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[RP] La famille, c'est sacré...

Rodrielle
Comment il ose me faire ça ?!

La lettre fut lancée dans les airs et la Tatouée se mit à faire les cents pas. Encore une fois, elle était énervée. Même si c’était souvent le cas depuis ces derniers temps, cette fois-ci, elle était enragée. Depuis le temps qu’elle attendait, depuis le temps qu’elle s’inquiétait et espérait le revoir, il se contentait de cette malheureuse lettre, de cette minable lettre !



    Rodrielle,
    Ma chère sœur, mon Ombre,

    J’imagine déjà ta réaction en lisant les deux premières lignes de cette lettre et j’espère que tu la liras jusqu’au bout. Je ne mérite surement pas la faveur que je vais te demander, mais j’ose quand même. Je ne me suis pas manifesté beaucoup, pour ainsi dire pas du tout, mais saches que je pense à Sharra et toi chaque jour. La vie a fait que nos chemins ce sont séparés et j’espère un jour qu’ils se recroiseront car vous me manquez. Enormément. Je ne demande aucune repentance, rien de tout cela, mais j’espère tout de même que tu ne me déteste pas trop…

    En tout cas, je me permets de me tourner vers toi pour une affaire spéciale. Car vois-tu, ma belle, j’ai appris il y a quelques temps que j’avais eu un fils. Oui, moi aussi j’en suis resté sur le séant. Une vieille histoire, qui date de ma tendre et lointaine jeunesse… Tu ne dois pas t’en rappeler, tu étais trop jeune encore. Elle m’a cherché pour me prévenir de cet « évènement » et ne m’a retrouvé qu’il y a deux ou trois ans. Il s’appelle Amalio. Aujourd’hui il doit avoir une vingtaine d’année (bon sang, ça ne me rajeunit pas) et se trouve au Royaume.

    Tu dois déjà comprendre ce que je vais te demander mais je vais te l’écrire. Même si je ne suis pas là, je connais ta vie et je sais que tu as évolué et que tu mènes la Famiglia à la perfection. C’est pour cela que j’ose te demander de retrouver Amalio pour qu’il ne soit pas seul et qu’il connaisse la famille de son père… Je ne te demande pas de le couver, il est assez grand à présent, ni de l’aimer (si tu es toujours aussi sensible) mais au moins de l’accueillir si sa mère n’est plus. Je n’ai pas de nouvelle de celle-ci, peut-être est-elle partie mais qu’importe. S’il te plait. Pour moi, pour nous.

    Et si je te demande ça, c’est que je suis toujours au Pays. Je devais revenir plus tôt, mais l’Italie est si belle… Te souviens-tu de notre enfance, à tous les trois ? Avant que les soucis n’arrivent… Le soleil, les paysages… Je m’y sens si bien qu’il m’est difficile de partir. Et les affaires sont bonnes, ici. Pourquoi n’y viendrais-tu pas, avec la famille ? J’ai bien peur que tu oublies tes origines et que l’Italie ne soit plus en toi (d’ailleurs, j’écris en français pour cela… Ce n’est pas facile) et je m’en voudrai… J’espère que tu n’oublies pas qui tu es. Moi, je ne t’oublie pas… Sei l'Ombra, inafferrabile e mortale… La mia piccola sorella di amore.

    Embrasse Sharra de ma part même si elle ne doit plus se souvenir de moi. Tout a basculé si tôt…

    Je t’embrasse.
    Aevil C.


Elle n’en revenait pas, ne digérait pas la nouvelle, ni le culot qu’il avait de le contacter après… quoi… dix ans de silence. Il l’avait entraîné, ils s’étaient soutenus lorsque Sharra fut enlevée, puis une fois qu’elle avait été prête et adulte, était parti en Italie pour affaires. Au départ, bien sur, il écrivait, donnait des nouvelles, envoyait de l’argent et retardait son retour à Joinville alors qu’ils voulaient tous recommencer une nouvelle vie loin de leur pays natal où ils avaient tant souffert. Sauf Aevil, apparemment. Et aujourd’hui…

Uno figlio ! Quale cane !

Pourtant, elle relut la lettre une fois et une autre fois encore et soupira. Devant Aevil, elle était faible. Il était son aîné, son père de substitution, son modèle, son mentor… Il lui avait tout appris et elle lui devait au moins ça. Non ? Elle interrogeait l’enfant en elle. Le pique de colère qu’elle venait de faire l’avait surement réveillé…

D’accordo…

Il fallait donc prendre la route. Et mis à part son nom, Aevil ne lui avait rien dit d’autre. Et elle n’aimait vraiment pas jouer aux devinettes…

Ses recherches lui prirent 4 jours. Quatre longs jours pour découvrir qu’Amalio était bien dans le Royaume, qu’il avait entre 20 et 30 ans et qu’il ne connaissait pas son père. Apparemment, il se trouvait en Lorraine où il escortait une jeune femme. Il ne lui fallut que ça pour prendre la route et le retrouver. Ecumer les tavernes, interroger les gens, fouiner, fouiller… Jusqu’à arriver dans une ultime taverne.

Blasée, fatiguée par le voyage et l’enfant, l’italienne se posa au comptoir et appela l’aubergiste d’un geste las. Elle n’en pouvait plus…

Un verre de vin, per favore. Et j’voudrai savoir si vous aviez croisé un jeune homme…. Une vingtaine d’année, qui escorte une donzelle et qui s’appelle Amalio. Z’auriez pas vu un gaillard comme ça chez vous ?

Voilà que la fatigue la rendait aimable !





- Sei l'Ombra, inafferrabile e mortale… La mia piccola sorella di amore. = Tu es l’Ombre, insaisissable et mortelle… Ma petite sœur d’amour.
- Uno figlio ! Quale cane ! = Un fils ! Quel chien !
- D’accordo = d’accord
- Per favore = s’il vous plait.

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Maledic
A l'intérieur du ventre, l'agitation était palpable.
Effectivement, elle l'avait réveillé. Elle l'avait même passablement secoué. On pourrait appeler ça presque de la maltraitance !
Que se passe-t-il ?
Protestant contre ce qui avait osé le réveiller - déjà un caractère de chien le bonhomme - mécontent, il donna un coup de pied pour lui intimer l'ordre de se calmer et de le laisser roupiller.
Non mais oh, c'est moi le chef, alors t'écoute.
Il s'agita dans son antre, remuant un peu à droite à gauche, pour se refaire une position confortable. Et puis tiens, puisqu'elle l'avait réveillée, tant pis pour les bosses.

Un coude resta appuyé contre la paroi, tandis qu'il se rendormait, signe de protestation évidente.


Le voyage, ça, il aimait bien. Il était comme bercé. Et au moins personne ne l'agressait pendant le temps de déplacement.

Vin ? Un petit agitement récompensa la bonne initiative. A force, il y avait pris gout, et c'était toujours une drôle d'expérience : le fils qui sortirait de là aura une chance sur deux d'être complètement timbré.

Mais qu'elle s’assoit donc, et le caresse ! Voilà qui serait bien mieux pour son confort.

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Amalio
À une table de l'auberge, l'italien savourait un verre de vin chaud épicé, désoeuvré. Il n'avait rien à faire depuis quelques jours, la demoiselle qu'il avait escorté ayant fait halte au village pour un moment. D'un oeil désintéressé, il regarda entrer une femme enceinte qui s'approcha du comptoir et s'adressa à l'aubergiste avec un léger accent qu'Amalio ne pouvait que reconnaître. Une italienne ? Alors qu'il tendait l'oreille pour mieux entendre, il surprit son nom... Sa main reposa le verre d'une manière un peu brusque, pris par la surprise. Il interpella la femme :

Signorina? *



*Mademoiselle
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Rodrielle
L'aubergiste s'apprêtait à lui répondre, tout en la servant. Il avait haussé les épaules et lui répondait qu'il ne faisait pas vraiment attention aux personnes qui venaient ici, vu le monde et le travail qu'il avait à faire. Étrangement, la Tatouée ne râla pas. Elle ne fit que soupirer profondément en attrapant son verre, lassée de devoir chercher un boulet en plus à surveiller, aider et surement nourrir... Et puis, pourquoi Aevil tenait tant à ce qu'elle retrouve son fils ? Pourquoi ne le faisait-il pas lui-même, lui qui semblait vouloir connaître sa progéniture. Non, elle ne comprenait vraiment pas et ça commençait à l'énerver.

J'sens qu'on va le laisser se démerder...

Oui, de temps en temps elle parlait à l'enfant qu'elle portait. La Tatouée souhaitait de plus en plus être seule, au fur et à mesure que la grossesse avançait, mais elle ne pouvait faire sans ce parasite. Alors autant lui faire un brin de causette, peut-être que ça l'aiderait à vouloir sortir.

"Signorina?"

La voix italienne derrière elle la fit tiquer. Des italiens, il y en avait de plus en plus dans le Royaume, mais rares étaient ceux qui, comme elle, parlaient encore un minimum la langue maternelle. Alors la Tatouée posa son verre et se retourna vers la personne qui l'interpellait.

Et là, ce fut le choc.

Elle retrouvait son frère partout en ce jeune homme. Le regard, la forme du visage... Des yeux si pénétrants qu'aucune femme ne pouvait y résister. Un charisme naturel qui faisait céder n'importe qui, même elle à l'époque. Il n'y avait aucun doute ; c'était celui qu'elle cherchait.

Amalio ?

L'italienne attendit d'avoir la confirmation qu'il s'agissait bien de lui pour avoir un sourire en coin. Sa main qui ne tenait pas son gros ventre s'étendit vers lui pour le saluer.

Buongiorno*, je m'présente : je suis Rodrielle Corleone.
Je suis ta tante.


Surprise !



*Bonjour

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