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[RP] A fleur de peau... ou quand la Fleur se meurt...

Briana.
Montpellier... En son centre, une demeure. Celle qui les a vu s'y installer.
Deux jours à peine que les malles ont été posées, que les de Courcy et leur valet on prit possession des murs mornes et froids d'une de ces vieilles maisonnées bourgeoises qui durant longtemps a dû restée vide d'habitants.
Il n'est pas une pièce aujourd‘hui, qui ornée d'une cheminée, n'est pas reçue en son foyer bûches nécessaires à nourrir un feu ardent. De ces feux, qui, doucement, réchauffent l'air ambiant et fredonnent de leurs chants crépitant et apaisant, tandis que dehors, bat inlassablement contre les vitres et la pierre, les pluies mêlées aux bourrasques de vent et à la tombée des neiges.

La déchéance du temps, Briana s'en fait spectatrice depuis cette chambre qu'elle n'a quasiment plus daigné quitter depuis leur arrivée. Éléanore, poupée longtemps délaissée, est depuis même venue la retrouver. Quelques temps abandonnée au fond d'une malle, et elle en avait été ressortie… Elle, seul objet qui permettait encore à la jeune de Courcy de se raccrocher à ces souvenirs d'un temps passé. De ces moments où ensemble, arpentant les chemins de Dieppe au Mans, du Danemark au Royaume de France, avait été partagé tous ces instants de bonheur, de douceur qui semblaient être si loin à présent.

La Normandie, le Maine... Ribe... Tous semblait si loin,.. Trop loin…, alors qu'elle était venue se perdre ici, en Languedoc. Comté totalement étranger qui ne lui offrait aucun repères. Lieu où elle avait craint d’aller certaine de ne rien y trouver d’aussi bon que ce qu’elle avait pu connaître aux côtés de sa Marraine dont on l’avait privé. Elle l’avait quitté… Elle et tout les autres, pour aller retrouver cet Autre qui lui avait tant manqué. Celui dont on l’avait privé aussi, sous peine qu’il ne la revoit plus jamais. Au fond d’elle, la joie était là, discrète, mais bien présente de l’avoir là, près d’elle, mais pour autant, elle se sentait toujours aussi esseulée.
Un seul être vous manquait et tout vous paraissez dépeuplé. Foutu adage qui disait vrai…

Et le seul endroit où elle arrivait encore à se sentir à peu près bien, restait lorsqu'elle se cloîtrait entre les quatre murs de cette chambre qu'elle occupait. Parce que comme dans une bulle, elle s'y enfermait, s'y laissant transporter dans d'innombrables songes, loin du chahut du monde extérieur... Ce monde qui lui rappelait qu'elle n'était plus chez elle désormais.
De temps en temps, quelques visites réussissaient à l’en faire sortir, la poussant même jusqu’à mettre le nez dehors. Tout était fait pour aider la jeune fille à se familiariser avec les lieux, allant de ces déambulations quotidiennes entre les divers étals qu’offraient le marché, le partage de quelques chauds breuvages là de les réchauffer, et qui plus est, leur permettant de se confondre un peu à la population, mais rien n’y faisait. Briana était certes là, mais le cœur lui ? Où était-il ? A mille lieues de là.
Bien loin de toute cette haine entretenue, qui ne faisait que gonfler afin de mieux se déverser sur les membres de sa famille, telle une tempête qui, après s’être nourrie, venait faire s’écrouler tout ce qu’on avait, ou tout du moins essayé, de reconstruire, comme un simple souffle serait capable de faire s’écrouler n’importe quel château de cartes.

La souffrance est là, pour elle, de voir deux êtres qu’elle aime se déchirer à n’en plus pouvoir se supporter. Depuis des années, des mots, elle en a entendu, des gestes, elle en a vu… Et si jadis elle n’en comprenait pas le sens, aujourd’hui, les choses avaient changées. Elle aussi était touchée. Peinée de voir sa mère blessée par de cruelles vérités. Meurtrie de voir en son cousin une noirceur décuplée. Les mots sont assassins qui s’insinuent à l’esgourde, se gravent à l’esprit et piquent le cœur. Il la crève de douleur, font se faner la fleur. Et personne ne voit rien.
Si seulement chacun pouvait y mettre un peu du sien… Voilà qui aiderait peut-être.
Peut-être à retrouver un climat plus serein.
Quelques uns de ces instants qui lui avait été promis avant même qu’elle n’arrive jusqu’ici.


    «  Comme à Ribe, comme avant… Comme cela aurait toujours dû l’être… »



Mais alors où étaient-il ce temps, celui d’avant ?
Elle aurait voulu qu’il se présente maintenant, laissant derrière elle, les réticences, les haines, les calomnies. Oublier le mal, pour ne plus voir que le bien. Mais sans doute pour cela devrait-elle laisser le temps au temps de faire son œuvre. Cesser de s’immiscer dans ces histoires d’adultes encore quelques temps, comme elle s’évertuait à le faire en restant enfermée, passant de sa couche au petit mobilier qui faisait office de coiffeuse, et devant laquelle elle prenait temps de s’asseoir pendant que sa mère, coiffant ses long cheveux, faisait face à ses silences. Et puis n’était-ce pas mieux ainsi . Pour elle, il allait s’en dire que si. Elle était mieux ici, tandis que ses forces s’amenuisaient à vue d’œil.

Ce jour, la Môme était restée alité bonne partie de la journée, refusant encore de se lever, repoussant une fois de plus le plateau qu’on lui avait monté, le laissant à l’abandon sur une table trônant au milieu de la pièce. Un plateau, qui comme tous les autres, repartirait intact en cuisine, donnant à sa mère de poser sur elle de ces regards évocateurs de mécontentement, le tout accompagné d’une inquiétude certaine. Mais ce nœud qui lui tordait les viscères, martyrisant ses entrailles, l’aurait empêcher d’avaler quoi que se soit. Il n’y avait bien qu’un peu de lait ou d’eau alors qui parvenait à glisser le long de sa gorge, mais encore fallait-il qu’elle se force à l’avaler.
Une eau que pourtant son corps s’était soudainement mis à réclamer à outrance.
A ses côtés, jouxtant sa couche, se trouvait un chevet sur lequel avait été posé un calice rempli d’une eau claire et fraîche. Après un effort pour s’être redressée, main l’avait enserré pour le porter aux lèvres froissées d’être trop sèches. Chaud… Elle se sentait prise comme dans un gouffre. Comme si le feu à l’intérieur d’elle l’avait gagné. Chaleur d’un état fébrile qui était venue chasser la froideur qui l’avait enlacé de ses bras jusqu’alors.

D’un geste, le tout de ce qui la couvrait avait été rejeté sur un côté du lit, prête à se lever, avec l’idée d’aller plonger ses mains dans un petit bassin mis à sa disposition près duquel une cruche attendait de voir son contenu y être déversé.
Doucement, les deux jambes que l’on devinait amaigries furent passées en bord de couche, ses pieds nus épousant un sol parqué de carreaux de terres cuites. Agréable fut la sensation au contact offrant un appréciable degré de fraîcheur.
Bras tendu, elle vint refermer sa main sur le bois bordant les pieds du lit. Un appui nécessaire pour que la Mini de Courcy trouve enfin la force de se hisser sur ses deux jambes, son poids se faisant lourd à supporter. Quelques pas chancelants furent fait et les yeux soudainement relevés étaient venus trouver point fixe sur le bassin qu’elle tenait tant à rejoindre. Et Dieu qu’il lui semblait loin… et la pièce qui doucement se mettait à tanguer comme on se trouvait sur le pont d’un bateau luttant contre la houle, ses mains serrant le vide à la recherche d’une possible accroche mais en vain.

C’était tout son monde qui était en train de s’ébranler… Ses membres se mettant à trembler. Elle aurait voulu crier alors, mais n’y parvint pas. Sa voix était là, prisonnière de son être, refusant de se laisser aller à l’éclat. Dextre et senestre apposées sur ses tempes, sa vision brouillée, apeurée, c’est sans comprendre qu’elle se senti tout à coup défaillir, ses dernières forces l’abandonnant.
Au vacarme qu’elle fit en tombant, entraînant dans sa chute la petite vasque et la cruche de mettre en alerte la maison.
A ses yeux plus de lumière, aux esgourdes plus de son. Seul à sa bouche et en sa gorge se faisant encore sentir un léger arrière goût de sang. Dans sa chute, quelques blessures… L’intérieur d’une joue meurtrie, un avant bras lacérés de quelques coupures, le grès brisé venu grossièrement s’y planter.

Qu’était-il en train de lui arriver ?
Quel mal s’en venait soudain la frapper ?

Et si là n’était qu’un mal pour un bien…
Artheos




    Et le temps passait. Arthéos avait appris à ne plus sentir l'isolement des heures perdues. Mais parfoisn elles étaient bien trop profondes et tristes, pour ne pas sentir leur poids vous étouffer. Montpellier n'échappait pas à la règle des 3 M. Mélancolie, malheur et... mer. La mer était là. Immuable, éternelle ! Il ne l'avait jamais vue. On la lui avait promise. On l'a lui avait retirée. Et finalement, quand il s'y était attendu le moins, elle était venue à lui, la mer. On lui avait qu'elle ressemblait à ses yeux. Il se retrouva face à un miroir. Le valet était en face de ses prunelles. Bleutées, aux reflets d'argent. Brillante, cette étendue vaste et douce. Il en était maintenant convaincu : c'était ici la fin du monde. Que pouvait-il y avoir ailleurs ? Au-delà de cette immensité, si ce n'était le vide ? Personne n'avait jamais pu le lui apprendre. Et le domestique restait sourd à tout raisonnement. Son paradis, c'était celui-ci. Y avait-il des gens sous l'eau ? Des êtres peut-être comme lui, nostalgique d'une époque qu'ils n'avaient jamais connu. Triste pour chaque connaissance. Et si leurs larmes avaient façonné cette mer ? L'idée plut beaucoup à Arthéos. Peut-être était-ce ici, sa destinée. Il se jura intérieurement, que quand tout espoir serait chassé de sa vie, quand il serait vieux, ou jeune, quand plus rien ne l'attacherait à ce monde si triste et si vain, alors il marcherait vers la mer, cette mer, et disparaîtrait, au milieu de ses yeux. Dans son regard éternel. Ce silence inquiétant. Ce puits de vérité. Cette vaste tranquillité.

    Avec quelques fruits achetés au marché, Arthéos revint à l'appartement prêté par le messire Osfrid. Ah ! Celui-là ! Bref. C'était assez grand pour la troupe qu'ils étaient, et assez propre, pour la condition de sa maîtresse. Il crut d'ailleurs que la maisonnée était déserte. Osfrid devait courir les rues en quelques façons bien à lui. Et Adeline... Adeline, qu'est-ce qu'elle avait à faire seule en Montpellier ? Sans doute à la taverne. Il fallait la laisser. Tout quitter n'était jamais simple. Et puis, elle savait se défendre contre les vilains ivrognes. Du moins, il l'espérait. Il posa ses fruits de saison sur la table de la cuisine, et commença à s'inquiéter pour Adeline. Ses sentiments lui disaient de la laisser tranquille : elle devait en avoir un peu marre du valet toujours sur ses pas. Mais sa conscience, elle, n'était pas sereine. Si jamais elle était blessée, ou pire, ce serait de sa faute. Car il ne serait pas allé la voir. Les deux mains posées sur la table de bois, Arthéos soupira. Sa décision était prise. Il devait retrouver Adeline.

    Mais au même moment, à l'étage, un vacarme résonna. Arthéos sursauta. L'appartement subissait une attaque. Des réformés, des soldats, des Bourguignons ? Mais plus rien. Inquiet. Très inquiet. Mais cela venait des chambres. Le valet monta les marches deux par deux et entrouvrit toutes les portes. La sienne, très belle, rien. Celle d'Adeline, rien. Celle de Briana... Briana !

    La demoiselle était allongée sur le sol de la pièce, au milieu des débris d'une cruche. Quelque chose n'allait pas. Elle était malade, et sévèrement. Arthéos ne pouvait pas décrire ce qu'il voyait. Mais il y avait du sang. Rouge sombre. S'écoulant du bras. Le valet s'agenouilla près de la victime et n'osa pas la toucher. Ses mains s'approchaient mais s'arrêtaient et devenaient maladroites. Ah si seulement, il avait écouté aux cours de son précepteur. Mais il avait écouté ! Ne pas retirer les morceaux tranchés du bras. Laisser faire un vrai médecin, tu n'en es pas encore un, Arthéos. Oh, Maître, je ne pense pas que j'égalerai un jour votre savoir ! Avec le temps tout est possible. Retour en arrière. Retour à la réalité.

    La jeune fille n'était pas bien lourde. Il passa une main sous ses genoux, l'autre sous sa tête, et la souleva, tout contre lui.

    - Briana, allons ! Que vous arrive-t-il ? M'entendez-vous ? Oh ! J'aurais dû veiller sur vous...

    Il la déposa d'une douceur infinie sur le lit. Un médecin, il fallait un médecin. La vicomtesse l'était ! Il fallait la trouver. Mais il fallait aussi veiller sur Briana ! Arthéos se précipita vers sa chambre. Un pigeon était retenu dans une petite cage. Il écrivit quelques mots et l'envoya dans les rues de Montpellier, à la recherche d'Adeline. Puis paniqué, le valet retourna au chevet de Briana.

    Il était si tourmenté par ce qui arrivait. Grâce à un petit linge, il essuya délicatement un peu de sang qui s'échappait depuis les lèvres de la jeune fille. Tel un père, ou un grand frère, il redressa les mèches de ses cheveux, d'un geste sûr et rassurant. Jamais une telle douceur n'avait émané de lui. Mais ses yeux se posèrent sur le bras, et là, il était bien impuissant.

    - Votre mère va arriver, je suis ici... tout va bien... tout va bien...

    Soudain, il pensa à la mer.


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Deedee
La simplicité retrouvée, le calme aussi, la possibilité de déambuler dans les rues, entrer dans les tavernes sans craindre un faux pas, une insulte, une critique, juste le plaisir de rencontrer du monde, flâner, étudier et surtout… retrouver ce bonheur d’être auprès de ses enfants. Seul ombre a ce tableau idyllique, l’absence de son fils… Cette tête de mule n’avait pas voulu attendre l’escorte prévue et sa gouvernante pour partir, et avait pris la route seul. Seul ! Il était donc a cheval, seul quelque part dans ce royaume ! Mais de qui pouvait-il donc tenir pour être aussi têtu et tête brulé ce gamin!
La jeune femme essayait de ne rien montré de son inquiétude, Erwan était grand, presqu’un adolescent, il l’avait déjà suivit dans l’armée, il avait appris a manier l’épée, il savait monter à cheval, et puis… c’était SON fils, il ne lui arriverait rien. Il ne pouvait rien lui arriver.

Elle songeait ainsi la vicomtesse, à l’un, puis à l’autre de ces enfants, tout en ce disant qu’elle avait une chance inouïe d’être ici, d’être là, et de pouvoir de nouveau vivre. Le repos ? C’était réglé. Sa fille ? Elle pouvait enfin passer des heures a ses cotés. Son fils ? Il serait bientôt là. Ne restait plus que son cousin. Il était étrange qu’en sa présence les mots sortaient avec hargne et violence. Il était l’un des seuls dans ce royaume a lui dire les choses en face, sans demi mesure certes, sans formes non plus, mais au moins elles étaient dites, et en face, combien de fois Adeline aurait voulu le remercier, lui dire qu’il avait raison, qu’il avait toujours eu raison, mais qu’elle était trop fière pour le reconnaitre, combien de fois ? Mais malheureusement… chaque fois, les mots se mourraient avant de sortir, ses poings se serraient et c’était une véritable bataille qui se jouait dans son cœur, entre colère et abandon. Le temps peut être ferait son œuvre… Mais en avait-il du temps ?

Le marché de Montpellier offrait à ses sens tout ce dont elle avait besoin pour s’apaiser et flâner l’esprit tranquille. La vue, l’odeur, il y avait toujours quelque chose sur les étals qui attiraient ses sens. Et ce jour là, elle avait passé une partie de la journée enfermée dans sa maison, à lire, écrire et… veiller sur son enfant, sa petite princesse qui une fois de plus lui avait assurer avoir envie de se reposer, un « mal de ventre » qui lui semblait bénin, elle, médecin, comment cela pouvait être autrement. Et puis quoi de plus normal après un tel voyage, après toute ces émotions. Adeline ne s’en était pas inquiété, pas outre mesure et pourtant…
Elle cherchait la Normande, quelque chose d’exceptionnel, de spécial, quelque chose qui redonnerait le sourire a son petit ange, quelque chose qui pourrait lui donner de l’appétit, et le marché regorgeait de tellement de chose.
Tellement ? Oui, oui tellement ! Et même des pigeons !
Son cœur s’arrêta l’espace d’un instant lorsqu’elle vit la reconnu la bestiole, l’un des pigeons d’Arthéos, mais que diable faisait-il ici ?
Le pigeon, le message, son sang se glaça soudain à la lecture des quelques mots écrit et Adeline en lâcha son panier.


-Dame, tout va bien ? Résonna une voix non loin. Mais la jeune femme ne l’entendit même pas, courant déjà dans les rues pour rejoindre sa maison au plus vite.

Sa fille…
Un malheur…
Comment ne l’avait-elle pas vu ?
Comment n’avait-elle pu remarquer ?
Comment ? Pourquoi ? Que…

Elle poussa a la volée la porte d’entrée qui vint se cogner violemment contre le mur avant de gravir, quatre à quatre les marches de l’escalier menant au chambre en criant :


-Arthéos ! Briana ! Où est-elle ?!

Et puis enfin…
La porte de la chambre d’enfant ouverte et ses yeux se posèrent immédiatement sur Arthéos et sur le lit… Ce lit où gisait pale comme la mort son enfant. SA fille. Sa petite fille qu’elle avait bien trop souvent négligé et là… maintenant… encore maintenant.
Doucement elle s’approcha, remarquant au passage les bris fracassé de la vasque qui trônait auparavant à coté de son lit, les taches de sang lui sautèrent immédiatement aux yeux et son regard se porta sitôt après sur Briana cherchant d’où pouvait provenir le sang avant de remarquer son bras et la blessure sanguinolente.
Que c’était-il passé ? Une agression ?
Comment avait-elle pu se blessé autrement ?


- Que s’est-il passé ? Dis-moi ? Que s’est-il passé ? Demanda-t-elle laissant la panique l’envahir avant de prendre place à coté de son enfant.
Instinctivement les gestes qu’elle avait si souvent répéter auprès de ses malades vinrent prendre leur place, sa dextre caressa doucement le front, le crane, cherchant d’éventuelle autres blessures avant de descendre sur la joue pour aller ensuite examiner son bras.


-Vite, va me chercher de l’eau fraiche, des linges, et mets moi de l’eau à chauffer également… Ohhhh Arthéos… mais qu’est ce qui arrive…. Qu’est ce qui arrive… Il me faut ma besace aussi, dans ma chambre… oui, c’est ça, elle est dans ma chambre…

Ce n’était pas la des ordres qu’elle donnait, avec lui, il n’y en avait jamais eu, mais avec la voix tremblante et le regard angoissé cela ressemblait plutôt a une supplication. Vite, il fallait faire vite et calme… rester calme surtout et ne pas laisser la panique prendre place. C’était pourtant là la clé d’un médecin… Oui mais… combien cela était difficile quand il s’agissait de son enfant…

-Briana… Briana tu m’entends ? Je suis là mon ange.. je suis là… Murmura-t-elle doucement en caressant le visage de l’enfant.
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Briana.
Un léger soubresaut et une grimace qui vient marquer les traits d'un visage angélique. Les paupières closes commencent à papillonner ouvrant regard sur un grand flou. Le rictus est là, qui se fige, synonyme d'une douleur qui lancine en même temps que se fait infecte ce goût de sang qui subsiste à son palais et qui s'écoule tout du long de sa gorge. Les lèvres, elles, sont sèches, qui s'étirent et se craquèlent alors que la bouche s'entrouvre à peine. D'entre elles, un son qui s'échappe, tout juste audible. Une jérémiade ; complainte d'une Môme écorchée vive.

Aussi, mains à plat contre la pierre, c'est sans espoir qu'elle essaie de se soulever. L'effort est vain, parvenant simplement à décoller sa joue avant que de nouveau elle ne s'en vienne lourdement embrasser le sol. Aux muscles qui se contractent de se resserrer autour de ce bout de matière qui est venue lacérer ses chairs et qui lui arrache un nouveau cri, s'accompagnant d'un flot de larmes lui noyant les joues.
Elle voudrait que quelqu'un s'en vienne, la relève, s'occupe d'elle.
Quelqu'un a-t-il seulement entendu le brouhaha causé par sa chute ?

Visiblement oui. La tête a beau lui sonner encore, les yeux s'être ouvert sur la brume, l'esgourde, elle, reste sur le qui-vive. Et les pas qui gravissent les escaliers se font sensiblement entendre. A chaque pas qui cognent le bois, c'est comme un choc qui accompagne les battements affolés de son coeur. Un coeur qui fait mal parce que sa propriétaire a peur. Peur pour ce qui vient de se passer.
A l'intrusion dans sa chambre de la rassurer un peu. Doucement la tête s'incline, glissant sur le sol qui s'est réchauffé de l'avoir reçu. Infime mouvement qui se fait douloureux.

Il est un prénom soufflé dans un murmure. C'est sa silhouette qu'elle devine se jetant tout près d'elle. Une main le cherche, tâtonnant le sol, passant par cette petite mare de sang qui s'est accumulée avant qu'elle ne trouve enfin contact dont elle avait besoin. Se raccrocher à quelqu'un... Pour ne plus se sentir seule.



" A...rthéos "


Et c'est sans lutte aucune, qu'elle se laisse soulever, bras et jambes retombant lourdement dans le vide, se laissant aller aux bras de leur Valet.
Arthéos... Biensûr qu'elle entend sa voix. L'inquiétude qui accompagne son timbre.
Sur la chemise, les doigts souillés de son essence se referme lentement avant de lâcher prise lorsque son corps retrouve le douillet de sa couche. Mais si le confort est de nouveau là, le mal ne s'en fait pas moins ressentir et ce qui lui coule de chaud sur la peau ne s'arrête pas. C'est son sang qui continue de s'échapper pendant qu'Artheos se précipite hors de sa chambre. Un cri qui résonne alors pour le rappeler :



" Arthéos ! Je vous en prie... Revenez ! "


    * ... Ne me laissez pas... J'ai peur... Je n'veux pas mourir sans personne à côté de moi... *


Des mots qui ne s'échappent pas cette fois. Qui ne font qu'être dit en silence.

Soulagée de le voir revenir, le soupir se fait entendre.
Il se fait aise aussi lorsqu'un linge humide vient trouver le front bouillant et qu'il humecte légèrement ses lèvres.
Les azurs viennent trouver réconfort dans le bleu que lui offre celui de son brave Artheos. Elle l'écoute tout autant, sa main s'agrippant une nouvelle fois à lui. Pour qu'il reste là. Qu'il ne parte pas...
Présence rassurante dont elle ne saurait se défaire jusqu'à l'arrivée de sa mère.



" Oh Artheos... Qu'est ce qui m'arrive ? Suis-je en train de mourir ? Que fais Maman ? Et... Et je veux voir... "



En bas déjà se fait entendre claquement sourd d'une porte qui fini sa course contre le mur.

"... Je voudrai voir Osfrid."


Et la voix maternelle, retentissante, qui vient soudainement faire trembler toute la maison, étouffant avec elle les derniers mots de l'enfant. La voix de sa mère se devine tremblante, empreinte à la panique de voir la chair de sa chair alitée, dans triste état.
Aux yeux de Briana de se perdre sur sa mère. Elle voudrait lui sourire, pour la rassurer, mais la douleur qu'elle ressent, la force à faire autrement. C'est l'angoisse, la douleur qui marque, stigmatise les traits.

Aux mots doucement soufflés, un léger hochement de tête est effectué en guise de réponse. Elle est là, elle le sait. Bienheureuse elle s'en fait, mais au tableau manque quelqu'un. Quelqu'un dont elle a besoin.
Sur une inspiration, l'air qui s'insinue dans ses poumons la force à tousser avant qu'elle ne puisse enfin de nouveau s'exprimer, et de demander à sa mère de bien vouloir l'exaucer :



" S'il vous plaît Maman, faites venir Osfrid... Je... Je veux qu'il vienne..."


Effort d'un corps en demande... Elle est là, qui cherche à se raccrocher, à sa mère cette fois, qu'elle essaie de ceindre de ses deux bras oubliant un instant le mal qui la fait progressivement pâlir.
Effroyable douleur, lorsque dans le geste, l'intrus qui se trouve dans son bras, s'y enfonce plus encore.
Émotion trop intense, la Môme aussi s'enfonce, elle vers l'inconscient, coeur et cerveau enveloppés dans un linceul vaporeux... Vague tombeau...
Deedee
Il est des moments comme cela, où l’on aimerait simplement remonter le temps et l’arrêter. L’arrêter avant le moment fatidique, faire en sorte qu’il n’arrive pas et que le destin change d’un simple claquement de doigt. Il est de ces moments, où l’on aimerait simplement qu’ils ne soient jamais arrivés, jamais.

Adeline caressait doucement le front de sa fille remettant une mèche de cheveux souillé par le sang qui s’était échappé de la petite plaie sur la joue. Du sang, du sang, encore du sang, qu’en avait-elle pas assez de voir toujours le sang coulé, pourquoi donc fallait-il toujours qu’il y ait du sang versé pour qu’enfin elle se rende compte la Normande… qu’elle se rende compte a quel point la vie était importante…

Son regard croisa celui de l’enfant pour se perdre dans la douleur et la peur qu’elle pouvait exprimer et machinalement sa main vint doucement caresser le front avant d’y déposer un tendre baiser, inquiète… terriblement inquiète. Tant de questions se bousculaient dans sa tête et toujours sans réponses.
Instinctivement, Adeline retrouva ces gestes qu’elle avait tant et tant reproduits lorsque Briana était toute petite, brulante de fièvre, luttant contre ce mal qui avait fait craindre le pire à ses parents. Ces mêmes gestes lorsqu’elle tenait en ses bras le petits corps fébrile qu’elle ne voulait pas laisser partir. Instinctivement, elle passa son bras sous sa nuque pour la serrer contre elle juste pour lui montrer qu’elle était là, pour elle… et rien que pour elle…


" S'il vous plaît Maman, faites venir Osfrid... Je... Je veux qu'il vienne..."

La voix de Briana s’éleva alors faiblement, quelque mots seulement, mais des mots qui firent battre son cœur encore plus fort dans sa poitrine. Adeline ne saurait dire si c’était la demande de sa fille de faire venir leur cousin ou si c’était de la voir perdre connaissance, mais elle n’eut pas le temps d’y réfléchir. Le petit corps meurtris de l’enfant vint s’affaisser dans ses bras alors qu’elle tentait vainement de s’accrocher à elle.

-Briana !

Elle avait crié, comme si sa voix avait pu retenir l’enfant déjà tombé dans les méandres de l’inconscience, comme si d’un simple mot, comme dans les histoires pour enfant, elle avait pu tout effacer, que rien n’ai jamais existé… mais….
Adeline leva alors les yeux vers Artheos, essayant de retrouver son calme, ne pas paniquer, mais prendre les choses en mains au plus vite… au plus vite.


-Artheos ? Il faut trouver Osfrid… Au plus vite. Je t’en pris … trouve le vite…

Bien plus qu’une demande, c’est une supplication qui sort de la bouche de la vicomtesse. Une supplication pour accéder à la prière d’une enfant avant que…
Le regard accroché à celui de son valet, la jeune femme serra machinalement le corps inerte de sa fille dans ses bras avant de le reposer avec une délicatesse infime sur la couche.


-Vite Artheos…vite…


Elle avait murmuré ses derniers mots, déjà occupé a soigné le bras meurtris de son enfant. Le corps étranger avait fait son œuvre, s’enfonçant dans les chairs assez profondément. Il lui faudrait sans aucun doute une patience infime et un doigtée minutieux pour le retirer et refermer le sillon laissé par l’objet.
Mais sans réfléchir d’avantage, sans perdre un instant, le médecin a repris sa place, laissant la mère à ses inquiétudes, et déjà, ses mains qui avait déjà soigné de nombreux blessé, s’affairait sur le corps meurtris.

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Osfrid
    Des jours qu’il voyait Briana s’enfoncer dans cet air taciturne dont il devinait la cause, des jours qu’il ne savait que mordre lorsqu’elle venait à lui par la colère qui l’étouffait et dont elle n’était aucunement responsable. Et des jours qu’il maudissait cette situation qui faisait souffrir tout le monde.

    Briana aurait mérité qu’on la laisse vivre chez sa marraine, au Mans mais sa mère ayant une propension à se faire des ennemis, la gosse subissait. Elle subissait le déracinement comme l’obligation de vivre avec cette mère qu’elle connaissait à peine, ce cousin qui devait les surveiller pour leur bien et le devoir de ne pouvoir faire quoi que ce soit sans en référer à l’un ou l’autre. Pour une enfant c’était bien au-dessus de ses forces, sans oublier être le témoin des incessantes disputes entre Osfrid et Adeline qui minaient aussi ses journées. Car, comme à l’accoutumée, un jour ne pouvait se passer sans déclaration de guerre entre les deux adultes. La dernière en date avait eu raison de toute la bonne volonté d’Osfrid à vouloir aplanir les choses. Il avait promis à Briana de faire un effort, pour elle, pour qu’elle se sente en sécurité auprès de lui, aimée et choyée comme à Ribe où ils avaient vécus des moments inoubliables mais Adeline avait osé porter un jugement sur la mère du danois, allant jusqu’à la traiter de menteuse. La dernière goutte qui avait fait déborder le vase… sans aucun doute. Osfrid ne pouvait plus pardonner, non il ne pouvait plus et surtout n’en n’avait plus l’envie. Avec une femme comme la mère de l’enfant, cela passait ou cela cassait… et pour le moment tout était brisé, mort, quasi enterré.

    Toutefois, dans ce monde cruel dans lequel il évoluait, Osfrid tentait de garder à l’esprit que ce n’était pas pour Adeline de Courcy qu’il faisait les choses mais pour Briana. Et si pour la petite de Courcy il faisait des efforts surhumains, il ne pouvait mettre constamment genou à terre. Sa santé mentale était en danger, il le savait . Pourtant, il ne voulait pas abdiquer aussi facilement et laisser Briana seule alors il lui fallait trouver des moments à partager rien que elle et lui, loin de sa cousine pour préserver le petit équilibre qu’ils connaissaient tous les deux car Briana était la petite étincelle de vie qui gardait son existence éveillée. Elle lui était devenue indispensable, il ne pouvait le nier. Et c’était fort de cette nouvelle résolution qu’il avait pris le chemin en direction de la maison que ses cousines habitaient depuis leur arrivée à Montpellier. Lui n’avait pas voulu y venir, se préservant un peu plus dans la solitude qu’il affectionnait. L’auberge lui suffisait et encore heureux sinon il aurait fini par tuer. Soupirant en marchant, Osfrid cherchait l’idée qui lui viendrait à l’esprit pour embarquer Briana avec lui sans que sa mère décide de les accompagner mais à peine eut-il été devant la porte d’entrée qu’il percutait de plein fouet Arthéos, le valet d’Adeline. Un regard vers le bonhomme qui, les cheveux hirsutes, le regard hagard semblait avoir croisé la mort. Le danois le bouscula méchamment afin de pénétrer dans la maison tout en l’attrapant par le col.


    - Qu’est-ce que tu as fait ? Mais répond espèce de crétin…

    Osfrid secoua le valet mais n’obtenant pas de réponse, il le relâcha aussi vite pour aller fouiner dans la maison. Rien au rez-de-chaussée alors il monta les marches quatre-à-quatre pour arriver devant la seule porte qui était ouverte en grand. Et là sur le pas de la porte, le danois porta une main sur le chambranle pour se retenir. Le corps de Briana bien pâle lui fit un mal de chien. Même à Ribe il ne l’avait pas vu ainsi lorsqu’elle avait pris froid et pourtant il y avait de quoi. S’approchant doucement, il posa une main sur le front de la petite avec douceur et délicatesse avant de prendre sa petite main dans la sienne et la porter à ses lèvres.

    - Hé ma petite Valkyrie… qu’est-ce que tu nous fais là…

    Les doigts du danois couraient sur le front de la petite toujours sans un regard pour sa cousine. La colère avait été mise entre parenthèse le temps de sa venue mais il ne fallait pas trop lui en demander.

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Briana.
Perdue dans les "Limbes" de l'inconscience, c'est la brume qui l'accompagne. Elle est là, sans l'être vraiment, se laissant aspirée, engloutir par un épais brouillard dans lequel elle flotte, sans plus rien ressentir de la douleur qui la frappe. Sans plus comprendre non plus ce qui la touche.
Non ! La seule chose qui reste encore : des bruits de fonds, des voix qui au loin se font entendre.
Elles sont ce qui la relie au réel, ce à quoi elle se raccroche.

Et quand bien même, ce nuage qui la berce se veut bien douillet, bien épais, elle continue de s'y enfoncer la peur au ventre. Étrange cocon qui la ceint avec légèreté et qui pourtant semble vouloir l'emprisonner, jusqu'à l'engloutir totalement.
Autour d'elle, toujours ces voix qui s'élèvent. Mais pas n'importe lesquelles.
Elles pourraient être celle de sa mère, ou bien encore celle d'Artheos qu'elle avait laissé à leur monde, se laissant happer par le sien, mais il n'en est rien.

Continuant d'évoluer dans le flou le plus complet, elle croit en reconnaître une première. Attentive, esgourde offerte aux bruits qui l'entoure, elle devine : le grave d'une voix masculine. Elle se fait de plus en plus proche pendant que le paysage brumeux à ses yeux défile. Les paupières se froissent alors, le regard se mettant au guet d'apercevoir celui qu'elle entend. Puis dans le brouillard, se dessine progressivement la silhouette. Elle est celle de son père.
A lui son bras se tend sur une main ouverte, tandis que d'une voix frémissante, l'enfant implore :



" Aidez-moi... Je vous en prie... Aidez-moi..."


Mais de retour il n'y a pas. Il n'est pas de main qui soit là de recevoir la sienne, ni même de regard qu'il lui porte. Il est simplement là et comble de tout, il ne la voit même pas.
Mais lui a t-il seulement porté d'intérêt une fois dans sa vie ?
Combien d'enfants, de personnes donneraient pour avoir encore père et mère ?
Elle, dispose encore des deux. Une chance lui dirait-on. Mais quelle chance ? D'avoir des parents vivants mais qui ne savent pour autant pas regarder leurs enfants ?
Il est un père, inexistant à la vie de sa fille et preuve s'en fait encore qu'elle ne peut en rien compter sur lui.

La silhouette paternelle disparaît alors, tandis qu'elle se sent abandonnée à son sort.
Voilà la chute vertigineuse qui commence.
La sensation extrême de tomber dans le vide se fait ressentir, intense, arrachant à la Môme un cri immense, accompagné de pleurs.
Puis une seconde voix, une main qui la saisie, qui la retient. Les deux sont douceurs : Carenza.
Sa nourrice est là elle aussi qui lui sourit. Rassurante image pour les yeux qui sont rougis. Suspendue dans le vide, elle se raccroche à sa main du plus fort qu'elle le puisse, observant les lèvres remuer et laisser s'échapper de ces douces paroles qu'elle lui a si souvent prononcée lorsque bien plus petite, elle était prise de peurs immenses :



" Chuttt ! N'ai de crainte mon enfant ! Tu n'es pas toute seule. Jamais. Tu auras toujours quelqu'un pour veiller. Si ce n'est ton père ou bien encore ta mère, se sera moi. Et si un jour, je ne suis plus là, et que tes parents non plus, alors ouvre bien grands les yeux et regarde autour de toi qui s'y trouve. Jamais seule Briana. Entends bien cela. Il y aura toujours quelqu'un pour t'offrir une main... Tout près."



A ses mots, le sourire né pour s'effacer aussi vite qu'il était venu marquer les traits enfantins. Sous ses doigts c'est ceux de sa nourrice qu'elle sent se dérober avant de tomber.

Seul au loin sa voix lui parvient encore :



" Ne t'inquiètes pas ! Et accroche toi à la prochaine main qui s'offrira à toi. Serre bien fort sur elle tes doigts et écoute... Tout ira bien ! Tu verras ! N'as-tu plus confiance en moi ?!"


Ne plus avoir confiance ? En la seule femme qui a su envers elle, tenir le rôle d'une mère ? Comment pourrait-elle ? Et comment ne pas se raccrocher à ce dernier espoir qu'elle lui a offert, de cesser cette chute vertigineuse ? Elle veut y croire. Et y croyant si fort, elle perçoit une voix, masculine là encore. Familière. Osfrid
Elle se rapproche, se fait chaude à l'oreille. Et avec elle, un souffle qui la parcoure, qui réchauffe, et qui réveille.
Doucement le corps frêle se mouve, et ses doigts se referment sur cette main qu'elle sent en contact de la sienne. Les yeux s'entrouvrent, le devinant là, penché tout près d'elle.

" Tout près "... Les derniers mots d'une Carenza venue envahir son esprit retentissaient encore. Il était celui à qui elle devait se raccrocher. Lui qu'elle adorait tant. Mais ça, elle le savait déjà. Il était juste un signe venu le lui confirmer un peu plus.



" Osfrid... Vous êtes là. Dieu merci, ma mère vous a fait venir. "


Loin de s'imaginer ou bien encore de se préoccuper de savoir si oui ou non il était venu là quant à son état, gardant son bras malade sur les genoux de sa mère, elle fit l'effort de se soulever un peu, non sans grimacer. C'était de ces bras réconfortant, ceux de son cousin dont elle voulait. Pour supporter la douleur revenue, pour être rassurée, cajolée...
Pour être toujours plus près...
Deedee.
Il ne fallut pas longtemps à Arthéos pour trouver le dit cousin, pas "assez" longtemps... Et lorsqu'elle le vit entrer dans la chambre sans même lui adresser un regard, Adeline ne broncha pas, préférant ne rien dire trop préoccupé et concentrer à retirer le corps étranger qui s'était glissé dans le bras de sa fille.
De toute façon, il n'était, pour le moment, plus temps des guerres, si la vie de la fillette n'était pas en danger, son état était inquiétant et la blessure assez profonde pour être recousu. Et qui disait blessure, disait risque d'infection. Et vu l'état de faiblesse que Briana présentait...

Ça aussi... comment aurait-elle pu s'imaginer que... Si en tant que mère elle n'avait pas vu sa fille dépérir de la sorte, en tant que médecin, maintenant, tout lui sautait aux yeux. Le teint pale, les cernes, les joues creuses, l'humeur maussade qu'affichait Briana au fil des jours... Elle avait mis ça sur le compte du voyage et de la fatigue, mais voilà quelque jour maintenant qu'ils étaient arrivés à Montpellier, quelques jours qu'ils pouvaient vivre à l'abri, jouissants de tout ce que cette ville pouvait leur apporter, il y avait donc bien plus que la fatigue...

Levant légèrement son regard sur son cousin, Adeline remarqua la douceur et la tendresse avec lequel il caressait la petite, quel contraste avec la main puissante qui s’était abattu sur sa joue lors de leur rencontre à Tulle, quel contraste avec cette main puissante qui avait failli l’étrangler ce jour-là. Elle n’avait jamais cru que ce Danois si dur, si obtus, ce mur impénétrable, pouvait alors faire preuve d’autant de tendresse…
Un sourire mélancolique se dessina sur son visage en se rappelant son frère et l’image qu’il montrait de lui, une image… finalement c’est ce qu’ils montraient tous d’eux dans cette famille. Une image, loin de la réalité. Comme s’il devait la cacher cette vérité…

Quoi qu'il en soit, la simple présence d'Osfrid avait suffi à ramener Briana à elle, pour le plus grand soulagement de la de Courcy. Elle espérait maintenant que la petite ait assez de force et de volonté pour rester éveillée malgré les soins qu'elle allait lui prodiguer mais de cela, elle n'en doutait point, surtout en présence du Danois. Elle ne pouvait le nier, même si leur relation était plus que houleuse, même s'il ne pourrait, sans doute, jamais réussir à se parler et se comprendre, elle savait que la petite avait besoin de ce géant du nord, tout comme lui avait besoin d'elle.

Et finissant les derniers points sur la chair meurtris de la blessure, Adeline ne put s’empêcher de se souvenir les paroles de cette grande dame, qui un jour alors qu’elle était prête à tout claquer pour retrouver son enfant lui avait dit juste quelque mot, mais ces quelques mots qui avaient simplement marqué son cœur… « Un jour, elle comprendra ». Un jour oui…
Mais en attendant…

Et posant un linge frais et humide sur le front de l’enfant, Adeline broya quelque feuille de plantain qu’elle déposa ensuite sur la plaie avant de maintenir le tout dans un bandage. Au moins ainsi, elle était sûre que les saignements s’arrêteraient rapidement et que la plaie pourrait cicatriser plus facilement, ne resterait plus qu’à attendre et surveiller.


-Je vais lui préparer une tisane pour la douleur… Murmura-t-elle en se levant avant de rejoindre la porte, non sans jeter un dernier regard vers sa fille.
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