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[RP fermé ] Bébé en solde. Ni échangé, ni remboursé.

Ode..
[Quelque part en Bourgogne]

Je déteste la blondasse. Non contente de m'ennuyer de son vivant, elle continue de le faire une fois six pieds sous terre.
Je sais que j'aurais pu la libérer de ce marmot au lieu de lui mentir pour avoir le plaisir de la voir grossir et se déformer et même de frôler la mort.
Je sais que je pouvais la suivre durant sa grossesse, lui interdire de mener ce dernier combat fatal -bien qu'une moins cruche aurait pu se douter de l'incompatibilité du projet-.
Mais de une cette gosse m'insupportait, de deux, une idiote de moins dans ce royaume ne fait pas de mal et de trois, je ne suis pas sa mère !
Alors pourquoi est-ce que je me retrouve avec cet encombrant couffin à trimbaler durant nos longues escapades ? Parce que mon métier de faiseuse d'anges me confère certainement cette "légitimité" dont je me serais bien passée.
Certes la gamine est mignonne, oui je gagatise lorsque la meute tourne le dos, surtout lorsque Lui, le Tigre, tourne le dos, mais j'avoue tenter régulièrement d'abandonner la dénommée Myrtille aux bras de la Mère du groupe, Lady, qui ainsi, cesse de me materner moi, pour combler le manque de ses enfants chéris en le renvoyant sur un nouveau poupon.

Je refuse de m'attacher à cette petite chose, je veux qu'on s'en débarrasse, qu'on le vende comme le veut la Platine, qu'on en tire le meilleur prix possible et que cesse cette culpabilité qui s'installe et commence à prendre racine dans mon ventre.
Elle, au fond de ma tête, sort de son mutisme pour me rappeler à l'ordre.

Assume tes actes. Nous y avons pris du plaisir.

Oui, c'est vrai et j'ai même jubilé lorsque j'ai vu s'éteindre l'oeil unique de la blondie, tout en serrant dans mes bras cet être fragile.
Une mort pour une vie, cela se valait bien. Et si nous lui trouvons la famille adéquate, l'enfant deviendra plus intelligent, plus riche, plus doué, plus parfait donc.
Et quelle meilleure revanche que d'imaginer la fille surpassant sa mère ?

Aujourd'hui, j'entre dans une taverne alors que nous bivouaquons à l'extérieur de la ville.
Le couffin est abandonné sur la table, heureuse de pouvoir me libérer de ce fardeau qui m'a affaibli.
Je m'observe dans le reflet du miroir posé sur l'âtre de la cheminée et ne peux que constater mon teint cireux, mes cernes sombres, la maigreur de mon corps. J'ai cessé de m'alimenter correctement, par oubli, ou fatigue à l'idée de chasser puisque mes nuits ne cessent d'être interrompues par les braillements du bébé.
Cette petite aura déjà hérité de la même capacité vocale que sa défunte mère.

Mon bras se lève et je hèle le tavernier d'un geste las.


Du vin et un peu de lait.

Je lance un coup d'oeil sombre au tenancier et le message est on ne peut plus clair "m'emmerde pas, je ne suis pas d'humeur". Pourtant, Elle croit bon de me faire rajouter un :

S'il vous plait.
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Isandre.watelse
Elle avait le cafard.
Ca ne lui arrivait pas souvent, ça n'était pas très aristotélien, mais là...

Généralement, elle réprouvait la consommation d'alcool et ne fréquentait jamais les tavernes, mais là...

Cependant, elle ne pouvait guère se donner en spectacle au château. Seignelay grouillait de serviteurs et de servantes qui se seraient empressés d'aller raconter sa mauvaise conduite à sa maitresse. D'habitude, elle aurait été se réfugier à la chapelle, mais là...

Là, elle venait de vivre la journée la plus pesante de sa brève existence.
Là, elle avait assisté à ce qu'il était coutume d'appeler un heureux évènement, le plus beau parait il.
Là, ses mains avaient porté l'aboutissement de cette longue lutte pour la vie pour lui donner son premier bain, premier réconfort après une dure bataille.
Là, elle aurait du se sentir heureuse et transportée de joie à l'idée que son amie avait survécu à la naissance et avait donné vie à un enfant en pleine santé....

Et pourtant...

Il fallait qu'elle boive quelque chose, quelque chose d'assez fort pour lui permettre d'oublier la terrible déception ressentie en découvrant l'enfant.

En soupirant, elle ruminait, le nez dans sa choppe quand une femme arriva dans la salle, portant un gros couffin qu'elle déposa sans cérémonie auprès de la demoiselle de compagnie.

Isandre fit un geste pour repousser un peu le panier qui lui bouchait la vue mais l'odeur lui fit froncer le nez.
Ca sentait... ça sentait... une odeur très curieuse et assez nauséabonde en fait.
Et ça bougeait !

De surprise, la jeune femme retira précipitamment sa main, comme si on l'avait brulée !


- Hé ! Mais vous trimballez quoi là dedans ?
Cette odeur ...


Un braillement assez sonore l'interrompit... un bébé ! Encore ! Mais décidément, c'était la journée des mioches !
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Ode..
Si il y a bien une chose que je ne supporte pas en taverne, c'est cette sorte d'obligation que l'on a à répondre à tout individu qui décidera de vous adresser la parole.
Cette politesse a le don de m'exaspérer, d'autant plus lorsque je suis d'humeur massacrante comme aujourd'hui.

L'épuisement n'aidant pas, j'offre un coup d'oeil impatient à ma voisine de tablée lorsqu'elle repousse le couffin, mes prunelles aux aguets quant au précieux trésor qu'il renferme.
Ma main vient retenir le bord du couffin, le bougeant légèrement pour apaiser les cris de l'enfançon.


Citation:
- Hé ! Mais vous trimballez quoi là dedans ?
Cette odeur ...


Mes jades viennent jauger de nouveau la voisine qui semble me chercher des noises.
Je soupire, décidément ce n'est pas une bonne journée.
Elle, déjà s'agace et pense plusieurs choses pas très aimables à l'attention de la jeune femme que je me garde bien de dire tout haut, malgré mon sourire ironique qui se dessine.

'Ton avis bécasse ? Ça a l'air d'quoi ? C'connu qu'on met des porcelets dans un couffin non ? tout l'monde fait ça ! La question inutile !


Ma demoiselle, je savais que les jeunes femmes pouvaient être longtemps ignorantes des choses de la vie, mais de là à ne pas reconnaître un simple bébé.. vous devez certainement sortir d'un couvent fort strict.

Je détaille la rousse, me désintéressant du nouveau cri de la gamine pour analyser les vêtements, propres et de facture très correcte.
Ça sent la proximité d'une personne aisée et je n'en suis que plus alerte.


Je suis Ode et vous ? Je vais vous sembler brusque peut-être, mais autant ne pas passer par quatre chemins...

C'est ça, débarrasse t'en que l'on puisse s'occuper de nous.

Je me déplie un peu pour prendre le poupon dans les bras, le berçant pour l'apaiser au mieux, ma migraine se réveillant déjà.
Je grimace légèrement.
A presque trente ans, après avoir accouché tant de femmes, tué tant de gosses en prenant soin de ne jamais, jamais risquer d'en créer un moi même... enfin jusqu'à ce fameux jour où.. bref, je me retrouve à gérer le mioche d'une autre et j'en deviens très très irritable.
Mes iris se posent de nouveau sur la jeune femme et je poursuis donc.


...vous ne connaissez personne qui voudrait s'acheter un bébé ? Cette petite c'est Myrtille. Sa mère est morte et moi j'ai pas que ça à faire.

Autant tenter le tout pour le tout, j'ai déjà cherché à refourguer Myrtille à tellement de monde, que ça en devient presque un réflexe dans ma conversation. Peut être que celle-ci sera la bonne, peut être pas, et alors je trouverai le courage de ne pas étouffer la mioche sous un coussin jusqu'à la prochaine halte.
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Isandre.watelse
Non mais elle se prend pour qui celle là ! A-t-on idée d'amener un bébé dans une taverne en plus ? Un couvent.... Hein !!!

La dernière phrase efface brusquement tout le reste. Acheter un bébé !
Comme dans un flash, elle revit les dernières heures passées : la douleur de la future mère, les efforts déployés, la peur qui tenaille le ventre jusqu'à la délivrance. Peut on vraiment vendre tout ça ? Comment, après tant d'espoirs et d'efforts vouloir vendre le résultat comme un vulgaire veau ou une poule ?

La pieuse Isandre se révolte contre ça. Ca n'est pas aristotélien de vendre des enfants, c'est même contre nature, mais...
Quelque part en elle, une idée germe. Est-elle guidée par le Malin ? Est-elle devenue folle ? Pense-t-elle simplement au regard noyé de larmes de Dame Della quand elle a déposé son bébé auprès d'elle ? Comment oublier ce regard, lourd de regrets et de déception ? Ce bébé aurait du naitre femelle, mais le destin avait fait une mauvaise blague.
Et si le destin essayait de se rattraper ?

Interdite, elle dévisage la femme qui se tient devant elle. Plus trop jeune malgré les apparences, les yeux verts durs et fatigués. Son regard redescend vers le poupon, une fille donc... une orpheline dont la vie sera sans doute peu enviable. Pour le moment, c'est un paquet de langes sales qui s'agite mais plus tard, si elle survit ? Une fille de joie au fond d'un lieu de plaisirs ? Une aventurière ? Une servante ?

Et pourquoi pas ?
D'une voix qui lui semblait appartenir à quelqu'un d'autre, elle s'entendit répondre :


- Combien ?

Une partie d'elle même se révolte contre ce marchandage tout en cherchant déjà des justifications : offrir une meilleure chance à cet enfant, combler sa maitresse, faire une bonne action .... acheter un être humain... Jamais elle n'aurait imaginer en arriver là, mais après tout...
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Ode..
Connaissant les habituelles réponses, j'avoue ne pas m'être concentrée sur celle qu'allait m'apporter ma voisine.
Aussi me suis-je adossée à la chaise tout en câlinant la petite d'un geste automatique et las.
Mais la réponse vient et ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais.
J'en sursaute presque et par cette crispation soudaine, la gamine reprend ses braillements stridents qui m'arrachent une grimace.
Éberluée j'observe la jeune femme qui me tient tête et d'un coup je vois l'opportunité enfin se présenter.


Avant de vous dire combien, vous devez me dire qui. J'ai pas l'impression que c'est pour vous, je me trompe ? Je cherche pas n'importe quelle famille, il en faut une qui en ai les moyens.

Je scrute la jeune suivante, je ne la vois pas se payer un enfant par caprice, elle a l'air tellement...

Coincé ! Dis-le ! M'enfin elle l'est pas plus que toi j'te signale.

Mes petites voix refont surface, Elle s'évertue à me rabaisser dès qu'elle le peut.. Elle voudrait tellement utiliser mon corps.. de façon si perverse que j'en tremble.

Menteuse, Ode tu es la pire des hypocrites, tu aimes tout ce que je te fais faire.

Et c'est vrai. Mais là n'est pas le moment et très vite je me re-concentre sur le sujet qui nous intéresse.
Comment juge-t-on de la valeur d'un bébé ? Au poids ? A l'allure ?
J'espère miser plutôt sur le second point car niveau poids.. Myrtille n'est pas encore un bon gros bébé bien portant.
Non, elle est frêle encore, bien que ses joues soient roses.
Mille couvertures la recouvrent pour la maintenir au chaud mais ses petites mains peuvent vous serrer le doigt avec une force surprenante pour une crevette de cette taille.
Au fin duvet doré qui recouvre le crâne, je devine que sa mère lui a légué sa blondeur, malheureusement.
En revanche, je ne parviens pas encore à déceler la couleur de ses yeux, mais j'ai l'impression que le bleu de base se terni de jour en jour pour se marbrer de reflets ambrés.

Tout en pesant chaque point, mes lèvres finissent par murmurer :


10 000.
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Isandre.watelse
Elle manqua s'étouffer avec sa gorgée de bière. Ceci dit, toute négociation nécessite une mise de départ. Son père l'orfèvre était un expert pour ce genre de tractations et son enseignement allait sans doute être utile.

Elle fit un rapide calcul. Ses gages étaient généreux, et même au delà. Sa mère lui avait laissé un pécule destiné à une hypothétique dote. De plus, de son apprentissage d'orfèvre, elle gardait quelques pièces, pas forcément très précieuses mais finement ciselées...


- Hum... Qui, je préfère rester discrète sur les identités. Vous avez raison, cet enfant ne m'est pas destinée, même si je pense être en mesure de veiller sur elle de nombreuses années...

L'ironie de la phrase la fit presque rire. "Non, non, ça n'est pas pour moi, c'est pour offrir. Faites moi un paquet cadeau avec un joli ruban. Marchandise à emporter, pas la peine de prévoir une livraison"... Négocier un bébé comme un vulgaire morceau de viande... Ca lui vaudrait sûrement une douloureuse confession auprès de Monseigneur Fitz et pas mal de remords, mais il était bien trop tard pour reculer.

- Sachez juste que, si nous concluons cette affaire, cette enfant grandira dans un château, avec les fils d'un duc et d'une duchesse. Elle fera partie d'une des plus grandes maisons de France. Ceci étant, je ne suis pas noble moi même, mais je m'y engage.

En espérant que cela suffise, elle passa rapidement en vue ses options financières. La personne qui était en face d'elle semblait assez intelligente pour comprendre que la discrétion était de mise.
Par contre, comment estimer le prix d'un bébé ? Celui là n'était pas spécialement plus attirant qu'un autre. Il avait juste l'avantage d'être disponible et du bon sexe. Isandre se mordilla un peu les lèvres, avant de poursuivre :


- Par contre, concernant l'enfant, elle parait encore fort jeune et assez frêle. Rien ne peut me garantir qu'elle n'est point malade ou qu'elle survivra à ses premières années. Tant d'autres n'ont pas cette chance.
Vous m'avez dit que sa mère était morte... Admettons. Mais qu'en est-t-il de son père ? Ne risque-t-il pas de venir la réclamer un jour ...


Inspirant un grand coup, elle poursuivit :


- Je prends donc un risque important en prenant cet enfant. Je mise une certaine somme, sans aucune garantie. En plus, je lui assure un avenir sûr et heureux. Je pense que tous ces éléments devraient vous faire revoir votre prix. Que penseriez vous de 5000 écus, disponibles immédiatement ?


Cela lui laissait une bonne marge de négociation, mais elle espérait que son interlocutrice serait raisonnable. Sortir ce nourrisson de cette situation était un but noble qui justifiait pleinement d'y laisser sa chemise. Ceci étant, Isandre préférait garder quelques subsides. Peut être que Dame Della n'approuverait pas sa démarche. Peut être que l'enfant resterait finalement à sa charge... Devant toutes ces inconnues, elle aurait peut être besoin d'avoir une petite sécurité.
Et puis, elle était une Watelse après tout. Quand on a le négoce dans le sang, on ne loupe pas une bonne occasion de marchander un peu.


- Oh, mais je manque à la politesse la plus élémentaire. Excusez moi. Mon nom est ... Louison. Voulez vous boire quelque chose ?

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Ode..
J’écoute, les méninges à toute allure. Qu’en dirait Natasha ?
Je lance un coup d’œil autour de moi comme si j’avais une seule chance d’apercevoir la crinière Platine ou le regard acier du Tigre, ou encore le sourire encourageant du Lion, quelque chose pour me guider sur le bon choix.
Mais non, il n’y a personne et je suis la main qui décidera du sort de ce petit tas de couvertures.
Elle est alerte et attentive à tout ce que débite la Louison, me ramenant à la conversation lorsqu’Elle s’exclame.

Château ! Duc ! Grande Maison, allez Ode, lâche la môme, tu fais une bonne affaire.


Oui mais hé, elle est drôle Elle, mais je n’ai aucune garantie que c’est bien dans un beau domaine qu’elle ira et non pas dans une ferme pour gérer les cochons !

En quoi c’est important si elle paye ?

Natasha et Nikolaï s’en moqueraient certainement, mais Sergueï lui.. Non je me souviens de sa peine, de sa façon de s’accrocher pour la ranimer.
Il l’aimait cette petite blonde. Pas comme un amant, pas comme un père, il l’aimait comme un protecteur, protecteur de la vie qu’elle portait.
Le Lion ne me pardonnerait jamais de l’avoir confiée à n’importe qui.

Je laisse finir la jeune femme, mon avis déjà campé au bout de mes lèvres, n’attendant que la fin de sa négociation pour à mon tour renégocier.

5 000 écus ?!! Elle a cru qu’elle achetait une robe ou quoi ?

J’éclate de rire tant pour ma pensée indélicate que pour le montant indécent que la rousse réclame. 5 000 écus.. pour un enfant, non mais vraiment.


Pardon, mais j’ai cru vous entendre dire que vous proposiez 5 000 écus ? A moins que votre langue n’ait fourché car il est évident que je ne laisserai jamais cette petite à ce montant là.. ou alors tout ce que vous m’avez dit avant concernant la famille que vous promettez est faux. S’ils sont duc et duchesse, et qu’ils désirent un enfant, alors 10 000 écus sont plus que raisonnables.

Quant à ce fameux problème de l’identité de la famille.. nous allons avoir un souci évident. Oui, je vends Myrtille, mais non, je ne suis pas prête à la vendre à n’importe qui, comprenez bien que malgré votre air tout à fait aimable, je ne peux pas vous faire confiance, car qui sait si vous n’allez pas l’utiliser à mauvais escient plus tard, lorsqu’elle en aura l’âge. Non, je veux rencontrer la personne à qui elle sera destinée et pouvoir avoir un suivi.. peut être épistolaire avec l’acheteuse ou les acheteurs, qui rassurerait l’entourage de la mère biologique.


Je pousse le bouchon ? Peut-être un peu.. peut-être me suis-je attaché à la gamine au fond, peut-être qu’une fois partie elle me laissera moi, ma maigreur et mon air livide devant mon reflet sans plus trouver d’excuse à ce laisser aller que mon incontestable et évidente folie intérieure.
J’espère… j’espère que mon interlocutrice se pliera un peu.


8 000 si vous acceptez la condition de la rencontre.
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Isandre.watelse
Voilà qui compliquait sérieusement la donne. L'argent était une chose, mais il était hors de question de mouiller Dame Della dans cette tractation.
D'abord, la duchesse alitée ignorait tout de la démarche de sa suivante, qui agissait sur un coup de tête et de sa propre initiative.
Ensuite, si jamais le couple décidait de faire passer cette petite chose gigotante comme un membre à part entière de leur famille, il convenait que personne ne pu mettre en doute la filiation de la petiote.

D'un autre côté, Isandre sentait bien que la jeune femme, tout en faisant du trafic d'êtres humains, n'était pas complètement dénuée de conscience, ou avait peut être des comptes à rendre à quelqu'un.

Tapotant mécaniquement le bois de la table, elle réfléchissait tout en observant l'enfant. Le bébé avait visiblement faim. Il y avait une nourrice disponible au château. Elle aurait bien coupé court à la négociation. Après tout, elle ne tenait pas tant que ça à se mettre dans les ennuis, mais quelque chose dans le regard du bébé l'en empêcha.
Finalement, elle prit une grand inspiration et enchaina :


- Rencontrer ma maitresse, c'est hors de question. Ceci dit, je comprends bien votre souhait de savoir la petite en sécurité. Alors voilà, je vous propose 9000 écus, et cette bague....


Ce disant, elle ota la chevalière qu'elle portait au majeur, un bijou lourd, gravé des armoiries de Montpipeau.

- Ce bijou, outre sa valeur, porte le sceau d'un domaine appartenant à ma maitresse. Il sera le gage que l'enfant est entre de bonnes mains.

La négociation avait assez duré. Il était temps de faire comprendre à son interlocutrice qu'elle n'irait pas plus loin.

- Si ces conditions vous agréaient, je vous attendrais à l'aube à l'église Ste Nitouche. C'est l'église du village. J'apporterai l'argent et vous apporterez l'enfant.

Il semblait assez évident qu'elle ne se promenait pas seule en taverne avec une fortune pareille, et faire l'échange au chateau, c'était révéler l'identité des parents en puissance. L'église, outre la discrétion, offrait aussi un sol sacré, où le mensonge et la duperie n'aurait pas cours... du moins, elle l'espérait car un guet append pouvait aussi être à craindre. Après tout, que savait elle de l'entourage de sa "vendeuse"...
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Ode..
Mes doigts se referment sur le lourd bijou, lourd en valeur, en sens, mais surtout en conséquences.
En le prenant, je sais que je ne vais pas faire marche arrière.
Myrtille n'est plus des nôtres, elle leur appartient dorénavant.
J'observe la chevalière de plus près, Elle me réprimande sur le temps que je perds.

Pour l'amour de la Déesse Ode, tu as ce que tu voulais, finissons en !

Et la lueur de mes jades se fait plus déterminée que jamais lorsque je relève le visage vers la jeune femme.
J'esquisse un sourire amusé, car elle a beau être jeune, une forme d'autorité émane de la rouquine sans même qu'elle ne s'en rende compte.


Soit, j'y serai, retrouvons nous à l'aube.

Je berce une dernière fois le poupon, que je glisse dans des couvertures et je me lève, pressée d'annoncer la nouvelle à la meute.
Il me faudra quelqu'un pour m'accompagner, même si cette personne reste dans l'ombre.
Après tout, qui me dit que Louison n'appellerait pas les autorités du coin pour vente d'être humain ?

Finalement j'adresse un signe de tête à la suivante avant de me filer. L'enfant est serré contre mon sein, précieux fardeau dont je serai libérée bientôt.



[Le lendemain, à l'aube, sur le chemin de l'église Ste Nitouche]

Mes pas suivent un rythme régulier dans la naissance de ce nouveau jour.
L’adrénaline grimpe dans mes veines tandis que je me pose mille questions : « va-t-elle venir ? », « Changer d’avis ? », « me tendre un piège ? ».
Je tends l’oreille afin de percevoir la présence de cette ombre qui me suit. Je n’y parviens pas, excellent chasseur qu’il est, mais je sais qu’il me suit et me protègera d’un possible guet-apens.
Car oui, je ne me doute pas que c’est elle, l’acheteuse, qui pourrait me craindre.
Pas dans mon état actuel.
Oh j’ai encore du muscle, car l’entrainement est nécessaire, mais je mange si peu et me ronge tant les sangs, que rien ne reste sous ma peau, affichant une maigreur tout-à-fait déplacée à côté des corps entrainés de la meute.

Myrtille est étrangement silencieuse aujourd’hui, elle est paisible et semble percevoir un changement bénéfique pour elle ?
Cette idée m’attriste et ma réaction l’agace Elle.

Allons bon, tu t’es attachée à cette morveuse, c’était à prévoir ! Tu es faible, Ode.

Je secoue brièvement la tête comme pour chasser une mauvaise idée et raffermit ma poigne sur le couffin en accélérant le pas.
Pas question de flancher, nous aurons de l’argent pour nos projets et pour vivre.
Le parvis de l’église apparait, la façade sombre se détachant dans la lumière qui s’installe, douce et filtrée par quelques nuages.
Je pousse la lourde porte et laisse le temps à mes yeux de s’habituer à l’obscurité des lieux.
Depuis quand n’étais-je pas rentrée dans une église ? Des siècles au moins.

Louison ne semble pas encore là et je décide de prendre place sur un banc, mes pupilles vagabondant sur les murs, les hautes voutes ou encore sur l’autel droit devant.
Elle, rit.

Quel lieu déplacé pour pareille négociation ! Deux rouquines qui font dans la vente d’enfant au sein d’un lieu sacré, tu peux comprendre les préjugés des gens sur notre couleur de cheveux non ?

Je hausse les épaules et caresse la joue rose de l’enfant, fredonnant un air léger pour éviter une quelconque crise qui attirerait l’attention.

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Isandre.watelse
La nuit avait été pénible et peu reposante.
A genoux sur le plancher rude de sa chambre, elle avait longuement prié, tentant de trouver une paix de l'âme qui semblait la fuir.
Arriverait elle à se pardonner un jour ?
Son âme était elle définitivement perdue alors qu'elle n'essayait, somme toute, que de faire le bien ?

Sans cesse, elle repensait aux évènements de la soirée. La rousse et son paquet mal emballé, sa chevalière disparaissant, scellant une transaction...
Une transaction.... Est ce que la vie d'un être humain se résumait à cela ? Un échange entre 2 personnes.
Après tout, peut être.... Le mariage n'était qu'un accord entre un homme et une femme acceptant de vivre ensemble. De cet accord naissaient parfois des enfants....
Oui, mais là, c'était différent. Elle n'avait passé aucun accord ni prononcé aucun serment. Du père de ce bébé, elle ignorait tout d'ailleurs. Et cependant, ce bébé allait devenir sien, ou presque.

Torturée par des pensées contradictoires, elle avait sorti son pécule de sa cachette, sous une lame de plancher déboitée. Elle avait été surprise par son poids. Cela faisait si longtemps qu'elle amassait ses gages. Finalement, il y avait une raison à toute chose.

Le prix convenu fut enfermé dans une solide bourse en cuir, qu'elle plaça dans une sacoche solide.
Elle sortit discrètement du château, frémissant à chaque pépillement d'oiseau et sursautant à chaque coup de vent. Heureusement, la route était courte et sans mauvaise rencontre.
Le jour se levait à peine quand elle arriva en vue de l'église.
Conclure un tel pacte dans la maison d'Aristote ! Avait elle perdu la raison. Devait elle faire demi-tour ?

Mais malgré ses doutes et ses hésitations, il était bien trop tard pour abandonner. L'argent, la bague, tout ça n'était rien. Mais assurer un avenir doré à cette petite chose et apporter de la joie à sa maitresse, c'était son but.
Pour le reste, elle enverrait un courrier à Monseigneur Fitz. Il saurait peut être comment laver son âme.

D'une main hésitante, elle poussa la porte de la nef et entra dans l'église, glaciale et silencieuse.
Il faisait sombre, l'édifice semble vide. Et si elles n'étaient pas là ? Si la femme avait changé d'avis ?
Un mouvement sur un banc, elles sont là finalement.

Inspirant un grand coup, elle s'avance entre les travées de sièges. Oui, elles sont là. La femme et l'enfant.
Sa voix a du mal à sortir. Elle murmure mais cela semble résonner entre les murs froids.


- Le bonjour.... Je suis là, et j'ai ce qui était convenu. Toujours partante ?

La lourde sacoche quitte son épaule et elle la tend. Une sacoche, un bébé. C'est aussi simple que ça finalement et pourtant, tellement compliqué.
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Ode..
Elle est là. Elle s'avance devant moi et me tend ce butin tant convoité et j'hésite.
Pendant un quart de secondes, mes mains se crispent sur les couvertures puis ma raison finalement revient et je cède l'enfant à la Louison.


Bonjour. Toujours partante bien sûr. Elle a été nourrie il y a moins d'une heure, mais elle nécessite une attention particulière car c'est un petit miracle de la nature.
Née bien trop tôt et dans une situation bien trop violente. Mais elle gagne en force chaque jour et là où elle sera, je suis sûre que vous saurez la protéger.


L'argent reçu en échange pèse son poids et j'en vérifie rapidement la somme sans parvenir à dire si il y a le compte ou pas.
Qu'ai-je fait ?

Ce qu'il fallait faire.

Me dit-Elle sans une once de compassion.
Et cela me rassure au final. J'observe ce paquet dans les bras de la suivante et hoche la tête en guise d'accord.
Oui c'est fait et Myrtille semble s'agiter comme si elle ressent la nouvelle tournure que prend son destin.
Las et épuisée, je me lève et glisse la sacoche sur mon épaule.
J'ai hâte de sortir de cette atmosphère étouffante où l'odeur d'encens froid m'oppresse autant que les échos de nos paroles pourtant voilées.

Mes yeux croisent ceux de la jeune femme et silencieusement, leur intiment de prendre soin de cette gamine. A la limite d'une menace, mes jades s'obscurcissent un bref instant.
Je n'ai plus aucun droit sur ce bébé. La vente est finie et aucun retour ne sera accepté.

Je me penche et glisse un bref baiser sur la joue rose du poupon avant de m'éloigner vers la porte.
Avant de sortir, mes pas marquent un temps de pause et, sans regarder en arrière je souffle assez fort pour qu'elle m'entende.


Veillez sur elle plus que sur la prunelle de vos yeux.

Et de m'éloigner rapidement, ignorant le sac qui frappe lourdement contre mes cuisses, ignorant sa présence à lui non loin, ignorant le poids de ma culpabilité tandis que le froid hivernal vient faire picoter la perle qui glisse sur ma joue.

Adieu, gamine. J'ai tué ta mère mais je t'en ai redonné une.

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Isandre.watelse
Ca semble si simple. Une sacoche contre un paquet de langes et tout est dit.
La sacoche était lourde, tant d'écus ça pèse son poids mais elle était finalement très légère comparée au petit être qui avait pris sa place.

Déjà la femme s'éloigne, vite, comme pour éviter de changer d'avis.
Pourtant Isandre aurait voulu ... voulu quoi en fait ? Poser des questions sur les origines de la petite ? En savoir plus ?
Non. La mystérieuse vendeuse avait raison. Mieux valait ne pas savoir que d'être obligée de mentir un jour.

Un souffle, presque un murmure lui enjoint de prendre soin de l'enfant. quelques mots sortent de ses lèvres gelées :

- Promis...Merci...

Et voilà. La porte se referme, laissant Isandre et son petit fardeau dans l'obscurité du lieu saint.

Premier face à face avec ce petit visage aux grands yeux. Est ce cela que ressent une mère quand on lui présente son enfant ? Ce mélange de curiosité et d'inquiétude qu'elle ressent brusquement.
Le bébé sourit et agite ses petits poings.

- Ne t'inquiète pas petite Myrtille. Je vais prendre soin de toi et tu vas être choyée et grandir au chaud.

Au chaud oui, il faut partir. L'église est glaciale à cette heure et le trajet jusqu'au chateau assez long. Avec précautions, elle envelippe le poupon dans sa cape en fourrure et se dirige vers l'arrière du coeur. Il y a une petite porte, discrète. Elle s'en sert souvent pour venir fleurir l'autel.
Dehors, le jour se lève, froid et pure. Une nouvelle vie commence à présent. A elle de la bâtir, pour une petite inconnue venue de nulle part.

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