pom pom popom... Faire court... Surtout faire court.
- Mesdames... Messieurs... La Cour... Je suis Izaac Dusalève bourgeois genevois et plusieurs fois bourreau à la diète. Une ou deux fois procureur aussi. J'ai participé à l'élaboration de la proposition confédérale votée ensuite par les cantons qui fait que le
juge du conseil des Douze est devenu le bourreau des verdicts des juges souverains des cantons. Comme on est civilisé dans les alpages, Schwyz, Grandson, Genève, Fribourg et Sion en ont fait également le président d'une cour d'appel helvétique, chargée de réviser les verdicts, des fois qu'un condamné ou qu'un canton se sentirait floué. Les cantons qui manquent préfèrent ignorer la cour d'appel et règlent leurs affaire directement entre le bourreau et leur juge. c'est le cas de Lucerne dans l'affaire Syrilla. Ils trouvent que la cour dappel est une atteinte éhontée à leur souveraineté. Ce qui dans les faits, ne serait pas faux si la coutume navait permis de limiter le domaine d'intervention de la cour d'appel aux seuls verdicts qui outrepassent la charte du Juge : les organes de justice du conseil des Douze s'interdisent ainsi de juger du bien fondé de telle ou telles accusations dans les cantons. Simplement, elles se garantissent de subir les foudres du Ciel et Déosadmin.
Il est arrivé plusieurs fois que des verdicts cantonaux soient franchement glissant... Et sur le billot, ça peut devenir gênant. Nos frères bourbines ont souvent la main très lourde en matière d'amende. Or, tout écu prélevé en amende est perdu pour les royaumes et n'enrichit certainement pas les caisses de la confédération. Et la charte du juge impose au juge d'avoir la certitude en son for intérieur, que le condamné dispose de la somme en inventaire. Allez faire rentrer cette idée là, dans la tête d'un gars d'outre Sarine. Lui, il voit, "t'as piqué ma caisse, je te fiche ma caisse en amende". C'est comptable et terriblement germanique. Si d'aventure le vilain est polonais ou grec, c'est même pas la peine... L'investissement productif, le frère bourbine, il ignore. Il cherche même pas à récupérer une partie du butin en amende sur le marché, nan, il tranche sur le billot. Bref, quand vous êtes welche comme moi, ben vous êtes plus... nuancé et surtout pragmatique. Donc, comme le Bourreau, même welche, il n'est pas Imperator quand même, ben, ça passe par la cour d'appel. Le proc du conseil des Douze, il observe la requête en appel, il voit si franchement on a abusé du côté du canton et il fiche tout le dossier au bourreau qui devient président. Hop ! Lui, il invite des potes quil fait juges dappel, histoire de pas picoler tout seul devant les chiffres en tallers, et il révise. Mais pas en Majesté ! On est pas français à la mode Louis Vonafred ! on est helvète, lent d'accord mais neutre et propre. La Charte du Juge et rien d'autre.
Du coté de l'affaire Syrilla, le juge de Lucerne avait eu la main un peu lourde. Comme Lucerne voulait pas entendre parler de la cour d'appel, la mairesse m'a dit... oui, j'étais bourreau à l'époque... de faire comme je voulais. C'était grosso modo la veille de l'élection du conseil actuel. J'ai laissé le machin à mon successeur, qui a fait... comme elle voulait mais en pire. A Lucerne, on voulait quand même lui ficher 6 jours de cachot à la bougresse qui leur avait fait la caisse. Ben nan, la bourreau, dame Carine, elle a fiché 4 jours je crois bien et une amende dérisoire, même du point de vue welche, cest pour dire. A Lucerne, on a été un peu fâché mais on a ignoré. Les bourbines ont tendance à penser qu'au Conseil des Douze, y'a que des welches donc de toute manière, ce sont des incapables. C'est un peu comme entre welches.. C'est toujours de la faute de Genève. C'est comme ça, on y peut rien, ce sont des emmerdeurs. Ben les bourbines et nous autres welches, c'est pareil. donc, Lucerne a laissé péter.
Pour l'autre affaire, là, c'est plus curieux. Le verdict du juge Delamisère était tombé. Le petit Tibère a même pas eu le temps de saisir la cour d'appel que le bourreau appliquait un verdict tout autre sans même le justifier. Moi, perso, ça m'a rappelé la France. Je vous ai raconté que j'ai passé neuf mois sur les bords de la Loire, l'an passé, juste pour étudier les murs françaises et les choses de la justice de là-bas ? Et bien [...]
La Cour a dit court...
- Une autre fois peut-être ?
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P4. Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière