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[RP] Que "La Prinzessin" soit bénie !

Actarius
L’aube du XVIIIe jour d’octobre avait cueilli un Euphor déjà bien actif. Il avait abandonné son hostel pour le port où il supervisait l’embarquement de nombres de marchandises. Cordages, bois, voiles de fortune pour faire face aux avaries, de la poudre et des armes pour mener la vie dure aux assaillants, des sacs de maïs, des biscuits de mer et quantité d’autres vivre pour subvenir aux besoins de toutes et tous lors de la grande traversée qui se profilait. Le chargement engendrait un flot continuel de solides gaillards sur la passerelle. L’oc résonnait en maître sur les quais et plus particulièrement la voix du Pair. Elle se détachait dans le brouhaha commun à tous les ports de bon matin par ses inflexions enthousiastes, par son ton tant autoritaire que décidé. Il n’était pas question de laisser la moindre chose au hasard en ce jour particulier, où « La Prinzessin » serait bénie avant de se jeter à la conquête des mers au lendemain.

Elle avait fière allure cette caraque de guerre, la première bâtie dans un arsenal français et qui plus était celui de Montpellier. Le grand mât se dressait intrépide vers le ciel découpant l’horizon où l’ombre se mêlait aux lueurs orangées d’une journée en devenir. Celui de misaine et le beaupré, à la proue, celui d’artimon, semblaient autant de pointes de défi adressées à une mer paisible, mais capable de se déchaîner sans pitié. Il était magnifique ce navire et cela se sentait au regard attendri et admiratif du Mendois qui le parcourait de la dunette au gaillard. Ces instants de contemplation restaient rares cependant car il s’agissait désormais de faire en sorte que tout fût prêt pour la petite cérémonie qui se déroulerait à quai, dans l’ombre du bâtiment.

Les futurs passagers ainsi que les membres d’équipage qui œuvraient déjà sur le bateau avaient naturellement été conviés à ce moment particulier qui consacrerait la destinée de la caraque sur les flots. Les bras croisés, dissimulant sous un masque d’austérité la relative anxiété qui le prenait par moment, le Phénix attachait de l’importance à ces petits rituels. Il voyait même celui-ci comme un impératif avant de prendre la barre pour la seconde fois, bien des mois après avoir initié aux manœuvres maritimes sur une petite embarcation. Cette expérience lui avait déjà prouvé que les livres n’étaient rien en comparaison de la réalité. S’il avait la certitude de pouvoir achever ce voyage sans heurt, il n’en demeurait pas moins légèrement anxieux. Bien des choses se joueraient à bord de « La Prinzessin », il ne fallait laisser aucune aide, ne négliger aucun détail et encore moins une bénédiction.

Les allées et venues se firent plus rares sur la passerelle, le gros des marchandises se trouvait désormais dans la cale. L’activité du lieu se calma également. Le soleil avait jailli et avec lui le port semblait s’endormir un peu. Il ne somnolerait guère longtemps, bientôt les étals fleuriraient, les marchands afflueraient, les cris retentiraient et les quais émergeraient de cette tranquillité aussi relative qu’éphémère. C’était précisément durant cette accalmie que le capitaine avait espéré que la cérémonie se tiendrait, ainsi ces yeux de Sienne se détachaient fréquemment de son navire pour les quais où il espérait voir apparaître les officiants et les passagers. L’équipage, lui, se rassemblait déjà petit à petit. Deux hommes plutôt robustes avaient amené un grand tonneau où le père Håkon von Ahlefeldt-Oldenbourg pourrait déposer ce dont il avait besoin pour officier.

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Arthurcano
A Montpellier, le jour de la livraison, le frère Arthur avait proposé de bénir le navire et il en fut ainsi que de participer à la dite célébration.
D'une aube de couleur pure, son livre des vertus reçus des mains du vicomte Roederick, c'est à pied qu'il se rendit du château au port.

Ce jour une nouvelle fois, le marqué mais ce fut ainsi qu'elle le considérait... Ne plus y penser et l'oublier tel serait son avenir qu'il prendrait soin de reconstruite.

Il prenait le temps ce jour, le temps de flâner de repenser à ces derniers mois le meilleur et le pire... Les actes de réussite et les ratés... Parmi les réussites cet Arsenal qui se faisait la grandeur du comté... Des travaux débutaient il y a un an, mis en sommeil par divers Com successif et repris sous Roederick....
Arsenal fleuron de la méditerrané, et fierté de notre Languedoc si cher à nos coeurs...

Arrivant au port, la puissance d'un navire se dégageait... Ses Canons fièrement dressé, le mat de pavillon portait fièrement les couleurs de son capitaine.

Arthur arriva au bord de la coupée et d'un pas décidé monta à bord, cette odeur de bois, ces airs marins, le bruit des cordages dans les haubans, l'activité des marins à son bord préparant le navire, était une découverte en soi... En haut de la coupée, avant de passer à bord, il se tourna vers la proue et laissa son regard vagabondé sur l'azur de cet océan...

Un dernier pas, et à bord il fut et attendit que le capitaine ne vienne à l'accueillir.

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Luzerne
Luzerne arriva très tôt au matin sur le quai, comme le lui avait demandé Actarius.
Posant son baluchon au sol, d'un regard ample et lent, elle balaya les embarcations amarrées. Ses yeux couleur sous bois s'arrêtèrent alors sur un énorme navire...
"La plus grosse des caraques de guerre" lui avait dit hier Actarius.
Se pouvait-il que le bateau imposant amarré au bout du quai soit "La Prinzessin"?

Luzerne ramassa son baluchon posé entre ses pieds et se dirigea d'un pas hésitant vers la caraque.
Menue de nature, elle avait l'impression de rapetisser au fur et à mesure qu'elle s'approchait de la lourde coque!
Mais plus aucun doute n'était possible. De la distance où elle était, elle pouvait maintenant nettement déchiffrer le nom de l'embarcation, peint en lettres dorées sur la poupe.
Cette machine de guerre flottante était bien "La Prinzessin".

Luzerne sentit son coeur toquer étrangement dans sa poitrine.
Toujours ce mélange de peur et d'excitation, qui la faisait palpiter et vivre plus fort quand elle se retrouvait dans des situations extrêmes et inconnues...

Une animation bourdonnante environnait le navire.
De lourdes caisses étaient tirées, hissées au moyen de poulies énormes, jusqu'au pont du navire, pour être mis en cale.
Suivant le manège de ces opérations, ses yeux remontèrent lentement la rampe d'accès qui menait au pont et croisèrent le regard du capitaine Actarius. Il suivait les opérations et les arrivées de l'équipage d'un oeil attentif et l'avait clairement vu venir de loin, car il lui fit aussitôt un signe de bienvenue, lui indiquant d'un geste encourageant la rampe d'accès au pont.

Luzerne lui fit un léger signe de tête, jeta un dernier coup d'oeil par dessus son épaule et s'engagea sur la passerelle pour embarquer à bord de "La Prinzessin".
Actarius
Et le Phénix ne tarda pas à venir à l'accueil de son ami. Il abandonna la supervision et se fit cordial, comme il l'était le plus souvent en-dehors de ses fonctions. Autant il se montrait souvent sévère, implacable et dur lorsqu'il tenait un poste à grandes responsabilités, autant il demeurait un homme agréable et jovial hors de ce cadre. Puis, ce jour-là, il avait bien des raisons de se montrer souriant. Le départ prochain, la proximité de celle qu'il aimait et naturellement la perspective de vivre près d'elle. Même l'éloignement du Languedoc ne le chagrinait pas plus que cela, quand bien même demeurait le regret de laisser quelques personnes de valeur derrière lui. Le Vicomte auquel il faisait face comptait parmi ces gens.

Arthur, s'exclama-t-il. Bienvenue à bord ! Comme tu le vois les préparatifs vont bon train. Une main solide se posa sur l'épaule du clerc. Etant donné l'agitation qui y règne, j'ai pensé qu'il serait bien plus confortable de tenir la cérémonie à quai...

L'enthousiasme transpirait de chacune de ses paroles et il redoubla encore lorsque se présenta Luzerne qui venait d'emprunter la passerelle.

Bonjour Luzerne ! Arthur, je te présente l'une de mes passagères. Luzerne, voici Monseigneur Arthur Cano, Vicomte de Pégairolles-de-Buèges. Il a été un des grands artisans du chantier de "La Prinzessin". D'un geste pour le moins explicite, il fit venir un des matelots qui s'affairaient derrière lui. Vous devez avoir hâte de poser vos affaires, Jausep va vous conduire à votre cabine. Vous pourrez nous rejoindre ensuite. Je pense que les autres ne vont plus tarder.

Et de fait, sous son regard porté sur les quais, apparaissaient quelques silhouettes a priori familières. Il huma ce bon air du large et répéta un peu plus doucement.

Oui, ils ne devraient plus tarder.
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Isora
Isora arrivait de bon matin mais elle avait flâné un peu pour arriver jusqu’ici. Elle était passée une dernière fois devant divers endroits qui étaient devenus familiers à notre amie, le lac, la plage et ses souvenirs, lieux propices à des rencontres, toutes agréables pour la plupart. Elle laissait derrière elle quelques amis et connaissances, mais elle ferait en sorte de garder un lien en échangeant missives et missives !

Bien la voici arrivée à destination. Pourtant Isora avait dit jamais ! Facile dans ses rêves, notre Tonnerroise déterminée, traversait régulièrement et en toute tranquillité les eaux bleues et parcourait l’Ecosse, visitait les Hautes Terres. Elle allait chez les Anglois elle osait s’assoir sur le mur d’Hadrien ! Enfin tout n’était qu’imagination. Sauf que là maintenant, tout de suite............ce n’était plus un rêve, elle allait réellement voyager sur un bateau ! Elle ne pourrait plus dire Jamais ! Elle observait l’immense étendue bleue qui se présentait face à elle à perte de vue ! Elle se tenait en bas de l’échelle hésitante : une boule était là au fond de sa gorge. Elle avait beau dire à Ella mais non voyons, nous ne risquons rien, elle n’était pas très vaillante Isora.

Voilà elle devait e.m.b.a.r.q.u.e.r.! et pas sur n’importe quel navire ! Comment pourrait-elle le qualifier ? Immense, impressionnant … quelle taille ! Elle était là, dans l’obligation de relever sa tête pour pouvoir l’admirer, elle n’en avait jamais vu de si haut ! Ni de si gros ! Etais-ce la raison pour laquelle elle avait été tentée ? …….Absolument pas ! Les bateaux, la navigation étaient un mystère pour Isora. Ignorant sur quelle « monture » ils voyageraient, elle avait tout simplement été audacieuse. Elle avait hésité un peu, elle s’était concerté avec son comparse Tonnerrois et la voilà ici ce jour.

Elle observait donc l’objet de ses réflexions.....hum .....et bien oui tout le monde sait cela ......... l’objet allait non seulement osciller, bouger mais également tanguer, se pencher….. Isora inquiète soupire.....première étape ne pas déraper et tomber à chaque coin de coursive. Et puis pire que tout cela : « le mal de mer » ! Pourvu que ce dernier se tienne loin de sa petite personne. Son père ne l’avait pas, donc cela devait être obligatoirement héréditaire, Isora l’avait décidé comme tel !
Elle avait déjà discuté avec un passionné de navigation il lui avait parlé de nave génoise, de Foncet également….enfin lorsque vous écoutez un passionné c’est toujours plaisant. Mais une caraque non, elle avait lu ce nom pour la première fois lorsque sa Seigneurie Actarius d’Euphor l’avait mentionné dans une de ses missives. C’était un fabuleux bateau, Isora était admirative, il émanait de ce dernier une impression de puissance qui rassura quelque peu notre future « Mousse » totalement inexpérimentée !

Il lui fallait donc monter sur le pont de celle qu’elle redoutait tant, qui semblait vouloir l'avaler : la magnifique caraque. Son « capitaine » seul maître à bord, sa seigneurie Actarius d’Euphor était déjà en compagnie il lui semblait bien de frère Arthurcano « rencontré lors du baptême de son amie Boulga et aperçut de même Luzerne, Tonnerroise également, Isora l’avait déjà rencontrée à plusieurs reprises et était heureuse de sa présence durant ce voyage, tout en ayant une pensée pour la Dame d'Augy, Aélith.

Notre voyageuse s’étant engagée et ayant convenu avec son comparse qu’ils vogueraient par delà les mers, elle ne pouvait donc plus changer d’avis et prendre la poudre d’escampette !
Alors la belette voguerait sur les flots ! Une première donc !. Le sourire aux lèvres elle se dirigea vers la passerelle et monta à bord !

Ingeburge
Son nez s'était franchement retroussé quand elle avait pris connaissance du billet du comte du Tournel les informant de l'imminence du largage des amarres. Certes, elle savait que le départ était prévu pour bientôt, elle avait même montré des signes d'impatience, lassée d'attendre, et le parchemin tenu en main lui avait même indiqué quand exactement mais ce n'était pas tant le rendez-vous annoncé que ce que la lettre disait d'autre qui l'avait ainsi irritée. « Bien, le bateau est à quai et répond au doux nom de « La Prinzessin ». » Le nez s'était donc retroussé et les sourcils, froncés. Elle avait dû mal lire, malgré l'écriture ferme et assurée qui était tout sauf indéchiffrable. Quoique... Ce n'était pas un pâté, là? Elle avait donc relu, tâchant de se convaincre qu'elle n'avait rien compris, ou qu'elle était trop fatiguée pour bien voir, ou que décidément, la rédaction était bien hasardeuse et que non, il n'avait pas osé. Peut-être qu'elle ne savait pas lire, peut-être qu'elle était exténuée mais elle n'était pas stupide au point de ne pas voir un rapport avec elle si ce qu'elle voyait était bien réel; sinon, quel serait le fondement? Mais non, elle avait mal lu, elle était épuisée, elle avait mal compris et le comte du Tournel ne savait pas écrire...

Le nez cette fois était pointé vers la poupe et là, il n'était pas possible à sa propriétaire de mettre ça sur le compte de l'illisibilité de l'écriture de l'Euphor ou de sa propre fatigue ou de ses propres facultés réduites de compréhension. C'était grand, large et ça sautait plutôt aux yeux, elle avait donc bien lu et bien compris et il avait bel et bien osé. « La Prinzessin », bah voyons. Et pourquoi pas ne pas avoir commandé une figure de proue sculptée d'après modèle vivant, sous-entendu d'après son propre minois aussi? Proue qu'elle ne pouvait voir d'où elle se trouvait, qui sait si... Elle chassa l'idée, il n'était pas assez fou pour commettre un tel acte, il ne pouvait vouloir perdre la réputation de celle qu'il courtisait plus ou moins subtilement. Mais cet homme, elle le savait aussi, était insensé. Des qualificatifs peu agréables lui vinrent à l'esprit pour désigner l'indélicat et fort heureusement pour celui-ci, elle était trop bien élevée pour les formuler à voix haute, sans compter qu'elle en était heurtée rien qu'en les prononçant in petto. Bref, la marquise de Dourdan ne se sentait guère en veine d'amabilités à l'égard du propriétaire de cette foutue caraque et c'est donc à pas lents qu'elle acheva de rejoindre le lieu où tous se réuniraient avant d'embarquer.

De quelques mots, elle envoya Andrea en reconnaissance car comme de juste, les Lombards l'accompagneraient. Si elle avait dû – plus que largement – sacrifier son train accoutumé, elle avait refusé d'écarter ses cinq gardes. Entre un Euphor bien trop euphorique et tous ces hommes d'équipage, elle avait besoin de se sentir protégée. Les cinq seraient donc du voyage, ce qui l'avait contrainte à réviser à la baisse les effectifs côté valetaille : elle n'emmènerait qu'une jeune fille – une blonde bavaroise dénommée Ännchen – qui ferait tout à la fois office de camériste et de bonne. Ce serait... inhabituel pour Ingeburge, mais elle en était capable, non? Faire sa toilette, se vêtir, se coiffer prendraient plus de temps que de coutume mais qu'aurait-elle à faire sur ce bateau? Pas grand-chose, le soin à sa personne serait donc une occupation suffisamment prenante pour meubler convenablement ses journées. Tout était une question d'organisation et quand elle regardait vers les affaires supplémentaires qu'elle comptait faire entreposer, elle se sentait rassérénée. Il lui faudrait bien toute cette foule de bagages pour recréer un semblant d'intimité et de familiarité dans le logement qui lui serait échu et supporter une traversée qu'elle redoutait quelque peu.

Le petit groupe était désormais arrivé. D'un mouvement instinctif, la Danoise resserra de ses mains gantées les pans de son manteau de voyage noir autour de son corps. Son regard se posa un peu en hauteur, non pour apprécier la taille de la nef mais parce qu'elle l'avait aperçu, lui. Ce serait une autre facette de celui-ci qu'elle découvrirait ou essaierait de découvrir, celle du Phœnix capitaine. Un frisson la prit.

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MP reçus : si pas de réponse lundi soir, c'est que perdus...
Lacoquelicot


    Immobile et silencieuse, une rousse patientait à l’ombre d’une grande bâtisse. Devant la frêle, quelques mètres de pavé encombré de cordage, de tonneaux, de caisses et de marins ivres s’étalaient tout juste éclairé par les premières lueurs de l’aube. L’agitation envahissait peu à peu les lieux, tant sur le quai que sur les eaux. Les marins revenaient de leur pêches, la coque remplie de poisson frais, tandis que les équipages s’agitaient sur terre pour rempli les navires au départ. Au milieu de tout cela s’élevait la silhouette anthracite de « La Prinzessin ». Voilà donc à quoi se résumerait son monde pour le mois à venir… De l’artimon au beaupré, de la coque à la cime du mat, chaque détail de l’embarcation fut scruté avec méfiance. Ella ne se sentait absolument pas prête à ça. Ce long voyage, cette Bourgogne, et surtout ce nom. Prinzessin. Déclaration d’amour à 20 000 écus de la part de son protecteur à une danoise qui ne savait pas sourire. Profondément choquée, le regard émeraude de la gamine se pose sur les quelques silhouettes rassemblées sur la caraque. Une seule l’interpelle vraiment. Actarius. Et cette fois ci la môme ne sourit pas. Ne se lève pas. Ne s’approche pas. N’exécute pas une révérence parfaite pour qu’il soit fier. Non. Le séant posé sur une caisse en bois qui trainait là, Ella reste immobile dans la noirceur d’une taverne à marins. Elle n’est pas décidée à embarquer.

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Image : NerySoul, texte : Dutronc - Pour attraper un lapin, imitez le cri de la carotte!
Actarius
Toujours rayonnant, le Mendois accueillit Isora, qui s'était engagée sur la passerelle, avec tout autant de cordialité que Luzerne. Les futurs passagers arrivaient petit à petit et cela offrait le temps de procéder aux présentations, mais aussi d'échanger quelques nouvelles, quelques mots, entrecoupés parfois des voix rauques de l'équipage, des grincements du bois ou encore du claquement sonore des vagues matinales. Puis, comme une ombre crépusculaire, arriva la belle à la tête d'une suite, somme toute raisonnable, si on se risquait à des comparaisons avec le train coutumier de la Prinzessin, la vraie, celle de chair et de sang. Elle déployait son élégance innée, sa céleste silhouette tout en déroulant le tapis rugueux de l'angoisse qui venait de prendre le Phénix aux tripes.

Un voile d'ombre passa sur son regard, à peine perceptible. Et une question le hantait déjà avec la persistance d'un spectre revenchard: comment réagirait-elle à l'hommage qu'il avait décidé de lui rendre ? Et une réponse venait en écho, s'agitant tel le tocsin d'un optimisme naïf: mal. Le bonhomme Coeur d'Oc refusait cependant de trahir son appréhension. Elle lui avait de ne pas se travestir, d'être ainsi qu'il était. Ce nom n'était rien de plus qu'une marque de son caractère enlevé, une empreinte de cet homme qui n'écoutait que trop souvent la logique trouble, contradictoire parfois de son coeur. La finalité demeurait qu'il ne pouvait en aller autrement. Elle ne pouvait être une autre, il ne le pouvait pas non plus, même les nuances apportées à son attitude ne pouvaient subsister. Il devait être lui, infiniment lui. Cet hommage incarnait parfaitement ce qu'il était.

Mais le sourire tint bon. Il alerta un nouveau matelot afin qu'il guidât Isora jusqu'à sa cabine et adressa à cette dernière, à peu de choses près, les mêmes mots utilisés avec Luzerne. Même si le Père Hakon n'était pas encore apparu, il ne tarderait pas à le faire, d'où l'importance de se réunir assez vite sur le quai. A plus forte raison qu'il s'agissait d'accueillir l'inspiratrice. Ainsi, invita-t-il Arthur à reprendre la passerelle jusqu'au quai. Il ouvrit la marche, le regard parcourant la berge aménagée, les tavernes, les amas de caisses, de tonneaux, les passants, les travailleurs et cette jeune demoiselle qu'il ne tarda pas à reconnaître. Les sourcils se froncèrent, signe manifeste de réflexion ou de mécontentement. En la circonstance, il s'agissait d'un mélange des deux. Il cherchait à comprendre ce qu'elle faisait assise là et la seule raison qu'il entrevoyait ne lui plaisait vraiment pas. Plus elle grandissait, moins il se montrait à même de gérer ce qu'il considérait comme des caprices. Ainsi, courageusement il prit le chemin de traverse et approcha de la belle Bourguignonne, non sans avoir lancé une sombre oeillade à Ella. La discussion viendrait, mais ce jour-là, il ne comptait pas se le laisser gâcher, pas après sa fin de mandat difficile. Il aspirait trop au calme et à la fin des critiques pour n'attendre pas autre chose de ses proches que du soutien.


Votre Altesse, glissa-t-il en se fendant d'une respectueuse révérence. Voici le navire qui vous ramènera chez vous, j'espère que vous y serez à votre aise. Vous connaissez mon goût pour la sobriété et une certaine austérité, si le confort venait à manquer, n'hésitez pas à me prévenir, je ferais de mon mieux pour y remédier.

La messe était dite du moins en ce qui concernait l'accueil chaleureux et aimable du désormais capitaine de "La Prinzessin".
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