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[RP] - [Seignelay] Le retour des brebis échaudées

Isandre.watelse
Triste et rude était le chemin du retour. A l'inconfort d'une mauvaise voiture de louage s'ajoutait l'amertume de sa visite à Paris
Elle s'était échappée quelques jours, histoire d'aller prendre des nouvelles de son père, mais l'entrevue ne s'était pas déroulée comme prévu.
Perdue dans ses pensées, elle ressassait instant après instant le drame de quelques instants qui avaient peut être fait basculer sa vie.
Pour un peu, elle aurait pu penser à un mauvais rêve, mais hélas...
Hélas, plusieurs éléments l'empêchaient d'oublier ce cauchemar.

Son bras et ses mains tout d'abord, marqués par l'incendie. Son bras guérirait, mais sa main resterait marquée. Ironie du sort, dans la fournaise elle avait sans doute posé sa paume sur un élément de décors. Un curieux motif s'était gravé dans sa chair. En y regardant de plus près on y voyait un demi cercle orné à l'intérieur de cercles plus petits. Une queue de paon déployée...

Et puis surtout, il y avait l'enfant. Couché en travers de la dure banquette, il semblait somnoler, envelopper dans une épaisse couverture.
Elle revoyait l'homme qui le lui avait collé dans les bras en lui disant juste :

- T'nez, c'est à vous. L'homme là bas m'a dit de vous l'donner...
Suivant la direction indiquée, elle avait aperçu, de loin dans la foule, le chapeau de son père qui s'éloignait. Où était il à présent ?

Un chaos de la voiture la ramena à la réalité.
Jetant un regard par la fenêtre, elle reconnut un paysage familier. Ils approchaient du chateau.

Inquiète, elle se demandait quel serait l'accueil de Dame Della. Elle avait quitté le domaine sans la prévenir, profitant de sa retraite estivale et elle revenait avec une bouche de plus à nourrir.

Mais déjà, la voiture pénétrait dans la cour. Le bruit des roues sur les pavés réveilla l'enfant qui ouvrit les yeux et la regarda d'un air interrogatif. Elle lui sourit pour le rassurer et descendit en le serrant dans ses bras.
Le froid vif du petit matin la saisit. L'automne arrivait. Elle rajusta la couverture autour du petit corps frêle et après avoir donné congé au cocher elle se dirigea rapidement vers le petit salon.
Une domestique ne tarda guère à venir la voir.


- Bonjour Marthe. Veuillez prévenir Dame Della de mon retour, dès qu'elle sera réveillée. Pourriez vous aussi, s'il vous plait, me faire porter un grand bol de lait bien chaud et du miel pour réchauffer le petit.

La jeune servante partie, elle installa le petit Juste aussi confortablement que possible.


- Voilà petit Frère. Nous sommes arriver à présent. Nous allons attendre ici que ta Maman donne de ses nouvelles.

En disant ces mots, elle pensait surtout à son oncle, parti à la recherche de l'épouse de son père, la mère de l'enfant. Allait il pouvoir la trouver et lui donner des réponses.
S'installant dans un fauteuil, elle se laissa doucement envahir par la chaleur de la pièce, attendant que Dame Della accepte de la voir.
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_________________
--Adhemar_watelse


Chemin faisant...

Rien à faire, il avait eu beau tourner en rond, chercher traces de son frère ainé, de sa belle soeur qu'il ne connaissait même pas, il était bredouille. Pire encore, des bruits courraient que le couple partait pour Jérusalem ou était parti. Et Juste alors, ils en faisaient quoi ?

- Et qu'est-ce qu'ils vont foutre à Jérusalem ? Faire un mioche et l'abandonner quelle honte. Persiffla-t-il entre ses dents à la dernière commère qu'il croisa en Guyenne. Son mollet guérissait, il avait retiré les fils ne pouvant plus supporter cette couture qui le démangeait terriblement et lui raidissait le mollet. De cet incendie à Paris, il en gardait un souvenir confus, seul restait à son esprit, le visage de sa nièce quand ils se séparèrent. Elle veillant à l'hôtel Dieu sur son jeune frère, lui franchement recousu partant en claudiquant, lui promettant de la rejoindre dès ses investigations terminées. Oui il la rejoindrait, il le fallait, il ne savait pas pourquoi mais il le voulait.

Comment Georges Léonard avait-il pu laisser leurs enfants comme ça derrière lui ? Rien ne l'étonnait à vrai dire, ils n'avaient aucunement d'amour en eux. La faute à des parents trop inflexibles et exigeants.

Il ruminait tout ça dans la pénombre d'une chambrée sur une route l'amenant vers la Bourgogne. Il sortit une plume et du parchemin et prépara une missive pour Isandre :

Mon Enfant,

Je suis sur le chemin de la Bourgogne actuellement et je profite d'une halte pour t'écrire. Il est vrai que j'aurais du le faire plus tôt, mais je ne suis pas vraiment habitué à donner de mes nouvelles.

Mes recherches en Guyenne ont été plus qu'infructueuses, je comptais m'y installer, me disant qu'il serait bon rester près de Georges et de son épouse, mais il n'y a trace d'eux nulle part. Une vieille au Prieuré que tient ta tante, m'a affirmé qu'ils partaient ou étaient partis à Jérusalem en pèlerinage. Mon frère pèlerin ? Quelle hérésie. Quoiqu'il en soit, il n'y a personne ici susceptible d'accueillir Juste Parfait. A moins que tu ne reçoives personnellement des nouvelles de ses parents, je n'ai rien pour ma part à te rapporter comme bonnes nouvelles.

J'espère que tu ne m'en voudras pas. Cependant il apparaitrait que ton oncle Richard, notre benjamin, vivrait à Bordeaux. Il serait en voyage actuellement mais ne penses-tu pas qu'il serait bon de faire une réunion de famille pour savoir ce qui nous allons faire de cet enfant ? J'ignore si mon jeune frère a un instinct paternel très développé, la dernière fois que je l'ai vu il avait dans les trois ans. Quoi qu'il en soit il serait peut-être mieux informé que moi, sur l'endroit où se trouve ton père.

En attendant je chemine vers toi. Portes toi bien ma nièce, je te rejoins bientôt.

Ton oncle

Adhémar Watelse


Il roula le pli soigneusement et se dirigea vers le pigeonnier municipal pour la faire expédier.
Juste.watelse


J'ai peur.
Je me souviens du feu. Je me souviens de Père. Il y avait des cris. Puis, il y a eu un noir... un grand noir, comme si j'avais trop dormi.
A réveil, plus de feu, plus de cris et plus de Père.
J'ai peur.
Il y a une dame avec moi. Je la connais pas. C'est pas ma nounou.

Je sais pas où je suis. Il y a eu la promenade, très longue et dans la nuit. Maintenant, il fait chaud.
La dame regarde un bout de papier. Elle sourit par moment, mais pas tout le temps.
Elle me regarde aussi. J'ai fait une bêtise ?
J'ai chaud dans la couverture, mais y'a pas de feu. Je reste dans la couverture.
J'ai faim, mais j'ai peur, alors je suce mon pouce.
Où est ma maman ?

Elle range le papier. Elle se rapproche. J'ai peur.
Elle arrange mes cheveux, elle a l'air triste. Elle va disparaitre elle aussi ?
Pourquoi tout le monde disparait ? Où ils sont tous ?
Je vais dormir, ça sera mieux. Peut être qu'ils reviendront si je regarde pas...
Della
L'automne.
Sans doute la saison que Della aimait le plus.
Pas à cause du climat car elle souffrait vite de l'humidité qui lui donnait une toux tenace mais parce que ce temps était celui des vendanges, le temps où l'on recueillait les fruits si précieux d'un long et lourd travail quotidien. Ca grouillait partout d'ouvriers, ça courait des vignes aux bacs, enfants, adultes et mêmes vieillards étaient des vendanges. Toute autre activité dans les champs et les forêts était proscrite, on ne faisait que traire les vaches et nettoyer les écuries.

Cette année était particulière parce que Kéridil était en Bourgogne, ce qui mettait Della d'excellente humeur. Elle lui racontait, le soir, chaque moment palpitant de sa journée, lui donnait des détails sur la qualité du raisin, les quantités engrangées et la très certaine future qualité du vin qu'ils obtiendraient. Elle n'avait pas encore réussi à l'emmener cueillir les fruits mais elle ne désespérait pas. Pour combler son bonheur, son fils Clément, qu'elle avait conduit aux vignobles, semblait prendre beaucoup de plaisir à transporter délicatement une grappe de raisin qu'il tenait entre ses petites mains pour aller la déposer dans un des paniers.
Bref, le bonheur à l'état pur !

Et ce matin-là, elle achevait de s'habiller lorsque Anahis vint la prévenir que damoiselle Isandre était de retour.
Encore une joie supplémentaire !
Della appréciait énormément la fille Watelse et elle adorait sa compagnie. Toutes deux passaient de longs moments ensemble et petit à petit, la confiance mutuelle s'était installée, Isandre devenait la confidente de Della.
Son retour au bercail signifiait donc une ou deux longues soirées à passer à se raconter les derniers évènements et potins ! D'autant que Isandre revenait de Paris où les potins croustillent.

Vêtue de son habit de travail, Della pénétra dans la cuisine où on lui avait dit que Isandre se tenait. Bien entendu, "on" avait omis de préciser "avec un enfant". Oui, "on" n'est pas fou, à Seignelay.
Ainsi donc l'on vit le pas de Della suspendre sa progression, là, dans le pas de la porte, devant le spectacle qui s'offrait à ses yeux de sa damoiselle de compagnie avec un mioche emballé dans une couverture.
Les yeux s’agrandirent en même temps que la bouche s'arrondissait sur un :

Oh !

Des hypothèses farfelues prenaient racine dans l'esprit de la Duchesse qui retint la plus évidente.
Vous avez un enfant !?
La phrase sonnait comme une accusation, un lourd reproche annonçant une sentence déjà écrite : la porte !
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Isandre.watelse
Une exclamation sonore la fit se retourner brusquement. Dame Della se tenait sur le seuil, une main sur la bouche et l'air parfaitement outrée. Son interrogation suivante finit de convaincre Isandre que la dame se méprenait sur l'origine du chérubin. Ceci dit, elle se sentit aussitôt coupable, elle, la vierge élevée par des nonnes. Le rouge lui monta aux joues et dans sa confusion, ses explications ne furent sans doute pas des plus claires.

- Bonjour Dame...
Un enfant oui... Mais je ne suis pas mariée...


Dans la bouillie confuse de ses pensées, il fallait bien sûr être mariée pour que le très Haut vous gratifie de ce genre de cadeaux. Faire autrement était impensable...

- C'est vrai qu'il est de mon sang... pour moitié du moins. Mais c'est Juste....

Étourdiment, elle oubliait que, peut être, ce prénom n'évoquerait rien à Dame Della, qui devait être à mille lieux de penser à la progéniture Watelse.

- Il y a eu le feu... L'orfèvrerie a été détruite. Il fallait que j'assume. J'avoue, j'ai pensé à le laisser dans les flammes pour punir son père, mais je n'ai pas pu...

Cette confession mal à propos était destinée à décharger sa conscience coupable des quelques instants où elle avait songé à ce qui se passerait si cet encombrant petit frère disparaissait.

- J'ai trouvé un oncle aussi dans l'incendie. Il devrait me rejoindre...

Voyant le rouge monter de plus en plus au front de Dame Della, elle se rendit compte soudain que ses explications pour le moins décousues ne faisait qu'ajouter au désastre et elle finit par fondre en larmes, purement et simplement, relachant la tension accumulée au cours des dernières semaines.

- Je suis désolée...
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Della
Il faut bien dire que les explications boiteuses de Isandre ne firent que renforcer la première impression qu'avait eue Della et le regard devenu dur ne laissait rien pressentir d'agréable.


Désolée ? Mais vous pouvez l'être, désolée !
Oubliant sa première destination qui était le travail aux vignes, Della arpenta la cuisine de long en large, observant tantôt Isandre, tantôt le gamin.

Il vous ressemble.
Ou pas, Della s'en fichait bien d'ailleurs, c'était juste une façon de relancer un débat dont l'issue semblait déjà décidée.
S'arrêtant devant l'enfant, Della reprit :
Vous passerez auprès de l'intendant, il vous paiera vos gages. Vous avez deux jours pour vous organiser.
Della au grand coeur qui ne voulait pas jeter Isandre à la rue...c'est beau, non ?

Il fallut encore quelques instants à la blonde Renarde pour que les échos des propos de sa damoiselle de compagnie percutent...Alors, reprenant ses allées et venues dans la cuisine, elle lança :
C'est quoi, cette histoire de feu à l'orfèvrerie ? Vous parlez de celle de votre père ? Ses pas la ramenèrent près de la table où elle prit place, juste devant l'enfant. C'est qui cet oncle ? Watelse avait un frère ? La question fut posée avec un accent dubitatif, semblant vouloir dire : "Il peut y en avoir plusieurs des comme lui ?".
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Isandre.watelse
La foudre lui serait tombée dessus qu'elle n'en aurait pas été plus étonnée ! Passer chez l'intendant ? 2 jours ? Mais pourquoi ?
Dame Della semblait lui reprocher de ressembler à son frère ? Ou bien ...
Peut être que les larmes lui avaient quelque peu libéré le cerveau ? Peut être que la main potelée qui tirait fortement sur une de ses mèches de cheveux l'avait ramenée sur terre, mais elle comprit brusquement la méprise de Dame Della.
D'étonnement, elle manqua laisser choir l'enfant.


- Mais.... mais enfin...

Inspirant un grand coup, elle s'efforça de rendre ses paroles plus audibles et compréhensibles, se traitant mentalement de triple buse et de bien d'autres choses encore.

- Mais Dame, je n'ai point fauté !

Pourquoi cette affirmation semblait si fausse alors qu'elle était fondamentalement véridique. Les seuls hommes dans la vie d'Isandre étaient son père et nouvellement son oncle. Jamais elle n'avait autorisé un homme à la courtiser d'un peu près. Méfiance...

- C'est Juste... Juste Parfait Watelse de la Duranxie. Il me ressemble, forcément un peu oui. C'est le fils de mon père ...

Se mordillant nerveusement les lèvres, elle posa délicatement l'enfant sur le sol. Il se tenait debout, en s'accrochant à ses jupes, mais au moins, cela soulageait son dos et son bras douloureux.

- Je suis allée à Paris voir mon père. Je n'avais plus de nouvelles depuis quelques temps...
Quand je suis arrivée, tout le quartier semblait la proie des flammes. Mon père était dans la boutique avec un autre homme et Juste, ainsi qu'une jeune femme blonde. Grâce à Aristote, nous sommes tous sortis presque indemnes... Mon père a disparu dans la foule, et il m'a laissé Juste et mon oncle blessé. Il est parti sans un mot d'explications...
Je suis rentrée dès que l'état de Juste m'a permis de voyager. Mon oncle est reparti pour la Guyenne chercher la mère du petit.


Nerveusement, elle froissait le parchemin qu'elle avait reçu d'Adhémar, en se demandant si elle devait avouer tout de suite à Dame Della que l'enfant risquait de rester ici un bon bout de temps, enfin, sauf si elle devait passer chez l'intendant bien entendu. Finalement, autant vider l'abcès tout de suite. Elle sortit donc la lettre de sa poche et la tendit à Dame Della.

- Tenez, voilà les dernières nouvelles. Adhémar va me rejoindre ici. Il est bien le frère de mon père. Il vivait en Italie je crois Avec votre permission, puis-je rester jusqu'à son arrivée ? Nous repartirons ensemble, puisque tel est votre souhait.

Elle ne put s'empêcher de ressentir une légère rancœur en prononçant ces mots, mais après tout, elle connaissait le risque en ramenant l'enfant ici. Dame Della avait toujours été très claire sur ce sujet. Aucune tolérance pour les moeurs légères ou les négligences. Telle était la règle que toute la domesticité connaissait.
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Della
Della commençait à se sentir ridicule d'avoir lancer des accusations sans fondement envers Isandre.
S'il agit de n'importe quelle autre personne de sa mesnie, jamais elle n'aurait ressenti de regret, sauf pour Clarinha. Mais Isandre était devenue quelqu'un de proche, quelqu'un en qui elle voulait avoir confiance et l'espace d'un instant, elle s'était sentie trahie, pensant que Isandre aurait pu lui mentir et être mère sans mari.
Aussi, ce fut un réel soulagement d'entendre la jeune femme lui dire que c'était Juste, le fils de Watelse père et dans un geste maternel, la Duchesse caressa la joue de l'enfant.


Il vous ressemble vraiment, je vous l'assure...Dit-elle avec un sourire. Mais je comprends la raison.

Un bref silence, pour réfléchir, juste un peu...Ainsi donc ce vieux paon a disparu. Peut-être est-ce mieux ainsi. Della observa encore l'enfant avant de reposer le regard sur Isandre. Vous ne partirez pas, Isandre. Cela fut dit sur un ton décidé qui ne souffrait pas de contrariété. Votre frère et vous resterez ici même, à Seignelay, le temps qu'il faudra. Votre oncle est le bienvenu également. Je serais offensée qu'il ne vienne pas s'installer ici pendant son séjour en Bourgogne.
Vous le lui ferez savoir en lui écrivant.

Clément étant parti(*), vous aurez un peu de temps à consacrer à cet enfant. Qu'il grandisse en paix et en sagesse.

La voix de Della avait légèrement vacillé en évoquant le départ de son fils mais elle se reprit très vite et elle se leva pour venir présenter la paume de ses mains au feu crépitant dans l'âtre, tournant ainsi le dos à Isandre.
Elle se mordilla la lèvre, quelques instants, cherchant comment exprimer ce qu'elle avait sur le coeur, les excuses n'étaient pas son fort. Supplier le Seigneur de lui pardonner ses fautes, oui, elle le faisait avec humilité et réelle repentir. Mais demander pardon à un être qu'elle aimait, c'était bien plus compliqué.

Elle choisit d'être lâche et ne se retourna pas pour dire :
Isandre, je vous demande de bien vouloir m'excuser. J'ai été trop vive et trop rapide tout à l'heure, en pensant que vous aviez...fauté. Je suis sincèrement désolée. Elle frottait ses mains, l'une contre l'autre, cherchant à se réchauffer mais aussi et surtout à se donner une contenance.

(*)petite ellipse temporelle RP.

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Isandre.watelse
Le pardon de Dame Della ramena le sourire sur les lèvres de la jeune demoiselle de compagnie. Certes, elle aurait compris les doutes et la punition qui s'en serait suivie, mais elle ne voulait absolument pas quitter ce qu'elle considérait comme son nouveau foyer, le seul qu'elle ait connu depuis longtemps.

- Ca n'est rien Dame Della. Je comprends que la vue du petit ait pu vous induire en erreur... C'est assez vrai qu'on se ressemble.

Soupirant, elle poursuivit.

- Je vous remercie de me permettre de le garder auprès de moi. Il ne fera pas de bruit, il ne parle pas. Mon oncle ne devrait plus tarder. Je suis sûre que vous vous entendrez bien. Il est très différent de mon ... père.

[Quelques jours plus tard, en soirée...]

Enfermée dans sa chambre, son frère endormi dans son petit lit, Isandre decida d'appliquer le conseil de sa tante et prit donc la plume pour écrire à son oncle.


Citation:
Mon Oncle,

Voilà plusieurs jours que je n'ai plus de nouvelles, et j'avoue que vous savoir seul sur les routes m'inquiète grandement. Je vous espère en bonne santé.
Ne vous étonnez pas de me voir si méfiante, lors d'un récent déplacement sous bonne escorte, nous nous sommes faites attaquées par des brigands de grand chemin. Ils ne nous ont fait que peu de mal, mais je n'ose imaginer le sort que de telles crapules peuvent réserver à un voyageur solitaire. Prenez soin de vous mon oncle. Vous êtes la seule famille qu'il nous reste, à Juste et à moi, et pour la première fois, je me mets à apprécier ce mot : famille.
J'ai bien reçu votre dernière lettre où vous me faisiez part de l'échec de vos recherches. J'avoue ne pas comprendre comment des parents peuvent abandonner un enfançon si jeune si brutalement. Ceci dit, quand il s'agit de mon père, tout est possible. Nous en avons encore une fois la preuve.
J'ai donc un autre oncle qui se nomme Richard ? Combien étiez vous donc dans cette fratrie ? Effectivement, je pense qu'il faudrait le contacter.
J'essaye aussi de joindre un membre de la famille de la Duranxie, mais pour le moment, sans résultat.
Dame Della attend votre venue avec impatience. Elle m'a autorisé à garder Juste à mes côtés et vous invite cordialement à séjourner à Seignelay.
Je joins donc mon invitation à la sienne et j'espère votre arrivée avant les premières gelées.

Prenez soin de vous mon oncle et que vos pas vous ramènent rapidement vers nous.

Respectueusement

Votre nièce.

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--Adhemar_watelse


Dans une auberge à Cosne...

Il ne pensait pas la Bourgogne si attirante. Ou bien était-ce le vin qu'il l'était. Plus suave que celui de Bordeaux, il avait musardé en chemin. Découvrir quelques coteaux où les pieds de cep s'étendaient jusqu'à pied de colline l'avait émerveillé. S'arrêtant un matin dans une ferme pour demander son chemin, il avait retroussé ses manches et avait prêter main forte pour aider à la vendange.

Il ne réclama nul salaire, mais un bon repas. Et le soir fourbu, les mains piquées par des guêpes vengeresses, mais la mine réjouit il avait ripaillé et dégusta le cru de l'an passé. Son cheval avait fait quelques embardées sur le chemin du retour, mais il ne s'était jamais senti aussi vivant. Et puis il était arrivé à Cosnes, juste à point nommé puisque dans l'heure qui suivait un pli de sa nièce lui parvint.

Il le lut et prit sa plume presque à mâtine pour y répondre.


Isandre ma tendre nièce,

Ne te tourmente plus, je suis dans une auberge à Cosne. Il est vrai que les chemins sont peu surs et que les mauvaises rencontres font parties du quotidien d'un voyageur. Mais on ne berne pas facilement un vieux renard comme ton oncle.

Je suis enchanté que tu m'attendes et un peu gêné d'accepter l'invitation de cette Dame Della. L'on m'a rapporté en ville qu'elle était Duchesse et de toute ma vie je n'ai séjourné dans la Noblesse. Es-tu certaine que ma venue ne serait pas déplacée ?

Pour répondre à ta question à ma connaissance nous sommes trois frères et une soeur ainée, mais j'ai quitté le domicile parental à l'âge de treize ans et comme je n'ai jamais vraiment pris de nouvelles j'ignore si d'autres enfants sont nés après mon départ. Tu l'auras constaté nous n'avons pas vraiment la fibre familiale chez les Watelse. Quoiqu'il en soit il serait peut-être temps que ça change. Comment vas tu et le petit ? Il se remet de ce drame ?

J'attends de tes nouvelles ou ta venue, ayant pris gite et couvert à l'auberge municipale.

A très vite.

Ton oncle

Adhémar Watelse


Il donna deux écus au fils du tavernier et lui dit :

- Tiens gamin va porter ça au château de Seignelay, tu sais où c'est hein ?

Hochement de tête du fiston qui regarda son père, puis le voyant acquiescer et lui dire "Bah qu'est-ce que t'attend vas y vite" le garçonnet parti en trombe.
Isandre.watelse
La lettre la trouva au petit matin, dans les cuisines, entrain de nourrir son frère de gruau.
Avec fébrilité, elle brisa le cachet et parcourut rapidement les quelques lignes.
L'auberge municipale.... laquelle était ce ? Elle ne fréquentait pas les tavernes très souvent et le gamin était déjà reparti. Finalement, elle appela Claudette, la cuisinière. Cette dernière ayant une fâcheuse tendance à lever le coude, elle saurait sûrement...


- La taverne... ben c'est l'Petit Cosnois certainement... Sur la place du village, face à la mairie. Vous pouvez pas la louper !


Isandre lui confia donc la fin du petit déjeuner de Messire Watelse Junior et saisit sa cape. Elle profita de la charrette du forgeron, parti chercher du fer pour couvrir la distance assez rapidement et poussa la porte de l'auberge, encore déserte à cette heure. Avisant une servante qui brossait le sol, elle demanda :

- Vous avez un voyageur arrivé hier ? Messire Watelse ?

Devant le signe de tête affirmatif de la femme, elle enchaina :

- Pourriez vous me servir un verre de lait chaud et aller lui dire que sa nièce l'attend en bas ?


Elle s'installa sur le bord d'une chaise et attendit donc que son oncle descende, espérant ne pas être arrivée trop tôt finalement.
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--Adhemar_watelse


Dans une auberge à Cosne...

Il finissait ses ablutions, quand il entendit trois coups frappés à la porte. Pas un de plus et il stoppa net son taillage de barbe. Même s'il paraissait barbe naissante cela lui demandait un rasage et c'est coupe choux en main, bretelles tombantes sur ses braies qu'il ouvrit la porte.

La servante parut gênée et bredouilla un :

- Une dame vous attends en bas mais je sais plus son nom.

Il était bien avancé, mais il rétorqua un :
- Je finis de m'habiller, dites lui que j'arrive.

Il espéra que ce n'était pas cette folle de rouquine qui l'avait suivi, mais quelque chose lui disait qu'il l'avait trop humilié pour la revoir un jour. Tout en se passant de l'eau sur le visage et un peu d'eau de senteur un rien poivré, il s'inspecta. La cicatrice de sa joue était visible mais ne le défigurait pas. Il sourit, le cœur en goguette suite à sa rencontre avec une brune Guyennaise.

- Allez allons voir qui nous attends de si bon matin.

Il descendit l'escalier et sourit largement en reconnaissant sa visiteuse.

- Isandre ma jolie nièce, je suis contrit de t'avoir fait attendre, je me préparais.

l lui prit la main et la porta à ses lèvres pour un déposer un baiser. Puis s'adressa au patron.

-Tavernier un lait chaud pour moi aussi, avec du pain et du miel s'il vous plait.

S'installant près de sa nièce il la regarda longuement.

- Tu es resplendissante, comment vas-tu ? Et ce brigandage tu n'as pas eu peur, tu n'es pas blessée au moins ?

Il lui sourit tendrement heureux de la retrouver après tout ce temps.
Isandre.watelse
Un tourbillon de bonne humeur semblait pénétrer dans la salle sombre de l'auberge, sortant Isandre de sa rêverie. Le sourire lui vint aux lèvres instantanément.

- Mon oncle, je suis heureuse de vous voir en si bonne forme.

D'un geste naturel, elle essuya en du bout des doigts un reste de savon sur le lobe de l'oreille.

- Je suis désolée de vous surprendre si tôt, mais je suis venue dès que j'ai reçu votre billet. Comment va votre jambe ?

L'évocation de pain et miel réveilla brusquement son appétit. Le miel était son péché mignon et elle avait quitté le château sans prendre le temps d'avaler quelque collation matinale. Mais déjà, les questions pleuvaient.

- Je vais très bien mon oncle. La vie à Seignelay est bien plus douce que ce que j'ai connu jusqu'à présent. Mais vous le verrez bientôt par vous même. Dame Della a été quelque peu surprise de voir Juste, mais elle m'a autorisée à le garder jusqu'à ce que l'on puisse retrouver ses parents.

La servante revenait déjà, une belle miche de pain odorante et des bols fumants sur un plateau. Isandre sourit pour la remercier, pendant qu'elle plaçait le tout sur la table, et s'éloignait d'un pas fatiguée.


- Les brigands, non, ça n'était rien. Ils ne m'ont pris que quelques écus, grand bien leur fasse.
Mais parlez moi plutôt de votre voyage ? Qu'avez vous trouver en Guyenne ? Pensez vous vraiment que mon père soit parti en pèlerinage ?


Avide de nouvelles, elle espérait que son oncle ait pu glaner quelques autres nouvelles.

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--Adhemar_watelse


Les questions fusaient, les unes après les autres et il s'installa à table pour prendre son premier repas. S'il y avait bien une chose qui ne pouvait attendre c'était le premier repas. Il tartina des tranches de pain chaud de miel et en tendit une à sa nièce.

- Alors dans l'ordre pour répondre à tes questions et mange en attendant tant que ton lait est chaud. Ton père oui est bel et bien parti, de lui nous n'avons plus aucune trace. Il est parti rabibocher son couple à Jérusalem, doit y avoir un truc là bas qui fait qu'on est moins idiot avec sa femme, enfin il doit le penser.

Elle croqua dans sa tartine et mangea en mastiquant lentement, puis plongea sa tranche dans le lait chaud et quand il eut la bouche vide et propre il poursuivit.

- Ma jambe n'est plus qu'un mauvais souvenir tu sais, c'est la santé du petit et la tienne qui m'a bien plus inquiété que la mienne. Ton Oncle Richard quant à lui part à la guerre en Chypre je crois. Je ne l'avais pas revu depuis des lustres alors imagine le choc que j'ai eu en constatant qu'il n'avait plus besoin de nourrice. Il avait 3 ans quand je suis parti de la maison. C'est un soldat à présent et s'il meure il m'a dit te léguer tous ses biens. J'ignore toutefois s'il a des biens. Quoiqu'il en soit nous subviendrons au besoin de Juste et des tiens, en attendant que l'on te trouve époux. Enfin ça c'est l'idée de Richard.

Il continua à déjeuner mais il était persuadé que sa dernière phrase allait provoquer quelques remous, aussi finit-il son repas avant que l'orage éclate. Les femmes et la vaisselle c'était bien connu ça ne faisait pas bon ménage sur un coup de colère.
Isandre.watelse
Croquer dans une belle tartine de pain frais couverte de miel était bien le meilleur moyen de passer une bonne journée.
Toutefois, la tartine resta en suspens entre la table et la bouche et le bol frappa lourdement le chêne noirci alors qu'Isandre réalisait ce que son oncle venait de lui sortir d'un ton si tranquille.

Les hommes ! Mais pour qui se prennent ils ? Se croient ils si indispensables qu'ils pensent tout régenter à peine arrivés ? Ou bien se sentent ils si vulnérables qu'ils aient besoin de tout contrôler alors qu'on ne leur demande rien ?

La peau pâle de la jeune femme rougit brusquement sous l'affront. Un mari ! Rien que ça ! Et pourquoi pas une ribambelle de mouflets aussi !

Ceci dit, se transformer en furie hystérique ne ferait que montrer à son oncle qu'il avait raison, et qu'elle était parfaitement incapable de se maitriser. Avec un violent effort de volonté, elle prit une grande inspiration pour se calmer, et mordit rageusement dans sa tartine.

La douce amertume du miel parfuma son palais et la ramena sur terre.

- Reste calme ma fille... ne donne pas à ce mâle présomptueux la satisfaction de t'avoir mise hors de toi.... respire et réfléchis...

Le pain avalé, il formait malgré tout une boule dans sa gorge qui avait du mal à descendre.

Ce fut d'une voix basse et glaciale qu'elle répondit.


- Mon oncle, malgré tout le respect que je vous dois, à vous et à votre frère, laissez moi clairement vous dire ce que je pense de vos... propositions...

Son oncle faisant mine de protester, elle leva un index autoritaire pour le faire taire.

- Silence, je vous prie.... Ce que je vais vous dire, je ne vous le dirai qu'une seule fois. Il n'y aura pas d'autres avertissements.

Prenant une gorgée de lait chaud pour faire descendre la boule de pain dans sa gorge, elle poursuivit :

- Je vous sais grès de prendre soin de moi, et j'espère que dans cette affaire, vous n’êtes que le messager et pas l'instigateur. En tout état de cause, je pourvois à mes besoins seule et depuis de nombreuses années. J'entends bien que cela continue.
Pour Juste, nous verrons.


Reprenant son souffle, elle poursuivit :

- Et, en ce qui concerne votre dernier point, ne prenez pas cette peine. D'abord, je suis bien trop agée pour être encore sur le marché, et ensuite j'ai commis l'imprudence de confier mon destin à un homme une fois. Oh, n'imaginez rien, cet homme c'était mon père et il m'a chassée en me confiant à Dame Della comme domestique. Plus jamais je ne laisserai un homme être maitre de ma vie.

Les choses étant dites, elle reprit une grosse gorgée de lait brulant, histoire d'apaiser le tumulte intérieur qu'elle ressentait. La marier ! pourquoi pas la vendre au marché à bestiaux aussi ! Quelle audace !

- J'ai aussi peu besoin d'un mari qu'une chèvre a besoin d'un balai. Plutôt me faire none. Vieille fille je suis, et vieille fille j'entends rester. J'espère que les choses sont claires dans votre esprit et qu'il n'y aura pas à revenir là dessus.
Si votre soudard de frère veut faire quelque chose pour moi, qu'il reste loin. Je pense que c'est le mieux qu'il puisse faire.


Sentant la colère revenir, et refusant de se donner d'avantage en spectacle, elle fit mine de s'absorber dans son repas matinal.
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