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[RP] Soyez prêtes ! *

Matalena
Le poing replié, accolé au bois de la porte.

Deux jours déjà que les voyageurs avait pu poser leurs respectifs et plus ou moins respectables séants icelieu. Considérant que les d'Assay recevaient aussi peu de visites que nones recluses en vœux de silence, ce débarquement d'inconnus n'avaient pas manqué susciter la curiosité maladive des mouflets. Coulant des regards sous leurs cils ("On ne dévisage pas les gens ! Vous voulez une baffe pour apprendre les bonnes manières ?!"), les questionnements et missions d'espionnage allaient bon train. A l'exception d'un petit merle chanteur, qui ne chantaient plus guère ces jours derniers, et se faisait même plutôt discret.
On ne berne pas un enfant, instinctivement si ce n'est intellectuellement. L'arrivée providentielle de ces personnes après les différentes explications sur une prochaine rencontre avec sa mère n'était point un lien difficile à formuler... Et avec elle, une volonté de savoir, rencontrer enfin cette inconnue dont on lui parlait tant.


"Pourquoi tu ne vis pas auprès de tes parents ? Et bien, parce qu'ils sont dans une situation complexe, vois-tu. Il leur faut du temps pour décider de la meilleure façon de t'élever. En attendant ta mère t'a confié à moi parce qu'elle me fait confiance, qu'elle sait que je ferais de mon mieux pour te donner une bonne éducation, et beaucoup d'amour. Elle me demande de tes nouvelles tu sais ? Elle viendra te voir, un jour, bientôt. A ce moment là, tu partiras vivre dans un plus grand domaine, avec plus de serviteurs. Ta mère est très titrée, comme je te l'ai appris, et mariée avec un monsieur très noble lui aussi."


La jeune femme soupira intérieurement, serrant dans ses doigts durs et froids la petite main potelée de l'enfant.

"Bien sur que si, tu pourras revenir nous voir. Nous en parlerons avec Maleus, mais il est également possible que nous venions te rendre visite de temps en temps, quand nous n'aurons pas trop de travail. Tu sais, je suis vassale de ta mère, ça veut dire que nous sommes liées, que nous avons des devoirs l'une envers l'autre, que nous nous sommes engagées devant Deos. Oui, un peu comme un mariage. Alors on ne sera jamais vraiment séparés."

Elle ne pouvait nier une certaine peur. Une boule froide dans ses tripes qu'elle tentait de réprimer au mieux, se sentant coupable d'un tel sentiment. Mais qu'y faire ? Cela passerait. Pour l'instant, il importait que l'enfant ne perçoive rien qu'une présence apaisante à ses côtés. Ses doutes, le sentiment de déchirement qui lui étreignait le cœur, tout cela ne devait pas être. En penchant la tête, elle le baisa sereinement sur la joue.

"Non. Je suis sure que nous t'avons élevé ainsi qu'elle l'aurait voulu, alors sois comme d'habitude et tout ira bien. Mais si, elle t'aimera... Elle t'aime déjà tu sais, même sans te voir. Tu vas lui plaire, et elle aussi te plaira, il vous faut juste apprendre à vous connaitre."

La réformée appliqua quelques coups sur la porte afin de signaler leur présence. Il lui paraissait percevoir l'angoisse d'Agnès, coulant de son siège sur le parquet, et du parquet sous la porte, jusqu'à remonter le long des jambes de sa vassale. Elle replaça les quelques boucles qui ombrageaient le front du garçonnet, dégageant ses yeux d'ambre chaud grands ouverts.
Il y avait eut des hauts, des bas. Préparé à cet instant depuis toujours, la réalité soudaine de ce qui n'avait jusque là été que mots avait suscité des réactions imprévisibles, joie, peine, cris, enthousiasme mêlés, s'alternant au gré des humeurs instables du petit. Morrigan avait pleuré, cachée dans les tours, Aëronn froncé les sourcils, bouche pincée. Mais le temps fait prouesse sur les jeunes esprits, elle n'en doutait pas.
Se balançant d'une jambe sur l'autre, le petit être semblait hésiter entre trépigner d'impatience et s'enfuir, aussi entrèrent-ils, mettant fin à l'abstrait.


Agnès ? Je vous ai apporté des confitures et des galettes, vous plairait-il que nous goutions ensemble ?

Elle sourit, la donzelle. Elle sourit et adresse un léger clin d’œil à son amie, celle dont elle partageait tant d'intimité, de moments capitaux, sans avoir besoin de les mettre en paroles.


* Scar, Le Roi Lion

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Gnia
Après quelques soirs de bacchanales saumuroises auxquelles avait activement participé la Saint Just et ce, depuis qu'elle avait posé pied en sol angevin, l'austère sérénité du castel de Bassauges était ressourcement précieux. Quand bien même l'activité frénétique et éthylique de la bonne ville était une sirène à l'appel de laquelle Agnès n'avait aucune envie de rester sourde, elle était venue jusqu'ici pour mener à bien une affaire d'importance qui ne souffrirai guère plus de retard.

Profitant de la calme routine de la vie du domaine, Agnès s'était penchée ce matin là sur ouvrage héraldique, dessinant esquisses et achevant de broder oriflammes tant pour en faire présent que pour dépoussiérer une habileté qu'elle n'avait pas pratiqué depuis un trop long moment.

Le coup frappé à l'huis rompit le recueillement, et un étau d'angoisse lui enserra instantanément la poitrine.
Agnès dans toute l'étendue de ses complexités. Sans couardise devant les plus risqués des affrontements, et tétanisée de peur devant ce qu'elle avait elle-même enfanté.
Affronter ses propres démons restait moins aisé que combattre l'Enfer entier.


Sourire crispée à la Sombre quand elle entre.
Un regard qui n'ose se poser sur la tête brune qui l'accompagne.
Une profonde inspiration en piètre tentative de reléguer ses craintes là où elles se feront moins sentir, à défaut de les chasser.


J'en serai ravie, Matalena.

Puiser au plus profond de ses entrailles la force de poser les azurs curieux sur l'enfant qui l'accompagnait, son enfant, et d'ajouter

D'autant que nous avons là visite d'importance qu'il nous faut fêter.

Ou comment il est possible d'avoir plus d'effroi à l'idée de rencontrer son sang que de tenir tête aux puissants.
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Lonan



De ce que Lonàn en sait, les mères ont le sein rond, tout blanc où éclot une rose en son bout, fleur gorgée de félicité qui apaise les ventres creux et les cœurs navrés.
Elles ont aussi des yeux derrière la tête cachés par une touffe de cheveux, et peuvent même voir à travers les murs sinon comment expliquer cette faculté à être au courant de toutes choses. Don couplé avec une ouïe de chat, ceci élucidant cela.
Elles possèdent aussi ces femmes-là, le pouvoir de tarir les chagrins dans leurs bras tendres et de faire naître des larmes quand durement la main s’abat sur la charnure du séant ; elles restent penchées à toutes heures diurnes et nocturnes sur les fronts fébriles, les bronches toussoteuses et autres intempéries et de leurs baisers suaves, de leurs sourires inquiets calment tous les maux.
Elles sont vertus de patience et sans lassitude instruisent, grondent, encouragent, aiment tout à plein.

De ce qu’on lui a dit, ni Louise, ni Matalena ne sont sa maman et pourtant mères, elles le sont.
Longtemps, cette génitrice qu’on nomme mais qu’on ne voit pas, l’interpelle avec beaucoup de pourquoi et de peut-être.
Ni odeur, ni voix, ni visage à raccrocher dans la galerie des souvenirs d’un petit Merle dans la case « maman ».
Pourtant on ne cesse de lui dire, ELLE viendra, bientôt, ELLE s’enquiert de lui, Elle l’aimera…
Mais tous ces mots sont bien jolis, encore faut-il leur restituer une réalité qu’il ne peut y placer.
On est pas bien haut, on n’est pas bien grand quand trois ans sont toute notre vie.
Alors « bientôt » c’est loin… et « Elle » c’est abstrait…

Jusqu’à ce jour de grand chambardement, où des étrangers accompagnants celle qui tient lieu de mère se présentent au domaine à grand renfort de chevaux faisant battre les longs cils noirs du petit bâtard et le cœur de liesse.
De prime, une grande joie à revoir Matalena et tous ces cavaliers qui viennent animer le sombre nid de leur voix et de leur présence.
Bien vite l’esprit aiguisé fait le rapprochement entre ses évènements et les propos sur cette maman invisible qui ce sont amplifié ses derniers jours.

Et l’oiseau se tait…
Ce qu’il n’a pas pris en considération dans sa curiosité à l’encontre de cette mystérieuse enveloppe qu’est sa mère c’est son départ proche.
Il va quitter tous ceux et tous ce qu’il connait dans ce monde, son abris, sa seule famille et les yeux de Morrigan, le parfum de sa chevelure de jais ; les jeux de chevaliers et de dragons avec Aëronn, les doux bras de Louise, les regards tendres de Matalena…
Qu’a-t-il fait de si damnable qu’il doive s’en aller ?
Est-il puni à cause de la grosse armure qu’ils ont fait tomber à grands fracas dans la salle d’armes ? C’est pour cela qu’on ne veut plus de lui en ce lieu ?
Maleus ne l’aime pas, c’est sûrement lui qui le fait chasser, lui et son œil tout seul qui fait peur.

La main potelée se resserre sur les doigts de sa protectrice, les billes d’ambre remontent jusqu’au visage qui se veut rassurant, les lèvres enfantines se pincent. Il aimerait lui demander si elle aussi ne l’aime plus pour qu’elle l’abandonne à sa déconnue matrice.
La porte s’ouvre.
Enfin !
Les paupières papillonnent un instant sous l’effet de la lumière avant de poser ses pupilles sur la présente, l’avidité de mettre un visage sur une appellation se fait plus pressante que toutes angoisses de départ.
De grands yeux s’ouvrent sur l’inconnue pour en capter l’essence de cette icône, de cette chi-Mère, le moindre détail est dévoré de son regard d’enfant.
Son « ELLE » est là !
Deux étrangers, effrayés l’un de l’autre qui pourtant tentent entre deux dérobades de s’apprivoiser en silence.
Il paraît que l'enfant reconnaît sa mère à son sourire*.
Et si c’était vrai ?



*Virgile
Matalena
S’effacer. Devenir transparente. Quelle autre solution reste-t-il ? C'est ce qu'elle était amenée à être, dans tous les cas. L'ombre d'un souvenir, celle qui "n'a jamais vraiment été". Une passade lointaine dont le jeune homme qu'il deviendra se souviendra si peu. Alors tout ce qu'il reste à espérer, c'est que ces impressions, ce délicat éphémère qui sépare l'enfantelet de l'homme fait sera paré de douces couleurs, de tendres évènements qui battissent des êtres forts, stables, et taillés dans le marbre : ceux qui savent, au plus profond d'eux-mêmes et quoi qu'il puisse advenir, qu'ils ont été aimés un jour, sans réserves ni faux-semblants. Elle ne bouge plus, la réformée, fixe sur le sol ces pupilles noires qu'il lui coute trop de ficher ailleurs, les cils baissés sur son regard d'encre devenu trop expressif. Elle attend quelques minutes, suffisamment pour que Lonàn se gave tout son saoul de ce nouveau visage, le dessine et le grave dans la gibecière de sa mémoire comme faisant désormais partie de lui.
Puis elle fait doucement quelques pas, au rythme de l'enfant, ne désirant pas le brusquer. Oui, tu peux t'approcher. Ta mère ne va ni disparaitre, ni mordre, regarde : elle est bien là. Et de s'asseoir, aider le petit d'homme à monter sur une chaise, commencer à tartiner de la confiture sur une petite galette avec application. Trouver de quoi parler, car elle est ici à la fois médiateur et bourreau. Satisfaire les deux appétits en présence sans les effrayer, sur un ton badin et calme.


Oui vous avez raison. Goutez un peu de ce vin chaud, il a été préparé aux épices de la région, vous allez voir, ça réchauffe le cœur et l'âme. Vous savez que nous avons acquis de ces chevaux durs à la tâche et courts sur patte ? Les enfants s'entrainent et jouent avec régulièrement, et Lonàn est fort dextre à ces exercices.
Détailler les êtres en peu de mots, ouvrir la voie, lancer des ponts.
J'ai ouïe dire que vous affectionniez vous-même beaucoup ces bêtes, et que vous en aviez quelques races inconnues de moi et très belles, est-ce vrai ?
Tendant une petite assiette aux deux présents, occuper leurs mains à défaut des esprits.
Et qu'en est-il de votre petite fille ? Il nous la faudra présenter plus avant, à l'occasion. Comment se passent vos leçons ? Vous les faites toujours ensemble ?
Oublier, surtout oublier que l'on saigne, et que ça ne compte pour rien, car tout ce qui compte alors, c'est de préserver le petit être.
Vous avez remarqué comme le chemin fut rapide depuis votre maisonnée à Toulouse ? Et nous n'avons croisé aucun brigand, c'est fort bien : nous ne sommes pas si éloignés finalement.
Et de laisser sa main gauche crochetée à celle du petit oiseau, qui saurait la lâcher quand il n'en ressentirait plus le besoin. Parler pour combler le chant enfuie de l'oiseau, et se taire, enfin.
Écoutes sa voix, mon aimé. Examines-la donc. Elle est femme, vois-tu ? Différente, mais bien réelle. Nous faisons certaines choses de la même façon, car nous sommes proches, elle et moi. Tu n'as pas à avoir peur. Je t'aime toujours, je t'aimerai toujours, mais tu sais, la loi du sang ne peut être ignorée. N’oublie pas tout, je t'en prie, n’oublie pas tout dès que tes pas sortiront de la cours... Que de choses que l'on pense. Les véritables, celles que l'on devrait dire. Que l'on dira peut-être, dans le secret des draps, avant d'aller au lit, quand les triplets ratés échangeraient leurs secrets du jour, et tireraient des conclusions qui n'existeraient qu'entre eux. Qu'aucun adulte, jamais, ne saurait.
Levant la tête vers Agnès, elle lui adresse un sourire encourageant. Joue le jeu, Agnès, joue le jeu, puis parle-lui. Il t'a tellement attendue.

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Niria_helene
[Comme un cheveu dans la soupe. ]

Une silhouette chétive qui erre dans les sombres couloirs du non moins austère Castel de Bassauges, en quête de quelquechose à se mettre sous la dent. Petits petons nus sur la pierre, un simple châle de laine recouvrant sa trop légère robe de nuit. Étonnant à cette heure avance de la matinée ma direz vous ? Certes, mais c'est qu'elle a profité de la tranquillité du petit matin pour s'éclipser de sa chambre, espérant ainsi repousser le pénible moment "toilette matinale-démêlage de noeuds-habillage" de sa nourrice.

Une mini Saint Just en mode rôdeuse.

L'ennui la ronge chaque jour un peu plus depuis leur récente arrivée en Anjou, interdite de sortie en ville sans la présence d'un chaperon ou de sa Comtesse Mère, laquelle ne s'extirpe de son lit que bien trop tard dans la journée pour la fillette. Les consignes de prudence ont pourtant été maintes fois répétées, assénées, mais cela sans compter sur la très mauvaise volonté de la trop curieuse petite Dénéré. Et puis y a pas à dire, entre les gentils méchants, les méchants gentils, les moustachus rouges gentils, les moustachus rouges méchants, les bretons qui font pas peur, les colosses qui font peur ... Elle y perd son latin (qu'elle ne maîtrise d'ailleurs pas) la gamine.

Mais revenons en à nos moutons !

Ses pas, naturellement, la dirigent vers la chambre de sa mère, comme si d'instinct Niria pressentait que c'était "THE place te be". Soudain, un bruit vers la droite et le souffle de la fillette s'arrête alors qu'immédiatement elle s'accroupit derrière une armure, abri salutaire s'il en est, se tapissant dans l'ombre.

C'est que même en plein jour, on n'y voit rien dans ce château ! Quelle idée de n'avoir percé que des meurtrières et non de véritables fenêtres ... Une vraie prison cet endroit. Plissant les yeux pour parvenir à distinguer qui se présente à la porte de la Comtesse, l'enfant se cripse un peu plus comme elle reconnaît la maîtresse des lieux, tenant à la main un gamin haut comme trois pommes.

Le petit nez aquilin se fronce comme déjà des centaines de questions assaillent le cerveau trop imaginatif de l'enfant.

Que font-ils là ?
Pourquoi le bambin n'est-il pas avec les jumeaux ?
Qu'est ce qui va se dire derrière cette porte ?
Que lui cache-t-on encore ?

Les secrets sont par trop nombreux autour d'elle, comme cette soi disant soeur jumelle dont lui a parlé Sancte et dont elle n'avait jamais parlé à sa mère, préférant se persuader qu'il s'agissait là des divagations d'un vieil ivrogne et enfouissant cela au plus profond d'elle même.

Une seule solution pour avoir enfin des réponses !

La porte à peine refermée sur la Ladivèze et son pupille et déjà Niria est derrière, oreille collée contre le bois.

Dans la famille 7 nains, je demande "Curieuse" !


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Gnia
Réchauffer le coeur et l'âme.
Si un vin brûlant aux épices avait ce pouvoir. Si les yeux de miel d'un enfantelet pouvaient réchauffer un coeur laissé dans un caniveau et une âme à peine distinguable qu'il faille plisser les yeux pour la discerner.

Et Agnès de se laisser bercer par le babillage de la Ladivèze, se prêtant même au jeu, distraite.
Oui, elle prendra volontiers du vin.
Ah les poneys, merveilleuses petites montures qui font briller les regards d'enfant. Elle a d'ailleurs demandé à une sienne accointance d'en acquérir deux paires lors de son voyage en Ecosse.
La mignote Niria et sa curiosité sans borne qui lui fait apprendre sans peine et la pousse à tout vouloir savoir. A se demander de qui elle tient.
Oui da, Tolosà n'est pas si loin d'Anjou et évidemment que l'on y reviendra.

Et les sombres azurs de ne pas quitter la bouille appliquée à son étalage de confiture. Preuve vivante qu'un jour elle a aimé. Mal, certainement, mais a-t-elle jamais su aimer ?
Un battement de cil, la lèvre inférieure que l'on mordille et l'abandon.


Lonàn, mon fils, voudriez-vous venir dans mes bras ?

Que je sache si je peux aimer le fruit de mes amours, si ton odeur ravive ou apaise ma douleur, si tu me pardonnes mes errances et mes erreurs, si mon destin est irrémédiablement lié au tien, si comme on le raconte maternité est instinct ?
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Lonan.


Point de chant encore pour le petit Merle, il lui faut du temps pour que ses yeux transmettent la réalité encore impalpable à son cœur battant.
Sa mère a des cheveux, des yeux (deux !), une bouche, une voix, rien de plus commun en somme, mais cette banalité-là se revêt de sublimité pour l’enfantin regard d’ambre.
Il a beau essayé de se concentrer sur sa galette, le drolissou a toutes les peines du monde à garder ses billes curieuses sur sa tâche, et se tartine allégrement les doigts de confiture à force de voler de-ci de-là quelques images à engranger dans sa mémoire encore neuve d’elle.

Lonàn reste son bec coi durant la conversation qu’entretiennent les mères, il s’est assez pris de tapes derrière la tête pour lui rappeler que quand adultes causent, petits se taisent.
Néanmoins les écoutilles sont bien ouvertes.
Combien font deux paires ?
Toux-Loup (certainement un endroit où les loups attrapent des courants d’air à les rendre toussoteux) n’est pas trop loin… la bouille se froisse d’une réflexion intensive, c’est combien de fois loin par rapport à Saumur ? C’est peut-être pour ça qu’il faut deux paires de poneys pour aller plus vite…
Pensée bien vite laissée en berne par l’appel matriarcal.
Les longs cils noirs se relèvent dans une moue surprise que la juvénilité des traits ne peut celer, sa poitrine toque fortement de la peur de mal faire, de ne pas plaire et surtout de cet inconditionnel amour qu’a chaque enfant pour leur mère et qui ne souffre d’aucun ressentiment.
Affolé, les boucles s’agitent lorsqu’il jette des regards piteux à ses doigts, la voix flûtée sort enfin de son bec, timide et fluette.


« Mais je vais vous salir ! Ma…
on hésite… Dame »
Matalena
Quitte à les aimer, les mômes, autant les fabriquer. Au moins, ceux là, ils attendent un peu avant de se faire la belle et trouver quelqu'un pour éclipser en un quart de minute des années d'attention. Son ongle jouant sur le bord de la table, la d'Assay se mordilla la lèvre, tentant de réprimer l'amertume qu'elle sentait poindre aux abords de son humeur. Déplacée, stupide, là encore. Le souvenir d'un petit rouquin qui l'avait plantée, autrefois, mais pour Finn, lui. Chacun le sien, les poules seront bien gardées. Sourire. Claque mentale. Il était temps de couper les liens et reprendre ses esprits.
De la petite souris dissimulée derrière la porte, la Sombre n'a rien perçu. Trop furtive la maligne, trop concentrée la réformée. Mais comme le dialogue s'engage enfin entre les intéressés, elle se la boucle. Boucle le fil de ses pensées sur ses élans du cœur, si irrationnels mais surtout pathétiques. Et la boucle bouclée, laisse divaguer le fil de ses pensées sur un terrain vague, doux et grisâtre comme un nuage de brune, dont elle serait bien en peine de décrire la teneur si on l'avait interrompue en route.
Distraitement, la jeune femme souffle sur son vin, le sirotant à petites gorgées.

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Gnia, incarné par Saanne



A la réponse de l'enfant, le sourcil se hausse, surpris. La Saint Just coule alors un regard amusé à la Ladivèze qu'elle découvre alors bien sombre. Le front se plisse, tâchant d'en comprendre la raison. Le regard revient sur Lonàn et la réponse se fait évidence.
Des dangers de nourrir au sein, probablement.
Agnès s'est bien gardé de ce lien, se contentant de faire le deuil de chacun des enfants qu'elle a mis au monde à l'instant même où ils ont poussé leur premier cri.
Ou comment se défaire par prudence d'une affection qui peut blesser plus tard. Ces petits êtres sont si fragiles. Pourquoi donc s'attacher outre mesure à une petite chose qui ne passera peut-être pas le prochain hiver ?

Tout en se confortant dans le bien fondé de la rationalisation systématique de sa façon d'appréhender maternité, la Saint Just sort un mouchoir de fine baptiste de sous la chainse qui couvre son parpal et se saisissant avec délicatesse des menottes de Lonàn, entreprend d'en effacer précautionneusement toute trace de confiture poisseuse, comme autant de barrières édifiées que l'on fait tomber.

Esquissant un fin sourire et toujours penchée sur la tête brune, la main nerveuse repose le mouchoir collant sur la table et hésite. Les doigts se glissent enfin dans la forêt de boucles, timides, empruntés.
Sur le ton de la confidence, la voix rauque à l'indécrottable accent picard demande


Et qu'en dites-vous à présent ?
Lonan



Douce félicité de ces instants où l’on existe dans le regard maternel, les doigts potelés se laissent charmer par les mains de la Saint-Just. Mirettes qui détaillent de tout son saoul l’ovale de son visage tant de fois imaginé.
Et pourtant il est tenaillé, inquiet, petit Merle; présent et futur s’empiètent dans son grêle poitrail. La bataille entre ce qu’il a rêvé et ce qu’il connait intiment se mène cruellement dans cette caboche bouclée.
Adonc le tendre miel coule sous ses paupières jusqu’à celle qui fut mère bien plus que tout autre, cherchant dans les billes sombres le tacite accord de se fondre contre celle qui lui fut promise depuis si longtemps.

Un petit rire aux accents encore timide éclot dans sa gorge lorsque les doigts de sa maman se perdent dans la jungle de ses boucles rebiquées.
Le sourire ne tarde pas à poindre sur sa bouche enfantine, chassant ses craintes d’un revers joyeux dû à son caractère enjoué.


« Je le veux bien. Si-vous-plait-ma-dame… »

Prime étreinte maladroite où les minuscules doigts cherchent à se poser sur cette nouvelle réalité, l’illusion n’est plus, le fantasme se fait tangible en cet instant.
Puis comme happé de cette longue attente, le petit corps épouse doucement celui de sa mère comme une plume de Merle légère.
La tête enfin ploie contre l’abri que lui offre sa poitrine, Lonán s’abandonne sur les terres de la Saint-Just d’habitude si inhospitalières, respirant à plein ce parfum qui lui semble familier.


« Votre cœur y parle à mon oreille »

Qu’il dit de toute son innocente simplesse, la voix douce et refermant sur le monde ses paupières.


_________« Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid,
_________Les yeux sur ton profil, je songe à l’infini... » - Albert SAMAIN
Matalena
Songes donc, va. Ça ne fait jamais de mal, de songer. Enfin, il parait.
La Ladivèze, ou de quelque manière qu'on souhaite l'appeler, se sentait définitivement de trop. Une sorte de tampon de protection en cas de débordements, de prétexte, d'accord tacite, enfin quoi que ce soit du genre. Et pourtant sa présence semblait exigée, au cas où un des protagoniste panique, par exemple ? Un truc de ce goût là. Mais à ce stade, et comme les choses semblaient s'engager sur la bonne voix à une vitesse non négligeable, la jeune femme souhaita s'accorder le luxe de quelques minutes de répits, et les leur accorder aussi au passage. Pas besoin de spectatrice pour des effusions d'amour filial avec conversation de cœur à oreille.


Je reviens un peu plus tard, je vous laisse discuter.

Expliqua-t-elle, pas trop fort histoire de ne pas briser le moment de l'étreinte et économiser sa voix enrouée, avec un léger sourire à la cantonade. Se reculant à pas de velours, elle posa ses doigts sur la poignée de fer, ouvrit la porte, et...
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Niria_helene
Lonàn, mon fils ...

Lonàn, mon fils ...

Lonàn, mon fils ...


Mais ...
Que ...
Comment ...

Non !!

Impossible, elle a mal entendu, elle a forcément mal entendu.
Son fils ?
Le fils de sa mère ?
Son ... frère ??

Non ...

Niria esquisse un mouvement de recul, plaquant d'instinct sa petite menotte sur sa bouche pour contenir le cri de surprise qui menace de s'en échapper.

Pourtant elle parvient, pour son plus grand malheur, à entendre la suite :

... voudriez-vous venir dans mes bras ?

C'en est trop !!
Ces mêmes bras maternels, trop souvent désirés, tellement peu offerts que la fillette n'en garde que de trop rares souvenirs.
La tendresse de SA mère pour ce moins que rien, ce fils de personne ...

Ce n'est pas possible ...

Le temps semble s'être figé pour la petiote soudain devenue grande, comme elle a glissé sur le sol, agenouillée désormais, et de grosses perles salées perlant sur ses joues.

Pourquoi ...

Sous le choc, elle ne se méfie plus, ne fait pas attention à cette poignée qui s'abaisse.

La porte s'ouvre alors, tandis qu'elle relève son regard noyé de larmes vers la Ladivèze.

Les iris bleutés se durcissent comme rarement, les poings se crispent sur la robe de nuit comme les mots sifflent entre ses dents.


Je vous déteste !
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Matalena
Premier réflexe : Lever les yeux au ciel en soupirant devant le second rejeton Saint Just, débarqué histoire de compléter le tableau.
Première réplique : "TA GUEULE ! Y'a pas de raison que j'sois seule à douiller !"
Mais on ne fera pas cela, et on ne dira pas ceci. Rien de tel pour vous ramener à la réalité des choses qu'une bonne crise au milieu du couloir. La jeune femme, de prime décontenancée par cette présence et entrée en matière imprévues au programme, se ressaisit avec la rapidité qu'elle mettait aux décisions de guerre. Agnès et son fils venaient juste de se découvrir. Passé le goût saumâtre que les niaiseries si vite échangées lui laissait en bouche, l'instant était encore trop frais et fragile pour pouvoir encaisser sans fracas ce torrent de larmes féminines. Mais en parlant de choc, la brunette accroupie par terre n'en menait pas large non plus. Conclusion : intervention immédiate afin que tout ne parte pas en eau de boudin salé.
La réformée tourna la tête vers sa suzeraine et lui dit :


Restez ici avec Lonàn je vous prie, nous arrivons dans quelques minutes.

Sur le ton dont elles usaient l'une envers l'autre quand politesses de cours n'étaient point à l'ordre du jour. Sans attendre de réponse, elle referma la porte sur les deux protagonistes. Doucement mais fermement.
Observation.
Elles se sont vues, déjà. Durant le trajet où la métisse escortait jusqu'à sa demeure angevine. Mais parlé ? Guère. Pourtant, c'est d'un ton précis et sec que la brune usa pour s'adresser à la petite Saint-Just. Celui qu'on donne aux femmes faites, pas aux enfants blessés.


Dame Niria. Je sais que vous n'avez rien d'une gamine gâtée, ressaisissez-vous, je vous prie, ce comportement n'est pas digne de vous.

Et d'enchainer plus doucement, sans laisser de place à la réplique...

Nous allons parler quelques minutes vous et moi, si vous le voulez bien. Je me tiens là pour répondre à certaines de vos questions, de vos accusations si besoin. Lorsque vous serez redevenue maitresse de vous-même, vous pourrez aller voir votre mère pour entendre de sa bouche ce qui doit l'être. Avons-nous un accord ?

Ses vastes yeux noirs, si sombres qu'on en distinguait pas l'iris, cherchaient à confronter le bleu de leurs vis-à-vis. Patiente et bien droite, elle attendit une réaction qui, sans doute, ne se ferait guère désirer.
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Gnia, incarné par Niria_helene



Et blotti dans son giron, son enfant.
Oh que oui, son coeur parle à son oreille. Il palpite tout son saoul, profitant d'une liberté qu'on ne lui laisse presque jamais. Il cogne fort, comme pour rappeler qu'il est là et que chacun de ses battements est un instant de vie qui passe et ne reviendra pas. Il frémit, s'insurgeant qu'on le pense perdu alors qu'il est bien là et qu'on l'étouffe.
A escient.

A la retraite de Matalena, se lève un regard trouble que l'on ne reconnaitra jamais comme embué d'émotions contradictoires. Un mot, simple, articulé en silence.
"Merci."

Le temps d'une profonde inspiration, et un verdict sans appel qui tombe, rompant l'éphémère magie de l'instant. La Saint Just sursaute légèrement, et la coquille qui s'était livrée se referme, soudainement.
Le visage troublé n'a que le temps de livrer son désarroi à la Ladivèze que celle-ci monte déjà en première ligne.
Silence dans la chambrée, si l'on exclue le palpitant emballé qui s'échine à vouloir frapper, et au dehors les voix étouffés.

"Laissez au placard la dureté que vous portez si bien."
La ligne danse un instant devant ses yeux clos, tâchant d'apaiser tant bien que mal un malaise grandissant.
Et comme s'il était transmissible, Agnès s'écarte de son fils blotti contre elle. Plongeant un regard indécis dans le sien, elle se mordille un instant la lèvre avant d'enfin se résoudre à parler.


Je voulais que vous me présentiez vos frère et soeur de lait... Mais visiblement, il va me falloir d'abord commencer par vous présenter votre soeur... Elle semble en colère car je ne l'ai pas fait avant...

Si c'était si simple...
Si la vie n'avait pas voulu que j'éloigne de moi ce que je sais me faire mal, pour qu'en retour et en leçon douloureuse, les exilés se fassent entendre avec violence.
Si seulement, le Très Hauct dans sa divine miséricorde avait voulu que ce ne soit là qu'une leçon unique et qu'il conclue ici son enseignement.
Mais non, plus dures sont celles encore à venir, je le sais, j'ai plus gravement fauté, et me pliant humblement à Sa volonté, il ne me reste plus qu'à écouter.
Et apprendre.


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Niria_helene
"Dame Niria".

D'ordinaire la gamine se serait fendu de son traditionnel : " Mais je ne suis pas une dame moi, je suis Niria, juste Niria".

Mais pas aujourd'hui ... Pas ici.

Se remettre debout.
Faire front.
Relever fièrement le menton tout en gardant les yeux ancrés dans ceux de la Ladivèze.

Pas un regard ne sera accordé aux occupants de la chambre, ni pour cette Mère qu'elle ne (re)connaît pas, ni pour ce bâtard qu'elle ne souhaite pas connaître.

Affronter celle qui en cet instant représente l'ennemie. Voilà le seul objectif.

Ainsi dont elle veut parler ?
Seulement voilà ... Niria n'a absolument rien à dire, et néanmoins tant à entendre.

D'un geste rageur, la fillette passe le revers de sa main sur ses mirettes humides, reprenant contenance et séchant ses larmes. Reniflant une dernière fois comme pour ravaler cette profonde blessure à l'âme et au coeur, elle croise ensuite ses petits bras devant elle, se tenant droite comme un i.

Morveuse envolée. Mini Saint Just en attente.


Je vous écoute.

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