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[RP] La Mauvaise Herbe (Herboristerie)

La_vieille_apothicaire
[À Craon, non loin de la place du village, se trouve une petite ruelle. Sombre et exigüe, celle-ci abrite quelques masures à l'air austère mais aussi une boutique étriquée. Sur la porte de cette boutique, il y a un petit panneau, cloué à la va-vite, sur lequel est écrit "Apothicaire-Herboriste". Apparemment sans nom, cette boutique est néanmoins nommée "La Mauvaise Herbe" par les quelques mauvaises langues du quartier. Ce sobriquet n'est pas tant adressé à la boutique qu'à sa propriétaire, toujours d'humeur revêche, toujours abrupte lorsqu'elle parle avec ses voisins.
L'herboristerie est, à l'image de la ruelle, exigüe et sombre, les senteurs y sont fortes et le désordre y règne presque constamment. La bâtisse comporte plusieurs étages, tous d'une taille restreinte. Le rez-de-chaussée accueille la boutique ; le premier étage, les appartements de la gérante ; et le second, les stocks.]



La petite vieille, pareille à elle-même, déambulait paisiblement dans son échoppe, époussetant quelque peu les étagères, mettant de l'ordre dans les herbes qui séchaient, accrochées aux poutres, classant ses préparations avec soin... La boutique n'étant pas bien grande, il fallait absolument la tenir en ordre sous peine de devenir fou. Un peu de laisser-aller et c'en était terminé...

Concentration et organisation. Tels sont les maitres mots ! Le ménage c'est tout un art...


Un coup de plumeau par-ci, un coup de balais par-là et surtout beaucoup de rangement. Pendant deux heures, peut-être trois, elle fit place nette dans son bazar.

Ainsi, lorsqu'elle eût terminé, observant les lieux, l'air satisfaite, elle poussa un soupir de contentement. Le sentiment du devoir accompli, la fierté du travail bien fait, la joie de voir son étroite échoppe respirer au maximum de sa capacité.


Parfait ! Comme quoi, avec un peu d'ordre, tout semble bien plus grand.

Se dandinant en direction de l'âtre, elle entreprit de se faire une tisane... Après tout, elle l'avait bien méritée !
Arrivée à hauteur du chaudron suspendu au-dessus des braises, elle y versa une petite quantité d'eau et s'assit sur le tabouret, non loin de la cheminée. Elle regarda vaguement le rougeoiement crépitant pendant quelques longues minutes puis, soudainement, elle se dressa, à l'affût, tel un chien de chasse. Elle était certes d'un âge avancé mais son ouïe était restée telle qu'à ses vingt ans.


On dirait des bruits de pas... Et ils approchent...
Bertin
BAM !

En un coup de pied, Bert' défonça la porte de l'herboristerie... C'est qu'il avait une sacrée force dans les jambes, le vieux loup !
Adess sous le bras, il pénétra dans la masure, alors que la poussière retombait paresseusement. Il entra, fronça le nez et dévisagea la pauvre vieille qui avait l'air à la fois effrayée et effarée.


Que... Que...

Pour toute réponse, le garde arqua un sourcil et dit :

Pas l'temps, la vieille ! Y m'faut un pageot d'toute urgence...

Il l'observa. Elle l'observa. Pendant quelques longues secondes. L'effarement était toujours visible sur ses traits fripés mais la frayeur s'était, semble-t-il, muée en un vif courroux.

Y m'faut un lit, Ventre-Dieu !

Sans attendre davantage, il entraina l'ancien maire dans les profondeurs de la boutique, laissant l'apothicaire, hébétée par tant de culot.
Se doutant que la vieille devait dormir à l'étage, il se dirigea vers l'escalier, qui était bien trop étroit pour que les deux hommes passent côté à côte. Aussi, Bertin mit le brun sur son épaule et amorça une rude ascension. Adess, qui était presque aussi grand que lui, pesait lourd sur son épaule, et la peur de le faire tomber, donnait une froide suée au Loup. Néanmoins, au prix d'un effort harassant, il atteignit le palier.

Debout, soufflant comme un boeuf, de la sueur lui tombant dans les yeux, il observa l'unique pièce qui s'offrait à son regard. C'était un chaos général... Perdu entre des piles de vieux draps, de rideaux et d'oripeaux, un misérable lit trônait, tel une île au milieu d'un océan. Et si, au rez-de-chaussée, l'odeur d'herbes était forte, ici résidait une senteur plus âcre encore. Une odeur de renfermé. Décidément, ce lieu étriqué n'était pas des plus charmants...
Bertin fit un pas en direction du lit avant d'être stoppé par l'apothicaire, dont le faciès cramoisi dénotait la fureur.


Vous... Vous... Où vous croyez-vous ? Vous fracassez ma porte, vous me traitez avec d'effroyables manières et vous osez demander un lit ? Un lit ?!

L'homme grogna, l'air menaçant. Il n'avait pas que cela à faire. Il se moquait de la porte et des manières, l'ancien maire venait de se prendre une déculottée et il fallait le mettre à l'abri. Bertin, en bon Angevin, était persuadé que les Royalistes voudraient en faire un exemple, en le condamnant à la potence... ou pire.


Écartez-vous !
La_vieille_apothicaire
La vieille femme fulminait littéralement. Cet homme, non content d'être une brute épaisse, était d'une impertinence folle... Elle le dévisagea quelques instants et alors qu'elle s'apprêtait à lui retourner une pique bien sentie, elle tiqua subitement. Tâchant de contenir sa colère, elle souffla :

Qui est-ce ?

Elle s'approcha doucement du corps inerte, perché sur l'épaule du rustre, et jeta un bref regard sur le visage du jeune homme. Sous une brune tignasse se tenait un faciès gonflé et violacé, couvert d'ecchymoses... Bref une trogne toute tuméfiée.
Toutefois, elle le reconnut. C'était celui qui avait frappé à sa porte, un soir, et qui lui avait prié de se rendre au chevet d'une souffrante... Une brune, atteinte d'une fluxion de poitrine.


C'est...

... le maire, oui.

Elle arqua brièvement un sourcil devant la révélation. Lorsqu'il était venu la trouver, il ne s'était guère présenté comme étant le maire... Enfin, elle haussa les épaules et désigna le lit d'un signe de la tête.
Le rustre émit un grognement et se dirigea, tant bien que mal, en direction du lit. Si la vieille aimait que son échoppe soit propre et bien entretenue, elle avait tendance à se laisser aller quand il s'agissait de sa chambre. Toutefois, le gaillard arriva jusqu'à la paillasse et y déposa le corps inanimé du maire. Puis il fit volte-face, se racla la gorge et déclara :


Je dois envoyer un message. Occupez-vous en bien !

Et il tourna les talons, sans davantage d'explications. L'apothicaire darda sur lui un sombre regard avant de rejoindre le blessé.
Catterine


La brune muette, inquiète depuis un bon moment de ne pas revoir son ami, arpentait les rues à sa recherche.
Les quelques questions posées en tavernes auprès des royalistes n'avaient bien sure rien donné. Certain même s'étaient permis de le traiter de déserteur et de pilleur, chose que jamais elle ne pourrait croire de la part du brun.
Elle le connaissait assez pour savoir qu'il était quelqu'un de loyal, raison pour laquelle le pauvre s'était vu affublé de ce poste ingrat à la mairie d'ailleurs.
Perdue dans ses pensées, tendant le regard vers le moindre visage, la moindre silhouette ou ombre qu'elle croisait en espérant que ce soit lui mais rien.
Les rues bondées de l'effervescence ambiante qu'avait créée les armées récemment établies dans l'enceinte du village donnait presque le tournis à la petite brune de voir tous ces nouveaux visages pour ne jamais trouvé celui qu'elle cherchait et
les habitants restaient pour la plupart cloitrés chez eux.
Sauf qu'à ce moment-là, un jeune garde qu'elle avait déjà vu quelques fois auparavant sur les remparts quand elle avait rendu visite à Adess, semblait l'avoir vue avant même qu'elle le remarque, celui-ci venant vers elle presque en courant.


Dame Catterine ! Enfin vous voilà ! faut qu'vous v'niez vite, c'est l'sergent Bertin qui m'envoie !

La précédant pour la guider, il ne donna pas plus d'explications mais elle lui emboîta le pas, espérant que ce soit enfin le signe qu'elle cherchait, trottinant derrière lui pour essayer de le suivre et il la mena dans une petite rue qu'elle n'avait jamais vraiment fréquentée avant.
Une chose qui l'interpella rapidement fut les odeurs de simples qui se dégageaient même dans la rue venant d'une petite boutique ne payant pas de mine et c'est ici qu'il la conduisit.
S'arrêtant juste devant, il la laissa entrer sans mot dire, et elle ne le questionna pas puisqu'elle n'en avait pas la possibilité de par son mutisme récent.
Elle le remercia d'un signe de tête et entra timidement dans les lieux, la porte avait apparemment subit de drôles d'assauts.
Tout ce qu'elle vit ne lui donna pas d'indications sur Adess mais elle connaissait assez Bertin pour savoir qu'il était l'ami du brun. Si il l'avait faite conduir ici ce n'était surement pas pour rien.
Faisant un tour d'horizon, elle voyait des casiers avec des noms savants de plantes, chose qu'elle déduisit de quelques noms qu'elle connaissait et aussi de son odorat.
Un instant dans l'expectative, elle entendit bientôt des bruits de pas venir de plus loin et reconnut aussitôt la vieille femme qu'elle avait vue à un autre moment pour son propre mal quand celle-ci vint apparemment chercher de quoi faire des remèdes
Quelque peu sidérée de se rendre compte que la femme qu'elle avait pensé n'avoir qu'imaginer était belle et bien réelle et avait toujours le même air revêche.


Vous… ? dit la vieille femme un peu étonnée en la voyant ici. Elle jeta un œil au jeune garde qui était revenu et qui avait accompagné la brune puis reporta son regard perçant sur elle.
Catterine se contenta d'acquiescer silencieusement, lui faisant comprendre par de simples gestes qu'elle ne pouvait pas parler.
La matriarche sembla la regarder de travers de l'air de dire "mais qu'est-ce qu'il vous arrive encore ?" mais se contenta de lui faire signe de la suivre jusqu'à l'étage où elle trouva enfin Adess, alité et couverts d'ecchymoses.
Sans attendre, elle alla s'asseoir sur le lit à côté de lui pour s'enquérir de son état, sans se rendre compte de suite de la présence de Bertin resté auprès de lui également puis regarda la vieille femme qui semblait préparer un onguent, les yeux pleins d'interrogations mais celle-ci se contenta de gentiment mais fermement la repousser pour s'occuper elle-même du brun.
C'est à ce moment-là, quand elle se releva pour faire place, qu'elle remarqua le grand gaillard apparemment sain et sauf resté un peu en retrait qui la salua d'un air sombre du à la situation.
La vieille appliqua sa préparation sur les zones tuméfiées, notamment sur le thorax du brun, découvert pour "l'occasion" pour mieux le soigner ; baume très odorant qui fit froncer le nez de la brune.
Elle fit signe à Catty de se placer de l'autre côté du lit afin de l'aider à faire le bandage qui devait maintenir les côtes de l'ancien maire déchu, Bertin restant spectateur, comme un garde à l'affût d'un nouveau danger…

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Bertin
Bertin observait distraitement la scène qui se déroulait devant ses yeux, songeant déjà à la suite des évènements. Tant que l'ancien maire serait dans les murs de Craon, il serait en danger. Il lui fallait partir. Partir... Oui mais où ?
Au Nord s'étendaient les terres du Domaine Royal et même si son ami n'était pas franchement un indépendantiste convaincu, mieux valait éviter le Maine. Au Sud, c'était la guerre. Angers, selon les rumeurs parvenues aux oreilles du Loup, était assiégée par quelques armées. Et l'Est... l'Est aussi était en guerre. La Flêche était tombée aux mains des Royalistes, quelques jours à peine avant Craon...
Il ne restait donc plus que l'Ouest. La Bretagne. Puis, de la Bretagne, ils pourraient sûrement rallier le Poitou. C'était sûrement ce qu'il y avait de mieux à faire.

Bertin secoua la tête, comme pour s'extirper de ses pensées, et jeta un œil sur les traitements que la vieille administrait au brun. L'onguent sentait fort, néanmoins il espérait qu'il soit très efficace, car ils devraient partir sous peu. Il braqua ensuite son regard en direction de Catterine, l'amie de l'ancien maire et, après un petit raclement de gorge, destiné à l'interpeller discrètement, le garde s'approcha de celle-ci et lui souffla à l'oreille :


Y faut qu'on cause...

Et, après un dernier coup d’œil en direction de son compagnon de patrouille, Bertin se dirigea vers l'escalier et vers le rez-de-chaussée. Une fois en bas, il posa un regard sur la porte à moitié dégondée puis grimaça. Il se hâta vers celle-ci et, avant de la remettre en place, passa la tête par l'encadrement.
Son acolyte, la jeune bleusaille des remparts, faisait le guet comme le sergent le lui avait ordonné. Brave petit, pensa-t-il.


Aubert ? Hé, Aubert !

Le jeune homme tourna la tête vers son sergent et accourut aussi vite qu'il le put.

Sergent ?

Rent'chez toi.

Le bleu le dévisagea, l'air étonné d'être ainsi congédié.

Mais, serg...

Le gradé secoua brièvement la tête.


L'maire est en sur'té, t'inquiète. Et d'toute manière, si les Royalos s'pointaient, tu servirais à rien. Rent' que j'te dis !

Lorsqu'il entendit les pas de la brune, qui descendait les escaliers, il se hâta de remettre la porte en place puis se retourna et jaugea la brune pendant quelques instants. Enfin, il s'adressa à cette dernière, à voix basse afin que personne ne puisse entendre.

M'sire Adess doit quitter l'village... Y d'vrait aller en Poitou. Là-bas, y s'ra sûr'ment en sécurité... Z'en pensez quoi ? Z'êtes partante ?
Catterine


La vieille femme avait fini le bandage qui enserrait les côtes de son ami.
L'odeur de cet onguent devenait désagréable tant il était fort et il lui laisserait sans aucun doute un très mauvais souvenir plus tard.
Occupée à s'essuyer un peu les mains sur un chiffon du baume qu'elle avait aussi, elle entendit Bertin qui par un raclement de gorge que la vieille remarqua aussi, interpella la petite brune.
Elle s'approcha un peu en croisant son regard et celui-ci lui murmura quelques mots que la matriarche n'avait pas manqué d'entendre non sans relever un sourcil mais ne réagissant pas plus que ça.
Le grand garde bourru parti devant sans trop de cérémonie et Catty, plus réservée dans son comportement prit la peine de s'excuser auprès de la vieille femme, sans mots certes mais celle-ci sembla comprendre.
Elle pouvait continuer les soins nécessaires seule, ainsi elle descendit les marches à la suite de Bertin qui venait de terminer de remettre la porte en bon ordre et elle comprit qu'il était surement responsable de son précédent état.
Toutefois, celui-ci revint vers elle quand elle arriva à son niveau, le gaillard la dépassant d'une bonne coudée, du moins c'est l'impression qu'elle en avait et il se mit à lui parler à voix basse…


M'sire Adess doit quitter l'village... Y d'vrait aller en Poitou. Là-bas, y s'ra sûr'ment en sécurité... Z'en pensez quoi ? Z'êtes partante ?

Un peu étonnée, elle comprit rapidement qu'il avait sans doute raison. Elle dévisagea un instant l'homme sans donner signe de réponse, comme réfléchissant à ce qu'il lui demandait de faire.
Elle pensa à son ami à l'étage qui lui n'avait pas forcément envie de quitter Craon, qui avait même peur qu'on le prenne pour un fuyard et baissant les yeux, elle soupira un instant.

Se reculant un peu de Bertin elle prit la place nécessaire pour lui écrire en espérant qu'il sache lire, en se saisissant de son ardoise et de sa complice crayeuse : "Si on le fait partir, les gens penseront qu'il a fuit ou déserté, non ?"puis ajouta plus loin sur son ardoise : pour le Poitou il faut passer par Angers, ça risque d'être risqué ?
Relevant le regard vers le garde, elle le questionnait aussi de ses jades dont la propriétaire voulait pourtant accepter de partir sans se poser de questions. Cependant, elle ne voulait pas que son ami puisse lui reprocher plus tard de l'avoir fait fuir contre sa volonté…

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Bertin
Le garde observa la jeune femme écrire sur une ardoise à l'aide d'une craie. Il leva un sourcil, intrigué par son comportement, puis se souvint qu'elle ne parlait plus. Pourquoi ? Cela, il était bien incapable de le dire. Néanmoins, il ne put s'empêcher de grimacer devant ce pénible spectacle.

Lorsque la brune eût fini, elle lui montra l'ardoise. Manque de pot, Bertin n'avait jamais été très bon avec les lettres. Aussi, il plissa les yeux et tenta de déchiffrer, pendant quelques minutes, les termes tracés sur le noir.
Il reconnut néanmoins quelques mots et grogna lorsqu'il comprit la première phrase. Les gens penseraient ce qu'ils voudront penser, comme d'habitude. Lui, savait qu'Adess avait patrouillé vaillamment pendant des semaines, alors même que personne n'avait daigné lui offrir de l'aide. Il savait que l'ancien maire avait eu un excellent premier mandat. Enfin, il savait que s'il était éveillé, le brun ne donnerait jamais son accord. Pour lui, Craon, c'était tout. Il le lui avait dit.


Si y reste, y crèv'ra... Pour l'moment, faut qu'y se r'fasse une santé. Et pis, pour l'Poitou, on pass'ra par l'Nord. L'Maine, pis la Bretagne, pis l'Poitou... Ca f'ra long mais on évit'ra Angers et les Royalos.

Il toussota brièvement avant d'ajouter :

On évit'ra Laval. Nous faudra d'la bouffe et des ch'veaux. Z'êtes partante ?

Soudain, le garde entendit des bruits de pas, provenant des escaliers. Il se tut et darda sur la vieille un regard hostile. Ce n'est pas qu'il ne lui faisait pas confiance pour s'occuper du maire mais on ne savait jamais à quoi s'en tenir avec les gens. C'était peut-être une sympathisante Royaliste après tout...

Le Poitou ?

Le Loup la dévisagea, sans pour autant lui répondre. La vieille, reprit de sa voix légèrement chevrotante :


Je vous accompagnerais bien... J'ai une vieille amie en Périgord. Cela fait longtemps que je dois...


Petit raclement de gorge pour l'interrompre.

J'crois qu'moins on s'ra, mieux ce s'ra.

Petit haussement d'épaules de la vieille, en guise de réponse.

Si vous voulez que votre ami trépasse, très bien...

Du chantage maintenant ? Bert' soupira longuement avant de répondre :

Comment ça ? Y n'a qu'des p'tites contusions.


Son problème aux côtes... Si jamais une côte est cassée et qu'elle a perforée quelque chose, il peut très bien décéder sur le chemin du Maine. Il faudra le surveiller.


Un blessé, une muette et une vieille bique ? Le groupe ne ferait pas long feu contre quelques brigands. Enfin, en attendant, elle avait raison. La santé du brun était la priorité. Il fixa son regard sur la brune puis sur la vieille et ordonna :

Bien... R'montez maint'nant. Occupez-vous d'lui, j'monte la garde.
Catterine


Comme elle l'avait craint, il ne semblait pas à l'aise avec les écritures, malgré tout il réussit quand-même à déchiffrer ses dires écrits au vu de sa réponse…

Si y reste, y crèv'ra... Pour l'moment, faut qu'y se r'fasse une santé. Et pis, pour l'Poitou, on pass'ra par l'Nord. L'Maine, pis la Bretagne, pis l'Poitou... Ca f'ra long mais on évit'ra Angers et les Royalos.

Elle acquiesça doucement à la pertinence de ses propos mais effaçant ses précédentes questions, elle en ajouta une autre, s'appliquant d'avantage pour que son écriture soit plus facilement lisible pour son interlocuteur "Pourquoi aller jusqu'au Poitou et prendre des routes de campagne alors qu'on pourrait s'arrêter en Bretagne ?", pendant qu'il poursuivit : On évit'ra Laval. Nous faudra d'la bouffe et des ch'veaux. Z'êtes partante ?

Et alors qu'elle montrait sa nouvelle question à Bertin, la vieille femme était redescendu et intervint à son tour. Voilà qu'elle proposait de partir avec eux.
L'intervention du gaillard pour couper la vielle femme trouva une approbation de la brune par un hochement de la tête.
Et la vieille femme d'ajouter :
Si vous voulez que votre ami trépasse, très bien...
Elle soupira aux dires de la matriarche qui n'avait peut-être pas tort mais Bertin avait aussi sans doute raison

Elle ajouta de sa craie appliquée ses quelques mots : dès qu'il sera en état de voyager on le fera sortir de Craon mais ce ne sera pas prudent que vous veniez dame, mots qu'elle fit lire aux deux protagonistes.
Elle reposa ensuite son ardoise, Bertin les regarda tour à tour en les priant d'aller rejoindre le blessé, chose qu'elle ne fit pas de suite, regardant le garde d'un air déterminé tandis que la vieille, dans un haussement d'épaules, retourna à l'étage.
Elle continuait de le regarder, celui-ci ne semblant ne pas comprendre le pourquoi de ce regard appuyé, elle reprit son ardoise sur laquelle était restée sa question en suspend
"Pourquoi aller jusqu'au Poitou et prendre des routes de campagne alors qu'on pourrait s'arrêter en Bretagne ?" et la tapota pour l'enjoindre à lire de nouveau.

Après un long moment d'une concentration qui semblât intense, les lèvres du garde s'animèrent enfin : "
C'est qu'j'suis Poit'vin, Catt'rine... J'connais ben la région. Et pis, j'fais pas confiance aux Bretons..."
Cette raison donnée, elle fit un "Aaah" silencieux pour preuve de sa nouvelle compréhension de la chose. Plus rassurée, elle acquiesça doucement de la tête puis lui fit signe qu'elle allait monter, en se désignant elle-même d'une main sur la poitrine qui s'élance ensuite en direction de l'escalier.
Il sembla comprendre ce qu'elle lui mima en hochant brièvement la tête puis elle fit son ascension des marches usées et grinçantes.
La vieille femme semblait ocupée à rincer des linges sur une table à côté du blessé et l'air était chargé d'odeur d'onguent, de sueur et autres fumets qu'elle n'aurait su déterminer avec précision.
La pièce était jonchée d'un fouillis qui contrastait avec le rez-de-chaussée mais elle ne s'y attarda pas, allant vers le brun qui semblait endormi.
En se penchant un peu vers lui, le collier qu'il lui avait remit et qui pendait au cou de la brune se balançait doucement au dessus de son propriétaire. Un signe ? Peut-être.
Elle regarda de nouveau la vielle femme, ses yeux allant d'une expression interrogatrice envers l'apothicaire et d'une expression plus douce et inquiète envers son ami alité…

Post écrit à quatre mains
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La_vieille_apothicaire
La brute épaisse venait de la congédier... il ne manquait décidément pas de culot ! Toutefois, la vieille n'avait pas eu la volonté de le contredire. De toute manière, elle n'avait pas envie de rester en sa compagnie.
Elle grimpa donc calmement les marches qui séparait le rez-de-chaussée du premier étage. Sous ses pas, les marches grincèrent légèrement.


Il me faudra passer de la cire avant de partir...

De retour dans sa chambre, elle entreprit d'y mettre un peu d'ordre, de ranger les tas de couvertures qui trainaient autour du lit. Ce faisant, elle songea un instant à la décision qu'elle venait de prendre.
Elle était à Craon depuis longtemps, peut-être une dizaine d'années. Mais alors, elle vivait au cœur de la ville. Ce n'était qu'après la guerre du Ponant qu'elle s'était réfugié dans cette petite allée, pour être au calme, pour se retrouver. Le calme... Maintenant que la guerre semblait de nouveau toucher l'Anjou, chose qu'elle venait juste d'apprendre, le calme ne serait plus. Elle n'était partisane que de son propre bonheur. Elle ne souhaitait ni Roy, ni Fou, elle souhaitait juste faire ce qu'elle aimait. Concocter quelques mixtures afin de soigner une grippe, badigeonner une plaie avec un onguent cicatrisant, poser un emplâtre sur une région douloureuse... Bref, même si la guerre allait sûrement amener beaucoup de blessés, cela plongerait également le monde dans une vive effervescence, et cela, elle n'en voulait plus.

Jetant un regard vers les escaliers, elle aperçut la jeune femme qui remontait tout juste. L'apothicaire posa sur elle un regard interrogateur. Pourquoi était-elle incapable de parler ? Que faisait-elle là ? Qui était-elle pour le jeune homme ?
Elle secoua tristement la tête en pensant à toutes ces questions sans réponses et elle se remit à la tâche.
Quelques instants plus tard, la chambre était déjà bien plus ordonnée. Soupirant quelque peu, elle se redressa et observa la jeune femme, désormais assise au bord du lit du blessé, qui semblait vouloir des nouvelles de son ami. L'apothicaire s'approcha doucement, pressa délicatement l'épaule de la brune et lui dit :


Ne vous en faites pas trop pour lui... Il aura mal mais il survivra.


À condition qu'aucune côte n'ait perforé d'organe interne... Dans ce cas, il mourrait dans d'atroces souffrances. Mais cela, elle se garda bien de lui dire.
Sans davantage de compassion, elle fit volte-face en s'en retourna à son ménage.
Adess
Des sons lui parvenaient, comme étouffés par une chape de terre et de gravier. Ce qui semblait être des voix paraissait plutôt d’indicibles grésillements, tandis que le bruit des pas résonnait jusqu'au tréfonds de son crâne. Et la douleur... la douleur parcourait son corps entier. Son visage lui semblait telle une forme grossière, indistincte, tant le mal était vif et diffus. Son corps, perclus de douleur, lui semblait d'une pesanteur incroyable.

Il tenta néanmoins de bouger, vainement, ce qui lui arracha un bref et silencieux soupir. L'une de ses côtes semblait cassée, fêlée ou tout du moins déplacée... Peu importait l'état de sa côte, chaque inspiration, chaque mouvement lui donnait envie de crier. Mais cela, il en était bien incapable. Ses lèvres tuméfiées étaient comme scellées.
Tandis que les élancements le taraudaient, une simple question s'imposa à lui : "Combien de temps ?"

Mais à peine s'eût-il posé la question qu'une torpeur le saisit, et alors qu'il sentit une présence nouvelle à ses côtés, il s'enfonça dans un profond sommeil.
Catterine


La vieille femme s'occupait autour de la brune de choses dont Catterine ne portait aucune attention.
Ses yeux rivés sur le brun, elle espérait un signe de vie, un mouvement même imperceptible mais rien. Il semblait dormir et c'était sans doute mieux ainsi pour qu'il puisse se remettre convenablement.
Soudain, une main légèrement déformée de vieillesse se posa sur l'épaule frêle de la jeune femme. Catty y posa un bref regard puis reporta son attention sur son ami tout en écoutant les mots de l'apothicaire qui se voulaient réconfortants.


Ne vous en faites pas trop pour lui... Il aura mal mais il survivra.

Elle hocha légèrement la tete et la vieille repartit à son ménage.
Alors, malgré la présence de l'ancienne derrière elle, elle avait envie de l'appeler, de l'inciter à se réveiller et à ouvrir les yeux.
Et pour cela, se concentrant et prenant sur elle, au prix d'un gros mais imperceptible effort, elle prononça d'une voix timide ce simple nom "Adess" en lui serrant la main qui gisait à côté d'elle sur le lit mais aucune réaction.
Alors elle recommença "Adess" attendant un signe ou une éventuelle réaction.

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La_vieille_apothicaire
Elle était en train de ranger une pile de linge dans l'unique armoire de la chambre, lorsque soudain, elle entendit un mot.

Adess...

Faible, à peine audible, et pourtant la vieille l'entendit. Furtivement, elle jeta un regard vers la brune, assise sur le bord du lit. Elle lui tournait le dos. Il fallait qu'elle s'approche davantage. Aussi, prétextant une quelconque action nécessitant un déplacement de sa part, elle se glissa plus près du lit. Curieuse ? Certes.

Adess...

La voix chétive émanait bien de la jeune femme. Elle semblait nommer son ami, le brun étendu sur le lit. Elle semblait vouloir le faire réagir.
Plissant les yeux, la vieille remarqua alors que Catterine tenait en sa main, celle du blessé. Qui était-elle pour lui ? Il semblait y avoir quelque chose... Une amitié profonde ? De l'amour ?
Quoi qu'il en soit, ce n'était bon ni pour l'un, ni pour l'autre. La brune devait se sentir utile, le brun devait guérir.

Quelque peu peinée, néanmoins, d'interrompre un moment tel que celui-ci, elle s'approcha lentement de la paillasse et dit d'une voix douce :


Il ne peut vous entendre. Je lui ai administré une décoction somnifère... Le processus du sommeil, aide à la gué...

Elle s'interrompit abruptement, se disant que la jeune femme ne devait pas être intéressée par les merveilleux mécanismes du corps. Elle soupira brièvement et ajouta :

Vous devriez aller préparer vos affaires.
Catterine


Perdue dans ses pensées et dans l'effort qu'elle avait fourni à s'exprimer, la brune n'avait plus prêter attention à la vieille femme derrière elle.
Seul son ami en piteux état devant elle retenait son attention et elle sursauta, expirant un long soupire en reprenant consistance après les mots de l'apothicaire qui l'avaient surprise…


Il ne peut vous entendre. Je lui ai administré une décoction somnifère... Le processus du sommeil, aide à la gué...

Elle hocha alors doucement la tête en signe d'une possible approbation aux mots de la vieille femme qui était apparemment savante concernant les guérisons.
Celle-ci ajouta peu après…
Vous devriez aller préparer vos affaires.

Lâchant la main du brun, elle se releva doucement, déplissant par automatisme ses jupes et, portant un instant la main au collier confié, elle le regarda de nouveau avant de s'éloigner de la couche accueillant le blessé.
Elle fit un signe de tête en guise de remerciement à son ôte puis prit congé pou retrouver Bertin au rez-de-chaussée qui semblait monter la garde.
Elle se dirigea vers lui et, par quelques signes simples de doigts en train de marcher et d'autres mimant de se nourrir, elle sortit de la boutique en espérant qu'il ait comprit, afin d'aller chercher quelques vivres possibles au marché, quitte à aller se servir au verger,
les étals du village étant pauvres en vivres ces derniers temps…

_________________
Adess
Les trois compères s'étant concertés sur les différentes possibilités de quitter le village qui était récemment bien mieux garder qu'auparavant, la tâche plus ardue réclamait d'avantage de réflexion.
Ce qui en découla est que la petite brune prit "l'aimable habitude" tous les soirs au coucher du soleil, d'aller porter une bonne tisane chaude agrémentée de miel aux gardes de la ville qui ne refusaient pas malgré le manque d'alcool, appréciant d'avaler quelque chose de chaud pendant leur longues heures de gardes dans le froid hivernal.
Mais ce soir-là, la tisane avait un petit quelque chose en plus que les gardes ne décelèrent pas mais qui ne tarderait pas à faire effet.
Sa "mission" ainsi accomplie elle revint, par quelques détours, à la boutique de l'apothicaire…

De son côté, Bertin avait déniché deux chevaux et un chariot, afin de transporter l'ancien maire hors des murs de la ville. Ce n'étaient pas des purs sangs mais de belles bêtes de trait, de lourds et puissants étalons. A deux, ils seraient suffisamment forts pour tirer la carriole ainsi que les quatre comparses et leurs vivres.
Cela n'avait pas été simple de se procurer deux bêtes. Le garde n'était pas riche et, avec tous les Royalistes dans les rues, il avait préféré agir discrètement, donc forcément, les choses avaient quelque peu trainées.

Habillé sobrement, afin de passer inaperçu, le garde arborait un air inquiet. Fixant la ruelle d'un sombre regard, il attendait la brune.
Il jeta un regard vers la vieille, assise sur un tabouret, face à l'âtre froid de l'échoppe. Elle semblait ailleurs. Bertin craignait qu'elle ne fasse tout rater. Sa petite taille, sa fragilité apparente... Bref, il craignait qu'elle ne soit qu'un poids pour eux. Nonobstant, elle était la seule à pouvoir veiller sur Adess et cela l'ennuyait.
Soudainement tiré de sa rêverie par un léger bruissement, Bertin tourna le chef vers l'allée. Elle était là... enfin. Il entrouvrit la porte, délicatement, afin de ne pas faire grincer les gonds et lui demanda :

C'est fait ?

Elle acquiesça silencieusement tandis qu'il écartait le battant afin de la laisser s'engouffrer dans la boutique. Puis, après avoir refermé la porte avec douceur, il sortit une carte de la ville, la posa sur le comptoir et attendit que les autres le rejoignent. Ceci fait, il pointa son doigt sur une petite croix.

L'chariot est là. On s'sépare et on s'retrouve là-bas. Ensuite, on s'barre par la porte nord. L'ancienne mont'ra à l'avant 'vec moi. Vous, Catt'rine, à l'arrière avec M'Sire l'maire. Compris ?

Les deux femmes hochèrent la tête, l'air interdit. Le temps n'était pas aux discussions interminables et aux prises de parole (ou d'ardoise) intempestives. Ils savaient qu'ils devaient agir promptement.
Comme un seul homme, tous se redressèrent et se préparèrent au départ. Bertin partit chercher le brun, resté à l'étage ; la vieille se saisit d'une grande sacoche, contenant quantité de simples, baumes et emplâtres ; et Catterine, elle, réajusta la sangle de sa besace, pleine de vivres. Puis, cette dernière se dirigea vers la porte, l'ouvrit, jeta un regard vers la vieille femme et s'enfonça dans l'obscurité grandissante.

Quelques instants après, les bruits de pas de Bertin résonnèrent à nouveau dans les escaliers. La vieille femme tourna la tête dans sa direction et ce qu'elle vit la fit grimacer. Le brun, emmitouflé dans moult couvertures, était perché sur l'épaule du gaillard. Assurément, ce n'était pas bon pour sa côté mais ils n'avaient pas trop le choix pour le moment...
D'un pas assuré, le patrouilleur s'approcha du lourd battant de poids, l'ouvrit et s'engouffra à la suite de la brune.

Puis, enfin, comme une évidence, ce fût à la propriétaire des lieux de quitter son échoppe. Le coeur lourd mais l'esprit léger, elle passa l'une de ses frêles mains sur le comptoir, tout en soupirant. Ce n'était pas des adieux mais presque. Depuis qu'elle était arrivée à Craon, elle n'avait jamais quitté le village. C'était une chose étrange que de repartir à l'aventure, comme au "bon vieux temps". L'air quelque peu abattu, elle se dirigea vers la porte, caressa le montant et murmura :


À bientôt...

Et elle tourna les talons.


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