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[RP] Coucou, c'est moi !

Alienor_de_sabran
Enfin.

Après cinquante
"Dis Alessio, c'est quand qu'on arrive ?" et au moins autant de pauses-pipi, ils arrivaient en vue de Château-Gontier. Bien évidemment, la Naine ne se sentait plus de joie. Dix jours ininterrompus de voyage, c'est long. Encore plus quand on a six ans. Elle commençait à se dire que traverser toute la France, c'était un peu beaucoup, pour aller passer des vacances en Anjou. Pour son petit stage de "comment devenir une dame comme maman". Oh, vu comme elle se trouvait bien élevée, cela devrait prendre trois ou quatre jours, au plus. La Sabran n'était pas inquiète à ce sujet.

Ce qui l'effrayait un peu plus, c'était de passer autant de temps en compagnie quasi-exclusive de filles. Les filles, les vraies, avaient toujours été une espèce mal connue de la mini-vicomtesse. Il faut dire qu'à part les cuisinières (qu'elle n'aimait pas, vu qu'elles l'empêchaient de tremper ses doigts dans les pâtes à gâteau), son entourage était exclusivement composé d'hommes, sa mère ayant trépassé à peine quelques jours après sa naissance. Et cela se ressentait un rien sur sa façon de se comporter.

Exemple : Pourquoi ne pas fêter la fin du voyage avec une petite chanson ? Oh, mais quelle excellente idée ! La môme donc, de brailler à pleins poumons dans le coche, remasterisant un peu les paroles :


Sur les chemins de France et de Navarre
Le soldat chante en portant son nazar
Une chanson authentique et bizarre
Dont le rofrain est : " Vive le pinard ! "

Un ! deux!
Le pinard c'est de la vinasse
Ça réchauff' là oùsque ça passe
Vas-y, Vinasse, remplis mon quart
Viv' le pinard, viv' le pi...


Alessio put bénir tous les dieux du ciel lorsque la voiture stoppa devant les portes. Coupée net dans son élan lyrique, Aliénor n'en fit pas grand cas, et ce fut dans un cri de joie qu'elle poussa le domestique de son père pour être bien sûre de sortir la première. Ventre à terre, se dirige vers la porte, et tambourine. Comme à la maison en fait. Ce en hurlant :

- Coucou ! C'est môaaaaa !
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Yolanda_isabel
Le front encore moite de la sueur bien méritée, elle charge sur sa hanche un panier rempli de miches encore fumantes, tandis que derrière elle, deux domestiques font de même.

Et Félicie, aussi.

Nourrice à l’âge indénombrable contrairement aux pierres du château – seize mille cent trente, normalement, ça devrait faire seize mille cent trente deux, mais il manque une pierre à la tour est et une pierre qui s’est barrée sous une échauguette *– et à la mémoire infaillible concernant les habitants du bourg, et donc fatalement, de ceux qui sont dans la nécessité – beaucoup – et qui pourraient avoir besoin de pain pour affronter l’hiver – beaucoup – de ces gens que Yolanda veut aider parce qu’ils sont pauvres – beaucoup trop- et que si l’hiver arrive, leur ordinaire déjà maigre le sera encore plus, pour ce que l’hiver n’épargne personne même pas les nobles. Adieu veaux, vaches, cochons qui ont été mis en salaison, adieu oiseaux qui ont la bonne idée de décarrer des campagnes froides françaises pour aller on ne sait pas où, adieu petites bêtes qui ont décidé de se plonger dans un sommeil profond – bien plus profond que celui de Félicie après un bon repas – pour échapper à l’hiver. Vous l’aurez compris, l’hiver vient.

Et Félicie, aussi. En grommelant, mais elle vient, et les voilà prêtes à gagner les faubourgs de Château-Gontier quand la porte résonne de coups et de cris. La porte est ouverte donc en réponse aux cris pour tomber nez à nez avec une môme – une de plus – et une escorte. Les méninges fonctionnent à vive allure et la livrée des gardes la renseigne sur l’identité de la fillette. Comme elle a l’air intelligente, là, ses miches bien rondes à l’air libre, et son regard vide d’expression, mais le panier est tendu à la vieille, et un sourire vient orner le faciès soudain plus vif.


-« Vous êtes la petite Aliénor ? La fille du Vicomte de Fréjus ? Bienvenue ! Venez avec moi demoiselle, rentrons. » Et aux servantes « Allez devant, les gens n’attendent pas. »

Quant à l’escorte, un regard rapide sur les présents et le chef est remarqué.

-« Pouvez-vous faire quérir un domestique pour débarquer ses affaires ? Vous irez vous restaurer plus tard en cuisine. Tous. »

Voilà, voilà. Tout le monde se retrouve occupé et Félicie, aussi. La main est tendue vers la fillette, la prendra, la prendra pas ?

[* Perceval le retour !]
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Alienor_de_sabran
Oui.
C'était elle.
La (pas très) grande, belle, élégante, brillante, distinguée, charmante, fascinante, gentille, ect (pardonnez mais la narratrice a la flemme de poursuivre sur son idée de base, qui était d'énumérer tous les adjectifs possibles et imaginables, mais bon y'a pas qu'ça à faire) Aliénor Délia Constance de Sabran, Vicomtesse de Fréjus et Dame de Lambesc, était dans la place. D'un oeil circonspect, la Naine avise la cheftaine, se demandant si c'était du lard ou du cochon. C'était elle la Duchesse ? Avec un panier plein de pains dans les mains ? On lui aurait menti, et les Duchesses ne seraient que des gueuses avec de beaux habits ? Nomého, Papa il lui avait bien appris que les nobles servaient à donner des ordres, pas à jouer les larbins ! Il était d'ailleurs très à cheval là-dessus, le Mateù, et la Mioche avait tôt pris l'habitude de dédaigner la valetaille.

D'ailleurs, autant rentrer dans le lard de Yolanda tout de suite. Oh, aucun rapport avec une éventuelle surcharge pondérale. C'est une expression, m'enfin.


- C'est môa la Vicomtesse, pour de vrai. Parce que c'était ma Maman avant, mais ma Maman elle est partie au Soleil avec les anges, et Christos et Aristote, mais pas Arystote de la Provence parce que lui c'est moi qui vais le marier quand je sera grande. C'est ma Maman qui l'a écrit sur son papier qu'elle écrit pour quand les gens ils sont morts, et d'où qu'elle dit que c'est moi la Vicomtesse de Fréjus et la Dame de Lambesc et qu'elle donne des culottes à la Comtessa de Saint-Rémy et moi je crois que c'est parce qu'elle pue du cul.

En effet. Il arrivait souvent à la Monstresse d'être prise d'étranges accès de diarrhée verbale, où elle débitait chaque bêtise qui lui passait par la tête, et peu importe si son interlocuteur - ou en l'occurrence son interlocutrice - n'y comprenait goutte. Le tout avec son merveilleux accent provençal, qui de toute façon devait rendre la plupart de ses mots incompréhensible. Bon courage, Yo' !

Puis, comme elle invitait quelqu'un à s'occuper des malles de la Naine, cette dernière de se retourner vers l'homme-portemanteau de son père, l'air sévère.


- Alessio, essplique à la Dona que je m'a fait brigander la bouffe qu'on avait ramené et les écus que Papa il avait donné pour m'acheter des robes et tout ça pendant qu'on faisait dodo dans l'auberge !

L'Italien bien penaud, cherchant ce qu'il pourrait rajouter à la description sommaire qu'avait fait Aliénor du crime dont ils avaient été victimes.

- En effet... Nous dormions tous à l'auberge, mais la plupart des malles étaient restées accrochées au coche, et un garde était sensé les surveiller. Sauf qu'il s'est endormi... Enfin, heureusement, ils n'ont pas emporté les robes et les jouets de Mademoiselle, seulement une grande partie de l'argent et de la nourriture que nous convoyions.

Et la Sabran de résister à l'envie de lui mettre un bon coup de tatane. Pour lui apprendre à être aussi nul. Mais ça ne ferait pas super impression devant Yolanda. A la place, elle attrape sagement la main tendue, avec un sourire dévoilant son absence d'incisives. Et de lancer d'un ton péremptoire :

- Moi aussi j'ai faim !
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Yolanda_isabel
Elle ne crie pas, ne donne pas d’ordres véhéments, ne brutalise personne, pourtant, il est bien clair que Yolanda Isabel de Josselinière est maître en sa demeure aussi le ton péremptoire de la fillette a tendance à lui donner envie de la reprendre pour lui expliquer que non, elle n’est pas vicomtesse pour ce qu’elle n’est pas majeure. Mais ça, c’était avant.. Avant la chiasse verbale que représentent les propos de la Sabran, et devant le flot de mots sans queue ni tête, la tête de Yolanda ressemble de très près à celui d’une carpe atteinte d’ataraxie.

Mais puisqu’elle est la fille de son Pair, alors elle est habituée aux propos décousus et déjà, elle se ressaisit et la main dans la sienne est pressée avec douceur et un sourire.

-« Alors, allons manger et vous me parlerez de vous. Quant à cette affaire de vol, nous en parlerons au guet pour qu’ils se renseignent et fassent ce qui doit être. »

Voilà comment mettre un terme à tout cela et joindre l’utile à l’agréable, à savoir : manger et parler. Que demande le peuple ? Des madeleines au citron ! Et c’est bien pour cela qu’elle entraîne la fillette à sa suite en direction des cuisines, et une fois attablées, les hostilités commencent.

-« Bon, vous parlez fort bien et de façon très claire mais bien trop. Toutefois cela va nous servir.. Parlez-moi de vous ? Que savez-vous faire ? Qu’avez-vous appris ? »

Vas-y, fais moi la causette et moi .. Je mange ! Car si les madeleines au citron sont le péché mignon de Yolanda, devant elle, il y a une tartine de pain et une belle tranche de jambon mis en salaison à l’été.

Et bon appétit !

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Alienor_de_sabran
Owi, la cuisine. C'est qu'Aliénor commençait à avoir sérieusement la dalle, en bon bec à sucre qui ne s'est rien mis sous la molaire depuis au moins une heure quarante. Et puis elle était rassurée maintenant que Yolanda lui avait assuré que les gens du guet mèneraient l'enquête et récupéreraient sa bouffe et sa tune. Parce que quand même ça ne se fait pas de se ramener en mode pouilleuse et crève-la-dalle. Ceci dit, la Duchesse de Château-Gontier ne semblait pas tellement s'en formaliser, et la mitraillait d'une ribambelle de questions, histoire de pouvoir manger son jambon tranquilou. Et la naine de passer son entretien d'embauche... Façon Aliénor, of course.

- Et ben euh... Jo sais faire tout plein de trucs comme par exemple d'abord jo sais faire la guerre, parce que mon papa c'est un chevalier du titanic et que des fois je m'entraîne avec ses épées tout ça sans qu'il sait et je suis quand même trop forte à l'épée même que j'ai une épée en bois et tout dans mes jouets je te la montrera si tu veux.

Ce qui était assez hallucinant avec Aliénor, en fait, c'est qu'elle pouvait tenir de loooooongues secondes à radoter sans même reprendre sa respiration. Alors hop, elle inspire, et continue.

- Et puis sinon je sais lire et écrire un peu aussi mais pas très très bien cômmême parce que c'est difficile avec les fautes et tout et tout même que c'est très pénible Riri il me dit toujours que j'écris comme un cochon... Mais jo souis pas un cochon moi, jo souis une petite fille d'abord ! Il est un peu fada le Riri mais il faut pas trop le dire parce qu'il est le cardinal de Rome de la Provence tout ça enfin je sais pas trop j'ai pas très bien compris mais c'est un truc super important et tout. Et puis c'est lui qui m'a fait mes pastorales, comme ça jo souis déjà baptisée en fait même que c'est lui mon parrain et ma marraine c'est Eavan, c'était une copine de Maman et même qu'elle est DEUX FOIS vicomtesse.

Et vas-y que j'te fais DEUX avec mes doigts, Passepartout-style.

- Et puis sinon jo sais dessiner un petit peu, comme Maman, Maman elle dessinait trop bien et tout même qu'elle dessinait pleeeeeeeein de belles robes et après elle les faisait coudre et puis elle les vendait dans un magasin avec Tonton Gabcha qu'il est mort aussi, même qu'ils disaient que c'était une maison de Couture Haute et tout, mais après Maman elle est devenue noble alors elle a arrêté la boutique et tout pour s'occuper de Fréjus et puis pour gronder Papa et faire un bébé, c'était moi le bébé heingh'. Mais après Maman elle est morte dans le ciel avec Aristote. Je sais tout plein de truc sur Aristote, et puis Christos et Obiwan le premier des hommes et des femmes qu'était le préféré au Très-Haut ! Mais attention c'est Aristote du gros livre heingh, pas Arystote qui existe en vrai, lui c'est mon fiancé qu'il est Comte de Cassis dans la Provence aussi, et qu'il m'a offert pleeeeein de cadeaux trop cool pour mon baptême ! Y'en avait tout plein tout plein sur le banc de l'église pendant la messe et j'avais troooooop envie de les ouvrir !

Et puis bon, c'est pas l'tout de parler, mais y'a des madeleines devant son nez, là. Alors juste avant d'enfourner, elle se fend d'un :

- Et toâ tu sais faire quoi ?

Hop, madeleine dans le bec, mâchouillée sous les quenottes restantes et soudain...

- CHEU CRO BOOOOOOOOOOON !

Le tout en en postillonnant la moitié sur Sa Grâce.
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Yolanda_isabel
Dire que Yolanda n’a pas l’habitude des enfants serait faux, en dépit de son âge pas si avancé que cela, elle est constamment entourée de mômes aux caractères tous plus différents les uns que les autres, et quand ce ne sont pas ses demoiselles de compagnie, ce sont les enfants du commun à qui elle apprend à aimer les animaux et l’art du bien parler. Mais là, ce n’est pas un enfant, c’est un monstre qui se tient devant elle et entame un monologue seulement ponctué de respirations. Yolanda qui se félicitait déjà de sa brillante idée qui aurait du lui permettre de manger tranquillement, se retrouve la bouche ouverte, incapable de déglutir son jambon. La bouche se referme toutefois et elle s’apprête à en finir de cette charcuterie quand le démon miniature en face d’elle conclue son discours émouvant – ou pas – avec une exclamation extatique et une avalanche de postillons assortis de miettes de madeleine.

Yolanda va-t-elle se fâcher ?

Point du tout. Elle va avaler sa bouchée et s’essuyer d’un revers de la manche pour ôter de son visage les restes de goûter du diable provençal.


-« Bien. Donc vous avez reçu une éducation religieuse, c’est déjà cela de pris. Et vous avez déjà un fiancé, nous n’aurons donc pas à envisager de vous en trouver un le moment venu. Nous devons donc favoriser les mots et les bonnes manières. On ne dit pas « tu » à quelqu’un qui n’a pas votre âge. Cela ne se fait pas. »

Poser des limites, ça n’a rien d’amusant même pour elle. Pourtant, il en faut, et pour atténuer la sécheresse de cette dernière remarque, elle sourit et entreprend de répondre à sa question.

-« Je sais lire et écrire, mais je n’aime pas cela. Je sais compter et c’est bien utile. Je sais chanter mais je n’ai pas une très jolie voix, comme Alix Ann, en revanche, je sais jouer de plusieurs instruments de musique. Je déteste la danse même si je la connais. Je sais monter à cheval et comment expliquer à une petite fille à devenir une grande noble. »

Comme quoi, on ne peut pas tout connaître !

-« Voulez-vous apprendre cela ? »

Tant qu'à faire, c'est mieux de demander.
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Alienor_de_sabran
Récapitulons :
- Lire : C'est fait.
- Écrire : C'est en cours d'acquisition.
- Compter : Deux par deux, et lacer ses chaussures.
- Chanter : Ah ça oui, elle sait brailler des paillardes apprises en taverne.
- Jouer des instruments de musique : Taper sur des marmites avec des cuillères en bois, ça compte ?
- Danser : Euh, tourner sur elle-même, et sauter en remuant les cheveux, ouais.
- Monter à cheval : ENCORE FAUDRAIT-IL QUE PAPA LE LUI DONNE, SON CHOVAL !
- Expliquer à une petite fille comment devenir une grande noble : Ça, easy, elle te l'fait quand tu veux.

Alors bon, savoir si elle voulait apprendre...


- Je veux bien apprendre à faire du choval oui ! Et puis à faire de l'épée aussi pour devenir un chovalier comme Papa !

Sourire de première de la classe, genre ici l'enseignement c'est à la carte. D'ailleurs une question la taraude.

- Pourquoi t'as appris tout ça si t'aimes pas ?

Ben ouais, d'abord.
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Yolanda_isabel
Les enfants ont cette faculté d’être francs en toute occasion. Bénis soient les enfants. Ou pas ! La question l’a prise au dépourvu, bien plus que sa demande concernant l’apprentissage de l’épée, alors elle gagne du temps comme pour se donner du courage avant de répondre.

-« Pourquoi VOUS avez appris tout ça si VOUS n’aimez pas ? »

Oui, parce qu’il lui semble avoir dit tout cela. On dit « VOUS » qu’on aime ou pas.

-« J’ai appris tout cela parce que c’est cela qu’on attend d’une jeune fille noble. Nous verrons pour vous apprendre à monter à cheval, j’en ai un petit qui ne demande qu’à se dégourdir les pattes. »

Et le reste ?

-« Quant au reste, nous verrons si vous en savez autant que vous le dites, demoiselle. Je ne doute pas de vous mais je veux savoir jusqu’où va votre talent. »

Jolie façon de faire passer la pilule.

-« Comptez jusqu’à cinquante pour voir ? »

Pour voir.
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Alienor_de_sabran
Vous vous vous, gnagnagna... Elle lui en aurait fichu des "vous" ! Prout à la fin, elle avait bien le droit de tutoyer qui elle voulait d'abord, elle était Vicomtesse, et puis Papa ne l'avait jamais empêchée de tutoyer qui que ce soit ! Elle dirait même "tu" à la Marquiche Hersende, tiens ! Et puis d'abord être une jeune fille noble c'est pas rigolo du tout. Elle, elle voulait être un chôvalier, comme Papa, et puis aux latrines ce stage pour apprendre à devenir une Dame comme Maman ! C'est trop casse-bonbons les trucs de dame d'abord !

Ceci dit, elle ne put s'empêcher de lui adresser son plus beau et plus édenté sourire lorsque Yolanda évoqua la possibilité de lui apprendre à monter à cheval. Même sur un petit cheval, alors que, soyons honnêtes un peu dans la vie, elle n'était pas petite du tout, d'abord. Aliénor de Sabran était une grande personne, que cela soit su de tous et en tout lieu !

En puis... Pam ! Pam pam pam ! Pam pam pam ! Pam pam paaaaaam ! (Ceci est une tentative hautement infructueuse de tenter de reproduire les sons de l'intro de "the final countdown", merci). C'est l'heure du défi. Les petits poings se serrent, à en faire blanchir la jointure. Un coup de tête à droite, un coup de tête à gauche, pour faire craquer la nuque. Les yeux se plissent, le regard se fait conquérant.


- Oc.

C'est parti, mon kiki.

- Un.
Dô.
Troua.
Quat'.
Cinq.
Six.
Sept.
Houit.
Neuf.
Dix.
Onze.
Douze.
Treize.
Quatorze.
Quinze.
Seize.
Dix-sept.
Dix-houit.
Dix-neuf.
Vingt.
Vingt-et-un.
Vindeu.
Vintroua.
Vintquat'.
Vingt-cinq.
Vingt-six.
Vingt-sept.
Vingt-houit.
Vingt-neuf.
Tronte.
Trone-et-un.
Trontedeu.
Tronte-troua.
Trontequat'.
Tronte-cinq.
Tronte-six.
Tronte-sept.
Tronte-houit.
Tronte-neuf.
Quarante.
Quarante-et-un.
Quarante-deux.
Quarante-troua.
Quarantequat'.
Quarante-cinq.
Quarante-six.
Quarante-sept.
Quarante-houit.
Quarante-neuf.
Et cinquonte !


BIIIIIM ! Toc ! Et pan dans tes deeeeeents ! Bwahahaha !

Et puis comme tout exploit mérite récompense...


- T'as du jous de frouit ? Ça m'a donné soif de parler tout ça comme ça !

Et de faire force grands gestes, histoire d'appuyer son propos. Tout en mordant dans une nouvelle madeleine, parce que quand même, faut pas déconner.
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Yolanda_isabel
Et cinquonte..

Voilà ! Cinquante secondes c’est le temps qu’il faut à Aliénor de Sabran pour faire abstraction de ce qu’elle vient de lui dire sur le vouvoiement. Un signe de la main pour faire venir une servante et remplir une timbale d’un peu de vin aux épices coupé d’eau pour la fillette.


-« Je crois demoiselle que nous allons beaucoup nous amuser vous et moi. Admettons qu’à chaque fois que vous daignerez dire vous, je mettrai cinquante deniers dans un coffre. Ainsi, je pense qu’à ce rythme-là nous aurons de quoi vous acheter un cheval bien à vous, n’est-ce pas ? »

Tu m’aimeras et tu apprendras, je n’en doute pas, le temps fera son office.

[Le temps a avancé, c’est déjà ça. Mais pas de beaucoup, quelques semaines tout au plus.]

Les jours passent et force est de constater qu’il y a des choses à apprendre à Aliénor, des choses basiques. La toilette, car si elle n’a jamais assisté à la toilette de la fillette, du moins lui a-t-on dit que les servantes n’étaient pas demandées et surtout, elle a constaté que la môme ne sentait pas toujours bon. Aussi, la voilà de bonne heure et de bonne humeur qui profite de la porte séparant son propre cabinet d’études de la chambre de Jenifael et Aliénor pour se faufiler dans la chambre de ses dames de compagnie en tenue de nuit sur la pointe des pieds. La voilà près de la couche qui cherche du regard le plus petit des deux corps pour s’en saisir et le caler contre elle. Un regard pour la deuxième dormeuse qui ne semble pas avoir été réveillée. Cela pourrait l’inquiéter, imaginez un peu que quelqu’un enlève Aliénor pendant la nuit, personne ne s’en rendrait compte, enfin, pour l’instant, cela lui va bien. Cela lui évitera de réveiller toute la maisonnée.

Un baiser déposé sur le front chaud de la fillette qu’elle embarque avec elle, laissant aux servantes le soin de refermer les portes derrière elle pour rejoindre sa chambre où un baquet a été dressé, entrain de se remplir d’eau fumante au fur et à mesure que le ballet des domestiques et des seaux se déroule sous ses yeux. Elle, pendant ce temps-là, s’attache à réveiller doucement la fillette en déposant des baisers sur le front, milles caresses dans les boucles sales.


La meuna draga.. Réveillez-vous. Ma petite chérie, il est l’heure. »

Si tu savais, tu continuerais à dormir. Non, Yolanda ne poussera pas le vice jusqu'à la mettre dans le bain toute endormie, faut pas rêver.

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Alienor_de_sabran
Ouais, Aliénor et l'hygiène, c'était pas trop ça. Disons que la Monstresse n'avait pas été habituée à se décrasser durant sa prime enfance, puisque à chaque fois qu'une servante avait des velléités de lavage de la Sabran, celle-ci piquait de monstrueuses crises, et hurlait tant et si bien que son cher Papa venait commander à la valetaille de laisser son bébé d'amour tranquille.

La petite Blonde se lavait donc uniquement quand elle en avait envie, et autant dire qu'elle n'en avait envie souvent. Les bains c'est pas rigolo, c'est froid quand on en sort parce qu'on a pas le temps de sécher, et l'eau, ça mouille. Qui plus est, les bains, c'est un truc de bonne femme, pas de chovalier. Elle s'accommodait donc très bien de sa propre crasse. De toute façon ça ne servait à rien de se laver, puisqu'on se resalissait ensuite... Autant rester sale tout le temps.

C'est sans doute pour cela que Yolanda avait du se trouver obligée de l'avoir par fourberie. Oh, profiter du sommeil d'une pauvre enfant sans défense pour la plonger dans un bain, c'est vil ! Très vil ! Mais cependant... Efficace. La Dragonne se réveille lentement, ouvrant un œil, puis le refermant aussitôt. Trop de lumière.


- Mmmmmbl !!

Et vas-y que je me retourne pour me rendormir. La trogne bien calée entre les seins de Yolanda, c'est trop bien, comme un oreiller. Cependant la Josselinière ne cesse de l'asticoter avec des caresses et des baisers... Bordel, pas moyen de pioncer tranquille dans cette maison de fous !

- Mais Yolanda laisseuh-moi dormireuh !

Peine perdue. Elle est définitivement réveillée. Alors elle se redresse, assise, se frotte les yeux tout en bâillant à s'en décrocher la mâchoire.

A-t-elle remarqué le baquet ? Pas encore.

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Yolanda_isabel
Jouer à la poupée, elle l'a fait toute son enfance, et parce que ça lui manque, elle a décidé d'en avoir des modèles géants ou de vraies petites filles, ça dépend le point de vue, parce que vu l'odeur et la mine crasseuse de la Draga, autant vous dire que des poupées comme ça, ça court pas les rues. Mais elle ne se démonte pas, et continue de tirer doucement la gosse de son sommeil, tandis que les servantes remplissent le baquet d'eau chaude, et que l'une d'elles détache le lacet qui maintient l'encolure de la chemise, tandis qu'elle fait de même avec celle de la fillette.

La voilà réveillée, c'est une chance, et la voilà récompensée d'un baiser planté sur le front avant d'être dévêtue doucement, pour ne pas réveiller le monstre qui sommeille en elle. Nues comme à leur premier jour, mais certainement pas identiques à leur premier jour, Yolanda conduit la manœuvre en portant toujours contre elle la fillette, souriant doucement. Toujours doucement, car il lui semble qu'il suffirait d'un geste de travers pour qu'elle soit tout à fait réveillée et que cela se transforme en carnage sans pareil. Et maintenant ?

Et bien dans le bain les copaings ! Car, c'est bien cela la finalité de l'exercice, entraîner avec elle la fillette dans l'eau pour la récurer.


- « L'eau n'est pas trop froide la meuna draga ? »

Croyez-vous qu'elle l'a lâché ? Non. Pour l'instant, elle la tient toujours contre elle, prête à la serrer un peu plus pour l'éviter de se jeter hors de l'eau.

Pas folle la guêpe.

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