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Info:
Où des amants doivent enfin se retrouver... Où des choses doivent être dites... Où rien ne sera aisé... Où les conséquences ne sont connues de personne, pas même des deux zoziaux...

[RP] L'heure de vérité.

Fitzounette
[Préambule]

Erikdejosseliniere a écrit:
[Où la fin ne l'est pas totalement, mais sans être bien certain que cela puisse être un commencement, pas plus le commencement du début que la fin du commencement voire le commencement de la fin... Et si vous vous y retrouvez, bravo : moi, pas !]

Erik s'était laissé totalement guidé par son amie bourguignonne, tandis qu'il l'avait tenue par la taille. Mais d'énergie, il n'en avait plus, en dehors de celle du corps. Ses pensées n'allaient nulle part. Pas plus vers cette liberté tant souhaitée que vers la Bourgogne ni que vers le chateau de la Duchesse Kilia. Erik n'avait plus rien au fond de l'âme et son coeur était meurtri à un point à peine imaginable. Il n'avait qu'une seule envie, incontrolable, inutile, vaine et peut etre même mauvaise : boire, boire et encore boire, à ne plus savoir qui il était, comment il se nommait, pour quelle raison il se trouvait là...

Dehors, les fameux 45 attendaient leur princesse, ne lui pretant, mais c'etait somme toute fort logique ne se connaissant guère, pas plus attention que cela. Corbigny écouta d'une oreille tout à fait distraite les recommandations de son amie et c'est tout aussi distraitement qu'il se dirigea vers une tente, récupérant au passage son mantel, ayant soin de s'assurer qu'Armoria fut aussitot recouverte d'un vetement en meilleur forme que le sien, la saluant d'un air totalement absent. Là, il fit mander un peu de savon, un baume quelconque pour cet oeil toujours souffreteux, ce visage bouffi par les nombreux coups, de même qu'un calame, de l'encre, du vélin et un tonnelet de n'importe quel vin, pourvu qu'il fut fort...


Mouarf... Et ils appellent cela du vin !

Fit-il, buvant cul sec un premier gobelet de ce que l'on venait de lui apporter et dont il se servit à ras bord, regrettant les crus immémoriaux de sa Bourgogne lointaine. Enfin, c'était tout de même du raisin fermenté et cela ferait bien l'affaire... Un second gobelet... Un troisième... La plume toujours en main, le parchemin aplani devant lui, posé sur une mauvaise table... Quelques mots : il ne s'agissait pourtant que de quelques mots !

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Citation:
Ma Douce,
Ma Grâce,
Mon Aimée,
Mon Amour,
Ma petite Reyne sans laquelle...


Arrivé là, il se retrouva une fois de plus dans l'oubli de tout, reprenant du vin, se laissant aller à la noirceur de ces instants, ayant tant envie que les lignes coulent à nouveau comme il n'y avait finalement pas si longtemps. Les amants véritables sont en dehors des heures. Ils se font leur propre éternité... Or, il se sentait tout aussi sec que cette bouche qui n'en finissait plus de chercher à se déshaltérer. Tant pis pour le vélin ! Les 45 se feraient bien rembourser de la peine, et son fief de Corbigny n'était point pauvre. Reprenons :

Citation:
Ma blonde beauté,
Ma petite Grâce,
Mon Aimée,
Mon Amour.

Je suis, pour quelques heures encore, sous une mauvaise toile de tente installée à la va-vite par les fidèles gardes de Son Altesse Armoria, mon amie. Celle-ci, sans doute au contact de la fraicheur de l'air ambiant tout autant que de la vision de ceux qui la connaissent ainsi que des soins prodigués par votre tante, semble récupérer de ses malheurs récents. Vous savez comme je l'aime, amicalement, et rien ne me fait plus plaisir que cela... Hors le fait de vous revoir enfin en pleine santé et toute aussi repose et belle qu'au premier jour de notre encontre.

Mais ces derniers jours furent de toute violence. Pire : Je crains que certains faits ne m'auront à tout jamais éloigné du diamant auquel j'ai voué ma vie, depuis plusieurs mois... Je ne suis point doué en contes amoureux, je le sais. Je suis, encore et pour toujours, ce paysan bourguignon, lourdaud et orgueilleux, sans doute, mais qui n'aime point courber l'échine devant qui que ce soit... fut-ce un Duc... fut-ce une princesse... Qui ne sait pas forcement ce qui plait aux dames... Qui laisse par trop ses mots devancer ses pensées... Qui, l'age venant peu à peu, est moins malléable que lorsqu'il découvrait les joies de l'existence.

Aussi, et sans souhaiter paraitre désagreable à votre tante, je ne puis la suivre en son castel ce jour, ni répondre favorablement à sa cordiale invite mais, même si je suis mandé d'urgence en mon Domaine, je ne puis quitter l'Anjou tel un maraud qui aurait honte de s'être trouvé en un lieu inconnu, un lendemain de trop grande festoillance.

Si vous le voulez bien, mon petit diamant, retrouvons-nous là où vous le désirerez, pourvu que cela soit en un lieu totalement neutre et sans le poids d'une famille que je ne connais point mais qui n'a rien à entendre de mes mots, du moins, ceux que je vous adresse ce présent, pas plus que ceux que nous aurons à nous échanger.

Je vous aime,
Quoi qu'il puisse advenir,
Votre vieux Pair,
Erik.
¨
PS : Pardonnez l'absence de scel, mais il appert que je les ai perdu, comme trop de choses ces derniers temps...


Premier vélin. Un second, envoyé au chef de la Police de Saumur :

Citation:
Messire ou dame Responsable de la prevôté locale de la néammoins bonne ville de Saumur,

Il semble que de pauvres hères n'écoutant que leur courage de même que leur devoir d'honnêtes gens ont passé beaucoup de leur temps à nous chercher par le pays.

Je ne connais leurs noms, ni ne les connais tout court pour vous dire vrai. Cependant, ne sachant comment ni où les contacter, je m'adresse à vous pour qu'ils se mettent, dès que vous aurez mis une mains aussi ferme que paternelle sur leurs épaules pouilleuses, en contact avec ma personne.

Par avance, je vous en remercie.

Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny,
Pair de France.

PS : l'on me dit qu'ils savent parler aux carpes... Cela me semblait assez incroyable pour vous le mettre en lumiere à la parfin de faciliter vos recherches.


Le Pair se reposa un instant -quelques chopines bues ne seraient pas de trop-, ficela les deux courriers séparement, à défaut de scellé et confia le tout au premier cavalier venu. L'espace d'un instant, il retrouva un peu de sa superbe, ne laissant à l'homme d'autre solution que de lui obéir dans l'instant. Le plus compliqué était à venir : aller rejoindre la Princesse et prendre bouche, quelques instants, avec elle... Ce qu"il fit apres... Quelques nombreuses nouvelles chopines.











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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Fitzounette
[Toujours isolée dans un castel Angevin.]

Elle en avait passé des jours et des nuits à attendre. Attendre quoi ? Elle avait oublié… Succédaient les mêmes journées blafardes, aux mêmes nuits glacées.
Se faire habiller et coiffer, parce qu’il le fallait bien. Sans même se plaindre, se laisser faire comme une poupée.
Se gaver de poulardes et autres entremets, jusqu’à en avoir mal au ventre, jusqu’à en vomir parfois.
Boire ce vin, dont on a perdu le goût, à en être ivre, à ne plus en pouvoir, à le haïr même, pour oublier un temps les tourments de l’âme.

Parfois elle allait dans une ou l’autre des tavernes de Saumur, pour avoir l’espace d’un instant, la sensation d’être encore en vie, de ne pas être cette coquille vide qu’elle était devenue. Elle trouvait toujours quelqu’un à malmener, comme quand elle était plus jeune et qu’elle se fichait des conséquences de ses paroles et de ses actes.
Cette Duchesse, qui à seize ans, avait déjà vécu tout ce qu’une vie peut offrir. Souvenirs des paroles de Kilia.
Oui, et les gens étaient déjà méchants en apprenant ses ascendances. Mais elle s’en fichait, la vie ne l’avait pas encore cabossé, elle était fraiche, insolente, rebelle.
Elle n’était pas encore usée par cette destinée, qui lui avait tout donné, sauf l’amour éternel… Rêves de petite fille, de petite Reyne.

Dans ces tavernes, elle parvenait toujours à cracher son fiel, se libérant ainsi de ce terrible poids qui lui donnait la sensation d’étouffer. D’exprimer ce lent poison qui coulait dans ses veines, et la rendait amère.
Parfois même, elle arrivait à rire, et à oublier totalement les funestes évènements, et le manque de lui, son Pair.
Oublier ces instants de bonheur intense, les visites nocturnes, les baisers fous, les étreintes passionnées… Les déclarations, la chaleur de son souffle dans son cou.
Oublier… Jusqu’à la missive…

Les mains tremblantes, elle l’avait contemplée longtemps, sans parvenir à la décacheter. Elle avait fini par le lire, de longues heures plus tard. Sourire d’abord lumineux qui peu à peu se fane. Il est cassé, elle le sent, elle le sait… Ils l’avaient cassé, avaient brisé ce qui faisait de lui cet être exceptionnel. Cet homme qui malgré son rang était plein d’innocence, et ouvert d’esprit. Qui aimait son prochain, quel qu’il soit. Qui accordait sa confiance, modestement.

Il faut lui répondre. Elle qui a passé des jours à écrire se retrouve bien démunie. Retenir les larmes qui lui brûlent les yeux, et la bile qui lui consume la gorge.
Plume suspendue au dessus du vélin, une goutte d’encre qui vient l’embrasser. Commencer, et se laisser porter.
Un billet court, elle n’est pas capable de faire plus élaboré, en proie à un trouble intense.


Citation:
Mon Doux,
Mon Aimé,
Mon Erik,

Je suis soulagée d’avoir enfin de vos nouvelles, et des bonnes, autant que faire se peut. De même pour la Princesse. Lorsque j’ai vu les miens revenir sans vous, j’ai cru en mourir…
Je comprends fort bien votre réticence de ne vouloir venir me retrouver ici même.
Je vous retrouverais dans la taverne de votre choix. Je veux savoir, m’assurer que vous n’êtes pas blessé….


Ecrivant cela, elle réalise qu’il l’est forcément, les coups portés par Maleus lui reviennent, la violence, la haine. Elle se met à pleurer doucement.

Citation:
Ne me dites point qui vous êtes. Je le sais. Je l’ai toujours su… Et je vous ai choisi ainsi…

Je vous aime,

Votre blondeur éternelle,
La Penthièvre,
Fitzounette.


Missive confiée à Mabuse qui part prestement à la rencontre de son ami Loncourié…
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Erikdejosseliniere
Il sait qu'elle l'aime... Elle ne peut savoir à quel point il l'aime. Comment lui dire,avec ces mots qu'il n'a pas, que rares furent ces instants où elle n'était pas tout, tout ce qu'il pensait, tout ce qu'il rêvait, tout ce que sa vie était encore. Il rêve, le Duc. Il aime malgré tout. Il L'aime, rien ne peut faire là contre, Il ne songe qu'à elle,et cette tendresse qu'il lui porte, le sait-elle ? Sans doute ne se préoccupe-t-elle point de cela, parce que son amour vaut au moins le sien. Son amour... Il essaie de se remémorer... Quoi ? Des coups, des paroles, de vagues évènements, des cris, des reproches...?

La prendre dans ses bras.

La premiere taverne, n'importe où. Pourvu qu'elle s'y trouve, rien d'autre importe.

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Duc de Corbigny
Fitzounette
[Entre deux mondes.]

Une taverne anonyme. Elle s’était installée dans un recoin discret, tout au fond de l'établissement. Elle avait toutefois pris soin de se placer face à la porte, de sorte que, ses prunelles azurées balayant la salle, elle pouvait surveiller les entrées et sorties, et observer les personnes présentes.

Elle était habillée simplement, pour ne point trop attirer l'attention du pécore lambda venu dépenser sa maigre paye, en quête de réconfort après une trop longue journée de labeur. Elle était même encapuchonnée… Sa blondeur était bien trop célèbre d’un bout à l’autre de l’Anjou.

Le petit chaperon rouge était nerveux, très nerveux, peut être trop. Ce n’est pas un loup qu’elle attendait, qu’elle espérait comme si sa vie en dépendait, mais un animal blessé. Et Dieu sait qu'elle l'aimait, l'animal. Avec la pureté d'un ange qui embrasse du regard l'infini des cieux.

Elle avait commandé un verre, puis deux, histoire tout d’abord de se donner une contenance, mais également, de se réchauffer le cœur. Ses mains tremblantes les premiers instants, elle avait répandu de cette divine liqueur angevine aux reflets pourpres sur la table crasseuse.

Un souvenir, un flash, du sang se mêlant à la poussière. Violent haut le cœur, ventre qui se noue.

Mais l’esprit du vin aidant, les spasmes de tristesse, d’angoisse et d’impatience s’était dissipés. Elle avait sursauté maintes fois, entendant la porte s’entrouvrir. Et elle avait replongé ses yeux dans son hanap autant de fois. Viendrait-il seulement ?

Soudainement, une étincelle, l'éclat d'une pierre attira à elle les pupilles dilatées de ce regard vague. Reflets olivâtres du joyau qui ne la quitte jamais…
Elle se perdit dans sa contemplation…

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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Erikdejosseliniere
Des mots comme on les lache, sans vraiment bien savoir s'ils ont un sens... ou pas :

Toi ! Vous ! Mon âme, mon diamant, ma perle !

On entre dans une taverne sans y bien songer, on sait qu'elle est là, qu'elle ne peut être que là, aucun besoin de parcourir mille et mille taverne : elle ne peut etre que là ! Son odeur, son être, ses yeux, sa bouche... Nulle part on a vécu cela, nulle part il ne peut s'agir d'un tel aimant, nulle part cette attirance, nulle part cette envie, ce besoin, ce désir d'être par quelqu'un d'autre...

Ma Reyne !

Erik se projette, se jette, se fond en elle... Il sait pourtant désormais tout ce qui peut les séparer... Il sait tout ce qui les relie... Cette bouche, ces cheveux, ces menottes, son esprit... Rien ne vaut par delà ! Il souffre, il peine, mais rien ne vaut puisqu'elle est contre son corps... Il la serre, il l'etoufferait si la vie n'etairt que cela, il se creuse en elle, il la fond en lui... Elle est là, seulement là... Si belle. quels mots autres que ceux-ci :

Ma superbe... Si tu savais comme je t'aime... Je t'aime, je t'aime et encore... Je t'aime !

Plus de duc, plus de pair, plus de bourguignon, plus de licorneux, plus d'autunois, plus rien qu'un amant, l'espace de cet instant éternel.
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Duc de Corbigny
Fitzounette
[Où l’on perd pieds… On croirait même qu’on pourrait voler…]

Une présence. La présence… Lui, enfin ! Il se jette sur elle, tel un affamé. Elle n’a eu le temps que de l’apercevoir, pas de détailler son visage tuméfié. C’est comme si rien n’avait changé. Il la serre fort, il voudrait la manger, la boire… Elle ne rêve que de cela… Elle s’abandonne entre ses bras, se laisse bercer par ses déclarations enflammées. Elle a chaud, puis froid, elle bouillonne et frissonne. Elle est transie, se consume… Elle n’a pas sa verve, elle ne sait que bafouiller tout en le couvrant de frénétiques baisers :

Vous, mon Erik… Mon amour… Vous êtes ici, là, près de moi… Restez pour toujours, restez là, je le veux. Oui, enchainez-moi à vous

Elle a tout occulté, les évènements récents, la peur de ne savoir s’il était encore en vie, la colère qu’il reste auprès de son amie, la peine qui lui vrillait les sens quand elle croyait l’avoir perdu… Elle enfonce ses doigts dans la chair de son dos, elle le respire, elle s’imprègne de lui. Elle a envie de le mordre. La minuscule flammèche qui subsistait dans son cœur vient de d’embraser violemment tout son être, plus brûlante que les feux de la Saint Jean. Elle n’y croit pas, elle rêve, la passion est intacte. Enragée, elle est ivre de lui.

Je vous aime, j’en crève tant je vous aime. Ne partez plus jamais, jurez le, que vous ne partirez… Parlez-moi, dites le moi… Et que tout est oublié…

Ces derniers mots, elle sursaute en s’entendant les souffler. Elle vient de les rappeler malgré elle brutalement à la réalité. Elle recule d’un pas, et le voit enfin. Son visage se décompose. Son œil… Son faciès tumescent… Horrifiée, elle est prise d’un fulgurant vertige. Elle manque de s’effondrer, et s’accroche comme une damnée à la table où elle était naguère installée. Le souffle coupé, elle ne parvient même pas à l’inviter à prendre place près d’elle, pas plus que de boire de ce vin dans lequel elle cherchait la rédemption.
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Erikdejosseliniere
[Où tout revient, où tout repart...]

Il n'y a personne dans cette taverne pour assister à ces retrouvailles toutes aussi émouvantes que douloureuses. Malgré la fatigue et malgré les douleurs, malgré la lenteur que lui imposent les muscles endoloris, il la prend dans ses bras, la soulève de terre, la serre si fort contre lui, son Aimée, sa Petite Reyne adamantine... Entre chacun de ses mots, il dépose mille baisers enflammés, lui caresse la blonde chevelure d'une main un peu plus libre que l'autre, la presse par la taille de son autre bras, respire son souffle, sa voix, ses mots sans bien y preter garde tout d'abord... Il sait comme elle est prude par certains cotés, combien elle est attachée à rester pure pour le jour où... Mais il ne songe qu'à l'aimer, longuement, doucement, de toute sa puissance d'homme, de toute la force qu'il est capable de lui prodiguer... Seulement, les mots, terribles par les échos qu'ils réveillent subitement en lui, ces quelques phrases où se mêlent l'amour d'une jeune femme et la fierté d'une angevine... Comme un boomerang (si les aborigènes d'Australie avaient déjà pu transmettre leurs secrets), comme une tarte à la crème (si notre Duc avait été amateur de desserts faciaux)... La mine se renfrogne tout soudain, une légère froideur fait involontairement suite aux gestes amoureux... Quelques mots à son tour, la voix est tremblotante, inquiète, tendue, légèrement sombre :

Nous enchainer l'un à l'autre... Je ne veux que cela, ma mie, mon coeur, mon rêve blond... Nous enchainer, par devant Christos ou par devant la Bête, peu me chaut... Mais demeurer pour toujours en ce duché... C'est au-dessus de toutes mes forces... Physiques ou morales...

Le souffle se fait court, le coeur se serre, tandis que reposant sa dulcinée au sol, Erik se saisit des mains de Fitzounette, tachant de trouver le ton et les termes les plus sincères mais les plus juste qu'il peut, malgré la fièvre, malgré l'amour, malgré la violence des sentiments qui ont pénétré en lui depuis ce voyage fatal à Nevers... Malgré cet état d'esprit inconnu de lui à ce jour, bien au-dela de la plus intense des aigreurs. Malgré tout, malgré cette crainte de ce qu'il va exprimer, bien ou maladroitement, il faut poursuivre :

Je ne sais plus où je désire aller, surtout si c'est sans vous, mon Âme... Mais jamais... Pardonnez m'en, mais comprennez moi aussi si votre amour pour moi est aussi fort que je le crois, jamais je ne pourrai demeurer aupres de vous... En Anjou...

Le timbre du Pair accompli mille violences infernales pour tacher de se faire tendre et doux, patient et juste, aimant et attentionné, mais la colère est bien là, que vient attiser une misanthropie nauséeuse et désespérante. Il sait qu'une femme amoureuse entendra ce que le vocabulaire n'exprime point. Il le sait, mais n'y peut rien, dépassé qu'il est par un bouleversement complet de son "animus" :

Je ne sais si l'on vous a conté ce qu'il advenu de moi à Vautorte, lieu maudit à tout jamais, apprenez de ma bouche que rien ne s'y est passé comme la raison l'eut souhaité, que l'arrogance fut la seule défense d'un homme mis plus bas que terre, que je n'ai su être avec votre tante comme il eut sans aucun doute fallu, que mon humeur me fit osciller entre gentillesse et désagrément gratuit avec votre douce amie Otissette, que ma haine furieuse pour le géant m'a fait tout autant detester votre grand-père, comme rarement sans nul doute, j'ai oncques detesté, ne voyant en lui que mauvaiseté et orgueil, tandis que je n'étais moi-même guère plus accessible à quoi que ce soit...

La respiration se fait de plus en plus nerveuse, de plus en plus courte, il est impossible qu'elle ne sente pas comme ses mains, soudainement moites, tremblent, à l'unissons de ce grand corps malade d'une insane dériliction du coeur et de l'esprit. Parvenant à ouvrir même un peu de cet oeil abimé, Erik fixe étrangement son impossible aimée, les pupilles largement ouvertes, la cornée humide de larmes qui ne trouvent leur chemin. Une question se pend à ses lèvres blanchies par l'asphixie, tourne dans sa tête, finissant par surgir brutalement :

C'est folie que nous nous aimions, désormais je sais à quel point... Pour autant, je crois bien être fol... Fol à en mourir de ne pouvoir un seul instant m'imaginer sans vous tout contre moi... Pourrez-vous seulement encore avoir idem sentiments passionnés pour cet être aigre, animé de toutes les affections contraires, qui se tient devant vous ? Dites-moi que vous saurez retrouver en moi ce qui jadis vous plut tant... Je ne suis plus aujourd'hui que mon ombre... Un ombre qui vous aime... Une ombre qui haït presque autant qu'il est possible...

Relachant tout aussi vite qu'il s'en était saisit les deux menottes de son lys sacré, Erik se laissa violemment tomber sur le tabouret qui trônait à un pas de lui, posant avec bruit les deux coudes sur la méchante table de cette auberge silencieuse, enfouissant sa tête entre ses mains, sans mot ajouter, si ce n'est un long et lugubre râle tout entremêlé de douleur, d'effroi et de colère...
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Duc de Corbigny
Fitzounette
[Où on se sait plus, où l’on s’est perdu... Mais où l'on écrit sa destinée.]

Le vertige (de l’amour ?) s’intensifie. Trop d’émotions mêlées, trop de sentiments contradictoires qui s’entrechoquent dans le cœur et le crâne de la petite buse. La ferveur de ces caresses et embrassades est matinée d’une profonde désespérance. Tout semble cependant naturel et bienveillant, tout est si délicat et exquis. Rien d’impudent ou de malséant, même si des Ducs ne sauraient se comporter ainsi en public. L’étiquette, elle s’en fiche bien, il est là, il est vivant, il est entier. Elle a envie de s’en assurer, que son corps ne s’éloigne plus jamais du sien. Qu’il continue à la révérer tendrement, sans malignité. Mais sur la faveur de ces retrouvailles, continue de planer l’ombre de l’amertume, du déchirement, de la détresse, d’un inconsolable tourment.

Elle le détaille de nouveau. Comment peut-il être aussi cabossé ? Quelles ont été les infâmes humiliations qu’il a pu subir, lui l’homme fier, et digne ?
Les premiers mots soufflés sont comme un coup de poignard. Le corps se fait froid et distant. La voix est vacillante et les propos nébuleux. S’unir devant la bête ? Qu’est ce que… Plutôt cela que de demeurer au nid ? Mais… Comment pourrait-elle vivre ailleurs que chez elle ? Combien de temps une buse peut elle survivre loin des siens ? Des sanglots dans le timbre, elle s’enquière :


Et, où irions-nous ? Suis-je condamnée à ne plus voir les miens pour les agissements d’un seul ? Suis-je punie et vouée à ne plus jamais voir ceux par qui je suis ? Mon sang, ceux qui m’ont élevée, aimée…

Un relent de bile lui ravage la gorge. Ne pas s’apitoyer, elle n’a pas le droit. Plus de lamentations et de gémissements. Ce n’est pas comme ça qu’on l’a éduquée, quelque soit sa sensibilité. On n’a le droit de ne pleurer que les morts. Et le Très Haut sait que beaucoup ont péri. Anjou, pays de guerre et de désolation. Et elle ose se plaindre de son propre sort... Kilia, Vadikura, non, elle ne veut les quitter… Elle ne peut… Qui serait-elle sans eux ? Prendre son envol ?

Il persiste et signe. Jamais en Anjou. Jamais… Jamais… Elle n’entend plus que ces mots… Ils font écho, rebondissent sans discontinuer, tintent lugubrement. Elle ne sait plus qui elle est, où elle va. Que serait le royaume sans lui ? Un monde dénué de relief et de saveur. Et que serait le royaume sans eux ? Un désert solitaire et hurlant.
Elle se fait violence :


Mon amour pour vous est infini. J’irais où vous irez.

Murmurant pour elle-même : Dussais-je me faner, dépérir, ne plus être qu’une coquille vide… ou en crever…

Elle retient une fois de plus la souffrance et le chagrin qui lui brûle les prunelles. Il lui fait peur. Il est abimé à un point qu’elle n’aurait jamais soupçonné. Il semble égaré dans les limbes sépulcraux de son esprit ravagé. Elle ne comprend pas. Comment ont-ils pu le mettre dans un tel état ? Des coups, certes, un honneur bafoué. Mais, on y survit… L’ont-ils torturé ? Ont-ils violé la princesse ? Elle se signe, le corps parcouru par de longs frissons. Elle voudrait tout à la fois savoir et ne plus rien entendre.
Elle l’écoute parler d’Otissette et de son Papy sans ciller. Que répondre ? Elle sait qu’ils ont la fierté Angevine chevillée au corps, avec tout ce que cela entend d’impétuosité, de superbe, d’outrecuidance, et parfois même de vanité. Elle n’est pas ce qu’elle est sans raison.


Ne les détestez pas, ils sont rudes, je le sais, mais c’est leur façon de se protéger. Ils ne vous connaissent vous savez...
Et nous, Angevins, sommes les mal-aimés du Royaume. La carapace est parfois difficile à percer…


Elle s’arrête de parler, elle n’a plus de mots pour panser les maux. Elle ne parviendra à le consoler. Elle le regarde s’effondrer.
Elle pose la tête sur son épaule, secouée par ses hoquets. Elle se laisse bercer, et souffle :


Je suis folle, folle de vous… Et jamais je ne vous laisserais. Car je suis votre.

Le choix était fait. Elle s’oublierait pour lui. Peut être à tout jamais… Car sans eux, qui serait elle, hormis une poupée de porcelaine dénuée de souffle de vie ?
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Erikdejosseliniere
[Ce qui peut renaitre sur ce champ de ruines...]

Comme une simple goutte d'eau parvient, seulette, à troubler l'onde, à lui instiller vie, cette frimousse délicatement posée sur les épaules meurtries du Pair semble agir à la manière d'un élixir de vie en ses artères. Avec une immense douceur, Erik commence lentement à tourner son buste, prenant bien soin de toujours sentir la tête blonde contre sa chair, la maintenant désormais d'une main aimante, caressant de la pulpe des doigts ces joues rosies par l'extraordinaire tension de ces instants précieux bien que d'une invraissemblable violence intérieure. Emu jusqu'au plus profond de son âme blessée, brisée même, le vieux bourguignon fixe d'un regard aussi instable que passionné le visage de cette jeune fille, presque comme si, tout à la fois, il la voyait pour la premiere fois, presque comme s'il l'avait toujours connue, d'avant même leurs premiers souffles de nouveaux nés, presque comme s'ils avaient déjà vécu mille vies l'un avec l'autre, l'un pour l'autre, l'un par l'autre, inexorablement.

Sans précipitation, il se retourne entierement vers elle, lui laissant tranquillement reposer son corps contre le sien, sa tête contre le haut de sa poitrine, redessinant, du bout des doigts cette fois, la bouleversante chevelure couleur des blés en plein mitan de l'année, cherchant des mots qui se serrent dans sa gorge, non parce qu'il ne sait ni ne veut les lui dire, mais à cause de ceux que vient de prononcer son aimée. De longues minutes s'écoulent ainsi où tout semble pourtant s'être arreté. Même le plic-ploc d'une petite averse de printemps, les gouttes d'eau dévalant sur le toit de cette auberge solitaire, les ombres fugaces de paysans passant à proximité des ouvertures branlantes de la taverne ont cessé leur course apparente, semblant être d'un autre monde sensible. Tandis qu'il la sent écouter les pulsations irrégulières de son coeur, Erik lui souffle :


Vous êtes mienne comme je suis votre, à tout jamais, mon Ange. Je sais quelle révolution en votre âme d'enfant, appartenant corps et biens à cette famille dont vous portez le nom, vous venez d'accomplir à cause de cet amour pour moi.

Il ne veut rien précipiter. Il cherche à entendre sa respiration, à comprendre le moindre des frissons qui pourraient parcourir cette peau de soie, à déceler ce qui ne peut se prévaloir du verbe. Erik a repris, sereinement, la caresse de ses mains sur ce buste fragile et fort, sur le chemin délicat de sa nuque, sur le pourtour si joliment dessiné de ses lèvres, sur la rondeur de ces émouvantes pommettes, sur le délicat de ce front haut et intelligent, dans les broussailles de ces cheveux de feu. Lui aussi se fiche éperdument de l'étiquette, de l'impudeur toute innocente de leurs attouchements tendres, de l'irréaliste d'un Duc et de sa petite Reyne en cet intérieur glauque de la premiere taverne croisée sur une petite place de village comme il en existe des milliers d'autres de part le Royaume. Il l'aime. Et cet amour ne peut se contenter que de mots... Mais il faut tout de même poursuivre, dans un murmure aussi ténu qu'il vient du lointain de ses tripes :

Je te veux pour seule et unique femme, ma mie. Je te veux pour mère de nos enfançons. Je te veux pour compagne inimitable. Je te veux pour amie, pour amante, pour confidente, pour maitresse. Je te veux au-delà de tout ce que mon passé pourrait encore m'imposer... Offrons nous un nouvel avenir... N'oublions point les notres, pour sur : jamais ! Mes amis valent bien ta famille en nos coeurs dissemblables presqu'autant qu'à l'unissons et je serais le plus vil des êtres de te demander de les oublier, quand bien même tu le pourrais. Offrons nous un autre présent, loin d'eux par le lieu, sans doute, mais jamais de nos pensées. Offrons à ceux qui naitront ton ventre ce présent sans rancoeur ni mensonge, ces demains qui resplendiront des étincellements de nos regards magnifiés. Offrons nous une vie que nous inventerons pour jamais...

Chassez le réel, il revient toujours au galop, par la porte ou par la fenêtre, par une embrasure dans la toiture ou par la cheminée. Aussi, Erik se souvenant que les minutes se sont peu à peu changées en heures et que le jour va bientot s'enfuir, n'aimant guère savoir la Perle des angevins sur les routes à la nuit tombante, il reprend de sa voix grave et chaude, se saisissant un rien brusquement des deux mains de la jeunette, trépidant :

Epouse-moi, ma Fée ! Epouse-moi !

Dans ces yeux fatigués, bleuis par les coups, des éclairs de passion bien au-dela de ce qu'on l'on peut décrire en quelques lignes mais qui expriment : je m'en remets à toi...
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Duc de Corbigny
Fitzounette
[Ou quand la pire heure de la vie devient la plus belle]

Un long silence, duveteux, savoureux. Elle se laisse porter, elle n’a plus de force. Elle se sent fourbue. Il l’accueille doucement au creux de son épaule, puis de sa main d’orfèvre, la guide précautionneusement jusqu’à son poitrail, où elle enfouit délicatement son visage. Elle sent ses mains explorer l’ovale de son minois, ses joues en feu, sa bouche espiègle, son cou fin et gracile. Elle perçoit toute la chaleur de ces frôlements affolants et délicieux qu’il prodigue si innocemment.

Elle soupire doucement, et se détend, toute aux bienfaits de ces mains puissantes mais si soyeuses… Elle est comme une marionnette entre ses grandes paluches, qu’il manie avec une précision étourdissante. Candeur et volupté. De fascinants frémissements s’emparent de tout son être, de la pointe des pieds, à la racine de sa tignasse dorée. Un bouillonnant désir vient se nicher au creux de ses reins. Et il commence à distiller ses doux murmures au creux de son oreille. Comme hypnotisée, les premiers temps, elle entend sans comprendre, captivée par la sensualité de ces instants.

Profondément troublée, le sang lui montant à la tête, elle ne comprend rien que les battements puissants de son cœur de Bourguignon. Le magnétisme de ces corps qui vibrent à l’unisson la laisse désarmée. Mais quelle est donc cette sorcellerie ? Par quel miracle, ou par quel maléfice… Envoutée, elle l’est. Elle découvre le plaisir que l’amour peut procurer. La pucelle ne sait plus à quel saint se vouer. Elle finit par deviner quelques mots, inspire profondément, le front brûlant, et murmure :


Oui, votre pour toujours, jusqu’aux confins des temps. A jamais, pour toute l’éternité…

Un nouvel instant de calme et de mystère. De paix et de tranquillité. Les sens en éveil, elle ressent chaque pulsation, chaque circonvolution. Cet émoi… Il atteint son paroxysme. Une explosion, un tremblement de terre provoqué par des particules aussi peu sonores que le battement d’aile d’un papillon. Elle déguste chaque parole, elle dévore chaque déclaration, avant de répondre, tremblante :

Je vous veux, je vous ai toujours voulu, depuis le tout premier regard. Je ne veux vivre que pour vous, que par vous. Si le Très Haut le veut, un jour, je vous donnerais un beau fils, sain, et vigoureux. Je vous veux, comme au commencement des temps, une femme a pu vouloir un homme. Comme Eve s’offrant à Adam. Je vous veux plus que la raison ne m’y autorise. Je brûle pour vous même si la morale le réprouve

Oui, Erik, si mon Papou y consent, je vous épouserais.


A bout de souffle, bouleversée et transie, elle le fixe dans les yeux, avant de s’autoriser un langoureux baiser. Après tout, elle était fiancée…
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Erikdejosseliniere
[Quand vraiment ça veut pas... Vraiment ça veut pas...]

Une seconde d'hésitation -de celles où l'on pense pouvoir retenir le bonheur, simple et universel, entre ses mains, de celles où la Grâce d'Aristote semble s'etre arretée le temps d'un souffle d'ange sur votre poitrine, de celle où le regard d'une femme ouvre tout un monde de possibles devant l'inquiétude d'un homme plus fragile qu'il y parait, du moins, s'il se devait d'être homme devant une femme, l'aima-t-il plus que lui même, cela ne l'empechait point de l'entendre plus qu'elle ne pouvait s'en douter... Une seconde d'hésitation où nul mot ne sait dire ce que le coeur ressent et... Et le temps présent, le temps intelligible, le temps qui crée et celui qui tue, celui qui tranche et celui qui béni vous rattrape plus vite qu'il n'était prévu :

Norf de Norf ! C'est t'y point qu'y aurait t'un Duc de Berrichogne dans l'coin ? Et de la meme donc, une pich'nette de vin clairet ? Par le grand Poil', que j'm'y perde !

La tête de Corbigny en entendant ce gougniafié au moment même ou, répondant aux doux baisers de sa belle angevine, il allait se saisir de sa taille afin de la soulever jusqu'à sa bouche, tandis qu'il manoeuvrait déjà autour de son tabouret pour lever son seant... Ce n'était point dieu possible... Pas si vite... Pas jusqu'ici, en Anjou où rares le savaient... N'en rien paraitre devant sa mie...

Morbleu l'animal ! Où te crois-tu donc ? Te prends-tu pour une prole berrichone pour t'exprimer ainsi ? Fiche moi le camp, que je te fasse gouter du Yeti dans le fondement !

N'ayant d'évidence point tout compris, le vertugadin, heureux de pouvoir s'enthousiasmer d'un bon pichet de vin, loqueta en direction d'un Erik n'attendant que le prompt départ de l'importun. Seulement, un intrus a ceci de pénible qu'il devient tres vite excessivement intrusif, surtout lorsqu'il pressent qu'il est de trop, et ne laisser point le temps à votre narrateur qu'il donne dans la définition redondante, sans quoi, il redonde encore autant qu'il lui plait. Or donc, et pour en revenir à notre étranger, il ne se sent plus d'importance, vous pouvez etre assuré que vous en aurez pour la soirée (plus si affinité, si l'on en croit les petites rencontres de taverne). Aussi, le courrier portait sur lui un message d'importance qu'il ne cessait de ventiler devant sa gueule de métèque, de berrichon errant, de pâtre berruyer, certain qu'on lui en demanderait lecture. Ayant reconnu les couleurs portées par l'homme, Erik n'en avait que trop l'idée et ne demandait donc rien autre que la disparition du maraud... Lequel, pressentant sa prochaine disgrace s'adressa ainsi au couple :

Norf, mes zoziaux ! Ca, on m'la fait pas ! Vous z'aut', c'est de l'amour pour sur qui vous tient par les vents et cont' la marée ! Mais puisque j'voye bien votre curiosoudaineté, voulaye donc le motif que je suis de part partout depuis queque journée !

Et de mettre sous les yeux des amoureux ce qu'Erik craignait que son aimée puisse voir :

Renlie a écrit:
Duc de Corbigny,

Suite aux propos tenus par vous à Paris, le Duc George le poilu s'est senti offensé et vous invite à régler votre différent noblement.

Etant l'offensé, il fait choix de l'épée et vous laisse le choix du lieu et jour, étant bien entendu que cela ne pourrait perturber la gestion de notre pays.

En qualité de témoin de sa Grâsce, je reste dans l'attente de votre réponse.

Renlie


Sans laisser le temps à quiconque de repondre :

Va dire à ton maitre que je l'attendrai sur le pré aussi rapidement que possible et que j'espère que mon épée lui fera ravaler ses fourberies et les horreurs qu'il me fait dire sur le compte de mon amie Ysandre ! Et fiche le camp avant que je t'embroche avant lui !

La vinasse ayant été bue, le coursier choisi à l'unanimité de lui meme, mission étant glorieusement remplie, qu'une chopine ne méritait point un trou sur le coté. Accompagnant ses salutations chaloupées d'un rot retentissant, il s'en alla chercher fortune ailleurs... Cependant, la nouvelle avait trouvé son correspondant, lequel ne savait comment en revenir aux sentiments exprimés quelques minutes auparavant. Bien qu'ayant la tête en d'autres pensées, Erik prit les mains de son infortunée fiancée, la fixant, inquiet, de ses deux yeux presque ouverts (surtout ce maudit oeil gauche tout bouffi de coups), lui avouant :

Voyez comme votre amant ne sait se tenir... A peine libéré et le voici déjà lancé dans une affaire d'honneur... Je ne puis vous contraindre à m'accompagner, bien que je ne cache pas que votre présence serait le plus doux des hommages. Seulement, en nous amourachant l'un l'autre, j'avais conscience que votre vie est ici, tandis que la mienne est ailleurs et partout, ce maintenant en Berry... Je ferai rendre gorge au Poilu, malgré l'attachement tout privé que j'ai pu avoir pour lui ! Et tant pis s'il me blesse, j'aurai toujours dit MA vérité quant à l'honneur d'une dame de mes amies. Vous êtes ma vie... Et je ne veux point perdre la mienne. Pas plus, je vous l'assure, que je veuille contraindre la votre, jamais. Mais il sera difficultueux, ce chemin que nous voulons emprunter...

Erik fit suivre ces derniers mots d'une vague multiple de baisers endiablés -qu'il aurait certainement ensuivit de caresses idoines si les heures n'avaient à ce point courru-, baisers qu'il espérait assez forts et francs pour que sa petite Reyne oublie de s'inquiéter du reste...
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Duc de Corbigny
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