Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Et ce fut un fils !

[RP] Seignelay - Holy shi't* ! C'est la rentrée !

Keridil
On va voir ta maman-heu, on va voireuh ta mamaaaan, ta mââââmaaaan.

Chantait Keri-Keri dans son carrosse, dégoupillant ainsi les oreilles novices de son fiston, et avec elles celles des deux nourrices - Anahis et Jeannette - qui, depuis Auxerre, avaient soupé de la joie sensible du Duc de Chartres.
Finies les vacances, pour peu qu'on considère qu'un grand seigneur puisse être en vacance. Il faudrait pour cela admettre qu'il travaille. Mais ne nous embêtons pas de palabres. C'est la rentrée à Seignelay, après un éreintant slash passionnant slash exaltant voyage par delà la Méditerranée et l'Atlantique.
Adieu cousin Acta, Ingounette, Coquelicot et consorts. Adieu ou au revoir. Tant d'escales, tant de vomissements, tant de frayeurs au Domaine de Poséidon. Mais c'est vifs qu'ils rentraient, et Clément, prunelle des yeux de son papa, semblait même avoir attrapé quelques couleurs au soleil de Castille.

Le cortège, simple et sans fioriture, sans armes même, arriva à Seignelay en fin d'après-midi, le soleil avait commencer à décroître comme il le fait après l'été.
Il en faut plus pour atteindre la joie ambiante que vit un Keridil d'Amahir ravi de retrouver son épouse grosse comme une montagne et l'ayant attendu gentiment pour sa délivrance. Hallelujah !

Et ta maman va accoucheeeer !

C'est plein de poésie, et c'est approprié pour un môme qui comprend à peine que sa mère va lui donner un frère ou une soeur.
Puis les dix-sept tours approchent et deviennent invisibles pour qui ne lève pas les yeux, tant elles sont proches. Le carrosse fille vers les hauteurs, vers le coeur de Seignelay, et vite, l'on annonce l'arrivée du maître des lieux, qui entre dans l'entrée du Château, un présent blond dans les bras, un présent pour son épouse : son fils, vivant.
Et le papa indélicat de crier dans le hall, et de faire résonner sa voix.

Della ! Ma vie ! Je suis rentré !

Il était temps, et il faudra au moins ça pour se faire pardonner quelques jours à Auxerre.

*Putain de m*rde !
_________________
Della
        "La naissance n'est rien où la vertu n'est pas."
          Molière, Don Juan



L'automne est beau, d'habitude, à Seignelay, quand le soleil joue sur les feuilles multicolores.
L'automne est moche, cette année, à Seignelay. Il n'y a pas de soleil. Il fait froid et gris. Il pleut, il vante, il gèle déjà la nuit sans pour autant que cela fasse luire l'astre solaire.

Della est comme Seignelay. Elle est moche, trop grosse, trop fatiguée, les jambes lourdes et le souffle court. Elle est grise de fatigue et de lassitude. Elle a froid, continuellement froid, pourtant emmitouflée sous des châles et des chaperons de laine.

Elle a quitté sa chambre, la grande chambre du château pour s'installer ici, dans cette toute petite chambre percée d'une seule fenêtre toute petite, elle aussi. Il fait chaud ici, c'est tout petit et bien calfeutré, le vent ne passe pas.
Quand elle rentre de la Basilique Saint André, c'est pour se glisser sous un monceau de couvertures, au creux de son lit réchauffé par des pierres bien chaudes.
C'est là qu'elle mange et qu'elle écrit le courrier qui ne peut attendre, soufflant de temps en temps sur ses doigts qui s'engourdissent.
Mais pourquoi a-t-elle si froid ?
Adélaïde lui a dit que c'était à cause de son état.
Soit. Mais quand elle portait Clément, elle n'avait pas froid.
Adélaïde a répondu qu'une portée n'était pas l'autre et que parfois, une femme qui a six enfants vit six grossesses différentes !
Mais Della ne veux pas six enfants !
Alors, elle a fait promettre à Adélaïde qu'elle n'aurait pas six enfants.
Comment Adélaïde pourrait-elle promettre cela ?
...


Elle a fini son repas depuis un petit moment mais il ne semble pas vouloir passer, reste pesant sur l'estomac, à moins que ce ne soit l'enfant qui ait encore grossi ?
Et son dos...bon sang qu'il la fait souffrir ! Rien ne semble pouvoir atténuer la douleur, aiguë, longue et déchirante qui lui rappelle la lame qui l'a blessée autrefois.
Alors, elle remue sous les couvertures, se tourne, gigote, allonge les jambes, les replie, bascule le bassin pour après se mettre en boule, pestant contre le froid, contre l'inconfort et tant qu'à faire contre son époux !

Adélaïde !
Adélaïde ? Où êtes-vous ?


Elle n'aime pas être seule, Adélaïde ne sait pas faire grand chose à part l'écouter mais sa présence est rassurante. Adélaïde pourrait être sa grand-mère, alors elle s'y accroche comme elle n'a pas pu s'accrocher à sa propre mère, cherchant dans son regard, la paix dont elle a envie.

Adélaïde n'est pas encore arrivée, elle va venir, elle sera là bientôt...Elle ne verra pas la grimace qui vient de traverser le visage de la Duchesse, trahissant une nouvelle douleur venant des reins.
C'en est trop, après avoir encore tenter de changer de position, Della se lève, frissonne les pieds nus sur le plancher, se poste devant la cheminée, présente ses mains aux flammes qui réchauffent...se mord la lèvre cette fois, sous la surprise et la violence d'une nouvelle poussée au creux du bassin.


Adélaïde !? Mais où êtes-vous donc ?

Sous la violence de cette nouvelle douleur, Della s'est pliée en deux, prenant appui d'une main sur la pierre de l'âtre.

Cela s'apaise, le calme revient et Della se redresse, expirant longuement, chassant de son corps la douleur encore diffuse.

Elle n'a pas entendu le carrosse entrer dans la cour, elle ne peut pas l'entendre, cette chambre est à l'opposé de la cour.
Elle s'inquiète de l'absence d'Adélaïde et pensant ne pas avoir été entendue, elle ouvre la porte, ouvre la bouche...et entend...son époux !

Il est rentré ! Il s'annonce comme ça, comme si de rien n'était, comme si son épouse n'était pas sur le point de donner la vie, comme si on arrivait à Seignelay, comme ça, simplement...Et elle balance, Della, entre la joie de revoir son fils, son époux et la panique de se montrer ainsi, dans cet état, grosse et laide à faire peur.

Alors, d'une petite voix, elle répond, sortie un peu plus avant de la chambre, toujours pieds nus :


Kéridil ? Est-ce vous, mon ange ? Où est Clément ?

Han...une nouvelle douleur lui vrille les reins, la plie en deux, elle se mord à nouveau la lèvre pour ne pas laisser échapper la plainte qui lui frôle les lèvres. Pas maintenant...Seigneur, je vous en supplie, pas maintenant...Plus tard mais pas maintenant...Lance-t-elle au Ciel. Elle n'est pas encore consciente que l'enfant qu'elle porte douloureusement a décidé de quitter son nid, même si le souvenir oublié de la naissance de Clément tente de s'imposer à elle...pourtant, elle prie, son âme parlant pour elle.

L'envie de voir son fils est plus forte que tout et quand la douleur s'en va, elle descend les escaliers, refermant comme elle le peut autour de ses épaules, le châle qui la couvre jusqu'aux genoux.

Clément est là...On pourrait dire qu'elle se précipite vers lui mais...il est plus juste de dire qu'elle avance vers lui, à petits pas, lui tendant les bras.

Clément ! Mon fils !
Vous êtes enfin là !


Renonçant à le soulever, elle le serre contre elle, bien fort et le couvre de baisers...Les hormones font faire de drôles de choses...

Clément rend à sa mère la tendresse dont elle l'étouffe alors et seulement après de longues effusions, ayant rendu l'enfant à ses nourrices, elle sourit à son époux ou plutôt essaye de sourire car...


Crénom ! Que ça fait mal !

Le sourire s'est vite transformé en rictus à nouveau, la voilà qui tente de dompter le mal, serrant les dents et jetant un regard acier à son époux qui malheureusement pour lui incarne la cause de la douleur dans laquelle Della sombre de plus en plus rapidement.
Alors, à la place d'un "bonjour, comment ça va ?", Kéridil a droit à :


Trouvez Adélaïde et Isandre, vite ! Et Clarinha aussi ! Dépêchez-vous.

A nouveau appuyée au mur, les yeux clos, une main posée sur son ventre qui est devenu dur comme de la pierre, elle voudrait mourir...
_________________
Isandre.watelse
L'inquiétude était de mise ces derniers jours au château. Inquiétude pour les voyageurs qui ne donnaient pas de nouvelles, inquiétude pour le froid précoce augurait d'un hiver difficile, inquiétude également et surtout de l'état de Dame Della qui semblait au bord de l'épuisement. Inquiétude sur le sexe de l'enfant à venir : et si c'était un garçon....
Bref, Isandre ne savait plus où donner de la tête.
Heureusement, l'arrivée d'un carrosse l'avait soulagée au moins sur le premier motif de soucis. Les voyageurs étaient revenus.
La nouvelle s'était propagée comme une trainée de poudre dans les couloirs du château et elle avait vivement été jusqu'au hall d'entrée où visiblement Dame Della l'avait précédée.

La rumeur était exacte, et Messire Kéridil et Clément étaient de retour.
Mais la joie de les revoir fut aussitôt douchée par la vision de Dame Della, s'appuyant sur le mur le visage crispé de douleurs.

Ca avait donc commencé ! L'enfant tant attendu arrivait enfin, pile au moment du retour de son père. A croire qu'il avait attendu cet instant précis.
Il fallait agir, et vite. D'abord écarter Clément pour éviter qu'il ne soit impressionné. A son age, il était encore un peu jeune pour comprendre les mystères de l'enfantement. Heureusement Anahis se tenait un peu en retrait.


- Le bonjour à tous. J'ai peur que vous n'arriviez en plein bouleversement Messire.
Anahis, veuillez emmener Messire Clément dans ses appartements. Il doit être fatigué du voyage.


Se tournant vers Dame Della, elle poursuivit :

- Dame, pensez vous pouvoir remonter dans votre chambre ou faut il vous installer dans le petit salon ?

Attendant la réponse, elle saisit doucement le bras de la Baronne tout en se tournant vers l'heureux futur père.

- Messire Kéridil, puis je solliciter votre aide pour emmener Dame Della vers un lieu plus idoine ?

Bon sang ! Où était passé cette fichue sage-femme ! Isandre la soupçonnait de fréquenter discrètement les fûts de la cave à ses moments perdus. Peut être était elle occupée à compter fleurette à un tonneau de marc...
Dénouer tout ce qui devait l'être, faire bouillir de l'eau (pourquoi d'ailleurs, juste pour occuper le père ?), allonger la parturiente dans un endroit chaud et confortable, préparer la layette, sortir un livre de prières... Les idées se bousculaient et la panique gagnait progressivement. Finalement, elle cria à la ronde :


- Et trouvez moi cette fichue sage-femme !
_________________
Keridil
Et zut zut ! Keri Keri était content, bien sur, d'être là avant la délivrance. Il aurait toutefois préféré un peu de répit avant qu'elle intervienne. Les lieues dans les jambes, le Duc de Chartres n'avait aucune envie de devoir courir partout à grandes enjambées parce que Della allait pondre. C'était dramatique. L'accueil enjoué tourne au vinaigre, l'épouse se crispe, et pas de bol, le fils a eu la priorité sur le père, qui se retrouve bredouille et sans ses tendresses, sans l'effusion du plaisir du retour. Rien, niet, nada, que dalle. Il aurait pu pleurer. Dans cette maison où il se sentait étranger, il se sentait maintenant importun.
Adelaïde et Isandre. Kesako ? Dans sa confusion, le jeune homme ne saisit même pas qu'il s'agit de la sage-femme présentée dans une lettre et de la demoiselle de compagnie avec laquelle il s'est pourtant pris une décharge de brigands dans le ventre. C'est la panique, et devant le regard acier de la Duchesse, il reste un peu coi.
Pire, ladite Dame de compagnie prenait les choses en main, reléguant le maître des lieux au rang de valet, ni plus ni moins. Il voulait rentrer à Auxerre fissa, où, en invité, on le traitait avec égards, et bien mieux que chez lui.
Zut et flûte !
D'une, un foetus lui enlève son épouse.
De deux, une suivante lui enlève son fils.
De trois, la même lui enlève son rang.


Messire ! Mais à qui elle parle celle-la ?

Lancé à une Della, qui devait prendre l'offense - et encore - faite à son époux pour une bagatelle indigne de son intérêt, dans l'état qui était le sien. Mais lui qui n'y connaît rien en matière d'enfantement ne saisit rien à la frénésie d'Isandre, ni à la douleur de sa femme : il ne l'a pas vue accoucher la première fois, et innocent de ces choses, il croit que ce n'est rien de plus que la délivrance d'une poule : plop, et ça y est. Pourquoi ce drame ? Oyé !
Mais, bon gré mal gré, Keridil attrape sa femme par le bras, essaye de la soulever par les jambes, mais la Princesse Charmante a sacrément grossi.

Oille. Ca va pas le faire.

Du coup, on se contentera de la guider et de se faire mutiler l'avant-bras par ses ongles. On l'emmène dans le lieu le plus idoine : une salle de réception, parce qu'il y a des bancs. A situation étrange, raisonnement étrange.
Il la pose, le regard quand même un rien inquiet.


Ça va ? Ça vient ?

Question stupide, mais on n'est plus à ça près. A croire que l'air de Castille abrutit.
_________________
Adelaide


En ce 26ème jour du mois de novembre de l’an de grâce 1460, à deux nuitées de la pleine lune, Seignelay est en effervescence. Un ou une petite Sagittaire allait naître dans cette noble demeure. Et que peut-on dire des sagittaires justement ? Signe de feu, ils ont souvent un tempérament bilieux, enclin à la colère. L’enfant, le serait-il ? Qui sait ?

Adelaïde se trouvait à la cuisine à préparer une bonne tisane pour sa patronne. Elle avait laissé infuser la sauge un petit moment. La tasse fut déposée sur un napperon en dentelle recouvrant le plateau en argent. Tout était prêt pour l’apporter. La matrone s’apprête à se rendre dans la chambre de la Duchesse lorsqu’elle entend du bruit dans le hall. Que se passe-t-il encore ? La sage-femme traverse le couloir plateau à la main afin de se rendre au hall, passage obligé pour monter aux étages du logis seigneurial.

Mais plus elle s’approcha, plus le bruit s’éloigne dans une autre pièce. Elle n’y trouve personne dans le hall et par curiosité la sage-femme se rend vers la salle de réception, intriguée par ces voix et ce remue-ménage, alors qu’elle fût habituée ce dernier mois au calme presque religieux de la demeure. Elle tourne la tête vers l’escalier où elle voyait une demoiselle s’éloigner avec un enfant dans les bras. Elle arrive ensuite à la dite salle et observe la scène à l’entrée, assez stupéfaite. Un homme aux nobles atours, bien que froissé par le voyage, sans doute le mari de la maitresse de lieux, qui invite à allonger cette dernière sur le banc pour l’accouchement. Adelaïde devait prendre les choses en mains là. Elle toussote pour faire acte de sa présence. Elle entre et dépose le plateau sur l’une des tables et s’approche du couple, et sourit à la demoiselle de compagnie qui semblait paniquée.


Votre Grâce, la bienvenue chez vous. Je suis Adelaïde, matrone au demeurant, engagée par votre charmante épouse pour l’aider dans la délivrance.

Puis-je vous mander d’accompagner Madame à sa chambre je vous prie ? Je crois que le travail a commencé.


Ensuite, elle s’approche de sa patiente, se penche et murmure à son oreille. Madame, la poche des eaux a-t-elle cédée ?

Elle attendit une réponse, un signe ou un hochement de tête. Elle regarde ensuite Isandre.

Pourriez-vous aller chercher Clarinha je vous prie ? Et puis-je également vous demander de faire chauffer de l’eau dans deux baquets et de les apporter à la chambre de Madame ? C’est pour le bain …

Que reste-il à faire ? Défaire les derniers nœuds et s'occuper des fumigations au jasmin à répandre dans la chambre, mais d’abord s’assurer que la parturiente arrive à son lit sans encombre.
Isandre.watelse
Ouf, enfin Adelaïde arrivait. Les choses prenaient meilleure tournure.
Ceci dit, Isandre voyait assez mal "sa Grâce" pouvoir soutenir Dame Della dans les escaliers menant à sa chambre. Elle dissimula mal un petit sourire. Peut être que 2 valets bien charpentés seraient plus appropriés qu'un homme arrivant tout juste de voyage et marchant avec une canne.

Trouver Clarinha, faire bouillir de l'eau et la faire monter dans la chambre, trouver des valets et dénouer.... il y avait du boulot.

- Maitresse Adelaïde, je pense que Sa Grâce a quelques lieux dans les reins. Je vais quérir main forte pour escorter Dame Della.
J'en profiterai pour aller cherche Clarinha et faire chauffer de l'eau aux cuisines.


Elle fit une rapide révérence et quitta la pièce pour accomplir ces différentes missions.
C'était une ambiance curieuse. L'urgence était pressante, mais le travail pouvait malgré tout durer plusieurs heures. C'était là l'incertitude des naissances, une sorte de parenthèse dans le temps où tout pouvait basculer, un moment mystérieux. Le moment sera joyeux si tout se passe sans encombre mais cette joie pourrait aussi se transformer en deuil. Quelque soit l'issue, jamais la vie ne sera identique à ce qu'elle avait été avant. Une naissance était le début d'une vie et toute nouvelle arrivée signifiait un changement.
Isandre appréhendait ce changement pour de multiples raisons. Dame Della survivrait elle ? Le bébé serait-il viable ? L'enfant serait il une fille ? Cette dernière question surtout taraudait la jeune femme, alors qu'elle se dirigeait d'un pas énergique vers l'office.
Et si c'était un garçon ?

_________________
Clarinha
Le passage d'Isandre dans ma salle de travail fut bref. Échevelée – ou en tout cas avait-elle les pommettes rouges, l'oeil vif, la parole expéditive – , elle indiqua que la Duchesse mettait bas. Trois p'bread tours et puis s'en va.
J'abandonnai mon travail et allai à mes rideaux, pour dénouer le cordon de passementerie qui les retenait. Mon travail ? Plus beaucoup de noeuds, j'avais pris les devants, quelques temps plus tôt, de bien soigneusement bobiner toutes mes chutes de gros fil à broder.

Puis je sortis. Sur mon chemin, dès que je croisais un noeud – cordons de tentures, lien gardant le petit bois en fagots à côté d'une cheminée, lacets de chausses d'un valet, etc. – je le défaisais, ou commandais de le défaire. Au palefrenier, je commandai de bien trier les licous et rênes, et les démêler si besoin. J'envoyai une servante vérifier la fluidité de la corde du puis. À une autre, je demandai de défaire les jolis noeuds bruns qu'elle avait mis dans ses cheveux, et les lacs de son corsage.


-« Et toi, Clarinha, ton bliaud est encore noué ! »
-« Ah, sim ! »

Et tout en reprenant ma traque, j'entrepris de défaire le lien de ma ceinture. Ma tornade alla jusqu'au cellier, où je recommandai au maître queue, dans mon horrible français, de décrocher tout ce qui pendait par des liens et non des crochets, de déficeler le rôti, de libérer son bouquet garni, d'ouvrir sa bourse de sel.

Et les hommes, j'exigeais ensuite d'eux qu'ils quittassent la maison. Point d'hommes au logis pendant la délivrance, j'avais toujours appris ainsi.

Mes consignes n'étaient peut-être pas toutes intelligibles ; mais le signal suffisait à beaucoup d'entre eux, car ils avaient eu, dans les jours précédents, la visite et les instructions d'Adélaïde. Ils savaient tous bien le pourquoi de cette chasse aux noeuds : on ne voulait pas que l'enfant naquît avec un noeud de cordon ombilical autour de la tête, et la tête toute... bleue. On ne voulait pas qu'il s'emmêlât et ne pût sortir, et suffoquât à l'orée de sa vie.

Quand j'eus transmis l'information à tous les vents, je me précipitai dans la chambre de ma maîtresse, où il me faudrait vérifier les noeuds, si Isandre et Adélaïde ne l'avaient pas déjà fait, dénouer mes chausses – car j'avais encore mes lacets – et porter, supporter, soutenir ma Duchesse, dans le dos, pour qu'en dépit de sa faiblesse, elle gardât toujours la tête en haut et les pieds en bas : seul moyen, là encore, pour qu'elle mît bas.

_________________

Ne cliquez pas sur ma bannière.
Della
Ce jour-là, à ce moment-là, le Duc de Chartres dut remercier le Ciel pour la douleur fulgurante qu'Il venait d'envoyer à son épouse. Si tel n'avait pas été le cas, elle se serait dressée sur ses deux pieds et aurait flanquer une gifle à son légitime !
Le "Ca vient" ayant eu le don de mettre Della d'Amahir-Euphor de fort mauvaise humeur.

Mais...mais...le Très Haut veillait et voulant éviter à sa chère Fille Della de commettre un acte répréhensible, Il lui vrilla les reins ! Tchac !

Ce qui au lieu de la faire se dresser, la fit se plier en deux, sur le banc où son époux l'avait déposée.
Mais elle put quand même y aller de sa petite vengeance car le bras ducal traînait à portée de ses ongles qui s'enfoncèrent avec un plaisir malsain dans la chair du pauvre époux qui lui n'enfanterait jamais !

La douleur s'en alla...Della respira, toujours accrochée au bras de Kéridil.


Ma chambre, là-haut, ma petite chambre, c'est là qu'elle naîtra, je le veux !
Là, sans douleur, la Duchesse se releva et défia du regard époux, matrone et tout qui oserait se mettre sur son chemin.

D'un sourire, elle remercia Clarinha qui vint à son aide. Elle la prit comme appui, passant son bras autour de sa taille comme l'on fait d'une soeur ou d'une amie.
Profitant des quelques instants de répit, refusant de laisser encore la vague de douleur l'envahir, elle refit à contre sens, le chemin que son époux venait de lui faire faire et se trouva à nouveau au pied de l'escalier.

Arrivaient quelques membres de la mesnie, des femmes puisque les hommes avaient été mis à la porte, à très bon escient, qui au mieux de leur force et de leur courage - sisi, il en faut - vinrent soutenir et porter et supporter la Duchesse dans l'ascension périlleuse de ce foutu escalier !


Un...moment...Essoufflée, Della s'arrêta. Elle ne pouvait contenir plus longtemps le roulis de la contraction et elle serra plus fort encore les bras qui la soutenaient, cherchant à apaiser la violence dont elle était la victime. Elles étaient toutes là...ces femmes prêtes à la soutenir, à l'encourager, à la veiller, celles qui seraient les témoins de la vie naissante ou de la mort cruelle du nourrisson...Elle leur sourit, entre les grimaces et les dents serrées, voulant les remercier, une à une...Son front se plissa alors qu'elle posait les yeux vers le bas de l'escalier et que son regard croisait celui de son époux.

Sortez ! Dehors ! Allez-vous en ! Lui cria-t-elle. Ne savait-il donc pas que sa place n'était pas sous ce toit ?
La rage l'aida, lui rendit des forces et la dernière volée de l'escalier fut montée.
Ouf, on était au-dessus et personne n'avait chu.

Une fois là-haut, Della s'en remit totalement aux mains de ses trois suivantes, les seules à être autorisées pour l'instant à être près d'elle.
Clarinha était là, indéfectible soutien, Isandre était là, précieuse confidente et Adélaïde était là, incontournable sagesse de la vie...

Un cri, le premier qui ne fut pas retenu, annonçait la longue bataille de l'enfantement.

_________________
Isandre.watelse
Elle avait rejoint le petit cortège en haut des marches, les bras chargés.
La liste de Dame Adelaïde était précise et longue. Elle avait eu un peu de mal à trouver certains ingrédients et elle avait même était obligée d'aller elle même glaner les feuilles de framboisiers souhaitées.
Elles n'étaient plus très fraiches ces feuilles, déjà racornies par les premiers frimas mais peut être avaient elles encore leur vertu thérapeutiques.

Elle déposa ses paniers auprès de l'âtre et remis des bûches dans les flammes. La journée allait être longue.

Déjà la souffrance de Dame Della tordait ses propres entrailles.
Pourquoi les femmes devaient elles supporter cette évidente torture ?

Chaque nouveau gémissement ou soubresaut de sa bienfaitrice renforçait sa résolution de ne jamais laisser un homme la toucher.

De son mieux, elle tentait d'apaiser les douleurs et d'améliorer le confort de la future mère. Un peu d'eau parfumée sur le visage enfiévré, un coussin pour mieux caler les reins.... Elle se sentait à la fois impuissante et désarmée face à cette bataille où la vie et la mort se disputaient deux corps.

_________________
Clement_
[looking through the eyes of...]

Acte I - le voyage


Que la route est longue. Indéniablement elle l'est. Mais, bizarrerie de la vie, plus on est jeune et plus la route semble longue. De longue, pour Clément, elle devient interminable. Surtout les derniers lieux qui les séparent du château familial. Surtout depuis que son père, qui par ailleurs a d'indéniables qualités, s'est mit à chantonner. Il hésite même à pleurer, histoire de lui montrer que, vraiment, il chante comme une casserole. La seule chose de bien, dans cette chanson, c'est les paroles. "On va voir ta maman-heu, on va voireuh ta mamaaaan, ta mââââmaaan !" où l'on détecte bien l'idée générale qui s'en dégage : Clément va revoir sa maman. Et cette perspective le remplit de joie autant qu'elle en rajoute à son impatience.
La suite des paroles, "ta maman va accoucheeeer !" est par contre beaucoup moins compréhensible pour lui. Mais peu lui chaut, puisque l'essentiel est là : il va retrouver sa maman.
D'ailleurs les souvenirs affluent tandis qu'il retrouve, par l'ouverture latérale du carrosse, les douces collines auxerroises que l'automne a couvertes d'une teinte rougeoyante. Il sait que l'arrivée est proche et trépigne d'impatience.


Acte II - l'arrivée

Le fiacre, enfin, atteint le château et stationne devant la grande entrée. Il lui paraît énorme. Il l'est, assurément. Mais d'autant plus du haut de ses trois petites pommes. Et là...sa maman arrive à leur rencontre. Tout de suite il la sent, la voit différente. Son visage est le même tout en ayant changé. Elle semble épuisée, ses gestes, d'habitude alertes, sont effectués au ralenti, comme si elle était engluée.
Mais son sourire reste le même. Sourire rendu de l'enfant à sa mère qui se précipite vers elle et l'enlace très fort, enivré des baisers qu'elle n'a de cesse de lui prodiguer.


Acte III - le déchirement

Il est rendu aux bons soins d'Anahis. Retrouvailles stoppées nettes. Trop courtes. Tristesse.

Adelaide


Chacune savait quoi faire pour l’heureux événement. Adelaïde avait été clair dans ses consignes. Clarinha avait parcouru tout la maisonnée pour en défaire les nœuds. Isandre avait été demandé de l’eau à chauffer au cuistot pour le bain avant qu’il ne parte. Elle avait même déposé le panier remplit de tous les ingrédients dont elle avait besoin dans la suite privée de la Duchesse.

A l’arrivée de l’époux qui avait amené sa belle dans la salle de réception pour enfanter, Isandre lui avait rappelé que l’époux n’était pas en état. Il fut donc raccompagné à la sortie. Adelaïde le convia à se rendre à la chapelle pour prier. Tel était le lieu d’un époux lorsque sa femme accouche.

Pendant que la Duchesse Della monta les marches qui l’amenèrent à sa chambre, Adelaïde passa devant et se glisse dans la chambre afin de sortir tout ce qu’il faut du panier afin qu’elle ait le tout à portée de main.

Première chose à faire, elle mit le jasmin dans l’encensoir pour en laisser le parfum et la fumée se répandre dans la chambre. La fumigation allait détendre les chairs de la parturiente. Elle fut bien installée par ses deux suivantes favorites, Clarinha et Isandre. Une fois Della bien allongée, Clarinha installée derrière sa maîtresse, la matrone fit une demande à Isandre.


Pourriez-vous piller les roses à l’aide du pilon et du mortier je vous prie ? Ensuite, vous y ajouterez une pincée de sel et une cuillère de miel. Vous mélangerez ensuite le tout. Cela nettoiera le bébé une fois né.

La matrone regarde la Duchesse qui avait les jambes écartée devant elle. Adelaïde enduit ses mains d’huile de violette, vérifia le col et si l’enfant était bien placé. Cela semblait être le cas.

Très bien Duchesse Della, c’est à vous maintenant ! Poussez ! Et n’oubliez pas votre respiration !

Les voilà parti pour la plus belle des batailles, celle de donner la vie …
Della
La nature humaine est si bien faite que Della avait oublié tout à fait les tourments de la naissance de son premier enfant pour ne laisser à sa mémoire que le premier cri du nourrisson.
Hélas, si le souvenir douloureux avait cédé la place à celui plus heureux de la frimousse chiffonnée du bébé, cela n'en effaçait pas la terrible réalité qui maintenant, revenait au creux de ses entrailles.

Elle avait l'impression de ne plus être qu'un terrain de douleurs, pétrie et ravagée par une mer en furie, sans aucune branche d'arbre à laquelle s'accrocher pour espérer être sauvée.

Ses femmes, autour d'elle, s'affairaient et l'encourageaient comme elles le pouvaient. Leur présence était la seule lueur dans le combat qu'elle menait. Elle cherchait leur regard, apeurée, affolée, tourmentée, comme on espère une promesse de guérison lorsque la fièvre vous ronge. Elle tendait une main lorsque la houle douloureuse reculait et la laissait respirer, pour puiser des forces avant de retourner à l’affrontement.
Elle leur demandait en silencieuse supplique de ne pas l'abandonner, de rester là, tout près, de lui parler, de ne pas cesser de la réconforter.
La Duchesse n'était plus la femme fière et forte, elle redevenait comme une petite enfant, terrifiée au milieu du noir et de l'inconnu qui s'y cachait.
Elle n'avait pas peur de mourir, pas peur non plus que l'enfant meure, elle n'y pensait même pas, elle n'en avait pas le temps, pas la force. Non, elle avait peur tout court.

Dans les élans de douleur, alors qu'elle prenait appui sur Clarinha, qu'elle serrait tellement fort la main d'Isandre, qu'elle n'entendait plus les conseils d'Adélaïde, elle jurait. Oui, la Duchesse de Chartre jurait ! Et de la belle manière.

Nom de Dieu ! Mortecouille, que je déteste ça !

Je jure que tu ne toucheras jamais plus Amahir, je le jure sur ta tête !

Rhhhhhhaaaaaaaa ! Nom de Zeus(*) ! Je voudrais mourir !




(*)NDL : C'est en relisant la biographie de Della que bien plus tard, un certain Robert Zemeckis intégrera ce juron dans une série de films célèbres. Info - Intox
_________________
Isandre.watelse
Courir chercher les divers ingrédients, préparer de mystèrieuses mixtures, s'assurer qu'il restait assez de bûches dans l'âtre, vérifier que l'eau du bain était prête... C'était peut être épuisant d'accoucher, mais assister Adelaïde ça n'était pas non plus de tout repos.

Elle avait perdu la notion du temps, ou plutôt le temps ne se décomptait plus en minute et en heure à présent, mais en douleurs et en cris.
Le délais était il plus ou moins long entre deux spasmes. Dame Della lui broyait elle la main plus fort d'une fois sur l'autre ? Le temps semblait suspendu à la venue au monde de cet enfançon capricieux.

Inquiète, la demoiselle de compagnie restait présente, ne sachant comment soulager une douleur que ne semblait jamais vouloir finir.

Ainsi, c'était ça le but suprême du mariage ? Mettre des enfants au monde dans la douleur alors que le père lui, avait disparu et attendait que cela se fasse.
Les douleurs semblaient de plus en plus insupportables, si on jugeait aux juro[i]ns de mieux en mieux sentis qui sortaient de la bouche de la duchesse.
Isandre se jura bien que jamais elle ne laisserait un homme la mettre dans une situation aussi inconfortable. Cela ne faisait que renforcer sa détermination à rester fille.
En attendant, Adelaïde semblait imperturbable et Clarinha tenait son rôle au mieux.


- Courage Dame Della. Votre fille sera bientôt dans vos bras...


Elle jeta un regard interrogateur à la matrone qui palpait délicatement le ventre distendu :


- N'est-ce pas ?


Intérieurement, son inquiétude grandissait. Un enfant aussi contrariant... ca pourrait bien être un garçon après tout... [/i]
_________________
Adelaide


Chacune savait quoi faire. La demoiselle de compagnie Isandre avait préparé le bain pour le bébé et préparer la mixture pour le laver. A présent, elle tenait la main de la Duchesse pour l’encourager dans sa bataille, la plus belle d’entre toute. La couturière Clarinha tenait fermement la Duchesse pour lui offrit un soutien et l’aider à expulser le nourrisson. Quant à Adélaïde, elle suivait de près les efforts de la Duchesse. Il semblerait que l’enfançon ait du mal à venir. Sa patronne jurait de douleur. Les infusions de sauge et de feuilles de framboisier n’eurent pas l’effet escompté. Habituellement, cela suffisait à donner les contractions nécessaires pour la délivrance, mais la matrone avait un plan b. Et même les encouragements de ses amies ne suffisent hélas. Adelaïde se redresse et ajuste ses binocles en regardant la jeune suivante.

Demoiselle Isandre, pouvez-vous aider notre future Maman à boire le contenu de la coupe sur table de chevet je vous prie ?

Avec le vin rouge mélangé à la matrice de lièvre, Sa Grâce allait pouvoir accoucher plus rapidement cette fois. Quelques gorgées suffisent à donner les contractions nécessaires à pousser l’enfant hors de ses entrailles …

Je vois sa tête Madame, continuez encore ! Et Adelaïde qui se signe, demandant l’aide au divin.

Elle donnait encore les instructions à la Duchesse, lui indiquant quand souffler, quand pousser, quand se reposer. L’enfançon était là et pas de cordon autour du cou, c’est bon signe.


Poussez encore Madame, encore un petit effort ! lui disait-elle en donnant du courage.

Garçon ? Fille ? Bientôt, elles auraient la réponse …
Isandre.watelse
Ce fut d'une main plutôt maladroite que la jeune femme attrapa la coupe désignée pour la présenter aux lèvres de Dame Della.
Elle ne pouvait s'empêcher de frémir devant cette lutte primale qui semblait ne jamais vouloir finir.
En plus, le breuvage avait l'air peu engageant et dégageait une forte odeur de sang, de quoi lui soulever le coeur.

Malgré tout, elle réussit à présenter la coupe devant les lèvres serrées et à faire couler un peu de liquide dans la bouche de la baronne.

La bataille reprit de plus belle. Adelaïde semblait toujours aussi sûre d'elle mais Isandre se doutait bien que plus le temps passait, plus l'urgence à délivrer l'enfaçon devenait vitale.

Murmurant des encouragements, elle s'efforçait de soutenir la parturiente, échangeant des regards inquiets avec Clarinha.
Le ventre distendu prenait des formes curieuses au fur et à mesure de la délivrance.
Enfin Adelaïde donna le signal. La tête était visible. Bientôt l'enfant serait là.

Isandre adressa une dernière prière muette à Aristote, pour que la délivrance soit rapide et surtout pour que l'enfant soit bien du bon sexe.


- Aller, courage Dame Della. Encore un dernier effort.
_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)