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Dum spiro, spero

Maelie
RP fermé pour l'instant. Si vous souhaitez participer, merci de me contacter par MP afin de pouvoir se coordonner.
Pour les non latinistes (comme moi), le titre signifie "Tant que je respire, j'espère", et constitue la devise gravée sur le sceau de Maëlie.
Merci de votre compréhension, et bonne lecture !


[Non loin de Lodève]

Maëlie leva les yeux, momentanément éblouie par la clareté printannière du jour. Puis, baissant le regard, elle s'avança vers la monture que lui avait préparée Aguilin, lui adressant un pâle sourire au passage : brave jeune homme, constant, fiable, probablement un peu amoureux, mais elle ne s'en appercevait pas, ou faisait semblant; depuis qu'elle l'avait nommé à la tête de la milice de Lauzières, il s'était mis en tête de ne plus la quitter d'une semelle. Ces dix jours avaient dû lui paraître une éternité, privé qu'il était de l'autorisation de pénétrer dans le Couvent qui se dressait derrière eux.

Sa jeune maîtresse jeta un dernier regard, long, troublé, sur la batisse austère qui avait abrité ces quelques jours de réflexion, puis, comme à regret, s'en détourna pour fixer résolument la route, celle qui la ramènerait au monde temporel... à la réalité.

Au creux de ses mains, elle serrait nerveusement un petit baluchon contenant ce qui allait peut-être bouleverser sa vie.




Réalité ou vérité ?
L'un ou l'autre, au gré,
Se confondent aisément
Selon qui les entend.

Vérité ou réalité ?
Aucun d'eux ne m'agréent.
Je veux encore oublier,
Ne pas savoir, tout nier.

Mais tel ne sera pas
Le chemin de mon choix :
L'ignorance bienvenue
Ne sied qu'aux ingénus.

Car à celui qui sait
Le ciel ne reconnaît
Que le droit de choisir,
Que d'agir ou subir.

Que d'agir ou subir...

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Douanière de Lodève, Grand Chambellan du Languedoc
Avocate du Barreau du Languedoc

Fenêtre sur le monde...
Maelie
[Une dizaine de jours auparavant]

Comme à son habitude, Maëlie arpentait les couloirs du Château de Montpellier, entre deux rapports, entre deux réunions. Etrange de constater comme ces lieux lui étaient devenus familiers, presque plus que sa propre ville... que sa propre demeure. En y songeant, elle eut un petit pincement au coeur, le visage de ses parents s'imposant brutalement au creux de ses réflexions : sa mère, au doux sourire, dont l'énergie l'avait soutenue lors des moments difficiles, et son père, ce roc solide dont elle avait accepté de se priver pour quelques temps, afin qu'il puisse apprendre sa nouvelle fonction d'intendant et aider au mieux Cristòl. Comme ils lui manquaient !

L'esprit dans le vague, le regard nostalgique, elle faillit cogner de plein fouet le pauvre messager qui vint à sa rencontre. Surprise, battant des paupières comme une chouette dérangée, elle le fixa sans comprendre alors qu'il s'inclinait une bonne demi-douzaine de fois devant elle.


Mille pardons, ma Dame. Vous êtes bien la Dame Maëlie de Lauzières?

Cette fois, ce fut son obséquiosité excessive et son accent étranger qui la laissa interdite : elle hocha silencieusement la tête. Le messager soupira de soulagement et, fouillant dans ses poches intérieurs, en sorti un pli légèrement froissé, qu'il lissa avec application avant de le lui remettre.

Ma Dame, j'ai le devoir de vous transmettre ceci.

Il s'inclina à nouveau. Prenant le pli, Maëlie retrouva enfin l'usage de sa parole, craignant que le messager ne finisse par la croire trop imbue d'elle-même pour daigner lui répondre, ce qu'elle fit de sa voix la plus chaleureuse.

Adissiatz, messer, vous semblez venir de loin. Je vous remercie pour ce message. Tenez, prenez donc ces quelques écus pour votre peine. D'où venez-vous donc ainsi?

Il lui adressa un sourire reconnaissant avant de répondre.
Je viens de Nevers, ma Dame.

Maëlie haussa un sourcil.
Nevers ? Ce n'est guère voisin d'ici ! Et bien, soyez en remercié. Bon repos, et bon retour à vous.

Derrière la politesse de façade, Maëlie était intérieurement troublée : d'habitude, sur de telles distances, on utilisait des pigeons, ou encore le biais des diverses ambassades... Qu'est-ce donc qui pouvait avoir justifié un tel déplacement ?
Inquiète, elle ouvrit le pli et se remit à marcher à pas lent en direction de la Salle de l'Assemblée Nobiliaire, où elle venait d'être convoquée. Quelque chose glissa dans sa main, libéré de son enveloppe de papier, tandis qu'elle se mit à la lecture.

Soudain, elle s'arrêta, si brusquement qu'elle manqua trébucher. Elle porta une main tremblante à la bouche, dans une vaine tentative de retenir le gémissement de douleur qui la faisait frémir de tout son long.
La missive glissa lentement de ses doigts pour voleter vers le sol; comme dans un étrange ballet, une larme solitaire l'imita sur la joue de la jeune femme, précédent ses soeurs qui bordaient déjà les grands yeux verts écarquillés de douleur. Comme si la réalité lui échappait, Maëlie se laissa glisser à son tour au sol, incapable de lutter contre les tremblements frénétiques de tous ses membres...
Sa voix se réduisit à un murmure incrédule, frémissant du torrent d'émotions qui la terrassait.


Ce n'est pas vrai... Ce n'est pas possible ! NON!
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Douanière de Lodève, Grand Chambellan du Languedoc
Avocate du Barreau du Languedoc

Fenêtre sur le monde...
Maelie
Cela avait été d'une longueur torturante, mais elle avait tenu bon. La réunion s'achevait, finalement, et lui laissait de vagues impressions qu'elle aurait tôt fait d'oublier, tant son esprit n'avait pas été à la tâche.
Entre ses doigts, elle faisait inlassablement tourner, retourner, valser l'objet qui s'était échappé de la funeste missive. Ses yeux étaient désormais secs, mais ses traits accusaient sa profonde inquiétude, alors même qu'elle faisait tout son possible pour cacher son désespoir derrière une façade de bienséance.

Lorsqu'enfin congé leur fut donné, elle ne se fit pas prier pour quitter les lieux. Quelques messagers et d'éventuels passants la croisèrent dans les couloirs, parfois avec étonnement, voire même avec colère devant sa hâte et sa brusquerie. Sans prendre le temps d'un répis, elle se dirigea vers les écuries du Château de Montpellier. Sans un regard, sans même un geste pour son garde du corps Aguilin, fidèle au poste, elle enfourcha sa monture et la lança au grand galop sur les routes en direction du nord ouest.
Les heures filèrent, obligeant parfois la jeune femme à calmer son allure pour ménager sa monture et s'assurer d'arriver dans la journée à bon port. Ni la dame ni son escorte ne brisèrent le silence pesant qui leur tenait compagnie depuis le départ du Château comtal. Enfin, alors que le jour déclinait, les collines roches rouges apparurent à l'horizon, la lumière rasante du crépuscule leur donnant une aura pourpre sombre inquiétante, que Maëlie, avec un humour cynique qu'elle ne se connaissait pas, trouva fort à propos.
Les portes du Château de Lauzières s'ouvrirent, et quelques domestiques se joignirent aux gardes pour accueillir leur dame. Les cris d'enthousiasme se turent assez rapidement lorsqu'ils purent contempler son visage ou croiser son regard. Sans un mot, Maëlie pénétra dans le bâtiment principal, laissant son cheval aux soins d'Aguilin. Elle grimpa les escaliers la menant à ses quartiers, tout en criant de toute sa voix.


Mère ! MERE !

Ouvrant les portes à toutes volées, elle chercha jusqu'à ce qu'elles tombent face à face, presqu'aussi surprises l'une que l'autre, dans son bureau de travail.
Soudain brisée dans son élan, Maëlie hésita quelques instants, hésitation salutaire qui lui permit de reprendre son sang froid. Réalisant alors combien son attitude était déplacée, elle toussota, lissa sa robe brunie par la poussière et s'avança.


Je suis revenue, Mère, et j'ai une question à te poser.

Elle leva lentement le bras et ouvrit son poing, paume levée en un écrin dans lequel reposait un pendentif en argent et en nacre. Sa mère suivit son manège et ne put retenir un hoquet de stupeur en découvrant le bijou niché au creux des mains de sa fille : son visage perdit toutes ses couleurs.
La réaction de sa mère fit ressurgir tout le désespoir de Maëlie, et c'est d'une voix déchirée par l'angoisse qu'elle s'exprima, presque suppliante.


Mère... Maman... qu'est-ce que ça signifie ?
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Douanière de Lodève, Grand Chambellan du Languedoc
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Fenêtre sur le monde...
Maelie
Boum Boum...

Son coeur cognait douloureusement dans sa poitrine, comme s'il avait voulu s'en extraire de force. Le regard affolé de sa mère passait du pendentif à son visage, et inversement.
Au bout d'un silence interminable, elle s'avança, comme réticente.


Où l'as-tu trouvé ?

Boum Boum...

Ainsi, elle reconnaissait le pendentif délicatement ouvragé, où une licorne d'argent ruait face à une hermine en nacre. Les derniers vestiges d'espoir s'envolèrent pour Maëlie, qui se crispa comme à l'entrainement militaire, lorsqu'elle s'apprêtait à encaisser une attaque.


Ernst.
Il est mort. Il voulait m'envoyer ceci avec une lettre, mais il est mort avant. Les fonctionnaires de Nevers l'ont trouvée à son domicile et me l'ont fait parvenir.


Boum Boum...

Les images défilaient, douces et cruelles.
Ernst, son rire moqueur quand il la taquinait, elle encore malhabile et enfant, lui déjà adolescent et turbulant.
Ernst, son sourire réconfortant lorsqu'il lui avait dit adieu alors qu'elle fondait en larmes, avant de disparaître de sa vie sans laisser de traces.
Ernst... son ami d'enfance. Son premier amour.

Sa mère s'était approchée, tendant les mains en un geste spontané de réconfort, réalisant ce que cette nouvelle avait pu signifier pour Maëlie.


Meu pichonetta, je suis désolée... Comment... Que t'a-t-il écrit ?

Boum Boum...

Maëlie revivait la douleur qu'elle avait ressentie en lisant la lettre. Deuil et trahison. L'éclat d'une accusation passa dans ses yeux, faisant hésiter sa mère.


Il a écrit qu'il est parti du Languedoc pour découvrir le monde et qu'il était heureux d'avoir vu tant de choses. Il a écrit qu'il avait gardé le médaillon selon vos voeux, à Papa et toi, mais qu'il avait fait une découverte sur cet objet qu'il ne pouvait garder pour lui. Il a dit qu'il me rendait ce qui m'appartenait, et qu'il reviendrait bientôt pour m'expliquer mon passé... et me révéler qui sont mes ... mes vrais parents.

Boum Boum...

Sa mère resta figée, son visage exprimant d'abord une grand surprise, puis une profonde tristesse... Aucun déni, aucun mot pour s'expliquer et appaiser l'angoisse de sa "fille".
Pour la première fois de sa vie, Maëlie fut envahie d'une fureur noire dirigée contre cette femme qu'elle aimait tant, une fureur tellement intense qu'elle en tremblait, serrant les dents à en grincer.


Qu'est-ce que ça signifie, Mère ?

La femme sembla tout à coup très vieille, comme si elle accusait en une fois le poids de ses années qui, jusqu'ici, semblaient l'avoir épargnée.

Tu es notre fille, Maëlie, tu es notre enfant bien-aimée. Aristote m'est témoin que nous t'aimons comme si tu étais de notre sang.
Ce... ce pendentif était avec celui que tu portes, dans le berceau où nous t'avons trouvée. Nous le lui avions confié parce-que... eh bien, il est bien trop précieux pour des gens comme nous, vois-tu ? Cela aurait forcément soulevé des questions qui t'auraient fait du mal. Il fallait qu'il disparaisse. Ernst était sensé le revendre, loin, pour que nul ne puisse faire le lien, mais...

- Il savait ? Combien d'autres encore sont au courant de ce que j'ignorais ?

- C'était le seule, Maëlie ! Je te le jure.


Boum... Boum...

Trouvée... Une enfant trouvée. Toute sa vie reposait sur des sables mouvants qui venaient de l'engloutir : son identité, son passé, ce qu'elle était... tout n'était qu'illusion et mensonge. Elle n'était qu'une illusion. "Maëlie"... Même son nom n'était peut-être pas le sien !
Elle observa le pendentif d'un regard vide, portant spontanément la main à l'autre médaillon, celui qu'elle pensait être un cadeau de sa "mère", celui où était gravé ces quelques mots en latin qui l'avaient poussée à s'instruire...
"Dum spiro, spero." Qui, avant elle, avait gravé son espoir sur ce morceau de métal ?
L'avait-on abandonnée par dégoût? Par devoir? Par nécessité ? Avait-elle été désirée ? Etait-elle une enfant de l'amour ou de la violence ? Etait-elle attendue ou oubliée ? Avait-elle des frères et soeurs, quelque part dans le Royaume ?

Les larmes s'échappèrent de ses yeux qui ne regardaient plus, son regard tourné vers l'intérieur, vers le gouffre qui venait de s'ouvrir sous ses pieds.
Elle sentit à peine les bras aimant de sa mère adoptive, la seule mère qu'elle connaissait, l'enlacer et la bercer, tandis qu'on lui murmurait à l'oreille des paroles d'amour, de réconfort qui venaient trop tard.

Boum...

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Fenêtre sur le monde...
Maelie
Up anti-délestage. RP en pause dans l'attente d'un évènement préalable et nécessaire.

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Fenêtre sur le monde...
Maelie
Le temps passait, les heures s'égrainaient comme des perles sans que la réalité ne se modifia et ne daigna écarter d'elle le spectre grandissant d'un futur ravagé, à l'image de son passé.

Avec un acharnement sans faille, Maëlie s'était plongée, la tête la première, dans toutes les tâches possibles et imaginables, trompant ses doutes en faisant le guet de Douane, balayant ses peurs en priant dans sa cellule de méditation à l'Archevêché, cachant ses craintes derrière des pages de courriers diplomatiques, exhorcisant ses démons à grands coups d'études juridiques auprès de l'Ordre du Dragon, sêchant ses larmes dans les innombrables navettes entre son foyer et les hauts lieux du Languedoc.

Mais le soir, lorsque la lumière mourrait et qu'il ne restait plus qu'elle, sans artifices, sans masques, alors tout le poids de ce qu'elle fuyait la rattrapait, chaque jour plus lourd, chaque jour plus dense. Elle se sentait à la fois comme en chute libre et comme prise dans les fils d'une gigantesque araignée.
Elle ressentait le besoin irrépressible de se confier, de parler, mais celle à qui elle s'était toujours confiée l'avait trompée, trahie. Sa propre mère.
Non, pas ma mère.

Son coeur flancha, encore, à cette pensée.
Elle avait bien essayé de se tourner vers Majda, mais elle s'y était finalement refusée : au nom de quoi affligerait-elle une si jeune femme, déjà surchargée de responsabilités, de ses déboirs personnels ?
Alors elle s'était tournée vers une autre personne, la seule dont elle se sentit assez proche, la seule à qui, comme elle l'avait un jour dit, elle confierait sa vie sans la moindre hésitation.



Citation:
A toi, ma chère amie, Christina,


Cela va te rappeler des souvenirs, mon amie, car aujourd'hui encore, j'ai besoin de te parler. Je ne connais personne d'autre à qui je me confierai aussi librement qu'à toi, et personne en qui je puisse avoir d'avantage confiance qu'en toi, qui a toujours été là lorsque j'en avais besoin, toi qui sait qui je suis.

Je serai bientôt ta marraine, mais avant cela, je te demande de m'accorder, le temps d'une faiblesse, de n'être qu'une amie en détresse.

Si tu le veux bien, je resterai ce soir plus tard au bureau de la douane, où tu pourras me retrouver, maintenant que tu as les clés.
Si tu ne viens pas, je ne t'en voudrai aucunement, et je comprendrai, sois sans craintes.

Affectueusement,

Maëlie

NB : sans vouloir infléchir ton jugement, il y aura des gâteaux aux fruits.


Maëlie relut la missive, un sourire léger fleurissant sur ses lèvres à la dernière ligne : aussi noir que semble l'avenir, il ne le serait jamais assez pour ne pas gâter son amie. Elle confia cette lettre au garde qui ne la quittait jamais, Aguilin, qui se chargerait de la portée à qui de droit.

Elle ferma les yeux, quelques instants, se coupant du monde en songeant à ce qu'il se passerait si l'invitation était déclinée. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il ne restait plus trace de ces pensées, son masque du quotidien à nouveau en place pour affronter le reste de la journée.

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Fenêtre sur le monde...
Christina64
[A Lodève]

Christina revenait d'un pas léger d'une après-midi de cueillette, quand elle aperçut planté devant la porte de sa demeure, Aguilin, le garde de Maëlie, qu'elle reconnu aussitôt pour l'avoir croisé lors de son séjour à Lauzièrs. Elle le salua, le gratifiant d'un sourire accueillant. Légèrement surprise de sa présence, la lodèvoise prit la missive que le jeune homme lui tendait en le remerciant. Elle lui demanda s'il attendait une réponse immédiate de sa part. Répondant d'un signe de tête par la négative, le garde prit congé, et repartit aussitôt.

Christina entra dans sa maison, posa son panier rempli de mûres sur la table, et s'assit pour éliminer la fatigue que sa longue marche au regard de son état avait engendré.

Elle déplia le pigeon. Au fur et à mesure que ses yeux parcouraient les mots inscrits sur le parchemin, l'inquiétude de Christina grandissait...Maëlie en détresse...ces mots résonnaient sans cesse dans sa tête. Bien sûre qu'elle serait toujours disponible pour son amie. Maëlie avait déjà connu des moments de découragement, de doute, mais jamais à ce point.

Ayant fini d'écraser les fruits mûres et juteux en attendant l'heure du rendez-vous, elle rangea sa préparation, se rafraîchit le visage et écrivit quelques mots à son amour pour le prévenir de son absence avant de se rendre au bureau de la douane.


[Au bureau de la douane]

Arrivée au bureau de la douane, la lodèvoise entra sans frapper, découvrant son amie plongée dans ses pensées.
Christina devait se montrer rassurante malgré l'incertitude qui la tenaillait de découvrir son amie affligée.
Elle s'avança jusqu'à elle, la prit dans ses bras affectueusement, et desserrant l'étreinte des deux jeunes femmes, elle lui sourit chaleureusement.


Que t'arrive-t-il ma belle ?
En quoi puis-je t'aider ?

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Maelie
Lorsque Christina entra, Maëlie fut submergée par un intense soulagement qui lui fit presque venir les larmes aux yeux. Elle répondit à l'accolade avec chaleur et gratitude.

Merci d'être venue, Chris. Merci, vraiment.

Maintenant qu'elles étaient là, elle ne savait plus quoi dire, par quoi commencer... Sa vie était un tel chantier !...

Veux-tu... tiens, tu veux des gâteaux? Ils sont là, comme toujours.
Mets-toi à l'aise... Ou peut-être préfèrerais-tu qu'on prenne l'air, qu'on marche ?

Je ne sais pas par où commencer...


Elle s'écarta de Christina et commença à arpenter la pièce d'un pas nerveux. Puis, brusquement, elle s'arrêta et fixa Christina dans les yeux.

Chris, t'est-il arrivé de te demander d'où tu venais ? Quelles étaient tes origines?
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Fenêtre sur le monde...
Christina64
Christina sourit à Maëlie lorsqu'elle lui proposa des gâteaux.

Bien, tu connais mon péché mignon, alors ce n'est pas de refus. Il paraît que je peux manger pour deux en plus...

Elle rit doucement tout en se servant un biscuit aux fruits, puis alla s'assoir confortablement sur une chaise.

Je préfère rester ici, si ça ne te dérange pas. En fait, j'ai marché toute l'après-midi et un peu de repos serait le bienvenu.

Regardant Maëlie traverser la pièce de long en large...elle qui était à l'accoutumée si calme...

Mais tu m'as l'air bien énervée, que t'arrive-t-il ?

A peine avait-elle eu le temps de la questionner que Maëlie, lui demanda si elle s'était déjà demandée d'où elle venait. Christina regarda tout d'abord Maëlie avec étonnement, ne comprenant pas où son amie voulait en venir.

Et bien...pas vraiment, car je connais mes origines même si je n'en parle que très peu.

Mais pourquoi cette question, si soudaine ? Toi aussi, tu connais tes origines. J'ai d'ailleurs rencontré ta mère lors de mon passage à Lauzièrs, une femme fort charmante qui plus est.


Viens donc t'assoir près de moi.

Elle lui sourit en approchant une chaise près de la sienne.
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Maelie
Maëlie se raidit lorsque Christina évoqua sa "mère" : pourquoi diable fallait-il qu'elle s'en souvienne aussi bien ?

Elle soupira et s'intalla sur la chaise indiquée par son amie.


Tu te trompes, Christina, justement. Ce n'est pas ma mère. Pas ma vraie mère, en tout cas...

J'ai appris ça récemment... Tu te souviens lorsque je suis partie en retraite au début du mois de Mai ? J'avais besoin de m'isoler parce que je venais d'apprendre la vérité et que je ne voulais pas l'affronter.
Je suis une enfant trouvée, Chris. Toute ma vie est un mensonge...


Elle sortit délicatement de son corsage deux pendantifs, l'un qu'elle avait toujours porté, et sur lequel était inscrit sa devise, et l'autre, récent, arborant l'hermine et la licorne.

Ceci appartenait à mes parents. Voilà comment j'ai découvert la vérité...

Je... Je suis allée voir mon Parrain, le Héraut, pour qu'il m'explique ce que c'était, pour savoir s'il était possible de remonter dans l'histoire et de trouver le propriétaire de ces médaillons précieux.

De celui-là on ne sait rien,
dit-elle en désignant le premier avec l'inscription.
Mais je sais d'où vient le second.

Elle se tut, tendue comme la corde d'un arc.
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Christina64
Christina fut interloquée par les propos de son amie. Ses yeux s'écarquillèrent d'étonnement en apprenant que Maëlie était une enfant trouvée. Elle se tut ne sachant que dire sur le moment pour rassurer son amie et le pouvait-elle ?

Elle regarda les deux pendentifs que lui présentaient Maëlie...restant songeuse...l'écoutant attentivement.


Mais que t'a dit Messire Cristol, sur l'origine de ces pendentifs ?
Va-t-il pouvoir t'aider dans tes recherches ?


Et ce médaillon ...Christina désigna d'un geste de la main celui où figuraient une hermine et une licorne....tu me dis connaître sa provenance...souhaites-tu m'en dire davantage ?

Elle esquissa un petit sourire, essayant de réconforter son amie et l'invitant à se confier si elle le souhaitait.
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Maelie
Maëlie était reconnaissante pour la patience dont faisait preuve Christina, même si elle ne le montrait pas.

Elle leva pensivement le pendantif en question à hauteur du regard, le laissant danser au bout de sa châine et accrocher les éclats de lumière.


Oui, il me l'a dit. Il a trouvé d'où venaient ces symboles. Il s'agit d'un personnage... très important, trop important, tu comprends ? Je n'ose même pas prononcer son nom tant cela me paraît irréel et effrayant. Il ne peut pas être mon père.
Et même s'il l'était, il est impossible qu'il me reconnaisse comme sa fille... C'est impossible. Parce que je sais que cette personne...


Elle s'interrompit, hésitante, laissant à nouveau glisser le pendantif contre sa gorge.

Cet homme ne s'est jamais marié, Chris. Si cela se trouve, il ignore même que j'existe. Et il est pourtant ma seule vraie famille, mon seul lien avec mon histoire. Je suis une enfant bâtarde... Qui sait même si ma naissance est le fruit de l'amour ou du hasard ?

Les larmes coulèrent sur ses joues, tandis qu'elle inspirait profondément.
Ce n'est pas tout. Lorsque je suis allée voir Senhèr Cristol, il...

Elle pinça les lèvres en secouant la tête, avant de laisser fleurir un sourire d'une étrange douceur entre ses larmes.
Il m'a demandée en mariage.*

Elle se tourna vers Christina, plantant son regard dans le sien.

* Vous pouvez consulter le RP au Château en suivant ce lien.

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Christina allait de surprise en surprise...un père de renommée, célibataire qui aurait distribué sa semence sans y prendre garde....Une grimace vint ternir le visage de la jeune femme.

Se sentant impuissante devant les paroles de son amie, elle prit la main de Maëlie et la serra dans la sienne.


Mais qui est ce prétendu père ?
Souhaites-tu le rencontrer ?


Regardant son amie avec compassion, elle voulut l'interrompre lorsque Maëlie lui dit que ce n'était pas tout...elle prêta à nouveau son attention...

Ton parrain t'a demandée en mariage ?

Elle répéta les paroles de Maëlie machinalement.
Son étonnement était au comble, bien qu'elle connaisse toute l'affection que Cristol portait à sa filleule.


Mais ne devait-il pas se m.... elle ne put finir d'achever sa phrase, par peur de faire ressurgir un souvenir indélicat ...blessant.

Et toi tu l'aimes ? Tu veux l'épouser ?

La lodèvoise avait une impression désagréable de confusion. Elle se demandait ce qui relevait du malheur ou du bonheur dans les confidences de son amie.
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Maelie
Maëlie se détourna vivement, laissant ses mains au creux de celles de son amie.

Au bout d'un long silence, ses larmes coulant toujours sur ses joues, elle reprit, la voix entrecoupée de sanglots silencieux.


Oui... Il devait. Mais il m'a dit qu'il renonçait à ces fiancailles car il me voulait pour ... pour régner sur les Fenouillèdes. Il... il m'a demandé d'accepter de l'épouser afin qu'il puisse ... partir le coeur en paix, en sachant qu'il a confié ses terres à une personne de foi... une personne de son choix et non celui de son père. Je suis la dépositaire de sa volonté, l'expression de sa rébellion... rien d'autre.
Que je l'aime n'a aucune espèce d'importance, tu comprends, Christina ?


Un intense sentiment de fatalité pesait dans sa voix, une acceptation lourde comme un deuil et pourtant débordante de tendresse.
Je n'aurai pas pu le lui refuser...

Elle retomba dans un mutisme passager, avant de reprendre.

Au fond, je suis heureuse qu'il m'ait choisie, moi, qu'il ait placé une telle confiance en moi. Je suppose.
Mais si ce qu'il a dit est vrai, mon père appartient à l'entourage ... l'entourage royal...Il m'a parlé d'un Prince de Bretagne, dont j'ai oublié le nom. La Bretagne ! Domnideu* !

Maëlie leva les yeux au ciel, d'un air ironique : comment ne pas se rappeler la guerre entre la France et la Bretagne, dont son parrain était revenu récemment, comme tant d'autres, laissant frères d'armes et souvenirs sur ces terres lointaines et étrangères ? Elle, fille du Languedoc, et maintenant fille de cet ancestral ennemi du Royaume de France, qu'une paix récente et douloureuse avait à peine réconciliés, quelle cruel jeu du sort.

Même si je ne suis que sa fille batarde, crois-tu qu'il me soit permis de me marier sans le consulter ? Cela me paraît tellement étrange, quand j'y pense, je suis née paysanne et je n'ai jamais songé à demander à quiconque l'autorisation de faire ce qu'il me plaisait : mes parents... mes parents adoptifs m'ont enseigné cette liberté. Peut-être que je devrais oublier ce père que je ne connais pas et à qui je ne dois rien... Mais peut-être est-il comme moi, peut-être que lui aussi aurait aimé savoir sans le pouvoir... Comment savoir si ma noblesse me contraint à le faire ou non ? Comment savoir si être digne de mon rang, et de mon sang, signifie respecter ma parole donnée ou quérir la parole de mon... géniteur ?

Je ne souhaitais pas me marier, Christina, pas pour tout l'or du monde, parce que je savais que jamais je ne serais en accord avec mon coeur. Maintenant que j'ai accepté la proposition de Cristòl, tout cela me paraît... surréaliste, impossible...

Oh, Chris, je nage en plein cauchemar !
fit-elle en se tournant vers son amie, d'un air coupable et perdu.

* Seigneur Dieu !

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Fenêtre sur le monde...
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