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[RP] Tout mariage sans amour est la prostitution consacrée.*

Johanara
«Les Baronnes se cachent pour mourir. »

Berry, Baronnie de Lignières, la veille des noces.

Les pluies torrentielles qui s’abattaient sans vergogne depuis plusieurs jours sur les fiefs de la Baronne avaient transformé en ruisseau de boue les chemins de terre qui conduisaient jusqu’au castel de Lignières. Et seul le fracas assourdissant du tonnerre parvenait à faire taire, pour de brefs instants seulement, le hurlement d’un vent glacial qui emportait sous son souffle les dernières feuilles mortes d’un automne qui touchait à sa fin.

La belle noble contemplait, passive et l’œil morne, le déchainement de la Nature, la main crispée sur les grands rideaux de velours purpurin de sa chambrée.

Plus tôt dans la soirée, elle avait soupé en compagnie de ses plus chères amies. Toutes logeaient pour cette nuitée dans le vaste Château afin d’être près de la Baronne dès l’aurore et l’aider dans ses préparatifs de futur mariée.

Le temps s’était écoulé, furtif, depuis que la dernière chandelle du long corridor avait été soufflée. Et chaque heure égrenée au sablier plongeait Johanara dans un écrin d’angoisse et de doutes.

La courbe amarante de ses lèvres se perdit en un cruel rictus. Mariage pluvieux, mariage heureux ? Des rivières de perles salées, au diapason avec le temps, nacrèrent le satin de sa peau, tandis que de ses mains fébriles elle se saisit de son déshabillé de soie.

Refermant les pans à la hâte à l’aide d’une fine ceinture parme et brodée, elle ne prit pas la peine de se chausser et déambula dans les couloirs sombres et silencieux jusqu’à sortir du Castel et s’éloigner de ses enceintes, la boue imprimant l’empreinte de son pas altier et souillant le délicat vêtement immaculé.

Le froid mordit âprement son visage, formidable soufflet sur son minois aux traits parfaits. Le vent s’engouffra dans sa crinière dénouée. La Baronne avait les cheveux assez longs et assez épais pour couvrir son corps jusqu’à mi-cuisse lorsqu’elle était dénudée. L’abondance de ses flamboyantes anglaises obstruait sa vision tandis qu’elle s’enfonçait dans les bois du domaine, ignorant les ronces et les épines qui écorchaient ses pieds et sa peau d’opale.

La Chapelle Saint Louis se profila bientôt au milieu d’une clairière, dominant les futaies, bâtiment impressionnant taillé dans la vieille pierre.

La Baronne se laissa tomber à genoux, le visage couvert de larmes et de terre devant l’édifice, la pupille hagard, ancrée au clocher que seuls de timides rayons de lune éclairaient. Les souvenirs la submergeaient tout entière, lancinants et douloureux.

Elle n’avait pas voulu y songer. Son fiancé occupait la majeure partie de ses pensées. Sa famille et ses proches se disputaient le reste. Aucune place pour les regrets assourdissants, pour l’ire et l’effroi… Mais pas ce soir.

Non pas cette nuit noire de remords et de réminiscences plus aiguisées que mille poignards dans la chair martyrisée de son cœur sanguinolent.
Il était partout. Devant ses grands yeux baignés de larmes, derrière chaque arbre et chaque ombre tordue, dans chaque goutte d’eau qui venait glacer ses joues.

Comment l’image de celui qui avait été son époux pouvait-elle être encore aussi nette alors que son corps reposait en terre depuis bien longtemps déjà ?

Sublime éphèbe au regard céruléen. Au front d’airain baigné d’une crinière cuivrée comme un crépuscule d’or et de pourpre. Son premier amant… La vision du beau seigneur dans son simple appareil lui avait arraché un petit cri d'admiration. Apollon réincarné était descendu du Mont Olympe pour lui apprendre l'Amour et la Passion. Elle était tombée à genoux, empourprée par la vive émotion qui s'était emparée de tout son être tremblant.

Les nuits sans Lune, les ombres bleus que le désir dessine éclairent le Firmament...Et c’est à genoux encore, qu’elle repensa à cette tombe qu’elle fleurissait une fois l’an. Cette pierre tombale, froide et austère. Cet épitaphe gravé : "Et la mort n’aura pas d’empire."

Foutaises. Elle finissait par tout emporter la faucheuse. Elle gagnait toujours. N’était-elle pas sur le point d’en épouser un autre ? De répéter les mêmes promesses, les mêmes sermons ?

Ne trahissait-elle pas la mémoire de son défunt mari en renouvelant le sacrément…Johanara écarta vivement les boucles rutilantes de son visage souillé en songeant que l’ultime trahison n’était guère de se marier… Mais bien d’épouser un homme qu’elle aimait profondément.

Avec le temps, elle lui dirait certainement les mêmes mots, doux, sucrés, emplis de réconforts et d’avenir teinté d’azur. Elle s’endormirait près de lui en pensant que dans mille ans elle l’aimerait encore, et que comme Tristan et Iseult, les légendes loueraient leurs noms.

Mais c’était faux. Un mensonge, une vaste blague à laquelle elle allait se prêter pour la seconde fois.

Se traînant vers la Chapelle, la démence allumant au fond de ses prunelles un brasier ardent, elle poussa la grande porte de chêne avec force, laissant le vent hurler contre la pierre froide et les bancs vide de l’édifice.

Ce n’était pas une Eglise. C’était un tombeau où elle enterrerait à jamais les vœux qu’elle avait prononcé des années plus tôt. Plus jamais elle ne serait la veuve de Valezy d’Emerask. Elle deviendrait l’épouse de Balian de Montbazon-Navailles.

La vue de l’autel lui souleva l’estomac. Portant la main à sa bouche gercée par le froid, elle réprima un haut le cœur et s’éloigna de la nef pour emprunter un étroit escalier en colimaçon.

Se tenant au mur gelé, les cheveux en bataille, le sang dessinant la plante de ses pieds sur chaque marche, elle progressa jusqu’en haut du clocher. L’ombre de l’énorme cloque l’effraya un instant puis elle reprit sa progression.

Chaque pas réveillait sa mémoire.

Sa joue sur la sienne comme un jardin secret lorsqu’ils trompaient la vigilance de leurs soldats pour s’embrasser, valeureux Capitaine épris d’une délicate Connétable aux yeux lagon.
Ses mains sur ses hanches larges, ses lèvres sur sa nuque prisonnière, commandant implacable de son bonheur et ses désirs. Elle n’avait vécu que par lui.

Chaque pas voyait des morceaux de mémoire qu'elle avait cru enfouit à jamais dans les limbes de l'oubli ressurgir.

Penchée au-dessus du vide, elle contemplait à présent du haut de la grande tour, la campagne berrichonne recouverte de son long manteau de nuit.

Le vertige serra ses entrailles, ses ongles grincèrent contre la paroi. Quelle émotion de mirer ses terres après tant de temps écoulé loin du Berry. Elle retrouvait le chemin de l’enfance heureuse. Trop de voyages et trop d’épreuves l’avaient séparée de cette longue allée d’arbres bicentenaires conduisant au domaine familial.

Revoir le Castel, la colline où il s’adossait, sa vallée étroite, sa cascade ombragée de marronniers séculaires, sa sylve verdoyante, ses bois où le gibier faisaient foison fut pour elle tout un monde que ne franchissait plus depuis longtemps ses souhaits et ses rêves.
Elle était partie depuis trop longtemps.

« En perdant Valezy, c’est bien moins l’amour que j’ai pleuré que l’idéal rêvé de la vie. »

Johanara avait souffert atrocement dans son âme et dans sa chair d’un tel gâchis dont l’un comme l’autre étaient au fond responsable.

Les bourrasques cessèrent et bientôt la Madone fut saisie par le silence qui l’entourait soudain…


Sentiras-tu quelque part dans l’Infini comme tu m’étais cher et sacré ? Tout m’a été donné à la naissance, beauté, noblesse, intelligence… Qu’en ai-je fait ? Je ne comprends rien à la destinée. Tantôt il me semble que je voudrais mourir, tantôt au contraire j’éprouve une forte aspiration vers la vie…

Ses souffrances intérieures l’étreignit tout entière, ce mal être chronique dans lequel elle replongeait inévitablement dès que son tendre fiancé, ses enfants ou ses amis prenaient congés, la laissant seule et désemparée.

Elle ne parvenait plus à contenir ce mal de vivre qui la rongeait depuis son plus jeune âge et qui s’était singulièrement accru avec les épreuves de sa vie. La mort de son père, puis celle de sa mère qu’elle aimait farouchement et dont la perte lui laisserait toujours un trou béant au coeur, sa tante qui avait essayé de la remplacer, sa sœur bien aimée la vicomtesse de Culan, et enfin celle de sa moitié, constituèrent autant de chocs émotionnels successifs que son extrême sensibilité et son habitude de tout noircir avait renforcé.

Toujours elle songeait à la mort. Elle ne se sentait plus le courage de l’attendre. De la voir une fois de plus lui arracher des morceaux d’âme et de cœur.

Ses dernières pensées allèrent d'abord à ses enfants. Mère indigne, mère indigne scandait une voix intérieure déformée par les remords. Mais ils partiraient tous. Même Daria qui lui jurait tous les jours ne jamais se marier pour toujours veiller sur elle. Puis à Balian tandis qu’elle enjambait la corniche, le corps tremblant. Il finirait par l’abandonner lui aussi. Il ne l’aimait pas. De la tendresse certes, du désir… Il l’appréciait quand elle tombait éperdument amoureuse de lui jour après jour.


C’est pour ce soir, je crois, mon bien-aimé !
J’ai l'âme lourde encore d'amour inexprimé,
et je meurs ! Jamais plus, jamais mes yeux bleutés,
mes regards dont c'était les frémissantes fêtes,
ne baiseront au vol les gestes que vous faites ;
j'en revois un petit qui vous est familier
pour toucher votre front, et je voudrais crier adieu !
mon cœur ne vous quitta jamais une seconde,
et je suis et serai jusque dans l'autre monde
celle qui vous aima sans mesure, celle.. [Rostand]


Les mots crevèrent sur ses lèvres vermeilles et salée par le goût de ses larmes. Et elle voulut crever aussi, un pied après l’autre sur le rebord glissant.

Si vous vous étiez tenu en bas de l’Eglise, au milieu de la forêt de Lignères, vous auriez été saisi par le spectacle effrayant de cette grande Dame aux pieds nus et à la longue chevelure de sang, prête à se jeter dans le vide, la chemise couverte de boue et de terre, mais les traits purs dévorés par le regard limpide de la déraison…


*Citation de Charles Lemesle

_________________
Leopold_le_valet
« Tâche de toujours prendre soin de M’dame la Baronne, mon fils. C’est grâce à elle que tu ne manges pas des racines et des croûtes de pain comme nous ’autres. » Mathurine, Lingère.

Et pour être saisi, il fut saisi…

Alors que la misère lui creusait les joues et lui tordait l’estomac, Johanara apparut telle un Ange de Bonté pour éclairer sa vie de ses larges prunelles de jade.

Mathurine était une brave lingère, veuve de guerre et dont les 8 enfants grouillaient autour d’elle, affamés, malades, puants si bien qu’elle se trouvait presque soulagée lorsque l’un d'eux finissait par mourir de faim ou de froid.

Lorsqu’elle découvrit que son époux, non content d’être mort sans lui laisser le moindre sous, l’avait engrossée une dernière fois avant d’aller se faire tuer sur les champs de bataille, elle songea à mettre le feu à sa chaumière puis de laisser les flammes éteindre sa famille qui ne survivrait guère à une bouche à nourrir de plus.

Alors quand la gracieuse Baronne de Lignières était venue se pavaner dans ses plus beaux atours pour leur distribuer du pain et des écus, la bonne femme y avait vu son salut.

"Prenez en un ou deux vot’rousseur. Z’etes une grande dame on l’dit tous ! Pitié pitié j’peux plus les nourrir, sont trop, vous feront de bon serfs."

L’aînée demeura un instant auprès de la jolie rousse. Et puis elle fut donnée en mariage à un riche bourgeois qui n’osa pas refuser l’offre de la colérique noble. Quant à Léopold, il devint son valet.

Et partout où allait la Berrichonne, l’on pouvait mirer l’ombre malingre du grand blond et frisé adolescent.

Agé de 13 ans lorsqu’il entra à son service, il n’était guère plus jeune que la Baronne. Deux années qu’il avait passé à chasser les rats, et à survivre dans un taudis. Tandis qu’elle s’adonnait aux jeux de de la Politique. C’était déjà une femme, et elle l’avait couvé comme une mère tout en le houspillant à longueur de journée.

Alors de la voir, sa bienfaitrice, sa baronne, son ange gardien, au sommet de l’Eglise, diaphane et éthérée comme une apparition…

Que fait elle là haut cette folle furieuse ? Presque nue et la chevelure devant ses yeux ??? Roh mais elle va glisser !

Il se précipita dans l’Edifice, songeant le cœur battant que si Johanara mourait sous ses yeux, il ne se le pardonnerait jamais.

Elle qui semblait si forte… Ce n’était pas la première fois pourtant qu’il la voyait attenter à ses jours…

Mais cette fois elle failli réussir. Les paupières fermées, elle se laissa happer par le vide avant de sentir deux bras vigoureux se refermer sur son corps frissonnant. Le jeune homme avait gravi les marches 4 à 4 avant de s’élancer vers la corniche et d’enjamber la rambarde son palpitant prêt à éclater en son poitrail.


Valezy ? Mon amour ?


Léopold la tenait contre lui, le dos collé au mur, soudain pris de vertige et l’esprit encore embrumé par la crainte de voir sa maîtresse sauter.
Ce n’était pas le moment de faiblir, par chance, la Baronne ne se débattait pas. Par contre elle délirait.


Taisez-vous idiote… Et cramponnez-vous à moi.

Autant pisser dans un violon. Elle demeura molle, fragile poupée de chiffon entre ses bras. Alors sans ménagement il la souleva contre lui et recula prudemment, terrifié à l’idée de chuter avec elle.

Lorsqu’il fut hors de danger, il la jeta sur le sol froid, furieux de la voir inerte et muette. Elle dont le courroux faisait trembler les murs.
Léopold la toisa, lèvres pincées. Durant toutes ces années il n’avait jamais élevé la voix contre celle qu’il admirait et chérissait en secret. Il n’avait même jamais levé les yeux vers cette enchanteresse beauté, lui vers de terre amoureux d’une étoile, de peur de s’y brûler un peu plus.


Cessez d’appeler après votre défunt mari. C’est lui que vous vouliez rejoindre ? Vous n’êtes qu’une égoiste. Une sale petite égoïste pourrie gâtée qui ne se rend pas compte de l’Amour qu’elle inspire aux gens. Vous nous auriez tous abandonné hein. Vous m’auriez laissé ingrate… Moi qui veille sur vos jours et vos nuits depuis des années… Debout !

Il était fou de rage après elle. Sa colère décupla lorsqu’il vit un fin filet de bave s’écouler sur le menton de Johanara qui restait sans réaction.
Alors il l’attrapa avec vigueur par le bras et la força à se relever.


J’ai dit debout ! Non ne pleurez pas… Pardonnez-moi… J’ai eu si peur…

Il la serra contre lui, une main dans les cheveux flamboyants. Cette sotte n’avait jamais compris à quel point il tenait à elle. Toujours elle le mirait comme si elle fut sa mère et qu’il restait un enfant.

Ecrasant son corps du sien, dans la seule étreinte qu’il aurait probablement d’elle de toute son existence, il se rendit compte que la muette claquait des dents et grelottait de froid.

Alors il l’enveloppa dans sa cape de laine épaisse puis la reprit dans ses bras. Tandis qu’il dévalait l’escalier, il ne put s’empêcher de la mirer avec tendresse. Elle semblait porter tous les affres de la Terre sur ses gracieuses épaules.

Il aperçut bientôt le Castel. Ses foulées s’agrandirent, il fallait la protéger de la pluie et du froid.

Mais c’est penaud qu’il tomba nez à nez à la future belle fille de sa belle maitresse.
Ocatherine
« La vraie noblesse s’acquiert en vivant, et non en naissant. »
de Guillaume Bouchet

Berry, Baronnie de Lignières, la veille des noces.

Il pleuvait à torrent depuis bien des lunes et la rouquine devenait de plus en plus maussade à mesure que le temps se dégradait. Elle était ici en compagnie de sa future belle mère mais tout ceci ne la réjouissait pas. Il lui manquait son moteur, son cœur resté bien trop loin de ce domaine ou elles n’étaient qu'entre filles. Loin de lui, tout refaisait surface, ses craintes, ses peurs, ses doutes...

Quelques jours auparavant elle eu un terrible choix à concrétiser, ça lui semblait si lointain, absurde, impensable qu'elle ai pu vivre une telle tragédie et pourtant. La vérité était bien la, rude à acceptée mais belle et bien présente, et toute sa vie la sublime devra vivre avec le poids de la culpabilité, avoir choisis son amour à défaut de sa chair et de son sang.

Il faisait nuit noire lorsque la rouquine se réveilla encore une fois en sursaut, elle ne parvenait toujours pas à dormir même après la délivrance, était ce la sa punition pour avoir abandonné son enfant? Ne plus jamais avoir le droit au sommeil réparateur des juste...

La silhouette gracieuse se leva alors, la main d’albâtre glissa sur le tissus fin qui ornait son cou, un simple ruban de soie, celui qu'elle portait habituellement au poignet, le premier qu'il lui à mis, signe de leur lien, aussi incompréhensible soit-il pour les autres, pour eux deux c’était celui de l'amour. Un sourire torve s’étira alors sur les lippes purpurines de la Catherine alors que la même main agrippa sa robe de nuit, elle l'enfila rapidement et descendit lentement les marches du long escaliers, sa senestre glissant sur la rambarde avec lenteur.

Ce n'est qu'une fois la porte passée, nu pied dans la boue qui venait salir sa tenue qu'elle se dirigea vers le jardin, besoin de s’asseoir repenser à tout ça, ce sacrifice ultime qu'elle à fait il y a si peu de temps. Ce déchirement qu'elle ne parvenait pas à combler dans son cœur, trop tôt disait son homme, trop frais pensait certain mais elle savait elle la rouquine, tout au fond de son esprit torturé, jamais plus elle ne pourra aimer un enfant comme elle aurait aimé celui qui viens de lui être arraché. Jamais elle ne pourra guérir de cette plaie qui lui meurtrissait autant le palpitant que l’âme, jamais le poids de la culpabilité ne s’envolera, jamais elle ne sera en paix , JAMAIS!

Le corps redevenu fin et frêle se laissa couler sur un banc couvert de boue dans le jardin, les pensée de la flamboyante allait vers son futur époux alors que sa chevelure de feu se retrouvait ballottée au grès du vent, quelques mèches bouclées lui tombant devant les yeux. Ces perles d’émeraude fixaient le bosquet en face, non loin un rosier, qu'elle aime ces fleurs si représentative de son être, la douceur des pétales couplée au piquant des épines meurtrière. Elle en à une d’épine enfoncée dans le cœur la future noble, celle du dégoût de sa personne et de la honte intarissable d'avoir abandonné son engeance.

Le pire dans toute cette triste histoire, c'est que la rouquine c’était imaginé avoir un fils, un bâtard , une ordure comme son père, mais lorsque le moment de la délivrance fut venu, après maintes souffrance la première phrase qu'elle entendit fut "c'est une magnifique petite fille comme sa maman". Et la le cœur de la belle c' était retrouvé morcelé, arraché, déchiqueté par cette nouvelle, elle qui rêvait d'avoir une petite fille à la chevelure de feu comme elle , devait se séparer de celle ci pour la donner à l'homme qu'elle hais maintenant le plus au monde...la vie est tellement mal faites parfois, cruelle avec certains et tellement douce avec d'autres.

Perdue dans ses pensées les plus sombres, les paupières à demies close alors que quelques gouttes salées coulaient sur ses joues pales la rouquine ne vit pas tout de suite le valet arriver. Elle n'avait même pas remarqué qu'il pleuvait encore et que son corps voluptueux était fortement visible à travers le tissus trop fin de sa robe. Non, ça lui passait au dessus tout ça, elle se leva alors doucement pour rejoindre sa chambre et fut percutée par le beau Leo qui tenait quelqu'un visiblement...à y regarder de plus prêt la rouquine poussa un cris de surprise et d' effrois , LA BARONNE!

La belle perdit alors son sang froid, sa mélancolie envolée pour ne laisser place qu'a la stupeur et la peur de voir cette femme qu'elle considère comme sa sœur dans cet état pitoyable. Elle si belle, riche, gracieuse, majestueuse était couverte de boue et semblait complètement hagarde. Catherine posa alors sa main avec douceur sur le visage parfait de sa future belle mère et fixa le valet d'un air paniqué, sa voix trahissant son émotion et ses craintes :


- Mais Leopold! Ou l'avez vous trouvez? Pourquoi est-elle dans cet état? Quelqu'un lui à fait du mal? Qu'est ce qu'il se passe? REPONDEZ BON SANG!

Et une future demoiselle d'honneur en panique une...
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Johanara
Berry, Baronnie de Lignières, la veille des noces.


L’œil vert aux longues paupières, le front pensif, le profil aquilin, l’expression méditative et tranquille mais la bouche douloureuse, Johanara reposait dans les bras de son domestique, les mains crispées sur le lin de sa chemise.

Quand Léopold était-il devenu un homme ? Posant ses agates de mer et de miel sur le garçon, Johanara eut l’impression de le mirer pour la première fois.

Durant toutes ces années, la Baronne aveuglée par son rang et les tâches subalternes du berrichon, ne s’était guère rendu compte, que le garçonnet malingre aux bouclettes d’or s’était effacé au profit d’un jeune homme à la carrure appréciable, aux mains larges et rugueuses.

En sécurité dans l’alcôve rassurante de ses bras, elle laissa le calice de sa mélancolie déborder de ses yeux pour noyer ses joues et sa lippe de perles salées.

Et il l’avait sauvé. Car cette fois elle n’aurait pas fait marche arrière. Les voix qui rongeaient son esprit lui semblaient trop fortes. Trop vives pour pouvoir lutter.

Sans lui son crâne se serait fendu, colorant la clairière de pourpre et laissant trois enfants orphelins.

Versatile et insaisissable Baronne… Tantôt des mots d’amour accrochés à ses lèvres gourmandes, tantôt le regard tranchant d’une ire
incommensurable.

C’était de la faute de son fiancé à présent. Qui avait fait naître le désespoir en son sein en même temps que l’Amour.

Allumer un brasier ardent. Puis l’éteindre de mots glacés. L’enflammer encore et encore. Souffler sur les flammes. Les raviver… Il était insoutenable !

La plus jolie part du palpitant de la rouquine avait su voir en Balian l’homme de cœur et d’honneur qu’il était. Chaque battement scandait son nom avec l’intime conviction que l’objet de ses désirs était incapable de duplicité et de tromperie. L’amoureuse, la douce, la fragile lui était entièrement dévouée.

L’autre, la colérique, la torturée, lui prêtait des aventures, des lâchetés. Il était faible. Incapable de résister à une femme. Incapable de la défendre contre les méchancetés de son fils ou de sa nièce. Incapable de l’aimer.
Il serait seulement capable de fouler du pied l’engagement d’honneur qui allait les lier, de proposer à une femme qui méritait tous les respects des conditions humiliantes.

Soudain les mains glacées de sa belle-fille marquèrent ses pommettes et troublèrent ses grands yeux hagards
.

Je me suis fait du mal moi-même Catherine. Je n’ai pas envie de me marier. Je veux mourir.

Moue boudeuse avant de pincer le bras de Léopold.

Mais tu vas me lâcher grand benêt ! Je peux marcher !
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Ambre..
    [Castel d'Aigurande, appartement des invités, la veille du mariage... les essayages.]


Dans la chambrette qui lui avait été allouée, la jeune Ambre se pomponnait comme une vraie demoiselle. Du haut de ses dix ans, elle s'était fait livrer à domicile une petite boîte commandée dans une grande boutique parisienne, et qui contenait moultes jolies choses pour se faire belle. De la poudre de corail pour se blanchir les dents, du fard à joue pour avoir un teint de rose juste sur les pommette, du khôl noir très cher qu'on importait des royaumes orientaux... et deux mignonnes petites bouteilles de parfum, l'un au jasmin et l'autre à la rose, accompagnées d'un petit savon pour chacune, que l'on avait entouré d'un joli ruban.

Ambre avait posé le colis sur ses genoux après s'être assise à sa toilette, devant le grand miroir entouré de boiseries blanches. Avec précaution, elle sortit un à un les éléments de leur boîte, et les déposa sur le bois de la petite commode amménagée.

Son papa allait se marier avec sa baronne préférée : il ne fallait pas rater ça.

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Flora
    [Berry, Baronnie de Lignières, la veille des noces.]




    Flora avait voyagé de Limoges jusqu'à Lignières pour le mariage de son amie Johanara et son cousin Balian une semaine auparavant. Ce mariage promettait d'être sublime. Le thème de celui ci avait été choisi dans les jours précédents le grand jour : Les diamants. Sitôt que le thème était défini, Nathan et Johanara s'étaient emballés, dépensant à tout va pour les préparatifs. Important les lustres en cristaux de Louvières jusqu'à Lignières, achetant des décorations toutes plus chères les unes que les autres. Autant dire que l'église et la salle de réception de Lignières avaient bien changé. Et tout cela avait été fait en moins d'une semaine. Il ne restait plus que les fleurs à mettre en place. Elles devaient être les plus fraîches possible.



    Mais en ce moment même, la jolie fleur dormait bien tranquillement dans une des chambres de la baronnie de Johanara, ignorant tout ce qui se passait quand soudain... Flora se réveilla en sursaut entendant des cris dans le salon. Mathilde ! Pourquoi criait-elle ? La guerre ne faisait pas rage en ce moment pourtant !



    Marmonnant un peu, la jeune fille enfila sa longue robe de chambre en satin, se remit ses cheveux en place et descendit. Quel spectacle lui fut donné lorsqu'elle arriva dans le salon ! Mathilde qui hurlait, Catherine qui la consolait, Leopold qui allumait le feu et... La Baronne ! Dans quel état elle était ! Inquiète pour elle, Flora se précipita vers son amie et lui adressa la parole.




    - Baronne ! Que vous est-il arrivé? Vous allez bien ? Vous êtes trempée ! Vous devriez aller vous changer au lieu d'attendre que le feu chauffe la pièce et vous sèche !



    Et Mathilde qui hurlait toujours... Flora ne s'entendait même plus penser ! Se retournant, elle fixa la domestique et s'agaça... un tantinet.



    - Mathilde, faites moi plaisir et cessez votre raffut ! Je ne peux même plus discuter avec la Baronne correctement ! Catherine, emmenez la avec vous à l'étage et faites en sorte qu'elle se calme je vous prie.


    Il est certain que se faire réveiller en plein nuit, ne met jamais une personne de bonne humeur. Mais aussitôt dit, aussitôt fait, les deux avaient filé à l'étage et le calme était revenu, apaisant les oreilles de la jolie fleur.

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Elea.
La veille d’un mariage qu’elle n’avait pas voulu.
Oui car elle en avait énormément voulu à la baronne durant un temps… Dénigrer son oncle ainsi, devant tout le monde. Nan mais pour qui se prenait-elle ? Elle en était certes la fiancée, mais cela ne lui donnait en aucun cas le droit de le dénigrer de la sorte.

M’enfin, les choses s’étaient arrangées, avec du mal… En passant par un crêpage de chignons. Mais aujourd’hui, certes, la brunette ressentait toujours une légère rancœur envers la rousse flamboyante, mais elle était avant tout son amie, et elle avait su lui pardonner…

Ce soir là, elle se trouvait en baronnie de la flamboyante… Une nuit qui fut des plus agitées. Pourquoi ? Des insomnies, encore et toujours, qui n’avait cessée depuis le meurtre, quelques mois auparavant. Cet homme venait toujours la hanter durant son sommeil. Revoyant son visage, sentant ses mains qui venaient caresser son corps encore pure… Ce qui, chaque fois, l’a réveillée, en sursaut et en sueur…
Et cette nuit là, elle n’y avait pas échappée. Alors elle se lève lentement, s’essuit le visage avec un linge propre qu’elle prenait auprès d’elle chaque nuit, puis elle descendit pour rejoindre les cuisines… Boire et manger un petit quelque chose, avant de regagner son lit.

Mais cela ne se passa guère de cette façon, sur son chemin elle croisa la valetaille de la baronne… Leopold. Ce dernier semblait bizarre… La jeune Montbazon lui demanda donc pourquoi était-il dans cet état… Et là , ce fut le choc… La folie, la colère… Oh oui le rouge lui était monté jusque dans le blanc des yeux. Elle était folle de rage.

Comment avait-elle osée ? Elle devait se marier, et elle avait voulu se suicider en haut du clocher… Tout cela pour son défunt époux. S’en était trop, vraiment trop.


-Ou est-elle ?

Le ton était sec, froid…

-OU EST-ELLE ?? REPONDEZ MOI DE SUITE LEOPOLD !!

Et au valet de lui indiquer la direction.
Ni une, ni deux, la brunette folle de rage se rend au salon… Les mains qui se posent sur ses hanches, elle observe la baronne d’un regard mauvais… Très mauvais :


-BARONNE !!!

Et de hurler… Tant pis si elle réveillerait tout le monde.

-QUE SE PASSE-T-IL EN VOTRE TETE POUR QUE VOUS SOYEZ AUSSI IDIOTE ???
N’ALLEZ VOUS PAS EPOUSER MON ONCLE DEMAIN ??
POURQUOI VOULOIR ATTENTER A VOTRE VIE EN HAUT DE L’EGLISE ??
JE VOUS SAVAIS IDIOTE, MAIS A CE POINT !


Rouge de colère, elle était…
Son corps entier brûlé à l’intérieur…Une fureur qu’elle avait rarement ressenti.
Elle s’approche de la baronne, lève la main et lui colle une gifle monumentale.


-JAMAIS !!! VOUS M’ENTENDEZ JAMAIS PLUS VOUS NE FEREZ CELA !! JAMAIS BARONNE !! VOUS AVEZ PENSER A VOS FILLES, A VOS AMIS, A VOTRE FUTUR EPOUX ? BON SANG !! VOUS N’ETES QU’UNE NOUILLE !!!
_________________
Nathan
« Le Floral, n’est pas fait pour les cloches ! Alors dites à ce maudit fleuriste qu’il aille sonner Pâques en Anjou ! » de Nathan.




Arrivé tout droit de Limoges, le jeune blondinet avait eu la malchance d’avoir à s’occuper de l’organisation du mariage. Du moins de la salle et de la réception. Il devait prendre des cours pour dire le simple mot « non », mais la procrastination étant bien présente en lui depuis des semaines, que ces cours furent laissés à l’abandon. Ainsi, Nathan ne sût dire non à sa délicieuse cousine qui les yeux larmoyants avait réussi en une soirée, à lui déléguer plusieurs tâches, le thème du mariage, la salle de réception, le menu, la décoration, le floral. Voilà comment Nathan devint le wedding-planner d’un mariage qu’il n’approuvait qu’à moitié !



Durant le trajet qui relié Limoges à Bourges, à chaque escale un défilé de personne venait dans son coche afin de lui faire ses demandes pour la question de la place attribuée lors du repas La tâche était ardue ! Le Blond quand bien même amoureux de sa chevelure angélique, s’en était arraché les cheveux. Entre les réclamations frivoles et grossières de sa cousine et le ridicule des demandes d’autres invités du genre non aggravé :«
Je ne veux pas être à côté de lui car il est moche » ‘et patati et patata’. Pour la première fois de sa vie, Nathan travaillait ! Et que c’était pénible. Ce n’est qu’après une journée de trajet qu’il réussit à caser toutes ces personnes se faisant un malin plaisir à réserver quelques mauvaises surprises à quelques convives qu’il n’appréciait pas. Johanara avait eu la mauvaise de trop inviter. Le coût du mariage allait être très élevé. Le jeune blondinet en pâlissait de crainte que cela n’affecte sa fortune, la savant ruinée…



Le reste du trajet se résuma à l’admiration de ses vêtements et à l’activité préférée de Nathan : on compte ses écus pour le plaisir de les compter parmi tant d’autres. La principale préoccupation cependant restée comment allait-il trouver de faux diamants ? Il n’en avait que des vrais et savait pertinemment que la populace de Lignières était principalement composée de racailles et autres raclures. Les souvenirs qu’il y avait eu –dans le village- revinrent peu à peu. Un frisson se fit ressentir. Il n’aimait que le château à Lignières c’est tout !



Une fois descendu à Bourges, le jeune blond eut à peine le temps de se changer et de profiter de Louvières, qu’il devait dès à présent se rendre à Lignières pour superviser la salle de réception. Il n’arrêtait pas de courir dans tous les sens. Il quitta à peine Louvières essoufflé qu’une lettre lui avait été faite parvenue, lui demandant de trouver des ingrédients pour la composition du dessert. Il se précipita dans les étals Berruyers afin de les trouver. Le marché de Bourges était fort heureusement bien approvisionné. On pouvait entendre le jeune blond donner des ordres à ses porteurs tout en le voyant gesticuler sans arrêt. Il disait en résumé : «
Je veux ça. Puis ça et ça… Oh le miel, c’est incroyable qu’il vous en reste encore ! J’en prends ! Faites parvenir la note à Louvières… Non à Lignières ! Enfin… Oui Lignières. Et vous portez ! » Une fois les emplettes terminées, il se précipita sur son coche et parti en direction de Lignières.



Il n’avait pas le temps de rendre une visite à sa cousin puis cela aurait été de toutes manières déplacé, il vit que son intendant avait bien suivit ses demandes et les marchandises affluaient de partout. Le tout géré d’une main de fer. Un soulagement fut exprimé par Nathan. Il alla voir son intendant qui l’arrêta directement et lui dit :


    -Monsieur, le fleuriste n’en fait qu’à sa tête !
    -Pardon ?
    -Allez voir par vous-même !
    -Mais je…
    -Je n’ai pas le temps monsieur, vous avez certes tout bien organisé, mais ce sont tous des boulets.
    -Ne m’en parlez pas…


La discussion fut close lorsque les deux hommes entendirent le fracas de verres en cristal. L’intendant se frappa la tête, Nathan se précipita dans la salle de réception pour voir le fleuriste. Les lieux commençaient à prendre l’allure que Nathan souhaitait. Il restait si peu de temps et tellement de choses à faire. Il se précipita vers le fleuriste et lui demanda : « C’est quoi votre problème ? Dépêchez-vous, je n’ai pas le temps ! » Oui pour une fois dans sa vie, Nathan Sidjéno d’Ambroise, n’avait pas le temps.
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Victoire.
  Berry, Baronnie de Lignières, la veille du mariage. 

    "............and they lived happily ever after !"


Ca c'était le Happy end des belles histoires, celles que l'on découvre dans les livres de contes, or, concernant celle qui nous réunit aujourd'hui......Reste à savoir si nous dépasserons le préambule, et surtout de quelle façon.
Le rassemblement pour les préparatifs se faisait donc à Lignières et c'est confortablement installée dans son carrosse, enroulée de moults couvertures, que Victoire tuait le temps en rougnassant.
Le coeur n'y était pas, la brunette se faisait un sang d'encre pour ce fameux mariage et craignait de devoir supporter toutes les extravagances possibles de la Baronne. Redoutant le tout et le n'importe quoi, elle imaginait bien la mise en place de toute sorte de simulation, allant de la crise de nerfs à la crise de foie, en passant par la crise d'urticaire.
Alors si par malheur, la rousse entrait dans un état d'agitation bref et soudain, si un ensemble de manifestations paroxystiques désordonnées s'emparaient d'elle, alors, alors Victoire resterait impassible face à ces caprices. Il était hors de question qu'elle se mette la rate au court-bouillon pour tout ce tintamarre qu'elle voyait arriver comme le nez au milieu de la figure.

De plus il pleuvait, et le Berry sous la pluie rien de tel pour contrarier Victoire pour le reste de la journée. Journée qui par ailleurs était bien entamée puisqu'il faisait déjà nuit lorsque le coche stoppa sa course.
Les minutes qui suivirent furent consacrées à un flot d'ordres donnés pour qu'on sorte ses malles et autres effets, tandis qu'enveloppée dans une des fourrures, la jeune duchesse courut jusqu'à l"intérieur du castel.
Nul besoin de valet pour la conduire au dernier salon où l'on cause, un méli-mélo de cris suffit à la guider pour rejoindre la salle de spectacle.
Arrivant au moment où sa demoiselle de compagnie giflait la Baronne, décidément Elea prenait de plus en plus ses aises, Victoire, théâtrale, clama sans aucune forme de procès :


    Acte I Scène 1 Que l'on m'approche un fauteuil il parait que le cirque a commencé !












*et ils vécurent heureux pour toujours

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Ambre..
    [Castel d'Aigurande, appartement des invités, la veille du mariage... les essayages, scène 2.]


"Rose ? Rose ! T'es où ?"

Sortant de sa chambre, la jeune Ambre appela dans le couloir... Pourquoi sa jumelle n'était-elle pas encore venue la rejoindre ? S'était-elle absorbée dans un livre, dans un dessin ou dans un jeu ? Encore vêtue de sa robe du lever, Ambre se faufila pieds nus sur l'épais tapis moëlleux qui couvrait le couloir, jusqu'à la chambre de sa soeur jumelle.

"Rose ! Tu es là ? On a reçu nos robes pour le mariage ! Viens vite ! T'es réveillée ??"

Sa main frappa à la porte de sa soeur, mais en vain, aucune réponse de la petite Montbazon. Ambre tourna la poignée de la porte. Elle ne s'ouvrit pas. Voilà un mystère... Rose serait-elle partie sans en avoir informé son âme soeur ? Ou était-elle malade et avait-elle voulu qu'on lui fiche la paix ? Ambre s'en inquiéta, et tambourina à la porte.

"RoooOOOOoose ! T'es là ou t'es pas là ???"

Puis :

"EUZEEEEN ! PAPAAAAAAAAA ! ELLE EST OÙ ROOOOOOSE ?"
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Johanara
Berry, Baronnie de Lignières, la veille du mariage.


Paf ! La claque avait marqué sa joue d'une trace fine et amarante. Ce à quoi Léopold répliqua par un soufflet, en toute discrétion, afin que la brune cesse de vociférer et de brutaliser sa maîtresse.

Dans l'absolu, sa future nièce par alliance avait raison d'être choquée. Que pouvait il se passer dans sa jolie tête pour la pousser à de telles extrémités ?

Du vide. Des idées noires. Des craintes irrationnelles d'être aspirée dans une spirale de doutes et de vacuité.

La Baronne laissa ses grands yeux de jade vagabonder un instant sur les protagonistes de cette nouvelle mascarade .

Eléa, dans une rage folle. Mais depuis quelques temps l'ire lui semblait coutumière et faisait dilater ses jolies pupilles bleutées pour un oui pour un non.

Flora, tout en douceur, parut certes consternée lorsqu'elle apprit la tentative de fuite ferme et définitive de son amie, mais ne l'accabla guère d'avantage.

Quant à la Duchesse, visiblement lasse des frasques de sa famille, elle comptait bien se poser en spectatrice de ce vaudeville tout en simplicité.

Mais la Baronne n'était point d'humeur à se donner en représentation. Encore frigorifiée et secouée par son flirt avec le vide en haut de l'Église, elle s'appuya au bras du brave Léopold pour se relever.


Je vais me mettre une robe chaude, le vent me glace encore les os. Je ne pense plus être capable de dormir pour cette nuitée aussi vais je me faire servir des macarons et autres douceur à l'office, le tout arrosé avec panache, je pense reveiller Vera elle sera contente de prendre une cuite nocturne. Qui en est ?
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Elea.
    La duchesse était arrivée, mais la brunette n’en avait rien vu… Les yeux fixés sur la flamboyante, folle de rage, oui elle l’était.
    Comment avait-elle pu attenter à ses jours, la veille de son mariage ? Nan mais vraiment, je vous jure…

    Les mains qui ne quittent pas les hanches…
    Les yeux rouge de colère qui restent rivés sur la flamboyante…

    Et voila que celle-ci faisait mine de rien… Se faire servir des macarons, le tout arrosé… Nan mais !
    Un long soupire d’exaspération se glisse entre ses lèvres…
    L’envie de crier, d’hurler sur celle qui deviendrait sa tante par alliance.

    Mais son regard se glissa un instant vers l’assemblée… Flora, la duchesse…
    Oh non !
    La jeune Montbazon espérait bien que sa duchesse de cousine n’est rien remarqué du spectacle… De sa colère noire… Oui car elle détesterait savoir qu’elle ai tout vu, pour sûr, elle lui en voudrait. Qui était-elle après tout pour gifler une baronne ?

    Alors elle se glisse au côté de la baronne… Les prunelles toujours empli de colère et murmure :


    -Oh vous pouvez bien avoir froid… Sachez que je n’en reste point là, et que nous en rediscuterons… Jamais je ne laisserais passer pareil sottise. Attentez à votre vie, la veille de votre mariage…

    Puis de glisser une bise sur la joue de la baronne, comme si rien ne s’était passé… Hors qu’au fond, elle bouillonnait, et l’envie de lui remettre une gifle était des plus forte… Mais il fallait se contenir…

    Alors doucement, elle salue l’assemblée :


    -Je retourne en ma chambre… Bonne nuit à toute… Et…

    Son regard se pose sur la duchesse :

    -Navrée…

    Puis de disparaitre le long des couloirs… Regagnée sa chambre restait la meilleure chose à faire pour cette veille de mariage. Mais dès que tout cela sera fini… Pour sûr, elle en rediscuterait avec la baronne et en présence de son oncle… Oh que oui, ce dernier serait au courant… Certes après le mariage, mais cela n’est pas le plus important…

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Baphomet
Décembre 1460. Berry. Mariage pluvieux, mariage heureux...

    « En avant, marauds ! Je voudrais être là-bas pour l'étrangler de mes propres mains s'il lui passait par la tête de se donner la mort... je ne veux pas rater ça ! »
Faisant tournoyer sa masse d'armes dans les airs, Pons d'Ambroise encourageait ses gens sous la pluie battante de ce pays maudit. Le convoi était cloué sur place, les puissants chariots bardés de fer étaient embourbés jusqu'aux essieux. Les cochers fouettaient et les postillons éperonnaient les équipages fatigués déjà par la chevauchée à travers la France. Les gens d'armes avaient dû mettre pied à terre pour aider à dégager le train enfoncé. Leur maître était furieux, allant et venant de la tête à la queue de sa suite pour les voir gagner ne serait-ce qu'un pouce de terrain. Le chemin n'en finissait pas, la rivière n'était pas en vue, le château non plus mais les bois ne manquaient pas d'égayer la monotonie ambiante que donnait le paysage berrichon... Les râles s'élevaient, en réponse à l'effort surhumain qu'il demandait à ses femmes et à ses hommes. Certains s'effondraient dans la boue pour en ressortir couvert, n'attendant pas une quelconque aide pour se remettre à pousser les roues, ou à tirer les bêtes de trait. Le chevalier grinçait des dents de voir son cortège cloué sur place, impuissant. Il maudissait Dieu de ne pas lui venir en aide à la veille de ce qui devait être le plus beau jour de sa cousine, comme si c'était-là l'annonce d'un mariage malheureux. Pons était de ces superstitieux qui voyaient en des détails la prédiction de grandes choses, bonnes ou néfastes. Se renfrognant, il descendit de cheval pour prêter main fort à ses gens, bien que ce n'était pas une personne de plus qui allait déplacer des montagnes à cet instant. Pourtant, de voir le chevalier enfoncé dans la fange jusqu'au cou, l'équipage fit l'exploit de gravir cette butte et d'apercevoir au loin la silhouette menaçante de la citadelle de Lignières.
    – Un bain chaud pour Sa Seigneurie, beugla son héraut tout crotté.
Juché sur son destrier, il tenait d'une main ferme la bannière des Ambroise de la branche aînée. De gueules semé de roses d'argent à l'hermine rampant brochant sur le tout. Le drap tout trempé flottait difficilement mais n'avait pas perdu de son panache malgré le temps. L'annonce du cortège funèbre ne tarda pas à le faire apparaître. Le chevalier et ses gens avaient traversé rapidement la basse-cour pour se présenter dans la haute où le convoi de chariots s'était déployé rapidement. Aussi fourbus que leurs bêtes, ils s'étaient mis aussitôt à décharger ce qu'ils avaient transporté depuis la Champagne : du vin de ce pays, des dentelles de Flandre, des tapisseries florentines et quelques coffrets de bijoux de Lombardie. Tout cela suivit Pons qui pénétrait dans le logis principal. On aurait dit une troupe de brigands investissant quelque château pour le piller. Pour l'heure, ils salissaient malgré eux l'endroit de la boue qui collait à même leur corps...
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L'Hiver vient !
Yzie
Mais faites donc taire cette chose!

L’habitude née de ces dernières semaines, à ne dormir que d’un œil. La profondeur d’un sommeil serein échappé. Coutumière des braillements de l’infâme emplumé, la jeune dame de compagnie même à Lignières avait choisi l’option de s’enfoncer des morceaux de coton dans les oreilles.

L’effervescence, les préparatifs, les crises et autres rebondissements avaient miné son si joli teint d’albâtre et de vilaines cernes ornées ses traits délicats.

Elle aussi avait connu la tempête avant son départ. Tous ses rêves s’étaient envolés remplacés par une multitudes d’interrogations ravageuse.
La carte du valet s’était retourné désignant son clone, son jumeau.

Ne pas penser à elle, ne pas penser à lui et même eux. Se remémorer en boucle le déroulement de la journée du chant du coq jusqu’au moment où Balian la prendrait en charge. Tout devait être parfait et demain plus encore alors mentalement espérant que les étapes de la journée remplace les moutons elle cherchait un sommeil vain.

Sans doute avait elle fini par s’assoupir quand un bruit cotonneux lui rappela où elle se trouvait. Un grand lit froid dans une chambre inconnue. Non d’ici c’était impossible, elle ne pouvait l’entendre piailler ces sons nasillards qui vous écorchent les oreilles. Les bouchons d’oreille ôtés, le doute ayant laissé place à la curiosité et enfin à la panique, la blondinette était apparut sur le palier, un simple châle jeté négligemment sur ses épaules pour débouler en trombe dans l’escalier et assister muette au spectacle.

Le mariage était de ses rêves quelle chérissait plus que tout. Il n’était pas un aboutissement, mais une promesse sincère d’en avenir heureux dans le partage de l’amour. Le mariage était le don de soi, tout en recevant l'autre tout cela se devait d'être.... aérien!

Elle était resté en retrait le coeur gros devant la lecture des troubles de la Baronne. Elle en souffrait en silence, persuadé au plus profond d'elle qu'ils étaient fait l'un pour l'autre.
Ayant attendu le moment où la Baronne avait suggéré son désir de se changer elle en avait pris le bras.


- Venez Baronne, je vais m'occuper de vous. Vos cheveux... il faut remettre tout ca en ordre pour demain si vous ne voulez pas ressembler à une poupée de chiffon.
Johanara
Berry, Baronnie de Lignières, la veille du mariage.


Alors que notre tendre baronne suicidaire laissait ses amies passées à l’office pour rejoindre sa chambrée, guidée par sa dame de compagnie qui elle aussi avait fini par quitter la couche, le tonnerre s’abattit sur Lignières.

Encore une fois me direz-vous !

Des rires gras, des bruits de lance qui s’entrechoquent, de matériel qu’on décharge, de cris, de beuglements…

Dévalant les marches quatre par quatre, manquant une nouvelle fois de rompre sa nuque gracile, la rouquine suffoqua devant l’invasion de son entrée par un groupe de soudards qui ressemblait fort à une troupe de brigands !


Sonnez l’alarme ! On nous pille, on nous dévalise ! A moi la garde ! A moi !!! Allez chercher le Duc ! On nous vandalise ! Oh ciel ! Mon cousin !

*Portant ses yeux de jade sur son aîné, la belle n’en cessa guère ses vociférations !*

Oh le coquin ! Oh le faquin ! Mon entrée ! Mon marbre ! De la boue ! Des soldats ! Dehors !!!!! *bise sucrée sur la joue de Pons* Comment allez vous mon bien aimé cousin ?

Dehors canaille ! Mes bibelots ! Ne touche à rien toi malotru ! Vous vos bottes sur le tapis persan ! Sortez !!! Léopold !!!!!!!!! *sourire avenant à nouveau* Oh vous avez amené du vin pour les noces ? Comme c’est charmant !

Toi manante !!! Ne secoue pas tes cheveux mouillés près des tentures ! Léopold faites-moi sortir tous ces gens et menaient les à Plaix ! Pons mon cher cousin, cette nuit et pour les jours à venir vous logerez à Saint Hilaire, la seigneurie de mon défunt vassal. *se tournant vers un grand barbu* Ne cassez rien fripouille !

Un coche viendra vous chercher pour la cérémonie. Mais de grâce laissez vos gens à Plaix !


Lorsque la bande boueuse quitta enfin le Castel de Lignières, la Baronne s’égosilla après ses domestiques afin que tout soit ciré derechef.

La nuit s’étira ainsi, entre cris et rires, macarons et alcool, les uns choyant la Baronne, les autres la grondant et lui prodigant légères remontrances….

Et puis l’aurore déchira le voile sombre qui recouvrait la campagne….

C’était le grand jour.

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