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[RP] Vous ne m’avez point perdu, non. Pas encore.

Mai


    Assise à sa table de travail, Marie contemplait le vélin encore vierge de sa prochaine lettre. Entre les tempes blondes de la jeune femme, les souvenirs du Bourguignon se bousculaient espérant ainsi trouver matière à son écrit. Judas Gabryel Von Frayner. Son doux satrape avait été abandonné aux draps froissés d’une couche adultérine au tout début de l’été. A cette idée, les minutes revivent, les sensations reviennent et la peau frissonne agréablement des caresses presque oubliées de l’amant. Ils auraient dût se revoir à la lune suivante mais le sort en décida autrement. C’est ainsi que trois longs mois plus tard, l’hermine se retrouvait plume en main, prête à noircir le palimpseste comme ce fut le cas de nombreuses fois auparavant. Couché sur le chêne de son bureau, une grande feuille armoriée attendait tandis que la Marquise se remémorait les longues lettres échangées, il y a maintenant - trop - longtemps. Elle aurait aimé lui narrer longuement ses derniers mois, le deces de son fils, l’anoblissement de son premier vassal, les retrouvailles avec sa fille et son mal-être qui grandissait un peu plus chaque jour. Cette fatigue qui lui pesait sur les épaules. Maï aurait voulu lui raconter mais à la place sa main fine et blanche déchira une bandelette de vélin et annota simplement quelques mots.

    Citation:
      Me voulez-vous encore ? Angers, 15.10.1460. Magda.


    Un sourire en coin apparu sur les lèvres bretonnes. Il comprendrait... Elle en était certaine. Le message minimaliste fut roulé sur lui-même. Il ornerait bientôt la patte d’un emplumé. Maigrelette estafette des macabres désirs d’une bretonne en deuil. Le corps amaigri de la jeune quitta la table et la pièce pour ordonner à la maisonnée de préparer ses affaires. Dans quelques jours elle partirait pour l'Anjou.

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Un perso mort sans RP, c'est comme une tombe sans fleurs. Moche! - Image : MartaNael



Judas
    [ Mon Seigneur, aimez tout le monde, & moi plus que toutes les autres. ]
    De Magda à Judas, aux temps des lettres adultérines.*



Le pli était arrivé de Dieu savait où, afin de lui rapporter le souvenir de l'Amie particulière. Amie n'est pas le mot juste lorsque l'on aime charnellement, pourtant la Marquise avait été l'amie et l'amante, la confidente et la contrariante, celle que l'on chérit et que l'on abandonne, que l'on retrouve et que l'on cajole. Comme beaucoup direz-vous? Nenni, il est des relations de longue date qui savent s'achever en apothéose,ainsi nous allons vous le conter.

Un maigre sourire s'étira sur de maigres lèvres aux maigres paroles, le pli était arrivé. Ce n'est pas comme s'il l'avait attendu, mais presque, à cela près qu'il avait deux mois de retard. Deux mois. Il s'en passe en deux mois. Frayner avait regagné la Bourgogne avec femme et suivantes, il s'était découvert un nouveau statut et de nouvelles occupations, Frayner avait vieillit. Pas au coin des yeux, pas sur ses cheveux non, il avait vieillit en dedans. Vous pensiez que cela lui confèrerait un peu plus de sagesse? Vous pensiez mal.

Elle avait signé Magda. Magda n'était pas Marie, c'est Magda qu'il mettait en son lit et Marie qu'il saluait courtoisement en société. Le détail était de taille, cette signature parlait plus qu'il n'y paraissait. Ainsi Magda réclamait Judas, se faisant désirer comme toute femme qui se respecte, jaugeant audacieusement à quel point le retard avait pu émousser le désir de son amant. Il n'est point de femme sotte aux jeux de l'amour, parait-il. Magda savait confirmer l'adage. La réponse fut rédigée à la hâte, hâte car il n'est pas bon de trop perdre de temps à l'affaire, bien que la frustration puisse attiser le désir. Judas n'a jamais été un patient. Il avait signé de son pseudonyme Magdalien, comme à l'époque où il fallait se préserver des foudres de son mari, celui-là même avec qui à l'écho de toute la Bretagne elle formait la règne des "Kermontfort". Si aujourd'hui c'était lui qui devait se préserver d'une découverte hasardeuse ou d'une lecture malheureuse, il n'en perdait pas le goût du jeu.


Citation:
La réponse est dans la question, hâtez-vous, vous savez où est la clef. Vostre.


Officiellement la marquise devait venir pour lui acheter quelques fioles dont il avait collection et qu'il vendait depuis son mariage au compte goutte à quelques amis ou habitués. Le mariage tue le commerce, que voulez-vous. Ou les mauvaises moeurs. Il l'avait retrouvée amaigrie et fatiguée à ses épousailles, loin de la chair généreuse qu'il avait possédée lorsqu'elle portait ses enfants, loin de cette vivacité qu'il lui connaissait. Cela ne l'avait pas empêché de la vouloir encore, et de l'avoir, juste après avoir dit Oui à Isaure, non. Mais Magda avait prit un coup dans l'aile... Le mal de la vie.

Les amants adultérins scellaient ainsi des retrouvailles attendues, Judas se demanda si deux mois plus tard Marie avait besoin encore de ses fioles où si la visite était prétexte à tout autre chose. Précautionneux et soucieux de ne pas attiser les soupçons de son épouse il gagna son appartement Andégave pour quelques jours.


* de la Pompadour aussi
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Je ne débats pas, je ne tergiverse pas, je joue.
Mai


    La courte réponse ne se fit pas attendre, quelques jours à peine, le temps au messager d’un aller-retour breto-bourguignon. Le temps aussi pour la Marquise de réfléchir à l’entrevue. Que voulait-elle vraiment, les fioles ou l’amant ? Les deux ? L’amant pour retrouver un peu de cette vie qu’il sait si bien insuffler en elle et les fioles pour en finir de cette souffrance qui la ronge. La mort de son fils il y a à peine quelques semaines a fini de la mettre à terre. L’Ankou n’avait désormais plus qu’à la saisir alors que la pauvre blonde priait chaque jour pour qu’on lui accorde encore un peu de temps. C'est à l'aube de sa fin que Marie se rendait compte qu'elle avait tant gâché sa vie.


      15 Octobre à l’aube…


    Un rayon de soleil vient taquiner le nez mutin d’une marquise endormie. Les sourcils se froncent, le corps se tourne et l’esprit percute. C’est le grand jour. Enfin ! Alors qu’elle s’assoit au bord du lit, le regard caresse le décor de sa chambre. Les quelques malles sont prêtes et attendent que l’agitation qui règne déjà dans la demeure vienne les saisir pour les sangler à l’arrière du convoi de gueules et d’argent. Malgré la fatigue, tard dans la nuit précédente, la bretonne avait tenu à faire ses malles elle-même pour une fois. La préparation d’une rencontre judéenne est bien trop précieuse pour être confiée aux mains d’une servante inexpérimentée. Marie, elle, sait ce qui lui plait. De même pour son habillement du jour, la jeune Eulallie fut congédiée avant même d'avoir commencé. Impérial besoin d'être seule.

    La robe blanche de leur précédentes rencontres a été abandonnée - deuil oblige - par une robe de pourpre sombre. La soie précieuse la recouvre de la tête aux pieds hormis quelques endroits stratégiques. A travers la dentelle, ses bras, son décolleté, sa gorge sont offerts à un œil attentif. Ses longs cheveux blonds cascadent en boucles sages entre ses omoplates, tandis que ses yeux bleus pâles observent le paysage au travers d’une funeste voilette. Si désormais elle est libre de voir qui elle veut et de passer ses quelques derniers mois de vie comme elle l’entend, la jeune femme aime cependant à être discrète. Avec lui surtout, car si le jeu reste inchangé, les rôles sont inversés. Et le judas autrefois libre s’est fait mettre la corde au cou lors de leur dernière entrevue.


      15 Octobre, midi passé…


    Au rythme trop lent des équidés, la Kermorial traverse l’andégave paysage, priant pour ne croiser personnes de sa connaissance au détour d’une rue. Finalement le coche armorié qui s'immobilise devant l’appartement du bourguignon n’était peut-être pas une bonne idée. Mais la route est finie, et il est temps. La Marquise laissa s’échapper un soupir dans l’air angevin et sorti de la voiture la boule au ventre et le coeur affolé. Quelques pièces sont glissées dans la paume du vieux conducteur et l’ordre est donné de l’attendre le temps qu’il faudra dans l’auberge municipale la plus proche. Elle n’a pas d’heure de départ à offrir tout dépendra de Lui. Alors que ses hommes et ses affaires s’éloignent, la Platine observe un instant la façade depuis le "trottoir" d'en face. Bien qu'ils ne se soient jamais vu ici, le lieux est porteur d'une émotion. En mémoire lui reviennent sa sœur et ses enfants. Alesius était vivant à cette époque, sa fille toujours à sa garde et la vie pleine de promesses. Paisiblement, les journées s’écoulaient, marché le matin, dîners à Douétum le soir et les insomnies-fringales nocturnes propices aux confidences sororales devant la grande cheminée. Une larme roula sur la pommette de l’hermine à cette idée. Que ce temps-là lui manquait… Le parquet portait-il encore les rayures du tisonnier que sa fille avait traîné partout pour se protéger des ombres aux formes terrifiantes ? Elle aimerait bien...

    Chassant la larme d’un revers de main et d’un sourire confiant, la jeune femme s’approcha de la porte cochère et glissa ses doigts au sol à la recherche du fameux sésame. *Clic* Rien n’a changé, elle est bien là comme il l’avait promis la première fois. Était-il là lui aussi ? Arriverait-il bientôt ? Les azurines regardèrent à droite, puis à gauche avant de tourner la clé dans la serrure. La porte s’ouvrit enfin sur la maison froide. Sur le pas de la porte, Marie observe, rien n'a bougé, ou presque pas. Il va falloir faire du feu et attendre. Et l'attendre, comme la dernière fois. Le sac de cuir échoue dans un bruit mat sur la pierre froide.


    Judas? Es-tu là?

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Un perso mort sans RP, c'est comme une tombe sans fleurs. Moche! - Image : MartaNael
Judas
    [Ainsi soit Elle]


Bien sûr qu'il était là.

Loin le rendez-vous andégave manqué , bien avant son mariage. Loin la fin des idolâtres missives entre Magda et Judas, le début des rancoeurs, peut-être le moment où Marie avait compris que la présence omniprésente et rassurante du Frayner dans sa vie n'assurait pas forcément la satiété du coeur.

Lui qui est ventre.

Son appartement n'avait été qu'escale, loin de la rejoindre au moment où il y était attendu il avait rebroussé chemin à la première difficulté rencontrée en route. Il avait perdu la trace de la Roide dans le tumulte, et là... Là c'était le renversant chamboulement. Comment trouver le chemin des frivolités lorsque l'Amour est porté disparu? Il n'avait pas été à la hauteur de ses promesses, trop affecté par l'impromptu revirement de situation, Magda était devenue si insignifiante... Si lointaine. Diable en était témoin, Frayner avait quelque chose à rattraper, là à Angers. Quelque chose à se faire pardonner. Une Magda à reconquérir, à chérir, à combler d'affection malgré cette absence du reste. Un coeur oui, creux peut-être, mais bien à sa place tout de même, beau et rutilant, un bel objet décoratif. Un coeur dans le ventre.

La main flatte la taille fine, froisse l'étoffe pourpre, s'en saisit pour l'attirer fatalement là où elle devrait se trouver... En son joug, contre sa poitrine, dans l'étau de ses bras. La bouche qui fut si souvent avare envers la marquise dénoua quelques salutations révélatrices de l'humeur seigneuriale.



    Je vous salue Marie, pleine de grâces ; venez donc là.
    Vostre seigneur est avec vous, ce jour et celui de demain.
    Vous êtes bénie entre toutes les femmes, depuis ce fatal jour
    Où sa main posée sur le fruit de vos entrailles en a aimé la rondeur
    Sainte Marie Mère de Deux, de l'ourlet de vos peu chastes lèvres,
    Priez pour Vous, pauvres pécheurs au secret de vos rencontres
    Maintenant, et à l'heure de votre mort, priez pour vous,
    [ Ainsi soit-Il ].


Il la retourne lentement pour mieux la voir, cette amante patiente. Dieu que vous êtes usée ma chère, le pâle reflet de vos jeunes années. Envolé le charnu de la panse fertile, ne reste-il que vos grands yeux pour témoins de cet âge d'or que vous m'avez offert sur un plateau jadis? J'aurais juré en avoir laissé un peu pour les autres, ne pas tout avoir pris. Il penche un peu la tête de coté, cette tête qui dépasse de loin les boucles blondes et la voilette qu'il chasse d'un revers de senestre pour mieux constater l'ampleur des dégâts. Il fut l'un deux, il n'en a pas conscience. Index et pouce s'associent sous le menton laiteux,

Bien sûr qu'il était là.

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Je ne débats pas, je ne tergiverse pas, je joue.
Mai


    A peine la porte passée, des bras l’attirent contre ce corps tant désiré. Judas est là. Marie sent sur son épaule la caresse de ses cheveux d’ébène, son souffle sur le velours de sa joue, son odeur si bourguignonne. Les caresses de l’amant sont comme dans ses souvenirs, d’une douce violence. C’est ce qu’elle aimait chez lui. L’oxymore. Cette haine amoureuse qui les lie autant qu’elle les éloigne. Alors qu’il l’a salue d’un Avé Maria des plus explicites, la Marquise se laisse aller à ses bras. Ses doigts effleure le tissus précieux de ses vêtements, jusqu’au bout, pour y trouver ses mains, pleines de cette force qu’elle ne possède plus. Brûlante de ce feu qu’il ranime doucement en elle. Elle le retrouve enfin.

    Judas la guide avec délicatesse pour lui faire face et pose sur elle un regard que la blonde a déjà vu cent fois. Partout. Les proches comme les moins proches. Chacun s’est rendu compte de sa lente agonie et pose désormais sur l’hermine cet étrange regard. Triste et parfois empli de pitié. C’est à cause de ces yeux-là, qu’elle s’est rendu compte de son état. D’une main, il écarte le voile qui masque vainement ses yeux. La menotte féminine vole à son secours pour ôter de sa chevelure d’or l’épingle qui retient le tout au sommet de son crâne.


    Ne me regardez pas comme ça…

    Pas un mot de plus, ce serait trop. Non… Laisse-moi croire que je suis encore belle, je t’en supplie. Laisse-moi oublier que l’Ankou m’a prise pour cible. Prends-moi a sa place. Les doigts du bourguignon vinrent se saisir de son menton lui arrachant l’ombre d’un sourire. Ce geste. Il n’y avait que lui pour attirer ainsi son attention. Dans ses yeux gris la lueur n’était plus la même qu’avant, était-ce du fait de ce qu’il découvrait ou son hymen l’avait assagie ? Les lèvres purpurines se mirent a effleurer leur homologues en quête d’une réponse.

    Demat toi.


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Judas
    [ Racontez-vous Judas. Vos histoires me manquent tout autant que votre personne. ]
    De Magda à Judas, au temps des lettres adultérines.


Les lèvres s'embrassèrent pour mieux se parler, pour mieux se raconter le temps passé.

Au moins ais-je encore le droit de vous regarder...


Comme je l'ai si souvent fait. Vous contempler endormie, moite, le ventre rond portant vos enfants. Vous observer si jolie, droite, aux cérémonies officielles et par tout temps. Vous regarder, avili de jalousie lorsque coite vous laissiez en taverne vous compter fleurette quelques ténébreux amants. Bretagne, Anjou, Bourgogne, toujours nos routes se croisèrent et je vous admirais! Ho je vous admirais, mariée, esseulée, endeuillée, ivre ou bien bonimenteuse, rieuse et parfois même amoureuse. Quelque part, à ma bien mâle façon je vous ai aimée. Oui Marie, jamais je ne me suis lassé de vous regarder.

Si ce jour vous offre à moi souffrante, mourante ou tremblante, je ne peux que vous entourer d'une aura plus protectrice que par le passé. Ne cachez pas sous vos fards les exercices du temps, les épreuves qu'il vous tend. Vous êtes bien lasse, et voyez je ne le suis point. Je le sais tout ira mieux. Je prend le droit de vous adorer;



Et celui de vous toucher.

Judas s'en est toujours bien contenté. Il aida le couvre chef, ce cache misère trop pompeux à choir loin pour ne plus auréoler la tête blonde. La pointe d'une botte cirée attire à l'intérieur le sac abandonné tandis que l'ébauche des deux corps vient fermer de leur poids en appui la porte trop bavarde. Il était là depuis le matin, quoi que là sans y être. Resté à la fenêtre des heures durant à repasser le fil de sa vie Judas n'avait pas eu l'impression d'attendre l'Amante. Il n'avait touché à rien, s'autorisant à semer le désordre à deux mains. Barbaro-Bourguignone. Frayner n'avait pas douté de sa venue, les femmes ont cette aptitude à honorer plus souvent leurs promesses que les hommes... Pans de la robe pourpre ramenés sur une cuisse qu'il découvre bien maigre, Judas ne fait pas cas. Il est bien bon de se retrouver seuls.
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Je ne débats pas, je ne tergiverse pas, je joue.
Mai

      [ Pour cette robe que j'aime à frôler et ce châle quittant vos épaules en haut des marches d'escalier...
      Je vous veux encore. ]

      De Judas à Magda, au temps des lettres adultérines.



    En un claquement, la porte d’entrée s’était refermée sur eux. Coup d’envoi de cette joute amoureuse tant attendue. Coincée entre le bois et l’amant, Marie revit les instants passés avec le satrape, à Bolchen, Decize ou Rennes. Cette main gantée de cuir, qui glisse le long de sa jambe et écarte les couches de ses jupons sombres pour dévoiler une cuisse un peu trop pâle. Elle la connait. Ce fut la même qui désordonna sa robe de dentelle blanche sur un muret de pierre un soir de funeste ripaille. L’odeur du Montrecul lui revient presque aux narines alors que ses doigts s’attellent à redécouvrir ce corps.

    Qu’il était bon d’être rappelée aux temps passés. Te souviens-tu Judas ? Ce repas pour Nebisa, ces milles visages autour de nous. Te rappelles-tu ce temps où tout allait encore bien. Ou j’étais heureuse ? Le bonheur depuis à fuit. Un à un, les hommes aussi. Tous ont embrassé l’Ankou. Elfyn, la figure paternelle, Arzhel le confident, Alesius le fils prodige. Et pour les autres ce n’est qu’une demi-vie qui les anime. Ne reste de ses compagnons de vie que toi, mon Bourguignon. Toi avec cette maudite corde au cou que l'on t'a passée malgré moi. Et malgré toi aussi... Je crains que ce ne soit trop peu pour me donner le gout de vivre encore un peu. Mais essaye quand même, on ne sait jamais… A cette fugace pensée, l’hermine sourit, ou bien était-ce à cause d’un baiser un peu trop aventureux ?

    Se faisant caressante sur la carrure masculine, la jeune femme le délesta du cuir de son mantel, obligeant les mains à lâcher la dentelle de ses jupons et le cuir de ses maudits gants! - La peau d'un homme sera toujours bien plus douce que n'importe quelle étoffe - Avec lourdeur, le vêtement s’écrasa au sol, dévoilant un pourpoint précieux parsemé de broderie. L’homme avait toujours eut une apparence soignée. C’est même ce qui l’avait attirée. Ça et ce charisme si spécial qu’il revêtait lors de ses ventes d’esclaves. Cette audace qu’il avait eu de lui offrir un maure en remerciement de son autorisation… devant tout son peuple. Judas avait le don de faire vibrer.

    Quittant le bois d’une porte trop froide à son gout, la Bretagne repoussa son terrible amant pour mieux se glisser dans son dos. Là, aux creux de ses omoplates, il faisait bon. Collé tout contre, le visage niché au creux de sa nuque, l’hermine disparaît de sa vue. L’aveugle pour qu’il se concentre mieux sur ses gestes. Lents et mesurés. Sur sa voix aussi.
    Vous avez tous les droits… Les mains d’albâtre se font voyageuses sur le torse masculin. Elle aurait assez de force que sans doute les boutons du pourpoint se seraient vu arrachés, mais faute de cela, les doigts gagnent en agilité et déboutonnent. Le Von Frayner, telle une jouvencelle, semble aimer se faire désirer. Il est du moins habillé pour… mais c’était sans compter une certaine expérience. Il n’est point le premier qu’elle déshabille, c’est de notoriété publique et le velours brodé ne tarde pas a voler à l’autre bout de la pièce. Sous le pourpoint une chemise…

    Plus qu’une chemise et ton torse est à moi, Bourguignon !


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Un perso mort sans RP, c'est comme une tombe sans fleurs. Moche! - Image : MartaNael
Judas
    [ A dieu Duchesse passée, A dieu marquise de terres éloignées, Au diable épouse. Bon jour Marie. Ma mie, ma'mie.]
    De Judas à Magda, au temps des lettres adultérines.


La Bretagne se dérobe avant que la Bourgogne ne puisse même tomber la robe, là dans le dos elle ourdit bien des choses. Judas la laisse s'y couler, il se laisse déshabiller. Les mains de Marie sont celles d'une harpiste qui connait bien ses gammes. Et sous la chemise... Maria Magda, vous savez bien ce qu'il y a sous la chemise. D'un geste tranchant avec la lenteur langoureuse de son amante Judas défait les liens de son vêtement pour le désenfiler prestement et le jeter au diable avec tout ce que la marquise a déjà bien voulu délaisser. Ses mains rejoignent leurs amies pour croiser le métal de leurs bagues, et c'est complices que les bretonnes suivent les meneuses jusqu'à la boucle du ceinturon. Le geste porté de concours tire sur l'ardillon jusqu'à le déloger afin de libérer les reins de leur carcan cuirassé. Loin des yeux mais pas loin du corps, chaque respiration de Marie s'imprime dans son dos, il lui semble même sentir son souffle s'insinuer dans la zébrure de sa colonne vertébrale en indolents mais indispensables mouvements, sa poitrine se comprimer sur ses côtes. Jouissance quasi cérébrale.

Frustré de ne pas pouvoir se contenter d'une infime parcelle de chair à contempler le seigneur finit par se retourner, agripper les filins blonds jusqu'à les décoiffer en mèches arachnéennes, fils de harpe désordonnés. Découvrir cette peau de tous ses apparats, sans se presser. Puisque Magda a donné le maitre mot, Judas suit la cadence. On se retrouve, tranquillement, on se regarde, franchement, on se savoure, doucement. Dénudons une épaule, délaçons les atours. Judas découvre une poitrine bien amaigrie, puis tout ce qui l'accompagne. Lorsque la robe s'affaisse au sol sur elle même, il tente de ne pas tiquer. Difficile. La complice a perdu de sa superbe, et plus que ses yeux encore ce sont ses gestes qui trahissent cet état. Sous la pulpe des doigts qui caracolent des clavicules à l'aine Judas découvre un corps qui n'est plus comme autrefois fait de pleins et de courbes, tout n'est que funestes déliés. Le corps chéri est une matrice que d'autres trouveraient sans aucune matière pour donner vie à une pièce indispensable: Le désir. Mais plus que par le désir, la Bourgogne est toujours portée par son esprit conquérant, dusse-t-elle affronter les reliefs inattendus d'une terre qu'elle pensait bien connaitre. Trop bien connaitre sans doute. Il n'est pas plus pénétrant qu'une envie de surmonter les imprévus. Et puis Magda n'a jamais été et ne sera jamais l'hostile. Jamais. C'est sa palpitante virilité qui l'affirme, inflexible.

Il lui laissa sa parure, une de celle qui lui rappelait les titres de celle qu'il tenait entre ses bras. Tout en la mettant à nue il n'avait pas cessé de la regarder comme s'il entretenait avec elle une conversation des plus sérieuse. Et quoi de plus sérieux que les jeux d'amour? Levez-les d'une vie, vous verrez ainsi si tout est aussi supportable. La parure n'était qu'une façon de l'aimer en Marie comme en Magda, courtoise et putain, amie et amante. Les hommes avaient cette liberté de pouvoir sans trop supporter le jugement d'autrui mettre en leur lit qui ils souhaitaient. Dans la configuration de leur relation, Judas avait toujours courtisé l'interdit. Une femme plus titrée que lui, mariée de surcroit et issue d'un pays souvent ennemi. Pourtant il n'était clairement pas celui qui recevrait la pierre, si l'intime était laissé par mégarde au vu et su de tous. Les temps n'étaient pas tendres... Pas tendres comme la gorge de Marie. Cela valait bien de s'y laisser égarer un peu.

Dans un mouvement mi-strict mi-affectueux le brun saisit la brindille en épouse, presque précautionneusement, et n'avança vers l'unique chambrée commune que lorsque ses pieds ne touchèrent plus le sol. L'appartement était des plus simple, Judas passait si peu de temps en Anjou qu'il se plaisait à le laisser ainsi. Meublé à l'essentiel, et avec sa chambre campagnarde à la couche à partager. Un lit familial de petite gent, bordant toute la longueur d'une face de la pièce. Déposer la Bretagne sur un écrin aussi grossier c'est un peu comme oser la faire rayonner d'une façon cavalière. Judas le fit sans remord aucun, passant sur le corps filiforme pour s'y reposer presque, faussant le poids de son corps avec l'assistance de ses coudes et genoux. Les perles de son collier se désorganisèrent sur le plexus qu'il découvrait tristement pour la première fois. Il les chassa d'un mouvement du nez pour l'embrasser tendrement comme si là dans le creux à découvert, les côtes n'étaient que support à sertir une pierre de grande valeur.

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Je ne débats pas, je ne tergiverse pas, je joue.
Mai


      [Je gage que mon lit ne soit assez grand pour nous contenir...]
      De Judas à Magda, au temps des lettres adultérines.



    C’était sans doute le moment qu’elle préférait avec les hommes… Ces quelques secondes, ou l’envie trop forte, force les gemmes à se glisser vers le métal froid d’un ceinturon. La dextre s’arrête sur l’hypogastre pour s’immiscer la crête iliaque jusqu’à venir choyer le point culminant de son attention. Judas se dresse orgueilleusement comme la flèche d’une cathédrale. Découverte rassurante. Malgré elle, la brindille se sent soulagée de l’appétit bourguignon à son encontre. La crainte qui l’avait tenaillé toute la matinée s’évapore alors que les braies masculines touchent le sol, rejointe bien vite par le monstre sans vie de ses jupons. Les vêtures s’affaissent au sol, alors que d’un geste assuré, il s’empare de son corps pour la portée jusqu’à leur couche. Suspendu à son cou, la tête posée sur son épaule, Marie se plait à jouer ce rôle d’épouse d’un jour qu’il lui propose. Ultime nuit de noce. Malgré l’incongrue de la situation, la Marquise se laisse guider par son seigneur. Ses longs doigt blanc se perdent dans la chevelure d’ébène et ôte au passage un catogan oublié à l’effeuillage. Nue entre ses bras, elle passe la porte et se laisse coucher sur l’immense lit de campagne. Cette fois ci leur couche sera bien assez grande. Les sœurs, les enfants, les maitresses, les esclaves ne sont plus là. L’hospitalité ducale n’aura point besoin d’être sollicité, pas plus que celle de l’auberge du coin. Ils ne sont que deux pour peupler le royaume de cette couche pittoresque. C’est bien suffisant.

    Allongée sur le dos, la Breizh se laisse recouvrir de la courtepointe judéenne qu’elle ne quitte pas des yeux. La Bourgogne offre cette chaleur qui manque à l’air ambiant. Comme toujours, il fait bon vivre dans le giron masculin. Sourire fugace. Les lippes masculines déposent un baiser entre ses seins amaigris. Le cœur vibre, tremble et tambourine. Un peu trop peut-être. Le souffle s’est légèrement raccourcit… Délicatement leur corps s’effleurent, se parlent. L’or de ses bagues voyage sur le paysage étranger, s’amusant à redécouvrir chaque vallée, chaque plaine, chaque mont de ce paysage qui lui est offert. Une jambe se plie, remonte le long d’une hanche masculine… Une Marquise s’offre sans un mot, le nez enfouit dans l’ébène, les lèvres goûtant au sucré d’une nuque aimée. Les yeux se ferment alors qu'une main agrippe le galbe parfait d'un fessier. Ainsi lové tout contre lui, Marie deviendrait presque Ventre.

    Ne me fait pas trop languir Judas, le temps est compté...


    Aimes-moi.
    Achèves-moi.

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Un perso mort sans RP, c'est comme une tombe sans fleurs. Moche! - Image : MartaNael
Judas
    [Les visages et les masques seront toujours vous, et je sais m'en contenter. Coucher une Marie dans mon lit, baiser la main d'une marquise, respecter la solitude d'une mère et la fallacieuse indifférence d'une épouse.]
    De Judas à Magda, au temps des lettres adultérines.

C’était sans doute le moment qu’il préférait avec les femmes… Ces quelques secondes où l’envie trop forte force leur cuisses à s'ouvrir, offertes et oubliant leur pudeur originelles. En tout et pour tout, Judas était persuadé que lors d'une étreinte c'était là le seul bref moment où elle se laissaient totalement aller. Où elles s'abandonnaient vraiment. Et il ne s'en lasserait jamais.

Tout ce que tu voudras.


Il n'y a rien de tel qu'un peu de vérité pour masquer un mensonge. C'était la première fois qu'il la tutoyait. La toute vraie première fois. C'était Magda, ce double moins fragile et plus audacieux de la personnalité Kermorial que Judas tenait en ses bras. Le murmure la trahissait, laissant Marie tapie dans son ombre. Judas aimait cette dichotomie naturelle qui faisait d'elle une femme pleine de culot et à la fois une fragilité de la nature. D'aucun se douterait qu'il est si plaisant d'avoir la virginale marquise et la putain courtisane dans un même lit. Une pour l'envie, une pour la vie. Schizophrène jeu qui durait depuis quelques années maintenant et auquel Judas Von Frayner n'était pas non plus étranger. Le Paraitre avait besoin de l'Être pour perdurer, combinaison sine qua none à l'entretient d'une collection de masques bien attachés. Et c'était seulement à l'unique faveur d'huis clos qu'il pouvait retrouver cette exaltante sincérité, nue, crue, authentique, entière et sans fards chez la bretonne. Des huis clos qu'il ne comptait plus, et qui l'avaient au fil du temps persuadé que le masque de la marquise était celui de Marie, plutôt que celui de Magda.

Lentement il la ramena contre lui. La silhouette sèche se redressa, emportant avec elle sa voisine. Judas n'était pas femme, ne pensait pas femme, ne ressentait pas femme. Pourtant lorsqu'il tenait une femme entre ses mains, une femme dont il pensait connaitre beaucoup, il se faisait l'égal maternel tenant un précieux enfant. Tout méprisant, tout misogyne fut-il, le sybarite méprisait les femme car il se sentait misérable sans elles, elles qui se rendaient trop indispensable à sa condition de faiblesse. Qu'il est dur de voir reposer le but d'une vie sur autrui. Il resta ainsi en tailleur, tenant sa blonde face à lui sur son bassin pour lui faire un trône charnel et la regarder se faire aimer. Se faire aimer de lui. Un peu comme l'on se regarde jouir dans les yeux de quelqu'un,il est difficile de chasser cette dimension nombriliste. Et pourtant... Magda était le partage incarné.

Les deux mains sur la longueur de ses cuisses remontèrent sur le galbe menu de ses fesses, spectateur de ce qui pouvait percer dans le regard de la bretonne il imprima la prime offensive, tiède et tendre. Son visage auréolé de blond , plus jeune que le sien le surplombait, et chaque assaut qui suivit transpira le désir de faire perdurer les quelques secondes fatidiques qu'il aimait tant.

Face à face intemporel.

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Je ne débats pas, je ne tergiverse pas, je joue.
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