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[RP - Seignelay] - Frou-Frou et papotages

Isandre.watelse
Les ordres étaient formels. Même si elle appréciait peu, elle devait s'y soumettre. Dame Della avait été très claire, sa tenue laissait à désirer. D'un autre côté, elle devait bien admettre que sa robe préférée n'était pas adaptée pour le climat hivernal et les couloirs glacés du château.
Aussi, en traînant quelque peu les pieds, elle se dirigeait vers la pièce où l'atelier où Clarinha.

Elle appréhendait quelque peu l'épreuve de l'essayage. Elle n'appréciait guère qu'on la touche et elle n'avait aucune envie de se dévêtir devant quelqu'un, fut-ce quelqu'un qu'elle connaissait bien. Enfin, ça ne serait qu'un moment à passer.
Ceci étant, elle était consciente que Dame Della lui faisait là un cadeau bien au dessus de sa condition. Tous les jours, de grandes dames envoyaient des suppliques poignantes pour bénéficier du talent de la couturière. Elle, une simple demoiselle de compagnie n'aurait jamais eu accès à ce luxe autrement que grâce à la générosité de sa bienfaitrice.

Résignée, elle frappa la lourde porte de chêne.


- Clarinha ? C'est Isandre. Je viens pour ma nouvelle robe...
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Clarinha
Depuis que ma main était entaillée, je cousais bien moins vite. C'était frustrant, mais d'un autre côté... je prenais le temps de regarder mon travail. Je lui donnais une âme, j'y versais de moi. Nous vivions quelque chose, ensemble, avant que je le léguasse, léguant ce faisant quelque chose de moi dans le monde. Je n'avais jamais pris ce temps de communier avec le tissu, auparavant.

Après avoir, et ce n'était pas mince affaire, cousu les langes de la petite Béatrice à naître (ce serait une fille, la Duchesse n'en doutait pas ! Clarinha avait été contrainte de broder les initiales de l'enfançon sur les langes, ne doutant pas qu'au pire, ils nommeraient l'enfant Bertrand), j'avais donc répondu à une commande impérieuse de la Duchesse : réhabiller Isandre, qui se laisse un peu aller sur sa féminité. C'était une femme effacée par choix, quand je l'étais par faute, par position sociale, par contrainte, et ne demandai qu'à en sortir. Elle était de ces vieilles filles dont on ne doute pas un instant qu'après avoir coiffé Sainte Catherine, elles finiraient duègnes, voire tatas-poil-au-menton.

Le tissu bleu, un beau drap des Flandres à la teinture pâle, nette mais discrète, glissait sous mes doigts.


-« A porte echta ouverta, Isandre... »

Je finis de planter deux épingles pour les pinces sous la poitrine. Sans doute faudrait-il les ajuster ensuite au plus près des mesures de mon modèle de chair et d'os.
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Isandre.watelse
Elle avait toujours un peu de mal à comprendre les mots que prononçait Clarinha, mais là, elle comprit facilement qu'elle devait entrer.
Elle était toujours assez émerveillée de voir les piles d'étoffes, les forces, aiguilles, bobines... que la jeune couturière arrivait à faire entrer dans un si petit local.
Cette fois encore, l'atelier débordait de projets en cours, certains encore mystérieux et d'autre en voie de finition. Elle sourit en voyant une pile de langes prêts à être utilisés. Pourvu que ça soit une fille.


- Bonjour Clarinha. Merci de me consacrer un peu de temps. Dame Della m'a dit de venir pour les essayages....

Le drap bleu sous les doigts de la couturière était bien visible. La couleur plaisait à Isandre. Au moins, elle ne serait pas trop différente de celle qu'elle portait déjà.

- Oh, je vois que tu as déjà bien avancé. Je suis à tes ordres ...

Elle n'avait guère l'habitude de ce genre d'exercice, aussi, elle préférait attendre. Peut être qu'une simple prise de mesures suffirait...
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Clarinha
Je souris. À mes ordres... C'était amusant. Nous étions toutes deux, d'ordinaire, aux ordres de la Duchesse. Mais en la circonstance, je régnais en maître sur l'habillement de toute la mesnie, et lorsqu'on venait me voir en ce local, mes mots tombaient comme des paroles divines, incontestables.
Je me levai pour prendre, dans une malle non loin, une chainse d'un bleu très tendre, qui avait été teinte avec une seconde eau de teinture. Si la valeur de ce tissu n'était pas dans sa teinture, elle était en revanche dans sa facture. De fil très fin et très fluide, c'était du linge, au sens le plus puissant du terme : celui que l'on se lègue de mère en fille, celui qui va contre le corps, celui que l'on peut faire bouillir pour en chasser les maux, celui qui paie le moins de mine, mais qui a la plus grande valeur. Le tissage fin de fils fins nécessite d'incroyablement longues heures de travail. Sous les doigts, on dirait presque de l'eau, et c'est aussi doux qu'un pelage de chaton. On le paie un bras, parfois deux, et on le cajole, et on le raccommode...

Isandre devait reconnaître cette pièce de linge...


-« Est a tua chainse, aquela que tu me donnas para recoudre oum poco. »

J'avais repris quelques égratignures au bas de l'ourlet, causées à force de frotter par terre, et des petits trous, que les mites avaient fait : qui dit bon linge dit nid de prédilection pour les bestiaux. Si l'homme préfère la crème au gruau, pourquoi les mites préféreraient-elles la jute à un si fin drap de laine ?
Je bougeai le menton en direction du feu, un petit feu dans un petit âtre. Tout était petit ici, sauf la somme de travail que j'abattais.


-« Ça faut déshabiller-te et mettre chta chainse. Eu prendrai a outra para recoudre tambem. »

Il y avait bien un paravent, dans la pièce, derrière moi, et servant de portant à divers patrons ou falbalas inachevés. Si j'avais montré le feu à Isandre, c'était que là, à l'inconvénient de l'impudeur, répondait l'avantage suprême de la chaleur.
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Isandre.watelse
Avec un certain soulagement, elle reconnut sa chaisne favorite. Sa mère lui avait offerte quand ses formes de femme étaient apparues. Elle tenait à ce vêtement pour son confort et surtout pour sa valeur sentimentale.
Elle devait bien avouer cependant que les lavages répétés, le frottement sur la peau et le stockage dans des coffres avaient laissé leur empreinte sur le fin tissus.
Ceci dit, Clarinha avait fait merveille et la chemise, sans passer pour neuve, était de nouveau dans un état parfaitement acceptable.


- Merci Clarinha, tu as fait merveille. Ce linge est un cadeau auquel je tiens beaucoup.


Ah... les mesures ne suffiraient pas visiblement. Si la fin de la phrase lui échappait un peu, le mot déshabiller était clairement audible hélas. Isandre se mordit la lèvre. Le paravent semblait un refuge sûr, mais sans doute glacial. Entre le froid et l'impudeur, son coeur balançait. Ceci dit, Clarinha interpréterait peut être également mal un excès de pudeur mal placé.
Avec un soupir, elle se plaça donc devant la cheminé, dos à Clarinha et commença à défaire les lacets de son corsage le plus vite possible.


- Au fait, comment va ta main ? Tu n'as plus mal ?

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Clarinha
Tandis qu'Isandre prenait la chainse et se défaisait de ses habits actuels, je repris mon ouvrage de toile bleue et vérifiai que tous les bords étaient sécurisés avec des épingles... Si tant est qu'il soit sûr de passer une toile toute piquée d'épingles ! J'avais cousu cette cotte avec certains surplus de tissu, en sorte que j'avais pu travailler sans prendre les mesures de la Watelse, sinon visuellement et approximativement – sa taille par rapport à la mienne, sa corpulence générale – et en sorte de faire une toile plus ample que nécessaire, avec une belle marge d'ourlets.
Même après l'avoir ajustée aux mesures d'Isandre, je ne couperais pas ces surplus de tissu. Cousus sur l'intérieur, ils pourraient être utilisés pour élargir la robe si Isandre prenait du poids, ou si la robe était léguée à une personne de plus de corpulence, de plus haute stature, ou que savais-je encore. Un vêtement était trop précieux pour couper l'étoffe trop juste : il deviendrait vite inutilisable, et l'on n'en amortirait pas le coût avec le temps.

Comme Isandre parlait, je lui répondis, levant les yeux sur sa silhouette à contre-jour, ourlée de la lueur du feu derrière elle.


-« Eu tenho ainda douleurch... Eu crois qu'eu perdis oum poco de souplesse. Eu não maïch pourrai coudre muito vite et para muito persõech. Maïch... Eu não preciso de coudre muito, maintenant. »

Adieu volume, mais qualité inchangée, je l'espérais ! Si je ne cousais plus que pour ma maîtresse, son entourage, la mesnie... Cela reposerait ma main. Qui sait, peut-être regagnerait-elle cette aisance perdue ? Ou ne faisais-je que feindre la gravité de la blessure, pour ménager mon ego tout en renonçant à ce qui avait fait ma fortune ?
J'attendais qu'Isandre, toute dévêtue, eut passé la chainse que j'avais raccommodée. En attendant, puisque nous étions toutes d'eux d'humeur à parler – ou pour faire oublier à la demoiselle qu'elle était après se dévêtir publiquement – , je repris :


- « E o Jouchte ? Ele mange bem ? »
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Isandre.watelse
Pas facile de se défaire du corsage et de la grande jupe. La chaisne de lin rèche qu'elle portait en remplacement de la sienne atterri également sur le tas de linge déjà otés.

- Je suis sûre que tu retrouveras toute ta souplesse rapidement Clarinha. La blessure va vite cicatriser, elle a été bien soignée. Bientôt tu ne sentiras plus la moindre gène.

Quelques mouvements rapides, et sa chemise favorite reprenait place sur ses épaules.
Isandre était assez grande pour une femme, et bien trop maigre. La nature semblait lui avoir refusé les rondeurs féminines que les hommes appréciaient tant, sans doute supposant qu'elle n'en aurait pas l'utilité. La chaisne flottait un peu mais au moins, cela couvrait ses formes sèches et osseuses.


- Juste ? Oh, il va bien. Il mange tant que c'est sucré et qu'il en a envie. Je pense qu'il fait surtout ça pour protester. Son père lui manque.

Le feu ronronnait dans l'âtre et l'air sentait bon le tissu propre et la lavande. L'endroit était propice aux confidences et malgré l'inconfort de sa tenue Isandre commençait à se détendre.

- Enfin... j'ai eu des nouvelles de mon père. Il sera bientôt à Paris. Je pense qu'il reprendra Juste pour que sa mère en prenne soin. D'ailleurs...

Elle avait un projet, dont elle n'avais pas encore parlé à Dame Della, mais Clarinha saurait sûrement la conseiller.

- D'ailleurs Clarinha, je voudrais ton avis. Mon père me propose de me former à son métier. Il est Maistre Orfèvre à Paris, plutôt renommé.
Je ne suis pas sûre que l'artisanat soit vraiment une voie pour une femme. Mais à part le couvent, je ne vois guère d'autres solutions pour une femme de rester indépendante. Crois tu que ça soit une bonne idée d'apprendre un art ?

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Clarinha
Je souris doucement. Je retrouverais sans doute ma souplesse, oui... Mais le voudrais-je ? Je veux dire, aux yeux du monde, cela ne m'arrangerait-il pas de l'avoir perdue ? Je regardais Isandre se dévêtir, sans la regarder. Le corps des femmes comme celui des hommes n'avait aucun secret pour moi. Les femmes, parce que j'avais vécu avec une vingtaine de femmes pendant des années. Les hommes, parce qu'ils s'étaient défaits de leurs chausses devant moi pendant des années. Parce qu'ils m'avaient fait humer, caresser, goûter tous les lieux de leur anatomie. La vie m'avait appris. Une vie sans pudeur ni retenue.

Des nouvelles de Juste ? Check. L'enfant semblait plutôt capricieux que perturbé, après tout. Il faudrait que j'allasse le voir, lui caresser les joues, lui voler son bout du nez, avant qu'il ne s'en allât. Les enfants...

Le thème qui suivit était moins propice aux sourires. Les conseils demandés ne sont pas de ceux que l'on donne à la légère.


-« O art sauva-me d'ouma vida maïs terrivel. O teu père est muito fameux et gagne muito argent, eu crois. Eu achetais des fois chez lui pièces d'orfévreria para coudre sobre ums roubech...

Mach ouma voie est tambem de rester para a Duquessa Della toda a vida, não ? Si tou apprends com teu père, tou seras à Parich ? »


Après tout, j'avais délaissé, moi aussi, ma Duchesse, pour vivre un peu et oeuvrer à Paris. Et j'en avais conçu bien de la culpabilité ; mais je n'étais que la couturière, point la dame de compagnie, me semblait-il. Je ne me croyais pas indispensable sur place, tant que je remplissais mon ouvrage. Isandre était le bras droit de Della. Partirait-elle... ?
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Isandre.watelse
On pouvait compter sur Clarinha pour trouver où le bat blessait. Quitter Dame Della, elle n'y tenait pas. Son foyer était là. La mesnie du château était un peu la sienne, et elle n'avait aucune envie de quitter cette ambiance chaleureuse pour les reproches et la rudesse de son père.
En plus, il acceptait de la former, mais il n'avait jamais parlé de lui fournir le gite et le couvert. Il était peu probable que, malgré ses richesses supposées, il dépense un seul écu pour son bien être à elle.


- Mon père riche tu dis ? Hum... Peut être à une époque oui. Mais la boutique a entièrement brulé depuis. Il est parti des mois en voyage, en pélerinage à Jérusalem et je pense qu'à l'heure actuelle, il est encore plus pauvre que moi....

Etait elle pauvre d'ailleurs ? Sans doute pas non. Ses gages tombaient régulièrement, mais elle ne dépensait rien. Tout son pécule était caché sous une latte du plancher de sa chambre. Elle amassait, semaine après semaine, non par radinerie mais simplement parce qu'elle n'avait aucune occasion de dépenser.

- Enfin, je ne veux pas quitter Dame Della, c'est certain. Mon père a sans doute du talent pour les bijoux, mais il en a peu pour les relations filiales.
Par contre, Dame Della se déplace souvent à Paris. Quand elle s'y trouve, elle n'a pas besoin de moi. Souvent, je la gène d'ailleurs, car elle a à traiter des affaires qui nécessitent la discrétion la plus totale.
Peut être que je pourrais profiter de ces moments de liberté pour recevoir l'enseignement paternel et ensuite, je m'exercerai ici...


Elle s'arrêta pour enfiler une pièce de vêtement couverte d'épingles traitresses que la couturière lui tendait.

- Aïe !! Pourquoi tant d'aiguilles !
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