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[RP] Charlemagne ou le Nouveau Cassian.*

Charlemagne_vf
*Pastiche plus ou moins évident de Julie ou la Nouvelle Héloïse, de Rousseau.

Citation:
    A Melchiore.


J'avais encore en tête le nom de Nérondes, & avec lui, l'image que je me suis faite de ce moine idiot qui brisait les dents des ânes à coups de parpaings. J'ai trouvé ce souvenir, somme toute pas très lointain, farfelu. Suffisamment pour me convaincre de m'en fabriquer d'autres de cet acabit. Pourtant, j'aurais voulu que notre rencontre reste inconséquente. Ne l'avais-je pas dit ? Ce pourrait n'être rien qu'un rêve nébuleux. Mais vois-tu, je dis rêve, c'est que j'y ai trouvé un délice plutôt qu'un dégoût.
Mais dois-je être de ces gens tristes qui ne font que commenter l'instant passé ? De quel présent, de quel futur pourrais-je te parler, toutefois ? Je ne vois rien.

J'espère que de ce que je t'ai donné, tu as fait bon butin. Je crois que le Prince n'a pas même observé que quelques pièces manquaient : c'est qu'il doit en avoir beaucoup, assez au moins pour ne pas se soucier de quelques chandeliers. Si tu en veux encore, je t'en donnerais volontiers. Nous pourrions commencer une collection. Sans aller au crime, un ou deux chandeliers pris dans les meilleures maisons du Royaume, de l'Empire, même, ne feront de tort à personne. Égoïstement, ce pourrait m'être l'assurance que tu n'escalades aucune autre fenêtre que celle derrière laquelle je m'offre à Morphée.
Je suis un être exclusif, apprends-le. Je ne prétends rien posséder de toi, sinon des bribes nocturnes d'un instant révolu, mais hautement agréable. Mais je crois qu'il me plairait de posséder un peu plus. & après tout, m'aurais-tu glissé cette invitation à t'écrire si ce n'était pour te tenir un peu plus entre mes bras ? J'ai la prétention de penser que je t'ai séduit, un peu, sinon beaucoup.

Je ne t'ai pas caché mon ascendance noble, je crois. Je t'ai dit être seigneur, c'est peu. Mais dans le sang, je suis bien plus. Vois-tu, je suis sans doute un peu impie : tes gestes m'ont embrasé, & tu es un brigand. Mésalliance et infamie, je m'invertis en ta compagnie. Si tu n'étais aussi vil en morale que moi, j'aurais honte à écrire ces mots. Promets qu'ils ne seront lus que de toi. Moi, je n'ai pas de confidents. Les confidents sont des soucis, & au-delà, des ennemis. Si je devais en avoir, ce serait le temps de pleurer, de dire un mal-être s'il était dit que je doive être malheureux, puis enfin, mes secrets dévoilés, il me faudrait faire tuer celui qui les aurait connus. Toi qui partage le mien, ne te sans pas en danger. J'ai pour moi tes actes, & un peu sottement, je crois te faire confiance.
Mais ne te dis-tu pas que je suis un être désespéré. Moi, Cassian, jeune noble plein d'avenir, j'aurais besoin d'accorder crédit à ce pas-grand-chose que tu es ? Pas grand chose, dis-je. Au vrai, je n'en sais rien. Melchiore, ton nom, et Melchiore, ton corps : voilà tout ce que je connais de toi. Toi, tu en sais plus de moi. Tu sais où j'ai dormi, tu sais de quel vin je m'abreuve, tu sais même où faire mener mes lettres pour me trouver. Moi, je me contenterai d'un moine. Caches-tu un secret ? Nous en avons tous, je crois. Sauf les simples, mais tu ne l'es pas. Je le sais.

Tu ne peux n'être qu'un brigand : tu sais lire. J'ai la conviction que tu lis autre chose que les têtes mises à prix. Tu connais des contes, & tu les sais raconter. Moi, je les ai aimées, tes histoires de voleur et de prince. & moi, je me suis senti prince.
Toi, tu n'étais qu'un piètre voleur, toutefois.

Melchiore, dis-moi donc pourquoi, pourquoi ai-je eu ta faveur ? La faveur des mécréants est bien plus difficile à gagner que celle des princes. Ou me trompais-je en croyant avoir trouvé un peu de passion dans tes baisers ?

Je suis en chemin pour l'Anjou. Je ne sais encore à quel balcon on me trouvera, mais un chablisien ou un nivernais saura bien trouver C.d.C.

Dois-je aussi t'avouer que depuis ta venue, il m'a fallu bouder mon plaisir, & me contenter de la douceur de mon lit comme partenaire ? J'aimerais que tu m'amignonnes encore, comme j'aurais aimé que tu restes un peu. Il me semble qu'à défaut de me manquer, tu as réussi à me faire envier un peu. J'envie celui qui peut grimper aux branches et s'immiscer pour trouver l'être endormi que je suis. J'aurais aimé être toi, & que tu sois moi.

T'aurais-je déjà ennuyé ? Brûle, brûle tout si c'est le cas, & qu'il n'y ait de conséquences à rien. C'est que j'aurais été floué par moi-même.

Mon baiser sur toi.

C.d.C.

_________________
Melchiore
    À C.d.C.


Citation:
    Yop, Cassian.


Chic type, n'allez pas en Anjou, pauvre fou.

Je ne veux pas être votre confident. Je suis sourd à ce genre de discours. Et mon oreille déforme souvent la réalité. Ma voix et ma main surenchérissent parfois. Piètre consolateur, avec ça. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, pourtant. Et j'ai moins envie de vous consoler que de vous pousser encore à la faute. Des confidences ? Allons. Pouah. Je préfère être celui qui en provoque la matière brut. Et il se trouve que j'ai beaucoup de matière brut à revendre. Je vous en ferai cadeau.
Toutefois, je ne crois pas être indigne de confiance. Et puisque nous partageons les mêmes travers, et que, pire, nous les avons éprouvés de concert, il n'y a aucune raison pour que nous nous flouions mutuellement.

Allons pour une petite rétrospective. Ma faveur, tout comme la passion que vous avez trouvé dans mes baisers, vous l'avez inspirée, vous l'avez créée de toute pièce. Ne réfutez pas. Je vous ai vu faire. En dormant. Puissiez-vous récidiver. J'ai trébuché sur vous, Cassian. C'est tout. Je suis gauche, vous n'avez pu que le constater. Je suis imparfait et, dans la nuit, je vous ai pris pour un trésor. J'ai trébuché et j'ai laissé tomber sur vous un peu de passion, oui. Navré. C'est stupide, évidemment. Si tous les diamants s'appelaient Cassian, on les porterait en bouche, et non aux doigts.
Je me suis trompé, parce que vous étiez inerte dans votre écrin. C'était un peu triste. Un peu fascinant. Alors à votre insu, j'ai soulevé un peu votre linceul. Juste par curiosité. J'y ai trouvé un nu de maître, et quelques degrés de moins. Cela sentait la solitude. J'abhorre la solitude. Elle me provoque des démangeaisons. Il fallait la déranger un peu.

Évidemment, vous êtes seul coupable de ce qui nous est arrivé à tous deux. Coupable, vous l'êtes d'autant plus que vous seul avez dérobé ces butins à votre ami le prince. Je les ai acceptés de bonne grâce, voilà tout. Vous qui me traitez volontiers de mécréant, de brigand. : apprenez que je n'ai fait main basse sur rien d'autre que votre personne. C'est vous, le brigand. Et c'est moi qui vous attraperais volontiers, mais vous fuyez en Anjou. Pauvre fou.

N'y allez pas.

Cassian ? Saviez-vous que vous portiez une tache brune sur le dos ? On jurerait que quelqu'un vous a gratifié de son sceau. C'est fort mignon, je dirais. À vous lire, il s'agirait du lègue d'un sang que vous estimez beaucoup. Je veux bien le croire. Après tout, nous descendons tous plus ou moins de quelque chose qui nous est ascendant, donc supérieur. Parfois l'on cherche à égaler cette chose, parfois l'on préfère partir de zéro, voire ce que le sang, à lui-seul, contient d'assez fort pour nous élever. Ou nous dévier.
Et non, Cassian, je ne suis pas qu'un brigand. Parfois, il m'arrive d'être honnête. Au surplus, vous l'avez remarqué, je suis un piètre voleur. Je serais déjà mort de faim si je devais passer mon temps à trébucher sur du Cassian, Cassian. Quoiqu'il faudrait que je vous remercie pour votre générosité. Mais vous courez droit vers l'Anjou. Quelle raison vous pousse vers une telle destination ?

Ne venez pas.

Cassian ? D'où vient que j'ai senti une telle solitude, dans vos ombres ? Voyez, je tombe dans la confidence. Tant pis. J'aurai au moins la certitude que vous ne vous épancherez pas ailleurs. Bien que je ne sois pas sûr d'être tout à fait exclusif. Je ne le suis que par la force des choses.
Pour l'heure je ne voudrais que vos chandeliers, à vous. J'ai de la place où les entreposer. Un peu de vide à combler.
Mais surtout :

N'y allez pas.

Il se raconte qu'en Anjou, on croise des angevins. Aussi sûrement qu'on vous trouve des doigts à la main.
Mais. Cassian ? Si vous vous y rendiez toutefois. Faites vite. Il se pourrait que j'aie à m'y rendre tout prochainement. Et si vous m'aimiez bien, Cassian, vous me diriez à quel balcon vous trouver. Ou à défaut, je vous indiquerai le mien, puisque nous aimerions être nous. J'ai encore cent mille histoires à raconter dans vos ténèbres. Et croyez le ou pas : j'en ai même qui sont muettes. On les raconte avec les mains.

Allons, ne me fâchez pas. Faites preuve d'une infinie prudence.

Sentez-vous adoré.

Melchiore.

_________________
    Pays : Archiduché d'Anjou
    Comté/Duché : Duché de Douetum
    Village : Soulanger
    Melchiore possède un culture du Maine.
    Vous souscrivez tout à fait à l'idée que Kirke. est tout-puissant.
Charlemagne_vf
Citation:
    A Melchiore.


Sale type, j'irai en Anjou, je suis fou.

Ne soyez pas mon confident, j'aurais bien l'idée de faire de vous autre chose. & si vous êtes un piètre consolateur, alors ne me donnez pas de raisons de me faire consoler. Je ne veux pas vous fâcher, mais veillez à ne pas me faire choir en mélancolie. De vous, je me languis. Mes mots vous étaient partis, & je brûlais de lire les vôtres. Vous savez écrire, donc. Amen.
Offrez moi votre brut, éclatez en Champagne, moi, je fais des p'tites bulles, des belles bulles que je crache en l'air. Elles sont belles, vous savez. Elles volent jusqu'au ciel, mais dans mes rêves, à la fin, elles crèvent. A la fin, on crève toujours : vous aussi, à la fin, vous crevez. Je l'ai vu, votre air affaissé sur mon lit. Je vous y aurais gardé prisonnier. On parle d'épidémie à Châlon : c'est un doux prétexte. Si vous revenez, je n'irai pas en Anjou. Si vous promettez de me tenir cloîtré, & de vous enfermer avec moi, je n'irai pas en Anjou.

Mais je crois, fou, que j'irai en Anjou.

Je pose à votre pied, unique mais assez fin, tous mes aveux : je suis coupable, & seul tel. Je vous le confie : couché sous l'ombre lunaire, j'attendais qu'entre un être de votre tenue, lascif et doux, dur et imparfait. J'aime l'imperfection chez les autres. Je la méprise chez moi. Me trouvez-vous parfait ? Dites oui, au moins le temps que je vous apprivoise. Vous savez, partis ainsi, nos premiers mois seront brûlant, & je crois que je pourrais vous aimer un peu, & puis après, nous prendrons le temps de nous haïr, un peu, & de nous dire nos imperfections. Cachez-moi les miennes : je n'aime pas les entendre.
De fait, vous êtes un flagorneur né. Mais je consens à vous être un diamant, & si je dois être précieux entre vos mains, pour rien au monde je ne m'en défilerais.

Prenez-vous mes apostrophes brigandines, mécréantes, si basses ? Après tout, si vous ne l'étiez un peu, je ne serais coupable de rien. Réjouissez-vous de votre audace, & souffrez que je vous aie trouvé assez vil pour m'offrir à vous.

Je fuis en Anjou. Je ne crois pas être tout à fait fou.

Savez-vous ce que j'y vais faire ? Je devais fuir, au vrai. Fuir en Lorraine. Je ne fuis qu'en terres angevines, je vais y voir des angevins, je vais y ravir la confiance d'un Roi, je vais y goûter un peu de sang, même. Et si vous devez y être, je le délaisserai pour un goût moins âpre que celui de vos lèvres, et après, si vous l'offrez sans parcimonie, celui qui, plus enfoui, donne la vie.

J'irai. J'irai parce que vous y serez, & j'irai vite & tôt. Dans peu de jour, j'espère en toucher le sol, & en humer l'air. Indiquez-moi votre balcon. Je crois que je pourrais, si j'étais fou, fausser compagnie à toute ma maison, & vous rejoindre à dos d'Aiglon. Mais je ne suis pas fou, je vais en Anjou, c'est tout.
Abreuvez-moi de vos paroles, contez-moi vos histoires. J'en veux mille et unes, repoussez chaque soir celui de notre assassinat, tenez-moi entre vos jambes par le verbe, faites que je n'aie plus de raison d'en quitter l'étreinte.

Melchiore. Vous ne serez pas mon confident. La solitude, moi, je l'adore. Dans mes ombres, elle m'est un salut, le calice où je verse mes passions pour qu'elles ne me dévorent. Vous me serez fatal, mortifère amour, je vous vois déjà la combler, cette solitude où je m'endors. Mais si vous le souhaitez, je vous laisse faire, & moi, alors, puisque je n'ai trop de chandeliers, je vous accorde mon corps. Il n'est pas large, mais il viendra bien remplir ce peu de vide que vous avez aussi.

Melchiore, je vous dirais tout, mais il faudra me l'ôter de la bouche. Loin de vous, elle est close.

Melchiore, laissez-moi vous fâcher. Fi de la prudence. Je suis fou, alors. Si j'avais été prudent, vous seriez pendu peut-être. J'aime apprendre, apprendre que le danger qui me guette est parfois l'extase interdite. Laissez-moi dévorer votre pomme de Melchiore.

Je viens, je viens en courant. Je viens en volant, & si je vous trouve encore sans vous chercher, gagez que je ne vous lâcherai plus dans l'ombre. La nuit ne vous sera plus un manteau.
Mais dites-moi, Melchiore : l'Anjou, qu'y trouverai-je sinon vous ? Est-ce donc là que vole mon encre et les dessins de ma plume. Je vous ai trouvé. Est-ce ainsi ? Alors voyez, l'On a du nous tromper, car en Anjou, jamais je n'y aurais été. & peut-être que si vous n'aviez pas insisté, j'aurais abandonné. Je sais ce que vous cachez, vile créature, & je viens le chercher. Gardez-vous au chaud.

Allons, je vais tout vous dire. Si j'étais seul, s'il y a de la solitude dans mes ombres - & dieu que votre prose est belle - c'est qu'elles furent désertées. Parti à la chasse, j'y trouvais jadis de quoi prendre la place. Vous nous auriez trouvé deux, alors. Mais la place fut laissée à prendre, & repenti, j'escomptais la condamner. Je la condamnerai, si vous voulez bien y apposer le sceau de votre Buse.

Melchiore, il me faudra vous faire un aveu, mais je crois que c'est à votre tour.

Mon baiser sur vos genoux.

C.d.C.

_________________
Melchiore
    À C.d.C.


Citation:
    Yop, Cassian.


Fol ami, n'allez pas en Lorraine. Vraiment.

Il paraît qu'on y trouve des Lorrains. Puisque c'est ainsi, bien. Allez en Anjou. Je ne vous retiendrai pas. Une simple lettre le pourrait-elle seulement ? Allez en Anjou, mais ne vous plaignez pas d'y être ensuite. Car si vous m'y débusquez, Cassian, il est probable que je ne vous relâche pas. Avec du recul, vous auriez souhaité me cloîtrer. Moi, c'est d'avance que je songe à vous emprisonner. Si vous êtes aimable, Cassian, vous nous cracherez une bulle, car on dit que la guerre sévit. Et moi, le lâche, je n'aspire qu'à m'enfouir dans la plus douillette des cachettes. Si je suis envoyé dans cette sanglante Anjou, m'en ferez-vous une ? Nous nous coincerions la bulle, et les cris des assauts ne nous atteindront pas, alors.
Parce que -est-il utile de le dire ?- les hommes s'y déchirent. Ils s'y déchirent les chairs. Et vous souhaiteriez y ravir la confiance d'un Roi ? Me voici fâché, Cassian. Comment un seigneur comme vous pourrait-il acquérir une telle confiance autrement que par le sang ? Ce sang auquel vous tenez tant. Si je vous y vois, Cassian, vous n'en ferez rien. Si je vous y vois, vos vœux et les miens se réaliseront. Il y aura une bulle entre vous et le monde. Une bulle qui ne crèvera pas.
Mais regardez. Sitôt passé le passé, on mentionne déjà l'avenir.

Puis, je suis navré, pour mon air affaissé. Songez que j'ai dû traverser quelques périples pour échouer sur votre giron. Notez que je ne suis pas mal tombé. J'aurais pu avoir à me contenter de la présence d'un compagnon de cellule gangréné. Au lieu de quoi, je m'offris la représentation terrestre de Phoebus. Phoebus ou le nouveau Cassian. Youpi, voici pour mon content de flagornerie.
Amen, Cassian, le jour où me vint à l'esprit que l'apprentissage de la lecture et celui de l'écriture iraient de pair. Mais, Cassian, me pardonnerez-vous ? Si vous étiez fou, vous trouveriez à mon balcon une pelisse de zibeline que la guerre aura épargnée. Et si vous passiez ce balcon, vous trouveriez quelques autres chandeliers qui n'auront pas tous été volés. Mais je ne vous crois pas atteint de ce genre de folie, Cassian. Sans être prudent, vous n'êtes pas atteint par une telle folie. Osez m'affirmer le contraire ?

Allez prudemment.

Cassian, si vous avez des imperfections, je ferai semblant de ne les pas voir. D'ailleurs, je n'en ai pas vu, dans le noir. Hormis peut-être la seule qui vous fait bondir et qui me fait, moi, languir ? Si vous étiez lisse comme le marbre, où pourrais-je prendre prise ? Car je veux bien glisser sur vous, Cassian, mais par pitié, dévoilez vos lacunes, que je puisse m'y agripper. Et me consoler. Moi qui suis bouffi d'imperfections.
Y compris -puisque vous voilà presque convaincu- celle d'être un indigène d'Anjou. Vous semblez du moins en être assez certain. Mais me prendre pour Buse est-il à ce point déroutant qu'il vous faille m'imposer votre vouvoiement ? Soudain, vous vous faites distant. Je ne suis pas malade, Cassian. Ou si je le suis, ce n'est que depuis vous. D'une maladie qui n'a rien à voir, je pense, avec celle de l'épidémie de Châlon.
Mais si, Cassian, vous souhaitiez abolir vos imperfections, je connais une façon. J'ai les bras vides, et si vous vous y engloutissiez, je n'y verrai plus rien. Et puis je pourrai parfaire un peu votre pâleur : je jouis plus blanc que blanc. Vraiment. Je vous tricoterai un habit, une pommade. Mais comme le revêtement est de mauvaise qualité, il faudra en passer plusieurs couches.

Allez sûrement.

Et puis, Cassian, qu'en sera-t-il de notre prochaine rencontre ? Faudra-t-il que l'on se batte encore, ou consentirez-vous à démuseler votre bouche pour que j'y abandonne la mienne ? S'il y a en vous des vérités cachées, je les chasserais super volontiers. Où qu'elles se cachent. Je n'ai pas peur, Cassian. D'ailleurs, en me cognant à vous, je ne me suis fait que du bien.

Cassian ? Je serais allé à Chablis, en espérant vous trouver, vous ou vos chandeliers. Je serais allé à Chablis, simplement pour que vous n'alliez pas en Anjou. Mais la vérité, Cassian, c'est que je suis déjà prisonnier. Vautré dans un Siège. Et plutôt que de m'en libérer, Cassian, vous voudriez en renforcer le cerclage. Allons. Pour que nous n'ayons pas à
être de ces gens tristes qui ne font que commenter l'instant passé, n'en faites rien. Je suis fâché, Cassian. L'ire me gonfle, quand je songe que vos butins n'auront servi qu'à financer les outils qui iront contre vous.

Allez rapidement.

Mais ne me faites pas la guerre, Cassian. Si vous êtes aussi raisonnable que je me l'imagine, vous ne commettrez pas ce crime. Vous êtes innocent, je crois. Je m'imagine que nos égards mutuels n'ont rien de criminel. Et je me réjouis que vous n'ayez pas à l'esprit la même étroitesse que celle dont est béni votre postérieur. Cassian, vous faites mon bonheur.

Sentez-vous désiré.

Melchiore.

_________________
    Pays : Archiduché d'Anjou
    Comté/Duché : Duché de Douetum
    Village : Soulanger
    Melchiore possède un culture du Maine.
    Vous souscrivez tout à fait à l'idée que Kirke. est tout-puissant.
Charlemagne_vf
Citation:
    A Melchiore,


Mon Roi-mage,

Tu es toi aussi le héros d'une de tes fables, n'est-ce pas ? Alors je vis au pays du merveilleux & à mon éveil, tu ne seras plus là car tu n'es que poussière de fée, & poussière de fée tu redeviendras à l'heure pour moi d'ouvrir les yeux.
A quoi me servirais la confiance d'un Roi, si j'ai ton affection, ton adoration & ton désir. Je ne viens pas te faire la guerre, ou c'est avec une lame moins fine mais tout aussi ardente que je te pourfendrai. Et la seule huile qu'il me sera agréable de déverser le long de ton dos n'est pas bouillante : à peine est-ce un tiède breuvage, au goût amer, mais qui vaut bien l'onguent que tu me promets & qu'en patient assidu, je recevrai comme une onction.

Je viens, doucement.

Melchiore, sois pour moi un nouveau baptême. & qu'est-ce qu'un nom après tout ? Aimes-tu donc tant le mien que je le lis à chaque ligne. La flatterie serait aimable si je ne trouvais pas à Cassian moins d'attraits qu'à Phoebus. & s'il te faut me nommer ainsi, nomme-moi à ton aise, & jure-moi que Cassian, pour toi, ce n'est rien, tant que mon âme, mon coeur, mon corps, sont tiens & absents du monde où le nom des choses ne les empêche pas d'exister encore.
Car toi, Melchiore, cesserais-tu d'être Melchiore sous un autre prénom ? Laisse-moi me persuader que cela n'ôterait rien aux charmantes perfections que tu possèdes. Car il en est, mon bel angevin, qui te servent à loisir, & sous ta main habile, tu fais plier les ordonnances de la beauté, tu ferais s'agenouiller le plus pieux des Empereurs, & du plus grand des Princes, tu te ferais aimer.

Je viens, sûrement.

Allons, mon mien, allons comme tu as raison. Je n'ai pas la témérité d'escalader un balcon, à la faveur du silence, sous le fracas des lances. Mais s'il te plaît, laisse-moi nourrir l'illusion d'être aussi fou de passion pour toi que tu le fus par l'appât qui te mena jusque chez moi. Laisse-moi croire qu'il me faut récupérer cette pelisse au risque de prendre froid, alors, je trouverais une couche et un drap à déposer sur moi, & qui me gardera du mal.
Là, tu les découvriras bien tôt, mes lacunes. Aime-moi encore un peu, car je ne doute pas que tu finisses par me haïr. Ne cherche pas la contradiction, tu la trouveras sans peine, & mes défauts, je te les porte en Anjou avec ma carcasse d'éphèbe. Ils te viennent rejoindre au petit trot. Comme j'aimerais que ce fusse au galop.
& pourquoi suis-je distant, & t'impose le vouvoiement ? C'est, désirable satyre, que tu fais de même, & que je me sentis faible à te traiter en laquais quand tu me traitais en souverain. Sois mon tu & je serai le tien, & que le pluriel ne soit celui que ceux d'ailleurs emploieront pour parler de nous.

Je recule, un peu.

Melchiore, il nous faudra nous battre je le crains, à notre prochaine entrevue. Mais ce ne sera ni défiance ni défense. Tu ne devras y voir que le jeu d'un Aiglon farouche & amusé, dont le désir est d'être traqué & chassé, ravi à l'innocence & plongé dans l'indécence. Parle-moi encore de tes lèvres, car leur pensée mord les miennes. Si elles ne t'étaient promises, elles porteraient déjà la blessure de mes dents, mais je te les maintiens belles, que tu me les abîmes.

J'avance, vite, vite.

Soyons innocents, ensemble.
Ne m'abandonne pas, charmant inconnu, & tiens les promesses que ne me fis jamais. Melchiore, je crains que tu parviennes à faire mon bonheur, autant que je crains que tu te parjures. Vois-tu que je suis faible quand la passion s'en mêle ?
Dis-moi que tu veux m'aimer. Je le veux, moi, car l'occasion est aussi belle que le larron. S'il me faut te séduire, Melchiore, alors attends-moi encore un peu. J'arrive, j'arrive encore. & que chacune de tes lettres me trouve un peu plus près de toi.

Je pars, déjà.

Melchiore, quand nous nous verrons, il faudra déjà que tu me pardonnes.

Mes baisers sur ta jouissance.

C.d.C.

PS : J'avais le soleil jour & nuit dans tes yeux, hier. Ça m'a brûlé, un peu.
PPS : J'aimerais ne jamais finir d'en finir, me repaître de toi, encore.
PPPS : j'ai décacheté ce courrier, je voulais t'y dessiner un arc-en-ciel, & je me suis senti juvénile. Je le ferme, & qu'il parte entre tes mains, le temps seulement que je le remplace.

_________________
Melchiore
    À C.d.C.


Citation:
    Yep, Phoebus.


Tu me tues, turlututu.

Tu l'auras voulu : mon vous est dévêtu. Et ton Cassian au chiendent. Je l'aimais assez, pourtant. Je l'aurais étalé sur des lieues et des lieues de parchemins. Jusqu'à ce que de parchemin, il ne reste plus rien. Mais je dois le taire. Tant pis. J'enrage. Je le murmurerai seulement au creux de ma cage.
Et puis je n'aurais pas dû laisser ta lettre sans réponse avant d'aller plonger dans le sommeil de l'injuste. Mes rêves s'en sont emparés. Et il semblerait que mes draps t'aient un peu aimé. Ils n'en sont pourtant pas coutumiers. As-tu empoisonné ton encre ? À moins que ce ne soit le spectre de ta main qui rôde au dessus des tracés. Il ne faut pas me faire ça, Cassian, Phoebus, ou qui que tu veuilles être. Du moins, pas si tu tiens à ce que je me garde au chaud. J'essaie de satisfaire à tes vœux, mais tu me compliques la tâche. Je ne tolèrerai pas longtemps ce genre de débordement. Je pensais avoir l'esprit tenace, et voilà que tu m'apprends que je peux encore me laisser avoir par les coups les plus lointains. Tes arcanes sont subtiles. Il faudra me les apprendre, tu veux ?

Viens, puisque me voilà coincé.

Mon toi, donc. Sache que je ne suis pas un héros de fable. J'en serais plutôt le sbire, ce héros inaperçu, celui à côté duquel on marche pour se donner plus de tenue. Effet de comparaison, vois-tu. Le rôle ne me déplaît pas. Il me permet de passer d'une fable à l'autre sans que quiconque s'en aperçoive. D'Anjou à Nevers, par exemple. Mais il faudrait un peu l'avouer : je suis éclaté. Pas de corps, mais d'âme, s'il est dit que je doive en avoir une. Un morceau est resté coincé à Nevers. Et j'ai beau tirer sur la trame qui compose mes souvenirs, il n'y a rien à faire. Si tu repasses chez ton ami, sois gentil, ramène moi mon bout d'âme. Sans lui, j'ai la tête en l'air. Je marche dans les flaques, et me cogne aux murs.
Mais toi, quel personnage es-tu ? Es-tu un être juste ? Un démon ? Qui attire les sbires de mon acabit dans sa tanière pour en faire son souper ? Ton Prince, tu l'as peut-être mangé. Ce qui tombe rudement bien. Je n'aime pas les Princes. Pour en avoir connu un, ils sont, je crois, l'inconstance incarnée. Ils vous aiment et vous désaiment aussi vite que vous avez le dos tourné. Les Bretons du moins. Qui que tu sois, Cassian, je crois que je pourrais t'aimer. Au moins essayer. Je veux essayer. Beaucoup. Tu viens ?

Viens, vite, sous peine de n'avoir plus que mon sang à lécher.

Melchiore, mon nom. C'est très simple, et dénué de duperie. Aurais-je besoin d'autre chose pour essayer de t'aimer ? Faut-il que je m'habille plus chaudement ? C'est la pure vérité. T'aurais-je paru lâche au point de mentir sur ma plus stricte identité ? À l'heure où je n'avais plus rien à perdre, et que toi à gagner, cela aurait été un bel acte manqué. Allons. Là. C'est risible. C'est Melchiore, mon mot ranci. Rien d'autre.
Je peine, moi, à saisir ta contradiction. Et je ne pense pas pouvoir te haïr. Pour la simple raison que je ne connais pas bien la haine. La colère, elle, m'est aussi familière que passagère. Mais te haïr ? Toi ? Tu divagues, faiseur de bulles. Tu déambules. Tu fabules en pleine réalité.
Oh, puis si. Je te haïrais volontiers, si tu ne tenais pas ta promesse : celle de venir par ici, en ami.

Viens, alors, je te guetterai.

Puisque me voilà découvert, il n'est plus besoin de relayer tes lettres à Nérondes. Angers, seulement. Et Melchiore, simplement. Ils sauront. Mais jure que tu ne lèveras pas les armes. Si tu le fais, je te haïrai. Et si tu viens en paix, je t'aimerai. Il est odieux, mon chantage. Je sais. Mais je crois être bien parti pour t'aimer. J'ai envie. Je n'ai jamais essayé. Tu connais ces choses mieux que moi. Tu m'apprendras peut-être.
Pour un rien, je t'arracherais aux tiens. Et nous convolerions en injustes noces.
Mais porte le drapeau blanc, Cassian. Je n'exigerai rien de toi en retour. Porte le blanc universel, toi tout seul, ou toi et ta maison. Et si tu veux que je guette, tu pénètreras sans peine sur cette terre inhospitalière. Fais m'en la promesse, Aiglon mien.

Tu es le seul qui m'aille.
Je te le dis sans faille.
Reste cool guy
Sinon j'te dirai bye bye*

Sens-toi espéré.

Melchiore.

PS : Je suis, moi, juvénile. Et je te dessine deux rivières en ornières. Ainsi, tu pourras me faire un arc-en-ciel. Je le veux, mon arc-en-ciel.
PPS : Oui, je connais un peu l'anglois.


*Menelik
_________________
    Pays : Archiduché d'Anjou
    Comté/Duché : Duché de Douetum
    Village : Soulanger
    Melchiore possède un culture du Maine.
    Vous souscrivez tout à fait à l'idée que Kirke. est tout-puissant.
Charlemagne_vf
Citation:
    A Melchiore, à mon Melchiore, mon mien, à moi.


Tu es à moi.

Tu dois l'être, au moins, parce que je le veux, & que bientôt, ce sera mon anniversaire. A l'août, en fait, mais si je vis un nouveau baptême, alors que chaque jour soit mon jubilé, & qu'à chaque jour tu me sois une naissance nouvelle. Qu'en dis-tu ? Tu devrais m'offrir ton cadeau, encore, encore & encore, & gage-le, je me contenterai bien de ton corps, beaucoup, de ton corps, un peu. Ton âme, je la garde, si tu veux bien, mais promis, j'en aurai grand soin. J'en ai grand besoin. Je te montrerai comme elle est belle à ma venue. Chez mon ami, je ne l'aurais pas laissée : dans l'ombre assassine & solitaire, elle pleurait, je crois, alors je l'ai consolée.
Je t'apprendrai mes arcanes comme on apprend à compter. Il y faut de la patience. Il y faut un peu de souffrance. Je crois que moi-même, je n'ai jamais été bon en arithmétique, en mathématiques, mais je suis avide de connaître tout de ta chose biologique.
Supporte mes coups. Tolère-les, tant que je te les assène d'une main amoureuse. S'il te plait, sois gentil.

Tu veux bien être à moi ?

Mon mien Melchiore. Ton âme, je l'ai chérie sous la lune & le soleil. Mais c'est que tu me manquais. Je te fus infidèle avec elle. Vois-tu, je suis inconstant. Je le suis au point de te vouloir plutôt que toi. D'ailleurs, quand je me languis de tes paroles, & quand me revient à l'ouïe ta voix, qui me mord en si, je m'assied, & je m'envoie une lettre à moi-même pour me faire croire qu'elle vient de toi.
Si tu essayes de m'aimer, essaye fort, essaye dur. Je suis dur à aimer. Parfois, je promets de t'aider, ou de ne pas trop rebuter ton esprit. Il suffira de quelques coups, mais il faudra que tu les donnes avec transport. Tu te souviens que je veux nos héritiers. Tentons à toujours de les produire. A force de charge, peut-être viendront-ils.

Ton sang est à moi, & s'il n'était plus que cela, je le chérirai autant que toi.

Est-ce être lâche que taire son nom ? Tu aurais eu bien des raisons. & pourtant, tu serais toujours toi, non ? Serais-tu Cratyle, à penser que ton prénom est ton vêtement. Et les vêtements, j'avoue te préférer sans.
Je ferai ton courroux si tu ne me peux haïr. Je ferai ta colère, & il faudra que je la supporte & que je t'implore. Ce sera drôle, un peu.
Mais moi, je ne fabule jamais, & si je divague, c'est alors que tu m'as volé plus qu'une pelisse. Avec, tu as tiré un peu de ma raison.

Je suis fou. Tu m'as pris tous les sens, & surtout le bon.

J'ai passé Nérondes hier. Rapproche l'envoi de tes lettres. Entre Bourges & Angers. Bientôt, j'atteindrai Saumur.
D'Angers j'escaladerai les murs, sans armes qui ne soit de chair. Je porterai le blanc, & si ce n'est en drapeau, ce sera sur ma peau. Je l'aime comme le marbre : je brille au soleil, comme je brille à ton ombre.
Veux-tu m'épouser ? Est-ce ce que tu me demandes ? Je les préfère justes, les noces, & bien pensées, sans amour & négociées, mais pour toi, je crois que je me ferais impie.
Un Aiglon, une pie, une Buse, sur un arbre. La pie dans son mantel noir, tendait fièrement son jabot blanc. L'Aiglon ne regardait que la Buse, qui, en moindre rapace, étendait les ailes pour mordiller le bec de son compère Royal. Un Aigle & une Buse ne peuvent s'aimer que si une pie les bénit. Il devait y en avoir une sous les éclats du ciel, quand la Buse tomba dans le nid de l'Aiglon.

Guettes-moi, je suis à toi.

Si j'étais prince, moi, & si tu me devais connaître, alors je serai toute la constance du monde. Crois mes promesses, Melchiore. Prie que je ne meure sous les coups de ceux qui ne verront pas l'arc-en-ciel sur mon drapeau. Moi, je me couvre de noir, car j'ai le deuil du monde. Montre-moi sa renaissance, & je me découvrirai tout net.
Si l'on me tue, car tu es mon ennemi dans le sang, & parce que l'Anjou assassine ceux du mien comme ceux du mien assassinent ceux du tien, je reviendrai, je le promets. On dit que le Très-Haut offre des choix. Moi, pour toi, je ne lui en laisserai pas. J'en fais le serment sur la croix, & je la dessine sur tes bras, je la baise au fond de toi.

Sens-toi préféré.

Phoebus.

PS : Le trouves-tu beau, mon arc-en-ciel, au dessus de tes ornières ?

_________________
Melchiore
    À C.d.C.


Citation:
    Phoebus.


Laisse-moi t'introduire la chose :

J'accuse. Je crache. Je peste.

J'accuse le jour pour sa lenteur. J'accuse les chemins pour leur longueur. Et je m'amuse, moi, de ma langueur.
Je crache un peu sur la dépouille du coursier qui n'a que trop tardé. Et je cravache le prochain qui laissera la présente entre tes mains. J'aimerais avoir le même destin.
Et puis je peste. Voici la troisième plume qui dans les mains me reste. Aujourd'hui, quelques monuments faits de certitudes se sont cassé la gueule. C'est un bout de ciel sur mon orgueil. Un peu de fiel au coin de mon œil. Phoebus, quoique tu brilles un peu dans mes hémisphères, j'ai dans la tête des cumulus, et à la bouche un goût amer. Il fallait que ce fut un Josselinière. Presque un frère.
Mais. Là. Je ne suis pas en colère. Je n'ai que trop reniflé d'avoine. Je sais à présent où tu te rends, Cassian, et aux côtés de quel Prince tu marches.
Pour un peu, je me laisserais pousser un appendice caudal, qui me serait une aile. Et j'irais accompagner le ciel d'hiver au dessus de toi. Puis, pour me soulager de mon tourment, comme lui, je pleuvrais sur toi. Je serais ces crachins diluviens qui inonderaient ton visage. Je te rendrais plus propre, plus pur encore, plus vierge que tu ne le fus jamais.

Qu'importe.

Mon trépas sera sans doute le même que le tien : jonché de lendemains.
Sais-tu ? Sous la férule d'une curiosité subite, j'ai déployé une carte. Puis, me rendant compte qu'entre Bourges et Angers, la distance était égale à la longueur de mon petit doigt, j'ai rugi. Les dessins se sont joués de moi, j'en suis certain. Si tu étais au bout de mon doigt, je l'aurais déjà sur toi. Partout, sur toi, partout, dans toi. Aussitôt, j'ai replié le parchemin et l'ai jeté au feu. C'est très dommage. Si j'avais eu le sang plus froid, j'aurais cherché où se dresse Chablis. D'ici, ce nom ne me dit rien.
En attendant, je prépare ton éternel jubilé. Ce sera jour de festin pour la Buse que je suis. Je sais déjà quelle pierre mon pied incertain commencera à escalader. Et je me tiendrai là, vile rapace qui sur un mur, bécotera ton brun dur. Picotis, picotas. Cassian ? Es-tu toujours aussi brun ? Si le jour t'avait fait blond, me le dirais-tu ?

Mais, broutille.

Je n'accorde foi, moi, à aucune véritable pie. Il n'y a dans mon ciel que du merle qui, flip-flap, bénit et puis s'en va. Il n'en volent pas moins haut, et, il me semble, prêchent tout aussi bien.
Mais allons, brûlons les Héroïdes. Réinventons-les. Faisons blêmir Ovide à la force de nos poignets. Je crois que nous serons bien capables, à force de coups d'essai, de sueur et d'un peu de bon sens, si l'on sème avec assez d'ardeur, de façonner un œuf à notre image. Il sera solide, et si bien fait qu'il n'aura pas les rondeurs fragiles qui pourraient le faire rouler, puis tomber. Il sera carré, ou isocèle. Il sera en dentelles ou bien argenté.
Il défiera les lois des hommes et celles de la terre. Il sera parfait, puisqu'il te ressemblera. Deus sive Natura.

Sens-toi guetté.

Melchiore.

PS : Je conserve ton arc-en-ciel. Aujourd'hui, mon tracé est trop vile pour rien évoquer, mon Phoebus. Je te laisse un rébus. C'est un jeu. C'est un thème. C'est tout un problème.

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    Pays : Archiduché d'Anjou
    Comté/Duché : Duché de Douetum
    Village : Soulanger
    Melchiore possède un culture du Maine.
    Vous souscrivez tout à fait à l'idée que Kirke. est tout-puissant.
Charlemagne_vf
Citation:
    A Melchiore, encore.


Je devrais être cruel & ne plus t'écrire. Je devrais être égoïste & garder mes jeux & mes thèmes pour personne, ou pour Dieu qui les déçoit au moins avec la grâce de son rang supérieur, caché derrière des excuses dogmatiques que l'on peut croire pour se droguer.
Moi, je crache sur la dépouille d'un porteur de nouvelle qui m'annonça que si je ne suis pas blond, toi, tu es fiancé. Vois, moi aussi je caresse des plumes qui n'écrivent pas pour toi, mais elles sont encore les seules que je caresse.

Ne me désaime pas.

J'ai mal aux doigts. J'ai mal au corps. J'ai mal au coeur. La douleur irradie ma chair & mes muscles. Ce voyage m'aura tué, je te le disais. Demain, ma seule justice sera le sommeil & l'ignominie du mal qui ronge, un teint plus jauni que blanc. Je serai laid, & tu ne me reconnaîtras pas.
Si tu sais où je me rends, c'est que je te l'ai dit. Si tu sais avec qui, alors c'est que tu te méprends. Je connais un Cassian, il est blond, & frère de celui qui s'effondre, ce Josselinière. Je connais un Cassian qui n'est pas moi. Mais je crois, Melchiore, comme toi, posséder encore des secrets.
Le jour ne m'a pas fait autrement que brun, de cette couleur de charbon noir que portaient en couronne mon père et ma mère, tous deux assortis, comme toi & moi le sommes. Mais le jour m'a fait autrement que les autres, & cela non, je ne t'en dirais rien, & bien que je t'adore, ce non-dit, je le chéris encore, car je crois que s'il était prononcé, tu m'enverrais me faire porter par d'autres à qui je n'irais pas mieux qu'à toi.

Ne me quitte pas.

Melchiore, est-ce toi qui me brûle ? Je suis malade, & je crains que ce ne soit pas épidémique. J'ai attraper la jalousite, qui mute d'une sale Melchiorite. Près d'Angers, on entend des nouvelles de ses héritiers. Près d'Angers, on apprend que le vassal d'un Penthièvre va prendre femme, & s'il dit à un autre qu'il apprécie les hommes, c'est peut-être qu'il leur préfère des chandeliers. Pourtant, tu t'obstines à mentir, & encore tu me guettes. Serais-je une chaussette que tu mettras aux oubliettes à la première guinguette ?

Ne me dupe pas.

Je suis fou, je vais en Anjou. Je suis fou, je vais en Anjou. JE SUIS FOU, JE VAIS EN ANJOU.
En Anjou, face à face, toi & moi, on se donnera des envies de fraises, on sautera des falaises. Mais s'il te plait, Melchiore, dis-moi qu'ils mentent. S'ils mentent, alors moi aussi, je cesserai de mentir.
Je suis ton Cassian, ton prince, ton roi. Si tu ne veux être à moi, moi je serais à toi. & faible je suis. & bien bas je tombe. & par terre je trépasse. Est-ce ma faute, si j'ai chaud dans la tête, chaud dans le coeur, chaud par ailleurs ? Je n'y suis pour rien, moi, si tu escalades si bien. Je ne voulais pas venir. Dis-le, que tu m'y as poussé.

Ne me déteste pas.

Je perds l'esprit, je me défais. Je vais dormir en priant d'être demain à Saumur. Je perds l'esprit en espérant le retrouver.
Promets-moi que toi, je te retrouve.

Mes baisers se perdent au-delà de toi, en essayant de te traverser.

C.

PS : Il n'y a pas d'arc-en-ciel quand il pleut.
PPS : J'ai un problème aussi, & je crois que c'est le même.
PPPS : La peur m'assaille. T'ai-je défait du tien, par mes mots assassins ?
PPPPS : J'ai peur, Melchiore, que tu cesses de jouer pour un anathème, & qu'après demain, ton regard ne dise pas que tu m'aimes.

_________________
Melchiore
    À quelqu'un de brun, d'élégant, de malade, assurément.


Citation:
    À X,

    cet inconnu sur qui j’abats mon sentiment in-distingué.


Sans que je parvienne à en identifier tout à fait la raison, une fissure nette se découpe. Je n'avais pas vu ce gouffre mensonger qui nous séparait. Tu m'en as sauvé. Un peu plus et je m'y laissais tomber. Allez, qu'importe. Sois cruel, frappe de toutes ta force, si ta conscience y trouve du réconfort. Je trouverai bien un moyen, sinon de me défiler, au moins de parer chacune de tes rossées. Au mieux, je tenterai d'y survivre. Enchaîné à tes mensonges ou aux miens, je continuerai d'être ce forçat qui se jette à ton coup. Toutefois, je ne ne crois pas être assez bon pour ne pas renvoyer chacun des maux de travers que tu m'infligeras.

Je l'avoue : j'ai souhaité ta venue.

Il m'a fallu faire abstraction de ma substantifique poudre, pour prendre pleinement le sens de tes mots. J'ai eu le loisir de fréquenter d'assez près la blonde amie de ton Prince. Contre quelques friandises, elle ne rechigne jamais à cracher le bon morceau. Et ta réponse à sa lettre m'est passée entre les mains. J'ai dans l'idée que l'ineptie distraite que j'ai, par bêtise et habitude, envoyée à ton Castelmaure, tu en as été le receveur. Phoebus, sans être tout à fait brillant, je ne crois pas être le dernier des crétins.

J'aimerais te dire qu'ils mentent. D'ailleurs, ils mentent probablement, sans en rien savoir. Et s'ils te mentent effectivement, c'est que je leur ai menti auparavant. Et si tu es fou, assez du moins pour venir en Anjou, je te demande de l'être plus encore. Assez fou, j'espère, pour croire mes vérités à moi plutôt que celles d'une Josselinière. S'ils sont de bons compères, je crois ces Josselinière indignes de confiance dans la plus pure adversité. Fous, ceux-là le sont assez pour déchoir leur propre chair et trahir leur terre. Que peut-savoir une Josselinière de mes engagements ? Et quelles vérités pourrais-je lui soutirer à propos des tiens ? Je ne crois pas t'avoir menti. Et j'ai déjà été l'auteur d'assez de déceptions pour me passer l'envie d'être l'auteur des tiennes. Mais toi, avoueras-tu ta duperie ?
Et je me fous de tes chandeliers. Je leur préfère au moins ton amitié.

Dis-le, que tu m'as menti.

Fais que ton voyage ne te tue pas. Que nous ayons au moins l'occasion de confronter nos douleurs. Nous verrons laquelle est la plus féroce.
Je pourrais m'inventer un peu d'amabilité et te souhaiter de guérir de la tienne. Mais j'ai envie que tu n'en sortes pas indemne. Je te sais vivant pour l'heure. Si vivant que, de là où je me tiens, je pourrais presque sentir ton essence. Je crois me rappeler vaguement d'une odeur de cannelle que la solitude aura assez gâtée pour y mêler le parfum navrant d'un peu de poussière.

Sois gentil, survis.

Et ne crie pas.

Melchiore.

PS : Je te sais vivant, parce qu'on m'a annoncé, sinon ton arrivée à Angers, au moins ta description. Toi entre mille, et moi aveugle, je t'aurais reconnu.
PPS : Je te sais vivant, parce que si tu me lis, c'est qu'un nouveau coursier t'a retrouvé parmi la plèbe.
PPPS : Je te sais vivant, parce que j'aurai probablement suivi ledit coursier, et que, sans doute, je suis déjà à ton côté. Vois ce que mon regard te déclare.

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    Pays : Archiduché d'Anjou
    Comté/Duché : Duché de Douetum
    Village : Soulanger
    Melchiore possède un culture du Maine.
    Vous souscrivez tout à fait à l'idée que Kirke. est tout-puissant.
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