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[RP] Fuite éternelle vers le Passé

Artheos




      Lodève


    Et puis l'absence. Et puis la peine. Et puis jamais. Une complainte perdue dans le Sud Est. Entre Millau et Montpellier. Ce n'est qu'un homme qui ne comprend pas son temps, Arthéos, après tout. Les lamentations silencieuses d'un valet, éloignées de toute joie. Il est seul à marcher vers le Passé, et il ne s'en plaint pas ; c'est comme ça.

    Tôt ce matin, il s'était réveillé dans une auberge insalubre de Lodève. Le soleil n'avait pas encore pointé ses rayons. La couverture poussiéreure l'avait gratté toute la nuit. Ah ! Que ne fallait-il pas faire pour économiser ses écus ! Dormir dehors aurait été aussi bien. Il serait peut-être mort de froid. Tant pis. Qui le remarquerait ?

    La tête enfouie dans des coussins peu confortables, il n'avait prévenu personne qu'il partait. Il avait déserté la famille qu'il servait. La vicomtesse, sa fille, son cousin. Il s'était éclipsé vivement mais non sans chagrin. L'hiver le faisait trop souffrir. Et la mer ne faisait qu'aggraver son état de mal-être. Le temps des neiges, c'était en cette période qu'il l'avait croisée. Qu'elle l'avait aidé, en lui offrant une soupe et un verre de vin. Qu'elle l'avait pris sous son aile, l'empêchant de dépérir dans une ruelle triste de Conflans, en Champagne.

    Arthéos se retourna dans son lit, et scruta le plafond. Les oiseaux se cachent pour mourir. Et la règle n'avait pas échappé pour sa duchesse. Elle était partie, un jour, sans rien lui dire. Il était en colère contre elle. Elle l'avait abandonné en Normandie, un soir de malheur. Il s'était retrouvé seul, à Bayeux, blessé dans l'âme, blessé au coeur... Puis elle s'était envolée vers le plus long et le dernier des voyages. Elle ne fut qu'un voile de pluie fraîche sur la montagne de la Vie, qu'un mistral dans l'un de ces oliviers du Sud, qu'un éclair dans un ciel en feu. Une image d'une douceur disparue, dans une beauté à jamais évaporée. Un vase qui se brise sur le sol.

    Arthéos s'assit sur le lit. Il garda autour de lui la couverture pour réchauffer son torse nu. Qui était-il, alors qu'elle était partie vers de plus glorieux rêves ? Un flocon de neige qui pouvait disparaître à tout moment en touchant le sol. Une feuille qui virevoltait dans les airs. Un nuage, un point, un grain de sable, sur une plage blanche. Rien.

    Le Temps et toujours le temps ! Quel assassin. Il avait emporté tous les rires et les joies d'Arthéos. Il l'avait rendu homme dans sa tête avant l'âge. Il l'avait brisé. Ainsi allait la vie. Quelques infimes bonheurs, aussitôt ravagés par d'inoubliables tristesses. Et nous suivons.

    Arthéos resta longuement sur ce lit. Son but était tout trouvé : il était le triste pèlerin que le matin d'hiver n'arrêtait pas. Il devait faire aujourd'hui ce qu'on lui avait toujours caché. Il devait retourner en Champagne. Il devait se consoler sur la tombe d'une femme...

    ... de celle qui était toute sa vie, d'une pensée radieuse dans un océan d'amertume et de doute.


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Deedee


    Montpellier


Étrange nuit, courte nuit, nuit peuplé de rêve et de songe bien trop réel pour être oublier au première lueur de l’aube. Des rêves, peuplés de tous ces êtres disparus, ces mêmes rêves qu’elle avait fait là-bas, en Hollande, lorsqu’elle voyageait entre la vie et la mort. Étrange…

Était-ce ces verres de ce vin de pays qui lui était monté à la tête, le fait qu’elle s’était couché… le ventre vide, ou simplement le départ de sa fille et de son cousin qui avait remué des souvenirs. Ces souvenirs… Elle ne savait pas, elle ne savait que penser de tout ceci, mais un léger mal-être persistait, un vide, un manque, quelque chose d’anormal ce matin là…

Assise dans ce fauteuil tout près de la cheminée, Adeline fixait la flamme qui dansait songeant a l’étrange nuit qu’elle venait de passé et la journée qui s’était écoulé juste avant. Entre l’excitation de sa fille sur ce départ soudain et le départ de son fils à peine arrivé au monastère, elle n’avait pas remarqué l’absence d’Artheos tout au long de cette journée. Elle l’avait pourtant bien croisé le matin, lui avait même trouvé triste mine mais n’avait rien dit, rien relevé. N’était-elle pas elle aussi toujours d’humeur chagrine ? Un sourire avait suffit avant que chacun de vaque à ses occupations. Elle savait qu’il allait et venait quand elle même parcourait les marchés, fréquentait de temps à autres les tavernes ou… s’isolait dans sa chambre.
Mais… elle le revoyait toujours le soir, au souper, toujours… Mais…

Les yeux de la vicomtesse s’ouvrir en grand, semblable a des billes se rendant compte soudainement, que sa léthargie permanente l’avait empêché de voir certaine chose et sans attendre davantage, munie d’un pressentiment, elle se leva prestement jetant sur ses épaules son châle et s’élança hors de sa chambre en direction de celle de son Valet dans cette maison… silencieuse.

Une porte, un couloir, et elle frappa à la porte de cette chambre…
-Arthéos tu es là ?
    Aucune réponse…


Nouveau coup,
-Arthéos, c’est moi, Adeline tu es là ?
    Toujours pas de réponse…


Adeline ouvrit donc la porte pour constater ce qu’elle présentait… une chambre vide. Son cœur ne fit qu’un bon dans sa poitrine, s’imaginant d’emblée le pire, et le pire du pire. Avec cette menace pesant sur leur famille, il pouvait être n’importe où, et courir mille dangers !

Il ne lui fallu que quelque petite minute pour se préparer, une tenue des plus simple, braie, chemise sur lequel deux bracelet de cuir venait enserrer ses poignets, une cape, ses bottes dans laquelle elle glissa une dague, son épée, son arc et une besace, le strict nécessaire pour être paré à toute éventualité. Ainsi prête, elle questionna les gens de cette maison avant de partir arpenter les rues de la ville à la rechercher de quelconque information.
Mais partout, partout toujours la même réponse. Personne ne l’avait vu, personne ne savait rien, personne n’avait rien remarqué. Mais que pouvait-elle attendre de plus dans une ville où elle était étrangère, où elle connaissait si peu de monde…

Ce n’est qu’a la nuit tombante, fourbu et transi de froid, marchant simplement au coté de son cheval dans cette rue menant à la porte ouest de Montpellier qu’elle trouva enfin un indice, mince indice.
Le douanier de garde avait bien vu passer un jeune homme correspondant à la description qu’elle venait de lui faire. S’il était seul ? Il n’avait pu le dire, tant il y avait du monde qui avait passé la porte avec lui.
Il n’y avait donc plus aucun doute, Arthéos ne serait jamais parti seul si loin, c’était donc une certitude, il s’était fait enlevé !

Et prenant tout juste le temps de remercier le douanier et de lui demander de prévenir la maréchaussée qu’un enlèvement s’était produit, Adeline grimpa sur son cheval et s’élança sur la route, priant intérieurement Aristote de lui permettre de retrouver son ami avant qu’il ne soit trop tard.

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Artheos




      Millau


    Une route de plus à arpenter. Il faisait froid quand Arthéos franchit les remparts de la ville de Millau. Nouveauté comté lui avait-on dit. Fais attention, gamin, les chemins ne sont plus aussi sûrs qu'autrefois ! Le valet avait haussé les épaules. Des brigands ? Des armées ? Il les éviterait. Il se faufilerait à leur barbe à tous. Et s'il tombait dessus, et bien tant pis ! Les pèlerinages étaient affaire de pardon, d'humilité, de patience et de don de soi. Il ne chercherait pas à lutter. Peut-être par manque d'entrain, peut-être par manque de force. Il était plutôt faible. Non pas physiquement, il avait atteint sa carrure d'homme, mais moralement. Intérieurement, c'était un champ de bataille, des ruines. Etait-il possible de les reconstruire ? De bâtir une nouvelle histoire par-dessus ? Il en doutait sérieusement.

    Malgré ses craintes et les avertissements des autres, il ne croisa strictement personne cette nuit, entre les deux villes. Il ne vit que les défenseurs de Millau, qui l'arrêtèrent et le questionnèrent un peu. Quand ils comprirent qu'ils avaient devant eux un pauvre vagabond, ils n'ajoutèrent rien. Mais soudain, alors qu'Arthéos allait se diriger vers l'auberge la plus proche, une foule impressionante dévala d'une ruelle sombre. Torches en main, fourches, pieux, épées pour les plus riches, Millau semblait être le théâtre d'une agitation nocturne. Contre son gré, le valet fut embarqué dans le flot de révolutionnaires. Il essaya de s'en soustraire, mais les rangs étaient trop serrés. Alors, fatigué, et ruminant, il suivit le cortège enflammé. Jusqu'à la mairie. Là, les miliciens furent arrêtés et contrôlés sans trop de mal. Puis une femme, sans doute le meneur, entra dans la mairie et se l'appropria. La révolte avait réussi. Les coeurs étaient apaisés. On extirpa le bourgmestre déchu, et on le mit aux arrêts. Arthéos resta là, au milieu des insurgés et n'en revenait pas. Légitimes ? Illégitimes ? Brigands ? Mandatés ? Il n'en savait rien. Et il s'en moquait, finalement.

    L'agitation se termina. Et le Peuple se retira petit à petit. Pour ne pas attirer l'attention sur lui, Arthéos attendit un peu. Puis comme les autres, il s'en alla. En marchant sur les pavés cabossés de Millau, une grosse femme haranguait la foule se dispersant, et espérait rameuter du monde chez elle :

    - Viendez beaux sires, belles dames ! Viendez à l'auberge du Viaduc ! Peu chère la chambre, peu chère ! Confortable !
    - Où se trouve votre hostel ?
    demanda Arthéos.
    - Bel homme ! Laissez-moi vous accompagner ! Je suis Gertrude ! Vous voyagez ?
    - Je ne sais pas trop. Errer serait plus approprié.
    - Il est pis tout triste ! Je peux p't'être vous réconforter, mon prince !
    - Merci, mais, non merci.


    L'auberge se présenta. Plutôt lugubre et sombre. La grasse patronne se positionna derrière son comptoir et exigea le payement par avance. Arthéos s'exécuta. Puis elle lui dit que la chambre se trouvait à l'étage, la dernière à droite. Elle oublia de lui donna la clef. Poliment, le valet la lui demanda. Hésitante, elle la lui confia toutefois. Haussant un sourcil inquiet, le jeune homme s'enferma rapidement dans sa chambre.

    L'intérieur était propre et bien rangé. Mieux en apparence que Lodève. Arthéos était exténué. Vivement le sommeil. Il retira son manteau, sa chemise, et ses bottes et s'engouffra dans les couvertures. La lumière de la Lune et des étoiles passaient par un interstice involontaire des volets de bois. C'était parfait pour s'endormir dans un lieu qu'on ne connaissait pas. L'obscurité totale et les bruits inhabituels faisaient parfois une peur atroce. Bercé par ce rayon de lumière blanche, il succomba au monde des songes.

    Au milieu de la nuit, on tambourina à sa porte. Le coeur battant la charge de cavalerie, Arthéos eut un sursaut d'enfer. Qui venait le déranger ? La police ? Venait-on l'arrêter parce qu'il avait participé à la révolte de la nuit ? Y avait-il une application de la loi martiale ? Le jeune homme se leva, alluma une bougie et ouvrit la porte de la chambre, les yeux encore ravagés par le sommeil.

    La grosse patronne se trouvait devant lui, en tenue tout à fait dégoûtante.

    - Mon mignon ! Oc ! Nous voici enfin réunis !

    Elle tenait elle aussi une bougie dans la main. Arthéos eut un mouvement de recul. Ah diantre ! Il s'était attendu à tout autre attaque, mais point à celle-ci ! Elle était bien repoussante, cette pauvre femme. Il la prit en pitié quelques instants.

    - Allons ma dame, votre époux n'apprécierait guère.
    - L'Thibault ? Ben ça non ! L'est cul-de-jatte ! 'passe ses journées couché ! L'temps qu'il vienne ici, nous aurons d'jà larg'ment fini notre aventure ! Oc !


    Arthéos leva les yeux au plafond. Arthéos sortit de sa chambre, ferma la porte pour éviter toute entrée, et se tint devant la patronne, l'air faussement déçu. Il sembla hésiter, puis dit :

    - Je suis désolé, mais... je suis marié.
    - Oh ! Mais moi aussi ! Ce qu'ils ignorent, ne peut leur faire de tort ! Comment qu'elle s'nomme la donzelle ?
    - Adeline d... Adeline Courcy. Très jalouse, très possessive. Elle vous arracherait les yeux si vous m'approchez.
    - Oh ! M'sieur Courcy, j'aime quand vous parlez comme ça ! Oc ! Allons, mais où est-elle quest' Ad'line?
    - Elle... n'est pas ici.


    Alors, soudain, la patronne plaqua Arthéos contre la porte de sa chambre et plaqua l'une de ses grosses mains potelées sur le torse du jeune homme.

    - Mais si elle n'est pas ici, nous pouvons tout faire ! Oc ! Ooh, que votre peau est douce ! Oh que vous êtes beau ! Oh ! Allons vite embaumer votre chambre du parfum éternel de l'amour bestial et ravageur ! Oc !

    Arthéos atteignit le paroxysme d'une terreur et d'un dégoût grandissant. Quand elle ferma les yeux et approcha ses terribles lèvres, le valet se délie de la patte posée sur son torse, ouvrit la porte, accourut à l'intérieur et ferma à clef. Il poussa un soupir gigantesque et resta appuyé contre le bois.

    - Oh ! Vous voulez jouer ! Oh ! Oc ! Celui qui gagne pourra faire ce qu'il veut de l'autre ! J'ai toujours un double des clefs, mon amant !

    Terrifié, Arthéos se rua vers une commode de la pièce, qu'il positionna au travers de la porte. Même si elle avait la clef, il fallait une force surhumaine pour espérer entrer. Pour ajouter du poids, le domestique s'installa lui-même sur le meuble et entendit la patronne en train d'essayer de pénétrer dans la pièce. Dieu que la nuit allait être longue !

    - Oc ! Vous êtes résistant, M'sieur Courcy ! Si vous bloquez la porte, j'pourrois toujours passer par la f'nêtre ! Je m'en en vais chercher l'échelle ! Mon amour ! Oc, oc !

    Aaah !


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Deedee


    Lodève


Pas un chat, pas un rat, même pas un cul d’jatte ! Rien sur la route, pas plus que l’ombre d’une trace ou d’un voyageur. Mais ou diable était-il passé ? Que diable faisait-il ?
Ahhh si ces marauds touchaient à un seul cheveu de sa tête, la vicomtesse était prête à se transformer en horrible monstre sanguinaire tout droit sortie des contes et légendes qu’elle racontait autrefois à ses enfants. La tristesse et l’abandon qui tourmentait son cœur depuis quelque temps maintenant avait laissé place, sur cette route quittant Montpellier à l’angoisse dans un premier temps, cette angoisse de trouver son valet en mauvaise posture ou pire, d’arriver trop tard. Et rien que cette pensées la mettait dans une colère… cette colère qu’elle avait refoulé tout au fond d’elle même et qui pourtant lui avait tant de fois permis de gagner des batailles. Ces mêmes batailles qui font que l’on en ressort plus grand et plus fort.
Cette drôle de colère qui lui avait fait prendre conscience qu’elle n’avait pas agi comme elle aurait du le faire depuis longtemps…

C’est ainsi, qu’elle arriva à Lodève alors que le soleil avait déjà entamé sa course dans le ciel. Sa capuche bien en place sur la tête, dissimulant une étrange lueur dans les yeux, la jeune femme mit pied a terre devant le bureau des douanes, espérant trouver là un quelconque renseignement. Nul doute qu’il n’avait pu passer inaperçu, et encore moins s’il était prisonnier de quelconques marauds ! Mais hélas… le douanier finissant de cuver sa nuit ne put rien lui dire, même pas son nom, et grommelant à demi mot, Adeline dut s’enfoncer dans le village, bride en main, n’ayant aucun moyen de savoir si Arthéos était encore là, ni même s’il était passé par là.

-Et bien ma p’tite dame, vous semblez perdu, v’cherchez que’que chose ?

Elle stoppa sa marche, enleva sa capuche et chercha autour d’elle d’où pouvait provenir cette voix. Etrange qu’on l’interpelle ainsi, même s’il est vrai qu’il y avait pas grand monde dans cette ville, elle ne s’attendait pas à être repérer de la sorte et sitôt surtout.

-Pardon ?

Son regard croisa alors celui d’un bossu rabougri tendant la main au coin d’une rue. Premier regard, premier abord, et instinctivement… méfiance ! Toujours se méfier des coins de rues et des bossus rabougris ! Règle n°712 du manuel du voyageur pour les nuls (en vente dans toute les douanes des villes !).
-Vous semblez toute perdu, j’peux p’tet vous aider, j’reste la toute la journée, mes p’tites jambes m’permette pas d’courir la ville alors j’reste la comme ça. Mais j’vois plein d’chose….

Adeline arqua un sourcil, encore plus méfiante que jamais (toujours la règle 712, notez bien !) mais comprenant soudainement qu’il pouvait être sa seul planche de salut pour retrouver Arthéos. Et puis… peut être qu’il était honnête après tout ?

-Je cherche quelqu’un effectivement, mais je doute que vous puissiez m’aider…
-Allons, allons n’dites pas ça à Anatole ! Vous cherchez un homme n’est ce pas ?

Adeline ouvrit la bouche pour répondre mais le bossu rabougri continua prestement.

-Un homme, avec de grands yeux tristes. Ah ça pour être triste, il semblait triste le pauvre, comme s’il portait toute la misère du monde sur son dos. L’pauv gars, j’aurais ben aimé qu’il m’en enlève un peu d’misère ça ouais !
-Mais ? Il était seul ? Y’avais du monde avec lui ? Des hommes armés ?
-J’pourrais pas dire, y’avais du monde dans la rue à c’moment là ! Y sortait d’l’auberge en face là. Mais p’tet qu’avec une piécette ou deux j’pourrais m’souv’nir.

Affichant une belle grimace Adeline sorti sa bourse sans se méfier davantage et avant qu’elle n’ait eu le temps d’en sortir une piécette, le bossu rabougri se jeta sur elle, et lui arracha la bourse des mains avant de partir en riant.

- Truandaille ! Maudit sois tu maraud ! Tu n’perd rien pour attendre ! Hurla-t-elle en se relevant toujours seule dans la rue. Fort heureusement, la bourse ne contenait pas grand-chose. Fort heureusement elle avait suivit la règle n°235 du manuel du voyageur pour les nuls (toujours en vente dans toute les douanes des villes !) et possédait une deuxième bourse de secours avec quelque écu dedans, mais tout de même ! Fauché comme ça ! Pire qu’un débutant !

Et toujours maugréant, la jeune femme s’engouffra dans l’auberge, voulant tout de même vérifié si par le plus grand des hasards son jeune ami s’était bel et bien trouvé icelieu la veille…
Il ne lui fallu pas longtemps à la de Courcy pour ressortir de l’auberge en question, un franc sourire sur son visage. Des réponses, elle en avait eu, un certain soulagement aussi, même si d’autre question demeurait.
D’enlèvement il n’était pas question… quoique… presque… quand même un peu… d’une certaine façon… enfin bref ! Mais une chose était sûre, Arthéos avait pris la route du nord ne direction de Millau !

Sans perdre un instant, oubliant immédiatement la nuit harassante passé, Adeline grimpa sur son cheval et pris immédiatement la direction du Nord et s’élança sur cette route montagneuse qui la conduirait à Millau.

- Tiens bon Arthéos, j’arrive ! murmura-t-elle en lançant son cheval au galop.

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Artheos




      Alentours de Rodez


    Vous vous demandez sans doute comme s'est terminé la bataille contre la mère Gertrude ? Eh bien, il en fallut de peu à Arthéos pour périr suite à ses dangereux assauts. Toujours assis sur le meuble pour empêcher la patronne d'entrer, voilà l'échelle qui frappa contre les volets. Et les volets qui s'ouvrent d'eux-mêmes ! Terrifié, le valet se précipita vers les fenêtres pour les maintenir closes. Il vit alors Gertrude, taper aux carreaux, et lui lançant des baisers très engagés. Faisant triste mine, le jeune homme ne la regarda pas plus longtemps et résista encore au siège de la femme. C'est alors qu'il comprit : la fuite restait envisageable ! Il était exténué, il devait encore passer la journée à Millau, mais rester ici était impossible. Alors, décidé, Arthéos se vêtit rapidement, déplaça la commode de la porte, et s'extirpa de la chambre. Il quitta l'auberge du Viaduc les jambes à son cou et passa la journée à errer sur les marchés, en prenant garde à croiser de nouveau la Gertrude.

    Et le temps passe, c'est inévitable. Et revoilà le petit soir. Le baluchon sur les épaules, Arthéos reprit son chemin. Direction le Nord, encore. Rodez, lui avait-on dit. Une capitale. Attention, c'est mouvementé ! Bien, d'accord. Sur les chemins il marchait. Le froid était particulièrement mordant et le jeune homme sentait ses articulations se raidirent au fur et à mesure. Ses dents claquaient, sa respiration était saccadée par des soubresauts dus à la température. Il avançait dans cette forêt qui précédait Rodez, très lentement, et presque dans l'obscurité totale.

    Soudain, un buisson aux feuilles gelées remua sur sa droite. Inquiet, Arthéos recula vers la gauche. Mais là, un vieil hibou aux yeux injectés de sang poussa un cri venant des entrailles de la terre et terrorisant le pauvre valet et sursauta tellement que, en voulant s'enfuir, trébucha maladroitement et tomba sur le côté du chemin. Il roula sur lui-même un nombre incalculable de fois. La chute dura une éternité, heurtant cailloux, ronces et racines. Puis soudain, plus rien, le calme. Il avait atterri au fin fond d'un ravin. Terriblement tourmenté et choqué par ce qui venait de lui arriver, Arthéos rouvrit les yeux. Aucun mal ? Pas de blessures ? Il ne ressentait rien en tout cas, tellement ses membres étaient engourdis par le froid. Alors, en bon optimiste, il tenta de se relever. Mais la punition fut immédiate. Il poussa un cri de douleur et retomba sur l'humus gelé de la forêt. Sa cheville gauche n'avait pas soutenu son poids. A tous les coups, il s'était rompu un os.

    Se maudissant, il se traîna à la force des bras juusque contre un rocher, et s'y adossa. Dieu, c'était ainsi que tu condamnais ton enfant ? Sans doute pas le plus méritant, certes, mais pas non plus le moins. Alors, tel un enfant qu'il n'était plus, il laissa verser de ses yeux, des larmes de tristesse. L'aventure se terminait ici. Demain matin, il n'y aurait plus d'Arthéos. Plus de valet de coeur. Plus rien, excepté un corps pétrifié par le froid et le chagrin.

    Malgré tout, pour avoir un peu de chaleur, il croisa ses bras, plaça ses main sous ses aisselles, remonta un peu le col de son léger manteau. Mais cela n'atténuait guère cette ennemi invisible et mortel. D'une main, il chercha son baluchon. Cependant, il n'était plus dans son dos. Il avait dû s'éhapper lors de sa chute. Alors l'espoir renacquit. Peut-être que quelqu'un le trouverait ? Peut-être qu'on descendrait jusqu'au ravin ? Peut-être... peut-être que des brigands se contenteraient du contenu, sans aller plus loin dans la réflexion. Peut-être qu'il était finalement condamné...

    Ses pensées étaient la seule cause de sa survie. Il pensait, donc il survivait. Cela le maintenait éveillé, et lui évitait de sombrer dans l'inconscient et la mort.

    Et certaines pensées réchauffaient le coeur...


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Deedee


    Millau, on continue !


C’était décidé ! Elle détestait la nuit, elle détestait la neige, elle détestait le froid ! Et elle détestait par-dessus tous les chevaux qui l’obligeait à marcher en cours de route !
Oui, bon, la Normande était plutôt de mauvaise humeur, parce qu’en fin de compte, son cheval, elle l’adorait, mais n’empêche que… le temps affreux de la nuit l’avait considérablement ralenti dans sa progression sans parler de la marche forcée qu’elle s’était imposé pour ne pas mourir de froid. Apres trois jours de cavale, trois jours de course, trois jours sans dormir, si la volonté de la de Courcy était toujours là, son corps lui, réclamait plus que de raison un peu de repos.
C’est donc en grommelant et en trainant les pieds qu’elle passa les portes de Millau ou régnait une étrange effervescence. Du monde arpentait les rues, d’autres courait ici et là, des groupes s’était formé au coin des rues et semblait être lancé dans des discutions plutôt animés, voila au moins qui lui changeait de la route en solitaire qu’elle avait fait depuis Montpellier. Un peu d’animation ! Quoi de mieux ! Et puis peut être que dans le lot quelqu’un aurait aperçu Arthéos. Mais pour l’heure…. Un peu de repos avant de tomber d’inanition dans cette rue !

Ses pas s’arrêtèrent devant une Auberge sans grande prétention, elle n’était de toute façon pas ici pour afficher ses titres ou se montrer, mais juste pour se reposer un peu avant de reprendre ses recherche. Laissant donc son cheval devant la bâtisse, la jeune femme entra dans et avisa rapidement l’endroit.
Pas très grand, pas très accueillant, mais… silencieux ! Une grosse bonne femme se tenait derrière le comptoir et ne semblait très satisfaite de recevoir du monde. Qu’à cela ne tienne, Adeline avait besoin de repos et repos elle aurait. Et il ne lui fallut que quelque minute pour obtenir ce qu’elle désirait, notant au passage le regard étrange de la tavernière lorsqu’elle lui laissa son nom et le : « Ciel ! Sa femme ! » qu’elle laissa échappé. Mais trop lasse et fatiguée pour répondre quoi que ce soit, la Normande se contenta de monter rapidement et de s’étendre enfin sur sa couche.

Quelque minute de repos… juste quelque minute pour fermer les yeux, détendre tout ses muscles tendu par ses trois jours de cavalcade. Ce n’était pas la première fois pourtant qu’elle voyageait comme cela. Elle était habituée par ses nombreux passages dans l’armée à chevauché, marché, se battre et soumettre son corps à rude épreuve. Mais là… était ce le froid, le manque de nourriture, la fatigue qui persistait depuis son dernier mandat ? Elle ne saurait dire, mais ses trois derniers jours l’avaient complètement… épuisé ! Mais malgré tout cela, c’est avec beaucoup de mal qu’elle parvint à s’endormir. Ses pensées sans cesse tourné vers les siens, vers son valet, ce jeune homme exceptionnel qu’elle avait pris auprès d’elle et sur qui elle avait promis de veillé en réponse à la promesse faites a sa défunte amie, ce jeune homme, bien plus qu’un valet, un ami avant tout ce dont peu de personne arrivait a comprendre. Combien de fois ne lui avait-on pas dit : « Ce n’est qu’un domestique, n’y prend pas garde ! » Mais non, non ce n’était pas « qu’un domestique », ce n’était même pas un domestique tout court… c’était un ami, un membre de sa famille à part entière… voilà pourquoi elle tenait absolument à le retrouver… Et puis il y avait eu aussi cette lettre reçut de sa fille. Sa petite princesse qui était parti avec son cousin. Comment aurait-elle pu l’en empêcher malgré les crainte et les doutes qui l’assaillait chaque fois qu’elle devait se séparer d’elle… Mais là encore… qui pouvait voir et comprendre les tourments qui l’assaillait chaque fois qu’elle devait prendre la décision de se séparer d’elle… Même si… même si cette fois tout était bien différent. Ce n’était qu’une petite escapade dans la ville voisine, et puis elle était entouré, bien protéger aussi, il veillerait sur elle, il n’y avait rien à craindre. Rien à craindre si ce n’est les brigands qui sillonnait les routes, et qu’elle ne fut pas sa surprise d’apprendre dans cette lettre, qu’ils avaient été victime de brigand…
C’était comme si le sort s’acharnait, comme si la malédiction que lui avait révélé Osfrid se confirmait, encore et encore. Elle qui avait pensé trouver enfin la paix et le repos en arrivant dans cette région, elle était loin de s’imaginait que le combat continuerait… Et quel combat ! La tempête ne cesserait donc jamais ? Devait-elle finalement se faire à l’idée que cette « malédiction des enfants jumeaux » était vraie et que rien ne pourrait changer ? Et qu’arriverait-il à Briana ? Et Erwan ? Et…
Trop... Une fois de plus c’était trop ! La de Courcy exacerbé par toutes ces questions qui hurlait dans son pauvre petit crane déjà assez endolori se releva d’un bon. Cela était tout simplement inutile, elle ne parviendrait pas à dormir dans ces conditions. Pas avant d’avoir envoyé une missive a sa fille, ni avant d’avoir retrouvé Arthéos !
Quoi que l’on puisse penser d’elle, elle avait fait une promesse et s’était juré de la tenir !

Sans attendre davantage, la jeune femme s’installa au petit bureau meublant la pièce sombre, et, à la lueur d’une bougie, entreprit d’écrire une seconde lettre a son enfant, au moins pour la rassurer dans sa cavalcade, mais surtout, surtout, pour s’assurer que tout allait bien de son coté. Non pas qu’elle doutait de la protection du cousin, mais simplement qu’elle voulait, s’assurer, se rassurer, comme toute mère s’inquiète de ces enfants…
La missive écrite, elle s’empressa de trouver un pigeon capable de se rendre à Nîmes, et le fit partir sans plus attendre avant de rassembler ses quelques affaires et quitter l’endroit.

La grosse tavernière n’étant bizarrement plus là, Adeline, dut se résoudre une fois de plus à arpenter les rues de Millau dans l’espoir de trouver quelque renseignement sur son « disparu ».

A une marchande
- Un jeune homme dites-vous ? Mais ma bonne dame, j’en vois des centaines par jours !
    Mauvaise pioche…


Un autre :
- Comment dites-vous ? si j’ai vu vot’ palet ?
    Trop sourd…


Encore un autre :
-A ouais, ca m’dit que’que chose j’crois bien ! Tout comme vous dites, j’l’ai vu passer l’aut’ jours, mais semblait vouloir s’cacher.
-C’est lui ! C’est sûrement lui ! Vous savez par ou il est parti ?
-Vers l’nord, c’te rue mène vers la porte d’la ville, il est p’tet parti la bas.
-Oh merci mon brave merci !

-C’t’y pas malheureux, encore une donzelle amoureuse qui court après l’amour… Tsss pauv’ gars ! j’spère qu’il l’evit’ra !

Les dernières paroles du commerçant, Adeline ne les entendit pas, trop occupée à grimper une fois de plus sur son fidele destrier. La route du nord… encore le nord, mais où diable allait-il ?!
Direction….. Rodez !

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Ana.lise



[Entre errance et déchéance, quand une âme ne veut pas vous laisser partir... ]



Forme éthérée qui voyageait entre les mondes depuis bientôt un an, Ana n’était jamais bien loin de son valet... Son valet, voilà qui était étrange qu’elle le nomme encore ainsi car il était devenu celui de la de Courcy depuis toute cette année… Année de peine, année de chagrin, année de souffrance qui s’était écoulée car malgré les limbes dans lesquelles elle s’était glissée, Ana souffrait de voir Arthéos ainsi, meurtri, perdu, blessé de sa propre attitude.
Avait-elle un jour eu un cœur ? Avait-elle un jour pensé à quelqu’un d’autre qu’à elle-même ? Ana finissait par se le demander.

Disparue de par sa seule volonté, celle qui avait mis fin à ses jours ainsi qu’à ceux de son enfant n’avait jamais trouvé le repos éternel. Un seul être vous manque disait l’adage et pour Ana il prenait son sens dès qu’elle sentait les pensées de ce doux dingue d’Arthéos l’appeler avec force et conviction. Jamais elle n’aurait pensé qu’il lui en voudrait à ce point de s’être ainsi donné la mort mais au final, c’était tout à fait compréhensible. En réfléchissant bien, elle aurait dû prévoir ses réactions mais l’amour l’avait rendue aveugle. Et la peur, la douleur de perdre celui qu’elle aimait à jamais l’avait précipité vers une folie qui lui avait fait oublier celui qui pourtant était le plus fidèle d'entre tous.

Chaque jour, Arthéos faisait naitre un sourire sur ses lèvres, chaque jour il l’arrachait à ses mauvaises pensées. Il était là, attentif, sans rien demander, aux petits soins pour la noble qu’elle était devenue, premier à lui souhaiter une bonne journée, dernier à lui murmurer une bonne nuitée.
Un lien qui les unissait, elle la duchesse, lui le noble-gueux car il avait dans son cœur tant de bonnes intentions qu’Ana n’avait pas vraiment résisté à le garder avec elle. Il lui était devenu indispensable et ensemble ils étaient devenus inséparables.
Il avait été le témoin de son bonheur, il avait porté le fardeau de ses craintes comme de ses larmes, il l’avait vu s’enliser dans cette déchéance qui fut la sienne bien trop souvent pour ne pas voir en lui le fidèle compagnon d’une vie mais pourtant, elle avait préféré le laisser seul avec sa peine plutôt que… que quoi ?

Jamais elle n’aurait entrainé Arthéos dans sa chute, elle ne pouvait se l’imaginer. Et lui demander de se sacrifier, ça ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Non il devait vivre parce que sa vie était d’apporter bonheur autour de lui. Et elle savait très bien que s’il avait eu vent de ses projets, il se serait dressé en travers de sa route. Le petit tout qui les unissait aurait fini par faire céder Ana et elle n’aurait jamais rencontré la faucheuse. Mais sa vie en aurait-elle était meilleure pour autant ? En attendant, elle le voyait là, dans ce froid, s’enfonçant comme la première fois où elle l’avait rencontré dans la compagne champenoise, quasi mourant…
Cette fois encore, elle ne pouvait le laisser ainsi. Non il n’était pas l’heure pour lui de disparaitre. Il avait encore à veiller sur les choses et les gens, apporter un peu de ce sourire qui le caractérisait tant. Doucement, approchant son visage opalescent vers l’oreille du jeune homme, Ana se mit à murmurer.


- Arthéos… Arthéos ouvre les yeux… ne reste pas ainsi. Tu ne dois pas t’endormir, tu le sais. Rappelle-toi Compiègne mon ami… rappelle-toi les flocons qui voulaient avoir raison de ta volonté. Tu te souviens comme il faisait froid ce jour-là. Et j’avais buté sur tes pieds.

Oui Arthéos, souviens-toi de ce qui nous avait fait nous rencontrer. Depuis je veillais sur toi et toi sur moi. Et regarde où tu es et pourtant je suis encore à tes côtés.
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