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[rp] La naissance.

--La_depeceuse
Rappel des faits :

Citation:
Ils avaient évoqué l'idée lors de l'une de leurs nombreuses et longues discussions, au fond d'une taverne embuée de Brest.

Il ne savait même plus lequel des deux avait suggéré cela. Elle d'abord ? lui d'abord ? il lui semblait que l'idée venait de lui, mais il n'en était plus du tout certain. Ce qu'il savait c'est que, loin de soulever une vague - légitime - d'indignation, la suggestion avait rencontré l'approbation générale.

Ils s'étaient, dès lors, mis à envisager la chose de plus en plus sérieusement, allant même jusqu'à échafauder des plans machiavéliques, d'éventuels pièges, des manières de procéder. Ils avaient étudié les diverses éventualités de manière méthodique, froide, presque mécanique. Ils avaient poussé le vice jusqu'à établir une liste de personnes. Liste que, finalement, ils avaient déchirée. Leur vivier ne se trouverait donc pas dans leurs cercles de connaissances, mais dans cette population dont personne n'a rien à faire, dont personne ne s'inquiète vraiment.

Il était prêt. Il faisait nuit, il s'était paré d'une longue cape de laquelle il avait rabattu la capuche, masquant ainsi son visage. Il l'attendait, comme convenu, à l'angle de deux rues, sous un porche


Citation:
Elle était prête. Il faisait nuit.
Il était temps.

Cette longue discussion l'avait avant tout amusée, et puis le sérieux avait pris le dessus, et si ? Et si c'était possible ? Envisageable ? Et si...
Ce fut lui le premier à avoir suggéré une telle entreprise, mais elle n'avait pas bronché, jouissant silencieusement du plaisir interdit auquel ils pourraient bientôt goûter.

L'angle des deux rues est atteint, elle le trouve facilement.
Il a l'air calme, serein, elle tente de l'être aussi, d'un geste rapide de la main, elle replace une mèche de cheveux à son complice, afin de découvrir son regard, il semblait prêt et déterminé
.

Citation:
Prêt et déterminé, il l'était. Il avait hâte d'éprouver la sensation de la vie qui s'échappe, lentement, d'un corps inerte au rythme du sang qui s'en écoule.

Il regardait sa complice et y lut la même détermination que celle dont il faisait preuve. Il savait qu'elle ne reculerait pas, elle non plus.

Malgré sa détermination il n'était pas fier, à ce moment-là, et dut fournir un réel effort pour lui adresser un sourire.

Ils avaient longuement discuté du déroulement. Il devait d'abord œuvrer seul, puis elle le rejoindrait et œuvrerait à son tour.

Il se pencha donc vers elle, déposa un baiser sur sa joue et s'en alla dans l'obscurité, dans les quartiers pauvres de Brest là où les femmes, pour quelques écus, vendaient leur corps aux passants...


Citation:
Lorsque l'obscurité eut terminée d'engloutir la silhouette de son complice, la solitude et l'angoisse se dépêchèrent de reprendre le dessus, confiante elle était uniquement en sa présence, c'est le binôme qu'ils formaient qui lui donnait la force d'avancer et d'agir, c'est leur complicité qui la pousser à vivre, c'est leurs objectifs communs qui la rendait forte.

La peur lui prend au ventre, et c'est le dos collé au mur que la jeune femme tente de calmer son rythme cardiaque.
Combien de temps devrait elle patienter ici ? Assez longtemps pour qu'il fasse son oeuvre, mais point trop, il pourrait lui arriver malheur et là elle s'en voudrait à vie de n'avoir pu intervenir plus tôt.

Seule, elle observe autour d'elle, et patiente, en attendant le moindre signe qui puisse l'alerter d'un quelconque danger.


Citation:
Voilà, ils y étaient. Malgré la fraîcheur de cette nuit étoilée de septembre, il avait le front humide et les mains moites. Il saisissait, à cet instant précis, toute l'horreur de ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Et alors que cette idée même aurait du le révulser, elle le galvanisait. A croire que ces idées sombres avaient germé en lui, grandissant en silence et à l'insu de tout le monde, lui compris.

Son plan était simple et il allait s'appliquer à le mettre méticuleusement à exécution. Il s'approchait de l'endroit où elles sévissaient. Il les voyait, devant lui, attendant le client, riant entre elles des hommes qu'elles alpaguaient et qui, penauds, s'en allaient - sans jeu de mot graveleux - la queue entre les jambes.

Il repéra une fille de joie seule, à quelques dizaines de mètres de ses "collègues". Ce serait elle. Simplement pour des raisons de facilité. Il s'approcha donc d'elle, discuta quelques instants avec elle, hocha la tête au prix demandé - de toute manière qu'importait ? - et s'éloigna dans une ruelle à sa suite.

Alors que la prostituée s'approchait de lui, avec des mouvements lascifs, un observateur placé derrière le jeune homme aurait pu voir, à la lueur de la Lune, une lame effilée briller dans sa main. Tandis qu'elle se penchait pour l'embrasser, il lui planta sauvagement la dague dans le ventre. Ce qu'il ressentit à ce moment là était...puissant. Un sentiment de puissance l'envahit et il retira puis replanta la lame, encore et encore. Le regard de la jeune femme manifesta tour à tour sa surprise, puis sa peur et enfin se vida de toute expression, alors que son corps glissait doucement sur le sol...

Il la contempla un long moment avant de quitter la scène. Sa partie du contrat était remplie. Mais ils n'en avaient pas fini avec elle...
--La_depeceuse
L'attente était interminable, le coeur battant à tout rompre la complice ne parvient plus à patienter, il ne fallait pas qu'il lui arrive malheur ! Tout comme lui, la jeune femme se hâte de rabattre sa capuche, son visage n'était plus visible, quelques mèches brunes seulement étaient encore accessibles à la vue.
Ses bottes foulent alors le sol rapidement, la pluie commence à tomber pour son plus grand bonheur, les laverait elle de leur folie ? de leurs méfaits à venir ?
Rapidement elle atteint l'endroit où IL avait du sévir, tout ce spectacle la révulsait, toutes ces femmes qui vendaient leur propre vertu pour quelques écus, sans aucune gêne... cette ruelle du désespoir, il fallait la traverser au plus vite, ce qu'elle fit, une nausée de dégoût par ces catins la prend et c'est chancelante qu'elle arrive dans une nouvelle ruelle, nez à nez avec celui qu'elle recherchait.

Sa dextre qu'elle avait plaqué à ses lèvres pour ne point déverser au sol tout l'écoeurement subit quelques instants plus tôt, tombe subitement sur son ventre, ce n'est pas de la peur qu'elle ressent non, c'est tout simplement l'étonnement, la stupéfaction, elle savait bien que cette vision lui serait bientôt offerte, mais finalement elle ne s'y était pas préparé.
Il était là, debout devant ce corps inerte, elle était là, elle aussi à l'observer dans l'ombre.
Que c'était beau...

"Chez moi, tout crime - le meurtre principalement - a des correspondances secrètes avec l'amour." Octave Mirbeau

Et puis il disparaît, c'est à elle désormais d'agir.
Lentement elle s'avance vers le corps inerte de la victime.

Qu'as-tu fait de ta vie et de ta liberté ? Pauvre femme, nous te l'avons rendu.
Et toi ? à regarder cette putain au ventre meurtri, que cherches tu ? Que trouveras tu ?

Ces questions resterons alors sans réponses, car son action commence.
Lentement elle ôte du corps sans vie les quelques vêtements qui la gêne pour agir, ce qu'elle découvre est stupéfiant, elle s'attendait à cette découverte, mais ne l'imaginait pas si... vivifiante.
C'est qu'elle en avait vu des cadavres, mais celui ci était encore vivant d'une certaine façon, le sang continuait de couler, chaud et rassurant. La gauchère place d'ailleurs sa main au centre des écoulements, l'effet que tout cela fourmillent encore la fascine, son regard se pose dans celui de l'assassinée, il était vide mais levé vers le ciel, aucune expression ne venait gâcher la paix qui s'était logé sur son visage, il ne l'avait pas prise pour sa beauté, cela ne faisait aucun doute, il avait du la choisir pour une tout autre raison, laquelle ? Qu'importe.
Il fallait faire vite avant que la chaleur qui attirait tant la dépeceuse ne se retire de la pauvre femme.

Ses gestes alors se font méticuleux.
A l'aide de son foulard, elle lie les chevilles du corps nu devant elle, et étend son corps soigneusement.
Les mains seront son choix premier, la victime les a fines, tout comme elle. Mais sa peau est brune, et ses doigts souillés, souillés de saletés oui mais de perversité aussi, nouvelle nausée, sa main senestre maintient les poignets et de son autre main elle brandit un couteau, et tranche.
Elle tranche, et n'arrête plus, plus...
Jusqu'au moment ou elle se retrouve à nouveau face à ce ventre à l'avenir putride, les plaies disparaissent lorsqu'elle commence à ouvrir l'abdomen, à dépecer...à vider tout cet être du mal qui le compose.

Une fois qu'elle eut terminée, la dépeceuse se relève, sa conscience l'avait quitté durant de longues minutes, mais tout revient désormais et c'est seule et perdue qu'elle cherche du regard son complice.
L_eventreur
Les mains tremblantes, le mantel dégoulinant d'un sang aussi noir que la nuit, les mains poisseuses du liquide vital qui s'était échappé du corps de la catin, il fondit dans l'ombre rassurante de la rue.

C'est alors qu'il la vit arriver. Il aurait du quitter la scène, ne pas risquer de se compromettre, ne pas risquer de la compromettre surtout, mais il n'avait pas pu s'y résoudre. Son regard était happé par cette vision, il était comme hypnotisé par la scène qui allait se dérouler devant ses yeux.

Il la vit alors s'approcher doucement de la dépouille qui gisait au sol, avec des gestes sûrs lui retirer ses quelques vêtements avant que...l'apothéose. Le nirvana. Il faudrait qu'il lui demande si elle n'avait pas, à un moment de sa vie, pratiqué le métier de boucher, tant ses gestes sont sûrs et qu'elle découpe, avec une dextérité impressionnante, chaque membre de la pauvre catin tombée sous leurs coups.

Au bout de longues minutes durant lesquels il se rongea les sangs de la peur qu'elle soit découverte, elle se releva, les morceaux humains gisant à ses pieds. Elle semblait le chercher du regard, il s'approcha donc d'elle, jetta un regard non dénué d'intérêt à ce qui fut, quelques minutes plus tôt, un être humain bien vivant puis l'embrassa longuement, à l'endroit même de leur crime.


--La_depeceuse
[Quelques jours plus tard, Tréguier]

La nuit était douce, le sommeil léger, si léger qu'un seul geste de son aimé eut sitôt réussi à la réveiller.
Il était installé, assis, au bord de leur couche. D'un geste délicat elle caresse amoureusement la courbe de son dos, était il tourmenté ? Pourquoi restait il ainsi, pensif en plein milieu de la nuit ? Tracassée par l'attitude de son homme, la jeune femme se redresse et passe son bras autour de la nuque de celui ci, et dépose doucement ses lèvres au coin des siennes afin de lui donner un baiser.


ça ne va pas ?

Elle n'avait qu'une peur, c'est que leur acte le traumatise, bien que cela lui paraisse impossible, elle le savait fort et capable - tout comme elle - de s'adapter à diverses personnalités, divers sentiments.
La complexité de ces deux êtres ne faisait que les rapprocher davantage et c'est donc sur cette idée d'adaptation de l'esprit qu'elle se redresse et se lève, rassurée.
Il allait finalement peut être très bien, était il plutôt en manque ? d'assouvir cette envie qui chez elle ne cessait d'augmenter depuis cette nuit à Brest ? Ressentait il le même besoin de recommencer ?

Elle était donc face à lui, lui dont le regard semblait ailleurs.
Plus une minute de perdue, nue elle se hâta de recouvrir son corps de vêtements sombres, notamment cette cape qu'elle portait il y a deux nuits, agrémentant sa ceinture de divers accessoires qui pourraient lui être utiles dans quelques heures.

D'un geste déterminé, elle lui tend la main, la même qui avait su caresser et aimer longuement le corps de son amant après avoir tué et dépecé celui d'un être méprisé.
L_eventreur
Le sommeil peinait à le gagner. Il était obsédé par leur geste, obsédé par ce sentiment, inédit, qu'il avait ressenti. Il n'y avait rien de plus exaltant au monde que d'ôter la vie. Rien de plus...puissant.

Malgré tout il saisissait l'horreur de ce qu'ils avaient fait. Il savait que la pauvre femme, toute catin qu'elle était, avait une famille, des amis. Mais il ne pouvait oublier la facilité avec laquelle la lame s'était enfoncée en elle, il ne pouvait oublier la douce chaleur du sang sur ses mains et le regard à la fois désespéré et surpris de la femme.

Il était dans leur chambre, sur leur couche. Son amante, devant lui, nue comme au premier jour, d'une beauté à couper le souffle. Elle s'apprêtait devant lui, mettant à sa ceinture des outils qui ne laissent planer aucun doute sur ce qu'elle voulait qu'ils fassent.

La voyant faire, un sourire illumina son visage. Le message était clair et il l'acceptait volontiers. Il s'habilla de même et lui prit la main qu'elle lui tendait. Ils étaient à nouveau réunis pour leurs sombres desseins.


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