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[RP] Ce qu'elle aurait voulu lui dire ...

Mahelya
    ... Et vis versa ... D'une fille à son Père

      Aussi vrai que de loin je lui parle
      J'apprends tout seul à faire mes armes
      Aussi vrai qu' j'arrête pas d'y penser
      Si seulement je pouvais lui manquer

(Calogero Si Seulement Je Pouvais Lui Manquer)

- Dites ... Ma Cousine ... Vous pensez qu'il est encore en vie ? Je veux dire, ce serait tout à fait possible non ? Sur la fiche il n'est fait mention que d'une disparition après tout ... Mais s'il est en vie, pourquoi ne me cherche-t-il pas ? Peut-être que je n'étais pas désirée, qu'un stupide accident ... J'ai bien regardé les dates ... Je suis un bébé arrivé tardivement. Dites, Sindanarie ... Vous l'avez déjà rencontré vous ? Je veux dire ça aurait été possible non ? Ou mes frères peut-être ... Savez-vous si c'était ma Mère ou mon Père le Roux ? J'ai tellement de choses que j'aimerai lui demander ...

Tout était partie d'une banale discussion entre Cousines. Voilà des jours que l’Étincelle bassinait Sindanarie avec ses origines. Parfois cela semblait l'amuser d'autres fois encore elle semblait gênée. Mais pour la Rousse, la Brune était bien la dernière personne vivante portant le même nom qu'elle aussi essayait-elle d'en apprendre davantage de sa part. Savoir qui elle était, devenait au fur et à mesure de son adolescence de plus en plus important. La Vicomtesses des Cars, probablement lasse d'entendre geindre la Flammèche, lui proposa d'écrire. Oui un Vélin sans destinataire que la Licorneuse se proposait de lâcher aux quatre vents avec une peu de chance disait-elle. L'espoir était très mince mais l'idée séduisante et puis Mahelya adorait écrire alors pourquoi pas après tout. Voilà la simple conversation. Celle-ci allait devenir le précurseur d'une correspondance à sens unique, mais qui aiderait peut-être la Flammèche aller mieux dans cette période de troubles intenses qui l'agitaient en ce moment. Il ne fallut pas bien longtemps pour que le premier parchemin soit rédigée et confié à la Vicomtesse brune.

Citation:

    Papa. * écriture tremblante et mal assurée. *

    Voici bien la première fois que j'écris ce mot dans une lettre. Je doute que vous soyez encore de ce monde, voilà quatorze années que vous avez disparu. Je ne sais s'il s'agit d'espoir ou de son contraire, néanmoins j'ose m'adresser à vous même, sait-on jamais. Je me nomme Marie-Amélya d'Elicahre-Kierkegaard, vous ne m'avez sans doute jamais vu ou alors je n'avais que quelques jours, aussi vais-je vous faire une brève description. Je ne suis pas bien grande, pas bien épaisse, pas bien forte non plus, je possède de long cheveux roux et des yeux vert. Mon visage très pâle est parsemé de tâches de Rousseurs. * soupire * C'est ridicule non ?! Que d'écrire à un fantôme du passé en ayant l'impression qu'il apparaitra comme par magie après la première lettre. Faisons comme si ? S'il vous plait. Je m'adresserai à vous comme si vous étiez fait de chair et de sang, et non de souvenir ou d'un peu d'encre noire sur un parchemin vieilli.

    * Petite pause, tant de choses se bousculent, par ou commencer ? *

    Voyons voir, par quoi puis-je commencer cette lettre ? J'aurai tellement de choses à vous demander que mes idées sont un peu en fouillis. Ah oui ! Êtes-vous grand ? Quelle est donc la couleur de vos yeux ? Ou bien celle de vos cheveux encore ? Comment vous-êtes vous rencontré avec Maman ? Comment était-elle ? Était-ce elle ou vous le roux de la famille ? Je suppose que mes boucles ne tombent pas du ciel. Je pense que ce devait être elle, je ne sais pas, peut-être que je préfère quand le roux couronne la tête des femmes. Sindanarie a les yeux verts comme moi, c'est votre nièce à ce propos, la fille de votre sœur. Donc je suppose que mes prunelles viennent des Elicahre ? Est-ce que ... Etais-je une enfant désirée ? Je vous suis arrivée sur le tard. Je ne devais être qu'une accident. Si seulement vous étiez là pour me répondre, je n'aurai pas ce poids là sur mes épaules. Et mes frères ? Comment était-ils ? Que faisaient-ils ?

    * Moue boudeuse la plume s'arrête un instant, avant qu'un léger froncement de sourcils n'apparaisse sur le visage de la Flammèche. *

    L'impatience et la curiosité s’emparent de moi, je crois que pour cette première lettre, je m'arrêterai là. Mais je vous écrirai bientôt Papa. Ne serais-ce que pour vous parler un peu plus de moi. Vous dire celle que je suis, celle que j'aimerai être et ceux malgré le fait que jamais vous ne lirez ses mots.

    Ai-je le droit d'aimer un souvenir ? Je suppose que oui ! Je vous aime Papa. C'est ce que disent les enfants n'est-ce pas ? * Les purpurines se posent sur le vélin, geste dont le Père aurait-jouis s'il avait toujours été en vie. *
    Marie-Amélya. * Une larme s'échappe des cils flamme et brouille le "a" *


RP fermé

_________________
Harchi
    ... Ce qu'elle apprendra un jour ... d'un Père à sa Fille.

      Marie, y a tant d'hommes que je ne suis pas.
      Y a tant de phrases qu'on dit, que je ne te dirais pas.
      Oh oh, Marie, j'aurais tant à apprendre de toi,
      Tous ces mots tendres qu'on sait, moi je ne les sais pas.

(Laura (Marie pour le RP) de Johnny Hallyday)

Voilà que sa Nièce Sindanarie prenait des allures de petit Ange Gardien. Aux Cars, le vieux soldat désespérait de ne pas voir la réconciliation entre lui et sa fille Mahelya arriver. Bien évidemment, Elric, l'ombre de la Vicomtesse Brune s'était chargé de mettre Harchi au courant des derniers évènements qui avaient secoué la vie de la Rouquine. Ainsi était-il au courant que la catastrophe avait été frôlée cette fois-ci. Bien qu’inquiet, Le Vieux Valet, ne pouvait cependant pas écrire à la Petite Étincelle de sa vie, pour prendre de ses nouvelles. Il ne connaissait que trop bien le caractère de la Rousseur. Imaginez une seule seconde l'angoisse d'un père qui apprend que sa fille à tenter de mettre fin à ses jours ? C'est impossible. D'autant que lui savait, que si elle ne retombait pas immédiatement sur ses pieds, elle chercherait d'autres moyens d'arriver à SA fin. L'homme au visage buriné semblait un Lion en cage. Fou, Coupable et Impuissant. C'est là qu'interviennent les bons offices de Fée Sindanarie. Après une discussion sur les routes du Limousin, cette dernière avait conseillé à Mahelya d'écrire à son Père. Bien évidement, pour la Flammèche ce Père était disparu ou mort. Mais la Licorneuse savait ce qu'il en était elle, aussi se débrouilla-t-elle pour que les vélins parviennent à l'Ombre grisonnante. Car oui, depuis quelques mois déjà, Aldraien et Sindanarie savaient qu'Harchi n'était pas Harchi, mais Théobald d'Elicahre.

Là, assis à la table de la cuisine de la demeure vicomtale, le vieux reitre observait l'écriture ronde et fine de sa prunelle. L'émotion étreignait avec violence ce cœur déjà éprouvé par la vie. En toute lucidité, le Valet savait que son heure sonnerait bientôt. Et, étrangement, ce qu'il avait demandé à Aldraien et Sindanarie, à savoir garder le secret sur son identité, lui semblait moins primordial à présent.

Plusieurs jours passèrent ainsi... Plusieurs jours à réfléchir sur ce qu'il devait faire. Qu'elle apprenne la vérité ? D'accord, mais de sa plume et lorsque les pissenlits par la racine il mangerait. Pourquoi alors, ne pas faire un recueil de toutes ses lettres ? C'est ainsi que l'idée germa dans l'esprit fatiguée par les années. Et c'est ainsi que naquit le grimoire sur Elle.


Citation:

Ma Fille * L'écriture est un peu moins soignée et plus anguleuse. *

Pour ma part je t'ai déjà nommé ainsi un nombre incalculable de fois, sans jamais savoir pourtant que tu étais ma chair et mon sang. Ma Douce Marie ... Il y a tant de choses qui mériteraient une explication, que je ne sais par laquelle commencer. Aussi vais-je dans un premier temps répondre à tes questions. Bien que ... Je suis certain que tu as déjà une idée sur mon apparence. Je suis en effet assez grand, malgré mon âge, et ma carrure reste assez impressionnante. Mes cheveux sont gris, mais ils étaient brun comme ceux de Sindanarie dans ma jeunesse. Mes yeux sont vert clair. Ton intuition est donc la bonne, tes flammes viennent effectivement de ta Mère, Sylvine, c'était son prénom. Tu lui ressemble d'ailleurs beaucoup.

* Soupire du vieil homme, comme à chaque fois qu'il évoquait sa femme, les perles d'eau salées se formaient dans ses opales. *


La ressemblance n'est pas tant physique, oh bien sur ta chevelure écarlate et ton regard vert - oui elle aussi avait les yeux verts- aident à la comparaison. Cependant, Sylvine était plus grande et plus robuste que toi, peut-être est-ce parce que nous t'avons eu à un age avancé que tu es si Frêle. Mais rassures-toi mon enfant, Tu étais plus que désirée, même ton frère et ta sœur attendaient ta venue avec impatience... Lucius avait d'ailleurs demandé une permission du monastère afin de pouvoir te visiter. Quant à Christine elle vivait encore avec nous. Tout le monde était là quand tu as ouvert les yeux. Tout le monde sauf moi ... La guerre m'avait rappelé au front. Je m'en suis voulu tu sais, peut-être que si j'avais été présent ... Peut-être que si je n'avait pas pris les armes ... Ils seraient encore là ... Avec nous ... Et je n'aurai pas à te mentir à chaque fois que je te regarde ... Je ne subirai pas ses cauchemars qui hantent mon esprit tourmenté. Cette vision d'elle dans la neige, cette odeur de chairs brulées ... Nous serions heureux Mahelya ... Pourras-tu seulement me pardonné un jour d'avoir abandonner ma famille ? Ce qui a causé notre perte ...

* Les courbes des lettres deviennent irrégulières et tremblantes à mesure que l'émotion gagne le vieux soldat. *


Nous aurions été heureux ma fille, car notre union à Sylvine et moi était une union d'amour. Elle, ambassadrice de Russie venue du froid pour quelques affaires commerciales et traités. Moi, chargé par mon suzerain de l'escorter et de veiller que son voyage se passe au mieux. Son petit accent quand elle s'exprimait en français m'a tout de suite conquit. Et je suppose que quelque chose lui aura plu chez moi, car elle n'a plus jamais quitté le Royaume de France. Elle était tellement belle, douce, gracieuse. Jamais un mot plus haut que l'autre, et toujours les mots justes pour réchauffer les cœurs. Je crois bien que ce don te fut légué ma fille. Tu feras le bien autour de toi. J'ai confiance en toi. Et tu ne m'a jamais déçu.

J'attendrais avec impatience ton prochain vélin. Toute notre correspondance sera reliée en un livre qui te sera dédié. Le moment voulu, il te sera remis, soit par Sindanarie, ta cousine, soit Aldraien, ta Mère de cœur. Le pourquoi du comment sont-elles au courant te sera expliqué au fil de nos correspondances.
Quand le grimoire se retrouvera dans tes mains, Il sera alors important que tu saches, que même là où je serais, je t'aimerai de tout mon cœur. Il sera important que tu ne regrettes rien. Les années et la vie nous avaient séparés et je ne pouvais alors te révéler qui j'étais, pas comme ça, pas si abruptement. Mais sache ma douce que je t'observerai. Et Sylvine, moi, Lucius et Christine te couveront d'un regard bienveillant pour guider tes pas. Ne flanches pas petite Flamme, tu as tellement à donner à ce monde malgré sa cruauté ...

Les souvenirs sont fait pour être aimés, sinon il ne sert à rien de s'en rappeler.
Je t'aime aussi mon Enfant,
Théobald.



Bien évidemment le parchemin ne fut pas envoyé ... Cette correspondance ne serait qu'à sens unique. Mais un jour ... Tout lui sera révélé.
_________________
Mahelya
    L'absence est le plus grand des maux.
(de Jean de La Fontaine Extrait des Fables)
      Est ce qu'il va me faire un signe ?
      Manquer d'un père n'est pas un crime
      J'ai qu'une prière à lui adresser
      Si seulement...
      Je pouvais lui manquer...

(Calogero Si Seulement Je Pouvais Lui Manquer)

Le temps s'étirait alors que le chemin continuait à travers la campagne Limousine et Marchoise. La Frêle, plutôt silencieuse depuis quelques jours, n'en était pas moins heureuse pour autant. Tout d'abord grâce à la présence de "Sa Douce Blondine" Anna, qui l'amusait, l'écoutait, lui parlait ... Une réelle complicité entre les deux jeunes femmes s'installait inexorablement, les rapprochant davantage, une amitié précieuse comme elle en possédait déjà une avec Miel. Mais aussi, parce que quelques pigeons volaient jusque dans le Maine, et revenaient à elle lui portant des nouvelles de Son Ténébreux. A chaque vélin, son palpitant raisonnait un peu plus fort et son sourire s'élargissait plus encore, bientôt pourrait-on admirer l'émail blanc de ses dents, tant elle était heureuse avec Kylian. Sentiments avoués et consommés, Amour inavouables et dont pourtant ils se délectaient, succombant à l'envie, la passion, le respect et l'amour l'un de l'autre. Leurs deux corps enlacés au coin du feu ardant, ondulant au rythme de leurs envies.

Pour l'heure, elle restait néanmoins encore loin de Lui, et le soir, il arrivait à l’Étincelle de rester la soirée cloitrée dans sa chambre confortable et agréablement chauffée. Entre pensées vers Anna et Kylian, parfois son Esprit s'envolait sur le grand mystère de sa vie : Sa famille la Sanguine, Son Père. Une curiosité que malheureusement - pensait-elle - Elle ne pourrait jamais satisfaire. Les rouages de son cerveau essayaient alors de trouver un enchainement logique dans le peu qu'elle savait. Perdue dans ses réflexions, suppositions et hypothèses, il lui arrivait alors de rester des heures debout devant l'âtre qui déclinait doucement, à se balancer d'avant en arrière, cherchant toujours à comprendre le pourquoi du comment, c'était Ce Présent qui était sien. En général, la fraicheur soudaine de la pièce, dû à des Flammes mourantes, la ramenait à la vie réelle. Ce soir, "sa crise" fut plus importante que les soirs précédents, tant de questions qui resteraient sans réponse, tant d'inconnu dans sa propre existence. Une boule s'était formée au font de ses entrailles. Une gêne, un malaise naissant, dont le seul remède serait la solution que lui avait donné sa Cousine Sindanarie.

Une lettre vers l'inconnu, pour combler les manquements de sa vie. Au-moins pouvait-elle formuler ses interrogations, ce qui soulagerait déjà quelques une de ses pensées. Là, dans sa chambre, à ce moment, l’irrépressible envie d'écrire à un Fantôme se fit ressentir et il ne fallut pas bien longtemps pour que le nécessaire d'écriture soit disposé sur le petit écritoire en chêne. Après avoir consciencieusement ciselé la pointe de la plume de cygne, l'encre noir, sous les doigts experts de la Flammèche imprimait sur le vélin courbes et traits.


Citation:

    Papa.

    Encore une fois, ce soir je pense beaucoup à vous, nous, la famille que je ne connaitrais jamais. J'ai espéré en vous envoyant cette première lettre que j'aurai une réponse. Dernière manifestation de la naïveté de l'enfance. Mais les jours passant et n'étant pas très patiente, je dois me rendre à l'évidence, que mes parchemins resteront sans réponse. Oh pourtant je continuerai à vous en écrire. Coucher sur vélin toutes les interrogations, idées, hypothèses qui me viennent à l'esprit, me permet de m'en libérer et peut-être que, là ou vous vous trouvez, vous pouvez observer que je pense à vous ... Pensez-vous que je dois écrire à Maman également ? ... Non, je passerai pour folle, déjà que je suis rousse n'attisons pas davantage les croyances païennes et populaires qui disent que je suis une sorcières. Écrire à un disparu passe encore, écrire à une défunte, devient étrange. Peut-être puis-je vous transmettre un message pour Elle au cas ou vous seriez réunis ? Ce serait bizarre sans doute ... Et puis ... Quoi lui dire à part que j'aurai aimé la connaître et que parfois dans mes songes, j'hume une subtile odeur de roses et de lavande, comme celle dont je me parfume. Avec le poids des années, je ne saurais dire si c'est à cause d'un souvenir que je m'applique cette odeur, ou si cette dernière à créé le souvenir.

    Enfin toujours est-il que cette senteur florale, semble plaire et plus que cela à l'homme qui occupe mes pensées. Kylian de son prénom. Le croiriez-vous si je vous disais qu'il a presque toujours vécu avec moi mais que ce n'est que tout récemment que nous nous sommes trouvés ? Nos cœurs maltraités et éprouvé par la peine et le malheur n'ont fait que se chercher et une fois réunis, ils ont succombé. Je l'aime d'un amour qui me semblait inaccessible et qui pourtant m'est à portée de main. A vous je peux le dire, vous n'irez sans doute pas le répéter à qui que ce soit. Nous fument élevé comme frère et sœur, et malgré le chemin emprunté par chacun de nous, il fut toujours ma priorité, mon repaire, mon Essentiel. Notre idylle demeure pour l'instant secrète, un petit joyaux dont nous nous faisons l'écrin. J'espère que votre Amour à vous était aussi beau et pur que le notre. J'aurai tellement aimé voir vos regard posés l'un sur l'autre. Je suis convaincue qu'il y avait de l'amour entre vous et que même s'il s'agissait d'un mariage arrangé, le temps faisant son œuvre, aurait permis l'éclosion de quelques sentiments. Aviez-vous des gestes tendres l'un envers l'autre ? Vous souteniez-vous ?

    J'ai su que vous étiez Soldat ... Lui écriviez-vous parfois ? Tiens ... Comment étaient vos écritures respectives ? Celle de Maman je l'imagine ronde et harmonieuse ... la votre plus raide un peu comme celle d'Harchi, l'homme qui veille sur moi depuis de nombreuses années, il a un peu prit votre place durant tout ce temps, mais aujourd'hui nous sommes brouillés ... Par ma faute ... Peut-être me pardonnera-t-il un jour ... Je l'espère du moins ... Je vous en parlerez plus longuement dans une prochaine lettre, pour l'instant les question virevoltent dans ma tête et brulent encore mes lèvres. Où vivions-nous ? Comment était notre demeure ? Sentait-elle bon l'amour et la joie ? Est-ce que les rires raisonnaient à l'intérieur ? Quelles étaient les couleurs de la décoration ? Avions-nous un jardin ? Avions-nous des animaux ? Une ferme peut-être ? Est-ce qu'il arrivait à Maman de cuisiner ? Faisait-elle des bons petits plats ? Apprenait-elle à ses enfants à faire des gâteaux ? J'imagine bien les longs après midi en cuisine autour du foyer, à mêler farine beurre et œufs... Un douce odeur s'échappant du feu... Un ragoût crépitant joyeusement dans sa marmite ... Oh oui ... J'imagine aisément tout cela, mais peut-être que je me fourvoie.

    Je vous écrirai encore Papa. Je laisserai libre court à mon imagination et à ma plume, peut-être suis-je dans le vrai, peut-être pas ...
    Je vous embrasse.
    Marie-Amélya.

_________________
Harchi
    Mon âme a son secret, ma vie a son mystère.

(de Alexis-Félix Arvers)
      Marie, le temps passe et me remplit de toi.
      J'n'avais besoin de personne et tant de place pour toi.
      Oh oh, Marie, petit rien du tout mais tout pour moi,
      Tous ces conseils qu'on donne, tu ne les entendras pas.

(Laura (Marie pour le RP) de Johnny Hallyday)

La Fée Sindanarie avait une nouvelle fois fait son Œuvre, apportant au Vieux Soldat, coulant des jours paisibles en la Vicomté de Cars, une nouvelle lettre de sa fille. A vrai dire, cette correspondance à sens unique était devenue la seule attente du Pauvre Harchi qui désespérait de revoir un jour Sa Mahelya en chair et en os. Ces Vélins "envoyés aux quatre vents" lui permettaient au moins d'avoir de ses nouvelles, même s'il ne pouvait s'empêcher d'être un peu déçu que la Rouquine n'ait pas repris contacte avec son Vieux Valet, rôle qu'il occupait pour elle depuis toujours, même si depuis quelques mois dans l'ombre, il était devenu son Père. Elle n'était pourtant plus sous le joug du Balafré. A la pensée de l'individu immédiatement les poings se serrèrent de rage. Nizam ... Un passage fugace dans l'existence de l’Étincelle, mais digne d'une tornade. Le Blond avait tout détruit sur son passage. Sans doute l'avait-il détruit Elle, bien plus qu'elle ne le laissait paraître.

Dehors le jour déclinait enfin, et la pluie tombait drue, martelant les carreaux de la chambre qui lui avait été attribuée. Le vélin encore cacheté reposait sur l'écritoire trônant dans un coin de la pièce. Doucement, le vieil homme alluma une bougie. Il avait attendu de se retrouver seul pour se délecter de l'écriture de sa Fille. D'une main tremblante il se saisit du coupe papier et ouvrit l'enveloppe. Les opales frénétiques s'abreuvaient de chaque mot couché sur le parchemin. Un sourire timide étira le visage buriné lors du passage sur Harchi. * Bien évidemment qu'Harchi a une écriture semblable à la mienne petite Flamme, puisque ton père c'est moi Théobald ... Harchi ... *Le Vieux reitre, une fois la lecture finie, s'accorda quelques minutes afin de réfléchir à la réponse qu'elle lirait un jour. Puis doucement il trempa la pointe de sa plume dans l'encre noire.


Citation:

Ma Fille,

Cela réchauffe mon vieux coeur de savoir que tu penses à moi et à notre famille. Bien sûr je connaissais déjà toutes les questions qui envahissaient ton esprit sur tes origines. Mais avant je ne pouvais y répondre tout simplement parce que j'ignorai que tu étais de mon sang. Ce n'est plus le cas à présent. Et c'est un vieil homme ravie qui couche sur cuir finement tanné les réponses que tu attendais tant. Ô bien sûr, pour le moment seuls moi et ta Cousine savons que tes Vélins trouvent réponse. Mais je te le promets mon Enfant, un jour tout ceci sera entre tes mains Et pour que jamais tu ne t'en sépare, figures-toi que j'apprends la reliure et l'enluminure. Ainsi est-ce un ouvrage que je te léguerait lors de mon trépas. Quand la mort me fauchera, arrachant mon dernier souffle, tu n'auras donc aucune raison de pleurer sur la dépouille du Vieil Homme que j'étais, car tu auras en héritage, un bout de toi, un bout de moi, et un bout de ceux qui n'espéraient que te connaitre et t'élever. Et puis je n'aime te voir pleurer ...

Ô Ma Douce Fille, comment puis-je te dire que je suis si fier de toi, de celle que tu fut, celle que tu es, et celle que tu seras ? De tels mots en Français n’existent pas encore. Ne change rien ma Filia (*). Tu es parfaite telle que tu es, et je ne suis sans doute pas le seul à le penser. Sindanarie ... Aldraien ... A ce propos, tu me dis dans ta lettre être amoureuse de son fils Kylian. Je ne me souviens que trop bien de la complicité qui vous animait lorsque vous étiez enfants. Pas un jour ne passait à Ussac, sans que vous n'inventiez une nouvelle histoire, un nouveau jeu. Toujours fourré ensemble ... Je vous soupçonnais même de vous rejoindre la nuit, pour continuer à chahuter, jouer, ou inventer de nouveaux contes de capes et d'épée, de princesse et de dragon, de magie et fées ... Et bien qu'Arthan soit plus jeune que vous, jamais vous ne le laissiez de côté. trois frères et sœurs, de sang différent mais cela n'avait aucune importance, vous vous étiez trouvé. Je dois te l'avouer, ma Fille, déjà mon vieil instinct pressentait que quelque chose de plus profond prenait vie en toi et le fils de la Baronne. Pire que des Jumeaux, il commençait ses phrases et tu les finissais, et vis versa. Parfois même vous parliez en même temps. Et il n'y avait qu'à voir vos sourires respectifs quand vous étiez ensemble ...

Malgré mes inquiétudes de Père et de Protecteur, je suis heureux de vous savoir réunis, et j'espère sincèrement que la Vie consolidera cette histoire entre vous. Lorsque je fus à Ussac, il y a peu de temps de cela, je ne cessais de répéter à Ta Mère - Aldraien - que c'était un homme comme Lui qu'il te fallait. J'ai le droit d'être fier de ne pas m'être trompé ? En tout cas il a de très bons gouts, sur les femmes puisqu'il t'a choisi, et sur les parfums. Oui Sylvine, ta mère de sang, portait une senteur similaire à la tienne, bien qu'elle ajoutait plus de lavande dans son mélange. Je suis surpris que cela t'ait marqué, après tout tu n'étais qu'un nourrisson lorsqu'elle nous a quittés. Ah... Je me souviens d'Elle comme si c'était hier la dernière fois que je l'eus vu. Je me souviens de son visage souriant lorsque je l'enlaçais quand elle se mettait aux fourneaux. Elle adorait cuisiner et avait refuser qu'on est quelqu'un pour cela. Et moi ... Moi ... J'adorais venir la déconcentrer dans sa tâche et toujours, cela lui faisait naître un sourire, qui soulignait ses fossettes... Mais ce qu'elle aimait le plus, c'est quand je glissais ma main dans ses boucles flammes. Elle adorait cela ... Sylvine était l'amour de ma vie. Nous nous sommes aimés ! Oh oui ! Et chacun de mes départ pour le front était un déchirement pour l'un et l'autre avec la crainte que se serait la dernière fois ...

Pour répondre à ta question, oui on s'écrivait souvent ... peut-être même plusieurs fois par semaine. Je crois que j'ai gardé quelques unes de ses lettres. J'en glisserais une dans le livre que je te prépare. Elle avait une écriture soignée, ronde gracieuse comme la femme qu'elle était. Tu possède cette Grâce ma Fille et ton écriture est presque similaire à la sienne bien que la tienne soit plus fine et plus petite. Nous vivions dans une petite maison perdue dans la campagne tourangelle, proche du Berry. Nous menions une existence simple mais pleine de joie et d'amour. Avec ton frère et ta sœur, nous aimions à discuter de tout et de rien autour d'un feu chaleureux, nous pouvions passer des après-midi entières ainsi. C'était le temps du Bonheur et grâce à toi et ta famille de cœur, j'ai pu revivre des instants aussi agréables. Tu sais, mon enfant, j'ai cru mourir mille fois quand je les ai perdu, je pensais que ma vie était ténèbres désormais, mais tu es entré dans cette noirceur et doucement tu t'y es installée et tu y as déposé une Flamme. Tu ravives les Personnes petite Flamme. Jamais tu ne dois t'éteindre...

Je cesse là ce parchemin, je t'ai déjà raconté beaucoup pour ce soir ! Ne m'en veux pas, je sais bien que je n'ai pas répondu à toutes tes interrogations ! Mais j'entrerai plus dans les détails de notre vie dans un prochain parchemin. Nous devons procéder par étapes, j'ai encore tant de choses à te conter et il serait indélicat de ma part de tout t'écrire en une soirée. La précipitation me ferait sans doute oublier certaines choses et cela ... Toi comme moi nous ne le voulons pas.

Je t'écrirai encore Mon Enfant et j'attends déjà avec impatience ta prochaine missive.
Je t'embrasse.

Théobald.



Bien évidemment le parchemin ne fut pas envoyé ... Simplement rangé dans le coffre en bois, où leurs vélins étaient réunis.
_________________
Mahelya
    Dans une prochaine vie, papa, j'aimerais te reprendre comme père.

(de Bernard Werber Extrait de Toi mon père - récits et témoignages)

      I would hold you in my arms
      I would take the pain away
      Thank you for all you've done
      Forgive all your mistakes
      There's nothing I wouldn't do
      To hear your voice again.

(Extrait de paroles de Hurt, interprétée par Christina Aguilera)

Voilà quelques jours déjà que la Frêle était de retour à Limoges. Était-ce son humeur et le manque de Lui qui faisait cela ? Ou bien avait-elle raison ? Mais la Flammèche avait l'impression de retrouver une Capitale bien vide, aux rues bien calmes. Qu'était-il advenue de l'Euphorie, de la bonne humeur et des longues soirées en tavernes ? Était-ce simplement les fruits de son imagination ? Ou alors était-ce parce que Kylian lui manquait tellement que rien ne lui semblait savoureux sans lui à ses cotés ? Heureusement, sa famille et ses amis arrivaient à accrocher un sourire sur son minois aux tâches de Rousseur. Mais pas une journée ne s'écoulait sans que ses pensées ne se tournent vers le Ténébreux - hum rectification ... Pas cinq minutes ne s'écoulaient sans qu'elle ne pense à lui ... -. Toujours est-il que ce matin là, après avoir rejoint pour le petit déjeuner sa Mère et son frère Arthan, l’Étincelle devait trouver une occupation, parce qu'à continuer de penser ainsi à Kylian, pour sûr, elle aurait vite fait de sombrer dans la Folie.

Assise devant son petit bureau au premier étage de sa maison, les sinoples se perdaient sur l'horizon tandis que les méninges s'actionnaient en quête d'une occupation pour les prochaines heures. La fine main blanche reposait délicatement sur le dernier vélin reçu et qui ne la quittait plus depuis sa livraison expresse directement chez elle, et qui était écrit de la main de son Ténébreux ... Moui ... Vous l'aurez compris penser moins d'une seconde à Lui était tout bonnement impossible pour la Frêle. Amusée par sa propre mignonne petit faiblesse. Mahelya en était à ce demander si, elle ne devait pas répondre au Brun. Mais si elle lui disait qu'elle venait, il n'aurait plus la surprise. Cruel dilemme qu'elle remettrait à plus tard, les mots du cœur sont bien souvent difficiles à traduire en langage courant... Mais elle avait tant envie d'écrire ... Tiens ! Depuis combien de temps n'avait-elle pas écrit à son Père imaginaire ? L'avantage d'écrire à un fantôme ou un souvenir, c'est que l'on peut vraiment tout lui raconter sans craindre d'être grondée. Tout absolument tout ! Et elle avait bien l'intention d'user et d'abuser de ce privilège.


Citation:

    Papa !

    Et voilà une nouvelle lettre de ma plume, je ne sais d'ailleurs toujours pas si vous les recevez, si cela sert à quelque chose que je les rédige, si au contraire elles se perdent dans le néant. Si cela ce trouve, je cause bien des déconvenues à quelques pauvres gens qui n'ont rien demandés. Imaginez le Père de Famille qui recevrait mes lettres régulières ... Imaginez que sa femme pense qu'il la trompe ? ... Je m'en voudrais de causer tant de trouble à une famille qui n'a rien demander. En même temps c'est Sindanarie qui se charge de les lâcher en pleine nature. Je suppose qu'elle sait ce qu'elle fait ! Vous devez bien être de mon avis, c'est votre nièce après tout.

    Enfin ce n'est pas du tout pour cela que je voulais vous écrire, mais j'ai tellement de choses à vous raconter, et tant de question à vous poser. Savez-vous que je vais bientôt prendre la route, Avec Aldraien, celle que je considère comme ma Mère, Arthan, le petit frère de Kylian, et Véra, la future vassale de Maman. Devinez qui nous allons rejoindre ? Kylian ! * le "i" de Kylian est coiffé d'un joli cœur * J'ai tellement hâte de retrouver mon Ténébreux, de me blottir dans ses bras, de m'abandonner à son étreinte, de sentir sa peau contre la mienne ... Hum je ne sais pas si c'est une chose qui se fait entre Père et Fille que de partager ce genre de détails... Mais vous je suis certaine que vous n'allez pas me dire que ce nous vivons lui et moi est interdit.

    Car voilà ce qu me tourmente Papa, Ma Mère adoptive, sa Mère de sang à lui, a dit hier que nous n'avions pas le droit parce que nous avions été élevé en tant que frères et sœurs. Mais je vous le demande à vous ! Comment si cela était vraiment interdit, comment pourrai-je ressentir des sentiments si purs à son encontre ? Comment pourrions-nous nous comprendre d'un simple regard Lui et Moi ? Pourquoi toutes les épreuves que nous traversons chacun de notre coté nous ramènent indubitablement l'un vers l'autre ? N'est-ce pas là un signe du Trés-Haut que lui aussi est pour Nous ? Il faut que je vous l'avoue, pour rien au monde je ne me détournerai de lui ! Si je devais me brouiller avec tout le monde pour Lui, je le ferai ! Il est mon Essentiel. Voyez-vous même !! Je ne vous connais pas, je ne sais même pas si c'est réellement vous qui recevrez mon vélin ... Et voilà pourtant, déjà deux paragraphes consacrés pour Lui. Je n'ose imaginer si quelqu'un d'autre que vous ne tombe sur cette peau finement tannée. * Imagine très bien la scène pourtant. *

    J'espère qu'Ils comprendront ... J'espère qu'Ils accepterons ... Dites ... Papa ? Comment auriez-vous réagi vous ? Auriez-vous été voir Votre Femme pour chercher conseil ? Êtes-vous du genre colérique ? Comment aurait réagi Maman ? Et vous pensez qu'il y aurait eu une dispute entre les membres de la fratrie ? Parce que je crains qu'Arthan n'aime pas beaucoup l'idée lui non plus ... M'auriez-vous pardonné d'avoir fauté par exemple ? M'auriez-vous permise de choisir mon futur Époux ? Comme vous l'avez sans doute compris nous parlerons décoration une prochaine fois. D'autres sentiments me perturbent, autre que la curiosité. Je suis à la fois vraiment apeurée et soulagée en même temps. Apeurée que Notre famille ne comprenne pas et Soulagée par la lettre qu'il m'a fait parvenir... Il a toujours les mots justes, ceux qu'il faut, mais ce qui est beau, c'est qu'ils sont naturels.

    Je vais cessez là mon Parchemin, je pourrai vous vanter ses qualités toute la nuit et le jour suivant. Je pourrai vous décrire son visage pendant des heures ... Mais je doute que c'est ce que vous souhaitez entendre. Et encore moins si ce n'est pas vous mais ce pauvre père de famille qui n'a rien demandé. - A vous désolée. -

    Je vous embrasse Papa.
    Marie-Amélya.

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Traduction : Je voudrais te prendre dans mes bras
Pour ainsi faire partir la douleur
Merci pour tout ce que tu as fait
Je pardonne toutes tes erreurs
Il n'y a rien que je ne ferais pas
Pour entendre encore le son de ta voix.

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Harchi
    Sais-tu ma petite fille pour la vie il n’est pas d’antidote.

(de Serge Gainsbourg Paroles de la chanson Shush shush Charlotte)

      I could stay awake just to hear you breathing,
      Watch you smile while you are sleeping,
      While you are far away and dreaming,
      I could spend my life in this sweet surrender,
      I could stay lost in this moment forever,
      Every moment spent with you is a moment I treasure

(Extrait de Paroles de I don't want miss a thing d'Aerosmith)

Une nouvelle lettre lui était parvenue de sa fille. le premier paragraphe lui esquissa un sourire. Cela c'était sa fille, toujours à s'inquiéter pour autrui. Et toujours à l'imagination débordante. Car lui le vieux Soldat savait que si une lettre était réellement lâchée dans la nature, elle avait beaucoup plus de chance de se perdre à tout jamais que d'arriver dans les mains d'un inconnu. Si grande et pourtant encore parfois si Candide. Exactement comme sa Mère l'était. Et dans les propos de l’Étincelle, Harchi retrouvait un peu d'Elle, sa Douce Sylvine... Il était étrange de voir que même séparée de sa Mère de sang, Mahelya possédait nombres de point commun avec elle. Mais le sourire laissa place en lisant le second paragraphe. Le Vieil Homme savait que la Petite Rousse n'était plus une enfant, et sa rancœur contre Nizam n'avait qu’accroître depuis lors mais il était loin de se douter que sa fille avait renouvelé l'expérience. En temps normal, la colère aurait vriller les entrailles d'Harchi, et Elle, sa Folie serait sans doute réapparue, mais là, il s'agissait de Kylian. Et son vieil instinct lui murmurait doucement qu'avec ce Deschenaux, se serait différent. Bon certes, il aurait préféré rester dans l'ignorance, mais elle était comme ça, son Petit Soleil, franche, honnête et bavarde. Le sourire fendit une nouvelle fois son visage buriné alors qu'il se saisissait de sa plume pour apporter cette réponse qu'elle n'obtiendrait qu'à son trépas.

Citation:

Ma fille,

Je ne peux exprimer par écrit la joie qui étreint mon vieux cœur quand je vois que tu te confie à moi, même si je te l'avoue j'aurai préféré rester dans l'ignorance de certaines choses. Ainsi avec Kylian, vous avez franchit un cap ? Ainsi t'es-tu offerte à lui ... Même si je n'apprécie pas que cela soit avant le mariage, je prie, j'espère, et peut-être qu'au fond de moi, je sais qu'avec Lui ce sera différent. C'est un jeune homme très bien et je me souvient encore de lui enfant. Alalala, j'en ai passé des soirées à vous raconter des histoires à tous les deux, alors qu'Arthan était au collège et Aldraien en mission. Vous adoriez extrapoler les histoires que je vous racontais. Ainsi un simple récit de marin devenait bien vite, une histoire fantastique avec un monstre aquatique. Que j'ai ri mes enfants ! Dieu que j'ai ri en votre compagnie.

Alors oui je suis heureux de savoir qu'enfin la vie vous a réunis, et je ne doute pas que votre Amour viendra à bout des quelques réticences de votre famille. Aldraien, ne pourra qu'accepter en vous voyant l'un et l'autre heureux. N'est-ce pas le souhait de toutes Mères ? Évidemment vous avez été élevé en tant que frères et sœurs, mais Ma Chérie, aucun lien de sang ou de parenté n’existe entre vous. Alors non, cette relation ne m'aurait sans doute pas dérangée, mais j'aurai préféré que vous attendiez le mariage pour vous ... Enfin tu vois. Que se passera-t-il si tu tombe enceinte hein ma Fille ? que se passera-t-il ? Ah mais j'oubliais, tu connais parfaitement les plantes ... Il y a très peu de risque pour un petit né hors des liens sacrés du mariage. M'enfin ... As-tu pensé à ton âme. J'espère sincèrement qu'il te passera la bague au doigt. Je pense que ton frère l'y aurait forcé, mais je doute que querelle vous aurez séparés. Ils étaient tellement heureux d'avoir une nouvelle petite sœur... Je pense qu'ils auraient accepté.

Tu sais, ta Mère et moi, nous aussi nous avons du imposer nos sentiments. Je n'étais que chevalier lorsque je l'ai rencontré. On ne mariait pas une femme de sa condition à un simple chevalier. Mais à un moment, sa famille a bien du se rendre à l'évidence, nous étions fait l'un pour l'autre et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Tu sais je m'en veux tellement d'avoir repris les armes ce jour là ... Tout aurait tellement pu être différent. En tout cas, sache ma Fille qu'elle aurait été fière de toi, autant que la Baronne sans doute. Je suis encore émerveillé par l'amour qui vous lie toutes les deux, alors qu'aucun sang ne vous rapproche. Puisse-t-elle t'accompagner aussi longtemps que le Très Haut lui prêtera vie.

Je t'écrirai encore ma chère fille, et si mes peuvent l'avenir t'aider à affronter la vie, je n'en serai que plus heureux. Tu sais Marie, chaque jour, chaque pas que tu feras, devant toi se trouvera un obstacle. Mais quoiqu'il arrive, ma chérie, quoiqu'il arrive j'essaierai de te guider dans la bonne voix.

Écris moi encore Marie, je t'en supplie. Pour égayer les derniers jours d'un vieux soldat.

Je t'aime.
Théobald.


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Traduction : Je pourrais rester éveillé juste pour t'entendre respirer,
Te regarder sourir pendant que tu dors,
Pendant que tu es loin et que tu rêves,
Je pourrais passer ma vie dans ce doux abandon,
Je pourrais me perdre à jamais dans cet instant,
Chaque instant passé avec toi est un instant que j'apprécie.

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Mahelya.
    C'que j'voulais te dire Reste sur des pages blanches

(paroles de Tu ne m'as pas laissé le temps de David Hallyday)

      Some days I feel broke inside
      But I won't admit
      Sometimes I just wanna hide 'cause it's you I miss
      And it's so hard to say goodbye
      When it comes to these rules.

(Extrait de paroles de Hurt, interprétée par Christina Aguilera)

Les minutes s'égrainent doucement dans cette chambre d'auberge en Bourgogne. Lentement la cire de la bougie se consume et la Frêle, les larmes s'attardant sur ses joues aux tâches de Rousseur, ne comprend toujours pas. Elle n'arrive pas à croire ce qu'il s'est passer ce jour. Aldraien, celle qu'elle appelait Maman, celle qu'elle aimait d'un amour non quantifiable, venait de lui tourner le dos. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle avait découvert l'Idylle naissante et consommée entre elle et Kylian, le fils biologique de la Baronne. La Solitude étreignait le cœur de la Flammèche, plus violemment que jamais. Le regard perdu dans le vague, les souvenirs s'imposait à son Esprit. Des paroles dures avaient été échangées, et elle non plus n'y avait pas été par le dos de la cuillère. Le palpitant trop éprouvé ses derniers temps battait au ralenti comme s'il était fatigué, comme s'il n'en pouvait plus, comme si elle avait brûler toute sa vie. L’Étincelle avait besoin de se confier à quelqu'un ... Plus qu'un ami ... Un Père.

Là, dans le silence régnant, la petite main blanche se saisit de la plume de cygne noire, ciselée un peu plus tôt. Les larmes brouillaient sa vue, mais qu'importe si l'encre bavait sous les gouttes d'eau. L’Incandescente avait besoin de se confier, ce soir, plus que jamais.


Citation:

    A Papa !

    Où êtes-vous ? Pourquoi n'êtes-vous pas là avec moi ? Pourquoi m'abandonnez-vous vous aussi ? Pourquoi ne m'avez-vous pas cherché ? Si vous aviez été là tout serait différent ! Tout serait plus simple et j'aurai le droit de l'épouser, de l'aimer sans me cacher, de vivre et d'être heureuse. Je vous en veux ! je vous hais ! je vous déteste ! * une larme glisse sur le vélin * Tout est de votre faute ! Que vous soyez en vie ou mort, tout cela est de votre fait. Je suis désespérée Papa ! Tant ! Tellement ! Et cela est causé par vous !

    Aldraien ne veut plus me voir, et moi non plus d'ailleurs. Les mots ont été trop loin cette fois et je ne suis pas la fille qu'elle aurait vraiment aimé élever ! Elle préfère tellement Catherine. Oui Catherine, celle qui ne vient même pas la voir alors qu'elle est enceinte et mal en point, celle qui n'est jamais là pour veiller sur Alisa. J'en suis Jalouse, j'en ai conscience mais ce jour... La Baronne a été trop loin, allant jusqu'à me dire que sa relation avec Catherine était particulière parce que la Comtesse avait fait tant pour elle. Je vous le demande ... Qu'ai-je fait moi ? N'ai-je pas veiller sur elle quand elle était endormie dans son profond sommeil ? Jour et nuit ? N'ai-je pas été là lors de cet accouchement ? N'ai-je pas réanimé sa fille ? A croire que cela ne suffit pas pour avoir un peu de valeur à ses yeux.

    Elle me refuse le bonheur avec son fils sous prétexte que nous avons été élevé comme frères et soeurs. Mais rien ne nous lie, ni papier, ni sang ! Qu'y-a-t-il de mal dans cela ? Elle refuse le bonheur à Kylian aussi, ne l'aime-t-elle pas assez pour accepter qu'il soit heureux avec moi ? Ne suis-je pas une bonne femme pour lui ? Ne voit-elle pas qu'ensemble nous sommes heureux. Qu'ensemble, on touche le paradis du doigt. Comment peut-elle nous aimer si peu alors qu'elle clame haut et fort que nous sommes tout pour elle ? Je la déteste ! Je vous déteste ! Vous avez brisé ma vie en disparaissant ainsi ! * une nouvelle larme souille l'encre à peine sèche. * J'espère que si vous aviez été là, vous auriez agi pour m'aider et non me faire encore cotoyer ses sombres pensées qui bien trop souvent occupent mon Esprit ! Vous auriez fait taire ses voix qui me disent de tout balayer dans une colère noire ! Vous m'auriez consolée ...

    Je vous déteste autant que je vous aime !
    Je la déteste autant que je l'aime !

    M.


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Traduction : Il y a des jours je ressens une déchirure en moi
Mais je ne l'admettrai jamais
Parfois j'aimerais me cacher parce que tu me manques
Et c'est si dur de dire adieu
Dans ce genre de circonstance

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Harchi
    J'reste Avec mes souvenirs Ces morceaux de passé Comme un miroir en éclats de verre

(paroles de Tu ne m'as pas laissé le temps de David Hallyday)

      Lying close to you feeling your heart beating,
      And I wondering what you are dreaming,
      Wondering if it's me you are seeing,
      Then I kiss your eyes and thank god we're together,
      I just want to stay with you in this moment forever, forever and ever

(Extrait de Paroles de I don't want miss a thing d'Aerosmith)

Les mots de sa Fille lui était parvenu bien vite, et ce que le vieux reitre avait tant redouté semblait être arrivé. Seul confident - du moins dans son Esprit - de sa Petite Flamme, pas un mot n'avait franchi ses lèvres usées. Harchi avait scellé ce secret de sa fille, ni Elric ni Sindanarie n'avaient été mis au courant. Pourtant, là devant les lettres tremblante de Mahelya, le vieux Soldat se demandait s'il avait eu raison. Peut-être que sa nièce, la Vicomtesse des Cars, aurait trouvé les mots justes pour parler à la Rousse Baronne. Le cœur serré, le vieil homme prit néanmoins la plume, non pas pour une lettre mais bien deux. Car même dans l'Ombre, il s'était promis de veiller sur Elle, de l'aider à avancer dans la vie.Et le grattement de la pointe taillée raisonnait dans sa chambre de la Vicomté.

Citation:

A ma Douce Marie, ma Chère Marie.

Si tu m'en veux, je ne peux que le comprendre, que l'accepter et te demander à genoux on pardon. Me l'accorderas-tu quand un jour tu recevras ces lettres ? M'aimeras-tu même si tu me déteste ? Ne désespère pas mon Enfant, laisse simplement le temps à la Baronne de se faire à l'idée. Elle t'aime tellement, n'en doute jamais. Kylian et Toi êtes visiblement attachés par des liens incompréhensibles pour beaucoup. Il faut laisser le temps au gens ! N'impose pas les choses comme tu as parfois tendance à le faire quand tu es passionnée.

Reposes-toi ma Douce Marie, je veille sur toi. Cette fois-ci, j'espère être digne d'être celui par qui tu as été conçue. Dors ma Douce, ma toute petite. Papa veille sur toi dans l'ombre. Ta Mère, Sylvine, chantait une berceuse à ses enfants pour les endormir, j'espère que dans tes lointains souvenirs, tu retrouveras cette mélodie qui t'apaisera. Ma Tendre Mahelya, tu ne peux imaginer à quel point la culpabilité étreint mon coeur aujourd'hui. Oui tout aurait été différent si j'avais été là. Mais la Vie n'est pas réputée pour être gentille. Alors affronte-là ! Ne la laisse pas gagner ! Relève-toi ma Fille ! Lève ton Minois ! A chaque problème sa solution.

Je t'embrasse mon Enfant, et pense qu'actuellement je t'étreins dans mes bras, te berce lentement.

Théobald.


Citation:

A Aldraien
De Théobald

D'un Père à Une Mère ...

Les mots de ma fille me sont parvenus et j'en arrive à me poser cette terrible question : Quel genre de parents sommes nous pour elle ? Moi qui tait ce secret qui pourtant chaque jour ronge mon esprit, cette folie qui m'a fait la blesser physiquement ... Et vous qui ne souhaitez pas voir que nos enfants s'aiment d'un amour qui nous a nous même touché un jour. N'avons-nous jamais aimé quelqu'un comme cela ? Je ne vous croirai pas si vous me disiez non. Je suis certes âgé, mais il ne faudrait pas me prendre pour plus niais que je suis. N'oubliez pas que j'ai vécu chez vous à Ussac, que j'y ai vu certaines choses. Alors pourquoi interdire cet amour qui finalement n'a rien de répréhensible ? Car Oui, ne vous en déplaise, mais Marie est ma fille, mon sang, ma chair. Je ne désire pas par là prendre votre place, où me montrer supérieur par ce lien qui m’unis à elle. Je me suis bien rendu compte que cela me serait impossible de prendre un jour votre place et ce même si la Vérité finissait par apparaitre, car ma Fille vous aime d'un amour inconditionnel. Vous souvenez vous comme elle a veillé sur vous jour et nuit, s'inquiétant de votre santé qui ne s'améliorait pas, remuant le Limousin tout entier pour vous sauver, alors qu'elle n'avait que huit ans ? Ne me dites pas que vous avez oublié cela. Vous souvenez vous également de la douleur qui étreignait son pauvre cœur quand elle avait cru que vous l'abandonniez, comme moi je l'ai fait alors qu'elle n'était que nourrisson ? Vous remémorez-vous les dangers qu'elle a braver pour vous sauver lors de votre délivrance ? Oui, je suis au courant de sa petite visite au Marché Noir, j'ai quelques contact dans les bas fonds de Limoges. Et bien que je n'aime guère apprendre que ma Fille s'est mise en danger pour un livre, cela ne m'étonne pas d'elle.

Vous vous dites Louve Madame la Baronne, sachez qu'elle doit l'être tout autant que vous. Qu'elle a toujours tout fait pour protéger cette famille qui l'avait accueillie. Sa seule véritable crainte, et bien qu'elle ne l'ai jamais dis, était que vous la repoussiez un jour, n'est-ce pas la crainte de tous les adoptés ? Comprenez bien que chaque jour en votre compagnie est comme un rêve pour elle ... Sa seule crainte est de se réveiller. J'ai grand peine à apprendre que ce jour est arrivé. Permettez moi Aldraien de vous rappeler vos propres mots, lorsqu'un jour j'ai succombé à cette terrible voix décharné qui encombre ma Tête, et que j'ai osé levé la main sur Elle : "Nous ne sommes pas là pour interdire Harchi ! Ce n'est pas notre rôle, nous ne pouvons que conseiller et les laissez grandir et apprendre seul ! Et s'ils se trompent alors nous serons là pour les réconforter et les consoler. " Auriez-vous oublié Madame, ces mots pourtant si sages ? Ces mots qui venaient de vous ? Je n'ose le croire. Rappelez-vous déjà lorsqu'ils étaient enfants, souvent nous disions qu'ils étaient unis au-delà des mots, au delà des liens. Ne vous avais-je pas dit qu'ils étaient les deux moitiés d'un Tout ? Vous aviez sourit ... C'était si évident, n'est-ce pas ? Plus tard encore, vers qui se tournaient-ils chacun lorsque leurs vies étaient sombres ? La vie les a désuni inlassablement mais toujours, leurs âmes et leurs cœurs les ont rapproché. Avons-nous le droit de contrarier ses cœurs fragiles ? Car oui nos enfants sont fragiles et vous-même le savez n'est-ce pas ? Que serait le présent, s'ils ne s'étaient pas trouvé ? Le savez-vous ? Moi je le sais ... Elle se serait probablement tuer, la Folie, pousse à cela ... Et votre fils ? Que pensez-vous qu'il aurait fait ? Je vous le dis, je ne suis pas certain que vous l'auriez retrouvé en vie en Bourgogne.

Maintenant, Madame, laissez-moi vous poser une dernière question. Là encore je tiens à préciser que ce n'est pas mon souhait. Retenez bien cela. Qu'en aurait-il été si je lui avait dit la Vérité ? Si lors de son baptême, alors qu'elle vous en voulez, je lui avais parlé ? Pensez-vous sincèrement que si à cette époque j'avais agis différemment vous interdiriez cet Amour à présent ? Je ne le pense pas non, parce que tout aurait été différent, et pourtant, cela n'enlève rien au fait que c'est vous qui l'aviez élevée enn partie du moins. Je sais que vous l'aimez comme une Fille et elle vous aime sans doute bien plus qu'elle n'aurait aimé ses parents Mais n'oubliez pas Madame, qu'elle était déjà âgé de huit ans quand vous l'avez recueilli ... Que puis-je ajouter pour finir de vous convaincre ? Peut-être une chose. Si mariage il devait y avoir entre elle et lui, N'oubliez-pas Aldraien, qu'elle deviendrait alors légalement votre fille, certes par alliance, mais quel plus beau serment de fidélité et d'éternité ? Je connais Marie, aussi bien que vous, je connais ses ombres et ses lumières, et nous savons que jamais elle ne ferait de mal à Kylian. Ils ont besoin l'un de l'autre et vous le savez tout autant que moi. Ne les empêchez pas de s'aimer, vous perdriez ce combat. Souhaitez-vous perdre deux enfants ? Ou préférez-vous gagner véritablement une Fille qui porterait enfin votre nom sans pour autant oublier le mien ?

Puisse le Très-Haut éclairé votre jugement. Si cette union n'avait pas été ce qu'il désirait pour nos enfants alors jamais il n'aurait éclairé leurs esprits.

Prenez soin de vous, mais ne la délaissez pas. Je vous en voudrai pour cela. Ne reproduisez pas mes erreurs, ne l'abandonnez pas. Vous n'en avez pas le droit.

Théobald.


La première et une copie de la seconde lettre seraient attachées au livre qu'il préparait. Mais le vélin en lui-même trouverait sa destinataire.

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Traduction : Allongé contre toi sentant ton coeur battre,
Et je me demande ce à quoi tu rêves,
Je me demande si c'est moi que tu vois,
Alors j'embrasse tes yeux et remercie dieu que l'on soit ensemble,
Je veux juste rester avec toi en cet instant pour toujours, toujours et à jamais

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Sindanarie
Le soir était tombé. Les Cars s'endormaient dans le silence. La demeure vicomtale, au dernier étage et à la toiture ravagés, s'enfonçait dans l'obscurité quand Sindanarie pénétra dans la bibliothèque heureusement intacte, en rez-de-cour. Elle savait qu'elle y trouverait son oncle, Harchi, Théobald d'Elicahre, qu'importait le nom qu'on lui donnerait. Il écrivait, désormais, et ce qu'il écrivait à mesure qu'elle lui apportait des lettres de sa fille s'entassait pour former un petit opus. Bientôt ce serait un petit livre, à n'en pas douter.

Par lui, elle avait appris officieusement, et sans grand détail, la relation qu'entretenait sa jeune cousine d'Elicahre et le fils de sa cousine Carsenac. Etrange hasard de la vie... Si l'idée avait pu lui paraître curieuse de prime abord, elle s'y était finalement habituée, se rappelant qu'ils n'avaient strictement aucun lien de sang même s'ils avaient, pour un temps, grandi ensemble.

Ce soir-là, donc, Sindanarie avait répondu à une lettre de Marie-Amelya. Et, renouant avec sa famille après un temps de silence, elle avait ressenti le besoin de se rapprocher de son oncle, de lui demander ce qu'elle avait tant espéré, depuis toutes ces années. Des informations sur sa famille. Sur qui était comment, sur qui avait fait quoi. Sur les raisons pour lesquelles, alors qu'elle était légitime, on l'avait considérée comme une bâtarde et renvoyée comme telle, nouveau-né qu'elle était, hors du foyer Elicahre.

L'incendie était peut-être l'élément déclencheur. L'amorce d'importants événements aussi, sans doute... On n'envisageait pas le mariage sans réflexion sérieuse, et elle avait bien longtemps réfléchi, ces derniers temps. La lettre qu'elle avait adressée à
Montjoie au sujet de la marche de Mnémosyne avait été un premier pas, et en avait entrainé bien d'autres. Elle avait tenté de reprendre contact avec son filleul en la Licorne, reprenait goût à ses projets. Et elle n'allait pas s'arrêter là.

Le vieil homme était sur un siège peu confortable, dans une semi-pénombre, quand elle arriva à ses côtés. S'avançant jusqu'à lui elle posa une main amicale sur son épaule, et le salua ainsi qu'elle le faisait quand ils étaient seuls :


Mon oncle ?

Manière de s'annoncer, et de confirmer qu'ils étaient bien seuls. Peut-être leurs entretiens plus ou moins réguliers faisaient-ils jaser ce qui restait au château. Nul doute qu'Elric ferait taire ces commérages, avec l'autorité que Sindanarie lui connaissait. Pour l'heure, ayant la conscience parfaitement tranquille, elle s'en moquait comme d'une guigne.

Ce qui l'inquiétait, en revanche, était la santé de son vieil oncle, déclinante. Il avait parfois des accès de mélancolie qui succédaient à des périodes où une sorte de rage brillait, à peine contenue, dans son regard opalescent. C'était à glacer le sang... Aussi, désormais, sentant venir la fin de la lucidité parfaite de Théobald d'Elicahre, dernier lien connu avec la famille de sa mère et de son Etincelle, n'hésitait-elle plus guère sur ce qu'il fallait faire. Lui offrir tout le confort dont il avait besoin, lui tenir parfois compagnie aux heures sombres où ni lui ni elle ne parvenaient à trouver le sommeil, et lui offrir toute l'affection qu'une nièce a pour son oncle.

Mais elle souhaitait aussi, égoïstement peut-être, en savoir plus. Pour avoir plus qu'une copie du Livre des Vertus portant les armoiries d'Elicahre. Ce soir, le vieil homme parlerait... Elle le lui demanderait. S'installant en face de lui, elle commença doucement :


Pardonnez-moi de vous déranger, je sais que... Les temps sont difficiles. Avec l'incendie, avec ce qui s'est passé avec Marie surtout, je me doute que vos pensées ne sont pas toutes gaies. Et je vous avoue que les miennes non plus, d'autant que j'ai menti à Marie à votre sujet. Je lui ai fait croire que j'étais en contact avec un intermédiaire qui pourrait vous faire passer ses lettres, cela a l'air de tellement la soulager de vous écrire... Je peux la comprendre. J'aimerais tellement pouvoir faire de même avec mes parents !

Allez, crache le morceau. Se penchant en avant, elle prit la main maltraitée par les ans entre les siennes, vieilles d'un peu plus d'un quart de siècle.

... Est-ce que vous accepteriez de me parler un peu de votre soeur ?

Les derniers mots sont à peine murmurés tant, dans les circonstances présentes, la Carsenac était presque honteuse de les prononcer. Demander quelque chose pour elle alors qu'elle se devait aux autres était inhabituel pour elle, pour ne pas dire totalement en dehors de sa façon de faire. Et ce fut les yeux baissés qu'elle attendit la réponse de Théobald.
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Harchi
    Il y a dans la mélancolie assez de poison pour tuer un homme.

(de Maurice Toesca Extrait du Le livre dialogue)

A l'heure où le soleil décline et que la nuit reprend ses droits, tapis dans les tréfonds de son esprit, la Folie guète l'instant où le vieil homme baissera les bras. Mais, comme si la vie s'évertuait à le torturer un peu plus encore - comme s'il n'avait eu son lot de malheurs - une Étincelle et un Lys lui imposaient un sursis. Une étrange histoire de lettres que sa Petite Flamme envoyait et qu'il recevait sans qu'elle ne le sache, auxquelles il répondait à chaque fois et qui, au fur et à mesure, lui permettait de résister à Elle. Bien sur, il arrivait que la fatigue, la tristesse, la vieillesse laissent transparaitre dans ses opales, l'éclat assassin de la Maîtresse de ses nuits, le Vieux Soldat avait bien noté l’inquiétude qui se lisait parfois dans les prunelles de sa nièces, ou encore celles d'Elric, cependant il se devait de résister. Deux ou trois petites choses encore à mettre en ordre avant soit de lui succomber, soit ...

Ainsi, souvent le reitre fuyait la compagnie, ne voulant pas imposer sa déchéance, visible à l’œil nu à présent, à ses proches, et surtout à sa famille. Quel horreur que de retrouver son Sang, sa Chair qu'il croyait avoir perdu à jamais, et les oublier parfois au gré de son esprit dérangé. Car lorsqu’Elle prenait le dessus, plus rien ne le touchait. N'avait-il pas fait ce funeste constat lors de l'altercation avec le Garde Balafré ? Sa volonté se fragmentait et s'étiolait doucement, et le pauvre Harchi s'en rendait bien compte. Un jour, la voix décharnée qui rodait dans ses pensées, le contrôlerait, il en était convaincu, la seule chose qu'il espérait c'est que Mahelya, et Sindanarie ne se trouvent pas à ses cotés à cet instant. Cette solitude qu'il s'imposait n'était pas si rude à vivre, surtout en la Vicomté des Cars, domaine de sa très aimée nièce. L’Immortelle veillait à ce qu'il ne manque de rien, soit correctement installé, et que chaque jour il prenne au moins un bon repas copieux et un peu de vin. Les rouages de sa tête lui jouant parfois des tours, seul, il arrivait qu'il ne pense pas à se nourrir correctement, à dormir un peu, ou à occuper ses journées. C'était surtout pendant ces instants-là qu'il fallait être vigilent. Alors Fragile, Elle risquait de s'éveiller. Heureusement aucun incident n'était à déplorer depuis que sa Petite Marie - qu'il avait fait tomber dans les escaliers - l'avait chassé de chez elle.

N'allez pas croire, que tout était absolument noir dans la vie du Vieux Valet. Il vivait aussi de beaux instants, notamment avec sa Nièce Sindanarie. Au fil du temps, ils avaient instauré une petite sorte de rituel. Quand la lune était haute dans le ciel, et qu'un rayon de lumière filtrait sous la porte de la Bibliothèque, il n'était pas rare que l'un vienne retrouver l'autre. Alors, pour quelques heures, Harchi redevenait l'heureux Théobald d'Elicahre, un oncle et une nièce tentant de nouer des liens, parfois ils discutaient, parfois restaient simplement assis là à regarder dans la même direction. De ces silences, l'homme au visage marqué par le temps, en avait déduis que multitudes de questions s'entrechoquaient dans l'esprit de la petite brune. Bien évidement, il voulait lui répondre, lui raconter un peu de son passé, n'était-ce pas ce qu'il faisait déjà avec sa propre fille ? Pourtant, jamais il ne parvenait à briser le silence. Était-ce la peur des souvenirs ? La peur de sa mémoire défaillante ? La peur que la Folie ne profite d'un instant de faiblesse ? Toujours à se poser tant de questions ...

Là, à la lueur d'une simple chandelle, le Vieil homme rédigeait une fois de plus un lettre pour sa prunelle, sa fille, sa flamme : Mahelya. Quelques mots sur un vélin, finement tanné, un lien qui resterait au delà des ages et de la vie. Il avait encore tant de choses à lui raconter. Soudain, une voix. L'agé se tourne vers la jeunesse, un sourire bienveillant plisse un peu plus son visage buriné, lorsque la main de la femme se pose sur son épaule. Elle prend place et en silence il la regarde, à vrai dire Harchi avait un peu espéré qu'elle ne vienne le rejoindre ce soir. Attentif, il écoute la question qui semblait depuis toujours lui brûler les lèvres. Alors doucement, aussi délicatement que ses vieilles articulations le lui permettent, de l'index il relève le minois de la Carsenac d'Elicahre ne se départant pas de son sourire bienveillant.


- Ma Nièce, n'as-tu donc pas appris à me tutoyer depuis tout ce temps où tu m'offres un toit ? Et n'ais pas honte de poser des questions.

Le sourire s'élargit doucement alors qu'il l'invite à relever la tête. Un Elicahre quelqu'il soit garde la tête haute.

- Ainsi tu souhaites que je te parle d'Eloïse ... Un instant les opales vieillissantes disparaissent derrière leurs volets de chair, un appel à la réminiscence, et aux souvenirs.- As-tu des questions précises à me poser, ou souhaites-tu laisser vagabonder mon esprit ? Je peux déjà te dire que tu lui ressembles beaucoup. Non seulement les yeux dans leurs formes et leurs couleurs, Mais tu possède presque les mêmes traits que son visage et surtout, tu as son attitude, l'attitude des Elicahre, nous sommes parfois un peu trop "forteresse", et pas assez ouverts, Ne trouves-tu pas ? Une pause dans le discours avant que la voix masculine ne reprenne doucement. - Me permets-tu d'écrire tout ce qui sera dit ce soir ? Tu connais mon projet de faire un livre pour Mahelya, sans doute voudra-t-elle connaître, ta Mère également et puis toi aussi, quand il n'y aura plus que cela, tu pourras continuer à t'imprimer d'elle à travers le parchemin.

Le sourire ternis un peu sur le visage du Vieil Homme, sans honte ni réserve aucune, il évoque librement sa fin avec sa Nièce. Elle approche, il le devine, pourvu qu'elle ne le fauche pas trop tôt. Le regard opalescent se fait tendre, doux comme rarement il a été possible de le voir. Et la main usée, tremblante se saisit doucement de la senestre de la Vicomtesse. La Cicatrice est effleuré doucement, la peau serrée. Une poigne tendre de famille.

- Je t'écoute.
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Sindanarie
["Sit sine cura morte futura re peritura, ergo bibamus !" *

Lui a vu la croix qui a marqué la senestre, main mauvaise mais si utile parfois. Main qui mène le cheval quand la dextre brandit le bran d'arçon ou la lance, main qui maintient le bouclier devant son corps, main accessoire mais toujours indispensable, désormais marquée par ses deux ruptures avec Pierre-Louis de Villefort. La première, quand il lui avait assuré que leur liaison n'avait pas de lendemain possible et quand il était retourné se terrer entre les jambes de la Chancelière à laquelle il s'était promis. La seconde, quand elle avait découvert que malgré son prétendu abandon d'Elisa, malgré son retour auprès d'elle et malgré leurs fiançailles et leur proche mariage, malgré surtout l'enfant qu'elle attendait de lui, il l'avait trompée avec celle-là même qu'il disait ne plus vouloir revoir.

Elle avait raconté, un soir, toute l'histoire à son oncle, sans rien cacher de ses propres fautes, les assumant comme telles. A une époque, elle se serait peut-être masquée, se serait cherché des excuses. Mais elle avait évolué, et désormais c'était la vérité pure qui sortait, sans fard, accablante. Et quand les mains du vieil homme en enveloppait les marques blanches croisées sur le dos comme la paume de sa main, elle en concevait un indicible réconfort, surpassant tous les mots qui avaient pu lui être adressés jusqu'alors. Et malgré tout, elle savait qu'elle peinait encore à se débarrasser des vestiges de la "Forteresse" qu'elle avait été, si joliment rappelée par son oncle... Défaut qu'elle s'efforçait de corriger :


Trop fermés ? C'est peu dire, mon oncle ! Mais nous y travaillons, n'est-ce pas ?

Le problème, c'est qu'il faut mettre en mots tout ce qui lui trotte sous le crâne depuis des semaines, des mois. Depuis toujours peut-être. Grandir comme une bâtarde n'a pas enlevé les questions. Connaître, quelques années, une marâtre n'arrangeait rien. Sa mère était-elle comme Angélique de Rumet, la mère de son frère ? Ou était-elle autrement, plus... Plus quelque chose que cette mère adoptive ?

C'est sur un soupir que se closent les yeux de la Carsenac. De l'Elicahre. De cette femme élevée comme moins que rien malgré une légitimité cachée, dissimulée, oubliée finalement. Qu'Elric même ignorait peut-être jusqu'à récemment. Derrière les paupières se forme les traits qu'elle a élaborés, soigneusement, depuis son enfance, pour remplacer cette mère jamais connue. Une dernière fois, l'esprit de sa fille les contemple, et se prépare à les voir voler en éclats, pour retrouver sa véritable mère. Ces boucles châtain aux reflets d'or, ces yeux de noisette piquetés de vert comme des troncs clairs parsemés de feuilles tout juste tombées, cette bouche neutre, à mi-chemin entre l'expression d'un certain bonheur et la contrainte de ne le point montrer.

As-tu peur ?

Un baiser est posé sur le front de l'icône adorée en secret pendant vingt-six longues années, et les paupières s'ouvrent de nouveau pour retrouver le regard opalescent de son sang. Les mots, enfin, viennent.


Je voudrais... Tout savoir. Que tu me parles de ses habitudes, de son visage, de son rire, de ce qu'elle aimait, de toute ta famille, de toi aussi. Que tu me dises ce qui l'a amenée à céder à mon père alors qu'il était censé protéger ta famille, selon Elric. Que tu me parles de ces jeux d'enfants que tu évoquais dans une lettre, toi Chevalier et elle Princesse. Que tu me parles de Marie, aussi.

Un soupir. Là arrive ce qui tracasse aussi Sindanarie depuis le baptême de la jeune rousse. La question qui la travaille et qu'elle n'a jamais posée, parce que ça ne se fait pas, parce qu'on ne mord pas les mains qui vous ont élevées, parce qu'Elric ne le savait peut-être même pas, parce que remuer le passé n'était pas forcément bon, ni un moyen d'avancer. Mais pourquoi...

Et, si tu le peux, je voudrais que tu m'expliques pourquoi, pourquoi il a fallu que je porte le fardeau de la bâtardise alors que leur union a légitimé ma naissance...


* Ergo bibamus, Corvus Corax, musique par là. "Qu'on soit sans crainte de la mort à venir ou des choses passées, et buvons donc !"
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Harchi
    On voyage autour du monde à la recherche de quelque chose et on rentre chez soi pour le trouver.

(de George Moore)

Le sourire fané du vieil homme retrouve quelques vigueurs en écoutant sa Nièce. Ses pensées se bousculent et se confondent. La Folie, la maitresse de son Esprit est refoulée au fond de lui, bâillonnée, muselée, il ne la laissera pas gâcher ce moment en compagnie du dernier membre de sa famille. Non ce soir, il se montrera fort, pour Elle, pour Lui, pour Eux. Tout un passé à reconstruire à partir des souvenirs bancals d'un vieux reitre qui n'a que trop vécu. Les opales se posent sur le visage de la Brune. Tendre, doux, aimant, comme jamais encore il ne l'avait regardé. Comment avait-il passer à coté de la ressemblance de Sindanarie et d'Eloïse ? D'autant plus que la jeune Vicomtesse n'avait pas pris que les traits de sa Mère, beaucoup dans son comportement se rapprochait de ce qu'avait été sa défunte sœur. Le sourire flotte encore sur le visage buriné, tandis que la main calleuse effleure doucement la peau meurtrie de la main de Sindanarie.

- Nous y travaillons en effet, et ne sommes-nous pas aidé par une petite Étincelle ?

Oui ! Le jeune Flamme n'avait pas hérité du trait principal des Elicahre, elle était plutôt aimante et passionnée comme les Kierkegaard, quand elle aimait elle le montrait, pareil lorsqu'elle n'aimait pas ... Rapidement, il en était convaincu le Valet, elle avait bouleversé ce coté forteresse tant de son coté que du coté de sa nièce. Le sourire s'élargit sur les lèvres flétries à cette pensée. Puis Théobald observe, scrute, décrypte les geste de la Brune devant lui. Les questions lui brûle les lèvres, il le devine. * Mon Oncle parle-moi un peu de mon identité !* Car n'est-ce pas ce que désirent tous les orphelins ? Savoir qui ils sont ? La voix raisonne et il écoute avec attention la jeune femme qui lui fait face. Les paupières se ferment sur les iris fatigués ... Tant d'erreur avaient été commise et seule la Pauvre Sindanarie en portait le poids sur ses épaules. Du moins en apparence car cette pointe de culpabilité s'ajoutait au poids déjà encré sur sa conscience. Un soupire s'échappe, les souvenirs reviennent. * Parles vieil Homme ... Parles ! *

- Comme je te l'ai dis, tu ressemble beaucoup à Eloïse, presque tout ton visage est identique, je me demande même comme ai-je fait pour ne pas remarquer cette ressemblance avant. Son nez était peut-être un peu plus large et ses lèvres moins charnues. Elle était un peu plus petite que toi, et bien évidement ne possédait pas la carrure d'une femme d'arme, mais en robe, tu lui ressemble grandement.


Le sourire se fane doucement. La main libre est passée sur le visage ridé. Un nouveau soupire se fait entendre lorsque le vieux Théobald se saisit de la plume pour noter au fur et à mesure que les souvenirs lui revienne.

- Son rire ... Hum son rire ... doux, mélodieux, comme le gazouillis d'une hirondelle. Un vrai avant gout du printemps. Mais elle avait aussi son petit caractère. Tu sais, les Elicahre ne sont pas connu pour leurs éclats de rire. Elle riait peu en société, à peine esquissait-elle un sourire pour montrer qu'elle était amusée. Par contre à la maison, avec les siens c'était autre chose. C'est fou comme nous pouvons être paralisé par cette envie de bien "paraître". Petite pause avant de reprendre sur le même ton calme, nostalgique, voir peut-être mélancolique ... - Elle aimait lire, n'importe quel livre qui lui tombait dans les mains trouvait grâce à ses yeux. Des journées entières passées au coin du feu, ou à l'ombre d'un arbre dans le jardin. Elle adorait les longues promenades en solitaire, à pied ou à cheval. C'était une excellente cavalière, tu sais ? Bien souvent elle a m'a battu lors de nos courses amicales.
...
Quand j'y pense nous avons eu une enfance heureuse, nos parents nous aimaient, nous étions choyés, elle et moi nous entendions à merveille sauf quand j'avais l'idée saugrenue de cacher sa poupée ... Sila ... remarques-tu la ressemblance avec ton propre diminutif ? Mais le reste du temps nous étions inséparable. Et oui, j'étais son chevalier et elle, la princesse en dangers qu'il fallait sauver ... Je ne sais ce qu'il m'a pris de m'engager dans les métiers d'armes, une envie de grandeur et de reconnaissance peut-être ... Je suppose que c'est pour compenser mon départ que mes Parents on fait appel à ton père. J'ai du le croiser une ou deux fois, lors de permission, Eloïse s'amusait de tout ce qu'il disait.
Les opales se scellent au visage de l’Immortelle. - Je suis désolée ma Nièce, je n'avais pas vu à l'époque qu'elle était amoureuse de lui ... Je ... Je ne l'avais pas compris... Tout ce que je voyais c'est qu'il était compétant et prévenant envers chacun, ne laissant jamais rien au hasard.

Le Palpitant de l'homme marqué par les âges se serrent alors qu'il s'apprête à ce confesser à son Sang. Un instant les opales se détournent du visage du Lys, la culpabilité lui devient trop lourde. * Pourras-tu pardonner mon égoïsme ma tendre Nièce ? Pourras-tu pardonner mes silences envers ta Mère ? Accepteras-tu mes failles comme tu le fais depuis un certain temps déjà ? Je ne suis qu'un homme ... Un Homme faible ... *. La langue humidifie les lèvres, le reitre tente veinement de gagner du temps. Enfin, il soupire une nouvelle fois, les souvenirs ne sont pas toujours heureux surtout quand flotte sur ceux-ci l'odeur nauséabonde de l'erreur. Enfin le courage revient doucement, et il affronte, les sinoples qu'il avait connu dans une autre vie... Dieu qu'elle lui ressemble.

- C'est à cette période que je me suis éloigné de la famille. Mon seigneur m'appelait en Tourraine, j'étais jeune et j'avais tellement envie de faire mes preuves en tant que soldat que j'y suis allée. Au départ quelques courriers échangés puis le temps manqua, la volonté aussi et enfin l'envie d'écrire revint mais pour dire quoi ? Les mois c'étaient changé en année. M'en voulait-elle ? Me pardonnerait-elle ?
...
Puis un jour, alors que je ne l'attendais plus j'ai reçu une missive de sa part, m'informant qu'elle allait se marier qu'elle me voulait auprès d'elle. Je n'ai pas hésité, j'ai pris la route au petit matin... c'est une fois arrivé que j'ai appris son décès mais personne ne m'a jamais rien dis sur les circonstances de celui-ci. On m'a juste informé que ton père était parti dévasté par le chagrin ...
...

Je ne savais pas qu'elle s'était déjà marié, je ne savais pas qu'elle avait enfanté. Sinon, tu peux en être sûr, du haut de mes quatorze ans j'aurai tout fait pour te retrouver et t'élever comme si tu avais été ma propre fille ...
La nouvelle de la mort d'Eloïse m'a anéanti, j'ai sombré, je ne te le cache pas j'ai sombré, l'alcool était devenu un moyen d'oublié, c'est comme ça que j'ai dilapidé le peu qui me restait ... Puis un jour ... Mon seigneur m'a demandé d'escorter une jeune fille qui venait d'un pays lointain. Silvine, ta tante. A l'image de Marie, elle m'a redonné vie. J'étais chargé de sa protection ... de fil en aiguille, de trajets en auberge nous sommes devenus proche. Je suis allé en Russie tu sais. Rencontré sa famille, c'est là que j'ai osé lui demandé sa main à son père d'abord, à elle ensuite ...

Que le Trés-Haut m'en soit témoin je ne fut jamais aussi heureux que c'est dix ans passés à ces cotés. Marie fut notre petite dernière, la petite perle d'un couple vieillissant ... Mais l'appel des armes était trop fort et je n'ai su lui résister ... c'est ainsi que j'ai tout perdu jusqu'au baptême de Marie-Amélya ...


Un regard tendre se pose alors sur la Vicomtesse, mais le sourire est sans joie. La vie est cruelle et Théobald ne le sait que trop bien. A chaque fois qu'il trouvait ou retrouvait le Bonheur, le destin se faisait un malin plaisir de le lui arracher encore et encore ... N'était-ce pas ce qu'il se passait avec Marie là maintenant ? Un soupire s'échappe encore alors que la voix raisonne à nouveau.

- Veux-tu en savoir plus encore ?
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Sindanarie
L'icône a volé en éclat, ça n'a pas manqué. La figure douce d'une mère effacée s'estompait en faveur de l'esquisse d'une jeune fille bouillante, bouillonnante, agitée, rêveuse aussi. Sila la poupée lui arracha un sourire, à elle qui avait surtout manié le couteau et, quand elle avait un peu grandi, les épées courtes dans ces âges-là. Il note, pendant ce temps, il note ce qu’il dit, cet oncle trop longtemps perdu. Et elle se délecte de ses mots, elle les boit comme ambroisie lui donnant l’immortalité, comme un philtre qui lui aurait permis, au gré des phrases qui s’égrènent, de remonter le temps jusqu’à avant sa naissance, quand les Elicahre étaient encore une famille unie. Quand Eloïse et Théobald, enfants, incarnaient dans leurs jeux princesse et preux. Quand Eleuthère courtisait discrètement. Avant que tout ne bascule. Avant elle… Et c’est à peine si elle perçoit qu’entre ses lèvres filtre, au beau milieu du discours de l’Ombre d’une Etincelle :

J'aimerais être dans tes souvenirs pour tout voir comme tu l'as vu...

Mais en fait de souvenirs, c'est dans les siens propres que la Vicomtesse replonge un instant. Dans sa tête s'entremêlent deux parcours ô combien similaires. Plus encore, car s'y ajoutent ceux de son père et d'Elric, et d'autres s’invitent de nouveau dans ses pensées. Nemesys et Kashrok ne sont pas loin, et eux aussi ajoutent leurs trainées lumineuses dans l'entrelacs délicat qui se dessine. Et c'est Pierre-Louis qui leur emboîte finalement le pas, insidieusement presque, jamais oublié et toujours présent, discret avec cette petite pique au coeur. Tous ont pris les armes. Certains ont prétendu à la noblesse et d'autres à la Chevalerie, mais tous se sont battus pour une terre, pour une idée, pour des êtres chers, pour un seigneur, pour un Roy.

Songeuse, Sindanarie fixe son oncle. Curieusement, malgré les souvenirs auxquels le temps n’a su enlever leur goût doux-amer, elle éprouve une certaine plénitude. Elle est sereine dans cette bibliothèque, elle la Licorne avec lui le soldat. En confiance. En paix. Le sentiment n’est pas habituel. Dans un campement, en guerre, quelle paix peut-on connaître ? Et en politique, quel repos, quelle trêve peut donc accorder pareil soulagement ? Décidément, il lui faudrait, un jour, rompre cette chaîne-là, cet asservissement, pour ne retrouver que ses engagements les plus purs, dans les seuls services qui montraient un total désintéressement. Le moment viendrait bientôt, et si elle ne l’avait pas encore concrétisé ce soir-là, le terme était bien proche, elle le savait. Il faut savoir se retirer, disait autrefois une Comtesse qui était devenue Marquise… Puis Reine de France. Le silence est désormais installé depuis un moment. Et c’est presque comme si elle se parlait à elle-même qu’elle prononce, finalement :


En fait, toi et moi, nous avons le même chemin. Les armes, les armes et les armes encore. On n'en sort jamais vraiment. Même quand je suis ici, je veille à mettre de côté diverses denrées pour les prochaines campagnes. C'est à ça que serviront les sacs de céréales qui s'entassent dans les celliers de Viam et d'ici. Avant, je pensais le faire depuis la Touraine, mais... Le destin en a malheureusement voulu autrement. Même si, maintenant, je le regrette de tout mon coeur.

Alors que la plus Carsenac de tous les Elicahre est sur le point de se mettre à table arrive, comme pour lui sauver la mise, une idée aussi sotte que grenue. Il lui a parlé de sa mère, il lui a parlé de Marie, un peu. Mais les Elicahre sont manifestement tous forgés du même métal, ils ne se confient guère. Ou qu'entre les lignes, à demi-mot. Les forteresses, cependant, sont faites pour tomber, comme elle-même allait tomber un jour prochain. Elle se doute que son oncle connait quelques failles, et elle-même ne demande qu'à voir ses propres murailles battues en brèche. Que ne donnerait-elle pour montrer une fois, une fois seulement ! cette robe confectionnée pour un mariage qu'elle appelait de tous ses voeux, au mépris des convenances, et qui n'aurait jamais lieu... Cependant... Elle ne sait comment parler, s'ouvrir enfin, totalement, victorieuse d'elle-même et de sa froide réserve. Mais elle espère qu’en provoquant un peu, elle prendra de plein fouet la riposte. Alors Sindanarie n'hésite plus, et ose :

Et toi, Théobald d'Elicahre ? Quelle est ton histoire, mon oncle ? De cela aussi j'aimerais tout savoir. Dis m’en plus, je t’en prie, dis-moi tout.

L'éclat des prunelles de sinople ne ment pas. Avant que tout s'éteigne, avant que l'un et l'autre voguent vers des rivages inconnus pour mieux s'y retrouver, elle a une terrible soif de connaissances, d'idées, d'anecdotes ; passionnément, viscéralement, elle veut savoir.

Tout.

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Harchi
    "Parce-qu'il y a un prix à payer pour tout ce qu'on obtient dans ce bas monde, et même s'il est louable d'être ambitieux, il ne faut pas l'être à n'importe quel prix." Lucy Maud Montgomery.

Le Vieil Homme observe la Brune face à lui. Il pourrait presque deviner, suivre le cheminement des pensées de l'Elicahre. Était-ce l'image que l’Éternelle avait de sa Mère, ou bien, sans le savoir le Vieux fatigué avait explosé un joli rêve ? L'espace d'un instant Harchi tente d'imaginer ce qui trottait dans la tête de Sindanarie. Était-il possible qu'elle ait pensé à Eloïse comme une femme douce, effacée, réservée ? Était-ce cette image qu'elle s'était forgée au cours de sa vie ? Grandir sans parent, ne doit pas être chose aisée il est vrai. Aucun souvenirs, aucun moment partager, aucun modèle à suivre ... Comment trouver alors, celle que l'on est ? Celle que l'on doit devenir ? Comment se construire ?

L'esprit du Fou divague doucement alors que le silence s'installe dans la bibliothèque des Cars. A vrai dire, sa fille non plus n'avait pas eu de modèle à suivre. Pas de Maman à imiter, pas de papa à soudoyer, pas de frères et sœurs à embêter... Aucune traces dans la neige, dans laquelle elle pouvait glisser sa petite chausse. Pourtant ... Pourtant, lui et Sylvine ne s'étaient-ils pas évertuer à former une vrai famille ... Et pourtant ... Pourtant, Il ne restait plus rien. Jamais la petite Rousse ne s'était plainte, ni avant, ni après le Baptême. Jamais elle n'avait posé de questions, jamais elle n'avait maudit le destin de lui avoir tout pris. Du moins ne le montrait-elle pas. Mais au fond de son cœur paternel, le vieux Soldat devinait que les non-dits et ignorance de son passé torturaient ses pensées. Après tout, n'écrivait-elle pas des lettres qu'elle lançait aux quatre vents dans l'espoir infime d'un jour obtenir une réponse de ce Père disparu au combat ?

Le visage buriné s'anime et les canines se plantent avec violence dans le charnu de la lèvre ridée. * Qu'est-ce que je te fais vivre ma Pauvre Fille. Tu cherches un père ... Je suis ton Géniteur, mais voilà bien longtemps que le Père est mort..." Les opales se perdent dans l'horizon lointain de se pensée. Le doute s'immisce dans ses certitudes. Dire, ou ne pas Dire ? Telle est la question. Le peu de raison défaillante qu'il lui reste, lui intime de sceller ses lèvres jusqu'à sa mort au moins. Il connait l’Étincelle, il sait, il devine qu'une révélation pareille, elle ne s'en remettrait pas... Il ne peut ! Il ne veut se résoudre à entacher le Bonheur qu'elle vit désormais au bras d'un jeune Ténébreux qu'il a vu grandir à ses côtés. Le palpitant usés raisonne un peu plus fort - " je ne peux me résoudre ma fille, je ne peux te le dire " - tandis que l'Esprit tente de revenir, de s'accrocher au Présent. Heureusement la voix du Lys raisonne et sort le reitre de ses pensées noirs.

Frénétiques, les opales s'accrochent aux émeraudes et il écoute les remarques. La Touraine ... La Touraine n'est-ce pas là que vit ... Si ! Ainsi sa nièce regrette. Il ne peut que la comprendre. L'amour, le vrai est rare, le reste n'est qu'illusoire. Un sourire compatissant étire le visage marqué par le temps et la main serre son emprise sur la délicate de la Licorneuse. Un murmure, un souffle coloré d'un voix grave s'échappe de la gorge serrée.


- Si tu l'aime tant ma Nièce, pourquoi ne pas lui dire ? Pourquoi ne pas tenter ?

Mais, digne, l'Immortelle ne laisse pas le temps à CE sujet de s'installer et le sourire compatissant du Vieux Soldat se mue en un sourire amusé. Sourire qui disparait bien vite lorsqu'elle lui demande de TOUT raconter. Le souffle lui manque et le cœur manque une note dans ses percutions. La fine main à la cicatrice est lâché tandis que le corps éprouvé de plus d'une quarantaine d'années s'enfonce dans son siège. Les Opales ne peuvent se défaire des sinoples. Un instant le Vieux soldat reste interdit. Veut-elle vraiment tout savoir ? Un long soupire filtre des lèvres d'Harchi. Une fois encore la main caleuse est portée au visage, qu'elle frotte doucement.


- Tout ?! Tu sais ... Je crains que tu ne sois déçue. Il n'y a rien d'extraordinaire. J'ai embrassé une carrière de lame. J'ai connu ma femme par la lame. J'ai été auprès d'elle le plus heureux des hommes. Mais rien n'est gratuit dans la vie et puisque je l'avais rencontrée par l'acier ... Il semble maintenant normal que je l'ai perdu par l'acier ... J'étais sans doute trop heureux ... Il fallait sans doute me rappeler ce qu'était la Vie ... Crois-moi ... Maintenant, je ne suis pas prêt d'oublier cet enseignement ...

Un nouveau soupire ponctue la phrase et le regard se détache pour se perdre sur le sol. Un temps le silence s'installe. Ces souvenirs là sont sans doute les plus douleurs. L'homme sait qu'il doit se maîtrise, ne pas flancher, la Folie n'en profiterait que trop. "Ah Sinda, si tu savais comme il est plus facile d'écrire que de parler pour moi ..."
Et alors qu'on ne s'y attendait plus, la voix grave raisonna soudain.


- Elle était belle tu sais ... Sylvine ... Ma Femme. Plus fine encore que Marie. Plus femme aussi ... Les grossesses avaient eu ce don de la doter de jolies courbes, de jolies formes. Certains la disaient trop maigre. Mais elle ne l'était pas pour moi. Elle était parfaite. Vraiment parfaite.


Un sourire sans joie étire les trait du Pauvre Bougre, qui pleure toujours sa Douce Femme.

- Je n'oublierai jamais notre rencontre. Comme je te l'ai dis, ta mère venait de ... de ... de nous quitter. la Bouteille - peu importait son contenu tant que cela m'embrumait l'esprit - était devenue ma compagne. Présente à chaque instant du jour et de la nuit. Fièrement posée sur une table, allongée dans mon lit, posée à côté de mon baquet ... Elle ne me quittait jamais. Évidemment, ivre la plupart du temps, je te laisse imaginer l'état de ma mise et de mon hygiène. Ce jour-là je devais aller la chercher à la diligence. Sylvine était très coquette. Elle adorait les rubans, les perles, mais ce qu'elle aimait le plus était les plumes.
Oh ... je la revoie encore poser sa chausse délicate dans la fange de la rue, sa robe soyeuse brillant dans les rayons du soleil, ses longs cheveux roux disciplinés sous une coiffe surmontée de quelques hautes plumes. Je fis une grimace ... Me crois-tu ? Oui ! une grimace de dédain de devoir faire le chien pour une nobliote étrangère. Ses yeux verts, vifs et perçants, se posèrent sur moi et elle plissa le nez. Tu sais ?! ... Marie le fait parfois. Et bien c'était exactement la même expression.
Saoul et de mauvaise humeur, je lui lança d'un ton goguenard : He ouais ma P'tite Dame Bienv'nue en Touraine ou fleur bon la bouse de vache.


Un rire amusé s'échappa de la gorge fatiguée.

- Je crois que je n'oublierai jamais ce qu'elle m'a répondu. "Mon nez délicat s’acclimate volontiers de l'odeur des bestiaux, de la votre en revanche, je ne puis le garantir."
Le tout dans un Français parfait, à peine un petit accent sur les "R"...
J'ai su ma Nièce ... j'ai su que c'était elle que j'aimerai. Alors je laissa la Bouteille et chaque jour je m'appliquais à me montrer agréable pour cette poupée venue du froid. Allant jusqu'à coiffer ma tignasse désordonnée et me parfumer de quelques odeurs dont on disait que les femmes les aimaient.


Un sourire tendre s'esquisse sur le visage buriné, alors que les opales retournent à la contemplation de la Brune.


- Elle ne m'avoua que bien plus tard, qu'elle n'aimait pas mon parfum ... Tu te rend compte Ma Nièce, une femme comme elle, me portait de l'intérêt à moi ! Moi, le pauvre Soldat qui n'avait su être là pour sa propre sœur. Mon Bonheur devait faire des Jaloux ... J'ai tout perdu ma Nièce ... absolument tout. Je ne sais quoi te raconter de plus ...

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Mahelya
[Quelques temps plus tard]

    Papa, tu as pris la route sans dire adieu. Papa, tu as laissé mon cœur je t'en veux.

      Ca fait mal de vivre sans toi
      J'ai mal et tu ne t'imagines même pas
      Comme ça fait mal de rire sans toi
      J'ai mal et tu ne reviendras pas

(Extrait modifié de ça fait mal, de Christophe Maé)

Le bout de la plume marque le tempo d'une mélodie que seul son esprit entend. Les prunelles vertes se perdent dans la contemplation du mur sombre qui lui fait face. La chaux se fissure par endroit attirant le regard, le contraignant à suivre ces défauts torturés fait d'angles et de lignes droites, semblables à une blessure, il ne manque qu'un peu d'humidité pour que cela suinte, que cela suppure. La plaie se colmatera bien avec le temps mais jamais ne se réparera totalement. Un soupire s'échappe. Coude sur la table, le menton appuyé dans le creux de sa main, la Frêle aimerait coucher sur papier tout ce qu'elle ne peut dire. Les mots lui manquent parfois, surtout quand il s'agit de lui parler. Père. Papa. Figure fantomatique qui peuple ses rêves parfois. Es-tu blond ? brun ? ou même roux ? Ces question sont futiles, dénuées de tout intérêt. Il y aurait tant d'autres choses à évoquer. L'absence par exemple ... Son Absence ...

Le rythme joué se ralentit, le son se meurt, l'écho se perd, ne reste que la rumeur lointaine du village. Le silence retombe dans cette chambre de fortune et la silhouette maigre pourtant au ventre arrondi, ne bouge plus. Statue marmoréenne, dignes des grands jardins de France, les yeux restent accrochés à ce mur de douleur sans pour autant le voir. Enfin, la pointe se lève et plonge dans l'encre aussi noire qu'une nuit sans lune. Une goutte retombe dans sa fiole et les griffures sur le vélin finement tanné, de la pointe ciselée rompent le silence.


Citation:

    A toi, le disparu au combat en 1447,
    A toi, Papa.

    Voilà bien longtemps que je n'avais eu le courage de t'écrire. Oui, nous voilà utilisant le "tu", après tout, tu n'es pas là pour me l'interdire. Aujourd'hui, je ne te poserai aucune question. Non. je me contenterai de te conter ma vie, ces aventures que tu loupes. Je ne me souviens plus si je te l'avais dit, mais je porte la vie désormais, depuis cinq mois environ. Kylian en est le père évidement et bien que le mariage ne soit pas encore prononcé, il est d'ors et déjà consommé. Nul consentement ou réprobation de ta part, tu n'avais qu'à être présent pour m'éduquer. Au lieu de cela tu es parti, tu nous a tous laissé, et par ta faute, je me suis retrouvée seule. Si tu avais été présent, peut-être alors qu'ils seraient toujours là... J'ai décidé de ne plus me sentir coupable mais tu le sais certainement, il faut toujours un responsable à son Malheur. Je t'ai choisi pour être responsable du mien. Je l'avoue, il est plus facile d'en vouloir à un disparu qu'à un cadavre.

    A l'heure où j'apprends à mes dépends à devenir femme/mère, je me retrouve seule face à tous ces bouleversements. Si petite, être orpheline n'était pas facile, ce n'est rien comparé à la difficulté de maintenant. Il est difficile de porter la vie et de ce dire que ceux qui me l'ont donné ne sont pas là pour partager ce bonheur. Mais le plus cruel reste sans doute ce réflexe stupide qui est de vouloir toujours questionner Maman. "Est-ce normal que cela fasse cela ? Hum j'irai demander à Ma ... à non elle est morte ...". C'est certainement ce qui fait le plus mal : l'absence de vous ... Tu me diras ... Aldraien non plus n'est pas là, mais elle reviendra forcément, j'ai ses Jumeaux à la maison ... Il ne reste que Kylian et moi. Ne te l'avais-je pas dis que nous serions lui et moi seuls contre tous ? Car oui, nous sommes seuls, seuls mais ensemble et il s'apparente de plus en plus comme mon pilier, ce soutien indéfectible dont j'ai tant besoin ... j'aurai aimé avoir Maman à mes cotés me disant que ce dos qui commence à me faire mal n'est qu'un effet secondaire de la grossesse. que ces craquelures sur ma peau, disparaitront ... J'aurai aimé t'avoir auprès de moi, pour menacer mon Fiancé des pires tourments s'il ne prenait pas soin de moi ... Pour vous voir vous chamailler sur la façon d'élever un fils ...

    Mais vous êtes désespérément absent et le resterez toujours. On ne peut réécrire le passé n'est-ce pas ? Je resterai donc seule avec Lui mon Tout, digne, prête à affronter la vie à ses côtés, non pas pour vous honorer, non ... Mais parce qu'il le faut. Ce jour funeste, Mes bourreaux m'ont fait gagner ce droit de vivre, ne dois-je pas l'utiliser jusqu'à son dernier souffle ?
    Un jour peut-être, la vie fera en sorte de réunir un disparu et une orpheline mais pour l'heure je ne peux me retenir qu'à ton silence et ton absence.

    Je t'aime et je te hais,
    M.


La cire est apposée et comme à chaque fois, le vélin atterrira au domaines des Cars, où Sindanarie se chargera de l'envoyer au gré du vent - soit disant.
La plume de cygne noir doucement et reposée, cette fois ce sont les doigts fins qui battent la mesure de ce rythme muet. Hormis ce léger mouvement de balancement, l’Étincelle redevient effigie de marbre, silencieuse et immobile. Le temps égraine ses minutes, une respiration calme se fait alors entendre dans son dos. Les éclats émeraudes s'accrochent à ce miroir qui reflète la carrure de son Ténébreux endormi sur le lit. Et d'un pas fluide et léger, où seul le bruissement d'un tissus caressant le parquet trahit un mouvement, la Flamme se glisse dans les bras de l'être aimé pour y quérir un peu de repos.

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