[RP] Porte Nord de la capitale, à l'Est de la rivière.

[Tribulations crâniennes enfantines et éphémères]

Sur le bord de la rivière, je me suis assise et…

*… Je me suis assise et j'ai pleuré. La légende raconte que tout ce qui tombe dans les eaux de cette rivière, les feuilles, les insectes, les plumes des oiseaux, tout se transforme en pierres de son lit. Ah ! que ne donnerais-je pas pour pouvoir arracher mon cœur de ma poitrine et le jeter dans le courant… Il n'y aurait alors plus de douleur, plus de regret, plus de souvenirs.

*Extrait : sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j’ai pleuré
Auteur : Paulo Coelho

Aux Affres obscures qui me teintent de noir ce regard
Aux soupirs qui me murmurent de les lâcher
Aux mâchoires serrées qu’il me faudra affronter


La vie est faite de choix et la gamine avait dû en faire plusieurs ces dernières semaines.
Etre soi et l’être pleinement, n’est ce pas le premier pas vers un deuxième ?

C’est le jour du muguet qu’elle avait pointé le bout de son nez en la région languedocienne et de ses souvenirs ça allait être le deuxième hiver qu’elle allait passer, où était-elle avant …
Serait-elle là au printemps…
Rien n’était sur.
Serait-elle là demain… dans une heure…

Elle avait fini par trouver en ces terres un équilibre, un équilibre précaire, vacillant, c’était comme cette chandelle qui menace à tout instant de s’éteindre, cette flamme fragile qui va et vient qui trouve le sombre et s’y sent bien et qui l’instant d’après s’en devient lumineuse et vive, vive pour ça elle l’était, mais combien de fois la chandelle avait-elle vacillée jusqu’a se perdre dans les limbes obscures ?

Non plus certaine de rien la gamine, ça faisait beaucoup ces derniers temps pour la petite rouquine.
Son avenir elle l’ignorait et à vrai dire aujourd’hui elle s’en fichait.
Le moment, l’instant seul comptait. Elle passait de bons moments tant mieux, elle n’en passait pas et bien elle resterait là dans ce coin de forêt

Des clefs oui, elle en avait plusieurs et non elle n’était pas obligée d’errer à la dure dans le froid, mais c’était son choix.

Elle avait avoué à Paul qu’elle allait s’en aller, c’était le douze du dixième mois et l’avait laissé muet sur cette plage.
Elle en laisserait certainement d’autres, muets, septiques, étonnés, ou alors carrément dubitatif.
Elle préférait de loin ceux qui se mêleraient de leurs affaires.

Deux jours plus tard ce douzième jours, elle reçu une proposition, une proposition qu’une gamine comme elle se devait d’accepter, un bonheur sans nuage se profilait, de l’amour…
De l’amour, c’était quoi ?
De bons sentiments c’était quoi ?
De grandes tirades sur le bon ou le mauvais c’était quoi ?

La gamine et le bonheur on aurait pu en écrire une fable tant ils étaient opposés.
Ça n’était pas compatible, elle avait le don de tout foutre en l’air, c’est qu’il faut dire qu’à la base c’était elle qu’on avait foutu en l’air, mais ça on s’en foutait.
La question était simple avait-elle vraiment envie de retomber ?
On est bien dans un ciel d’incertitude ou le politiquement correct et le bien pensant n’a pas sa place. Non, l’on n’est pas bien, on y est parce que c’est là qu’on a envie d’être, pourquoi ?
Parce que l’on a connu que ça.

Est-ce qu’on apprivoise une bête sauvage ?
On peut, mais ce n’est pas sans conséquences…

La première réaction qu’elle avait eu à affronter n’avait pas été très agréable, elle avait retenu le mot « girouette », avait feint de ne pas en être blessée, elle était passée maître désormais dans l’art de feindre. Feindre le bonheur, feindre la joie et la bonne humeur, mais à quoi bon se fatiguer puisque de toute façon les gens ne cherchent jamais à comprendre quoi que ce soit. Ils jugent, le couperet tombe et tant pis pour les miettes !
Ramasses ta tête !

Sans doute que les grands eux faisaient toujours ce qu’il fallait quand il fallait, sans doute qu’ils prenaient toujours les bonnes décisions et sans doute qu’ils n’avaient pas le droit de changer d’avis.

Mais cette fois la gamine n’était pas amère, elle avait compris que l’amertume c’est un peu comme cette gangrène qui vous ronge de l’intérieur et qui vous donne mauvaise mine.

Un départ définitif remis en cause, une adoption proposée, un renoncement, une fuite, une errance qui désormais serait quotidienne.

Elles se reverraient sans doute, elles s’écriraient certainement, mais il n’y aurait plus ce lien, peut-être en tisseraient elles d’autres… plus tard.

N’est-t-on pas ce que l’on naît ?

Elle avait repris sa vie, devait-elle la donner ?
N’était-ce pas sa vie, ses choix, ses erreurs, ses aigreurs, quand est-ce qu’ils allaient lui foutre la paix les grands ?

Elle n’était pas amère non, elle était en colère. C’était beaucoup plus agréable la colère, on s’y niche et on attend l’orage. Ça fait des éclairs de lumière dans un trou noir.

Elle en avait vu un peu de la lumière sans doute grâce à elle, bien sur qu’elle ne lui dirait pas que ce qu’elle avait fait l’avait peut-être sauvée d’un abîme ou sans nul doute elle s’enfonçait.

Elle ne le dirait pas, parce que pour « dire » la gamine n’était pas douée, vraiment pas, quoi qu’il en soit, elle s’en était allée, plus de sœurs d’Alverny, elle lui avait laissé son nom et repris le siens, celui qu’elle s’était plu à inventer, Maelysa de Personne.

Sans amertume et sans heurs, consciente de la peine qu’elle avait infligé, un poids qui resterait à assumer, mais la jeune femme et elle savaient bien le pourquoi des choses, n’était-ce pas le plus important, fallait-il seulement se donner la peine de l’expliquer aux autres.

Un pigeon reçu à peine partie de quelques jours, histoire de lui rappeler qu’elle avait fait du mal, histoire d’en ajouter une couche, bien sur qu’elle aurait écrit à Jayzabelle, d’ailleurs elle allait le faire, mais pourquoi avait-il fallu qu’il le lui demande, le simple fait de lui demander c’était la prendre pour une petite chose inconsciente, elle avait jeté la lettre dans les flammes et n’écrirait pas. Arthur commençait sérieusement à l’agacer.

Jayzabelle et Maelysa c’était l’histoire de Jayzabelle et Maelysa.

Elle grandissait la petite, sans doute mal, sans doute pas comme on aurait voulu, mais les « on » pouvait bien dire ou faire ce qu’ils voulaient.

On l’aimait, on ne l’aimait pas, peu lui importait désormais.
Plus en mal de reconnaissance, puisque seulement reconnue d’elle-même.

Une sœur… une sœur perdue, une sœur abandonnée sans doute parce qu’elle avait estimé ne pas être non plus la sœur idéale et attendue comme telle, elle n’était pas terrible à tout bien réfléchir, ne s’était pas sentie à la hauteur de la tache, et puis il y avait Arthur, ses conseils, sa bienveillance qui petit à petit enfermait la petite dans une spirale incongrue.
N’était-elle pas attirée que par les marginaux, les gens différents, les abîmés de la vie, les sans cœurs et les laissés pour compte.
Alors la douceur, la petite maison, la prairie, la famille unie… tout ça… ben non…
A la base elle avait juste une sœur… elle ne souhaitait pas une famille, pas une figure paternelle, surtout pas…
Surtout pas après lui, parce qu’après lui, il n’y aurait personne et ce n’était pas négociable. Lui dont elle ne prononçait même plus le nom…

La question s’était posée ainsi, quelques jours plus tard…
Il y avait comme un problème, une coquille dans le paysage, voilà ce qu’elle voyait dans le tableau.
Ou plutôt elle ne s’y voyait pas… elle avait eu beau chercher… sa place n’était pas là.

Fuir vite, à tout allure, retrouver sa liberté et sa médiocrité, se complaindre dans les méandres de son esprit torturé, putain que c’était bon…

Il y avait une maison de bois toute petite, perdue au milieu de grands arbres centenaires, et tout près coulait une rivière, une seule pièce, une cheminée, une paillasse… toute la forêt, toute la rivière, et elle…
Une petite gamine certainement trop sauvage, trop solitaire et bien trop de tout que s’en devenait indécent, infernal, ingérable.

Il y avait une petite gamine en colère et quand elle vint à s’asseoir près de la rivière les larmes engouffrées en elle… Depuis si longtemps se mirent à couler.
Se touchant les joues elle ne compris pas, pleurer, jamais elle n’avait pleuré… étrangement les larmes continuaient de couler, perplexe elle s’en trouvait, puis elle se mit accroupie, rien ne devait se perdre alors se pencher, pour ajouter de l’eau à la rivière ça lui paru une bonne idée…

Pourquoi pleurer ?

Elle n’en sut rien juste qu’elle avait pleuré, tant que seule la rivière en était témoin, ce n’était pas bien grave…
Tant que seule elle demeurerait plus rien ne serait grave.

Elle avait décidé que ce serait là et pas ailleurs, depuis le temps qu’elle courait les bois, qu’elle longeait les rivières et qu’elle braconnait à tout va, elle avait eu le temps de le choisir son coin de paradis, ce serait son chez elle, peut-être que des visiteurs égarés passeraient, peut-être qu’elle allait courir des dangers, peut-être qu’elle serait en paix, peut-être qu’elle inviterait des gens …
Peut-être que demain elle en serait partie, c’était tellement bien tout ces peut-être en suspension. Tout ce qu’elle savait la gamine c’est qu’elle ne voulait pas vivre de certitudes, parce que trop souvent déçue et bien les certitudes ça vous tue, à petit feu mais ça vous tue !

Et cette graine qui s’envole et d’où l’on ne sait jamais ou elle va se planter…
Mal venue dans un jardin fleuri et choyée dans un champ abandonné…

Essuyer des larmes après une tempête, aiguiser sa dague, préparer sa soupe, regarder le ciel se couvrir, pas de doute, elle était toujours vivante la sale gamine…
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Sortie de taverne, par une froide nuit automnale

Besace en bandoulière, la brune s'en était pris la direction de la porte Nord. Auparavant dans la roulotte, elle avait, sous le regard d'Ilug, déposé un lourd plaid de laine d'Ecosse, le plus chaud qu'elle avait dans ses malles. Elle y avait rajouté quelques pièces de viandes fraîchement achetées sur le marché un peu plus tôt dans la matinée, alors qu'elle y avait accompagné le Nordique. Et sans un mot, les lèvres serrées alors que l'étonnement se peignait de plus en plus dans les prunelles usées du vieil homme, c'est quelques bâtons de réglisse qu'elle avait ajouté ainsi qu'une petite fiole de son eau de feu qu'elle avait distillée. Une petite cuvée spéciale pour une rouquine encore plus spéciale. Quelque chose qui lui tiendrait chaud à la couenne sans pour autant l'ennivrer. Et dans un dernier geste, c'est une petite boîte contenant l'un de ses onguents à la mauve, qu'elle avait rajouté.

Et c'est à pieds, histoire de ne pas attirer l'attention sur sa monture qui était peu commune, qu'elle s'en était partie direction la sortie de la ville. A son épaule dextre, pendait un longbow, compagnon qui l'accompagnait depuis des lustres mais qu'elle n'avait pas ceint depuis qu'elle s'était posée en la ville de Montpellier. L'allure était rapide et le pas félin et léger comme à l'accoutumée. Avec toujours ce déhanché naturel chez elle, qui imprimait un mouvement dense à sa démarche. Tout en avançant, elle chantonnait une ballade écossaise.

Should auld acquaintance be forgot
And never brought to mind?
Should auld acquaintance be forgot
And days of auld lang syne?

La petite rouquine, elle l'avait rencontré dans l'une des tavernes de Montpellier. Quand la gamine était entré, elle avait l'Ecossaise, remarqué immédiatement les petits pieds dont la peau était arrachée par endroit. Et combien savait-elle ce que cela pouvait faire souffrir, elle qui souvent passait la moitié de son temps, ses petons nus. Seuls, la fin de l'automne et l'hiver qui arrivaient, finissait par la décider à glisser ses pieds dans des bottes à revers de fourrure. Et fière était-elle cette petite fille qui se disait Celtique. Courageuse aussi, téméraire sans doute. Un véritable petit feu follet. Echanges avaient été faits et en toute discrétion. Un baume d'onguent à la mauve contre un petit pot de confiture de chataîgne.

Qu'est-ce qui poussait donc Charlyelle à se préoccuper ainsi d'une gamine ? Outre le fait de pratiquer son art, il était loin de n'y avoir que ça. Peut-être ces deux âmes là s'étaient-elles trouvé des points communs. Elles partageaient des rires, des paroles, des impressions, qui étrangement les rapprochait l'une de l'autre. Mae avait même été jusqu'à lui confier un secret. Yep. Charlyelle connaissait l'âge exact de la fillette. Et elle avait promis de ne rien dire. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. Elle aurait bien craché dans sa main aussi mais Ilug lui avait interdit de le faire.
Il faisait pas bien chaud ce soir, et après avoir passé la soirée en taverne et l'avoir terminé comme par le plus grand des hasards avec le Nordique, elle avait encore dans sa main la bouteille de poteen d'Isleen lorsqu'elle s'en était retourné à sa roulotte. A la base, elle avait décidé de se torcher, mais une torche radicale qui aurait sans doute pu la réchauffer. Elle ne le saura pas car au final, vu qu'elle avait froid, l'esprit de la brune s'était envolé vers la gamine qu'elle savait dormir dehors. Et si elle avait froid, c'est que la petiote aussi devait avoir froid. Pure logique féminine chez la Celtique. Elle lui avait proposé la chaleur de sa roulotte, mais la gamine avait vaguement accepté, un jour, de s'y pointer. La Dentellière n'avait nullement insisté, un sourire s'était simplement fait jour sur les lippes de mûres.

Et la voila donc, qui au lieu de se prendre la murge du mois dans son cocon, s'en déambulait vers ce petit feu de bois qu'elle venait d'apercevoir. Et la petite forme allongée qui semblait endormie. Qui a dit que l'ancienne mercenaire qu'elle est ou pas car elle sait bien que certaines choses vous collent à la peau quoi qu'on fasse, n'avait pas un semblant de coeur ?
Posant sa besace au sol, elle s'accroupit, regardant un moment le visage de la petite rouquine, à la lueur des flammes.

"- Mae" ?

Faut-il oublier les amis
ne pas s’en souvenir ?
Faut-il oublier les amis
les jours du temps passé ?
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[ à la chaleur de la nuit ]

Elle vivait un peu en solitaire la gamine, et c’est de moins en moins que l’on pouvait l’apercevoir en ville, sans doute était-elle lasse, comme tout le monde il lui arrivait parfois de traverser ces instants de brumes où tout devient flou, ou plus rien n’est vraiment palpable, ou l’on se plaît à s’enfermer dans son monde, ressassant les événements et n’y trouvant pas d’autres solutions que celles choisies, c’est sûr elle avait fait ce qu’elle devait, non sans en peser les conséquences, cet exil consenti n’était-il pas une sorte de punition qu’elle s’infligeait à elle-même.

Elle s’affairait à ses pièges, à son braconnage, enlevait les manteaux de peaux, les faisait sécher, la petite maison de bois lui servant plus d’entrepôt que de réel lieu d’habitation, malgré tout le froid commençait à se faire sentir, et la gamine devrait se décider à aménager ce petit local avant que le gel ne couvre les branches de ce froid qu’elle avait déjà connu par le passé, elle avait la sensation de faire un bond en arrière, seule à Vienne, dans sa cabane construite de ses mains, loin du village, elle revivait un peu de ces moments là et curieusement elle y trouvait un certain plaisir, elle avait pourtant connu le confort autrefois et possédait de nombreux sésames pour ouvrir quelques demeures bien douillettes mais le confort n’était pas sa préoccupation du moment, elle adorait ce retour à la nature, aux bruits de la forêt, aux choses simples qui ne sont parfois plus vraiment évidentes lorsque de la ville l’on fait son nid, un oiseau que l’on observe un long moment sans bouger, l’eau de la rivière que l’on se plaît à suivre, ces quelques cailloux que l’on dispose pour la détourner et ce seau que l’on pose pour qu’il se remplisse, des branches qui craquent lorsque un animal passe, les collets que l’on va relever sans n’avoir pas la moindre peine pour la vie que l’on vient d’ôter, pas du genre à s’apitoyer la gamine, elle avait faim alors elle chassait, quoi de plus normal.

Un craquement elle venait d’en entendre un, pas bien longtemps qu’elle s’était couchée près du feu, elle avait observé les étoiles un long moment et s’était abandonnée à Morphée, elle se couchait toute habillée, quelques couvertures seulement lui tenaient compagnie, sa dague elle ne le la portait pas dans sa botte, la nuit elle la portait à la ceinture, elle fit donc un geste lent sous sa couverture tout en gardant les yeux fermés…

Un craquement puis quelques autres, des bruits sourds, quelqu’un approchait, elle comptait les pas, oui c’était bien quelqu’un, sa main se resserra sur sa dague puis elle écouta le souffle, quelqu’un était près d’elle…
Un soulagement, une voix familière, elle ouvrit les yeux et afficha un large sourire relâchant au même moment la main de sa dague mais la sortant de sa couverture…

Ben… tu m’as fichu la trouille… m’enfin ce n’est pas avec ça que j’t’aurai fait peur hein Charlyelle.

Ce n’était pas une question, c’était une affirmation.

Charlyelle, une rencontre qui lui avait rendu un peu de ce sourire qu’elle ne montrait plus qu’en de rares occasions, une jeune femme un peu spéciale à ses yeux, quelqu’un à qui elle s’était confiée, sans masques, sans gants, avec elle, c’était naturel, elle se permettait de l’être, ne trichait pas. Ça faisait longtemps et ça faisait du bien.

Peu prolixe elle était devenue, où était passée la joyeuse gamine d’antan, elle avait semble-t-il laissé place à un mur qui se refusait de lâcher ses meurtrissures, alors pourquoi se sentait-elle en confiance avec Charlyelle, elle l’ignorait… et à vrai dire, peu lui importait…

Ses yeux sombres se posèrent sur elle un long moment, la détaillant d’une autre façon à la lueur du feu, puis elle se leva d’un bond et avança un rondin de bois.

Tiens ton siège est avancé. Pis j’ai euh un fond de poteen qui m’reste…

Dis donc t’avais dit que tu viendrais et t’es venue…
Toi, t’es pas nette, tu dis, tu fais… j’croyais que ça existait plus les gens comme toi !

J’peux t’proposer un verre de Poteen s’tu veux ou alors du whisky… quoi que tu préfères ?

La gamine avança un autre rondin de bois autour du feu, laissant bonne distance comme elle le faisait toujours entre elle et les autres, qui que ce soit, elle détestait qu’on l’approche de trop près. Puis elle se couvrit le dos avec une de ses couvertures…

T’es venue à pieds toi ?

La gamine cherchait du regard une quelconque monture puis la regarda d’un air amusé.

Hannnnn j’vois, t’as eu peur que j’te pique ton cheval hein avoue ?

Ça lui faisait plaisir d’avoir de la visite, qu’un grand se soit déplacé pour elle, elle en était touchée, mais bien évidemment elle se serait bien gardée de le lui dire.

Ohhhh j’ai aussi d’la soupe et du pain si t’as faim…

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Comme quoi, qui l'eut cru que c'est auprès d'une gamine qu'elle trouverait du réconfort. Et pourtant. Malgré la lourdeur qui l'étreint, elle trouve le moyen de sourire en l'observant faire. Un vrai petit feu follet.

Ben… tu m’as fichu la trouille… m’enfin ce n’est pas avec ça que j’t’aurai fait peur hein Charlyelle.

Elle le sait oui Charlyelle, que ce n'est pas la lame de la petite qui lui aurait fait grand mal. Et tout en l'écoutant, sauter du coq à l'âne, elle ouvre sa besace et en sort les pièces de viande qu'elle dépose devant Mae. Puis le gros plaid de laine écossaise qu'elle lui enroule autour des épaules, et l'onguent qu'elle lui plante sous le nez.

"- Moi je le sais oui Mae. Mais les autres ne le savent pas, c'est là ton avantage."

La jeune brune s'assoit sur le rondin de bois. Non loin de Mae, mais gardant une certaine distance. Elles se ressemblent tellement avec leur manie de ne pas supporter qu'on les approche. Et Charlyelle n'est pas prête de changer ses habitudes. Elles ne font même qu'empirer. Surtout après ces dernières heures et la déception au goût de légère trahison qui s'est ensuivie. Mais elle ne se prendra pas la tête l'Ecossaise. Au contraire. Pas pour elle tout ça. Elle préfère de loin l'authentique, le vrai, le simplissime, le cash, qu'aux coups tordus et aux manoeuvres mesquines.

Instants paisibles auprès de Mae. Avec elle tout est simple. Rien de compliqué. Elles se ressemblent. Loin de ces nobles qui se la jouent moralisateurs, qui pensent à la place des autres et savent mieux que toi ce que toi-même tu peux penser ou ressentir. Elle a au moins la noblesse de ne pas être ainsi la Celtique. Et prendre ses distances avec ce genre de personne là c'est tout ce qu'elle a de mieux à faire. Les regrets et la désillusion, s'estomperont avec le temps. Certains autres sentiments eux, ne s'estomperont pas.

Tiens ton siège est avancé. Pis j’ai euh un fond de poteen qui m’reste…

Dis donc t’avais dit que tu viendrais et t’es venue…
Toi, t’es pas nette, tu dis, tu fais… j’croyais que ça existait plus les gens comme toi !

Elle hoche la tête, regardant gravement la gamine.

"- Et oui Mae comme quoi tu vois qu'il ne faut pas perdre espoir. Quand je dis, je fais. Et j'ai pas pour habitude de raconter des histoires moi, ni quand ça m'arrange, ni quand ça m'arrange pas. Sauf quand il s'agit de légendes. Parce que j'adore les vieux récits pas toi ?"

Puis elle l'écoute lui demander si elle est venue à pieds et éclate de rire à ses dernières paroles.

"- Je crois que tu aurais du mal à me voler Moonblack. Tu sais il est aussi sauvageon que moi voire pire encore ! Mais si un jour tu viens en balade avec moi je te ferais monter dessus. En attendant que tu aies ta propre monture."

Puis fouillant de nouveau, elle lui tend une petite fiole au liquide ambré.

"- C'est pour toi. C'est du whisky que je distille depuis des lustres mais celui-ci je l'ai fait spécialement pour toi. Afin qu'il te tienne chaud, mais que tu sois pas pompette. C'est plus pratique pour éviter les vilains."
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La gamine est surprise quand elle lui dépose le plaid puis la viande puis l’onguent, toutes ces attentions, ça fait beaucoup… elle hoche la tête vers elle et la remercie du regard.

C’est gentil…

En principe l'on ajoute fallait pas, mais là, elle est touchée, encore…
ça lui fait plaisir, c’est étrange quand même les rencontres, bien étrange, elle repense à lui, celui qui a fait qu’elle est restée là depuis tout ce temps, celui dont elle ne veut plus prononcer le nom, espérant jour après jour qu’il se montre enfin et puis finir par perdre espoir, elle n’y croit plus la gamine, elle a jeté l’éponge et le seau avec et puis elle sait bien que si un jour il veut la retrouver il saura comment faire… elle en doute, elle doute de tout, de tous…

Sauf de sa copine de tartine qui a toujours été là quoi qu’il arrive, parfois dans l’ombre, parfois en demi-teinte mais là en bonne place… sur la gauche…

Les rencontres, les gens qui se trouvent et qui se perdent sans ne vraiment savoir pourquoi ou comment… restent quand même les souvenirs, ceux qui vous tiennent debout quand tout se casse la gueule autour…

"- Moi je le sais oui Mae. Mais les autres ne le savent pas, c'est là ton avantage."

La gamine sourit se disant qu’elle serait bien capable d’en étriper quelques uns si elle en avait la force… mais les ressentiments ça ne fait pas avancer et se laisser abattre ce n’est pas son genre.

"- Et oui Mae comme quoi tu vois qu'il ne faut pas perdre espoir. Quand je dis, je fais. Et j'ai pas pour habitude de raconter des histoires moi, ni quand ça m'arrange, ni quand ça m'arrange pas. Sauf quand il s'agit de légendes. Parce que j'adore les vieux récits pas toi ?"

Les vieux récits ouais, même les récits pas vieux, j’aime bien écouter, et j’aime bien aussi quand les gens y prennent le temps de le faire, s’pas souvent ça tu sais, parfois les gosses y passent inaperçus, on s’en cogne…

"- Je crois que tu aurais du mal à me voler Moonblack. Tu sais il est aussi sauvageon que moi voire pire encore ! Mais si un jour tu viens en balade avec moi je te ferais monter dessus. En attendant que tu aies ta propre monture."

Elle lui parle de son cheval en riant du coup la gamine se met à rire elle aussi...

bon ben, c'était juste une idée comme ça hein...
La lune noire, c’est vachement beau comme nom, moi quand j’aurai volé mon cheval ou que j’l’aurai acheté si j’suis un jour riche, fin ça m’étonnerai vu tout ce que j’dépense en whisky, ben je l’appellerai … hum… je crois que je l’appellerai, nan j’te dis pas, j’dois encore y réfléchir… c’est vachement grave un nom, en tout cas j’l’aimerai comme il est, ça j'le sais…

T’sais c’est grâce à chéri réglisse que j’aime les chevaux, j’suis certaine qu’il le sait même pas, c’est une fois que je retournais à Narbonne qu’il m’a mise devant lui sur son pégase, ouais j’crois qu’il s’appelle comme ça, même que j’avais peur qu’il s’envole tellement on allait vite… fin p’te que j’lui dirais un jour que c’est grâce à lui…

C’est quand tu veux qu’on part en balade… j'ai pas grand chose à emporter comme tu vois…

"- C'est pour toi. C'est du whisky que je distille depuis des lustres mais celui-ci je l'ai fait spécialement pour toi. Afin qu'il te tienne chaud, mais que tu sois pas pompette. C'est plus pratique pour éviter les vilains."

la gamine sourit en prenant la fiole.

M’ci pour l’whisky bizarre en attendant j’te verse un godet de celui qui rend pompette, t’vois bien que j’suis vite réveillée hein moi, fin, j’bois plus comme avant non plus, faut que j’sois raisonnable des fois… pas trop mais des fois…

la petite se lève et va chercher de quoi boire dans la petite maison de bois et revient avec le sourire, ça fait un moment qu'elle n'a plus eu l'occasion de sourire vraiment à quelqu'un... juste sourire, tout simplement...
Tout en levant son godet elle regarde autour d’elle et prend un air amusé.

Alors t’en penses quoi de mes appartements ?
Moi j’dis que y’ a du potentiel … mais surtout du ciel…

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Elle esquisse un sourire, s'étonnant que la gamine relève le nom de son destrier. Un puissant lipizzan.

"- Tu as raison Mae, il faut que tu prennes tout ton temps pour lui trouver un nom à ton futur cheval. J'ai réfléchi un bon moment avant de trouver celui du mien. Je l'ai eu depuis sa naissance et je tiens à lui comme à un enfant que j'aurais jamais ! Parce que lui je l'ai tu vois.
C'est peut-être un cadeau de mon père et c'est pas parce que je hais le princier paternel que je dois pas aimer Moonblack. C'est un lipizzan. Il est gris avec un pelage argenté comme le clair de lune. Et quand tu caresses son crin il est tout soyeux. Mais il est tellement grand et piaffeur que la plupart des gens le trouvent terrifiant.
Et tu sais quoi ? Personne ne comprend pourquoi je l'ai appellé ainsi. La plupart du temps, on me dit que c'est nul, que ça représente pas du tout ce qu'il est. Sauf que voila. Cette race là à la naissance, tous les poulains sont noirs. Et puis j'aime la lune. Et Moonblack il représente un peu pour moi toutes les facettes de cet astre."

Elle n'a pas l'air cruche tiens à expliquer à la gamine le pourquoi elle a choisi ce nom pour un cheval. Lui livrer un peu d'elle-même, c'est ce que vient de faire Charlyelle qui l'air de rien, lui a confié cette fascination qu'elle éprouve pour l'astre lunaire. Cela parait peu, et c'est pourtant déjà beaucoup. Le ton est passionné, le sujet était délicat et la voix rauque a pris une sensuelle intonation.
Un peu la même que lorsqu'il lui arrive, très rarement, de parler de celui dont elle ne prononce jamais le nom. Par respect. Parce qu'il le lui a demandé. Parce qu'il a une femme. Parce qu'il la veut comme maîtresse. Pour ces moments volés au temps, et partagés. Oui, elle connait le respect la Pallikare.
Et de nouveau, cette froideur qui se glace de jour en jour infiltrée en elle qui vient la narguer. Des azurs qui se font durs et pénétrants. Et ce soupir qui lui échappe. Le respect elle a ça dans les tripes. Alors oui elle est en colère , de toutes ces personnes qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas et piétinent sans ménagement, assurés de leur bon droit.

"- Quand part-on en promenade ? Et si on y allait aujourd'hui ?!!"

Tiens, en voila une idée qu'elle est bonne. Mettre de la distance entre le Nordique et elle.Respecter même si elle doit en crever. Et maintenant un Chéri Réglisse vient se glisser dans la conversation du petit feu follet, ça lui fait penser aux bâtonnets de réglisse qu'elle a encore dans sa besace.

"- Tiens j'allais oublier. C'est pas mauvais à mâchouiller ! Puis pour tes appartements, c'est clair qu'il y a toujours du potentiel mais surtout là-dedans, à l'intérieur de toi ! De ton imagination, de ton ressenti. Je disais pareil pour ma roulotte, puis pas besoin d'avoir un immense chez soi, l'essentiel Mae, c'est que toi tu te sentes bien dans ton chez toi. Peu importe la forme qu'il prend. Je te laisses préparer tes petites affaires, et je t'attends à la sortie de la ville pour la promenade."

Et elle se garde bien la brune de lui dire qu'avant de partir, elle va s'offrir un brin de solitude pour écrire une missive. A ce Nordique pour lequel elle s'est démenée pour lui ramener sa Clémence et qui lui a craché au visage qu'il ne pouvait pas lui faire confiance. Elle en frissonne un peu plus encore, qu'elle était bien dans cette cape. Les embruns glissent un instant sur le visage de Mae. Tu me disais quoi Mae au sujet de ceux qui sont pas influençables ? Faut croire que tu t'es planté ma petite rouquine sur ce coup là ! Et puis faut qu'elle trouve de quoi occuper Ilug, car ce n'est pas un départ anodin. Fuite en avant pour cette fille du vent du Nord.

"- Oublies rien ma grande !"

Un petit clin d'oeil et Charlyelle est debout, se dirigeant vers sa roulotte où l'attendent plume et vélin. Il y a des départs qui font mal mais dont on en garde la teneur bien caché. Au Seigneur elle n'écrira rien, après tout, c'est lui qui fait la gueule depuis des jours. Et elle n'est pas un pantin la brune. Ce n'est pas elle qui va se laisser faire.
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Ben quand elle dit elle fait et quand elle décide c’est … de suite…

Bordel au milieu de la nuit comme ça … et en plus elle n’a même pas bu …

Elle ne va pas gâcher son whisky alors elle se siffle les deux verres…

Rhaaaa ça réchauffe…

La petite la regarde s’éloigner puis regarde son campement, bon ben ce n’est pas cette nuit qu’elle va dormir, ça semble compromis.

Rassembler à la hâte ses affaires éteindre le feu, préparer un baluchon, couverture, plaid d’écosse ça c’est chouette, elle voulait piquer le feileadh mor de fervant mais n’avait pas réussi, bon maintenant, elle avait un petit quelque chose qui valait tout autant… oui parce que c’est pas tout ça mais la gamine avait toujours dans la tête qu’elle avait des origines celtes, bon sans doute à cause de fervant, ou plutôt grâce à lui, il avait eu le malheur de lui dire « ça ne m’étonnerait pas que tu sois celte toi ! » il avait ajouté « ben forcement une tête de bourrique pareille… »

Bah ouais étrangement ça lui avait fait un choc à la gamine, elle en était certaine, elle était celte, elle avait perdu la mémoire de ses huit premières années alors pourquoi est ce qu’elle n’aurait pas été celte après tout et puis si ça lui avait fait quelque chose, c’est que peut être cette fichue caboche se souvenait de quelque chose…
Alors c’était dit elle serait celte et le couillon qui lui dirait le contraire verrait sa Bang de si près que ça lui ferait des sillons au milieu du nez !

M’enfin il avait ajouté, quand elle lui en avait parlé, « n’est pas celte qui veut… »
Ça l’avait contrarié la gamine mais elle n’avait pas baissé les bras pour autant
Bah si hein… elle avait la tête dure, et quand elle avait décidé quelque chose, et puis bon ça faisait bien chier tout le monde qu’elle soit celte mine de rien, ça faisait grimacer, mais les rêves d’enfants sont ce qu’ils sont et personne n’avait trop osé la contrarier non plus…
Il ne fallait pas trop s'y frotter à la petite, elle mordait sans détours...

Partir avec Charlyelle sur une lune noire, c’était vachement bien ça !

Elle était bien là au rendez vous…
Elles s’en allèrent au gré du vent, la gamine ne savait pas où, elle suivait forcement puisque hein elle était sur le cheval… waouh les cheveux au vent touchant l’animal de ses petites mains, sentant son souffle et sa puissance, ça c’était comme de la vraie magie de chez magie !

Elle prit le temps d’écrire à son amie qu’elle partait avant que l’on aille lui raconter encore n’importe quoi à son sujet, comme ça avait déjà été fait par le passé, maintenant elle prenait les devant, fallait pas l’emmerder la p’tite, elle n’aimait pas trop qu’on raconte des conneries sur son dos, surtout qu’il n’était pas bien large alors il n’y avait que peu de place…

Pis la réponse à cette missive lui fit froid dans le dos, à travers les mots elle sentait que ça n’allait pas… mais alors pas du tout… merdasse de merdasse… et elle qui était encore partie au mauvais moment, c’était une manie de partir quand il ne fallait pas hein, elle allait bientôt prendre un abonnement à la connerie la petite…

Elle garda ça pour elle puis reçu une autre missive d’un inconnu… Gabrielle aurait dit à cette personne qu’elle serait partante pour l’emmener quelque part…
Gabrielle et Enzo ?
beuh ? C’est quoi ça ? Avec mes p’bread pieds et mes huits ans ?

Elle envoya la missive à Charlyelle des fois qu’elle soit au courant de quelque chose… la gamine ne savait pas si elle allait vers Alais…
Puisqu’elle ne savait pas où elle allait du tout en fait…
Bah ouais l’aventure c’est l’aventure…

Décision fut prise de continuer la route les deux comparses ne discutèrent pas beaucoup sur le chemin, elles semblaient aussi songeuses l’une que l’autre.
Il faisait vachement froid ce soir là mine de rien. Ouais le froid elle aussi elle le sentait parfois…

L’explication eu lieu le lendemain ou elles se retrouvèrent, la gamine lui expliquant qu’elle était fort inquiète pour une amie et Charlyelle lui avouant qu’elle était tout aussi préoccupée par tout un tas d’événements pas très heureux ces derniers jours…
Un certain Nordique, une cape précieuse… ben ouais elle était là le soir ou il lui avait prêté, pour sur qu’elle s’en souvenait…
P’tain mais y sont cons les grands ou quoi de s’embrouiller pour des choses alors que suffit de s’expliquer… une cloche ça sonne toujours de deux cotés alors faut écouter les deux cotés pour avoir le bon son. Sinon forcement ça cloche et pas qu’a pieds…
Le froid de chez froid à chaque fois qu’elle le voyait, des confidences, des impressions aussi que la petite se mit à lui livrer, les gestes qu’il avait eu pour elle ben ce n’était pas rien… elle l’avait bien vu la gamine…

M’enfin les grands y sont pas bien nets des fois hein…
Pourquoi qu’elle partait, pourquoi qu’elle écoutait ce qu’on lui disait, c’était pas du tout comme ça qu’il fallait faire, fallait faire ce qu’on avait envie sans écouter personne pis c’est tout…
C’est comme ça qu’elle avait toujours fait elle, bon des fois elle se plantait gravement, même souvent faut dire, elle était même devenue spécialiste en la matière.
Ça s’était sur, mais personne ne lui dictait ses choix ou la conduite à avoir, le respect, ouais elle avait parlé de respect, ben le respect c’est de se s’occuper de ses fesses aussi…
Rien de pire que quelqu’un qui s’immisce dans une relation telle qu’elle soit, elle en savait quelque chose la gamine elle venait de le vivre et en souffrait encore, en fait elle était un peu éparpillée en mille morceaux, restait plus qu’ a retrouver les neufs cent quatre vingt dix neuf autres, mais curieusement elle n’était pas pressée, se perdre un peu ça fait qu’on se retrouve après, quoi qu’il en soit, ce n’était pas près de passer, ça restait coincé là dans la gorge et ça ne descendrait peut-être jamais…
Elle n’était pas rancunière non non non, juste qu’elle n’oubliait jamais rien, bah ouais y’ a une nuance, bon d’accord y’en a pas vraiment… fin si, p’te… fin euh… bon.

Elle ne se mêlait pas des histoires des grands la gamine, règle d’or ça hein quand on est p’tite, rousse et chiante !
Mais là elle écoutait et elle avait son avis à donner puisqu’on le lui demandait, alors elle le donnait…
Bah ouais mais bon avec son habituelle franchise, ses façons maladroites de s’exprimer et sa paire de gants oublié dans je ne sais quel trou perdu. Définitivement perdu… c’était à craindre.

Alors voilà elle lui avait livré ses impressions à elle, ce qu'elle en pensait elle, restait à savoir ce qu'elle en ferait la grande...

En levant la tête elle se mit à rire …
La taverne où elles se trouvaient s’appelait
« Le RDV des têtes de mules » alors là c’était le pompon, la cerise sur le gâteau…
Nan…
Rien que pour ça le voyage valait le coup…
Cette taverne là, elle n’était pas prête de l’oublier.

T'as vu le nom de la taverne, si ça c'est pas un signe...

Ouais vraiment inquiète pour l’une, troublée déçue et p’te un poil en colère pour l’autre. Un poil hein juste un poil… bon p’te deux…
Et en plus le gosier sec !

Mais !!! mais !!!
Monter sur la lune noire en regardant les étoiles ça… c’était pas rien !
Elle était toute fière la petite… d’ailleurs elle lui avait dit à Charlyelle…

Fallait prendre une décision, la bonne, la mauvaise…

On ne sait jamais ce qu’il sera avant que cela soit, voué c’est un proverbe Maelysien !

Ce soir…

Elle regarda Charlyelle avec un sourire en coin

Ce soir on fait quoi ?

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C'est étrange cette gamine, combien elle peut apporter de fraîcheur à l'Ecossaise. Aussitôt dit, aussitôt plié. Yep. J'ai dit, je fais, tu es d'accord et bien voila nous y allons ma p'tite Rouquine !!!
La seule chose que Charlyelle n'a pas forcément intégré, c'est qu'à la sortie de la ville, alors qu'elle attendait Mae, elle a vu arriver au grand galop une ombre grise. Et médusée, Moonblack avait semble t'il décidé d'être de la partie. Bon, il est vrai que son lipizzan lui avait déjà fait le coup. Aussi elle ne s'est pas trop posé de questions, se disant seulement qu'Ilug allait du coup s'apercevoir plus tôt que prévu qu'elle s'était enfui. Si seulement elle avait eu l'idée de ce qu'il pouvait se tramer.

Mais non. C'est donc tout en douceur qu'elle avait aidé Mae à se glisser devant elle, sur le haut destrier. Et on s'y tromperait. Car le lipizzan est un cheval d'un tempérament doux, éveillé et docile. Et pourtant il est impressionnant : Une encolure robuste et bien attachée, courte et roué. Quand à son poitrail, il est éclaté et profond avec un dos long et profond. Une croupe musclée. Des articulations solides, longues et sèches. Ainsi que des canons courts.
Fière qu'elle était la petite de grimper sur un tel animal. Et Charlyelle de lui confier qu'elle n'y laissait que très rarement monter quelqu'un dessus avec elle. C'était pas n'importe qui non Mae aux yeux de l'Ecossaise.

Et elles s'en étaient pris la route. Chacunes perdues quelque peu dans ses pensées. Puis dans le cours de la nuit, Charlye avait remarqué que l'enfant s'était assoupie et avec une infinie douceur, elle l'avait bien encoconnée dans le plaid écossais et lui avait fait rempart de son corps, accueillant la frêle silhouette tout contre elle.

Elle n'avait pas forcément mentionné la direction qu'elles prenaient. Puis elle était perturbée. Faut dire que ça lui arrivait quasi jamais de l'être à ce point mais la missive reçue de sa grand-mère l'avait paniquée. Sans compter les paroles du Nordique en taverne l'autre jour qui n'avaient pas fait mieux malgré le fait qu'elle ne lui en montre rien. Ni le drôle d'air qu'il avait arborrhé sur le visage. Pas qu'elle ne sache pas comment ça se passe Charlyelle.
Elle l'avait vécu et c'était une chose qu'elle n'avait même jamais oublié. Parce que contrairement à ce que lui avait écrit la grand-mère, ça n'avait pas vraiment eu ce goût là pour elle. Même le Sapineux en avait été soufflé lui aussi c'est pour dire. Et il avait l'expérience des femmes le Dran pourtant. Oui ça, elle l'avait appris à ses dépends par la suite. Alors c'est pas vraiment l'histoire de sang de la grand-mère qui l'avait paniqué. Puisqu'elle l'avait déjà perdu son hymen hein. Oui pour une noble ça la fout bien tiens ! Mais à la différence que Charlyelle ne courrait pas les hommes et n'avait pas le séant en chaleur comme certaines qu'elle avait pu connaitre dans les lieux où elle était passé. Deux années d'abstinence totale avant de rencontrer Judas Gabryel. Et encore, que c'était une histoire totalement différente de ce qu'elle avait pu connaitre avec le Sapineux. Ce seigneur là lui avait redonné le goût de vivre, tout simplement. Sorti d'une léthargie qui l'étreignait depuis des années et il lui avait permis de s'euthanasier d'une vieille histoire dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. Et n'allant pas bien elle lui avait écrit et réponse lui était parvenue. Simplissime mais un truc qui fait du bien sur le moment du moins. Même si elle n'est pas dupe l'Ecossaise. Non. Absolument pas dupe du tout.

Alors tu parles, que le Nordique, même si elle, le Sapineux était toujours bien en vie, elle pouvait comprendre ce qu'il ressentait. Et qu'on vienne la bassiner sur le sujet l'avait foutu dans une rougne pas possible. La vieille Charlyelle s'était soudainement réveillée, celle avec son tempérament mordant au possible, aussi mordant que les vents du Nord dont elle est issue. Peut-être bien qu'il ne voulait plus aimer personne mais elle se souvenait aussi du conseil qu'il lui avait donné. D'épouser un homme qui s'en foutrait d'elle comme ça son père lui foutrait la paix. Après tout elle a jamais dit qu'elle le voulait elle cet héritier si chéri par le paternel. Tout ce qu'elle veut c'est échapper au sauvage qui lui est promis. Et puisqu'il s'en foutait d'elle le Nordique elle avait osé poser la question. Bon. Il avait ri avant de lui répondre. La chose l'avait marqué à l'Ecossaise. Et les jours suivants, elle avait pris plaisir à passer du temps avec lui sans que pour autant ça veuille dire que parce qu'elle avait froid la foudre lui était tombé dessus. Et ça quand Gabrielle lui avait sorti qu'on aimait pas au bout de trois jours, bah elle s'était retenue de lui envoyer valser sa main dans la figure. Parce que la brune elle comprenait rien à rien à ce que pouvait ressentir Charlyelle. Et elle lui avait seulement demandé ce qu'elle voulait signifier par là.
A trop s'immiscer dans les relations des autres, il n'en ressort jamais rien de bon. Surtout comme l'on est à fleur de peau comme le subissait plutôt qu'autre chose l'Ecossaise. Paniquée par ce sauvage. Paniquée par les écrits de sa grand-mère. Mais au fond d'elle, la Pallikare garde espoir. Son père, s'il a aimé sa mère, ne peut être un homme si mauvais que cela. Il va forcément revenir à la raison. Comment elle n'en sait rien. Mais forcément, qu'il va le faire.
Et depuis des jours et des jours, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Alors elle se tait, elle voyage en silence.

C'est un cri RHAAAAAAA !!! qui va la faire sursauter. Oui Mae qui reçoit du courrier et qui lui fout sous le nez, en colère la gamine. Ben oui mais non Mae, moi non plus je n'y comprends rien. Pas plus que toi. Personne ne sait où nous sommes. Bon si, quelqu'un sait où j'ai l'intention de nous emmener mais personne ne sait que nous sommes à Nîmes ce jour. Et tu as dit toi que tu avais envie d'accompagner ce monsieur ? Ben non. Moi j'ai rien dit non plus ! Et comment peuvent-ils encore penser que peut-être si ou peut-être ça ? Kac'heri !!* mais y'a une noblesse qu'elle t'enverrait voltiger à coups de bottes bien placée la brune. Une princesse oui ça a le droit de le faire de toute manière. Même si ici elle n'est rien d'autre qu'une Dentellière Ex-Hydrique. M.erde alors ! Il y a des voltiges qui se perdent oui ! En rougne. Un peu. Car non, elle n'est pas du genre à se laisser dicter sa conduite.

Et ce matin, c'est elle la première entrée. Elle a fait le tour des tavernes et forcément, elle a choisie celle là.

« Le RDV des têtes de mules »

Yep. Elle a choisi. Et quand elle a vu entrer Mae, c'est un sourire radieux qui s'est fait jour chez l'Ecossaise. De celui qui lui a éclairci les embruns comme ça faisait un petit moment que ça ne lui était pas arrivé. Et longuement, elles ont papoté. Aller confier sa misère à une gamine de h..dix ans. Franchement, Charlyelle, c'est pas dans tes habitudes. Mais bon c'est que la petite était là ce fameux soir. Et qu'elle a vu exactement la même chose que l'Ecossaise. Et ça l'air de rien, même si c'est peu, ça signifie beaucoup. Oui. Mae a juste confirmé à Charlyelle que non. Elle n'était pas folle du tout. Et qu'elle n'avait pas rêvé. Puisqu'elle aussi elle l'a vu. L'air de rien, ça réconforte un peu. Quand même. Bien que tout ne soit pas plus éclairci, il y a tout de même un bel arc-en-ciel qui se profile dans la caboche Celtique.

Et le sourire revient sur les lippes de mûres. Un brin de confiance. Le cran de décider que non, personne ne l'incitera à faire ce dont elle n'a pas envie de faire. Que les moralisateurs n'auront plus de prise sur elle, qu'elle fait ce qu'elle veut, comme elle veut et quand elle le veut.
Et puis elle respecte. Même un contrat ça se respecte. Après tout c'est pas elle qui passe son temps à s'éviter. Sont pas le centre du monde non plus. Puis sa grand-mère doit venir. Et le Nordique lui, semblait se faire une joie de la rencontrer ça serait couillon tout de même de rater une occasion pareille. Puis elle a un lapin à aller chasser. Et aussi du Whisky à lui faire goûter. Et puis...La brune s'est mise en tête de s'offrir une hâche. Allez donc savoir pourquoi hein. Mais elle a écouté le Nordique lui en parler et elle se dit qu'elle a peut-être le temps de s'en acheter une et d'en apprendre le maniement principal. Oui parce que c'est déjà bien beau d'être capable de lacérer un visage comme personne. Mais alors si elle pouvait l'être tout autant de fendre un crâne en deux, cela l'arrangerait bien.

Elle s'y voit déjà face au sauvage. Vas y mon beau approche, approche, approche toi encore et au moment crucial..VLAN !! sauvée par la hâche.

C'est la voix de Mae qui la sort de son rêve éveillée. Lui parlant de ses petits tracas à elle cette fois. Et Charlyelle l'écoute avec attention. Elle voit bien que la petite est inquiète. Fortement ennuyée. Bordel, quand elle le dit qu'elles sont faites du même bois toutes les deux. Et de la conseiller qu'il faudrait peut-être qu'elle aille voir son amie, si celle-ci semble vraiment si mal et que cela l'inquiète fortement. Et vas y que l'on s'échange les impressions, que l'on sourit, que l'on réfléchit, que l'on s'introspecte et que l'on prend la décision finale.

Ce soir on fait quoi ?

Et sans hésiter de lui répondre qu'on trace. En marche arrière. Et oui, elle ne va pas la laisser seule sa p'tiote rouquinette. Et elle a une grand-mère à accueillir. Sans compter qu'Ilug a forcément du remarquer son escapade à l'heure qu'il est.

*fais chier !
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Voilà, elle avait déposé la gamine en douceur, un peu triste de remettre les pieds au sol la petite…
Elle regardait la lune noire s’éloigner, très vite elle irait voir son amie en espérant qu’elle aille mieux, des nouvelles lui étaient parvenues de Fervant, elle avait ri la petite, il était encore pire que… que celui dont elle ne voulait plus prononcer le nom…

Elle se mit à lire et relire la missive

Elle riait, ben ouais les mots doux, à croire que ce n’était pas pour elle et elle était toute contente d’avoir des nouvelles du celte. Bien sur qu’elle prendrait soin de son pigeon, celui là elle n’allait pas le manger…

La journée se passa et elle rencontra celle pour qui elle s’inquiétait, rendez-vous fut pris le soir même mais elle ne vint pas…

La petite était donc rentrée tard à son campement avait attendu longtemps et… se sentait tout à coup un peu seule…

Charlyelle avec qui elle avait partagé ce court voyage lui manquait.
Etrangement, elle s’était sentie proche d’elle, comme si la petite se voyait en elle une fois grande, elles ne s’étaient pas côtoyées beaucoup mais il y avait eu quelque chose, quelque chose qui fait que l’on apprécie quelqu’un, quelque chose qui fait que l’on sait, et puis elle était différente des autres Charlyelle, elle se confiait et la petite avait l’impression avec elle de ne pas être juste une gamine, de ne pas être celle qui de toute façon ne comprendrait pas, juste parce qu’avec ses huit ans, forcément l’on ne comprend rien… oui elle avait eu cette sensation étrange que pour une fois elle n’était plus une simple gamine mais une personne à qui l’on pouvait se confier à qui l’on pouvait faire confiance, c’était gratifiant. C’était rassurant, elle lui avait donné bien plus qu’une amitié, elle lui avait remonté le moral, sans doute sans le savoir… et vu l’état de bassesse dans lequel il se trouvait son moral, c’était loin de n’être rien.

Bien sûr qu’elle restait une enfant, bien sûr que parfois elle riait pour des bêtises qu’elle faisait ou qu’elle disait mais bien souvent les grands ne relevaient même pas… par moment elle se sentait transparente et ces derniers temps ça l’arrangeait bien…

Un autre pigeon vint à se poser alors qu’elle venait d’allumer le feu et qu’elle se préparait à passer la nuit dehors, demain elle s’occuperait de la petite maison de bois, parce que vraiment il commençait à faire froid…
Elle ne voulait pas dormir à l’auberge de Traverse bien qu’elle ait toujours la clé de sa chambre, elle ne voulait pas non plus profiter de l’appartement de son amie ou de celui d’un autre qui le lui avait aussi proposé, il était temps qu’elle se débrouille seule, et même si elle n’avait rien, et même si elle était seule, c’est que ça devait être ainsi, elle ne repensait plus beaucoup à ses vrais parents, ne se posait plus aussi souvent la question de savoir où ils se trouvaient, elle avait quelques amis, du moins elle le pensait et ça suffisait à lui rendre la vie plus heureuse dans ses moments de peine, ceci étant ces moments là, elle les gardait pour elle, ne croyant pas si bien dire, elle délivra le volatile de son message.

Charlyelle était partie… elle ne comprit pas… pourquoi était-elle repartie si vite, qu’est ce qu’il s’était passé, pourquoi… ça valait bien la peine de revenir parce qu’une amie n’allait pas bien et d’en voir filer une autre…

Charlyelle qu’est ce que tu fais, où tu es ?

La gamine était triste… est ce qu’elle allait revenir… est ce qu’elle lui écrirait comme elle le lui disait dans sa missive… c’était l’heure de boire un verre pour se consoler, non, plusieurs… le whisky ça aide à faire passer la peine.

Seule petite et maigre consolation demain elle pourrait aller brosser le cheval d’Osfrid, il lui avait donné la permission, elle était fière la petite…
Mais après une mauvaise nuit à s’inquiéter pour son amie Charlyelle, elle se rendit compte en allant à l’écurie de l’auberge que… que… le cheval n’était pas là…

Elle se trouva bien quiche avec sa brosse et son seau…

Ceci étant il avait nié partir en voyage quand la petite lui avait posé la question et Isleen elle, lui avait affirmé le contraire…
Alors elle s’était rendue à l’écurie quand même, parce que ben… les grands ils ne mentent pas…
Elle regarda le sol et haussa les épaules… puis laissa échapper le seau de sa petite main et lança un grand coup de pied dedans, c’était important pour elle de brosser le cheval, elle aimait ces animaux plus que tout… c’était important alors que ça n’était rien pour le grand… Il ne saurait pas qu’elle était venue… il ne saurait pas qu’elle savait qu’il lui avait menti… Pourquoi faire… elle ne lui dirait rien, ne reparlerait plus de son cheval…
Elle regarda le seau renversé, l’eau s’écouler lentement et la brosse se retourner, on aurait dit un hérisson qui nageait… elle alla se baisser et ramasser sa brosse…

Va te brosser Maelysa !
Toi et tes bonnes intentions…

Ce n’était pas la première fois qu’un grand lui racontait des histoires… il fallait peut-être mentir plus souvent pour avoir l’air grande… elle se mit à réfléchir à la question et se mit à penser à Gabrielle, à ses conseils au tout début qu’elle était à Montpellier… elle se mit à sourire… ben ce n’était pas gagné… elle ne voulait pas grandir la gamine. Elle était bien incapable de mettre sa main sur sa bouche quand elle avait quelque chose à dire, quand à tourner sa langue bah à quoi bon…

Désenchantée… c’était peut-être l’état qui la qualifiait le mieux en cet instant…
Elle sortit le portrait de celui dont elle ne voulait plus prononcer le nom.

J’aurai b’soin d’toi pourquoi que t’es pas là…hein pourquoi, toi aussi t’es qu’un menteur, toi aussi !!!

La gamine rangea bien vite le portrait avant que de l’eau salée ne vienne salir son visage déjà bien trop pâle. Elle avait pleuré une fois près de la rivière et ça n’avait pas été une sensation agréable du tout, alors c’était décidé, elle ne recommencerait plus !

Elle s’en retourna à son campement, sa petite besace en bandoulière, sa brosse dans une main et sa déception dans l’autre …
Elle se répéta plusieurs fois sur le chemin, j’aime pas les grands, j’aime pas les grands pis c’est tout…

Charlyelle t’es où… bordel…

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Dans une taverne à Uzès, "au RV des têtes de mules".

Tôt ce matin elle était arrivée. Encore. Et elle avait poussé la porte de cette même taverne fréquentée quelques jours plus tôt. Encore. Toute en fluidité, elle s'était dirigée vers le fond, s'asseyant à la tablée la plus reculée. On pourrait la croire effacée et pourtant il n'en est rien. Faut creuser pour savoir, faut pas rester à la surface. Parce que question surface, la Celtique du Nord des Shetland, elle en connait un rayon, et elle sait mieux que quiconque cacher ce qu'elle a décidé de cacher. Et quand elle n' a pas envie de parler, elle ne décoche pas un mot c'est tout. Mais elle observe. Toujours. Tout le temps. C'est inné chez elle. Et en général, elle a bon flair et ne se trompe quasiment pas sur ses ressentis.

C'est un dran qu'elle commande. Oui oui, ça la ferait presque éclater de rire à la brune. Un dun dran(1). 'tain de jeu de mots pourris faut même que dans sa langue natale ça vienne lui évoquer le souvenir de celui qui fut son sale Cavalier à elle. Le Sapineux. Drannoc. Lui elle a mis deux années et demi pour s'en euthanasier. Yep, elle a réussi, elle y est arrivée !

Combien de temps va t'il lui falloir pour le Nordique. Un barbare qui n'en a strictement rien à foutre d'elle. Mais dont elle a cette odeur si particulière gravée en elle. Odeur indélébile.
La dose de whisky est envoyée dans le gosier, puis une autre, et encore une autre. Il faut bien ça mais ça ne suffit pas à briser la glace. Forte couche dont l'épaisseur risque d'être sacrément tenace.

Aussi tenace que sa fichue caboche d'Ecossaise. Tout le monde vous le dira, tout du moins les fins connaisseurs : une trogne d'écossaise c'est plus cabochard que celle d'une irlandaise. C'est déjà pas facile une rouquine d'irlandaise, alors une brunette d'écossaise c'est carrément les abysses infernales. Mais ce n'est pas l'enfer qui réchauffe non. Parce que plus elle s'éloigne, et plus son coeur et tout son être ne sont que bloc glacé.

Seule cette petite frimousse arrive à lui arracher un goût amer en bouche. Lui lui manque c'est atroce de devoir s'en rendre compte et savoir qu'elle va devoir vivre avec ça. Mais sa 'tiote rouquinette, c'est pas que du manque. C'est de l'inquiétude pour elle. Et comment va sa petite Mae ? Qu'est-elle en train de faire en ce moment ? Est-elle dans son petit campement en train d'emménager sa petite maisonnette qui lui parait tellement potentiellement belle vue du ciel.

Oh ma Maelysa ! Combien je voudrais être rouge-gorge en ce moment même, à voleter à tes côtés et m'assurer que tu n'as pas froid. Que tes petits petons ne sont pas abimées par les bourrasques et les vilaines aspérités. Combien je voudrais te dire que j'ai acheté un cheval pour toi, qu'il va s'en venir de mes îles natales avec la Matriarche, mais te le dire gâcherais la surprise. Et puis peut-être aussi à quoi bon maintenant que je suis partie.
Certain diront qu'un coup de gueule et la brune s'en va. Mais non ce n'est pourtant pas cela. Ce n'était pas un coup de gueule ma Mae, ce fut un reniement total, ce furent des paroles blessantes, qui ont le don de faire encore plus mal quand tu as le malheur ou le bonheur, va t'en donc savoir, je ne crois plus en rien maintenant, que d'apprécier une personne.

Partir, c'est souffrir en silence. Partir c'est ne plus le voir. Partir c'est respecter. Tu sais, ce respect dont je t'ai parlé.

Et de s'envoyer un dran de plus dans le gosier. La porte s'ouvre, quelques personnes avec qui discuter. De tout, de rien. Ne pas s'ouvrir surtout, rester éloignée, en retrait. Confiance qu'elle ne donnera plus. Elle a l'impression de se dédoubler dans cette taverne, et alors qu'elle répond poliment à ces gens, son âme elle, introspecte froidement.

Que fais-tu ma courageuse petite Mae ? Penses tu un peu à moi au moins toi ?


Et dans cette taverne, où il y a quelques jours encore, elles étaient là toutes deux à discuter et échanger, nécessaire d'écriture en bois joliment ciselé est sorti. Fine plume est prise, trempée dans l'encre et glisse sur le vélin. Mae tu ne le sais pas, mais tu es la seule à qui j'écris aujourd'hui. Un petit souffle de vent du Nord qui vient s'abattre sur toi.

Tout en douceur.

(1)une forte dose de whisky. Dans les pubs écossais on commande un dran et non pas un whisky.
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[ La solitude est le nid des pensées ]

Je ne sais plus quoi faire de moi.

Ce sont les mots qu'elle avait prononcés quand elle l’avait vue entrer son amie, elle aurait voulu discuter un peu avec, elle avait des choses à lui dire mais…
Ça n'avait pas été possible, quelqu’un était venu, alors elle n'était restée que quelques minutes et était retournée à son campement. C’était peut-être aussi bien ainsi…

En chemin elle avait trouvé un balai dont elle avait besoin, du foin, et quelques autres petites choses qui lui seraient indispensables, bah ouais fallait pas laisser trainer ses affaires, pis c'est tout...

Elle avait fait de la place, avait essayé la petite cheminée de la maison de bois, histoire de voir qu’elle n’était pas bouchée, elle ne tenait pas vraiment à sa vie mais bon mourir étouffée, non merci…
Elle était prête la maison, enfin la maison c’était une petite pièce, certainement un refuge pour la chasse, mais cette nuit elle aurait certainement moins froid.

Quand elle eut fini de nettoyer, ce qui ne lui prit pas longtemps vu l’énorme surface qu’elle avait à s’occuper elle vit le pigeon de Charlyelle qui vint se poser à son endroit habituel, elle se mit à sourire, la petite délivra le message, puis au fur et à mesure quelle lisait la missive le sourire se mit à disparaître.
Plusieurs lectures, parce que non ce n’était pas simple la lecture pour elle, et l’écriture encore moins, elle savait lire et écrire mais ignorait comment, avait les bases mais prenait un temps fou à former les mots… c’est sans doute qu’on lui avait appris… oui, mais qui… quand, où…

Elle comprenait son départ, les raisons de son départ, aurait voulu lui écrire de revenir mais ça aurait été bien égoïste, elle lui répondit donc que ça allait, évitant de répondre aux questions qu’elle lui posait, ne lui avouant pas que si, elle était seule…

Tout simplement parce que si elle l’était c’est qu’elle l’avait choisi. Son isolement était voulu… elle avait besoin de réfléchir.

Elle avait de plus en plus de mal à supporter les gens, se sentait à l’étroit en leur compagnie, n’avait rien à leur dire… la gamine n’était pas au mieux, mais ça passerait, tout finissait toujours par passer.

Elle répondit donc à Charlyelle qu’elle comprenait.

Pourquoi des choses avaient-elles tourné ainsi, pourquoi ça s’était dégradé ainsi entre les deux grands, tout d’un coup…
Elle se mit à soupirer… les grands et leurs histoires, c’était certainement aussi compliqué que ce qu’il se passait dans sa petite tête à elle en cet instant.

La nuit et la journée du lendemain se passa sans que la gamine ne fasse quoi que ce soit, pas envie de chasser, pas envie de bouger, elle restait là à regarder l’eau de la rivière, une autre missive lui parvint, la gamine répondrait plus tard, parce qu’elle ne savait pas quoi dire…
Ou plutôt ne trouverait pas les mots qu’il faudrait pour réconforter son amie, que dire à quelqu’un qui perd espoir alors que soit même l’on en a plus beaucoup.

Elle se dirigea vers sa petite maison de bois et ferma la porte, il faisait encore jour quand la gamine prit place sur sa paillasse.

Sa bouteille lui tint compagnie, son ventre gargouillait mais elle mangerait demain…

Personne n’était là pour lui dire de faire ceci ou cela, c’était bien agréable cette sensation mais c’était aussi à double tranchant, il faudrait qu’elle s’occupe d’elle seulement voilà elle n’avait pas vraiment envie…

Demain, ça irait mieux demain c’était certain…

« Petite fille, ton coeur c'est ma maison, Tu vis dans un soleil qui défie les saisons. »
-Yves Duteil-

Le vieil homme s'en était revenu à contre-coeur sur Montpellier, puisque la Pallikare ne lui avait pas donné le choix. Mais. Oui il y avait un mais. Il sentait que quelque chose n'était pas net. Mais il ne saurait dire quoi. Il devait retourner accueillir la Matriarche et cela aussi c'était son devoir. Peut-être Ilug aurait-il mieux fait d'écrire à Kaolyn McAlayg afin d'en savoir plus sur son arrivée, mais si celle-ci disait dans la missive adressée à sa petite-fille qu'elle était partie quelques jours auparavant, elle ne devrait plus tarder.
Il aurait du être heureux le Druide, et pourtant, il avait cet étrange sensation qui ne le quittait pas. Non point celle d'un danger, mais quelque manifestation plus subliminale encore. Qui le mettait fortement mal à l'aise.
Il tournait en rond à la roulotte, alors il s'en était pris le chemin indiqué par Charlyelle pour aller "veiller" sur la gamine dont elle lui avait parlé.
Etonnant d'ailleurs que la Dentellière se prenne ainsi d'affection pour une enfant. Pas vraiment dans les habitudes de la jeune femme. Une espèce de sauvageonne cette gamine, et celtique, à ce qu'il avait pu en comprendre. Alors plutôt que de rester à ne rien faire et à attendre il ne savait quoi auprès de la roulotte, il avait relevé les quelques collets placés avant son départ et le lièvre enfoui dans son carcan de cuir il s'était mis en route.
Arrivé sur le lieu, le vieil homme fronça les sourcils. Tout était calme. Bien trop à son goût. L'oeil exercé note qu'il n'y a aucun feu qui crépite au-dehors. Quelques objets sont encore éparpillés ici et là et la porte de la maison en bois est fermée.
Pris de curiosité, le vieux druide s'approche de la porte et d'une main sûre, l'ouvre, laissant entrer un rai de lumière à l'intérieur. Les onyx font le tour de la pièce pour se porter sur une chevelure rousse et une petite silhouette, recroquevillée, qui semble dormir.
Quelques pas, et il s'immobilise craignant de faire peur à l'enfant tout en se posant des questions quant à lui, car elle ne bouge pas.

Et si Charlyelle lui a parlé de cette enfant, il ne sait si sa protégée lui a parlé de lui à la gamine.

[ un réveil délicat ]

La porte s’est ouverte laissant apercevoir un trait de lumière qui vient à se poser sur le visage pâle de la petite, la porte… quelqu’un a ouvert la porte, bien sur qu’elle y a pensé, la porte est la seule issue et si quelqu’un venait à entrer elle serait en danger, alors la gamine a fait une trappe, à sa taille non loin de sa paillasse, elle y a mis le temps mais, elle a réussi, il faut dire que le matériel volé à droite à gauche lui a été bien utile, elle laisse les yeux clos et ne bouge pas, depuis quelques temps, elle s’exerce au lancé de couteaux, elle devait le lui montrer à la grande mais elle n’ a pas eu le temps, quoi qu’il en soit ces derniers jours elle a obtenu quelques lames supplémentaires ce qui monte sa collection à six doigts de couteaux, elle les plante chaque soir les uns à coté des autres sur le plancher et les recouvre d’une peau de lièvre sur le dessus…
Ils ne sont qu’à quelques centimètres de sa couche mais il est trop tard, elle dormait profondément et n’a pas entendu les pas, c’est que la veille elle a encore descendu une bouteille de son précieux et que forcément quand elle dort, elle dort bien.
Elle ouvre légèrement les paupières, très légèrement et à contre jour, voit la stature imposante d’un homme, elle frémit, pose la main sur sa dague qui ne quitte pas sa botte de la journée mais qui se fait son doudou quand la nuit vient à tomber… quand d’autres ont des poupées, elle, elle fait sa nuit avec sa dague… Elle compte dans sa tête, un doigt, deux doigts, trois doigts….
La voilà rampant et ouvrant la trappe d’un coup de poing, elle se retrouve à l’arrière de la petite maison, elle espère que l’homme est seul et avise les alentours, l’air est frais et oui pour le coup elle est bien réveillée, à l’arrière de la cabane trois chemins de planches de bois ont été installées, ils mènent à trois destinations différentes…
Pourquoi poser des planches au sol ?
Juste pour que l’on ne remarque pas ses empreintes, elle va vers la gauche en courant, les gens ont la fâcheuse habitude de se diriger toujours vers la droite alors…
Elle se bénit de dormir toute habillée, enfin pas vraiment le choix quand on est aux aguets et que l’on est seule dans la forêt, elle attrape la corde à nœuds et grimpe aussi agile qu’un singe jusqu’au creux de son arbre préféré, de là elle pourra observer ce qu’il se passe, elle a installé quelques branchages parce que forcément avec l’automne les feuilles viennent à manquer et pour se cacher ce n’est plus l’idéal…

Elle remonte la corde aussi vite qu’elle peut et avise la maison de bois… l’homme ne semble pas être ressorti, elle pense à ses couteaux et se dit que c’est sûr il va les lui voler, mais bon voler une voleuse… elle ne pourrait lui en vouloir… qui cela peut-t-il bien être… elle pense aussi à sa belle couverture en peau de lièvre, un temps fou qu’elle a mis à la coudre, qu’est ce qu’elle a de valeur encore, sa besace, elle a oublié sa besace et tous les trésors qu’elle contient, tous les cadeaux qu’on lui a offerts, elle grimace…
Elle aurait dû cacher sa besace ailleurs, il faudra y songer si l’homme la lui laisse…

Ne le voyant pas ressortir elle s’impatiente… puis un éclair sombre passe dans ses mirettes charbonneuses, elle prend une grosse voix, aussi grosse qu’elle puisse et…

Sors de la maison !!!
Ou alors nous allons te faire cuire et te manger tout cru !

Avec ça s’est sur, il va avoir peur le voleur… elle attend guettant que l’homme apparaisse à un coin de la maison…
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Il a eu le temps de voir la petite main disparaitre. Et c'est en passant la sienne dans sa longue barbe blanche qu'il attend un moment avant de se diriger vers l'endroit du délit. Se baissant, il soulève le pan de bois avant de le refermer.

Maligne cette gamine. Il se revoit quelques années en arrière alors qu'une petite brunette lui faisait les quatre cent coups.

Lorsqu'il se redresse, les yeux délavés se portent sur le carreau et au travers, il ne peut que discerner cette corde à noeud qui se balance.
Un sourire vient étirer les pommettes ridées du vieil homme et alors qu'il ouvre la porte, se retrouvant dans les frimas il entend une drôle de voix.

Sors de la maison !!!
Ou alors nous allons te faire cuire et te manger tout cru !



Je ne te le conseille pas jeune demoiselle. Sinon tu vas te retrouver transformée tout aussitôt en une vieille Cailleach !

Ilug se retient d'éclater de rire, car il sait combien Charlyelle aime à entendre cette légende qu'il a du lui raconter plus d'une centaine de fois.

Mais maintenant que je suis sorti, si tu te montrais jeune fille ? Tu peux peut-être m'aider à retrouver quelqu'un. Je cherche Charlyelle, saurais-tu où je puis la trouver ?

Peut-être pas le meilleur moyen d'avoir réponse, la gamine risquerait de se méfier de lui encore plus. Il rajoute alors

Je suis le grand-père de cette tête de mule.

La gamine relève la tête et voit un vieil homme apparaître, elle fronce les sourcils, il ne ressemble pas à un voleur, mais à quoi ça ressemble au juste un voleur, elle ne non plus ne ressemble pas et pourtant elle prend tout ce qu’elle peut, comme disait sa Sakurah, tu ne voles pas, tu empruntes.

Je ne te le conseille pas jeune demoiselle. Sinon tu vas te retrouver transformée tout aussitôt en une vieille Cailleach !

CAILLEACH* ! Moi !
Elle sourit.

Mais maintenant que je suis sorti, si tu te montrais jeune fille ? Tu peux peut-être m'aider à retrouver quelqu'un. Je cherche Charlyelle, saurais-tu où je puis la trouver ?

La gamine se redresse du haut de son arbre puis prend la corde et descend de la moitié, elle observe le vieux, il n’a pas franchement l’air dangereux… mais si c’était un piège…

Charlyelle... c’est peut-être le druide, oui mais si c’est le druide, il sait qu’elle est partie, alors… c’est un piège…

Et si c’était un des hommes qui devaient venir, ceux de son père…
Ça ne peut pas être son père il est bien trop vieux…

Il ajoute
Je suis le grand-père de cette tête de mule.

Et s’il est là c’est bien que Charlyelle lui a dit l’endroit où elle se trouvait… ou alors il s’est renseigné en ville et c’est bien un des méchants pas beaux, elle lui a dit qu’elle vivait avec un druide dans sa roulotte mais pas qu’il était son grand-père, il a pourtant bien l’air d’un druide, ça oui, mais quand même…

Son grand père tu dis… une Charlyelle…
J’m’appelle pas comme ça moi, j’suis Maelysa et franchement t’as vu quelque part qu’il était écrit agence de renseignements ici ?

La petite descend au sol et vient se planter devant l’homme, elle croise les bras et relève la tête, son regard noir se pose sur lui.

J’vais pas avoir peur d’un vieux moi, qui t’envoies ici ?

Elle ne veut pas lui dire de suite que bien sur elle connaît et qu’elle sait à peu près où elle se trouve… de toute façon, est-ce qu’elle peut le lui dire, p’te pas.
C’est pas clair qu’il cherche après elle, c’est pas clair du tout…

Moi j’sera p’te une Cailleach, t’façon comme ça j’ pourra faire encore plus plein de bêtises !
Mais p’te que toi tu mens, p’te que tu mens tellement que ton nez y va s’allonger tout plein et se planter dans le sol parce que ta tête ben elle sera trop trop lourde.
Et pis ben tu seras obligé de tourner indéfiniment autour de ta péninsule jusqu’ à la fin des temps, voué ! v’la !
À tourner et tourner et que à force ça va creuser la terre tout plein !
Jusqu’ a en faire un sillon et que tu pourras plus remonter !
Foi de Cailleach !

Alors t’en dis quoi ?

* Cailleach : sorcière
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