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Mi novembre 1460

[RP] Jamais deux sans trois

Ayena
[Mi-novembre. Lengadoc.]

Ayena de Talleyrand Desage s'est retirée au couvent. La solitude et la grossesse ne font pas bon ménage. C'est ce qu'elle a dit à son destinataire mystérieux, autant appliquer sur soit les maximes que l'on énonce. Loin de toute civilisation, la veuve vit la fin de sa grossesse dans le silence : la communauté de sœurs qui l'accueille est en recueillement perpétuel et seul le murmure des prières, et ce à heures régulières, vient rompre la monotonie de la journée. Les cloches sonnent. Les soeurs prient. C'est simple. C'est facile. Et Ayena a besoin de cette facilité : ne pas se poser de questions, obéir bêtement au son des cloches, se lever, prier. Et jeuner. La jeune femme a eu une relation difficile avec la nourriture ces derniers mois : tour à tour affamée, nauséeuse, dégoutée ou boulimique, elle a donné du fil à retordre à son corps qui n'a pas suivi le rythme : elle semble dévorée par son ventre énorme, le fruit d'un amour trop tôt mis à mal. Elle est pâle, alitée puisqu'ayant cessé d'en demander trop à sa jambe folle, fatiguée. Mais, prise par les prières, la Vescomtessa semble retrouver une certaine paix intérieure. Pour la première fois depuis le décès de son cher et tendre époux, elle redevient sereine.

C'est au moment où elle réalisa cela qu'Ayena sentit la première contraction étreindre son bassin.

Autant dire que toute la sérénité possible quitta en l'instant la parturiente. Pensez bien que c'est persuadée de mourir dans l'épreuve qui s'annonçait qu'elle était venue s'enfermer dans ce couvent. Plus près du Très Haut. Rapidement enterrée, sans alerter qui que ce soit. Pas de famille, pas ou si peu de vassaux, des amis qui n'étaient pas les siens mais ceux d'Adrien... Partir tranquillement. Sans vagues.

C'est le regard perdu dans le dessin que faisaient la chaux qui recouvrait le mur qu'Ayena accueillit la seconde contraction quelque temps plus tard.

Avec la force de l'habitude, elle attrapa l'écritoire tenu à disposition près de sa couche et entreprit de relire pour la énième fois les lettres qui étaient tenues prêtes depuis quelques jours. Ses lettres testamentaires. Autant de petites bouteilles jetées à la mer. Destinées à partir le jour où le travail commencerait. Destinées à partir le jour où elle même partirait rejoindre son Adrien.




A Sa Seigneurie Actarius d'Euphor,
De nous, Ayena de Talleyrand, Veusa Deusage,

Adissiatz.

Je vous écris depuis un petit couvent où j'ai décidé de mettre au monde le petit de feu Adrien Desage, qui fut votre ami. Il ne devrait plus tarder à présent, les douleurs s'éveillent. Nous sommes bien entourés, ne vous en faites pas : ce n'est pas pour créer une quelconque pitié que nous vous disons cela. Seulement nous savons que le destin maternel est parfois de s'effacer au profit d'autres âmes, aussi nous souhaitons vous demander quelques faveurs.
Si le petit être et moi même disparaissons ce jour, s'il vous plait, veillez à ce que Liloie Desage, fille de feu notre époux, soit avertie avec douceur. La pauvre a vécu trop de drame pour ne point être ménagée un temps soit peu. Tous nos biens lui reviendront. Les dispositions pour nos enterrements ont déjà été prises. Ne vous inquiétez pas.
Si seul le petit venait à survivre, pourriez vous en être le parrain, en mémoire à l'amitié qui vous liait à votre frère d'armes ? Soyez bon pour lui, je vous en prie. Il s'appellera Charles Madrien Desage Talleyrand, comme le voulait Adrien. Veillez à ce qu'il soit élever dans une famille respectable qui ne profitera point de sa richesse à ses dépends. Si c'est une fille, qu'on la place en couvent et qu'on la marie correctement l'âge venu. Faites, je vous en prie, qu'elle ne connaisse point l'amour. Il fait trop souffrir. Appelez la Esme.

Enfin, je voulais vous remercier d'avoir été bon ami pour Adrien.

L'On vous garde.

A. d'A.




A Fool de Bois Hardi,
De nous, Ayena de Talleyrand, Veusa Desage;

Cher vassal, le temps de la naissance arrive. Promettez moi de vivre en paix et de ne jamais vous en vouloir. Le Très Haut décide. Vous n'y pouvez rien. Alors, pleurez peut être, n'oubliez jamais, mais vivez pleinement.
Vous avez été bon pour Adrien, bon pour nous, soyez le pour le petit ou la petite à naitre. Nous le plaçons sous l'autorité de Sa Seigneurie d'Euphor si malheurs devait nous arriver.
En cas de nécessité, allez près de Liloie Desage et remettez lui la présente en gages des bons services rendus à la famille : sans doute pourra t-elle vous aider d'une quelconque façon.

Amitiés sincères,

A. d'A.


Suivaient de tendres paroles pour Aimelina de Siarr, d'émouvants adieux adressés à Catalina Constance de Volpilah et à Charles Marie de Talleyrand, ses parents adoptifs et quelques regrets pour d'autres.

Lorsque les contractions commencèrent à faire gémir notre Vescomtessa, une soeur ouvrit la porte de la cellule, eut un sourire contrit, et prit les plis fraichement scellés qu'on lui tendait. Ils furent envoyés.

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- Bases par Truscot et DellaGrottaglia - Héraldique > Ayena est habillée par DECO
Ayena
Une bonne soeur est avant tout une femme. Et toute femme comprend instinctivement, ou bien devine naturellement, les douleurs de l'enfantement.

Ayena, entourée par trois sœurs voilées et muettes, subissait avec désillusion les contractions qui se rapprochaient petit à petit les unes des autres. Enfin, lorsqu'elle ne pu plus retenir ses cris, on ne laissa plus avec elle que la mère supérieure, qui récitait comme une litanie le cantique de la vie. Dénué de mélodie, le texte prenait une consistance puissante, touchante ce qui était amplifié par la voix rocailleuse de cette femme habituée au silence et à la prière qui offrait à la future mère tout l'espoir dont elle était capable.


Donner sa vie pour faire grandir et fleurir
Voir en tout homme un visage à aimer
Chanter sa joie d'être au Très Haut et rien qu'à Lui
Etre porteur d'une parole à partager


Concentrée sur les vagues qui agitent son corps, Ayena entend, ou n'entend pas : cela n’est plus son affaire. A la croisée de deux vie, la moindre des choses est de se concentrer. Mourra t-elle en donnant la vie ? Le petit vivra t-il ? Ne pas se poser de questions : de toutes façons, la Vescomtessa s'est préparée au pire. Il sera bienvenu, le pire. Comme une délivrance.
Délivrance. Pour le petit, engoncée dans le ventre de sa mère, elle est encore loin. Il faudra subir, avant de voir le jour. Pour le moment, il fait sombre. Verra t-il la lumière au fond du tunnel ?


Donner sa vie, accepter de tout quitter
A laisser le Très Haut mener notre destin
Prendre le temps, se laisser apprivoiser
Le découvrir nous précédant sur nos chemins


Ayena pleure. Ayena sue. Ayena perd les eaux. Elle n'est plus que rivière, elle n'est plus que douleur, hurlements et déchirements.

Donner sa vie, accepter de tout quitter,
Sortir du port pour affronter le vent,
Abandonner ce qui pourtant nous rassure,
Mourir à l'hiver pour regermer au printemps


La rage de vivre. Si désespérée qu'était Ayena, elle se prend à user de toute son énergie pour donner vie à son enfant. SON. Celui d'Adrien. S'il vit, Adrien vivra encore un peu. Ne vivre que par procuration, voilà la but de la future-mère-déjà-veuve.

Donner sa vie quand on vient de trébucher
Saisir la main qui nous remet debout
Croire que l'Amour est plus fort que la mort
Et reconnaitre qu'il est présent parmi nous


La mère supérieure est inquiète. La jeune femme qu'elle a sous les yeux est faible et pourtant soulevée par une force inhumaine. Elle parierai son chapelet qu'elle ne survivra pas. Enfin, si elle avait le droit de parier. Ce qui n’est pas le cas.

Donner sa vie même quand on doute de tout
Quand plus personne n'éclaire notre nuit.
Prendre le risque d'avancer sans tout comprendre
Faire confiance à ce Dieu qui seul nous conduit


L'enfant tarde. L'eau s'est changée en sang. La mère se vide du fluide de la vie. L'agonie dure longtemps, longtemps. Le temps passe, on se relaie au chevet de la parturiente, bien incapable de prendre une décision. La mère n'a plus de forces, l'enfant ne bouge plus. Les contractions font seules le travail.


Donner sa vie quand tout pousse à la garder
Se mettre au service du plus petit
Pour faire grandir le Royaume du Très Haut sur terre
Permettre à tout homme de donner sens à sa vie.


Une novice ose enfin se manifester. Elle a été élevée à la ferme. Elle connait les mises bas. Et puis, elle est la deuxième enfant d'une famille de treize : elle a assisté a beaucoup de naissances. Elle va chercher le petit, coincé avec son cordon dans une mère qui involontairement voulait le garder en elle.

Et puis, c'est la fin.

Et puis, c'est le début.

Il pleure.

Elle aussi.

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- Bases par Truscot et DellaGrottaglia - Héraldique > Ayena est habillée par DECO
Fool.deboishardy, incarné par Ayena


Le licorneux menait Bélénos à bride abattue. Le message reçu ne l'encourageait guère à l'optimisme. Il devait être là coûte que coûte. Décidément la Licorne avait le don de l'appeler au pire moment de sa vie personnelle. Il était sur le chemin du départ dans ses derniers préparatifs pour rejoindre son ordre dans le nord suite à la mobilisation. Lorsqu'il avait reçut la missive d'Ayena. Il avait décidé de retarder son départ de quelques heures pour se présenter à elle.

Il s'était juré d'être là pour veiller sur Dona Ayena et son enfant. Si les choses tournaient mal ? Il réfléchit un instant. En fait que ferait-il ? que connaissait-il de la venue d'un enfant ? Il savait faire passer de vie à trépas les hommes mais l'inverse...

Sa monture arriva enfin devant le couvent. Fool sauta à terre et cogna avec vigueur et empressement la lourde porte qui lui barrait le passage.

Que les nonettes s'empressent de lui ouvrir sinon il démontrait la porte à coup de hache.
Le judas s'ouvrit et la portière, dissimulée dans l'ombre, lui demanda ce qu'il l'amenait à tambouriner comme un diable sur la porte.


Je suis Fool Deboishardy, Ecuyer de l'ordre royal de Licorne. Je viens voir icelieu Dona Ayena de Talleyrand. Il m'a été dit qu'elle était parmi vous. Je dois la voir. Je suis son vassal.

Ces derniers propos n'étaient totalement vrai puisque rien n'était officiel mais peu importait à Fool. Pour lui aucune différence, il avait rendu hommage à Ayena c'était tout ce qui importait : Sa parole d'homme.

Quelques mots furent baragouinés en forme de formule de politesse pour le faire patienter et le judas se referma, laissant Fool seul avec son impatience.



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Ayena
Elle aura donc survécu. Ayena n'en revient pas. Ou plutôt si, elle revient de loin. Et, son enfant encore tout mouillé contre elle, elle remercie les dieux et les diables, et toutes les créatures qui lui passent par la tête. Elle accorde même un instant à Adrien pour lui demander pardon de ne l'avoir pas rejoint encore. Mais, il comprendra. Le petit héritier Desage est né. Le petit miracle qu'attendait la Vescomtessa est tout contre son coeur.

En réalité, la jeune femme délire presque, enfiévrée qu'elle est, à bout de force qu'elle est. Elle ne s'aperçoit pas qu'on lui retire son petit garçon pour le fesser puisqu'il ne réagit plus. Elle n'entend pas ses timides vagissements, elle ne se rend pas compte qu'on va le baigner. On la nettoie, on la couvre, on tente de lui faire boire quelques potions douteuses.

Et pendant plusieurs jours, Ayena est entre la vie et la mort. On a placé son enfant tout contre elle et il tête quand il peut, mais fort peu : il manque de forces pour boire assez longtemps. Enfin, au bout d'une semaine, la mère rouvre les yeux. Les jours qui suivent, elle se nourrit à nouveau. Conséquemment, l'enfant va mieux. Elle apprend par la mère supérieure qu'à défaut, elle a reçu l’extrême onction. Cela fait monter dans la jeune gorge une boule d'angoisse, ravivée par d'horribles souvenirs. Deuxième fois qu'elle reçoit cet ultime sacrement. Et la première fois, c'était, c'était...


- Donà, un homme aux portes du couvent !

La portière est entrée sans frapper. L'intimité n'a pas lieu d'être dans un couvent. La mère supérieure, qui ne quitte pas la chambre de la mère et de son nouveau né, se redresse.

- Un homme ? Dans un couvent ? Est-il sain d'esprit ?
- Dieu m'en soit témoin, il avait l'air d'être catastrophé et de venir ici en dernier recours !


Encore faible, Ayena suit l'échange sans y prendre part.

- Il vient pour voir la petite Ayena... Il s'en dit vassal.

La sus-nommée ouvre des yeux ronds. Et d'une voix pâle, elle demande :

- Fool ? Est-ce Fool de Bois Hardi ?

En inclinant la tête, la portière ajoute :

- Chevalier de la Licorne, même.

Deux paires d'yeux posés sur elle, Ayena réfléchit. Souhaite t-elle voir son ami ? Ne prendra t-il pas peur en la voyant dans cet état ? Et n'est-ce pas trop en demander aux soeurs que d'ouvrir leurs portes à un homme ?
Son coeur parle pour elle : elle a besoin de compagnie. Besoin d'un témoin pour ce miracle.


- Je vous en prie, faites-le entrer... C’est un homme bon et vertueux en qui j'ai entière confiance...
- Nous ne pouvons vous laisser seule avec lui.
- Je suis sa suzeraine. Et je suis veuve. Et je viens de mettre bas. Il ne se passera rien d'autre qu'une conversation.
- Mais enfin, c’est contre nos lois. Vous avez beau être qui vous êtes, il est impossible que...
- Soit il entre, soit je sort.


Cette fois, elle a parlé avec l'assise de son rang. La contredire serait se la mettre à dos... Et jouer avec sa vie et celle du petit.
Finalement, l'accord est donné. On passe alors un long moment à habiller plus convenablement la mère et puis l'on va chercher Fool, que l'on mène jusqu'à la cellule.

Ayena est assise sur sa paillasse, entourée de coussin qui la maintiennent dans une position confortable, qui ne lui fait pas sentir sa hanche. Elle ne s'est spas levée depuis plus d'un mois. Elle est dans un état pitoyable.

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- Bases par Truscot et DellaGrottaglia - Héraldique > Ayena est habillée par DECO
Fool.deboishardy, incarné par Ayena


Enfin la porte s'ouvre, la portière est là, d'autres nones surveillent un peu plus loin. Fool entre sans attendre de se faire inviter. Il accorde un sourire, malgré tout, à la portière.

-Merci ma soeur. Pouvez-vous me conduire à Dame Ayena ?

Il marque une pause et prend un air inquiet (enfin plus inquiet).

Elle est toujours de ce monde, n'est-il pas ?

La nonette ne dit mots. Elle referme la porte et fait signe au visiteur de la suivre. L'écuyer fronce les sourcils mais suit la soeur. Traversant le couvent, Fool se ronge les sangs. Ils arrivent enfin à une porte. Fool pénètre alors dans une petite pièce mal éclairée à son goût. Une simple et petite ouverture pratiquée en hauteur fait office de fenêtre. Cela ressemble à une cellule de religieuses, en un peu mieux meublé sans doute. Assise sur sa paillasse, Dame Ayena attend son visiteur.
Il ne peut retenir un soupir de soulagement : elle est vivante. Toutefois elle semble très fatiguée. Il fait un pas vers elle. Il réussit à sourire.


- Comtessa, je suis soulagé de vous voir ainsi. Recevez mes...

Il perçoit alors un léger mouvement dans les bras de sa suzeraine. Il reste un instant la bouche ouverte. Ainsi l'enfant d'Adrien était né et est vivant. Il fit une rapide prière silencieuse au très haut.

Et qu'Aristote soit loué, l'enfant d'Adrien, votre enfant est vivant! Est-ce un mâle ?

Oubliant un instant les convenances, il s'approche pour voir l'enfant, et s'assurer que la mère va bien aussi. Si les choses avaient pu être pires, elles n'étaient toutefois pas bonnes. Mère et enfant étaient fatigués pour ne pas dire épuisés. L'enfant était vivant mais bien maigrichon. Soucieux il s'agenouille près du lit.

Dame Ayena, comment allez vous ? comment se porte l'enfant ? avez vous besoin de quelque chose, n'hésitez pas à me le dire ?

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Ayena
La soeur l'avait prévenu : c'était pas du joli joli...

Et Fool entra. Et Ayena éclata en sanglots. La pauvrette. Voir cette figure amicale, entendre cette voix inquiète lui avait fait monter les larmes aux yeux... C'est que cette apparition d'un homme d'armes dans une cellule de couvent était grotesque et que, l'on-ne-sait-comment, Ayena substitua la carrure de Fool à celle d'Adrien. Ha ! S'il avait été là ! Pour sûr il aurait été ému. Aux larmes, peut être. Et l'épouse Desage, fière d'elle, s'en serait enorgueillie.

Mais non. C'était là son vassal et non son tendre mari. Pauvre Licorneux : il n'avait pas parié sur la meilleure jument en prenant Ayena pour suzeraine. Voir sans cesse cette dame pleurer allait sans doute lui faire regretter son choix. Il fallait se reprendre.

Elle renifla. Dieu qu'il était dur de tarir un gros chagrin ! Pensez que les hormones n'aidaient en rien. Fichues hormones. Toujours de leurs fautes.


- Venez, venez, entrez, entrez. Tout va bien, tout va bien, murmurra t-elle comme pour s'en convaincre elle même.

Et puis, toute couverte de larmes, de morve, son visage pâle rougi par la joie de revoir Fool, elle sourit. Le tableau était charmant. Quoique un peu répugnant...

- Je vous présente le petit d'Adrien.

Euh... D'ailleurs... Quel était le nom à choisir. Offusquée d'avoir oublié ce détail infime (et depuis plus d'une semaine!), elle renifla élégamment et repris :

- Nous l'aurions bien nommé comme son père, mais notre contrat de mariage prévoyait autre chose... Il a les initiales de son grand père, C-M-d-T., Charles Marie de Talleyrand. C'est cela de génération en génération.

Il allait falloir avertir papounet, au fait. Fichtre. Que de paperasse une naissance !

- Par une petit pirouette d'initiales, je vous présente donc Charles Madrien Desage Talleyrand.

Le môme, calme et serein avait déjà la majesté et la confiance du Hibou. Les cheveux foncé, les yeux clairs, il était le parfait mélange de ses deux parents. C'est du moins ce dont se persuadait Ayena : qu'est-ce qui ne ressemble pas plus à un bébé qu'un autre bébé ? Et elle le savait fort bien pour avoir expérimenter la chose préalablement : avant d'épouser Adrien, elle avait eu deux autres enfants... Ne pas y penser, ne pas y penser... Faute de quoi, les sanglots redoublèrent.

C'est nul une mère.

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Fool.deboishardy, incarné par Ayena


Si Fool avait était inquiet en apercevant la jeune mère et son enfant, il fut un peu rassuré quand elle lui présenta son fils et qu'elle trouva au débotté un nom pour ce dernier.
Ce petit bout de femme avait plus de ressources qu'il n'y paraissait. Il s'autorisa un sourire autant de soulagement que pour rassurer Ayena.

Il s'agenouilla auprès de la paillasse.


Dame Ayena, je vous présente mes plus chaleureuses félicitations pour votre fils. Adrien doit être fier de vous là où il est.

Il observa un instant en silence l'enfant.

Je n'ai aucun doute sur le fait que Charles Madrien Desage Talleyrand sera le digne descendant du baron Desage, d'Adrien.

Il regarda autour de lui. Il fit une moue dubitative sur la sobriété du mobilier qui ne seyait pas à son goût à sa suzeraine.

Savez-vous quand vous regagnerez votre domaine ? Je serai plus rassuré quand vous serez parmi vos gens, d'autant que je pars dans quelques heures pour le nord à l'appel de mon ordre.


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Ayena
Si Adrien était fier d'elle ? Pouah... Facile à dire. Peut être qu'il était en colère. Peut être qu'il n'aurait pas aimé le nom de son fils... Et puis, et puis... Elle allait se retrouver seule pour élever un petit Vicoms. Ce n'était pas bon. Élever une fille, encore, passait... Mais un mâle, c'était impossible.

- Mercé.

Que dire d'autre que cela en réponse aux félicitations tout à fait convenables que lui présentait son vassal ? Ha ! Les convenances... Elle aurait voulu marcher dessus. Mais elle ne pouvait pas. Sa hanche était en vrac. A cause de sa hanche, donc, elle répéta gentiment, toujours en pleurant dramatiquement :

- Mercé.

Qu'il était attentionné ce Fool. Un peu plus et celle qui détestait les contacts l'aurait pris dans les bras. Pour le remercier de sa présence. Et des mots qu'il lui offrait : car malgré tout, n'étaient-ce pas les premières paroles qu'elle entendait depuis des lustres ? Elle avait presque oublié ce qu'était un ami...

- Je ne sais pas. Je suis encore bien faible et le petit aussi. Sans doute est-il préférable de rester ici un moment : au moins, nous sommes entourés. Au chastel, nous serons seuls...

On s’apitoie, on pleure encore un petit peu. Pour la forme. C'est que l'on commence à avoir une réputation de pleureuse à tenir. Pauvre Fool qui subit tout cela...

- Vous partez ? Mais où donc ? Ho, il faudra faire bien attention à vous... Nous risquons d'avoir encore besoin de vous à l'avenir...
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Fool.deboishardy, incarné par Ayena


- Si vous préférez être ici. Si cela est meilleur pour votre moral, je m'incline. Après tout vous êtes ma suzeraine, et puis les bons soins des soeurs pour le corps et les vêpres pour l'âme vous serez ainsi remise bien vite.

Il ponctua sa phrase d'un petit sourire. Il osa un peu d'humour qui ne pouvait pas faire de mal à cette jeune femme seule.

A sa seconde question, il répondit d'un ton plus grave ; même si il tenta de prendre un air détaché et insouciant.


Je pars en Anjou où les ordres royaux, à l'appel du Roy, se regroupent pour faire cesser les ambitions séparatistes de certains angevins. Je ne sais combien de temps cela me retiendra.

Il hésita. Il eut une pensée de ces dernières campagnes et n'osa pas formuler de voeux de retour prompt et sauf.

- Mais vous savez que si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas un seul instant. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, certes modeste, pour vous être agréable, vous le savez bien ?

Il scruta les yeux sinoples de la jeune femme. Ce geste qui pouvait passer pour indécent n'était point mu par un quelconque sentiment amoureux mais fait pour convaincre son interlocutrice de la sincérité de ses propos et de son entier dévouement. Ce dévouement au départ il l'avait cru pour le souvenir d'Adrien, non ! en fait pour lui-même : pour tenter de racheter ce qu'il appelait sa faute. Aujourd'hui, il se l'avouait : il s'était attaché à cette jeune femme qui, malgré les épreuves et les situations peu faciles, restait digne.


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Ayena
Le petit s'agite et reçoit le petit doigt d'Ayena. Il le suce un instant et se rendort. C'est un geste inconscient que celui d'apaiser un fils : il vient aux mères naturellement. Pourtant, la Vescomtessa apprécie le moment de tenir contre elle un enfançon vivant et qui, quoique faible, vit. Les pleurs de Charles sont étouffés à la racine... Et ceux d'Ayena s’apaisent. Peut être que la vie ne sera pas si compliqué que cela finalement : mettre un doigt dans une bouche.

L'Anjou, les ordres, le roy. La guerre frappe encore. Mais ne pourrait-on vivre un peu en paix ? Laisser les enfants grandir, les mère allaiter sans que leur lait ne soit coupé de sang...
Ayena ne sait pas ce qui se passe dans le Royaume, faute d'avoir été recluse trop longtemps. Ce qu'elle sait, c'est qu'il faut que cela dure à peine le temps d'un soupir : elle ne veut pas être entourée de veuves et d'orphelins. Parce qu'elle sait à présent ce qu'est de perdre un amoureux, et qu'il ne faut pas que cela arrive à d'autres.


- Soyez courageux, battez vous avec honneur.

Pour la Licorne ou pour la maison Desage. Les deux, c'est encore mieux.

(Fool) - Mais vous savez que si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas un seul instant. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, certes modeste, pour vous être agréable, vous le savez bien ?

- Oc, je le sais. Mais vous serez plus utile là où on vous appelle que près d'une infirme et de son nouveau né. Ne vous en faites pas, nous nous en sortirons fort bien.


Elle répond alors au regard par un léger cillement. Sincérité et loyanté. Voilà ce qu'elle lit. Une sorte d'amour platonique, une amitié forte, un lien qu'ils créent petit à petit, à base de confiance et de respect. Il sait qu'elle a besoin de compter pour quelqu'un, il commence à bien la connaitre. Et CMDT est encore trop petit pour se rendre compte de quoi que ce soit.
Pour montrer que ces sentiments ne sont pas à sens unique et qu'elle aussi copte sur lui, elle ajout alors :

- Et vous aussi. Vous vous en sortirez très bien.

Ayena sait, pour avoir été l'épouse d'un homme d'armes que les soldat en campagne ont besoin de savoir qu'ils sont attendus, qu'à leur retour ils seront accueillis comme il se doit.

- Partez tranquille.

Elle lui aurait bien offert un petit quelque chose pour qu'il ne parte pas seule à la bataille. Mais offrir un mouchoir brodé de ses armes porterait une connotation trop amoureuse et ce n’est pas ce qu'elle veut. Alors Ayena offre ce qu'elle n'a offert à personne depuis un moment : un sourire.

Et on frappe à la porte, et on entre sans attendre. C'est la mère supérieure. L'entretien est terminé.

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Fool.deboishardy, incarné par Ayena


La mère supérieure entra dans la cellule. Rassuré autant que cela était possible sur le devenir de sa suzeraine et du fils de son ami, Fool se redressa et comme un soldat se préparant à partir à la guerre, il prit le cadeau de sa suzeraine pour une dernière bénédiction.

- Je vous dis donc Adieux Vescomtessa. Je tâcherai de porter haut les couleurs de la famille Desage. Je passerai sur le corps de l'ennemi pour revenir afin de tenir mon engagement à votre service.

Il pris la main que lui tendit sa suzeraine et l'effleura respectueusement. Reculant d'un pas vers la porte, il la salua d'un signe de tête et passant devant la none, il la salua d'un respectueux :

- Ma Mère...

Il ajouta plus doucement en prenant un air grave un peu inquiétant, de celui qu'il utilisait alors sergent de Montpellier pour bien faire comprendre aux jeunes soldats à l'instruction l'importance de ses propos et que d'eux dépendait leur vie.

- Je compte sur vous pour prendre soin comme il se doit de dame Ayena et de son fils. Faites moi savoir via mon domaine, mes domestiques sauront me trouver, s'il se passe quoique cela soit.

Il ne pensait pas que la mère supérieure soit réellement impressionnée mais la force de l'habitude et un petit coup de pouce ne pouvait pas faire de mal non plus.

Et il sortit de la pièce. Il retrouva dans le couloir la soeur portière qui le guida vers la sortie. Quand il entendit le verrou poussé derrière lui ; il prit conscience d'être hors du couvent. Bélénos était devant lui attendant placidement que son maître revienne.

Avant de faire tourner la bride à sa monture, il se dit que l'enfant semblait bien partit même s'il était encore petit. Concernant Ayena, elle s'était transformée le temps de leur conversation. Elle avait reprit un peu confiance en elle et un peu de couleur aux joues durant leur entretien. Les larmes avaient fait leur office, effaçant peine et fatigue.
Talonnant Bélénos, il pris la direction de Montpellier pour y retrouver son compagnon de voyage et ensuite le Nord.


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