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[RP] Ce corps est un péché

Anthoyne
[HRP]RP déjà mis ici mais jamais fini, cette fois-ci, on compte bien le finir ! J'vous jure, c'est la bonne ! [/HRP]

[Juillet 1459]

Ce monde est rempli de vices. Les sous-fifres du Sans Nom sont à chaque coin de rue. Le mal est omniprésent. De nombreuses rumeurs disaient que les rousses étaient des sorcières, des envoyés du Sans Nom. Mais cela ne restait que des rumeurs. Anthoyne n’y croyait pas au départ. Ce n’étaient que des ouï-dire répandues par des personnes eux-mêmes envoyés par le Diable en personne, se prétendant homme ou femme du Très Haut et qui ne faisaient ça que pour se protéger du jugement de l’Homme. Mais peut-être qu’ils n’avaient pas tout à fait tort.

Anthoyne avait pu être témoin de la perfidie de ces êtres à la chevelure de feu. Plus précisément, Anthoyne avait été victime de ces sirènes des terres. Elles vous charment et après vous dévorent sans aucun remords. Elles font croire qu’elles sont soumises à des sentiments comme tout autre être humain mais ceci n’est que mensonge. C’est ainsi que pensait Anthoyne.

Depuis toujours, il se sentait tiraillé par il ne savait quel sentiment qui somnolait au fond de lui. Mais tout était plus clair en son for intérieur depuis quelques jours. Il se sentait libre et bien dans sa tête. Chacun a un rôle dans ce monde et Anthoyne venait de prendre conscience du sien. Pour lui, depuis le jour de sa naissance, le Très Haut l’avait destiné à une mission : nettoyer ce monde des créatures du Sans Nom. Toute sa vie, le Tout Puissant l’avait mis à l’épreuve et il avait fauté. Mais dès cet instant, les choses étaient plus claires. Il se sentait mieux et à cette heure-là, il était heureux de connaitre ce sentiment qui l’avait tourmenté depuis toujours. Il n’avait pas été à sa place jusque là. Dans ce monde, il était la pointe de l’épée du Très Haut. Il allait frapper en son nom. Il allait tuer en son nom et tous ces péchés seraient pardonnés. Sa vraie nature allait être libérée.

Cela faisait quelques jours qu’Anthoyne tournait en rond réfléchissant à ce qu’il devait faire pour mener à bien sa mission mais tout en restant discret. S’il venait à mourir, ces créatures continueraient à répandre douleurs et vices. La prudence resterait le maître mot. En ce jour, il avait décidé qu’il devait agir. Tout bouillonnait à l’intérieur de son être et il ne pouvait attendre une journée de plus. Il devait tuer.

Le Seigneur de Maillé s’était rendu au marché, sûr de trouver son bonheur. Le lieu était idéal pour trouver ce que l’on désirait. Son intuition ne l’avait pas trompé. A peine il eut le temps de pénétrer sur la place qu’il aperçut une de ces femmes. A vrai dire, il n’est pas difficile de les reconnaître avec leur chevelure. Celle-ci avait une marque distinctive sur la joue. Anthoyne ne doutait pas sur l’origine diabolique de cette cicatrice même s’il devait sûrement y avoir une origine plus rationnelle que son hypothèse.
Il avait déjà songé au déroulement de sa cérémonie mais le plus dur restait à faire. Il fallait aborder la femme sans l’effrayer. Il existait de nombreuses méthodes mais pas toutes très bonnes. Il avait songé à la courtiser à un instant mais se ravisa en apercevant un petit chenapan. Une autre idée germa dans son esprit. Il se baissa récupérant sa dague bien rangée où il fallait puis s’approcha du môme lentement. Arrivé sa hauteur, il l’attrapa par le bras et lui porta sa lame à la gorge. Et d’un doux sourire, lui dit.


Ecoute petit. Tu vas faire ce que je vais te dire de faire. Je suis officier royal et j’ai vu tes petits agissements. Si tu veux garder tes deux mains, je te conseille de m’écouter attentivement.

Le regard empli de peur, le gamin lui donna une réponse positive. Anthoyne avait créé son emprise sur lui et il pouvait libérer le bras et la gorge de son prisonnier. Il s’agenouilla à coté de lui et lui expliqua attentivement ce qu’il attendait de lui. Le gamin ne montra aucun signe de faiblesse, prêt à agir comme le brun lui demanderait. Une fois les consignes données, il lui prit la main et y déposa un écu. Le messager de Dieu promit au gamin, en lui montrant sa bourse pleine de ces pièces, qu’il en aurait quelques uns de plus s’il faisait correctement son rôle.

Une fois l’échange terminé, il lui fit signe de partir et il chercha du regard la rousse qui avait disparu. Il l’avait quittée des yeux un instant lorsqu’il s’était entretenu avec le gamin. Pris de panique, il la chercha à travers toute la place. Il lâcha un long soupir de soulagement quand il vit la jeune femme se relever. Elle devait tout simplement être penchée sur un étal afin d’y observer les marchandises. Il n’y avait pas de quoi s’affoler. Après une grande respiration, il commença à s’approcher d’elle. Il devait être au plus près de la rousse quand le gamin assurerait son rôle. Et quel rôle ! Il devait faire ce qu’il faisait de mieux. Dérober. Et le monde présent devait apporter la confusion suffisante pour que le gnome puisse se faufiler et ne pas se faire rattraper par la sirène.
Anthoyne n’était plus qu’à quelques pas de la femme tandis que le petit voleur devait arriver en face. En un instant, il vit la femme être bousculée et le gosse sortir juste devant lui. Le sacripan avait réalisé parfaitement son jeu et c’était maintenant au tour d’Anthoyne d’agir. Ni une, ni deux, il se retourna et partit à la poursuite du petit. Il avait songé à simuler une chute et la douleur qui en aurait suivi afin que la femme s’attarde sur lui. Drôle de plan mais il avait foi en ce qu’il avait préparé. Alors que le gamin se faufilait rudement bien à travers la foule, Anthoyne avait beaucoup plus de mal et ne pouvant rattraper le petit, il bouscula volontairement une personne pour entrainer sa soi-disante chute accidentelle. Malheureusement, la carrure de cet homme qu’il prit de plein fouet était plutôt imposante et « Maillé » se retrouva déporté plus que de raison jusqu’à se prendre le coin d’un étal dans le flanc avant de s’effondrer sur le sol, cognant durement la tête contre le pavé. Les douleurs sur son flanc ainsi que sur le coté de son crâne furent très vives. Un léger cri s’échappa de sa bouche tellement son plongeon fut violent. Assurément, il devrait utiliser une autre méthode la prochaine fois.

Le môme devra attendre pour sa récompense ou alors se contenter de sa prise.


Edit : Ajout d'une date
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Aldraien
Le Limousin, une pause dans les missions, l’occasion de prendre un peu de repos. Que pouvait-elle rêver de plus, la Carsenac ? Depuis deux ans qu’elle parcourait sans s’arrêter les routes du Royaume, elle avait enfin trouvé un endroit où il lui plaisait de rester. Ce n’était certainement pas à cause du paysage qui était somme toute assez habituel à celui qu’on pouvait rencontre aux quatre coins du Royaume, mais plutôt par la fréquentation du Comté, qui comptait de nombreuses personnes qui étaient très importantes pour la Rousse. Sa cousine, l’actuelle Comtesse du Limousin, Sindanarie, et son compagnon, le Connétable Gallois, le Breccan par excellence. Pour la première depuis longtemps, elle pouvait affirmer sans se tromper que la vie la laissait se reposer un peu, et au-delà, elle pouvait même prendre le risque d’avouer qu’elle était sereine, et le Très Haut ainsi que tous ses prophètes pouvaient témoigner du caractère exceptionnel de la chose.

En parlant de Très-Haut, il serait peut-être temps pour elle de retourner à la messe. Depuis quand n’y avait elle pas été déjà ? Bien longtemps, la dernière fois ça devait certainement être pour le baptême de son fils d’ailleurs, c’est dire comme ça pouvait dater. Mais bon, on ne pouvait pas à la fois être sur les routes à protéger la veuve, l’orphelin, et le paysan du coin, et à l’église entrain de prier pour le salut de son âme, il fallait bien choisir. Et le choix de l’Ecuyère était tout fait à ce sujet, de très loin elle préférait sa liberté de parcourir les chemins à celle de rester assise sur un banc poussiéreux, même si elle respectait le Très-Haut, elle avait compris qu’Il ne la portait plus vraiment dans son cœur de son côté. Allez savoir pourquoi. Peut-être qu’il la tolérait simplement, parce qu’Il n’était toujours pas prêt à la rappeler à Lui et à devoir la supporter. Gardez vous bien de dire tout haut ce que tous pensent tout bas, elle n’est absolument pas difficile à vivre, loin de là.

Profitant du temps doux d’un début d’été qui s’annonçait très chaud, elle décida de se rendre au marché afin d’acheter quelques provisions pour les jours à venir. Tellement tranquille qu’elle était, elle avait même laissé son épée à l’auberge, ne gardant que ses dagues sur elle. Pourquoi avait elle fait preuve d’autant de naïveté, elle qui avait pourtant eu maintes fois l’occasion d’apprendre de ses erreurs, Dieu seul le savait. Une trop grande confiance envers les gens certainement, confiance qui avait pourtant été trahie un nombre incalculable de fois, et elle revenait pourtant toujours au galop, plus inconsciente que jamais.
Tenue légère comme le temps, elle avait opté pour ses habituelles braies qui ne la quittaient que rarement, bien plus pratiques lorsqu’il s’agissait de monter à cheval, ainsi qu’une chemise estampillée aux armes de son fief. Son bras gauche était bandé, cachant ainsi la cicatrice qui courrait le long de la peau pâle, souvenir de l’incendie qui avait failli la tuer mais n’y avait réussi qu’à demi.

Besace à l’épaule, elle parcourait les différentes étales du marché, cherchant ce qui pourrait lui servir de repas le soir même, et pourquoi pas quelques étoffes pour qu’elle puisse se faire confectionner une nouvelle tenue. De fait, elle n’était pas du tout attentive aux mouvements autour d’elle, puisque ceux-ci étaient tout à fait normaux vu le lieu et l’heure à laquelle elle avait décidé de sortir.
Alors quand un gamin la bouscula, elle ne réagit pas immédiatement à ce qui venait de se passer. Le temps de se rendre compte que sa besace avait disparu, avec bien sûr tout l’argent qu’elle avait emmené pour ses emplettes, le môme avait pris la fuite. Bien entendu, elle se lança à sa poursuite autant que faire se peut, bousculant à son tour quelques passants pour pouvoir garder le jeune garçon dans son champ de vision.

Un vrai serpent ce gosse, et c’était peine perdue pour la rousse qui cherchait en vain à le rattraper. Alors qu’elle allait se résigner, elle remarqua qu’elle n’était apparemment pas la seule à poursuivre le gosse, son regard se posa sur l’homme qui était plus proche du garçonnet qu’elle, et elle accusa le choc du dit homme contre un autre presque au même moment.
S’approchant de l’homme qui s’était pris une gamelle mémorable, elle mit genoux à terre pour s’enquérir de son état. C’est que s’il était encore conscient, ça relevait là du coup de chance et que, dans sa grandeur d’âme, il fallait bien que la Carsenac lui vienne en aide. Elle n’allait tout de même pas avoir un vol et un mort sur la conscience le même jour. Il fallait donc au moins qu’elle assure la survie du pauvre dont l’enfant avait eu raison. Le visage marqué par le feu dont le regard émeraude trahissait la beauté altérée par l’accident fit face à celui du pauvre bougre au sol, un air inquiet se dépeignant sur ses traits tandis qu’elle posait sa main bandée sur son épaule.


- Vous allez bien ? J’ai vu votre chute…L’enfant ne vous a pas raté à ce que je vois. Je peux faire quelque chose pour vous ?
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Joueuse en cours de déménagement, peu présente mais fait son possible, merci de votre compréhension.
Anthoyne
Toujours allongé à terre. Sur le coté. Yeux fermés. La douleur à la tête était à la limite du supportable. Anthoyne était tellement perdu qu’il ne se rendait pas compte de l’agitation tout autour de lui. Quand il ouvrit les yeux, c’est une vision floue de différentes paires de bottes et de chausses qui lui apparut. Quant à son ouïe, elle n’était pas non plus au meilleur de ses capacités. « Maillé » n’arrivait pas à distinguer les sons. Il avait l’impression de se trouver dans une bulle.

Etait-ce là une punition divine pour avoir menacé ce jeune garçon ? Sûrement pas, ce n’était qu’un voleur. Pourquoi le Très Haut protègerait-il un enfant qui vole le fruit du travail des autres ? Surtout que ces mômes là ne sont pas les premiers à mentir non plus. Ou alors il était puni à cause d’avoir sciemment bousculé une personne innocente ?

Autant de réflexions qui vagabondaient dans l’esprit d’Anthoyne. Esprit qui divaguait fortement après ce choc reçu sur la tête. Tout n’était pas très clair. Quand il retrouva enfin un peu de lucidité, il tenta de se relever. La tâche fut loin d’être facile. L’équilibre n’était pas revenu lui non plus. Il réussit tant bien que mal à se mettre à quatre pattes. Il resta dans cette position quelques instants, clignant plusieurs fois des yeux comme si sa vue pourrait revenir plus rapidement. En tout cas, les choses allaient en s’améliorant. Quand il put voir distinctement, il se mit à genoux. Mais son esprit restait perturbé. Toutes les personnes amassées autour de lui paraissaient faire partie du décor. A vrai dire, personne ne s’adressait réellement à lui. Les gens préféraient piailler de leur coté pour étaler tous leurs mauvais sentiments sur cet incident. Dans ce cas, il est normal qu’il ne fasse pas attention à eux, surtout après une telle chute.

Reprenant peu à peu ses esprits, Anthoyne n’avait plus qu’un genou à terre et qu’il prenait appui sur l’autre pour se relever, la rousse, venant de derrière, se mit à sa hauteur et lui adressa quelques paroles. Il ne distingua pas clairement les premiers mots qu’elle prononça mais sa dernière question ne lui échappa pas.


Je peux faire quelque chose pour vous ?

« Mourir ». Oui, elle pouvait mourir pour lui. Cela lui faciliterait tellement la tâche. Il en serait terriblement connaissant qu’il irait même prier pour son âme.
Il ne souhaitait pas tant que ça de tuer. Qui voudrait tuer comme ça gratuitement ? Mais ces êtres étaient des objets du Mal ! S’il avait pu, il se serait contenté de ne pas s’approcher d’elles. Mais, il avait une mission et il devait la remplir. A première vue, rien de plus simple… Seulement à première vue.
Sa situation était plutôt un paradoxe lorsque l’on sait qu’il avait aimé une rousse et partager la couche d’autres. Oui il avait péché. Et cette mission était également là pour obtenir le pardon du Très Haut pour ses fautes.

La voix de la jeune femme était plutôt douce. Elle devait sûrement chercher à s’inquiéter de la santé du noble. Dire que c’était elle qui s’inquiétait pour lui, le prédateur. Sa proie avait pitié de lui. Elle, dont la lame d’Anthoyne ne demandait qu’à lui ôter la vie, posa sa main sur son épaule par compassion... Elle posa sa main sur son épaule ! Au départ, Anthoyne ne s’en rendit pas compte, encore un peu sonné. Mais lorsqu’il tourna la tête, il vit cette chevelure rousse et cette peau blanche en contact de ses habits. Son sang ne fit qu’un tour. En un bond, il se releva et d’un coup de main, il se détacha de cette prise. Elle venait de le toucher. Elle, qui était dominée par le Sans Nom, venait de poser sa sale patte sur lui. Le temps d’un instant, il était fou. Il n’avait pas encore repris réellement conscience lors de son geste. Après une longue inspiration et expiration, le Seigneur de Maillé réussit à retrouver son calme. Maintenant, il devait se rattraper et paraître comme un homme de son rang. Le choc qu’il venait de recevoir servirait d’excuse.

A présent, il devait jouer son rôle… Il se gratta la tête -du bon coté- et prit un air gêné, un petit sourire dessiné sur son visage.


Excusez-moi… Vous m’avez fait peur… J’étais encore un peu sonné et je n’ai pas fait réellement attention à ce qu’il se passait. Je suis sincèrement désolé. Je ne voulais pas vous brusquer.

Sourire plus grand. Il mentait. Mais c’était pour la bonne cause. Oui pour une bonne cause, à n’en pas douter.

Le tourangeau se toucha la tête et regarda sa main. Pas de sang. La chute n’était pas si grave. Plus de peur que de mal même s’il l’a sentie passer. Petit sourire en direction de la rousse puis yeux écarquillés.


Ah ! Mais… Vous êtes la femme que le garçon a agressée, c’est cela ?
Je suis sincèrement navré… J’aurais vraiment voulu vous rattraper ce garnement… J’espère qu’il ne vous a rien dérobée. Et vous, vous n’avez pas de mal, au moins ?


Il essayait de garder une expression candide. Difficile à faire lorsque vous avez devant vous une personne que vous devez tuer. Mais il pensait qu’il ne s’en sortait pas si mal. A vrai dire, la réaction de la jeune femme allait en dire long sur les capacités d’acteur du brun.
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Aldraien
"L'illusion des lâches est de croire qu'avec beaucoup de prudence, on peut échapper à son destin"*

Ainsi la Carsenac s’était elle trompée sur toute la ligne mais ne l’avait pas encore compris à ses propres dépends. Malgré toute la prudence qu’elle s’était efforcée de mettre en œuvre toutes ces années, le destin continuait de la rattraper. Comme il serait long et fastidieux de lister toutes les épreuves que la vie lui a fait surmonter de force, bien malgré elle.
Est-ce que le simple fait de naître pouvait à ce point être déterminant dans la vie qu’allait mener le nourrisson, encore si innocent au moment de son premier cri ? Est-ce qu’il était encore nécessaire de faire du mal à une femme qui n’était guère bien plus que l’ombre de celle qu’elle fût, passant pour aigrie et froide aux yeux de ceux qui ne cherchaient pas à faire tomber le masque de pierre qu’elle s’était forgée, vivant pour les autres plutôt que pour elle-même ? Il serait tellement plus facile de la laisser en paix. Paix. Un mot qui commençait à perdre de sa réalité dans l’esprit de la rousse, qui y croyait encore, et qui y croirait certainement jusqu’à son dernier souffle même si la paix n’était qu’un concept subjectif au possible. La haine des hommes jamais ne s’essoufflera.

Mais toutes ces considérations n’ont pas encore lieu d’être. La Dame de Chamaret est toujours à côté de cet homme à terre. Homme dont elle ne connait toujours pas l’identité soit dit en passant. C’est qu’il avait l’air plutôt mal en point quand même, la rousse risquait bien d’avoir sa mort sur la conscience finalement. C’est qu’elle était pas médecin, et que sa formation de barbière n’avait pas été longue, et pas été très loin surtout, elle n’était pas capable de soigner elle-même le bougre. Peut-être le mener à quelqu’un de plus compétent pour regarder s’il y avait quelque chose à faire pour lui.
Mais elle ne connaissait personne pour se faire. Quoi que, peut-être, pouvait-elle l’emmener voir Flaiche, son Frère Licorneux qui lui avait sauvé la vie après l’incendie qui avait ravagé l’auberge de Ryes et son visage par la même occasion. Elle avait souffert, à tel point qu’elle avait de nombreuses fois désiré la mort, qu’elle l’avait appelé de tous ses vœux, qu’elle avait hurlé pour qu’on l’achève. Mais personne n’était venu. Personne ne l’avait libéré. Alors la rage s’était muée en désespoir, et le désespoir en résignation. Résignation traduite par ce silence…ce masque qu’elle portait pour ne plus se laisser atteindre.

Le regard qu’elle a pour l’homme à genoux est à mi-chemin entre la pitié et la compassion, sentiment qu’elle a déjà maintes et maintes fois observé dans les regards de ceux qu’elle connaissait. Ce regard qui énerve, qui frustre, qui rend impuissant. Comment ne pas se sentir ridicule face à un regard pareil. Sans s’en rendre compte elle en gratifiait une autre personne qu’elle. Sans le vouloir, elle devenait comme ces personnes qu’elle haïssait. Condescendante envers des gens qui n’avaient rien demandé, qui étaient juste tombés au mauvais endroit au mauvais endroit, au sens littéral du terme. La compassion, le sentiment qu’elle détestait par au dessus tout, celui qui lui donnait presque envie de vomir.
Un des sentiments le plus normal chez l’être humain, avec celui de la haine. Peut-être parce que l’un amenait l’autre, allez savoir, en tout cas elle se maudissait d’agir comme ceux qu’elle-même évitait telle la peste. Elle se détestait. Elle détestait celle qu’elle était, derrière son masque glacial, amer et aigri. Qu’importe. Ses opinions ne comptaient pas, seul importait son rôle présent, venir en aide à ceux qui en avaient le plus besoin.
En l’occurrence la pauvre âme à ses pieds.

Action…L’homme retrouve ses esprits, lentement. Il se redresse, l’air sonné visiblement. Le choc avait dû être plus rude que ce qu’elle pouvait imaginer. C’est qu’elle ne s’était jamais pris un bonhomme de cette carrure sur le coin de la tête non plus, quoi que si on pouvait prendre en compte la fois où le Colosse en la personne de Eikorc lui était tombée dessus avec son point, c’était en fait déjà arrivé, et ça lui avait coûté un nez. Le sien de nez, même, éclaté par le poing colossal. Réaction…Sursaut de l’homme, bond du cœur de la Carsenac dans sa poitrine. La réaction presque violente sinon virulente du blessé l'a surprit, et plus que les gestes, ce fut le changement soudain dans l’attitude de l’inconnu qui la dérangeait. Il était passé en un rien de temps d’une attitude sonnée et amorphe à celle bien plus menaçante d’un homme presque effrayé. Dans l’esprit de la Carsenac, ça ne pouvait bien entendu n’être dû qu’au choc qu’il venait de subir, il ne pouvait bien évidemment n’avoir aucune autre raison à un rejet si brutal de la main qu’elle avait posé sur l’épaule de celui qui n’avait pas réussi à arrêter un enfant.

Elle détaillait l’homme debout à présent, de haut en bas, sans que cela ne passe pour trop provocateur, simplement de la curiosité mal placée certainement, de vouloir savoir qui était l’homme qu’elle venait presque de ramasser sur les pavés du marché. Le regard émeraude, perçant, détaillait les vêtements de l’inconnu, notant la qualité du tissu qu’il portait. Était il noble, tout comme elle l’était ou ne s’agissait il que d’un artisan ayant bien gagné sa vie ? Pouvait elle se permettre de poser des questions à cet homme qui semblait déjà retissant à un simple contact physique qui n’avait rien de frauduleux ? Peut-être valait il mieux dans un premier temps simplement lui répondre, et le laisser lui-même décider du moment qu’il choisirait le plus opportun pour décliner son identité et éviter ainsi de le brusquer. Mais pour l’heure, le regard de la femme retourne rencontrer l’autre masculin, et le fixe, légèrement amusé des excuses qu’on lui formulait.
C’était peut-être plutôt à elle de s’excuser, elle ne semblait pas la plus affolée des deux. Était-ce de la panique qu’elle pouvait lire dans le regard en face d’elle, ou décrirait il plutôt ce sentiment comme de l’impatience. Qu’importe, la Carsenac ne se méfie pas d’une personne si bien vêtue et qui semble si penaude de n’avoir pu rattraper le jeune garçon.


- Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas été brusquée juste…Surprise. Ce genre de réaction n’est pas commune il faut dire. Je suis effectivement la femme que cet enfant a bousculé mais ne vous en faites pas, c’est ma faute, j’aurais dû mieux surveiller mes affaires, je sais que les mendiants sont nombreux ici, et qu’ils n’attendent que la bonne occasion pour commettre leurs larcins, je n’étais pas assez attentive. Quelques écus envolés tout au plus, rien de bien grave et il ne m’a rien fait physiquement, ce qui ne semble pas être votre cas. Vous n’avez pas trop mal ? Je peux vous raccompagner à votre demeure si vous le souhaitez, afin que vous ne risquiez plus de faire quelque rencontre désobligeante…


*Jean Dutourd
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Joueuse en cours de déménagement, peu présente mais fait son possible, merci de votre compréhension.
Anthoyne
Ô joie ! Elle lui proposait de le ramener à son auberge. Que demander de plus ? Anthoyne sentait que le Très Haut était avec lui. Il le soutenait dans cette tâche particulièrement difficile. Il l’aiderait pour ce premier acte qui sera sûrement le plus dur. Le seigneur de Maillé savait qu’une fois qu’il en aurait fini avec cette rousse, il ne pourrait faire marche en arrière. Non… Sa vie changerait du tout au tout lorsque le rite commencerait. Il serait Anthoyne de la Louveterie devant les yeux du monde. Il espérait pouvoir se permettre une vie normale sous cette identité mais il savait que devant les yeux du Très Haut, il ne serait plus que son instrument. Celui de la justice. Le temps d’un instant, divaguant légèrement sous l’effet du choc à la tête, il sentit derrière lui la présence de Saint Michel, archange de la justice ainsi que Saint Miguaël, archange du don de soi. Après tout, c’est de sa personne qu’il donnait. Il sacrifiait une partie de sa vie si ce n’est sa vie toute entière pour réaliser le dessein du Tout Puissant et sauver le peuple du Sans Nom. Ses doutes s’étaient envolés puisque le Très Haut le soutiendrait quoiqu’il puisse arriver. Il n’avait rien à craindre. Anthoyne dérivait vers le fanatisme par excellence et rien ne pourrait renverser la tendance.

Sa détermination était à son paroxysme. Même une personne si gentille, prête à aider son prochain, si rare sur ces terres ne fit douter rien qu’un seul instant le jeune homme qui pensait que ce n’était que mensonge et fourberie. Il lui adressa un faible sourire, elle le méritait bien. Ou au moins pour lui faire croire qu’il était redevable qu’elle s’inquiétait ainsi et afin de paraître également sociable ce qui n’avait pas été le cas après sa petite scène. Qui plus est, il ne devait pas être beau à voir en cet instant. La douleur à son crâne lui faisait froncer les sourcils et celle à son flanc lui faisait tenir une posture recourbée. Il se demandait bien à quoi il pouvait ressembler. Une bosse sur le dos et il pouvait aller à la foire pour s’exposer. Même si elle lui avait proposer de l’accompagner, il se devait d’avoir une image plutôt saine pour ne pas l’effrayer et lui immiscer rien qu’un simple doute.

Je vous remercie de vous inquiéter pour moi. Je n’avais qu’à faire plus attention où je mettais les pieds. Mais je dois vous avouer, même si je ne suis pas de nature douillette de manière générale, que c’est plutôt douloureux.

Je ne veux pas vous importuner mais il est vrai que je serais plutôt rassuré si quelqu’un pouvait m’accompagner. Je ne suis pas au meilleur de ma forme. Peut-être est-ce le contre coup de la chute mais je ne me porte pas au mieux. Je loge à quelques pas d’ici derrière le marché. Toutefois, je comprendrais que vous refusiez.


De nouveau, il afficha un petit sourire sur son visage.
D’un regard malheureusement bien peu discret, il détailla la personne qui lui faisait face. Sûrement de même condition que lui, il ne s’attarda pas longtemps sur le corps et les habits qu’elle portait mais plutôt sur cette cicatrice qui semblait être la marque d’une brûlure, résultat d’un évènement qui a dû être ô combien douloureux. Ce qui le frappa le plus est la dualité de son visage. La partie intacte faisait apparaitre un visage doux et angélique alors que la zone brûlée relevait plutôt de la monstruosité. Pour Anthoyne, cette marque, en plus de sa rousseur, était la preuve de sa culpabilité. Il ne put s’empêcher de songer que les flammes avaient déjà essayé de la laver de ses pêchés mais cela n’avait pas suffi. C’était à lui de finir ce travail et il n’y manquerait pas de le faire.

Alors qu’une petite poignée de seconde s’était écoulée, il pensa à se présenter mais peu confiant encore en ses capacités, il avait imaginé à lui donner une fausse identité et c’est ainsi qu’il se présenta sous le nom de :

Baudoin de Biscaye. Je vous prie de m’excuser. Je manque à toutes règles de politesse en ne me présentant que maintenant.

Ce nom, il le tirait d’une conversation avec des anglais quand il avait était diplomate auprès de provinces outre-manche. Les anglais nommaient le Golfe de Gascogne, la baie de Biscaye. Il était plutôt fier de cette trouvaille car rien ne le rattachait à cette région. Il avait déjà utilisé cette identité peu d’heures auparavant pour réserver une chambre à l’auberge dans le but de ne pas laisser de trace. Son voyage au Limousin n’avait pour but que de tuer et il ne pouvait rêver mieux comme victime que cette rouquine qui se jetait toute seule dans la gueule du loup assoiffé de justice mais surtout de sang.

Présentation faite, tout souriant ou grimaçant selon les profils, il se tourna légèrement sur le coté, l’invitant à la suivre si elle comptait toujours l’accompagner jusqu’à son logement temporaire. Ce geste non-innocent reflétait le désir d’Anthoyne d’aller jusqu’au bout avec elle. Cela allait être sa première fois et il devait réussir. Il était prêt à la guider dans son antre si elle le désirait. Mais bien plus que tout, il était prêt à la laver de ses péchés et sûrement qu’elle ne le voulait pas.

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Aldraien
« Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres,
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts
! » *

A pieds joints, dans la gueule du loup, elle s’y était jetée, c’était une évidence. C’est que derrière son masque de froideur et d’insensibilité, la rousse avait tendance à faire confiance. Trop confiance, bien trop vite, pour son plus grand malheur. Elle avait eu l’occasion pourtant de se rendre compte de cette nature humaine qui ne sait s’exprimer qu’en écrasant son prochain, jusqu’à le rendre inexistant pour se sentir réellement vivant, à maintes et maintes reprises, se jurant à chaque fois qu’on ne l’y reprendrait plus, et on l’y reprenait à chaque fois, bien évidemment. D’ordinaire, il lui était aisé de reconnaitre les personnes ayant de mauvaises attentions. Le comportement de ces personnes, le moindre geste, le moindre regard, pouvait lui indiquer qu’il fallait absolument qu’elle se méfie, mais cette fois-ci était bien différente. Rien dans cet homme ne lui indiquait qu’elle aurait dû faire attention, comme si lui-même croyait dur comme fer au bien fondé de l’acte qu’il s’apprêtait à accomplir.

Pour le moment, la Carsenac ne cessait d’observer le jeune homme qui lui faisait face, se demandant s’il était possible qu’elle puisse soulager ses douleurs de quelque manière que ce soit. La chute semblait définitivement avoir été plus rude qu’il n’y paraissait. Ou alors peut-être surjouait il un peu la scène, mais l’expression de douleur sur son visage lui fit penser qu’il souffrait réellement. Spontanément, elle lui aurait proposé son bras afin de l’aider à se redresser et prendre appui sur elle pour avancer mais, étrangement, après réflexion, elle avait conclu qu’il valait mieux le laisser se débrouiller seul pour ce qui était de tenir debout.
La façon dont il avait repoussé son premier contact la dissuadait à présent de retenter l’expérience, elle savait après tout comme il pouvait être gênant de se voir imposer un contact physique, et elle ne tenait pas vraiment à le mettre mal à l’aise. Il saurait certainement lui demander lui-même s’il pensait avoir besoin d’aide, même si elle connaissait bien la taille de l’égo des hommes, parfois démesurée.


- Voyons, je ne vais pas refuser, ce serait complétement illogique puisque je viens moi-même de vous le proposer. Je vais vous accompagner.

La logique et elle, c’était une grande histoire. Mais alors qu’elle s’apprêtait à commencer un long et interminable débat intérieur à ce sujet, elle sentit se poser sur elle un regard qu’elle n’appréciait pas du tout et qu’elle connaissait bien trop. Un de ceux qui glaçaient le sang et mettaient mal à l’aise, vous donnant cette impression de percer à jour tous vos secrets et de mettre à nue votre âme. De ceux que la Carsenac cherchait à tout prix à éviter depuis son accident, car c’était un accident, bien qu’elle y voyait plutôt un signe du Très-Haut.
Les gens délicats évitaient, généralement, de poser ce genre de regard intrigué et curieux sur elle, songeant à quel point l’épreuve avait pu être dure pour elle, bien que ne la comprenant de loin pas. Ils n’avaient pas compris que parfois ne rien dire était encore plus gênant que les mots, si directs puissent ils être. Ce silence était bien pire que tout autre chose, elle détestait le silence. Ce n’était pas pour rien qu’elle cherchait à accomplir le plus de travail possible, au contact du plus grand nombre de personnes : elle fuyait le silence coupable qui l’accablait dès qu’elle le touchait du bout des doigts.

Mais enfin, l’absence fut comblée par les présentations du jeune homme. Baudoin de Biscaye….Elle ne connaissait pas cette famille. Peut-être était elle originaire de l’ouest du Royaume de France, dans lequel elle n’avait que peu mis les pieds. Après tout il y avait tant de familles à travers les terres de Sa Majesté et au-delà, il n’était pas étonnant qu’elle ne puisse pas toutes les connaître, bien que les plus grandes et prestigieuses ne lui étaient pas étrangères. Après tout, elle avait tant et tant de fois parcouru les routes du Royaume qu’elle finissait par en connaître les noms les plus influents. En tout cas, les présentations lui confirmèrent que le jeune homme était bel et bien noble, de la même condition qu’elle, comme quoi la première impression était souvent la bonne. Un simple paysan ne se serait pas soucié des règles de politesse.
Et maintenant ? Se présenter à son tour, peut-être. En oubliant toutes les charges et fonctions qui étaient les siennes, ça pourrait faire peur à sa toute récente nouvelle rencontre. Après tout d’avoir devant soi une Vice-chancelière, Conseillère Comtale, membre d’un Ordre Royal, ça pouvait impressionner quand on avait pas l’habitude.


- Ravie, Baudoin de Biscaye. Ne vous excusez pas, j’ai eu le même manquement. Je me nomme Aldraien Sybell Carsenac.

Son prénom, qu’elle joignait naturellement à celui de sa grand-mère, Sybell, comme pour se rappeler à ses origines écossaises. Et surtout, son nom. Carsenac, qu’elle portait aussi haut que possible, tel le faucon figurant sur son blason familial, décidé à le faire briller comme les soleils d’or qui l’accompagnaient. Mais pour l’instant, il était plutôt question de retrouver la demeure du jeune homme afin qu’il puisse prendre un repos qui semblait plus que mérité. Un sourire donc, plutôt avenant, avant d’indiquer d’un geste de la main qu’elle était prête à y aller.

- Je vous suis.


*Baudelaire
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Joueuse en cours de déménagement, peu présente mais fait son possible, merci de votre compréhension.
Anthoyne
Enchanté Aldraien Sybell Carsenac.

Son sourire s’élargit. Il ne restait plus qu’une étape. Elle devait accepter de monter dans la chambre. Une fois qu’il aurait réussi à faire ceci, plus rien ne pourrait le retenir.
En attendant, il fit quelques pas. La Louveterie s’arrangea pour se placer discrètement du coté droit de la femme. Non pas que son visage brûlé lui faisait peur, au contraire il le fascinait, mais quel homme normalement constitué apprécierait regarder cette peau déformée par le feu salvateur de l’âme. Et lui se devait de ne pas éveiller les soupçons. Le poisson avait mordu à l’hameçon mais il n’était pas encore ramené sur la berge, il pouvait encore casser la ligne. La prudence était encore de mise et chaque détail comptait.
Un petit sourire sur ses lèvres en l’attendant qu’elle vienne le rejoindre à ses cotés.


Allons-y.

Les premiers pas en direction du lieu du crime. Et déjà le cœur s’emballait. La tension montait. Il allait réaliser sa première mise à mort. Comme pour toutes premières fois, il était angoissé. Il ressentait cette angoisse au plus profond de lui-même. C’est ce sentiment qui vous retourne l’estomac, qui vous donne l’impression qu’on vous tord les boyaux, que votre cœur va lâcher à n’importe quel instant. C’est cette tension également qui vous donne la sensation que vos jambes vont s’ébranler sous votre poids. Comme pour toutes premières fois, il était angoissé. Il devait éviter d’être brusque. Ce qu’il allait entreprendre allait rassembler ces deux êtres jusqu’à que la mort les sépare. Il devait agir avec douceur. Après tout, il ne faisait pas ça pour punir, là n’était pas son rôle. Le Très Haut reste le seul juge. Lui, il avait pour mission de laver les péchés dans le but de sauver les âmes.

Il essayait de respirer le plus profondément possible pour se calmer ce qui n’était pas chose aisée. Il garda le silence durant tout le temps qu’ils prirent pour quitter la place du marché. La foule qui s’y entassait ainsi que leur mouvement vers l’auberge n’étaient pas propice à lancer une discussion. Une fois sorti de ce bourbier humain, il lui attribua un léger sourire, tout en essayant de cacher son angoisse.


Vous… Vous vivez ici ? Dans cette ville ?

Autant essayer de faire l’être civilisé et lancer la discussion qui serait d’ailleurs de courte durée puisque l’établissement était à quelques mètres d’eux. Il ne leur fallut qu’une trentaine de secondes pour arriver à cette bâtisse qui ne payait pas de mine. Il attribua un léger sourire gêné à la rousse et lui indiqua, accompagné d’un geste de la main, qu’ils étaient arrivés.

Je voyage depuis quelques temps et j’avoue que mon budget a fondu… C’est le mieux que j’ai pu trouver à bas coût.

Ou sinon, c’était un établissement où l’aubergiste n’était pas trop regardant sur les personnes qui rentraient. Que demander de mieux pour passer inaperçu ? Cet idiot serait incapable de décrire correctement Anthoyne si jamais des personnes venaient à le questionner sur le corps trouvé là haut. Le brun avait fait attention à chaque détail jusqu’à maintenant.
Tout en continuant de la regarder dans les yeux autant qu’il pouvait, il lui prolongea son sourire. Cette brûlure et tout ce qu’elle représentait à ses yeux le fascinait. Un autre homme aurait peut-être pu être attiré par la généreuse poitrine de la jeune femme mais Maillé était obnubilé par cette imperfection.

Je ne souhaite pas vous importuner plus longtemps. Vous avez été bien aimable de me raccompagner jusqu’ici. Mais je vous invite dans ce modeste endroit. Ceci me tient à cœur puisque je doute quelqu’un d’autres aurait eu la bonté de me raccompagner ou de m’inquiéter de ma santé. Je tiens vraiment à vous remercier. Je comprendrais toutefois que vous refusiez.

Un large sourire qui se voulait honnête. Après tout, il le restait. Il ne lui avait pas menti. Il ne lui proposait pas un verre ou quoique ce soit. Il allait l’aider à sauver son âme. Y a-t-il meilleurs remerciements ?
Avec une légère surprise, elle accepta. Anthoyne se demanda à cet instant ce qui pouvait traverser l’esprit de la jeune femme. Pensait-elle qu’il lui offrirait un verre à boire ? Imaginait-elle que le brun deviendrait plus entreprenant ? Avait-elle elle-même l’intention de céder au péché de chair ? Autant de questions qu’il se posa alors qu’il l’invita cordialement à pénétrer dans les murs de l’auberge, à monter jusqu’au premier étage puis à patienter juste à coté de la chambre, le temps qu’il ouvre la serrure. Ses défauts d’homme reprirent le dessus le temps d’un instant lorsqu’il lui pria d’entrer après lui avoir ouvert la porte. Ce corps féminin était des plus désirables et le sien produisait ses hormones comme tout être vivant. Un léger regard discret se faufila vers les courbes de la rousse.

Cet affreux égarement ne fut pas long puisqu’il devait agir vite. Juste avant, il avait fait gaffe à ce que personne ne les observe. Il retira promptement sa dague à sa ceinture et frappa, à l’aide du pommeau, l’arrière du crâne de la jeune femme. Ceci, il le maîtrisait à la perfection. La jeune femme assommée, s’écroula de tout son poids sur le sol. Pas discrète cette chute mais la clientèle n’était pas du genre à se plaindre. Ce n’était pas dans leur intérêt. La porte aussitôt refermée, il s’assura qu’elle ne saignait pas. Après tout, il devait la garder en vie. La souffrance physique et psychique faisait partie du rite. Si elle ne souffrait pas, elle ne pourrait être totalement lavée de ses péchés. Alors qu’il était tendu et angoissé, il y a à peine quelques instants, il se sentait maintenant libre. L’adrénaline faisait son effet et le poussait à agir. Il ressentait un sentiment de bien-être qu’il ne pouvait décrire. C’était ce qu’il fallait le faire. C’était le désir du Très Haut et il l’encourageait à agir.

Il devait la préparer rapidement avant qu’elle ne retrouve ses esprits. Il la porta sur le lit à baldaquin dont il avait retiré les rideaux pour l’occasion. Il commença à la déshabiller de manière respectueuse. Il n’arrachait pas les vêtements comme un vulgaire pervers, il faisait ça avec minutie. Ce qu’il réalisait était un souhait divin et cela devait s’apparenter à de l’art. Il retira donc les habits un par un, révélant cette douce peau. Le temps d’un instant, il sentit sa vigueur d’homme se manifester mais il réussit tant bien que mal à calmer les ardeurs de sa condition masculine. Il se sentait terriblement honteux d’avoir pu ressentir ça alors qu’il était là pour le Très Haut. Elle était là, magnifique malgré ces blessures, allongée sur le lit, totalement dénudée. Il doutait à nouveau, une fois de plus.
Il entreprit tout de même d’attacher ses membres avec de la corde aux sculptures des montants qui ornaient chaque coin du lit. A présent, elle était allongée sur le dos, bras et jambes écartées. Sa tête était posée sur son coté gauche laissant apercevoir sa joue intacte, reflet de sa beauté à moitié perdue. Anthoyne s’approcha doucement d’elle et fit basculer sa tête avec délicatesse pour afficher ce visage frappée de la colère divine.

Ce geste était un symbole pour lui. Sa passion, son fantasme pour les rousses n’était pas éteint mais il savait que c’était celui-ci qui l’avait amené à la déchéance. Chaque première fois est difficile et celle-ci l’était encore plus que les autres. De toute façon, il ne pouvait faire marche arrière. Il était prit dans l’engrenage.

La rousse était prête mais encore inconsciente. Anthoyne ramassa ses affaires avant de les plier soigneusement et de les poser par la suite sur la table de chevet. Il se tourna vers les fenêtres dont il avait tiré au préalable les rideaux. Il en écarta un légèrement pour laisser passer un rayon de lumière qui traversa la pièce pour terminer sa course sur le corps dénudée de la rousse. La mise en scène n’était pas un désir du Très Haut mais servait à Anthoyne pour sa mise en condition. Son cœur battait à cent à l’heure. Après avoir été sûr de lui au départ, il avait douté tout au long de la préparation. Il avait même eu des moments de faiblesse masculine. Pourquoi doutait-il ainsi ? C’était trop tard pour se poser des questions. A présent, il ne restait plus qu’à attendre qu’elle se réveille mais il n’allait pas la brusquer.

Elle ne mit pas longtemps à reprendre ses esprits. Anthoyne avait attendu ce petit moment, installé dans un siège juste en face du lit. Il l’avait regardé attentivement. Avait-il regardé son corps, ou avait-il cherché à apercevoir son âme ? Lui-même ne le savait pas. Mais ce calme lui avait permis de réfléchir. Il vit la femme bouger doucement la tête, reprenant ses esprits peu à peu. Tous ses doutes s’étaient évanouis, comme par miracle. Il y vit un signe du Très Haut qui lui avait effacé ses peurs en effleurant son âme. Il se leva et dans un large sourire sadique, lui dit :


Vous voilà réveillée.

Le poisson a maintenant été ramené sur la berge.
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Aldraien
« Chaque instant de la vie est un pas vers la mort. » *

Il était enchanté. L’était il réellement, ou bien n’était-ce qu’une tentative pour créer un contact hasardeux et qui ne mènerait certainement à rien ? Car c’était un fait, la Carsenac n’aimait pas le contact des gens et on ne la surnommait pas la Louve par pure fantaisie, hors les personnes de sa propre famille, elle avait du mal à s’attacher, et encore plus à laisser une personne étrangère entrer dans son cercle si restreint. Elle avait dit être ravie, et elle continuerait à l’être tant que l’homme ne chercherait pas à empiéter sur son espace vital qu’elle aimait vaste et aéré, question de principes. Les quelques personnes qui la connaissaient assez bien pour savoir cela pouvaient aisément en témoigner, parfois à leurs dépends, il ne fallait pas trop l’approcher si elle ne faisait pas elle-même le premier pas, et c’était ce qu’elle avait fait dans le cas présent, elle aurait très bien pu ignorer l’homme et passer à côté de lui sans même le regarder, mais ça aurait été contraire à ses principes, aider son prochain devenait une faiblesse dans le cas présent.

Pas un instant, elle n’avait douté des bonnes intentions du jeune homme, pas un instant elle n’avait cru qu’il pourrait lui causer du tort, car elle faisait confiance aux hommes bien trop facilement. Surtout quand ceux-ci montraient une telle bonne volonté que celle dont avait fait preuve le dénommé Baudoin en se lançant à la poursuite du garçon qui lui avait pris ce qu’elle transportait avec elle. Il avait risqué sa vie après tout, la blessure qu’il avait reçu à la tête aurait très bien pu être plus grave, et la trépanation nécessaire, il y avait échappé de peu, ça semblait une évidence.
Alors bien sûr, elle allait le raccompagner, s’assurer que sa blessure ne soit pas grave et qu’il puisse se reposer autre part qu’au milieu d’une ruelle pour pouvoir faire passer la douleur. On ne sait jamais, des fois que celui-ci ne vive quelque part sous un pont, auquel cas elle lui aurait trouvé quelque chose d’un peu plus confortable. Sa bonté la perdra, à moins qu’elle ne l’ait déjà perdu. Pour le moment, il est question de raccompagner le jeune homme, et c’est donc ce qu’elle fait en marchant à ses côtés à travers la foule, afin de sortir de la place du marché où le commerce allait bon train, pour se retrouver dans un endroit moins encombré, et plus propice à la discussion.

Elle lui rendit un léger sourire, discret, tout en écoutant ses questions. La façon dont il lui semblait mal à l’aise l’amusait, elle avait à vrai dire pris cela pour la timidité naturelle que pouvait afficher un jeune homme devant une femme d’âge mur, et pas du tout comme une quelconque forme d’angoisse ou d’excitation à l’idée de ce qui allait se dérouler quelques minutes plus tard. Elle ne se doutait de rien, la Carsenac, trop confiante en la nature humaine. Ainsi elle lui répondit, sans se méfier une seule seconde que la mort l’attendait au tournant et qu’elle allait l’enserrer de ses griffes implacables.


- A vrai dire ma Seigneurie se trouve en Lyonnais-Dauphiné, un peu au Sud de Montélimar. J’ai cependant une résidence à Guéret, bien que je passe le plus clair de mon temps à Limoges pour pouvoir mener à bien mon travail.

Pas le temps d’en dire plus, et heureusement pour le de Biscaye, sinon elle aurait à nouveau pu partir dans une longue tirade sans fin sur ses origines, chose qu’elle ne se lassait jamais de faire, fière qu’elle était de ses racines et de celles de sa famille. Sans compter qu’elle aurait pu également développer le sujet concernant le travail qui était le sien pour le Limousin & la Marche, et alors là le jeune homme pour sûr serait mort d’ennui avant la nuit tombée. Il pouvait donc remercier le Très-Haut d’être arrivé à destination, celui-ci venait de le sauver pour la deuxième fois de la journée, à croire qu’Il tenait absolument à ce qu’il reste en vie, pour une raison tout à fait obscure à la rousse, mais peu lui importait après tout, ça ne la concernait pas plus que ça, du moins le pensait elle avant qu’il ne lui propose de monter avec lui. L’endroit était très simple et isolé, c’était une certitude, mais la Carsenac elle-même ne cessait de dire qu’elle appréciait le calme des petites auberges plutôt que l’effervescence constante que pouvait provoquer un séjour dans un hôtel bien plus réputé et fréquenté. Non pas qu’elle n’en avait pas les moyens, mais après une journée de travail, elle appréciait fortement le silence.

- M’inviter ? Hm…Et bien, si vous le souhaitez, après tout je ne suis attendue nulle part.

Menteuse. Bien sûr qu’elle était attendue, et elle avait encore de nombreuses choses à faire. Mais qu’importe, aujourd’hui serait jour de repos et de détente, elle en avait décidé ainsi. Qu’est-ce qu’il y avait de mal à accepter l’invitation d’un noble à venir prendre rien de plus qu’un verre dans ses appartements ? Vraiment rien. D’autant que la Carsenac n’avait aucune idée cachée, si ce n’était celle d’échapper encore un peu à l’appel irrémédiable que son devoir exerçait sur elle. Après tout, ne devait elle pas se ménager si elle voulait donner ensuite le meilleur d’elle-même ? Son choix était donc fait, et même si la proposition l’avait surprise, elle ne pouvait que ce réjouir que celle-ci ait été formulée.
Elle l’accompagnerait donc jusque dans la chambre d’auberge dont il s’était fait propriétaire pour une certaine durée. L’endroit n’était pas des plus rassurants, mais elle savait bien à quel point les auberges les moins chères pouvaient également être les moins bien tenues, rien d’étonnant donc.
Son visage affichait un air serein, chose plutôt rare, et cela était bien un signe avant coureur du malheur qui allait lui arriver. Un sourire alors qu’il l’invite à entrer, et juste le temps d’observer l’intérieur de la pièce dont émanait une étrange ambiance.
Le rideau tombe.

Une vive et brève douleur dans sa nuque, avant que la vision de la Carsenac ne se trouble et qu’elle ne tombe inconsciente sur le sol, sans avoir seulement le temps de réagir ou de comprendre ce qui lui arrivait. Dans l’obscurité de sa conscience, il n’y avait pas de douleur bien évidemment, il n’y avait pas de sensation non plus, seulement le dialogue intérieur, sourd, celui qu’elle craignait toujours, celui qu’elle repoussait si souvent au fin fond de son esprit. Cette personnalité qu’elle se forçait à contenir au fond d’elle sans lui laisser la moindre occasion de se manifester, quitte à devoir porter elle-même un masque pour l’éviter. Celle qui profitait de la moindre petite faiblesse pour s’immiscer, insidieuse, dans les méandres de son intérieur.
Dernièrement, elle avait eu de plus en plus de mal à la maitriser, pour une raison qui lui était inconnue mais qui était sans aucun doute en lien avec ces échecs récents tant dans sa vie familiale que sentimentale. Toujours est-il qu’elle n’y arrivait plus, la rousse, et qu’elle n’en avait plus forcément envie, à présent. Elle n’en avait plus la force, elle n’en aurait peut être plus l’occasion. Bonjour, Vous. Dernier acte, petit dialogue intérieur.


- Qu’est-ce que tu as encore foutu, hein ? T’es vraiment qu’une incapable, tu l’sais ça ?
- Que s’est il passé ? Qu’est-ce que tu fais là, toi ?
- J’suis venue te sauver la peau, encore. T’es pas foutue de l’faire seule. T’sais quoi ? J’crois que j’vais rester ici, et qu’toi tu vas pouvoir faire une sieste. Une longue sieste.
- J’vais pas te laisser faire.
- Je t’ai pas demandé ton avis.

En un claquement de doigt, la Carsenac se retrouve enfermée. Une serrure psychologique pour se protéger elle-même de ce qui l’attendait mais qui ne servirait pas à grand-chose. Qui avait pu assister à l’émergence de la fameuse personnalité folle à lier pouvait témoigner que quelque chose de malsain émanait de ce regard gris acier caractéristique de ce changement, bien différent du regard émeraude qui la définissait généralement. Mais il n’est plus temps d’y penser, la douleur à son crâne la fait revenir à la réalité, un grognement de douleur indique qu’elle arrive, les yeux s’entrouvrent mais n’y voient encore rien, des étoiles dansant devant ces derniers alors que sa vision prend son temps pour s’adapter. Elle tente de bouger les mains, de se redresser, mais se rend compte qu’elle ne peut pas. Elle a compris.
L’éclaircissement de sa vision lui permit de voir ce qu’elle avait déjà deviné. Elle était attachée, nue. On l’observait. Stoïque, elle reste parfaitement calme, seul son regard de brume témoignant de la colère et de la rage qui l’habitait à ce moment précis. Sans aucun doute si elle l’avait pu aurait elle sauter à la gorge de l’inconnu pour le tuer avec autant de violence que possible, comme elle avait déjà failli le faire. Qu’allait il lui faire ? La violer ? Quel intérêt ? Il y avait bien d’autres femmes bien plus attirantes qu’elle, au dehors. Autant poser la question. Une voix rauque, cassée, pleine de rancune envers cette homme qu’elle avait pourtant voulu aider. Crier ? Pas son genre, au contraire, elle avait baissé le ton de sa voix, ne voulant pas encore aggraver la douleur qui lui martelait le crâne, c'est qu'elle était pas bête celle là.


- Que voulez vous ?

*Pierre Corneille
En bleu, les paroles de l'autre personnalité.

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Joueuse en cours de déménagement, peu présente mais fait son possible, merci de votre compréhension.
Anthoyne
Les yeux de la rousse s’ouvrirent et Anthoyne remarqua tout de suite le changement dans son regard. Après tout, quoi de plus logique ? Mais toutefois, ceci lui parut étrange. Il ne s’attendait pas à cette rage dans les yeux de la femme. Il avait imaginé qu’elle l’aurait regardé avec crainte, peur et même désespoir. Il s’attendait à lire dans ce regard un désir de fuite et à son plus grand étonnement, il vit en elle l’envie de le tuer. Cet imprévu le perturba un instant mais cela le conforta dans l’idée que cette femme était une pécheresse.

Puis ses lèvres bougèrent. Elle avait parlé... Et heureusement, elle n’avait pas crié. Encore une imperfection dans son plan. Même si ce ne fut que le temps d’un instant, il avait été trop lent. Sur ce coup-ci, Anthoyne avait eu la chance que sa victime ne crie pas. Mais à l’avenir, il devrait faire plus attention.
Le ton utilisée par la Carsenac était menaçant mais rien qui puisse déstabiliser le fervent aristotélicien. Au contraire, cela le désinhibait de toute retenue laissant totalement place à sa folie.

Avant qu’elle ne change d’avis et se dise que crier n’était pas une mauvaise solution, il tint à lui préciser une petite règle dans ce rite. Il fit quelques pas en direction du lit et se place face à elle la regardant droit dans les yeux.


Je vais préciser une petite règle au cas où vous changiez brusquement de comportement. Il vous est interdit de crier. C’est dans votre intérêt. Je serais obligé de vous tuer en seul coup de dague. Je viserais le cou, bien entendu. Cela évitera que vous criiez de douleur. Et nous deux voulons éviter d’en arriver là, n’est-ce pas ? Alors soyez compréhensive, s’il vous plaît.

Anthoyne lui sourit légèrement. Par pure folie ? Non. Il souriait par gentillesse. Difficile à croire, n’est-ce pas ? Même si la sensation d’avoir la vie d’une personne entre ces mains lui était incroyablement agréable, son but premier n’était pas de tuer mais de sauver l’âme de cette femme. Le geste n’est-il pas gentil ? Il était là pour lui ouvrir la porte du Soleil. Il considérait les rousses comme des sous-fifres du Sans Nom et il devait les traiter en conséquence dans ce monde mais cela ne voulait pas dire pour lui qu’elles étaient à jamais perdues. Bien au contraire, il agissait en sauveur. Et ce rite devait être le début de la rédemption.
Ce sourire pouvait paraitre sadique pour la plupart des personnes mais le brun ne s’estimait pas ainsi et en réfutait l’idée. Il n’était pas comme ses pauvres âmes perdues qui tuent par plaisir. Il était au dessus de ça. Il était envoyé divin !

Il tourna les talons et se dirigea vers une des rares fenêtres de la pièce tandis qu’il retirait la ceinture qui soutenait son épée sagement rangée dans le fourreau. D’un geste calme, il posa l’arme contre le mur avant de se retourner et d’attribuer à Aldraien, un sourire amusé.


Ce que je veux ? C’est ce que vous m’avez demandé, n’est-ce pas ?

Son rictus s’accentua alors qu’il baissait la tête. Il laissa un court moment de silence avant de redresser son regard vers la femme et reprendre. Alors qu’il commençait son monologue, il se rapprocha du lit à l’aide de petit pas.

Vous n’êtes pas farouche. Ressentez-vous le moindre sentiment de peur ? Soit… J’ai l’impression de voir une autre personne que celle qui m’a aidée aujourd’hui. Léger rire. Vous vous dites peut-être la même chose pour moi. Arrivé au pied du lit, face à elle, il se stoppa et écarta les bras, paume vers le ciel. Et non ! C’est bien la même personne que tout à l’heure. Et soudainement, son sourire s’éteignit. Il la regarda avec un air sérieux et dit avec un ton grave. Ce que je veux… C’est vous sauver.

Il fit le tour du lit pour se placer du coté droit de la jeune femme et observa longuement ce corps.

Ce corps… est un péché.

Il s’assit à coté d’elle puis porta doucement sa main à sa joue avant de se raviser. Sait-on jamais comment allait-elle réagir. Il préférait garder tous ses doigts. Ses yeux se posèrent à cet instant sur chaque partie de son corps. Ses yeux se portèrent tout d’abord sur son cou dont n’importe quel homme souhaiterait y déposer ses lèvres. Au départ, il ne fit pas attention aux nombreuses cicatrices qui parcouraient sa peau de long en large. Ses pupilles se portèrent ensuite à la généreuse poitrine que possédait la femme. Et il est certain que tout homme aimerait y poser sa main. Une des siennes ne put s’empêcher d’effleurer un sein alors que son regard était toujours porté sur cet organe nourricier. Il décala ensuite son champ de vision vers le bas du corps observant d’abord le ventre avant de s’attarder sur les larges hanches, parfaites pour supporter une grossesse ce qui les rendait si attrayantes. Son regard termina finalement sa folle épopée sur son bas ventre si désirable qui aurait affolé plus d’un homme. Il remarqua quelques secondes après, la longue cicatrice quelques centimètres au dessus. A cet instant, toutes les imperfections de ce corps lui sautèrent aux yeux. Toutes ces cicatrices se situant sur une cuisse ou encore sur une épaule se révélèrent à sa vue. La brûlure elle-même refit son apparition. Autant de défauts qui auraient refroidi de nombreux représentants de la gente masculine cités auparavant. Il leva la tête et rompit son long mutisme.

Quelle diablerie utilisez-vous comme sortilège pour survivre à tant de blessures ? Vous, instrument du Sans Nom, j’ai pitié de vous. Votre vie n’a été que péché. Votre chevelure est la preuve de votre culpabilité et la marque de votre appartenance aux forces du Malin. Le Très Haut vous juge coupable.

Il se releva et fit le tour du lit et prit place de l’autre coté. Son visage resta inexpressif. Ses yeux fixèrent ensuite les brûlures qui le fascinaient tant. Il posa ses doigts sur celle-ci. La peau avait perdu toute sa douceur pour laisser place à l’irrégularité et le désordre. Il leva son regard et demanda de manière innocente.


Est-ce que cela vous fait mal quand je touche ?

Léger blanc.

Pourquoi avez-vous survécu à ceci ? Cela vous aurait empêché de commettre tant de péchés… C’était le jugement du Très Haut. Le feu vous aurait lavé de tous vos péchés. Pourquoi alors ? Qu’est-ce que le Sans Nom vous a-t-il offert pour vouloir renier le jugement divin ? Une beauté… Ephémère de surcroît ? Ou est-ce autre chose ? Sachez que nous n’échappons pas à la justice divine. Mais le Très Haut a eu pitié de vous et vous laisse une chance d’être pardonnée. Je suis là pour ça. Oui. C’est le Tout Puissant qui m’envoie.

Il se mit debout à nouveau et s’éloigna du lit doucement, lui tournant le dos. Tandis qu’il s’affairait à récupérer un objet dans une sacoche, il continuait de parler.

Il m’a confié une mission et je dois l’accomplir. Vous êtes la première à obtenir cette nouvelle chance. C’est Dieu qui m’a guidé à vous. Il croit en votre rémission et j’ai foi en son jugement. Les portes du Soleil ne vous sont pas encore fermées. Mon rôle est de faire en sorte qu’elle vous soit ouvertes lors du jugement du Très Haut.

Maillé se releva et se tourna, un objet dans une main et un bout de tissu dans une autre. Il s’approcha du lit et dans un doux sourire empli de compassion, il ajouta, tout en dépliant un rasoir.

Je vais sauver votre âme.

Il s’approcha du lit et s’agenouilla entre ces jambes. Il faisait face à ce bas ventre qui l’avait tant émoustillé il y a quelques instants. Mais à ce moment précis, il ne lui faisait plus aucun effet. Anthoyne la regarda dans les yeux.

Surtout, ne criez pas… Je me verrais obliger de vous tuer sans sommation… S’il vous plaît… Vous pouvez encore être sauvée… Abandonnez votre service pour le Sans Nom. Vous devez revenir dans la voie de la lumière. Ne voyez vous pas cette lumière divine venir droit sur vous ? Mais pour cela, il vous faut subir des épreuves douloureuses, je le conçois. Mais c’est le chemin vers la rédemption. Soyez forte.

Il s’assit sur ses cuisses afin de l’empêcher au mieux de gigoter tout en restant assez libre pour faire ce qu’il avait à faire. Avant de porter la lame du rasoir sur sa peau, l’homme lui lança un dernier regard accompagné d’un petit soupir.

Je suis navré mais il le faut.

Et la torture commença. Il posa la lame sur la douce peau et commença à dessiner. Ses gestes étaient courts pour éviter tout désagrément dû aux mouvements intempestifs de la rousse. Ils en restaient tout du moins très précis. A chaque goutte de sang qui perlait, il l’essuyait à l’aide du tissu qu’il avait amené. Ce calvaire dura plus d’une quinzaine de minutes.
Anthoyne, fatigué, par les incessants mouvements, se releva enfin et se dégourdit les jambes. Il avait laissé sa marque. A présent, avec pour centre le nombril de la jeune femme, trônait tatouée, non gravée, sur le ventre, la croix aristotélicienne. La Louveterie regarda son œuvre d’art alors qu’il essuyait la lame. Dans un sourire, il s’adressa à sa victime.


Ceci vous donne une chance de passer les portes du Paradis. Toutefois, ce n’est pas fini. Mais ce fut l’étape la plus dure, je vous assure. A présent, ce n’est qu’une question de temps avant que vous ne receviez la grâce divine.

Il redonna un dernier petit coup de tissu pour éponger les quelques gouttes qui avaient perlées depuis et replia son rasoir. Son visage s’était illuminé. Il était heureux que tout se soit bien déroulé jusqu’ici. La trentenaire n’avait pas opposé beaucoup de résistance, elle était sur le chemin du pardon. Il décida de s’allonger près d’elle, à coté de son flanc immaculé. Il plaça sa tête dans le creux de son aisselle. Son regard glissa sur ce sein, si beau à ses yeux.

Je suis fier de vous. Je vous laisse un peu de temps pour récupérer. Vous l’avez mérité. Dieu saura à quel point, vous avez été forte pour vous repentir de vos péchés.
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Aldraien
"L'enfer c'est la haine qui luit dans ton œil."*

Bien sûr, au fond d’elle-même devait se trouver cette chose qui faisait trembler et douter malgré soi. Quelque part devait forcément exister ce sentiment qui retourne l’estomac et donne cette envie irrépressible de prendre ses jambes à son cou même lorsqu’on sait qu’aucune fuite n’est possible, et qui empêche la future victime de se résigner et accepter son sort sereinement. Si la victime était d’accord, le crime perdrait grandement en intérêt, n’est-ce pas ? Si chaque personne devant se faire tuer n’implorait pas son bourreau, il y aurait bien moins de meurtres. Bien moins de batailles et de sang coulant pour des causes qui n’étaient pas toutes justes, loin de là. Beaucoup moins de détraqués à la recherche d’innocents à tuer par goût du sang.
La Carsenac se refusait à implorer son ravisseur. Elle continuerait de le défier de toute son attitude, de son regard et de ses paroles, elle ne lui lâcherait rien. S’il décidait de la tuer, alors il le ferait avec le goût amer du plaisir inassouvi car elle ne crierait pas, elle ne pleurerait pas, elle ne lui donnerait satisfaction à aucun moment, que ce soit dans les quelques instants de vie qu’il lui restait ou dans l’éternité de la mort, il n’aurait rien.

Elle continuait de le regarder avec mépris alors qu’il lui parlait d’être compréhensive. Compréhensive avec un monstre ? On aura tout vu. Il lui demandait à elle d’être compréhensive alors qu’il venait à l’instant de l’assommer violemment avant de l’attacher à un lit, dans une chambre qu’elle ne connaissait pas, dans une auberge qu’elle n’avait jamais fréquenté, et s’apprêtait maintenant à faire on ne savait quoi…Et il lui demandait d’être compréhensive. Cet homme était soit fou, soit complètement machiavélique. Ou alors il était les deux à la fois, et s’auto attribuait une mission divine. Le sourire qu’il arborait si facilement en toutes circonstances n’avait en tout cas rien de rassurant, mais la rousse s’en moquait un peu, elle n’avait pas peur de cet homme. En tout cas pas encore. Elle le pensait fou, il n’y avait pas d’autres choix possibles après ce qu’il avait fait, et ce qu’il voulait faire. Il devait forcément être fou et s’arrêterait bientôt en sentant le poids de son erreur.
Ou pas. Il s’approchait d’elle lentement, mais inexorablement, tout en continuant son petit monologue sous forme de questions plus ou moins directes. Une autre personne…Il n’avait pas tout à fait tort, elle n’était pas à proprement dire la même personne, et n’avait aucunement peur de ce bambin entrain de chercher un nouveau jouet pour s’amuser. L’ennui, c’est qu’il semblait bien se plaire avec ce nouveau jouet…Combien de temps allait il jouer avec avant de le briser ?


Ce que je veux… C’est vous sauver.

La sauver…Il avait une drôle de façon de vouloir la sauver lui, en l’attachant à un lit dans une chambre de laquelle elle ne pourrait pas sortir. Pouvait on réellement l’appeler un sauveur ? La rousse se crispa brusquement alors qu’il regardait son corps sans aucune pudeur, cet homme répugnant était entrain de la détailler et elle ne possédait rien pour l’en empêcher ou se protéger. Elle détestait ce sentiment d’être mise à nue, littéralement, par un étranger qui pouvait tout apprendre des marques qui ornaient son corps. Que cherchait il à faire ? Voulait il l’humilier pour qu’elle soit à sa merci et qu’il lui fasse faire tout ce dont il avait envie ?
Un péché…Son corps était un péché. Elle n’avait jamais accepté les marques de brûlures sur son corps même si cela ne semblait aucunement déranger les autres personnes qu’elle côtoyait chaque jour. Elle avait bien conscience que cela pouvait répugner, c’était l’effet exact qu’elle-même ressentait à chaque fois qu’elle posait les yeux sur son reflet dans un miroir. Le regard qu’eut cet inconnu pour elle en découvrant toutes ses imperfections était celui qu’elle redoutait justement, celui qu’elle fuyait chaque jour en se cachant derrière d’épaisses couches de vêtements. Celui qui faisait qu’elle restait seule la plupart du temps.
Diablerie…Instrument du Sans Nom…Péché…Culpabilité…Forces du Malin.
Coupable…Coupable. Coupable !


- Ca s’appelle détermination et courage, deux choses que vous ne posséderez jamais, espèce de lâche !

Et à l’intérieur des aciers venait de se rallumer une flamme explosive. Celle de la haine qui grandissait à chacun des mots de l’étranger et finirait tôt ou tard par lui retomber dessus. Elle refusait de se laisser juger par un homme pareil, tout noble soit il de titre, il n’en avait de toute évidence aucune de cœur. Elle essayait de bouger ses poignets dans le vain espoir de se détacher mais les liens étaient bien trop serrés. Elle était prise au piège par un homme qui ne savait rien d’elle et qui avait décidé de la sauver par on ne savait quel moyen étrange. Il ne pouvait pas en être ainsi, elle refusait de croire qu’il était l’envoyé du Très-Haut qu’elle avait toujours respecté et honoré, même si elle avait parfois commis quelques péchés dont elle se reconnaissait le tort, elle avait même prévu de se confesser un jour ! Était-ce là sa punition pour n’avoir pas fait pénitence assez tôt ? Le Très-Haut ne pouvait pas se montrer si cruel avec ceux qui le respectent et l’honorent, ce n’était pas possible. Elle ne pouvait pas y croire…
Elle se fige. Les doigts de son ravisseur sont entrés en contact avec sa peau. Tous ses muscles se crispent, réaction immédiate face à la présence d’un danger bien trop proche à son goût. D’autant que ce n’est pas n’importe quoi qu’il touche. Ces cicatrices sont quelque chose de problématique chez la rousse, que quelqu’un les touche sans son autorisation lui donne un haut-le-cœur qu’elle ne réprime que difficilement. Elle déteste qu’on la touche, encore plus lorsqu’elle ne peut pas l’empêcher, et a fortiori lorsqu’on touche cet endroit bien précis.

Il jouait avec ses nerfs. Il prenait un malin plaisir à appuyer à l’endroit précis où il était sûr de faire mal. Pourquoi n’était elle pas morte dans cet incendie ? Elle se l’était bien souvent demandé. Parce qu’elle avait eu de la chance avait été son hypothèse la plus plausible. Parce qu’elle avait eu des personnes prêtes à l’aider même si elles ne la connaissaient pas. Parce qu’elle s’était battue pour survivre, pour ne pas laisser ceux qu’elle aime dans la souffrance.
Tant de raisons qui faisaient qu’elle n’avait pas péri par les flammes. N’était-ce pas un signe du Très-Haut que de l’avoir laissé survivre à cette épreuve ? Elle avait voulu y croire, mais aujourd’hui elle se rendait compte que ce n’était peut être pas le cas. Elle n’avait pourtant passé aucun pacte avec le Sans Nom, alors l’homme devant elle était il vraiment venu accomplir la Volonté divine ? Son cœur accéléra brutalement sa course alors qu’elle vit l’homme venir s’installer entre ses cuisses, un instrument dans la main. Elle cherchait l’air le plus loin possible en envisageant l’idée que cet instant pourrait bien être l’un de ses derniers. Il avait sa vie entre ses mains et pouvait y mettre fin quand bon lui semblait, d’un seul et dérisoire geste. Etre forte…Etre forte face à quoi d’ailleurs ? Elle ne pouvait plus bouger, elle était l’impuissante spectatrice de son propre calvaire.

Hurler. C’est-ce qu’elle aurait fait si on lui en avait donné l’autorisation. Mais elle ne devait pas faire cela, car ce serait signer son arrêt de mort. Elle pouvait s’en sortir, à condition de ne pas se faire exécuter bêtement. Il avait décidé de la torturer pour assouvir son désir, et elle s’était promis de ne pas lui donner satisfaction. Même si son souffle lui faisait défaut et que chaque nouvelle intervention du rasoir lui donnait l’impression qu’elle allait mourir, elle ne dirait pas un mot et ne lancerait aucune supplication. Elle se contenterait de bouger de tous les côtés pour lui faire rater son œuvre, en vain. Il maitrisait trop bien ses gestes pour qu’elle puisse avoir une quelconque chance. Il lui semblait qu’on venait de mettre subitement le feu à l’intérieur même de son ventre et qu’il se consumait sans qu’elle puisse en arrêter la course. Bientôt il n’y aurait plus rien, plus rien que les ténèbres. Il fallait qu’elle tienne encore un peu pour ne pas qu’il soit satisfait, juste un peu plus…
Malgré tout, il continuait de sourire. Malgré le fait qu’elle n’ait pas hurlé, qu’elle n’ait pas supplié, il continuait de sourire cet arrogant. Ce fils de chienne qui ne méritait rien d’autre que de rendre gorge à ses pieds tandis qu’elle les essuierait sur son visage en le laissant agoniser.

Epuisée, elle n’avait plus d’énergie, chaque parcelle de son corps lui semblait être plus souillée que celle d’à côté, par la simple présence de cet homme. Il ne l’avait pas violé au sens premier du terme, mais cet acte était encore pire pour elle. Il avait touché l’intouchable, il l’avait brisé en mille morceaux, et il s’amusait de cela. Il s’amusait de la souffrance qui était la sienne. N’avait elle pas encore assez de cicatrices comme cela, pourquoi vouloir en rajouter encore ? Pour passer les Portes du Paradis lors du Jugement dernier. Si c’était ça le prix à payer pour pouvoir y entrer, elle préférait sans aucun doute l’Enfer. Au moins le Sans Nom, lui, n’avait jamais essayé de la tuer. C’était peut-être qu’il n’était pas si terrible qu’on voulait bien le dire finalement. Et si c’était lui, le Divin qui pensait aux autres ? Après tout, il ne créait pas de guerres ce Dieu là, les hommes ne partaient pas en croisade pour suivre ses enseignements. Ce n’était pas par sa faute que l’on qualifiait une armée de « sainte ».
Ce n’était pas en son nom qu’on tuait des personnes qui avaient passé leur vie à tenter d’être vertueux. Puisqu’il n’a de toute façon pas de nom ça règle le problème.
Il se coucha à côté d’elle, l’envoyé divin, et un nouveau haut le cœur la prit alors qu’elle tentait de retrouver son souffle. Pourquoi devait elle toujours surmonter tant d’épreuves…Elle aurait bien tenté encore une fois de se débattre, de rompre ses liens, ou de tuer son ravisseur par on ne savait quelle ruse, mais elle n’en avait plus la force. Elle n’avait plus envie de se battre. Elle ferma les yeux, simplement, et fit ce qu’on lui avait conseillé : récupérer.


En bleu, l'autre personnalité toujours.
*Oswald Mbuyiseni Mtshali

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Joueuse en cours de déménagement, peu présente mais fait son possible, merci de votre compréhension.
Anthoyne
Combien de temps était-il resté allongé ? Une minute ? Cinq ? Dix ? Quoiqu’il en fût, Anthoyne ne devait pas non plus trop tarder dans cette pièce et montrer une trop grande fébrilité face à cette femme. Elle avait une force d’âme impressionnante et il ne devait pas lui faire croire qu’elle puisse prendre le dessus sinon cela pourrait devenir dangereux pour lui. Le bourreau se releva. Il lâcha un long soupir alors qu’il rajustait ses vêtements. Il porta son regard sur son œuvre. Quelques gouttes de sang avait de nouveau perlé et s’étaient épanchées sur les flancs de la rousse. Il récupéra le bout de tissu qu’il avait utilisé auparavant et essuya le liquide rouge. Quelques traces restaient imprégnées sur la peau. Il avait déjà prévu que le sang sécherait et il avait tout préparé en conséquence. En aucun cas, la peau devait être maculée autour de ces marques. C’est pour cette raison qu’il avait laissé un petit récipient rempli d’eau sous la table de chevet. Il se devait d’être minutieux dans la préparation et puis dans l’accomplissement de sa tâche. Son travail devait être fait à la perfection. Comme il se le répétait maintes et maintes fois, il n’avait aucunement le droit à l’erreur. Il prit le récipient et trempa le bout de tissu dedans. Il posa un regard sur la rousse et lui sourit.

Ca risque d’être froid. Je nettoie votre… croix. Le sang a perlé et séché lors de notre petit repos.

Alors qu’il nettoyait délicatement le sang séché sur la peau, Anthoyne continuait de parler.

Vous savez… Le Très Haut nous a donné la vie et se battre pour elle peut-être considéré comme un acte aristotélicien… Vous tenez à la vie, c’est bien. Par contre, ne me résistez pas comme vous l’avez fait. Je suis le serviteur du Seigneur, j’ai donc toute son approbation. Vous le savez, vous avez péché dans votre misérable vie… Si Dieu Tout Puissant nous a confié le souffle de la vie, ce n’est en aucun cas pour pécher. Vous avez trahi sa confiance ainsi. Il est normal que vous soyez châtiée. Toutefois, le Très Haut est bon et il est prêt à vous offrir la rédemption. Vous portez maintenant la croix d’Aristote sur votre ventre. C’est le premier pas vers votre salut. La porte de la rédemption, si je puis dire ainsi. Vous l’avez fait franchie avec bravoure. Je vous en félicite. Il nous reste deux étapes. Si nous continuons ainsi, tout va très bien se dérouler. Cette seconde étape consiste à enlever toutes traces de vos péchés…

Il sourit légèrement.

Ne vous inquiétez pas, je vais me répéter mais je ne considère pas vos brûlures comme un péché mais comme une punition divine. Par contre, vos cheveux et toute votre pilosité est la marque de l’emprise du Sans-Nom sur vous et par conséquent, je vais devoir supprimer ceci. Rien de bien difficile, n’est-ce pas ? Je ne vous avais pas menti en vous disant que la première étape serait la plus difficile. Nulle souffrance ne vous attend à cet instant.

Anthoyne finissait de nettoyer les plaies méticuleusement. Ses gestes étaient toujours aussi précis. Il ne frottait pas comme un idiot pour enlever le sang mais tapoter doucement afin d’éviter de laisser des marques d’irritation sur le corps. Son œuvre se devait d’être, encore une fois, parfaite. Lorsqu’il eut enfin terminé, il posa le récipient sur une petite place libre de la table de chevet, plia le tissu en deux et le suspendit sur son bras. Dans le petite meuble d’une qualité médiocre, il sortit un blaireau et du savon. Le noble afficha une nouvelle fois un large sourire à sa victime et plongea son regard dans le sien.

Nous allons commencer. N’oubliez pas ce que je vous ai dit. Un seul cri et ça en est fini de vous… Mais n’ayez crainte, cela ne sera pas très douloureux, je serai prudent.

Après une grande inspiration, il s’approcha d’elle et admira une nouvelle fois ce corps. Sa main glissa sur la partie du corps point abîmée par les brûlures en commençant par un sein. Elle continua de descendre et arriva bientôt à l’intimité de la rouquine. Dans un grand soupir, il se stoppa avant d’aller plus loin. Il était incroyable comment ce corps pourtant abîmé faisait naître un désir en lui. Une fois de plus, il conclut que cela n’était que l’œuvre du Sans-Nom afin de le déstabiliser. Alors qu’il se reprenait petit à petit de cette faiblesse, il saisit le blaireau et après l’avoir humidifié puis induit de savon, il porta son regard sur la chevelure de la femme. Il passa le blaireau à la base des cheveux. Etape obligatoire afin d’effectuer un travail propre. Il reposa l’instrument dans le bol empli d’eau puis récupéra son rasoir qu’il déplia lentement avant de passer la lame étincelante sous le seul rayon de lumière de la pièce et éclairer la rousseur de la noble. Un léger rictus anima le visage d’Anthoyne. Armé de sa lame, il enjamba la femme et se mit à califourchon sur elle. Il la maîtrisait. Il était au dessus d’elle.

Commençons.
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Aldraien
« On ne fuit jamais assez loin & on ne se fuit jamais assez longtemps ! Car toujours vous rejoint l’inadmissible. » - Victor Lévy Beaulieu -

Ça fait mal.

Ça tape dans les tempes comme si on lui avait martelé le crâne avec une barre de fer. Elle ne s’est même pas rendue compte du moment où elle s’est endormie, épuisée tant physiquement que psychologiquement ; elle a sombré sans même réaliser que son agresseur aurait très bien pu la tuer dans son sommeil. Peu lui importe, de toute façon, et elle sait que ce n’est pas le but de ce Baudoin, qui veut la voir éveillée pour lui infliger les sévices devant la mener jusqu’à la rédemption.
Combien de temps était-elle restée là, contre son bourreau ? Elle n’en a pas conscience. Elle savait en revanche que son réveil sonnait comme une oraison funèbre, car il allait vouloir achever son œuvre. Perfectionniste, il ne la laisserait pas avant d’en avoir définitivement terminé. Le peu de lumière dans la salle l’éblouit, elle peine à ouvrir les yeux correctement pour voir ce qui l’attend à présent. Sa bouche est pâteuse, elle a soif et la nausée en même temps. Ses muscles, eux, semblent ankylosés, pas par la peur non, mais par une sorte d’abandon de la vie. Peut-être son corps pressent-il ce qui va se passer, peut-être se prépare-t-il tout simplement à accueillir la mort ?

Un sursaut pourtant, lorsque le tissu effleure à nouveau sa peau souillée par le carmin pour l’en débarasser. A-t-elle donc encore conscience des sensations qui lui sont infligées ? Il semblerait qu’elle n’ait pas encore totalement accepté l’idée de n’être que simple spectatrice de sa propre fin, doit-elle en conclure que son amour propre n’a pas encore totalement disparu ?
Avec cette once de fierté, le retour de la haine en simultanée. Elle veut le tuer, elle veut lui faire regretter ce qu’il lui a fait subir. Pourtant elle sait qu’elle n’en aura pas l’occasion, accablée par un sentiment de résolution macabre qui lui hurle dans la tête que cette journée sera la dernière qu’elle aura l’occasion de vivre. Pas de vengeance, pas de traque, pas de meurtre froid pour apaiser son âme tourmentée ; car assurément, les brumes de son regard sont les témoins de ce glacier qui gronde au fond d’elle et qui n’a pas été emprisonné assez longtemps pour disparaître totalement. Un loup en cage qu’on s’apprête à abattre avant qu’il n’ait pu avoir sa dose de violence, alors qu’il sera impuissant face à son propre désespoir.

C’est un jeu pour De Biscaye. Il s’amuse, ses sourires insolents et inconscients en sont les témoins silencieux. De même que les paroles qu’il a à son encontre, qui lui souillent l’âme et le cœur. Un nouveau laïus, lui enjoignant d’abandonner la bataille, de le laisser lui offrir la rédemption, et comment ? En lui donnant la mort, bien sûr.
Deux étapes…Pourquoi ce rituel ? Pourquoi ne pas en finir directement, abréger ses souffrances ? Il aime, assurément, infliger la souffrance, avoir le contrôle. L’esprit de la rousse est embrumé par la douleur et la fatigue. Deux étapes. Enlever les traces de ses mauvaises actions. De quelles traces peut-il bien parler ?
Les brûlures ? Les cicatrices ? Non, rien de tout ça.
Ses cheveux. Ses poils. Tout ce qui est roux, et montre l’influence du Sans Nom sur elle, d’après lui. Son attention pour veiller à sa propreté ne fait qu’accentuer le malaise qu’elle ressent, mais elle n’a plus la force de protester, pas plus qu’elle ne l’a de se débattre. Elle ne veut pas parler à cet homme, juste le tuer.

Elle le défie du regard, encore, toujours. Même lorsqu’il la touche, lorsqu’il se permet de glisser ses mains sur ce corps qui ne lui appartient pas, elle ne bronche pas extérieurement. Seulement ce regard haineux, ce regard qui appelle le meurtre de toutes ses forces, brillant de colère et qu’elle garde farouchement ancré sur lui. Au fond, elle tente de rassembler les quelques forces qu’il lui reste. Ne pas gaspiller, et attendre le bon moment.
Lorsqu’il baissera sa garde, et lui donnera l’ouverture qu’elle attend pour pouvoir réagir, elle lui fera regretter tout ça. Tout. Si tu veux me tuer, vise bien et vite, De Biscaye…car tu n’auras qu’une seule occasion. Au-dessus d’elle maintenant, son bassin emprisonné entre les jambes du noble, elle semble complètement à sa merci. Il veut la raser. Il veut lui enlever son humanité, et ce qui fait d’elle une femme, en partie. Il veut faire d’elle un monstre, définitivement enlaidie pour rejoindre le linceul de la mort.
C’est lui, le monstre.
Elle ne va pas crier. Elle va faire mieux, bien mieux. Son ventre la brûle, mais elle ne laisse rien paraître, à l’affût, elle le laisse approcher d’elle. Lui laisser croire qu’elle est inoffensive. Faire la morte…

Alors qu’il s’y attend le moins, c’est-à-dire au moment où la lame s’approchait dangereusement d’elle, elle rassemble toutes ses forces pour exercer une énorme poussée sur sa hanche, basculant vers le côté, en ramenant sa hanche le plus haut possible. Elle aurait pu crier, mais elle se contente de serrer les dents sous la douleur qui lui transperce son ventre au même moment. L’homme n’a pas de prise, et une de ses mains est prise. Le peu de forces qu’il lui reste est largement suffisant pour qu’il perde son équilibre, et qu’un bruit sourd se fasse entendre.
Seigneur, fais qu’il soit mort…

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Joueuse en cours de déménagement, peu présente mais fait son possible, merci de votre compréhension.
Anthoyne
Il avait baissé sa garde seulement le temps d’un instant. Juste un instant. Mais Anthoyne se maudissait d’avoir fauté ainsi. Et il la maudissait de s’être jouée de lui. Elle avait prévu son coup, c’était certain. Mais à cet instant il était trop tard, il basculait déjà inexorablement vers le cadre du lit. Il n’avait pas eu le temps de se rattraper comme il l’aurait voulu. L’énergie développée par le mouvement des hanches avait suffi pour déstabiliser le sadique. Le poids de ce dernier faisait le reste. C’était juste une question de physique. Sa chute ne dura que quelques secondes tout au plus mais pour Maillé, elle lui parut interminable. Interminable mais bien terminée au moment où sa tête heurta l’une des sculptures au coin du montant. La violence du choc lui fit perdre connaissance. Son esprit s’était arrêté à cet instant mais le corps continua sa chute sur le sol renversant par la même occasion la petite table de chevet qui trônait près du lit.

L’esprit peina à faire son retour dans le monde matériel. Ce ne fut pourtant qu’un simple passage dans l’inconscient sans même pas passé par la case « Monde onirique ». Anthoyne ne savait pas combien de temps il était resté évanoui. Tout ce dont il avait conscience, c’est qu’il avait un affreux mal de tête et que tous ses sens étaient perturbés. Il savait également qu’il était en position allongée. Cette conclusion faite, à plusieurs reprises, il tenta de se relever mais chaque tentative fut infructueuse. Entre une vision floue et une ouïe désaccordée, l’équilibre ne revenait pas. Après un énième échec, il resta allongé, songeant. Il ne se remémorait pas ce qu’il faisait avant sa chute, il était totalement perdu. Il mit un temps avant que ses sens reprennent tranquillement du service et que ses idées se remettaient doucement en place. Il fonctionna par étape. Il était dans une pièce, aux premiers abords, inconnue. Malgré une vision encore un peu floue, il devina, grâce aux objets qu’il se trouvait dans une chambre d’auberge. Seconde étape : Il n’était pas seul. Sur le lit, il y avait une … rousse. Le déclic venait d’arriver ! Il se souvenait à présent ! Il jeta un regard vers le lit et il voyait sa victime s’agiter. Depuis son réveil, il ne s’était passé que quelques secondes mais il lui semblait que cela faisait des minutes qu’il se divaguait et que la rouquine ne devait pas tarder à être prête pour sa vengeance. S’il ne voulait pas qu’elle le tue, il avait intérêt à bouger et rapidement.

Dans ce cas d’urgence, c’est l’adrénaline qui reprend les choses en main. L’adrénaline, la molécule miraculeuse de l’instinct de survie chez l’être humain. Mais les miracles restaient limités car l’intégralité de ses sens ne revenait que très lentement. Sa perception du monde qu’il l’entourait en était encore très dégradée. Cependant le bourreau commença à s’agiter à son tour. Ce n’étaient pas les mêmes liens qui le retenaient mais ils étaient assez puissants pour rendre son efficacité à une valeur tendant vers zéro. Quand il réussit enfin à se lever, sa vue avait repris du poil de la bête et elle lui offrait une vision qui ne lui plaisait pas du tout. Mais alors pas du tout !


« Ô mon Dieu, pardonnez-moi, j’ai failli. »
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