leur Amour.

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