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[RP ouvert] Destins croisés...

Serguei_et_natasha
[Saumâtre séjour saumurois]

Des semaines que la Platine séjournait dans la cité saumuroise ; par contrainte médicale d’abord, une sombre histoire de lame sur laquelle, elle aurait bêtement trébuché et, par contrainte soldatesque ensuite, l’Anjou étant la dernière destination à la mode.
Des semaines à arpenter les ruelles, à assiéger quelques tavernes… choisies, elle fout pas les pieds n’importe où non plus ; une rumeur courrait qu’ici, on avait des puces et que là, on élevait des poux. Quelques bouges élus, donc, pour autant de rencontres ; agréables, surprenantes, intéressantes ou, clairement à chier… ainsi, elle errait sans but précis. Passer le temps, simplement.

Le Lion, de son côté, se perdait à tourner en cage – comprenez la couche d’une ou l’autre bergère, profitant que son père, son frère, - sa mère et ses sœurs, woooo-ooooh… -, guerroyait et/ou défendait vainement tel ou tel rempart voué à tomber.
Tardive mais effective, l’arrivée en ville du frère prodigue ! Salutaire, le retour auprès de sa maladroite de sœur, laquelle avait, peut-être à cause de ses origines slaves, voulu jouer à Vlad l’Empaleur avec son propre corps
– notons que la crinière blonde de cette dernière lui aura fait choisir et son propre corps, et son buste.

La famille était encore divisée, mais force était de constater que malgré les absences de certains du groupe pourtant à l’abri des mêmes murs, les Jumeaux avaient tissé des « liens particuliers » avec quelques autres, plus si étrangers que cela.

Les rumeurs… racontars enjolivés, on-dit fantasmés ; les jacassements d’oies gavées d’auto-suffisance, pareilles aux corbeaux coassant leurs augures destructeurs. Elle s’en amusait, occupation éphémère, furtive mais, toujours, hilarante. Lui, une fois n’était pas coutume, ne jouait pas les commères ni ne prêtait l’attention habituelle aux poules caquetantes, aux jars gouailleurs, aux autres petits paons ratés de n’être pas lui… Sauf à l’occasion d’un petit jeu de dupes bien agréable, pour le sport de déclencher l’ire, l’hystérie ou autre crise d’apoplexie féminine, ou l’amusement de jouer la comédie, au détriment d’une petite dinde hautaine et pédante. Le divertissement avait atteint son apogée alors qu’il avait porté la main au collet d’une bourgeoise, avec pour conséquence une arcade fendue, mais une impunité de revanche du mari pincé. Ah, ce qu’on dirait…
Les rumeurs… piaillements aussi divers que les piafs, ceux-là qui les semaient aux quatre vents. Charmantes ritournelles d’où, parfois, pointaient quelques vérités qu’elle savait entendre.

Aussi, entre deux murges plus ou moins carabinées, elle écoutait le chant de la rue ; celle-là n’apportait guère que nouvelles de la guerre… définition blondesque : A qui pissera le plus loin. Le Lion aurait répondu à cela que LUI savait même écrire son nom dans la neige, mais cela aurait revêtu un intérêt au moins égal aux considérations précédentes… Autant dire qu’elle s’en cognait comme de sa première chemise et qu’elle n’aspirait qu’à foutre le camp… non pas que la ville lui déplaise, elle y avait même trouvé quelque intérêt, mais plutôt qu’elle ne souffrait pas la moindre interdiction. Lui prenait son mal en patience ; à l’heure où l’on ne sait plus qui de l’ami ou de l’ennemi tombe sous nos armes, les combats revêtent un tour particulier. Et qui dit conflit, dit poutrage en bonne et due forme, le plus souvent.

Captive…Lascif…

Encore. Pareille aux animaux qu’on enferme, pour le plaisir de quelques badauds à l’escarcelle généreuse ; elle était confinée au sein des remparts saumurois… lourd tribut qu’elle payait d’avoir recouvré le souffle salvateur. Le Frère s’en réjouissait, lui, semblant lui-même avoir recouvré une respiration normale et apaisée depuis qu’il l’avait retrouvée, sans se douter des doutes qui rongeaient sa cadette ; fou qu’il était de ne saisir le tumulte à l’esprit de la Divine. Le destin se voulait malicieux, nul ne peut s’y soustraire, simplement le subir avec plus ou moins de réussite ; résignée, la slave endura l’inertie générale, sans jamais étouffer la flammèche d’espoir qui réchauffait la caboche… Bientôt, oui bientôt…

Et Cronos d’intégrer la partie. Le temps s’écoula sans une éclaircie ; le ciel s’assombrit même, jusqu’à se déchirer de douleur et de rage… L’ainé tomba, ailleurs… Fil ténu, dont la résistance ne dépendrait plus que des moires, de leur singulier humour et du Novgorod souverain, un peu.
Ainsi, la tension s’intensifia ; délicat poison qui, insidieusement, se dilua dans le sirupeux essentiel.
Le benjamin des frères en perdit jusqu’au goût du jeu, tendu et las, les tavernes ne trouvant qu’un maigre salut à ses yeux ; comment en put-il en être autrement, quand à un soir de liesse succédaient trois d’ennui certain?
Encore. Pareille aux fauves claustrés dans misérables cages, grondant leur souffrance mêlée de haine ; elle tournait en rond comme son impuissance la rongeait… Bridée, trop longtemps, de paraitre en parodies, l’essence s’éveillait du sommeil imposé ; les « jumeaux » d’en percevoir l’ire, malgré les délices voisins et, d’autant, se faisaient miroir de l’Autre… Provocations virulentes, d’un nouveau duel Novgorodien. A qui perd gagne.




Ecrit à 4 mains, of course.
Edit : changement de titre
Natasha
[…]

Des semaines. Elle ne comptait pas, elle ne comptait plus… Lassitude croissante, dévorante qui la dépouillait, chaque jour, de la patience si durement acquise ; langueur grandissante, écrasante qui l’isolait, toujours, dans les pensées ténébreuses.
Des semaines. Chimères couvées par la caboche aurifère, rêves d’espaces à découvrir, de sentiers à parcourir… geôles à ciel ouvert que les remparts angevins, sentinelles métissées dont la présence n’offrait nulle saveur ; prisonnière de son propre chaos, la crinière d’or en cerbère des flots éthérés dont les courants engageaient à la folie.

Captive…

Le Poison. Plus réel à mesure que le temps s’écoulait, la slave pouvait en percevoir la douceur funeste ; l’essence toxique qui la rendait à sa nature originelle, les poumons gorgés de l’air vicié et le sourire, si particulier, de revenir camper le minois.
Le Poison. Quand le passé savait l’imprégner des souvenirs violents, le carmin vital bouillait alors d’une nouvelle flamme, et la souffrance, pure, de la maintenir sur le fil. Un pied après l’autre, elle avançait dans la fourmilière, par réflexe, simplement.

Captive…

L’Aliénation. Névrose spontanée, née du venin qui sillonnait ses artères ; imperceptible à l’autre, la Platine l’entendait résonner comme mille tambours, bourdonnement qui lui vrillait les oreilles et l’irascibilité de poindre.
L’Aliénation. Obsession furieuse, abritée par la silhouette féline ; invisible à l’ignorant, elle muselait l’ardeur agressive jusqu’à déverser le fiel à l’encontre de son Tsar… Dualité du sang qui les voyait se détruire pour mieux se reconstruire.

Captive…

Des semaines. Elle ne comptait pas, elle ne comptait plus… jusqu’à ce soir d’hiver. La Punaise, arrivée récemment, que l’arrogante se plaisait à taquiner ; l’innocence n’avait pas sa place, oubliée depuis des lunes par la Novgorod, simulée le plus souvent.
Des semaines. Projets évincés par les méandres guerriers, fantasmes évanouis de désillusions, sans regret ni remord pourtant… l’insecte donc, délicieuse brunette qui subissait les humeurs, pourvu qu’elle apprenne l’insensibilité et, éventuellement, la cruauté ; l’illumination blondesque ne tarda pas, une corde et un arbre pour tromper l’ennui, l’ultime évasion… peut-être.

Captive… encore mais…

_________________
Serguei.novgorod
[Et si l'un de nous deux tombe,
L'arbre de nos vies
Nous gardera loin de l'ombre
Entre ciel et fruit,
Mais jamais trop loin de l'autre
Nous serions maudits
Tu seras ma dernière seconde
Car je suis seul à les entendre les silences
Quand j'en tremble

Toi tu es mon autre:
La force de ma foi,
Ma faiblesse et ma loi,
Mon insolence et mon droit.
Moi je suis ton autre,
Si nous n'étions pas d'ici
Nous serions l'infini.]*




S’étaient-ils perdus ? Si oui, ce n’était que de vue. De ne pas savoir voir l’autre, quand ils ne tiraient leur existence que de se révéler dans les iris jumeaux. Comme si le cristallin où se reflétait l’image lui donnait vraiment contenance. Sans ses yeux, il n’était rien. Et pourtant… Et pourtant, il y avait comme un obstacle entre eux deux, depuis qu’elle était tombée, et qu’il était passé. Trop de jours à bifurquer pour la rejoindre, trop d’absence, cruelle, malsaine. Trop de temps séparés.

A la frustration des chemins qui avaient fourché à l’occasion de cette passe d’armes avaient suivi les retrouvailles. Elle n’était pas seule ; entourée de soins, et bientôt, taille ceinte d’un autre bras que le sien. Il s’était souvenu, alors, de la façon dont elle avait agi quand lui-même s’était attaché à une autre ; alors il avait pris ses distances, pour la laisser respirer, pour la laisser vivre, en un don jumeau, en une volonté de ne pas l’étouffer. Persuadé de ne plus être assez. Le crétin. L’imbécile.

Alors il s’était laissé aller également à l’abandon dans d’autres bras, avec tout ce que cela suscitait. Alors il y avait eu la Banquise, alors il y avait eu une autre terre platine à parcourir. Rien ne la remplaçait. Alors il venait moins. Alors il était absent en songes, quand dans une auberge, elle habitait d’autres genoux, d’autres bras, qu’elle s’appuyait à un autre torse. Prendre sur soi. Vainement. Le spectacle trop dur, il avait déserté - même présent, il était ailleurs ; même ailleurs, il était vissé à elle. La seule. L’Unique.

La jumelle. L’Autre. Semblable et tellement différente. Quand l’un est le miroir de l’autre, quand l’on se hurle à soi-même des horreurs, en les adressant à l’alter ego. Quand on reproche, quand on opprime, quand on lacère, et que c’est sa seule peau que l’on vise. A beugler des saloperies à son autre soi, en les pensant pour soi-même.

Il n’avait pas été là. Elle s’était retrouvée seule, à Saumur. Blessée, marquée, à jamais. Et lui, parfaitement indemne, devait vivre avec son absence de cicatrices. Alors il en avait fait faire. Par une autre. Pour que son corps aussi subisse les affres de Saumur. Pour que lui aussi, il ait mal.

Pourquoi tu saignes, et pas moi ? Pourquoi sans une plaie, je me vide de tout, je me vide de toi ? Pourquoi tu m’échappes, et je ne parviens pas à te retenir ? Pourquoi tu fuis, toi qui es si frondeuse ? Pourquoi mes bras sont froids, quand tu n’y es pas ?

Natasha…



*Maurane, Lara Fabian - Toi tu es mon autre.

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Lyson
L’innocence n’est plus. Oh bien sûr, elle n’est pas aguerrie comme La Blonde, mais la Puce a laissé la crédulité au village parental. Là-bas.
Pas de passé tourmenté, pas de patriarche violent ni de mère abusée. Non.

Juste un ennui qui aurait pu se voir mortel si la donzelle n’avait autant cru en elle. Tout simplement. Elle était faite pour vivre. Pleinement.
Et par malice –mais peut être y croit-elle au fond- elle s’amuse même à s’annoncer comme une future reine. Oui, rien que ça.

C’est donc par ennui et peur d’y succomber qu’elle avait quitté le nid. Pour conquérir le monde, il faut aller à sa rencontre. Et dans sa caboche encore jeune, sa vision « du monde » n’allait pas bien plus loin que le souvenir de la slave croisée des mois plus tôt par hasard.

Comment expliquer qu’une simple rencontre lui resterait tant en mémoire ? On parle de LA Blonde. Ceci explique cela.

Quelques jours de marche en solitaire. Le dernier avait ressemblé à un jeu de cache-cache avec les soldats sur les chemins.
Si elle n’est pas innocente, elle est bien inconsciente. La guerre est là et elle va droit devant. Et pourtant, elle s’en est sortie, indemne au matin qui l’accueille à Saumur. Comme quoi, la bonne étoile ne doit pas être éteinte. Ca aussi c’est un signe.

Le temps de se dénicher une grange au toit aléatoire. Un peu de repos et au soir venu, renseignements pris, elle se lance dans le quartier le plus vivant de la ville assiégée.

Aux rumeurs, La Platine se montre. Elle la trouvera.

De détermination, la rencontre devient certitude. Elle l’envie Nat, la jalouse même. Oh pas de cette jalousie malsaine et mesquine non. Elle voudrait juste, un peu au moins, lui ressembler.
Elle a tout. Assurance. Beauté évidente. Arrogance. Tout et bien plus encore.

Alors la Punaise –surnom déposé par la blondeur, il ne sera pas le seul dont Lyson va être affublée dans les jours à venir. Peut être pas son préféré d’ailleurs, mais s’imaginer s’offusquer est…. Impossible- se fait discrète et colle aux chausses blondesques.

Comme pour apprendre d’un modèle.

Les jours passent et la Puce est là, encore, toujours. Elle s’imprègne du monde. Outre l’aura indéniable, l’Exemple est entourée des siens, de sa meute.

Et la brunette jusque là solitaire, d’en profiter, à loisirs. Et les loisirs sont mêmes sacrements bons, si l’on excepte une douleur –dont elle joue à peine- lancinante à la main.

Mais pour l’heure, pour ne pas changer, elle la suivi en dehors de la taverne morne et vide. Et maintenant, elle la regarde à la dérobée, attendant de savoir l’usage qu’elle compte faire de sa corde.


T’veux un coup d’main ? L’est en r’tard ta victime !

Parce que, pas une seconde elle ne peut, sérieusement, croire, encore moins accepter, une issue aussi… définitive. C’est tout sauf Natashaesque ça d’abord !
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Natasha
[Ce n’est pas Platinesque, non !]

La silhouette, pareille aux ombres qu’elle chérissait tant, évoluait dans les venelles ; nul objectif précis en quittant « l’Amer alcool », juste une envie soudaine de lâcher prise… De ces illuminations encourageantes à davantage d’ardeur, de ces grâces prometteuses d’un palpitant vigoureux. Défier la Faucheuse, encore. A mesure que les bottes battaient le pavé, le sourire étira les lèvres, offrant au minois un masque de candeur quand l’onyx brillait d’une lueur funeste.
Déjà, elle songeait à l’heure dernière ; la caboche dérangée s’animait de l’imagination florissante… une pensée particulière aux ténèbres qu’elle trouverait bientôt.

Mais ça, c’était avant…


Lyson a écrit:
T’veux un coup d’main ? L’est en r’tard ta victime !


La Punaise, si bien nommée… Partie dans ses fantasmes macabres, la slave en avait oublié la brunette… sauf que la réaction ne se fit pas attendre ; la corde, qu’elle destinait à sa gorge délicate, s’enroula au cou gracile de Lyson et de lui murmurer, sensiblement menaçante :

Lys’… première leçon, cesses de jacasser inutilement.

Un profond soupir échappa à la pulpe carmine alors qu’elle libérait la Puce ; c’était une belle nuit pour mourir mais, d’autres désirs naquirent, aussi vite que les premiers disparurent… Les traits s’adoucirent pour laisser paraitre l’angélique blonde, la lippe amicale, elle observa Lyson :

Pas d’victime ce soir… rentrons.

Non, ce n’était pas Platinesque… un seul lui fera rendre son dernier souffle ; Son Autre, Son Unique, Son Tsar et nulle créature ne saura les soustraire à l’ultime acte d’amour. L’irascible tourna les talons sans plus de commentaire, les prunelles animées d’une flamme nouvelle ; envoutantes pulsions qui les entraineraient dans les abysses, une nouvelle fois… Le rejoindre afin de soigner le mal par le pire.
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Lyson
Oooooh qu’ça pue d’un coup ! Et le temps de s’arrêter dans un tour…de corde.

Ce n’est pas comme si elle était totalement surprise. Elle l’a observé La Platine depuis son arrivée. Elle prend pas d’gants. Avec personne. Point. Et la Punaise ne sait que trop bien qu’elle ne fera pas différence.

Mais… Mais merd..e quoi ! Qu’est ce qu’elle a fait, à part êtr’ là, pour finir sa vie pourtant tellement prometteuse, de façon aussi…. Radicale ! Et soudaine. Et prématurée. Surtout prématurée.

C’est fou c’que ça peut turbiner vite dans sa caboche dans les circonstances actuelles.
Tenter un sourire ? Genre « Allez quoi, c’est moi… » Humpf.
Promettre ? Et quoi, elle a déjà tout Nat, on vous l’a d’jà dit pourtant. Et ce qu’elle n’a pas encore, elle le prend.
Pleurer ? C’est peut être pas vraiment le liquide qui manque, mais comme un sixième sens, elle devine que c’est tout sauf c’qui faut faire. Sauf à être vraiment suicidaire.
Attendre en priant ? Ca s’rait pas mal ouais. Si elle croyait aux prières.
Ca turbine pour pas grand-chose, mais au moins l’effort est là.

En gros elle est dans la merdasse, jusqu’au cou et c’est vraiment l’cas d’le dire.

D’façon, en vrai, ça va trop vite pour réagir. La Platine susurre déjà –parce que personne, et Lyson au premier rang, malgré le bourdonnement du sang qui hurle dans ses veines et se répercute à ses tempes, n’envisage qu’Elle doive user de la voix pour se faire entendre…


Lys’… première leçon, cesses de jacasser inutilement.

Hirk.

Première ? Y en aura d’autres ? Ô folle lueur d’espoir qui vient faire briller la pupille dilatée.
Autour du cou, la corde se distend. L’organe vital reprend sa course comme les épaules s’affaissent dans un soupir, unique, de soulagement. Et la caboche de s’agiter de haut en bas en assentiment significatif.


Pas d’victime ce soir… rentrons.

Ca pour rentrer, elle ne se le fera pas dire deux fois. Elle sait comprendre vite quand on lui explique si bien.
Aussi vite que le respect le lui impose, elle filera à « sa » grange pour l’restant de la nuit.
Elle est peut être bancale, sans toit et isolée, mais… Pour la fin de la nuit, c’est tout ce dont la jeunette à besoin.

La Puce a connu plus de chamboulements en quelques jours, qu'en toute sa vie.
La Platine. Sa meute. Les soirées jusque plus d'heure à se faire payer à boire, à défaut de pouvoir payer elle-même. La visite de la ville...

Un peu de calme en solitaire ne lui f'ra pas de mal pour quelques heures.

[Même elle, elle n’en r’vient pas…]
Natasha
[Je suis maladeuhhhhhhh]

Encore un nouveau jour, témoin du déclin blondesque… un pas après l’autre, un verre après l’autre, un mot après l’autre. Des nuits sans autre occupation que ressasser, introspections trop nombreuses, trop régulières ; des nuits à trainer ses bottes sans but précis, maudire le monde entier pour tout et rien… et, dernier scoop de la mort qui tue… commères en tout genre, ouvrez grands vos mirettes… la Platine était malade !

Les rumeurs, toujours, allaient bon train… sans doute l’oisiveté pesait à chaque âme, pourvu qu’elle vive un minimum, et les ragots trompaient l’ennui. Sans doute, oui. Elle s’en cognait royal à vrai dire, préoccupée par le mal qui la rongeait ; la douleur irradiait son organisme et la poussait à une lutte interne des plus violente… Paraitre, garder la tête haute… Autant dire que ce n’était pas la joie, entre l’humeur à bouffer un ours et le moindre repas qui ressortait sitôt ingurgité... La grande classe pour l’orgueilleuse.

Insupportable, irascible, venimeuse… la même, en pire ! Les non-initiés s’y laissaient prendre, un peu, pas longtemps… L’affichage de la taverne informait quant à l’éventuel accueil ; la slave n’était pas connue pour sa prévenance mais force était de constater que là, on atteignait des sommets… Pour sa défense, les « visiteurs » ne méritaient guère d’intérêt et, si l’océan venait à Saumur, on aurait volontiers admis que c’était marée basse tant les bulots affluaient.
Bref… Elle frisait l’hystérie l’arrogante ; la perfection parfaitement malade à crever… cerise sur le gâteau, la quasi-totalité de la famille souffrait du même « crobe » et, on en rajoute toujours des tonnes chez les Novgorod, le peu d’autochtone présentant un brin d’utilité semblait avoir disparu de la surface terrestre… Tous les ingrédients étaient donc réunis pour rendre sa nature originelle à notre charmante oxygénée.

_________________
Serguei.novgorod
[« Le pire dans le pire, c’est l’attente du pire » - Daniel Pennac]



Combien d’alcôves, de coins dérobés, d’abri d’étreintes les avaient vus se chercher, se retrouver, se partager, se sceller ? Jumeaux jusqu’à la plus sombre pensée, pareils dans les pires exactions, qu’ils pratiquent parfois en un duo expert. Combien de ruelles obscures, de veines de chemins, les ont vus partir, sourcils légèrement froncés, et revenir, un léger sourire satisfait aux lèvres ? Combien ? Tant.

Mais Saumur, c’est l’horreur.

L’Anjou, en période de guerre, c’est aussi accueillant qu’une bouche féminine ; d’abord, c’est alléchant, on a envie d’y fondre, de s’y attarder, jusqu’à ce qu’on réalise que derrière les lippes étirées se cache, édenté, une culture de muguet qui n’a rien à voir avec les petites clochettes de mai. L’Anjou, en période de guerre, c’est éreintant d’ennui, c’est usant d’inaction, c’est terrible de vide.

Mais à Saumur, il y a Princesse.

Et ça, ça change tout. Mais comme à Saumur, c’est l’horreur, le Slave tourne en rond, façon Lion en cage. Il ne fait pas bon, pour des félins épris de liberté, d’être prisonniers, même si la geôle est confortable. D’ailleurs, elle n’est agréable que parce que la Divine a ouvert une taverne à eux, autrement, les différents bouges et lieux communs sont occupés par une engeance royaliste pleine de bons sentiments - pourvu qu’ils lui soient destinés -, et de germes maladifs.

Alors à Saumur, ça pullule de tousseurs, de vomisseurs, et autres décollés de la trachée ou des bronches. A Saumur, en plus d’être isolés, affamés, et occupés, on doit faire avec le mal. Pas celui qui fait du bien, pas celui qui soulage, pas celui qu’on encourage, à la lueur métallique d’une dague qu’on plonge à une gorge où pulse une veine aussi gorgée de sang que la poche n’est d’argent. Pas celui, délicieux, de prendre un corps pour délasser le sien. Tuant de « rien à faire », achevant de « pour quoi faire ».

Mais à Saumur, il y a Princesse.

Et comme lui, comme Lyson, comme Marie, sa sœur est malade. Alors il pousse bientôt les portes, bras chargés d’un cageot plein de tout un magma de potions, qu’il vient déposer vers elle.


- J’piqué ça à un type qui passait… on s’fait un mélange ?

Un petit sourire taquin, et Sergueï d’ajouter :

- L’premier qui vomit a perdu !

Petite hésitation, et le Lion se fend d'un petit sourire:

- T'sais, si c'toi, j'tiens tes ch'veux, s'tu veux.

Ou l'art du "compliment" déguisé. Qu'est-ce qu'il ne ferait pas, pour Elle ?
_________________
Natasha
[J’respire, donc je vais…]

Peut-être, son Tsar cachait-il un talent à dégoter quelques remèdes ; peut-être, Mère Nature se jouait d’eux pour tromper son propre ennui ; peut-être, le mal n’avait pas trouvé les hôtes accueillants… L’irascible opterait sans doute pour la dernière proposition tout en ne retenant que le résultat, ils étaient guéris !
Saumur n’aura rien épargné à leur famille, de la guerre, des blessures et trop de traquenards pour en lister les tares ; d’autant, la cité couvait une faune des plus édifiantes, qui ne manquait pas d’inviter la Platine à davantage de vigilance… prendre l’air, mettre les voiles, s’oxygéner l’esprit prisonnier d’un carcan routinier et ô combien aliénant.

Alors, elle siffla le ralliement… les armées en embuscade, qu’importe… des fourmis dans les guiboles, l’ennui devenu tension, le jeu faussé… Trop longues semaines d’attente, trop longues journées d’absence… A l’instar du temps qui s’écoulait, la Slave s’enlisait dans le néant, lentement, irrémédiablement ; à l’unisson du sablier qui s’égrainait, elle tombait dans les abysses, sans esquisser le moindre geste pour ralentir la chute… jusqu’ici tout va bien...
Après quelques mises en garde à la Punaise, elle s’enquit de l’oisillon –ouais, font dans le reportage animalier-, sollicita le Sauvage et, enfin, le signal du départ résonna… Qui de l’Hongre ou de la cavalière était le plus exalté ? Nul ne saura le dire mais, à la banale question, elle répondit sans hésitation :


J’respire, donc je vais !

Et les montures d’avaler les lieues pour aller n’importe où, pour aller jusqu’au bout des chemins de fortune* ; le minois éclairé d’un franc sourire, elle redécouvrait les plaisirs simples du voyage… liberté chérie.

*Ma liberté. Georges Moustaki

_________________
Nikolai.
[Ailleurs land]

Un mois et demi. C’est long pour celui qui a conscience du temps, le Sombre a morflé physiquement, pourtant les blessures félonnes l’ont préservé d’un agacement certain, ou d’une rage bestiale plus surement. La convalescence ignorée, le Slave nage entre deux eaux, marivaude dans les limbes comme l’esprit fiévreux l’invite aux fantasmes impurs, alors que, dans la réalité d’une survie précaire, les Louves s’attachent à le maintenir dans leur monde. Les pensées qu’il entretient, dansent d’une femelle à l’autre, parfois les lèvres s’étirent d’un rictus malsain, les paupières closes frémissent sur les prunelles assombries d’une douleur assommante, il subit la léthargie imposée par le bulbe cérébral afin de mépriser le supplice corporel… Il dérouille et pas qu’un peu. Alors, il feule sourdement, mais jamais sa Précieuse, n’y fait écho et la bête blessée plonge dangereusement dans les abysses infernaux.

C’est sans compter l’acharnement des infirmières, auto- proclamées.

Jour après jour, elles se relaient à son chevet, pansent les plaies suturées pour qu’elles cicatrisent enfin, et que lui, se décide à revenir. Et puis, l’argent apparait à l’unisson d’un râle rauque, l’engourdissement des muscles plutôt que le mal, éteint depuis peu, grâce aux attentions féminines et le Ténébreux de s’éveiller à la froideur de l’hiver. Les traits déjà durs, sont tirés de fatigue alors même qu’il n’a rien fait d’autre que dormir, le sommeil du juste était loin mais l’homme ne s’en doute pas comme il provoque une grimace en se redressant d’autorité.


Дерьмо!*

L’éloquence n’est pas à la fête, l’Ainé souverain non plus. La dextérité passée mérite qu’il la travaille, il grogne de mécontentement et le verre posé sur la tablette de gicler violemment… Nikolaï est de retour ! Le regard s’attarde sur le bois couvert de vélins, la large paluche s’en empare et l’homme d’en lire les contenus comme les prunelles s’éclairent, tantôt d’une flamme perverse, tantôt d’une tendresse furtive. Il est souvent taciturne lors de ses rares sorties, toutefois les arabesques délicates d’écritures féminines, lui expriment davantage que les babillements des femelles en chaleur, chiennes qu’il ne néglige pas néanmoins, pourvu qu’il y trouve un plaisir brutal.
Pour l’heure, le repos s’impose au Tyrannique, les entrainements reprendront plus tard, quand ses guiboles voudront le maintenir d’un équilibre certain, que le dos offensé taira ses tracas au moindre mouvement et, qu’il pourra, enfin, se sentir entier, totalement.
Un grondement passe les lèvres comme il s’assoit sur le pieu pour répondre aux courriers… la Bleue aguicheuse d’abord, afin de lui rappeler une promesse, sa Divine frangine ensuite, et les mots du Novgorod d’entacher la peau animale.


Citation:
дорогая сестра**

Te lire m’a rappelé comme la Famille est importante, comme Tu m’es Précieuse. Ne t’en fais pas, ne t’en fais plus Délicate Soeurette, je vais, grâce aux soins de la Miel et de la Renarde.

Tu as toujours su t’entourer de fidèles, te défaire des boulets et, aujourd’hui encore, j’en prends la mesure de toi, ma cadette. Natasha, Unique Astre des Terres Froides, sais-tu seulement comme tu m’as aidé, aussi loin sois-tu ?

Si tes Louves m’ont maintenu, il n’en reste pas moins qu’un Novgorod ne cèdera qu’à son sang et, dans mon combat, inconscient, contre la Malicieuse faux, c’est ta main que j’ai saisi, pour revenir de nos prochains Territoires... l’Enfer nous attend, mais c’est trop tôt.

я люблю тебя***

N.


Une volonté de fer chez le fier russe, bientôt la fenêtre est atteinte d’un pas lourd et encore mal assuré, le sifflement trouble le silence d’une nouvelle nuit sans saveur, le cri d’un rapace y fait écho et le faucon d’aller trouver la Platine, bagué d’un message.

*Me.rde
**chère sœur
*** je t’aime

_________________
Lyson
[Saumur : Quatre murs et… un demi-toit.]


Un pré d’mauvaises herbes. A la sortie de la ville. Assez loin pour qu’on n’vienne pas la faire ch… lui rendre visite, par courtoisie, sans prévenir. Relativement près quand même, parce que faut pas déconner, va pas s’taper des bornes à pince tous les jours non plus. Juste pour avoir son « chez elle ».

Oui, c’sa grange. D’puis qu’elle l’a trouvé à l’abandon en fait. P’têt un parallèle à y voir… Allez savoir.

La porte grippée ferme pas en entier. La rouille doit la bloquer. Quand on entre, sur la droite, le coin « habitable ». Comprenez, la partie couverte du bâtiment. C’est plus que rudimentaire.

Mais puisqu’au final, elle va pas y vivre des masses dans sa cabane, ça ira très bien. Déjà parce que LA Platine a la bonne idée de proposer la maison d’l’oiseau, alors en vadrouille.
Y a pas à dire, mais un vrai lit, c’est quand même pas négligeable. Alors si Lys’ peut rendre service…

Et puis, ils partent, oh pas longtemps. Mais il part. Et ils lui manquent. Il lui manque.

La petite chose aux différents surnoms –on retiendra « Punaise » by Nat, « P’tit Chat » by Sergueï, p’têt bien même qu’elle a entendu « La Noiraude » une fois ou deux, mais sans plus y prêter d’intérêt qu’ça… -se trouve presque perdue, abandonnée dans cette ville qui ressemble à toutes les autres finalement quand l’ennui s’installe. C’est exagéré ? Non, à peine.

La seule compagnie agréable reste celle de la P’tite, Faustine. Décalée et presque trop effacée dans cette ville de brutes. Mais allez savoir, ça semble lui aller comme un gant. Enfin, un gant… de fer, mais bon. C’est une autre histoire et cela ne nous regarde pas, comme on dit !

Surtout que, déjà, ils sont de retour. Il est revenu. Et ce dont elle se doutait déjà, devient à ses yeux au moins, réalité poignante.

Elle ne va pas y vivre donc, dans sa fausse baraque, parce que suite à son retour, elle a presque complètement intégré la tanière du Lion. Faut bien fêter dignement les retrouvailles non ?

Alors sa bicoque elle va juste lui servir à s’isoler de temps en temps. De préférence avec le dit Lion d’ailleurs, même si dans ces cas là, le terme de repos prend un tout autre sens.

C’est là que pendant quelques heures, un soir, peu après certaines de ses récentes… « révélations » elle va retourner réfléchir, encore.
Cette famille a ce piquant, cette aura qui attire, qui peut brûler les ailes de qui s’en approche trop près sans invite. Et dire qu’elle n’en connaît qu’une partie. Apprendre que quelque part dans le monde, d’autres « comme eux », peut être « pire qu’eux », respirent et qu’à terme, si tout se passe bien, elle va avoir à partager le même air. Le reste des Novgorod, en la personne du frère ainé dont elle entend parler avec un respect tout particulier, sans compter les filles de la meute.
Elle en déglutit avec peine, souffle en essayant de se croire assez forte pour assurer la rencontre.

Comme si ça allait changer quelque chose.

Comme si ce n’était pas déjà trop tard.

Comme s’il lui était encore possible de repartir d’où elle vient, sans plus penser à ce blond obsédant.

Comme si elle pouvait encore quoi que ce soit à ce qu’elle ressent…

Alors, à défaut de volonté à vouloir renoncer à suivre le cours de sa vie, elle s’allonge à même la paille et s’endort, léger sourire aux lèvres, avec en mémoire, la dernière visite du félin, là, juste à cette botte là...

Plus tard, elle ira le retrouver. Parce que définitivement non, tourner le dos ne fait pas parti de ses projets.

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Ode..
[Saint Aignan- Chambre d'une auberge]

Les jours passent. Ou alors sont-ce des mois ? Des années ? A vrai dire je ne sais plus trop, les heures se ressemblent toutes.
Le moral est on ne peut plus bas, Lady et moi semblons ne vivre que pour le requinquer lui, le Tigre et nous lui livrons tout, nos nuits, nos forces, coeurs et âmes.
Coeur oui, incroyable, mais j'aurais pu le tuer tant de fois, ainsi vulnérable.
J'en ai eu tellement envie par le passé, que cette pensée m'est restée comme un de ces refrains lancinants et répétitifs qui vous restent dans le crâne.
C'est lorsque je me suis retrouvée devant lui, dague en main, que le refrain m'a fait défaut et qu'Elle s'est manifestée.

Que cherches tu à faire Ode ? Tu le soignes un jour et veux le tuer le suivant ? Tu couches avec une nuit et rêves de l'étriper ensuite ? T'es vraiment dérangée ma vieille.

Ah ça. Ce n'est pas rien de le dire et d'ailleurs, je l'apprécie cet homme. Ce distant félin qui me malmène aussi bien qu'il me caresse.
Et c'est lorsque je fus à deux doigts de trancher la gorge du Roi, que je compris que mon coeur avait été atteint.
Je savais déjà que le Lion l'avait égratigné puisque j'éprouve malgré moi, de la tendresse pour lui tout en partageant une complicité tue, secrète mais présente.
Il en était de même pour la Platine, dont le corps abîmé, m'avait resserré le coeur, m'étonnant moi même de m'être attachée à mon tout premier bourreau.
Et à présent le troisième.. le plus sauvage, celui qui m'avait marquée à vie, me rendait aussi inquiète que si il avait été mon propre sang.
Etait-ce ma folie ? Etait-ce normal de s'enticher de celui qui m'a détruit ? Etait-ce d'ailleurs de l'amour, ou simplement une réaction malsaine de mon cerveau dérangé qui a voulu créer un lien avec chacun de mes agresseurs ?

Au Nom de la Déesse ! Ode, tu penses trop, tu m'empêches de réfléchir, mets là en sourdine veux-tu ? Tu m'fous la migraine.

Je repousse les draps qui jusqu'alors cachait ce corps maigre qu'est le mien. Je n'ai plus rien mangé de très consistant depuis des jours..
Pas par manque d'argent, mais par manque de faim, d'envie.
Je m'interroge tous les jours sur la vie que mène l'enfant de la blondie, sur l'état de Nikolaï, sur la santé de la Meute, l'intégration de la rouquine, le départ (espéré) du brun ou encore la vivacité du rouquin.
Cette famille me manque. Ma famille me manque.

Je me lave soigneusement tout en observant les formes osseuses de ce reflet qui me fait face dans le miroir.
J'étais pourtant belle fut un temps, est-ce donc ça, vieillir ?
Ma chevelure semble terne et mon teint est moins frais, je caresse mon ventre plat d'un geste plein d'amertume autant que de regrets.

Ni soeur, ni frère, ni enfants. L'est beau ton avenir.

Cette remarque me met hors de moi et très vite, la bassine est envoyée à l'autre bout de la pièce, éclaboussant tout au passage.
Essoufflée j'enfile une robe dont je serre fort le bustier pour redonner des formes à mon corps amaigri et je sors.. faire quoi ? Le voir lui pardi !
Mais je ne m'attends alors certainement pas à le voir penché à la fenêtre..
Halte, besace qui m'échappe des mains dans un grand fracas.

Tu es réveillé ?
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Ladyphoenix
[Il y a un monde ailleurs]


Oui, parce qu’elle s’y trouve aussi, la Miel, au sein de cet ailleurs ; un tiers de trio, exilé du reste du groupe, marginalisée avec ses deux compères par la chute du Roi. Si le Tigre est tombé, c’est bien la volonté de le remettre sur ses pattes qui a animé les deux femmes presque trentenaires, si différentes dans leurs intentions, mais pas dans leurs attentions. Ce qui les motive, sûrement, est autre également, mais après tout, si tous les chemins mènent à Rome, tous les pansements se veulent mener Nikolaï à un retour auprès d’elles. Conscient. Rétabli.

Les heures se sont donc déroulées à l’instar des bandages, les minutes écoulées de même que l’alcool aux plaies ; la blessure fut sévère, les soins, avides de succès. L’entaille l’a atteint au dos, évidemment ; comment aurait-il pu tomber, ce Géant, sans une attaque biaisée ? Frontal, l’assaut aurait échoué, et la figure de l’agresseur se serait vue fracassée ; c’est ainsi qu’elle voit la scène, Lady, ainsi qu’elle fantasme les événements, quand les images se succèdent en son esprit. Le choc. Ce fracas-là qu’elle a entendu alors que la lame frappait, et qui a résonné jusqu’en son giron, cet assourdissant silence qui a fait bourdonner ses oreilles, ce rideau qui a réduit le spectre de la vue, alors même que le voile se faisait aux prunelles gris acier de l’Aîné des Novgorod. L’horreur. Ce ploiement des genoux, qu’elle aura vu, à tort ou à raison, ralenti, jusqu’à atteindre le sol, avant que ne l’y rejoigne le torse. Et ce sang qu’elle a vu s’épancher, alors que sa gorge se serrait, nouée du cri d’effroi retenu. Il est tombé. Ces trois mots là semblent irréels.

C’est comme un leitmotiv, ces visions là du funeste voyage. C’est comme une ritournelle terrible, c’est comme un refrain terrassant, chaque fois qu’elle parvient à s’endormir. Le cauchemar de voir l’un des siens atteint, d’assister à la scène, sans rien pouvoir y faire, ces images de rêves d’instants partagés, ternis par le spectre, immuable, de la lame qui fauche. Pourquoi le porteur de l’épée a-t-il, peu à peu, pris l’apparence de la Faucheuse aux songes d’une Miel vieillissante ? Pourquoi le voit-elle ainsi changé en la figure oblongue d’une cape ébène vêtue, de celle qui viendra les chercher tous, un à un ? C’est la peur qui parle, quand le sommeil, enfin, la gagne d’épuisement. Si seulement il avait pu être sans rêve mais… L’esprit panse ainsi ses propres blessures. S’il lui faut lutter de toutes ses forces quand elle est éveillée, la plus si jeune femme subit ainsi les vestiges de la bataille ; en sus de réparer le corps du Tigre, elle doit se pardonner elle-même son impuissance, son manque de réaction, cette façon dont elle s’est figée de terreur en assistant à la Chute.

Là s’est toujours trouvée la plus grande des batailles, la plus éternelle et la plus profonde des guerres : on n’est jamais que son plus grand adversaire.

Ce soir là, loin d’être consciente de l’éveil, elle s’est assise elle-même à la fenêtre de sa chambre, attenante à celle du Tigre, sans doute au même titre que ne l’est celle de la Rousse faiseuse d’anges. Les pensées se sont envolées aux proches, géographiquement si éloignés, mais au cœur, scellés. A cette Divine à la chevelure platine, que la lune rappelle par son éclat or blanc, au fringuant doté des mêmes cheveux, aux allures de prince, à ces sœurs louves, et à ce petit rouquin, adorable et insupportable à ses heures.

La famille. Le cercle, qui n’est jamais aussi vrai que lorsqu’il est complet. Un soupir, alors qu’elle perçoit un bruit sourd dans la pièce d’à côté ; quelque chose se trame chez le Tigre. Elle bondit, quittant le fauteuil, repoussant le châle confortable pour se saisir d’une arme, et tourner la poignée avec lenteur et précaution. La porte entrouverte, un regard est glissé au couloir… désert, mais on n’est jamais trop prudent, et c’est de cela soulagée, déjà, qu’elle glisse à la porte en bois, où elle frappe du revers de ses doigts, et murmure :


- Nikolaï, êtes-vous éveillé ?

Ou comment souhaiter que c'est le cas, l'air de rien, tout en rejetant l'idée d'une possible deuxième attaque, fatale cette fois... Juste sous son nez.
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Natasha
[Ça s’en va et ça revient…]

… les maudits vauriens. Ils étaient partis pour quelques jours, seulement chargés d’une tension trop longtemps contenue ; ils étaient revenus comme prévu, alourdis d’un capharnaüm sans nom mais, sensiblement apaisés. Les muscles endoloris par les chevauchées imposées, ils avaient abandonné les charrettes pour retrouver la douceur de leur taverne ; le quatuor se sépara alors, comme de coutume, pour vaquer à quelques occupations quelconques.
Ils restèrent tranquilles, vaguement ; le temps qu’un emplumé apporte des nouvelles à l’Irascible… une autre escapade se prépara donc, la Platine accompagnée d’un brun cette fois, le Tsar blond délaissé à d’autres attentions, sans doute.

Quelques jours, si peu finalement, trop peu fatalement.

Et de nouveau, les remparts saumurois furent retrouvés ; de nouveau, « la Meute assoiffée » fut assiégée… de nouveau, le néant dans la caboche dorée malgré les poches pleines. Un souffle salvateur, néanmoins au message du Roi ; l’Ainé se rétablissait. Il vivait, elle poursuivrait, un temps.
Pourtant, les abîmes lui parurent plus sombres ; le précipice qu’elle embrassait obstinément, plus instable… la chute serait-elle douloureuse ? Infinie ? Ou simplement chimérique ? Futiles tentations d’une ficelle, tendue à rompre ; l’usure l’étiolait aussi dangereusement que la folie affiliait l’essence originelle… peut-être la névrose proliférait à la fortune des humeurs, plus régulières… peut-être, oui.

C’est lors d’une énième introspection qu’un oiseau, était-ce un volatile d’ailleurs, rien de moins sur… la bestiole frisait la syncope, croupion farcit et plumage gras, charmant tableau en vérité. Cependant, il la trouva en pleine méditation ; rien de mieux à faire en même temps.
Une slave maniaco-dépressivo-destructrice, un piaf maladivo-puant-contagieux et un vélin qu’elle hésita à dérouler sans gants… suicidaire mais prudente, rien à comprendre !

Et là, le choc… la lecture lui arracha un sourire, de ceux oubliés depuis des lustres, de ceux qu’on pensait utopiques.

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Drusilia
[Panique blondesque à Saumur]




Des semaines maintenant, oui ça faisait des semaines que le groupe attendait dans cette ville où, la guerre terminée, il ne restait que fantômes dans les rues, accentué par les braiements des baudets fraîchement rapatriés de Touraine. Ça donnait à la ville une atmosphère lugubre en plus du froid transperçant… Les soirées de beuveries et les journées de cheveux douloureux étaient devenues une habitude pour la blondine, surtout en compagnie de sa Déesse, que demander de plus ?
Sauf que ce matin, quelque chose clochait… Faisant sa ronde discrète dans les écuries pour s’assurer qu’aucune monture ne manquait, la panique la gagnait vite devant l’emplacement vide de Iarilo.
"C’était pas une blague alors…" Les vapeurs d’alcool qu’il lui restaient dans le sang se dissipèrent en une seconde et la réalité la frappait de toute son horreur. Et les conséquences seraient bien plus dramatiques encore… Elle l’avait prévenue la veille, elle était même la seule au courant du départ ! Comment les autres allaient réagir ? Le Lion, le Tigre à son arrivée… Ils allaient lui faire la peau, à coup sûr! "Tu risques rien" qu’elle avait dit… Un ricanement s’échappait de ses lèvres entrouvertes, bizarrement la blonde doutait fortement de sa survie après ça.
Qu’est-ce qu’il fallait faire ? Attendre à la taverne ? Oui, sûrement, mais vu la fréquentation en ce moment, elle risquait de faire banquette des lustres avant que quelqu’un daigne se montrer… Direction le pigeonnier, y allait y avoir une envolée de masse ce coup-ci.




Au secouuuuuurs !!! J’ai rien pu faire… elle a pris la route, toute seule… Elle a pas voulu me dire où elle allait ! Je sais pas quoi faire… S’il lui arrive quelque chose, comment on va le savoir ??? Z’êtes oùùùùù…

Drus’


Bon d’accord, c’est pas terrible comme message d’alerte mais elle était pas vraiment en condition pour faire des courriers parfait ! Les parchemins humides quittent le pigeonnier par dizaine, peut-être qu’ils trouveraient tous le même destinataire, peu importe, du moment qu’ils trouvaient. Une blonde qui panique réfléchi pas des masses, c’est comme ça…
Et maintenant, l’attente, encore… C’est à la
Meute Assoiffée que commençait l’interminable torture, avec l’espoir que quelqu’un vienne, bien entendu…
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