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[RP ouvert] Derrière le mur.

Judas, incarné par Yolanda_isabel


Rp ouvert à toute plume constructive, j'émettrais une seule condition: pas d'interventions à caractère drôle ou gaie, histoire de ne pas dévier de l'histoire initiale. En finalité Judas devra atteindre son objectif: sortir de la ville avec son paquet.


On a beau dire, il est des heures interminables.

Attablé au centre de l'unique pièce principale de son appartement Andégave Judas attendait. C'est étonnant de voir combien de temps l'on peut rester prostré, à figer son cerveau dans une gélatine d'incrédulité jusqu'à ce qu'il se confise dans son propre désarroi. Si son cerveau pouvait lui dégouliner par les orbites, sa tête au moins serait vidée. Vidée du joli gâchis qu'il en faisait, là, le cul vissé sur sa chaise. Sa tête serait allégée, et ne persisterai pas à s'abrutir en fixant le mur d'en face. L'esprit ne serait plus cette compote dégueulasse qui clapotait dans sa coque, comme pour s'évader. Derrière le mur il y avait le grand lit. Le grand lit de Marie. Cet espèce de tombeau à ciel ouvert. Bien sûr il ne le voyait pas, il aurait fallu qu'il penche un peu la tête de coté pour cela. Mais la gélatine avait prise. Judas attendait.

Dehors c'était l'aube. Cela faisait déjà longtemps qu'il aurait du franchir le mur. Passer d'une pièce à l'autre, trouver le moyen le plus adéquat de se sortir de ce mauvais tour. Mais l'aube arrive si vite lorsque la tête ne s'épanche pas... Et puis il est des murs par delà les murs. Alors quand bien même il aurait réussi à aller près de ce lit, de ce foutu lit, là dans la nuit... Qu'aurait-il fait?

Il attendit encore un peu. Puis enfin, il y eut un sanglot. Un terrible sanglot. Un de ceux qui vous en tire d'autres rien qu'à l'écouter. Un sanglot qui remit le cerveau dans le bon axe, le déconfit, chassa la compote et moucha la gélatine. Judas enfouit sa tête dans ses mains et pria à voix haute, chassant par les mots le sanglot. Il se leva péniblement, essuyant son nez d'un revers de manche, la fesse plate et l'oeil rougit.

La marquise était morte, et lui, il aurait préféré qu'elle le soit dans d'autres bras, d'autres draps. Un autre lit. Plus jamais il ne pourrait dormir dedans. L'amie, l'amante, la Magda de l'adultère était étendue là, presque endormie son corps encore à demi nu. Il franchit le mur, épouvanté par cette vision qu'il percevait sans même la regarder. Le choc n'était pas tant celui de la mort, mais celui de la façon de mourir. Comme un lièvre ayant pris un mauvais coup sur le cou elle s'était figée, fragile et déjà défaite dans un râle qui n'avait rien de charnel. Mariée cadavérique étendue sur son voile fantomatique.

Il faudrait justifier. Tout justifier. Justifier qu'il l'avait rejoint d'abord, là derrière les murs de son pied à terre Andégave... Lui qui chassait non loin, entre hommes. Justifier qu'elle était morte dans son lit. Qu'il rendrait à sa famille une Marie désertée de toute vie. Le drap s'abattit sur le corps en linceul. Judas toucha l'étrange paquet avec fébrilité. Il faudrait tout justifier. Il faudrait sortir le corps pour le rapatrier, hors les murs.

Lentement il porta ce poids plume, cherchant le meilleur appui pour ne pas rendre sa bile, pour ne pas la faire tomber. Quasi rigide. Au dehors le soleil naissant lui vrilla les tempes. Et en dedans, Judas Gabryel Von Frayner avait l'impression d'errer dans la ville comme un voleur. Il chercha hagard, sa Marie dans les bras, une charrette ou la déposer. Chiméra le détesterait. Marie de Kermorial était morte, et Judas ne savait pas quoi faire de son encombrante dépouille. Il prit appuis un instant contre un mur, les mains crispées sur ce qu'il restait de ses moments de légèreté.

On a beau dire, il est des heures interminables.

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Judas, incarné par Isobel.
L'instant fugace où ses épaules prirent repos sur le mur Judas réfléchit enfin. Dans la mesure du possible.

Il prit conscience qu'il n'avait pas rhabillé la morte. Ses mains qui n'avaient pas même pu esquisser un contact avec la chair froide et qui l'avait recouverte de plusieurs couches d'étoffes n'en auraient sans doute pas été capable. Faire la dernière toilette de la marquise? La rhabiller, comme une poupée d'enfant, immobile et roide... Dans la robe qu'elle avait choisie pour un galant, alors qu'il la tenait, chancelant, désertée de toute vie? La vie ne peut pas être si cynique. Judas l'a décidé pour elle, tout du moins. Il la rendait nue et crue à la Bretagne, dans le drap même où elle batifolait la veille...

Sentant ses bras s'engourdir il se redressa, réajustant la prise de son fardeau emmailloté. Il fallait trouver prestement de quoi sortir de la ville sans éveiller les regards, une charrette, quelque chose, n'importe quoi. Il croisa quelques lavandières qui ne manquèrent pas de l'observer d'un œil curieux, sa tension monta d'un cran et il accéléra le pas, soufflant de plus en plus à mesure que le cadavre donnait l'impression de s'alourdir.

Au détour d'une venelle un pavé démis le fit trébucher, il stoppa net, tenant à bout de bras une Marie qui se découvrait. Le seigneur eut un haut le cœur. Diable pourquoi était-ce arrivé à lui? Ne pouvait-il pas être à la chasse, comme il l'avait dit à son épouse? Pourquoi les Marie n'avaient sur qu'empoisonner son existence? Il se ressaisit, tentant de masquer la chair blanche et les mèches blondes tout en s'enfonçant cahin-caha dans la première grange ouverte qu'il rencontra.

L'odeur de la paille fraîche vint lui piquer les narines, la mule lâcha la marquise dans un tas de foin en mugissant de soulagement. Voilà, voilà ce qu'il t'en coutera Judas de laisser trainer tes pattes là où il ne faut!
Judas
Un gamin passa, traine savate inespéré intercepté par la voix rauque du seigneur. Judas vint à sa rencontre, le laissant bien à l'écart de ce que dissimulait vaguement la paille.

Hé toi, attends.

Le bras juvénile fut saisit et le visage du Frayner se mit à la hauteur de celui de l'enfant. Accroupi, l'air très grave, il tenta.


Je suis seigneur, et si un seigneur te demande de l'aide, tu l'aideras n'est-ce pas? Tiens prends ça, regarde. Je te donne ces écus pour que tu me trouves une voiture et un cocher. Où une charrette, peu m'importe.

Il fouilla la poche de son bliaut et fourra trois pièces dans la menotte.

Si tu me ramènes ici ce dont j'ai besoin de te donnerais le double, ainsi qu'à l'homme qui prendra les rênes. Tu comprends? C'est urgent, allez, va!

L'enfant ne demanda pas son reste, il était d'ailleurs difficile de déterminé s'il était excité ou effrayé en détalant comme un lapin. Judas l'observa le sourcils soucieux jusqu'à ce qu'il sorte de son champ de vision. Il regagna ses pénates. La pluie se mit à tomber, emplissant la grange d'une odeur particulière. Le cadavre était là, il n'avait pas bougé. Le satrape attendit en silence assis non loin, peinant à comprendre comment il avait pu se mettre dans une si mauvaise position. Lorsque l'enfant reparut il entrevit une issue à ce mauvais rêve... Pour passer les murs de la ville Marie de Kermorial aurait en carrosse une vieille charrette de récolte tirée par un âne... Judas échangea quelques mots avec l'homme à sa tête qui n'était autre que le père du gamin, les écus passèrent de main en main avec la promesse de ne pas toucher au mystérieux chargement.


Chez Chimera de Dénéré Malines, comtesse de Cholet et baronne de Bubri... En Bretagne.

Car les murs les plus durs ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
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Judas
Il ne s'en aperçu pas immédiatement. C'est lorsqu'il arriva non loin de l'appartement, refusant d'y entrer de nouveau et pourtant y étant contraint faute d'y avoir récupéré ses affaires que l'illumination malheureuse lui vint. Il avait omit la lettre. Une lettre? Quel lettre? Celle qui accompagnait immanquablement tout paquet livré... Comment avait-il pu oublier de joindre à la marquise une lettre pour justifier son arrivée chez Chimera? Sans doute comme il avait oublié ou refusé de la vêtir, dans le tumulte gélatinesque de ses pensées. Il se figea, penaud... Et se décida enfin à entrer, prenant à la hâte toutes ses affaires et ne prenant pas même la peine de refermer derrière lui.

Lorsqu'il fut a bonne distance de l'endroit maudit il farfouilla frénétiquement dans sa besace et sortit un nécessaire très spartiate d'écriture. De quoi laisser des petits mots à Rose, de quoi prendre des notes rapides lorsqu'il était à la chasse mais certainement pas de quoi écrire une lettre digne de ce nom. Tant pis, de toute façon jusque là tout avait foiré, alors un peu plus un peu moins... Il griffonna.


Citation:
    A vous Chimera de Dénéré Malines,
    Comtesse de Cholet,
    Baronne de Bubri,
    Et qu'importe,
    A vous votre Grandeur.

    C'est un sinistre fait qui me pousse ce jour à vous écrire. Je sais, j'ai longtemps gardé le silence suite à votre défection à mes noces. Mais les noces sont bien futiles mon amie, en comparaison de l'objet de cette missive qui rend fébrile ma main. Avant de céder à la curiosité je vous le demande, lisez, et ne relevez pas le linceul que j'ai fait rapatrier. Je le sais il n'est pas de plus sinistre écrin qu'un suaire pour rendre à Breizh ce qui fut, un temps, la richesse de Breizh. Pourtant je n'ai pu dans le tragique instant où il me fallu prendre des décisions hâtives trouver mieux que de vous faire mener ce qui vous revient dans son plus simple appareil. Il est des éléments qui excluent toute notion d'apathie, c'est la nature qui en a décidé ainsi, pour tout le cérémonial qui vous revient d'honorer je ne pouvais pas m'approprier des heures qui vous appartiennent. Chimera, pardonnez-moi. Je n'ai su déceler ce qui me l'a enlevée. Un instant bien là, celui d'après partie, j'ai cherché mais de mes prières je n'ai rien appris. Je l'aimais. Bien à ma façon oui, pourtant je l'aimais. Je ne voyais que vous, je vous écris ce jour pour vous la restituer.

    Seizième jour du dixième mois de l'an de grâce mil quatre cent soixante,

    Judas Gabryel Von Frayner,
    Seigneur de Courceriers et de Miramont


L'écriture est malhabile, le sceau est manquant. Il ne relut pas. De toute façon il y avait une part de pur protocole dans l'acte d'écriture, et bien plus encore dans le fait de suggérer qu'il ait pu être épris de la Kermorial. Si Chimera devait apprendre qu'icelle avait passé sa dernière heure près de Judas, autant qu'il ne laisse pas entendre avoir trompé son épouse sans amour. Histoire de ne pas aggraver son cas. Les hommes sont de bien lâches créatures...

Judas finira par se relever, du noir plein les doigts. Il récupèrera la monture qu'il avait laissé à l'écurie d'une auberge près de l'église, monture qui n'aurait été d'aucune aide pour transporter sur une si longue distance l'encombrante défunte. Avec amertume il rattrapera à brides abattues le pauvre charretier pour lui remettre le pli en lui faisant répéter une fois de plus son numéro. Donner d'abord le pli, ensuite le le chargement. D'abord le pli, toujours.

Et les jours s'en iront, comme Judas vers la Bourgogne où il rentrera d'une partie de chasse meurtrière qui cette fois l'aura grandement fatigué. De corps et d'esprit. Jusqu'au jour où...


Citation:

    Sinistre est le fait, euphémisme il se fait quand le vecteur l'est plus encore sans en avoir conscience.
    La main est fébrile, je le déplore tout en gageant que d'autres membres n'ont pas eu à subir pareille faiblesse lors du passage d'heures qui, alors, ne m'appartenaient guère. Pourquoi celles-là donc? La propriété dont vous faites acte jamais par moi n'a été revendiquée.

    Aujourd'hui vous exposez devant moi bien des visions dont j'aurais voulu faire l'économie, en ayant saisi les traits depuis fort longtemps. Toute absence est un choix, mais dans le monde il est certaines présences qui ne se laissent pas ignorer. Quel intérêt dans tant de facilité?

    A qui la rendre?
    A qui a-t-elle a jamais été?
    A tous ceux qui l'ont aimée, se détournant d'autant d'épouses et d'enfants? Bon nombre d'entre eux l'attendent sur les rivages de Tir Na nOg, aussi ne pleurez pas. C'est là Royaume hédoniste où charme et plaisir trouvent à tout jamais lieu d'expression.
    A sa fille, qui n'a pas idée du nombre potentiel de ses frères et soeurs que lui connaît cette Terre?
    A sa soeur, ombre chérie?
    A un vassal dévoué, sans doute, qui saura rendre honneur à une suzeraine trop tôt perdue.
    Rendez la à sa terre, qui n'est pas sœur de la mienne malgré le sang que nous avons partagé. Point d'asile en ma chapelle pour celle qui a retiré bien des marins à leurs havres, lueur perfide substituée à l'astre rayonnant.

    Démembrez là, et envoyez l'odieux gage à tous ceux et celles qui ont pleuré ses vagues. Réservez-moi morceau de choix, ainsi qu'à celle que vous avez prise. N'avoir point été témoin de ce qui semble n'être point? Nul regret en mon sein, car sans l'avoir jamais vue, je la connais et c'est elle qui est ma soeur.

    Vous l'avez lu, à défaut de l'avoir su ou senti: je suis fille d'amertume, Judas. Je me plais à la penser jalouse, pour ne pas pleurer sur cruelles valeurs.
    Je ne lui rendrai pas l'hommage qu'à vos yeux elle semble mériter, je n'ai pas d'honneurs à donner à qui n'en a que trop rarement témoigné.
    Au convoi que vers moi et dans votre égarement vous avez orienté j'impose donc simplement déviation, puisque de cela il a toujours été question, convaincue qu'il saura trouver bras et mots plus conciliants en le fief de Soazon.

    Ma peine est pour vous, car je suis bien sotte.
    Pour elle, qui n'a jamais su arrêter sa liberté là où celle des autres débutait, je ne peux trouver en moi que l'empathie du druide. Oh oui, elle fut à l'image de Breizh. Sa richesse? Vous êtes oublieux des adages ayant trait au brillant...

    A galon... marin...
    Et ne pleurez point, apathie passe avec les marées.

    Chimera


La comtesse de Cholet avait sans doute raison. Tout ce qui brillait n'était pas d'or. Et derrière les murs, parfois, il y avait d'autres murs dont on ignorait tout.
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