Yolanda_isabel
Un pigeon voilà qui aurait été une bonne solution, mais voyez-vous un pigeon porter un pli scellé plus lourd que lui-même ? Non. Aussi, Yolanda, forte de son ingéniosité, a fait appel à des relais de poste pour éviter de forcer les frontières avec un seul et même coursier. Aussi, est-ce une chance si le pli à destination du Balbuzard arrive à bon port.
Et quel pli. Quelle plaie surtout, tant par les pattes de mouches qui le recouvrent que par les ratures dont il est couvert. Pas de valet sous la main, donc Yolanda s'est sacrifiée et a écrit d'elle-même. Et l'écriture est à Yolanda ce que le raffinement est à Eusaias.
Et quel pli. Quelle plaie surtout, tant par les pattes de mouches qui le recouvrent que par les ratures dont il est couvert. Pas de valet sous la main, donc Yolanda s'est sacrifiée et a écrit d'elle-même. Et l'écriture est à Yolanda ce que le raffinement est à Eusaias.
Citation:
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A vous, Eusaias de Blanc-Combaz, Roi de France, Duc de Bouillon, Vicomte de Bapaume, Baron de Desvre, Seigneur de Seuiri,
A vous, Majesté blessée mais pas morte sinon ce pli ne sert à rien,
A vous, Tonton ingrat qui ne m'aime plus et moi non plus, si ça continue (C'est un jeune homme très bien qui m'a dit que ca serait plus clair, Orian de la Rose Noire Sidjéno qu'il s'appelle !)
De moi, Yolanda Isabel de Josselinière, Duchesse de Château-Gontier, qui n'est pas loin de vous bouder tout à fait.
Ab imo pectore, bonjour,
Tout d'abord, puisque je ne suis pas trop méchante, moi, j'espère que vous vous portez bien et que les rumeurs qui disent que vous êtes mourant sont infondés, parce que quand même, vous me manqueriez un peu.
Ensuite, je ne vous remercie pas d'avoir fait la guerre à l'Anjou. Tout d'abord, parce que vous avez bien vite oublié que j'y vivais et avec moi, la promise de votre fille. Auriez-vous donc envie que des soudards prennent d'assaut Château-Gontier pour occire Alix-Ann ? Je ne vous le pardonnerai pas, sachez-le. Comme je ne vous pardonnerai pas qu'Aimbaud se fasse tuer sur le champ de bataille en voulant briller à vos yeux, n'avez-vous pas honte, Tonton, d'envoyer ainsi au front, un jeune homme en mal de reconnaissance paternelle qui ne voit que par vous, c'est mal, c'est très mal !
D'autant que Tonton, quand vous dîtes aimer tout le monde et vouloir sortir les angevins du joug du tyran - je trouve ça très joli comme expression - vous ne vous êtes pas dit que les angevins aimaient bien leur tyran, et aimaient bien leurs terres sans soldats ? En plus, à cause de cette guerre, j'ai du mettre la main à la patte, parce que les gens ont faim, et que je dois aider à faire du pain pour nourrir les villageois. Pas que je ne sois pas contente d'avoir revu Marie Alice, mais quand même, j'aurais préféré que cela soit fait en d'autres circonstances, en plus, la pauvre, elle doit dormir dans une tente. Ce n'est pas bien gentil pour elle.
Non, vraiment, Tonton cette guerre ne sert à rien, les Angevins sont têtus, vous le savez, vous me connaissez, vous nous connaissez. Mais ils ne sont pas méchants, et parce que vous envoyez vos troupes, vous passez pour le méchant de l'histoire, et moi, je vous connais, je sais que vous ne l'êtes pas toujours.
Gardez-vous bien, et si vous passez en Bourgogne, embrassez Monseigneur Fitz de ma part, et excusez-vous auprès de lui car vous devez beaucoup le tourmenter avec vos petites bêtises.
Je vous aime quand même vilain.
Signé et scellé de ma main à Angers, en Anjou.
Moi.
PS : L'Archiduc m'a demandé de vous offrir un présent en gage de sa bonne foi. Bon appétit !
Et en effet, joint au pli, une boite de belle facture contenant des madeleines au citron, spécialité castrogontérienne réalisée par Linien Lamora, mais ça qui pourrait le savoir.
Yolanda ? Fin stratège en devenir.
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De retour mais en pointillés..
