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[RP] "Ma haute Personne est en ces lieux"

Watelse
Faites savoir à Dame Della la Coquinette, que Ma haute Personne est en ces lieux...

Le Maitre ne crut pas bon de préciser son nom : cela allait de soi que le valet le connaissait. Il avait eu quelques frayeurs en approchant du Louvre. Sa mémoire lui jouant des tours, il avait eu soucis en retrouver l'entrée. Diable! Cette entrée était-elle là la dernière fois?

Il attendait, droit sur le pavé, sa canne martelant avec impatience la pierre, un élément enroulé d'un drap sous le bras. Une épée? Un balai? Que transportait-il enfin? Un cadeau, sans autre comparaison dans ces royaumes. Watelse était fier de son oeuvre.

Mais il y avait comme une angoisse dans le creux du ventre. Une menace réelle pesait sur son bonheur et - il le regrettait - seule sa vénérée ennemie pouvait lui prêter main forte. Encore fallait-il qu'il ait le courage de se confier...

Watelse soupira : les femelles savaient se faire attendre. Mais les vieillards savaient, eux, se montrer grincheux. Il rouspéta envers une servante qui passait devant Lui :

Ola, grognasse, active ton séant et va chercher Dame Della la Coquette qui doit encore se pomponner devant le miroir. Dis lui donc que Mon Être l'attend!

Il attrapa aussi un gade... mais crut bon de ne pas trop montrer son agressivité : le soldat tenait une arme redoutable.

C'est renfrogné qu'il appuya son derrière usé et son dos endolori contre une colonnade de pierre.
Della
Della ne se pomponnait pas. Elle signait des commandes pour les festivités royales de la fin d'année.
D'ailleurs, elle venait de déposer la plume lorsqu'on vint lui annoncer une visite.


C'est un drôle de messire, ma Dame, il n'a pas dit son nom et...ma foi, ben, j'ai eu peur de lui demander. C'est qu'il a l'air terrible !

Un sourcil se leva. Une petite ride naquit au milieu de son front...intense réflexion. Qui cela pouvait-il bien être ?

Il a précisé "Ma haute personne". Pourtant, l'est pas si grand que ça.
Ah oui et aussi "Mon être l'attend" !


Une moue cette fois dessina les lèvres...Et bien que ne voit absolument pas de qui il s'agissait, ce fut la curiosité qui la piqua et l'obligea à se lever.

Bien. Je vais voir cela. Merci.
D'un sourire, elle renvoya le valet et la servante, puis, se levant, elle lissa les pans de sa robe, insistant sur le ventre redevenu (presque) plat depuis la naissance.
Elle jeta un châle sur ses épaules et s'en alla donc à la rencontre de l'homme-mystérieux.
Imaginez donc le sourire mi-amusé, mi-moqueur, lorsqu'elle reconnut son meilleur ennemi adossé à un mur.
Guillerette, car oui, elle l'aimait bien le bougre, elle vint se planter devant lui.

Bonjour, Maître Watelse !
Quelle surprise...vous me voyez ravie !

Un sourire doucereux animait le visage dont les yeux pétillaient, c'est qu'avec Watelse, l'on était assuré de passer un délicieux moment. Même si pour cela, les piques et bravades étaient de mises.

Mais ne restez pas ainsi, vous allez vous rompre les os...C'est qu'à votre âge...
Le sourire s'agrandit encore tandis que d'une main, Della invitait le visiteur à avancer.
Venez donc par ici...Il y a un bon feu.
Le petit salon était confortable et décoré richement, c'est qu'on y recevait parfois d'importants visiteurs.

Quel bon vent vous amène ?
Elle s'assit, ne l'invita pas à faire de même, assurée qu'il le ferait de lui-même.
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Watelse
Ma robuste Personne? Se rompre les os... grogna t'il. Vous me brisez déjà les nerfs, alors mon dos est le cadet de mes soucis, Dame Della.

Petite pointe narquoise et regard rieur envers celle qui - il s'en aperçut rapidement - comme toute vache avait fini par mettre bas d'un veau:

Je vois que vous venez de repeupler les Royaumes. Qu'en est-il? Un mâle que vous allez traumatiser comme vous le faites avec ma vieille carcasse?

Il ne lui laissa pas le temps de poursuivre, car, assis dans un fauteuil confortable, il se trouva fort embarrassé de son colis :

... Ah... Avant que je n'oublie, voici le chef-d’œuvre commandé, la canne de votre époux. Et pour célébrer la naissance de votre enfant, permettez moi de vous en faire cadeau de ceci...


Il sortit un objet minuscule de sa poche : un grelot qu'il commença à faire tintinnabuler au-dessus de sa tête.

Il va vous tourner en bourrique, votre biquet, avec ce tintamarre!, plaisanta t'il.

Cependant, sa voix joyeuse se brisa rapidement en un rire forcé. Le vieil homme n'était pas là par hasard. Il embraya donc sur ce qui le poussait à revoir aussi rapidement la blonde enquiquineuse: une requête. Mais ceci, le Paon de Gascogne ne le formulerait pas de cette manière :

Vous devez tellement à mon éclat qui rend vos journées ô combien merveilleuses que Ma Personne attend de vous un retour de générosité.


Le grelot cessa de faire entendre son tintement. Le vieil homme le posa dans la paume de la Dame qu'il avait saisie entre ses doigts.
Della
Rhaaa, le bougre l'obligea à quitter son fauteuil pour prendre possession de la canne.
Canne qu'elle s'apprêtait à admirer lorsque l'orfèvre agita un grelot, destiné à Clement.
La Blonde fut alors curieusement troublée. Ce n'était pas la première fois qu'il lui laissait entrevoir qu'il avait un coeur sous cette poitrine qu'il montrait à toutes épreuves. Le bracelet qu'elle portait, ses confidences sur la première propriétaire du bijou, et maintenant ce...simple grelot...La sensibilité, bien cachée elle aussi, de Della n'y resta pas indifférente.


Merci.
Recevant le présent, elle le fit elle aussi remuer, amusée autant que le serait sans doute son fils par le tintement cristallin.
Plus tard, lorsque Watelse serait chez lui et Della chez elle, elle déposerait le grelot garni d'un ruban de soie sous l'oreiller du bambin. Elle lui chuchoterait aussi que ce cadeau avait une très grande valeur car venant d'un...hum...d'un quoi ? d'un ennemi ? Tsss...balivernes ! Watelse était odieux et exécrable, certes mais ennemi...non ! Alors ami ? Re-tssss...faut pas pousser non plus ! Bon alors quoi ? On cherche encore...

Que puis-je donc faire pour votre illustre personne, mon cher Watelse ?
Le grelot disparut au creux de la main blonde et le regard fixa l'orfèvre intensément.
Vous avez les mains froides...Voulez-vous une boisson chaude, peut-être ?
Héhé, on n'oublie pas de piquer aussi. Sinon, ou serait le plaisir ?
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Watelse
Mes mains trembles mais ce n'est pas de froid...

Le nez du quinquagénaire (quasi sexagénaire, mais sa coquetterie ne se l'avouait pas encore) se froissa. Devant lui, la Blonde Della attendait sa requête, les yeux pétillants. Mais cette chevelure lui en rappelait d'autres : l'objet de sa visite.

Une épine dans son pieds depuis quelques mois. Une femelle à l'esprit biscornu dont il cherchait à se soustraire. Une gourdasse répugnante... dont il répugnait à s'avouer le père. D'ailleurs, l'était-il? Aucun moyen de le savoir. Lorsqu'il regardait Lissandre LeCordelier, il voyait un banal mollusque si loin de l'aigle noble qu'un Watelse se devait d'être. Il débuta sans mise en contexte, si bien qu'il fut d'abord peu claire :

Elle maigre comme une caille par temps de peste! Elle sent l'ignominie à plein nez. J'ai besoin de m'en débarrasser. Pour le bien de Ma Personne. Pour celui de ma femme et de mon enfant en devenir.


Il la décrivait, comme un monstre sorti d'un conte pour enfant :

Ses narines sont comme deux cavernes humides. Ses bras ballants ont l'air des pattes griffues d'un épervier mort. ses dents? Ma personne ne les voit jamais : elle ne sourit jamais. Mais j'imagine ses crocs comme ceux des rats : près à mordre et à nous ... je ne sais quoi! Sa tignasse filasse et terne ressemble à s'y méprendre à cette bouillie infâme qu'on donne aux enfants atteint de croupe.

Il se leva de son fauteuil, déambulant en déballant son horreur en des termes peu élogieux :

... un balai a plus de souplesse et au moins, ça sert à quelque chose! .... Intelligente? Plus bête qu'un nouveau nez mais qui a l'arrogance de se croire supérieur à Ma si Fine Personne! - Vous le croyez, vous?!

A cette question il ne demandait pas de réponse. Aussi, continua t'il avec une voix plus forte encore par l'exaspération :


J'ai fort peu de choix en réalité : soit je la donne en chasse à des courtisans, mais ils voudraient une dote, et jamais Ma Personne payera pour si peu! ou je l'éloigne loin, très loin,.... Heureusement, j'ai cru comprendre qu'elle aimait l'aventure - puisse t'elle se perdre dans un naufrage ou une guerre sanglante! Et c'est là que vous intervenez !

Il avait repris le grelot des mains et l'agita sous le nez de la finaude Della.

Vous me devez bien ça.
Della
Mais de qui parlez-vous donc ?
Elle tenta de garder le grelot au creux de sa main mais l'abominable l'avait repris !
Donner, c'est donner et reprendre, c'est voler !
Rustre !

Je ne vous dois rien...et d'ailleurs, qu'attendez-vous de moi ?
Watelse avait, lui semblait-il, parler d'une femme. Etait-ce son épouse ? La pauvre ne devait pas rire tous les jours avec lui ! Et ce serait plutôt à elle de se plaindre de son époux ! Etait-ce une maîtresse devenue gênante ? Mais à bien y réfléchir, qui voudrait de Watesle pour amant ?
Il avait parlé de naufrage...de guerre...la prenait-il pour un Amiral ou un Général ? Ce n'était pas parce qu'elle avait l'habitude de faire obéir les gens qu'elle était subitement femme d'arme !
Watelse devenait fou...Mais était-ce réellement une nouveauté ?

Dites. J'écoute.

Et hoplà, elle rattrapa le grelot qu'elle enfouit cette fois dans le décolleté de sa robe en narguant l'orfèvre du regard.
Brrr...c'est froid.

_________________
Watelse
Le grelot s'agitant entre deux seins grelotants... Brrrr... Cette vue fit perdre un instant l'esprit au Maître. Yeux ecarquillés sur la poitrine tressotante, bouche légèrement ouverte d'incrédulité, il bégaya :

Cachez donc ce sein que je ne saurais voir... On dirait une vache agitant sa cloche et ses mamelles remplies de lait dans les verts pâturages du Jura!.... En parlant de vache, je reviens à la mienne...

Il baissa la voix et s'approcha d'elle comme l'eut fait un conspirateur:

Il faut jurer devant Ma Personne que vous ne soufflerez mot de tout ça à quiconque. Si ma femme venait à l'apprendre!

Il attira par le bras la jeune femelle nommée Della et la tint dans un coin sombre de la piece.

Ma Personne, le très digne et très Mysogyne Watelse... a une fille! Oui, une gueunaude de près de trente ans! Un furoncle dans mon paysage si serein depuis peu! Une épine si gênante que je souhaiterais me couper le pied!
Elle est maigre, elle est moche - comme toute femelle - elle est hautaine et si sûre de sa propre valeur! Je ne sais pas de qui elle tient cette arrogance, mais nul doute : elle n'a rien d'une Watelse... D'ailleurs, j'ai toujours quelques doutes sur ma paternité. Bien sûr je connus sa grognasse de mère ... Vous en portez le bijou.


À ces mots, le Maitre tendit les oreilles. Un bruit venant du couloir. Puis plus rien. Il reprit:

Il faut que j'ecarte cette Lissandre loin de mon foyer, de ma charmante et aimée épouse et de mon futur descendant. Rendez-moi ce service: elle rêve d'aventure et des lointaines contrées du nord des Royaumes. On lui a trop parlé de vikings dans son enfance, assurement. Envoyez la très loin, là-haut, comme émissaire ou diplomate! Que jamais plus elle ne s'approche de Paris! Formez la comme vous avez voulu me former aux arts diplomatiques et envoyez la loin de Ma Personne!
Della
L'allusion au bracelet fit frissonner Della. Elle arborait toujours ce bijou avec une fierté sans pareille, c'est que ce n'était pas rien d'avoir reçu pareil cadeau de Watelse.
Mais ce que l'orfèvre lui confessa la troubla bien d'avantage.
Ainsi, l'homme avait une fille dont il 'était pas heureux...et il comptait sur elle pour s'en débarrasser...Fallait-il prendre cela comme un compliment ou se méfier très fort ?


Moi, tout ce que je peux lui proposer, et qui vous débarrassera d'elle, c'est de la prendre à mon service, comme...chambrière peut-être, je vous assure qu'elle n'aura guère de temps pour vous embêter...ou alors...je peux aussi l'employer dans les cuisines du Louvre où elle travaillera jusqu'à ce qu'elle s'écroule, sous mes ordres. Vous pensez bien qu'avoir la fille Watelse sous la main sera un vrai plaisir...pour moi.
La Baronne fronça légèrement les sourcils...
Mais si vous tenez vraiment à ce que la diplomatie soit sa voie, alors, il conviendrait d'en discuter avec mon époux qui manque cruellement de diplomates dans les coins les plus reculés de la terre...
Il faudrait aussi entrevoir l'aspect intérêt à agir selon les désirs de Watelse...plus tard...
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Watelse
Présentez-la à votre mari ou au pape, si vous le pensez nécessaire...

Il lui serra la main avec chaleur.

... Mais par pitié que jamais on n'attache mon nom au sien. Elle peut faire reluire les parquets du Louvre mais ne jamais ternir l'honneur des Watelse que j'ai eu tant de mal à redorer! Il m'importe que mes ancêtres aient une descendance, mais une descendance mâle pardieu!

Il toussa un moment, l'excitation lui ayant étreint la gorge trop fortement. Ces secousses parurent le calmer un peu, et c'est d'une voix plus tempérée mais l'oeil prudent qu'il glissa à sa très chère partenaire de piques:

Et vous, que feriez vous de votre enfant légitime s'il mettait en péril trente années de dur labeur et de peine à reconstruire votre bonheur?

Della
C'est par une petite moue qu'elle répondit d'abord à Watelse.
Le puits ! Je le jetterais dans le puits.
Mais ça, ça marche seulement avec les nourrissons parce que après, ils coincent...on les nourrit trop bien et ça ne passe plus, là.


En effet, il était une légende qui disait que Della aurait jeté quelques bâtards au fond du puits de Beumont. Bien entendu ceci n'est qu'une légende mais chacun sait que les légendes ont toujours un fond de vérité, n'est-ce pas ?

C'était étrange, cette façon dont Watelse lui serrait la main, elle aurait presque cru qu'il voyait en elle son unique planche de salut...si seulement elle avait été dupe ! Mais elle le connaissait si bien, son cher ennemi, qu'elle ne l'était pas, dinde ! Même de Noël !


Qu'avez-vous donc contre les enfants filles ? Il en faut bien...sinon comment pourriez-vous avoir un fils si vous n'aviez dans votre couche, une femme ?
Allons, vous ne me dites pas tout, Watelse. Quel secret connait donc votre enfant pour que vous souhaitiez ainsi la voir disparaître de votre quotidien ?

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Watelse
La bougresse voyait clair en lui. Elle percevait sa detresse. Et comme la plus perfide ennemie, elle s'ingéniait à lui creuser l'âme plutôt que de le croire sur parole. Mais la Maître était orfèvre, sa parole n'avait rien de précieux.

Lui parlerait-il du regard de sa fille, le même regard que sa mère lui avait porté à leur dernière rencontre: une flamme de rancune dans un incendie de vengeance. Et ses paroles étaient une de ces prières silencieuses et vicieuses qui plongeaient l'auditeur dans la plus profonde culpabilité.

Il détourna son regard de celui interrogateur, de Della. Un spasme secoua son cou. Les nerfs du vieil homme trahissaient ses troubles. Il essaya de contrer cet élan en tenant son menton d'une main. Vaine pirouette :


Celle qui voit des secrets partout doit en cacher un énorme sous sa cape... Ainsi vous connaissez l'art de supprimer les rejetons non désirés?

Il attendit, mais la blonde montrait son intelligence en ne mordant pas à l'hameçon. Il soupira et expira une réponse:

Elle sait ce qui a fait fuir sa mère. Celle-ci n'a pas su tenir sa langue. La honte et l'opprobe est la seule chose que je crains en ce bas monde.

Édit pour fautes d'orthographe
Della
L'homme paraissait de plus en plus mal à l'aise. Jouait-il la comédie ? Doucement, Della commençait à se poser des questions, peut-être était-il vraiment en détresse, ce pauvre Watelse.
Mais alors qu'elle allait se laisser attendrir, peut-être, voici qu'il redevenait lui-même et dévoilait enfin la raison de sa volonté à se débarrasser de sa propre fille...Elle connaissait un secret qui pouvait valoir quelque malheur à son paternel...Hmmm...intéressant que ceci.

Oh...je vois...et votre fille en sait assez sur vous pour que cela se produise...
Il fallait qu'elle réfléchisse pour ne pas se laisser prendre dans les filets tortueux de cet être aussi fourbe.
Sa main qui se perdit de ses cheveux à sa joue pour achever sa course par un doigt qui se posa près de ses lèvres trahit cette réflexion.
Pour rien au monde, elle ne voulait rater l'occasion de se faire ce larron !


Je pense que le mieux, pour elle, serait de venir vivre à mes côtés. Je saurais la surveiller et l'asservir tant qu'elle n'aura pas une minute pour penser à vous nuire.
Et puis, dans la foulée, en prenant soin de la donzelle, elle finirait bien par partager le fameux secret que Watelse voulait à tout prix faire taire.
Confiez-la moi, Watelse...
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Watelse
Watelse frémit. Ca y est, il était entre ses mains comme une mouche dans les pattes d'une araignée. Il regarda droit dans les yeux sa bourreau. Celle-ci prendrait donc Lissandre sous ses ordres. Elle l'assujétirait. Lui couperait la langue. Embrouillerait son esprit sous le travail. Joli plan. Pas infaillible mais quel autre choix avait-il? Il avait bien songé à la faire supprimer comme il l'avait fait de son valet Mathurin. Dans une rue sombre de Paris. Mais voir ce regard qui lui rappelait tant de choses, s'étaindre était plus qu'il ne pouvait supporter.

Je vous la confie. Faites-en ce que vous voudrez: bonne, nonne, émissaire ou courtisane... Dites-moi où et quand je dois vous l'apporter.

Devait-il la mettre plus en garde sur son caractère? Lissandre avait autant la dent dure contre le sexe fort que lui, sur les dindes femelles. Oh... ça, Dame Della de la Coquinette s'en rendrait compte assez vite. Essayant un ton plus goguenard pour réchauffer l'ambiance :

Et si vous lui dégotez un mari, Ma Personne vous fera un prix raisonnable sur toute mes créations. Elle trouverait ainsi un autre fou à haïr et à hanter.... En parlant de fou, comment se porte votre époux? Toujours aveuglé par ce pitoresque sentiment qu'est l'amour?
Della
Mon époux va bien, merci.
Mais comment arrivait-il toujours à renvoyer la conversation sur elle alors que c'était lui qui se plaignait de sa fille ? Quel diplomate il aurait fait...si seulement il avait voulu...

La Baronne fronça les sourcils et son regard se fit plus intense sur l'orfèvre.

Pour la marier, il lui faudrait une dote, une très bonne dot, vous le savez. Quel serait le moment de celle-ci ? Comprenez qu'il me faut le savoir si d'aventure, je trouvais un époux à votre fille...car vous vous doutez bien que je me soucie du bien de mes employées, surtout lorsque je dois veiller à ce qu'elles restent cachées. D'ailleurs, à ce propos, je pense que de la tenir à Seignelay serait une bonne chose, personne ne fera le lien entre vous deux, en Bourgogne et là-bas, je sais faire taire celles et ceux qui ont parfois la langue trop bien pendue...Comprenez-vous ?
La première partie était acquise, la fille Watelse serait à son service.
Il fallait à présent s'assurer que le père ne viendrait pas, un jour, reprendre sa progéniture, une fois que Della aurait fait d'elle, une jeune fille bien comme il faut. Et en cela, la dot était d'importance capitale...elle ne se priverait pas de prélever quelques menus frais sur celle-ci, en compensation.

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Watelse
En quoi Watelse aurait du être étonné de ce qui suivit : un mâle dans le besoin demande de l'aide à une femelle, qui, suivant sa nature vénale, lui demande en retour de l'or. L'orfèvre en avait un certain montant, même si cela n'était pas encore comparable aux fortunes des Princes. Mais il réservait cet or à son fils, au futur héritier Watelse à venir! Pas question d'en donner ne serait-ce qu'un denier à cette fille de.... de? Fille de grognasse? Fille de traitresse? Fille de briseuse de coeur? Hum.... Elle finirait par lui briser le coeur aussi cette endant. Mieux fallait vraiment couper les ponts de la paternité entre elle et lui.

Sa dote consistera ni plus ni moins en ce qu'apporta sa catin de mère à notre foyer.... moins les bouteilles déjà bues pendant notre mariage qu'elle tenait de son père. Une vraie vinasse qui écorchait la gorge et faisait tousser. Vous ne manquez rien à ne pas en boire...

Qu'avait apporté Blanche par ailleurs? Deux cochons et trois poules. Un trousseau de six robes et un tablier. Deux culottes héritées de sa mère et une coiffe de laine création de sa mère-grand. Non, Blanche n'avait apporté que sa beauté et sa cruauté dans le foyer. Et cela, Della le découvrirait trop tôt. Mieux vallait éviter cette fourberie envers l'unique personne qui lui offrait une porte de sortie à ce triste sort.


Si Lissandre ne peut épouser un gentilhomme, je ne m'offusquerai pas d'un va-nu-pied dans sa couche. Peu me chaut. Elle ne porte pas le nom des Watelse de toute façon.

Néanmoins, il garda un moment le silence. Certes, peut lui importait à lui qu'un va-nu-pied prenne la vertue de sa progéniture reniée, mais cette dernière ne verrait pas ceci de la même manière et, il n'en doutait pas, elle le ferait chanter., elle le pousserait vers sa perte. Elle n'avait rien à perdre, et lui tout. Elle l'avait bien compris, la finaude.

... Hum... Finalement, à bien y réfléchir, Ma Généreuse Personne ne conçoit pas d'agir autrement qu'avec la dignité qui a fait Sa réputation: Trouvez lui finalement un bon parti. Je mets 300 écus de dote par an et un apport de base de 200 écus et un champ de blé des plus productifs. Don anonyme bien entendu. Cela vous parait-il satisfaisant? Souhaitez-vous un montant pour vous-même par la même occasion? Une sorte d'incitation pour votre silence...
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