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[RP] Violette & Mirabelle.

Violette.
    ~ Epinal ~

      - Aïe !

    Les pieds de la jeune fille étaient douloureux, épuisés par de longues heures de marche. La petite brune avait l’habitude des tâches difficiles et ingrates, mais ne se faisait jamais aux voyages qui lui étaient pénibles. Mais enfin, Violette était arrivée à destination, Epinal.

    Frêle, la chevelure longue et sombre, de petite taille, la paysanne semblait fragile. Pourtant, elle était résistante, ses longues journées de labeur à la ferme de son père l’ayant endurcie. Ses yeux marrons transpiraient le calme, ainsi qu’une pointe de naïveté, et se faisaient parfois dociles. Rare étaient les fois où Violette haussait la voix. La brunette devait avoir entre seize et dix-sept ans. Les formes féminines étaient effacées par sa maigreur liée à sa pauvreté. Une paysanne presque sans un sous, désœuvrée et à la découverte d’une nouvelle ville.

    Ses affaires étaient maigres, une centaine d’écus destinée à son installation, une robe en bon état pour être présentable si une occasion exceptionnelle se présentait, et une miche de pain desséchée, presque immangeable. La faim d’ailleurs la tiraillait, elle qui avait économisé pour déménager. Son père était mort depuis deux semaines maintenant et Violette avait délaissé la ferme familiale. Ses douze frères et sœurs étaient déjà partis depuis longtemps : morts, disparus, chassés pour certains d’entre eux. Le père avait donc fait en sorte d’offrir un peu d’éducation à la cadette pour qu’elle puisse s’en sortir après sa mort. Mais cruellement en manque d’argent, rien ne retenait la brune à la ferme qui préféra partir vers la ville la plus proche afin de trouver un travail.

    Il était aux alentours de midi lorsque Violette reçut la clé de sa petite maison. Une pièce avec une paillasse, une table, une chaise et de jolis trous au toit. Dehors un petit potager lui permettrait de récupérer une poignée d'écus en revendant ses légumes. Ce n’était pas beaucoup, mais c’était déjà ça. Plus tard elle se rendit en taverne, croisa quelques personnes dont un seigneur local à qui elle proposa plus ou moins ses services. Car la néo-spinalienne devait trouver une occupation de longue durée si elle voulait vivre de façon décente et ne plus avoir faim chaque matin. Mais en dehors des tâches basiques de la ferme et de la maison, elle savait faire peu de choses. Tous deux décidèrent donc de s’entretenir plus tard à ce sujet avant que Violette ne quitte les lieux pour faire le tour de la ville et passer au marché.

    La ville semblait agréable, les habitants gentils, et le marché plutôt bien fourni. Peut-être trop car tout la tentait mais rien ne lui était accessible maintenant qu’elle n’avait plus que deux écus en poche. Violette passait d’étal en étal, se promettant de revenir plus tard pour s’acheter quelques petites choses une fois qu’elle aurait plus d’argent. En attendant elle continuait à parcourir le marché, souriant aux gens qu’elle croisait, prenant son temps, absolument pas pressée de retourner dans sa bicoque miteuse.
Luisa.von.frayner
Luisa avait rarement été aussi rayonnante que depuis son retour à Epinal. Des visages, les paysages, Hayange, son château, ses jardins, ses cuisines, la chambre rose - la sienne -, les journées fraîches, les fourrures, tout de la Lorraine lui avait manqué. Elle se retrouvait alors à nouveau chez elle, entourée de sa famille, proche de ses amis, de Kaëlig. Seuls Elendra, Elfry, Gabrielle et Enzo manquaient au tableau. Mais, paraîtrait-il qu'on ne peut pas tout avoir...

Encouragée par les retrouvailles avec le familier air lorrain, elle ne tenait plus en place. Et à la manière d'une petite oisillonne venant juste d'apprendre à voler, elle courait d'un atelier à l'autre, laissant ses yeux sauter d'un tissu à l'autre chez les couturiers, d'une arme à l'autre chez les armuriers. Autant d'objets qu'elle jugeait plus tous plus magnifiques et attrayants les uns que les autres, malgré qu'elle sache pertinemment - avec une pointe d'amertume - qu'elle n'avait à se contenter que de la première catégorie, les épées et leurs sœurs étant réservées à son frère.
Elle venait d'abandonner à regrets une attifet bordeaux particulièrement à son goût - elle avait décidé de se montrer plus obéissante envers ses parents, suite aux menaces d'enfermement définitif au couvent (quels méchants !), et acheter la coiffe sans leur en parler n'allait très certainement pas dans ce sens - et se dirigeait maintenant vers un marchand dont les pommes ne pouvaient qu'attirer l’œil.
Elle n'avait pas eu le bordeaux de l'attifet, elle pouvait bien avoir le rouge vif d'une pomme !

Grand sourire aux lèvres et sautillante, elle se dirigea vers lui en sortant quelques pièces de sa poche, qu'elle passerait d'une main à l'autre en lui adressant sa commande (comment ça, elle fait sa ririche ?).


    Bonjour marchand ! J'voudrais vous acheter deux pommes, s'vous plaît ! Mais les deux plus rouges !
    ...
    Moui, celle-là, elle est bien.
    ...
    Ah non, pas elle, elle est gâtée d'ce côté-là ! Mh, plutôt celle-ci !
    ...
    Voiiilà ! Merci, marchand, ça ira ! Au r'voir !

Elle cessa de faire tinter ses écus pour les lui tendre en l'échange des deux pommes, et s'en alla continuer son chemin vers le prochain atelier qu'elle jugerait intéressant alors que ses pensées vagabondaient vers Kaëlig. Elle ne l'avait pas vu depuis plusieurs jours, et il n'était pas encore passé à Hayange. C'était dans l'espoir de le croiser ce jour au marché qu'elle avait acheté deux pommes plutôt qu'une. Et puis, le cas échéant, sa mère serait ravie de l'attention que Luisa ferait portée comme lui ayant toujours été destinée.

Sauf que voilà. Elle avait à peine élancé quatre fois ses jambes qu'elle s'arrêta. Une jeune femme qui se tenait à quelques mètres d'elle attira son regard : elle lui était totalement inconnue. Une nouvelle du village ? Une voyageuse ? Elle ne semblait dans flamboyante de santé et de forme mais - Luisa en était sûre - elle serait bien jolie avec un peu plus de gras dans ses repas. Ou simplement avec un peu plus de repas. La faim se lisait dans les yeux de la brune tout autant que sur ses joues creuses, et malgré qu'elle affiche un faible sourire, son air inspira quelque pitié à Luisa, qui resta plantée là une bonne trentaine de secondes.
Était-elle bonne au point de faire don de sa belle pomme rouge, qu'elle avait pris tant de soin à choisir, qu'elle destinait à son chevalier ou à sa mère, qui symbolisait tant, à cet instant ? À une inconnue parfaite, d'autant plus ?
Oui, la réflexion méritait de loin les trente secondes.


    Hum...Hum, hum...Bonjour.

    Tu...Tu veux une pomme ? J'en ai une en trop, et puis j'me suis dit que peut-être, tu avais...enfin, j'veux dire...Eum...Parce que tes joues, et puis...Enfin, tu la veux ? Parce que je l'ai en trop, hein, elle me sert à rien, et puis je sais même plus pourquoi je l'ai achetée, alors au lieu de la jeter...

    Oh, et puis je m'appelle Luisa. Luisa von Frayner. Si jamais.

Un faible mais franc sourire accompagna ses paroles alors qu'elle lui tendait une pomme - la moins rouge des deux, tout de même.
Elle avait opté pour le tutoiement. La brune avait l'air très pauvre, et il était rare qu'on et qu'elle tutoie les sans le sou.

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Violette.
    La brune avait trainé pendant une bonne dizaine de minutes sans trop savoir où arrêter son regard. Tant de choses qu’elle ne pouvait s’offrir, ça en devenait presque déprimant. Violette fit demi-tour et tomba nez à nez avec une petite blonde. Elle ne la connaissait pas, d’ailleurs elle ne connaissait absolument personne à Epinal. A priori elle ne devait pas avoir plus de douze ou treize ans, en tous cas une chose était sûre, elle était plus jeune qu’elle. Violette la détailla du regard, surprise lorsque celle-ci lui adressa la parole en lui proposant une pomme. Ladite Luisa était bien habillée pour son âge, et il ne fallut pas longtemps à la paysanne pour comprendre que ses parents devaient être riches, si ce n’est nobles. Violette aurait pu se vexer du tutoiement à son égard, d’autant plus qu’il était évident que des deux elle était la plus âgée, mais elle avait tellement l’habitude de subir le mépris ou d’être ignorée que voir la jeune fille lui parler l’enchanta. Machinalement pourtant, elle porta ses mains à ses joues et les toucha, comme pour vérifier les dires de Luisa. Ses joues étaient effectivement creusées, elle devait vraiment avoir mauvaise mine, mais ne pouvait en être sûre faute de pouvoir se regarder dans un miroir. Violette se contenta de sourire, presque gênée par la bonté de la petite blonde, voulant d’abord refuser par politesse avant d’être rappelée à l’ordre par son ventre vide et ses mains presque rachitiques.

      - Bonjour. C’est très gentil de votre part, ça me touche. Je l’accepte volontiers, merci beaucoup.

    La brune était franche et ne pouvait pas se permettre de tourner autour du pot durant des heures pour une histoire de politesse. Cependant le côté serviable et poli était toute l’histoire de la vie de Violette, c’est pourquoi elle s’empressa d’ajouter

      - Qu’est-ce que je peux faire pour vous remercier ? Je ne peux pas accepter cette pomme sans rien rendre en retour…

    Violette prit tout de même la pomme et la tint entre ses mains presque en tremblant. En attendant que la jeune inconnue réponde, elle se présenta à son tour.

      - Moi c’est Violette. Ravie de vous rencontrer.

    Le vouvoiement ? Elle était l’inverse de la blonde en tout point, impossible de tutoyer son exact opposé même si la situation en devenait…bizarre.
Luisa.von.frayner
Elle avait accepté, et heureusement. L'effort qu'avait fourni Luisa en tendant le fruit n'était, certes, pas colossal, mais on pouvait tout de même le qualifier de considérable. Ou du moins d'inattendu. C'était certain, la jeune von Frayner venait de faire preuve d'une grande bonté, et si elle devait se pincer la lèvre pour ne pas attendre quelque chose en échange, l'idée que la pauvrette puisse refuser son geste ne lui avait pas effleuré l'esprit une seconde !

    Qu’est-ce que je peux faire pour vous remercier ? Je ne peux pas accepter cette pomme sans rien rendre en retour…

En effet, sa lèvre n'eut pas à être pincée trop longtemps. Mais là n'est pas la question. On venait de lui en poser une bien plus importante, et par dessus-tout intéressante. Comment la remercier ? La brune n'avait pas d'argent, ne semblait pas être en mesure de lui donner l'une ou l'autre leçon appropriée...Alors à quoi pouvait-elle bien servir à une jeune fille de douze ans ?
Au fur et à mesure que la réflexion filait, un sourire s'élargissait sur les lèvres de Luisa qui releva enfin les yeux sur son interlocutrice, signe qu'elle avait trouvé.


    J'ai bien une idée ! Bien sûr, ce s'rait pas seulement en échange de la pomme, puis je te donnerais des sous à chaque fois, après, si tu acceptes. Comme ça, tu pourras t'acheter d'autres pommes, et du pain.

Douze ans. Un âge cruel. On n'est plus vraiment un enfant, on refuse de traîner avec des "petits", mais les adultes nous ennuient et refusent de nous penser leur égal. Reste les personnes de son âge. Or, à Epinal, et sûrement dans toute la Lorraine - mise à part Elfry enfermée au couvent et Kaëlig qui ne donnait plus signe - ne devait se trouver aucun autre jeune de douze ans. Autant dire que Luisa était souvent seule. Au hasard ! Aujourd'hui, c'est seule qu'elle sautillait entre les rues et le marché. C'était aussi seule qu'elle allait regarder les gens travailler dans son nouveau moulin, qu'elle allait écouter les bûcherons lancer leurs haches et se coucher dans l'herbe après une course à dos de Cobalt. C'était sûr. De la compagnie, elle en avait besoin. Oh, non, pas d'amitié, juste de compagnie. Avoir quelqu'un à qui parler, quelqu'un pour donner son avis sur tel ou tel tissu entre lesquels elle hésiterait, quelqu'un pour qu'elle puisse aller tremper ses pieds dans la rivière sans risquer de se noyer sans qu'on n'en sache jamais rien...Tout ça, quoi !

    Ce serait de m'accompagner quand j'ai envie. Comme pour aller au marché. Ou à la rivière. Ou dans les ballades à cheval, si tu sais chevaucher. Et si je te demande, de rien dire à personne sur où je vais ou sur c'que je fais. Mais normalement j'ai pas trop de secrets, maintenant.

    Alors, tu dis oui ?

Cette fois-ci, elle était en effet moins confiante sur la réponse. Si une pomme n'était qu'une pomme, une présence récurrente auprès d'une gamine de douze ans était une présence récurrente auprès d'une gamine de douze ans. Enfin, l'échelle du contrat n'était pas la même, quoi.
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Ersinn
Le temps maussade reflétait une fois de plus l'humeur du lorrain. Les nuages qui envahissaient le ciel n'était que semblable à la fatigue qui envahissait son esprit, ces derniers jours. Devant la menace italienne, que l'on guettait avec bonne humeur dans les casernes lorraine, on aurait pu s'attendre à un peu d'action. Même Ersinn y croyait. Cependant, l'attente était des plus usantes. Par chance, c'était à Epinal qu'on patientait l'épée au poing. Une ville active, et pas trop ennuyeuse. Mais malgré tout.. Pour celui qui devait prendre les décisions, c'était loin d'être de tout repos.
La nuit, pourtant, il aurait pu être heureux. Étant de garde chaque jour, il patrouillait avec ses soldats, sous les étoiles, mais sans pouvoir contempler ces dernières, puisque sa tâche lui imposait d'être d'une vigilance à toute épreuve. La tentation, si forte, de laisser un regard rêveur s'abandonner dans la voute céleste puis de se laisser s'absorber dans le monde des songes le tannait, et influait si facilement sur son état de forme.

Et c'était donc suite à une de ces longues nuits, que le jeune Capitaine quitta enfin son poste pour laisser la suite aux miliciens. Direction le marché d'Epinal, la tête dans les bottes,afin de manger un petit quelque chose avant de rentrer chez lui se reposer. Ces derniers jours, il n'avait pas beaucoup de temps pour lui-même, à envoyer des messagers au Castel, des estafettes à l'OST, et des pigeons à son parti politique...
Pire encore : il devait se priver de mirabelle - ou plutôt s'interdire tout excès. Quel misère. Le regret d'avoir pris la responsabilité et le commandant d'une armée l'atteignait presque, juste à cause de ça. Mais le devoir sécuritaire primait sur le devoir de la boisson.

Au marché, plutôt mouvementé en fin de matinée, Ersinn n'eut aucun mal à se frayer un chemin parmi la foule. En effet, personne n'était assez sot pour essayer de bousculer un homme en armure - bien que non casqué-, encore moins lorsqu'il marchait aussi lourdement qu'Ersinn. D'ailleurs, au bout de quelques instants, il se rendit compte qu'il marchait sans but. La fatigue avait vidé ses pensées, et il était tout simplement en train de déambuler parmi les étals. Un soupire franchit ses lèvres. Il venait de penser à la mirabelle. Il irait donc acheter des mirabelles.

Devant l'étal d'un des marchands de fruits, une petite fillette conversait avec le marchand, avec visiblement un caprice au niveau du choix, ce qui eut tôt fait d'agacer le Warenghien.

Moui, celle-là, elle est bien.
...
Ah non, pas elle, elle est gâtée d'ce côté-là ! Mh, plutôt celle-ci !


Il ne put retenir un court grommellement. Il venait de reconnaitre Luisa, à sa voix fluette et ses cheveux blonds. Encore à vadrouiller toute seule, celle-là.. Grmbl.. Mais cela avait éveillé sa curiosité. Il s'empressa de demander une vingtaine de mirabelles, laissant la note pour l'armée - il payerait plus tard. Enfouie dans sa besace vide ( euh.. oui c'est sale ! ), il pressa le pas pour suivre la petite Von Frayner à travers le marché. Il fut assez rapide pour être le spectateur de la collision avec une autre femme. Aïe. Gardant pour le moment un peu de distance, il se contenta d'observer, oubliant toute fatigue. D'aussi loin, il n'entendait absolument rien, et ne pouvait que deviner la conversation. S'approchant donc, il n'avait pas l'oreille curieuse ce matin, et ne prêta pas vraiment attention aux mots, mais plutôt à l'une des pommes qui étaient quelques minutes plus tôt dans la main de Luisa, et à présent entre celle de l'autre femme.

C'est avec le soleil derrière lui qu'il s'avança vers elles, avec une pointe de prudence dans la voix :


Hum.. Le bonjour, mes demoiselles.. Tout est en ordre ? Tout va bien Luisa ? Oh.. C'est vous, Violette.. Mmh..

Les épaules du lorrain purent se détendre. Étant nouvellement installée ici, Ersinn ne s'était pas encore habitué aux traits de la jeune paysanne. Après tout, il ne l'avait rencontré que quelques fois en taverne.. Plutôt discrète, réservée, mais avec une once d'intelligence.. Un profil intéressant..
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Duc de Lorraine.


Pour plus de précision sur l'allure d'Ersinn :
http://www.lesroyaumes.com/FichePersonnage.php?login=ersinn
Violette.
    Violette observait Luisa avec attention tandis qu’elle parlait. Plus que la proposition en elle-même, c’était la façon dont elle l’amenait qui l’amusait. La petite blonde avait de la suite dans les idées et nul doute qu’à l’âge adulte elle saurait mener son monde. Quant à sa proposition justement, elle était séduisante. Son nom, la recherche de compagnie, et les balades à cheval confirmaient sa supposition : elle avait de l’argent. La brune n’était pas vénale, mais elle supposait que les parents de la jeune fille avaient de quoi lui fournir un salaire si jamais elle acceptait d’accompagner, voire surveiller leur progéniture. Cependant Violette préférait prendre son temps avant de lui donner une réponse, ayant toujours en tête la proposition du seigneur d'Aingeray et d'Ogéviller.

    Avec un sourire, la jeune femme lui répondit, cherchant à gagner du temps. Impossible de se prononcer de façon certaine aussi subitement.


      - Je ne peux pas dire oui tout de suite. Je veux dire…on m’a déjà proposé une place pour travailler quelque part et j’y réfléchis actuellement.


    Ne pas la contrarier. Luisa semblait persuadée d’obtenir une réponse positive, et il était vrai que si aucune offre ne lui avait été faite auparavant, la paysanne aurait probablement accepté de l’accompagner lors de ses sorties.

      - Mais si jamais je devais refuser, je trouverais quand même quelque chose pour rembourser ma dette auprès de vous…


    La gueuse s’apprêtait à continuer sa phrase lorsqu’arriva Ersinn auprès d’elles. La brunette ne le connaissait presque pas mais l’avait trouvé fort aimable lors de le première rencontre un peu plus tôt dans la journée.

      - Tout est en ordre. Luisa a eu l’extrême gentillesse de m’offrir une pomme. Je voyais avec elle pour trouver un moyen de la rembourser. Elle me proposait de l’accompagner lors de ses sorties et autres balades.


    En marquant sa pause elle se gratta les cheveux, embêtée, cherchant ses mots. Un compromis était possible après tout. Enfin, si les deux concernés l’acceptaient. Se tournant vers Ersinn elle reprit donc.

      - Si je venais à travailler pour vous, accepteriez-vous que de temps à autre j’accompagne la demoiselle ?


    Il fallait au moins tenter, d’autant plus qu’ils semblaient se connaitre. Derrière son dos Violette croisait ses maigres doigts en espérant être chanceuse dès son premier jour à Epinal.
Luisa.von.frayner
    Hum.

Le regard que Violette parcourait sur elle gênait Luisa au plus haut point. Ca ne se faisait pas de dévisager quelqu'un comme ça - sauf si on s'appelle Luisa von Frayner et qu'on a une raison précise de le faire - et puis, d'abord, que cherchait-elle ? Si elle se fiait au soin de la coiffure de sa peut-être-future-embaucheuse, c'en était mort pour cette dernière. Elle voulait bien garder ses robes propres, mais les cheveux, bon, fallait pas pousser, quoi, où allait-on si on ne pouvait pas sortir l'une ou l'autre mèche pour un effet décoiffé (c'est pas de la pub !) ?

Elle avait souri ! Ca, ça ne pouvait qu'être bon signe. Elle devait avoir abandonné l'idée de la coiffure, et s'être fiée à l'instinct. À qui Luisa ne pourrait-elle pas inspirer confiance, hein ? Et justement, un sourire tout ce qu'il y a de plus angélique s'installa sur les lèvres de la petite von Frayner, qui attendait patiemment le "D'accord !" qu'elle sentait venir.


    - Je ne peux pas dire oui tout de suite. Je veux dire…on m’a déjà proposé une place pour travailler quelque part et j’y réfléchis actuellement.

Et merdre*. Manqué. Qui donc pouvait bien être l'imbécile qui avait eu l'idée de recruter la même pauvre qu'elle ? C'était pas ça qu'il manquait, pourtant, non ? Un complot, sans aucun doute. Certainement une diseuse de bonnes aventures qui avait "vu" que Luisa voudrait engager Violette et avait voulu l'empêcher, juste parce qu'elle était jalouse de sa belle chevelure blonde, si éclatante à côté des cheveux gris tous cassés d'une vieille devineresse...Tsss ! Y'a plus d'vieillesse !
Luisa en était scandalisée, et cela devait se voi sur son visage, puisque Violette tenta de recoller les pots cassés par cette imbécile vieille, aigrie, et sûrement moche d'...


    Ersinn ?!

Gros, mais là, très gros saut de sourcils entre le premier mouvement : le haussement, et le second : le froncement. Enfin, pas de quoi être si étonnée, elle l'avait bien sentie, que "l'autre" était aigri...(Mais non, c'est une boutade.)

    C'est pour lui que vous allez travailler ?! Mmmmh.

Ne vous y trompez pas, ceci est un "Mmmmh" de mécontentement.
D'un certain côté, ça n'était pas plus mal que ce soit tombé sur lui - qui serait naturellement tout disposé à prêter Violette à Luisa - plutôt que sur quelqu'un qui n'était pas spécialement...enfin, sur quelqu'un que Luisa n'appréciait pas plus que cela, à tout hasard, sur la duchesse, ou quelque chose comme ça.

Tous les yeux (les quatre, en fait) étaient alors braqués sur le Warenghien, dans l'attente de son jugem...de son accord. C'était oui ? Tout le monde serait heureux. C'était non ? Ersinn serait condamné à deux ans - au moins ! - de haine de la part de Luisa, et même qu'elle s'immiscerait chez lui en secret pour réduire ses toques en cendres. Et ses poulaines, aussi !

    Ersinn...? Je serais très heureuse que tu acceptes la proposition de Violette. Si tu refuses, ça me rendrait tellement...triste !

Nouveau sourire faussement innocent pour bien s'assurer que son interlocuteur avait saisi le message. Les doigts de Luisa étaient croisés derrière son dos ; rien de tel pour accentuer un suspense.


* Alfred Jarry m'a appris la politesse avec Ubu.
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Ersinn
A peine arrivé qu'il fut presque déjà couvert de questions. Des questions plutôt embêtantes, car en fait il voulait absolument gagner du temps, pour y réfléchir un peu plus longtemps. Le Capitaine s'était engagé tout seul dans une impasse, et sous le regard insistant - non, menaçant ? - de Luisa, il fallait bien sortir quelque chose. On connaissait bien le Warenghien pour sa radinerie pour tout ce qui touchait l'argent, et il en allait de même pour son personnel. Partager Lara était très dur pour lui, et devoir le partager avec Beren, ce frêle imbécile, ne lui plaisait pas du tout.

Il adressa un sourire vers Violette, et la considéra pendant un moment. Que pouvait réellement accomplir cette fille de paysan auprès de lui ? Il avait déjà Lara en guise de servante - bien que son absence brillait comme un phare, pour Ersinn. Violette. Il avait trouvé cette femme intéressante. Pourquoi ? Il ne saurait y répondre. Une question d'instinct, ce qui signifiait qu'il y avait forcement quelque chose à en tirer.

Son silence durait un petit moment, les deux jeunes filles le dévisageaient ouvertement, dans l'attente de son jugement. Il avait heureusement encore le contrôle de la situation..

Ersinn...? Je serais très heureuse que tu acceptes la proposition de Violette. Si tu refuses, ça me rendrait tellement...triste !


Ersinn eut un sourire. Le message était très clair, et le ton de la bouderie n'était plus très loin. Et la taquinerie fit très rapidement surface.


Ah.. Je ne sais pas, vraiment.. Je ne t'ai encore jamais vu triste, mais j'ai entendu des histoires assez intéressante de toi quand tu étais triste, en Languedoc.. Mais quand j'aurais refusé cette proposition, il faudra trouver autre chose que la mer pour aller se jeter dedans avec une pierre, hein.

Il rit pendant un petit instant, mais pas trop longtemps, car il voyait déjà une flamme dans les yeux de Luisa.

Hem... D'accord, d'accord.. Se tourne vers Violette. Bien que ma proposition fut très vague, vous l'avez gardé en tête ! J’apprécie, merci.. Et je la maintiens et la confirme. D'ailleurs, vous pouvez venir avec moi tout de suite, j'ai à présent besoin de savoir si vous êtes endurante ou non. Je ferais bien de vous mon écuyère, puisque le précédent n'a pas survécu à mon dernier voyage.. Pas assez endurant, le pauvre. Hum.. Donc.. Il y a un moyen plaisant de la mesurer, votre endurance. Vous savez.. entre une couverture et un sommier.. Que vous et moi.. Enfin.. C'est toujours mieux que de faire des tours de terrain, je trouve.

Un petit coup d’œil vers Luisa, qui écoute avec attention. Il fallait vite diriger son attention vers autre chose.

Pour te répondre, petite Von Crâneuse.. Feignant un soupire, il la regarde dans les yeux. Très bien, j'accepte ! Mais uniquement parce que c'est toi.

Un peu de flatterie, ça aide..
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Duc de Lorraine.


Pour plus de précision sur l'allure d'Ersinn :
http://www.lesroyaumes.com/FichePersonnage.php?login=ersinn
Violette.
    La situation était gênante. D’abord les yeux de la jeune fille qui semblait déterminée à avoir ses services, et comment refuser alors qu’elle avait une dette envers elle, puis la présence d’Ersinn qui allait devoir trancher la question du partage de Violette. Mais comme Luisa, la brune attendait l’arbitrage de celui qui allait devenir duc de Lorraine quelques jours plus tard. Ses doigts étaient toujours croisés dans le dos, et le restèrent encore un peu lorsqu’Ersinn se moqua de la petite blonde. La nouvelle arrivante ne savait pas à quoi il faisait référence mais nul doute que cela allait courroucer la petite noble qui semblait dotée d’un fort caractère. La gêne gagna d’un cran et quand Ersinn se tourna vers elle Violette se demanda ce qu’il allait bien pouvoir répondre.

    Et elle ne fut pas déçue. Elle était jeune, mais savait percevoir les allusions quand on lui en faisait. Attentive, quoi qu’un surprise, Violette regarda son interlocuteur tâchant de réfléchir le plus vite possible pour savoir qu’elle attitude prendre, et surtout, savoir quoi répondre. Elle pouvait faire semblant de ne pas avoir compris, et passer pour une sotte. Elle pouvait s’offusquer, crier au scandale, et attirer la curiosité de Luisa qui à son âge n’était probablement pas capable de comprendre les sous-entendus. Elle pouvait répondre avec calme et même assurance et vexer son futur maître. Elle pouvait également faire tout cela à la fois, ce qui lui sembla finalement être la solution la plus adaptée à la situation.


      - Evidemment que c’est mieux. Une fois cette petite affaire réglée je vais donc vous suivre et vous pourrez constater que je suis parfaitement capable et surtout endurante.

    Violette souriait avec un zeste de malice. Elle ne mentait pas, mais plaisantait, tout autant que lui. C’était en tous cas ce qu’elle pensait. Quant à Luisa, peu de chances qu’elle comprenne la teneur de sa phrase, ou son sens faussement caché. Plus bas, pour que la blondinette n’entende pas, la brune ajouta :

      - Je sais que vous plaisantez. J’espère que vous avez compris que moi aussi, enfin pour la partie entre le sommier et la couverture. Mais pour un entrainement fait de tours de terrains, je suis toute à vous.

    Enfin, il accepta. C’était parfait, l’affaire était conclue, il n’en restait plus qu’à décider quelques petits détails, mais rien ne pressait.

      - Etes-vous satisfaite Luisa ? puis aux deux Je commence quand ?

    Il fallait bien se mettre d’accord sur sa garde après tout.
Luisa.von.frayner
Alors que les doigts de Violette restaient croisés dans son dos, ceux de Luisa se voyaient en accueillir toujours un de plus, annulaire, auriculaire, et enfin pouce, jusqu'à former au final deux petits poings qui se serrèrent de plus en plus sous la réplique piquante d'Ersinn. Elle le savait bien, fallait qu'elle arrête de raconter ses écarts à tout le monde - surtout aux amis du genre taquins et agaçants dès que l'occasion pointe son "o".
Avec les poings, donc, un regard, naturellement menaçant en direction du provocateur. Bien sûr, elle n'eut pas le temps de répliquer - c'est qu'en plus, il maniait l'art du "tout-juste" face à Luisa - qu'il enchaînait déjà avec un peu plus de sérieux.


    Hem... D'accord, d'accord..

Venait-il bien de donner son accord ? Ah, non, bien sûr, ç'aurait été trop facile. Et puis, c'était un politicien. Soit, un accord de politicien. Soit, un "la réponse surviendra à la fin de mon discours, mais j'émets encore quelques doutes quant à celle-ci, laissez-moi vous torturez quelque instant de plus, c'est si dé-li-ci-eeeeeux".
Et comme indiqué, le discours s'en suivit.
Et on rappelle les faits.
Et on les confirme.
Et on souligne cékikél'chef.
Et on ajoute des messages codés incompréhensible pour une pauvre jeune et délaissée demoiselle.
On fait attendre.
Enfin, on tire une conclusion. Merci Ersinn, pour ces circonlocutions.


    Très bien, j'accepte ! Mais uniquement parce que c'est toi.

Bien sûr, on flatte. Et ça marche, puisque Luisa se trouvait déjà accrochée aux jambes d'Ersinn qu'elle serrait de toutes ses maigres forces pour lui exprimer toute sa gratitude et le respect qu'elle avait envers le choix qu'il avait fait.
Un sourire fabuleux à Ersinn puis à Violette. Victoire, quoi.


    - Etes-vous satisfaite Luisa ? Je commence quand ?

    Et comment !

    Moui. Plutôt. J'aimerais juste quand même qu'Ersinn prévienne à l'avance lorsqu'il aura besoin de toi, que je puisse, tu comprends, savoir quand je peux avoir ta compagnie, parce que moi, je ne pourrai certainement pas prévoir, contrairement à lui !

    Hein, Ersinn ?

    Comme ça, pour moi, Violette, tu peux commencer dès que j'ai besoin de toi !

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