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[RP] Dis, Arthéos, sommes-nous bien loin de Chaumont ?

Artheos




    Dis, Arthéos, sommes-nous bien loin de Chaumont ?

    Oui. Oublié la tristesse, le chagrin et le doute. Plus rien de tout cela. Jamais plus. Adieu sentiments moroses ! Je ne veux plus vous revoir, vous ressentir, vous prendre entre mes bras, sécher mes larmes... Je veux rire, chanter, danser. Mais je ne veux pas oublier les bons moments qui sont passés trop rapidement... Garder le meilleur pour chasser le pire. Est-ce réellement possible quand l'un entraîne l'autre ?... Je ne voudrais que retenir votre image. Entendre votre voix dans ma tête. Sentir parfois vos mains frôlant les miennes. Ecouter le chant de vos lamentations... Mais on m'a tout retiré. Du jour au lendemain. Nul ultimatum, nulle sommation. On ne m'a pas averti. Pourquoi ? Je crois ne pas en être sorti indemne... Je crois ne jamais pouvoir totalement guérir du creux que vous avez laissé en mon coeur. De la peine que vous m'avez infligé. Du vide que vous avez créé... Mais pourrais-je vous en vouloir ? Vous haïr ? Oh non ! J'y pense, mais ne m'y résouds jamais. Vous connaissez ma lâcheté. Je ne peux détester ceux que j'aime, ceux que j'ai aimé et qui ne sont plus là pour m'aider... De l'aide, c'est bien ce que vous me fournissiez le plus. Car j'étais bien naïf le tout premier jour. Vous seule m'avez vu. Vous seule m'avez accueilli, sans jugement, sans préjugés. C'est bien pour tout cela, que jamais je n'offenserai votre mémoire de pensées néfastes. Jamais... Et pourtant... vous n'aviez pas le droit. Non, vous n'aviez pas le droit. O combien ai-je manqué de votre sympathie, votre douceur, votre gentillesse, votre générosité et votre sensibilité ?... J'envie les anges qui vous ont pour eux seuls.

    Arthéos, dis, sommes-nous bien loin de Chaumont ?

    Oui, la Normandie. Est-ce suffisamment loin pour bâtir autre chose ? Une nouvelle vie ? Je n'y pense pas. C'est toujours et bel et bien la même. Même s'il a un nouveau goût bien changeant. Vous m'avez, duchesse, laissé aux soins de la baronne de la Haye du Puits. Regardez un peu le monde des vivants. Votre amie est devenue duchesse de Normandie ! Je suis si fier et si content pour elle. Elle qui n'était que baronne avec tout ce qu'elle avait fait pour ce duché ! La voilà récompensée. Cadeau empoisonné direz-vous ? Je sais que vous n'avez jamais aimé la politique. Que vous la haïssiez. Je m'en tiens depuis toujours, très éloigné, en souvenir de vous. Tous ces êtres détestables qui s'insultent et se battent à la moindre occasion. Je prie Dieu chaque jour pour qu'Adeline ne tombe pas dans leurs mailles. Elle m'est très précieuse. Je ne peux me résoudre à la perdre, comme je vous ai perdu : à cause des autres. Mais elle est forte et endurcie. Et jamais je ne me tiens trop loin d'elle. Personne n'a le droit de me retirer une nouvelle amie. Je sais, je suis bien prétentieux de vous appeler toutes deux des amies. La relation maître et valet n'est jamais facile. J'ai toujours instauré la barrière sociale. Mais elle devient de plus en plus limpide et invisible. Mais je ne peux pas la retirer. Un misérable n'aura jamais l'égalité face à un noble. Je le sais. J'y consens. Et je reste à ma place. Mais mes pensées vont outre, et je ne sais pas quoi faire. Peut-être ne suis-je plus fait pour servir ?

    Sommes-nous bien loin de Chaumont, dis, Arthéos ?

    Décidemment oui. Le temps a passé. Il y a eu du vent dans les arbres, de la pluie sur les montagnes, de l'eau sous les arches et des nuages dans le ciel. Combien exactement duchesse ? Je n'ai pas compté. Dieu lui, sait peut-être ? On dit que ceux qui souffrent sont les bienheureux, comme les simples d'esprit. Je devrais être radieux à longueur de journée en sachant cela, non ? Mais ma vie est tranquille. Je ne suis plus à Chaumont, je suis à la Haye. Je travaille les fleurs, l'intérieur, l'extérieur... mais surtout, j'accompagne Adeline, partout. Depuis sa nomination, il faut dire que je suis devenu le Premier Valet de Normandie maintenant ! Je maintiens un certain prestige. J'essaye de changer mes vêtements tous les jours. Je me fais très propre pour accompagner la duchesse régnante lors de ses déplacements. J'essaye au mieux de la satisfaire. Je pense qu'elle m'aime bien. Je ne lui ai jamais posé la question. On ne demande pas ça à sa maîtresse. On ne devrait même pas parler à sa maîtresse, sauf quand elle le demande et le permet. A-t-on pitié de moi ? La plupart des domestiques sont traités avec indifférence. Mais le brave Arthéos, celui qui a tant souffert, a un autre traitement. Je ne le mérite pas. Arthéos, le pauvre, le malheureux, le triste et le chagriné. Il était bien pathétique le jour où il est arrivé... A-t-il changé ? En mieux ? En pire ? Tempus fugit. Le temps fuit. L'avance que nous avions sur lui nous échappe. Il nous rattrape. Il court en même temps que nous. Jusqu'à ce qu'il nous rattrape et nous passe finalement devant.

    Dis, Arthéos, sommes-nous bien loin de Chaumont ?




Anaphores librement inspirées par Blaise Cendrars, Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France.

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