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[RP] Le Griffon m'a tuer.

Finn
Ouvert aux différents protagonistes de l'épisode fâcheux, bien entendu.


C'est la fin. L'ultime étape d'un rapatriement des vétérans d'Anjou sans heurt, ni remords.
Depuis l'aube, la troupe chevauche. Tonnerre s'est exilée sous le pas coordonné des sabots ferrés et du roulis des carrioles pour que puisse se mesurer au loin l'enceinte crénelée de Sémur la fortifiée.

A la vue d'un attroupement battant pavillon fleurdelisé étroitement lié à celui de moribonde Champagne, la tête de peloton déchante. Les ennemis d'hier sont les amis d'aujourd'hui, n'est-ce pas ? Alors le vieux seigneur de Cazayous compose et s'annonce bruyamment.


- « Lance Royale, faites pla..ce. »



L'Irlandais plisse la paupière et affine la prunelle avant de pivoter sur sa selle afin de consulter ses comparses. Sur sa trogne, la perplexité se tartine par couches superposées alors qu'un contingent d'hommes d'arme s'est lancé à tout crin dans leur direction.


- « Aouch ! », s'écrie-t-il subitement après avoir prêté le flanc à 'l'allié'.

Un trait d'arc lui fauche sournoisement la couenne du séant et s'y empale, le précipitant à bas de son coursier napolitain.

- « Hell ! My arse... They knocked me arse over tit ! »
[« Bordel ! Mon cul... Ils m'ont fait tomber ! »]

L'incrédulité prête un regain de souche maternelle à son verbe lequel, indigné, n'écarte pas la menace se profilant par vagues caparaçonnées. En un rien de temps, la soldatesque submerge les rangs des rapatriés comme l'on fait saillir une chienne par un loup. A l'improviste, une gaillarde escarmouche dénuée de sens s'engage alors.

Et de fait, une confusion crasse.

L'estoc effilée d'une hallebarde s'invite dans la faille du harnois et perce à dextre l'épaule parée d'acier. Chancelant, le Gaélique braille à s'en faire tomber les gencives et navre de sa fausse-patte, à la dague, l'assaillant suivant dans un élan rageur. Le sang qui descend de son bras en rigole l'avertit.

Il est temps de sonner la retraite.



08/02/1461 04:05 : Vous avez frappé Deeppurple. Ce coup l'a probablement tué.
08/02/1461 04:05 : Giulietta. vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.
08/02/1461 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Le Griffon Champenois" dirigée par Maxdph.

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Gaetan
Il a beau avoir eu de l'avancement, et ne plus suivre à pied les adultes à cheval, le môme n'en reste pas moins à la traîne. Et quand je dis à la traîne, c'est une looooongue traine. Vraiment longue. Et traînante.

Flanqué d'une Calamité poitevine, le manchot passe plus de temps à tenter de remettre le baudet dans le bon sens qu'à suivre la marche hétéroclite qu'il accompagne. Avouez que les rênes n'ont clairement pas été inventées par quelqu'un à qui il aurait manqué un bras, et qu'une rêne d'ouverture constamment tirée à droite, et bien ça conduit n'importe quelle mule, du Poitou ou d'ailleurs, et même têtue, à virer à droite. C'est comme ça.

Or, et pour sûr, c'est dans l'unique but de maltraiter ce pauvre enfant, que Finn a décidé de suivre une route droite. Ceci dit, Gaetan entend bien là qu'il s'y trouve une certaine logique, de celles qui voudraient qu'on n'avance pas tellement en tournant sur soi-même...

Toujours est-il que le rouquin n'est pas en première ligne. Loin de là. Non pas qu'il ne le veuille pas, mais plutot conséquemment aux raisons ci-dessus exposées. Et pourtant...

Ah il a fière allure, le môme des bois, le Montalbanais, le manchot indigne, le rouquin mort de faim ! Juste avant de quitter Saumur, il avait gagné une immense fortune à un jeu un peu stupide... et après une discussion avec Rosalinde, dont nous aurons l'occasion de reparler, il avait décidé de ne pas l'économiser, et en bon pré-adolescent pré-moderne mais aussi précoce, il avait tout dépensé en vêtements. Une cape par-ci, un mantel par-là, des bottes pour remplacer... bah rien, il ne portait rien de tout ça avant. Mais maintenant... tout a changé, il est élégant comme un bar tabac, et tant pis s'il n'a plus rien à boulotter, au moins il meurt de faim avec classe et distinction. Et au chaud !

Et en seconde ligne. Ce qui lui permet, une fois n'est pas coutume... ah non, attendez, pour la seconde fois en fait, de manger bien moins que Finn, huhu. N'allons pas jusqu'à dire qu'il ne sent rien, mais la grave blessure ne l'envoie pas ad patres, ni même aux portes de la mort, il est à peine grièvement blessé. De quoi ? on ne sait pas. Sur le corps maigrelet de l'enfant, on ne distingue plus vraiment ce qui est une blessure, une engelure, une cicatrice, une brulure... on va dire qu'il a mal et qu'il tombe.

Le baudet se cale près de lui. Car une Calamité peut en cacher une autre. Et clignant de l'oeil comme au premier jour, il babille dans l'air frais un vague :


- encore ? je venais à peine de guérir... Puis, se regardant, dépité. Ils ont troué mon mantel...

08/02/1461 04:05 : Koroseth vous a porté un coup d'épée. Vous avez été grièvement blessé.
08/02/1461 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Le Griffon Champenois" dirigée par Maxdph.

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Rosalinde
Somnolence entre les malles. Affalée sur un chariot, le dos soutenu par un mantel replié qui lui sert de coussin, et ensevelie sous une épaisse couverture de laine, la Rousse alterne les phases de sommeil et de semi-conscience sans réellement s'en rendre compte, une main toujours posée sur son ventre. Chaque jour depuis leur départ de Saumur avait été éprouvant au plus haut point pour la future mère, qui entre les affres de la grossesse, la fatigue du voyage, et surtout son petit cœur en bouillie, était constamment sur les rotules et bien heureuse quand elle pouvait trouver un peu de repos. Dormir, c'était une belle chose à faire. Ce qu'elle ferait, en rentrant à Sémur, elle en était persuadée. Dormir pour s'évader d'un quotidien qui promettant d'être plus pesant que ce qu'elle avait toujours vécu jusque là. Et attendre que le bébé vienne au monde. Elle serait mieux prête à l'accueillir si elle engrangeait un maximum d'heures de sommeil d'ici sa naissance, ce qui n'avait pas été le cas jusqu'à présent.

Bercée par les cahots, la situation était idyllique pour son petit somme... Si ce n'était ce rêve qu'elle faisait, et qui vint tout gâcher. Elle se revoyait, coincée contre le mur de la taverne, et Moran, couteau à la main, déchirant sa chemise. Elle ne parvient pas à résister, et tout en tentant de le repousser, vainement, se concentre pour ne point hurler. Elle refuse de lui faire ce plaisir. Et puis l'Ibère relève la tête, et plante ses prunelles sombres dans les siennes.


- Tomaré tu hijo... lui dit-il.

Regard horrifié vers son ventre, sur lequel cette fois ce ne sont pas des arabesques, qu'il a gravé au couteau, mais une croix, une énorme croix, deux droites se coupant à l'endroit exact de son nombril. Oh, elle aurait paniqué, hurlé, l'aurait frappé de toutes ses forces, si elle ne s'était pas réveillée à cet instant précis. C'est la voix de l'Irlandais qui la sort de sa torpeur, un œil s'ouvre lorsqu'il annonce "lance royale". Déjà elle s'apprête à retomber dans les limbes de son inconscient, quand... Un cri, le bruit d'une chute, et le son caractéristique de dizaines de sabots qui martèlent le sol. Alertée, elle se redresse. Mauvaise idée, avant même qu'elle ait le temps de se retourner, une violente douleur irradie depuis son omoplate. Une flèche, dont heureusement la progression a été stoppée par l'os. Et une flopée de jurons qui s'échappent en rang des lèvres (non-purpurines rappelons-le) de Rose.


- Aïe ! Bordel de cul de mer... Ho ho.

C'est qu'ils foncent droit vers eux, tous ces hommes en armure. Et voilà qu'elle commence sérieusement à baliser quand elle voit Finn écroulé au sol, un trait très élégamment planté dans le postérieur, et jurant en anglais. "Ça y est, c'est la fin des haricots", pense-t-elle, tout en cherchant fébrilement à détacher son stylet de l'intérieur de sa manche. Quelques mois plus tôt, elle se serait sans aucun doute ruée vers l'époux, en pensant pouvoir le protéger, comme à Essoyes. Ce n'était toujours pas l'envie qui manquait. Néanmoins, quelque chose de plus important encore la retint. Elle n'était plus seule. Il n'y avait pas que sa vie qui était eu jeu. Elle ne prendrait pas de risques inconsidérés, non. Elle allait protéger son bébé, et ce même si protéger voulait dire fuir, ou lâchement se cacher. Plus rien d'autre ne compte, et même pas la douleur dans son dos, qui pourtant lui donne envie de hurler, alors qu'elle saute de la charrette.

Trop tard hélas. La troupe belliqueuse est là, et foin de quartier, c'est un nouveau coup qu'elle reçoit, encore plus douloureux peut-être que le premier. Un coup d'épée, qui lui fend le flanc gauche, la déséquilibre et la fait choir au sol. Pas même un mot, ou un cri, simplement un gémissement avorté, coincé dans sa gorge par un souffle coupé. Sans doute serait-elle restée là, et l'aurait-on achevée, si, mue par un réflexe salvateur, elle n'avait pas eu l'instinct de ramper se mettre à l'abri sous la charrette.

Au moins, là, elle pourrait agoniser tranquille.


08/02/1461 04:05 : Kiki vous a porté un coup d'épée. Vous avez été grièvement blessé.
08/02/1461 04:05 : Aradias vous a porté un coup d'épée. Vous avez été légèrement blessé.
08/02/1461 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Le Griffon Champenois" dirigée par Maxdph.

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En RS du 24 février au 3 mars !
Astana
.
    « Desolate wasteland »


Chevauchant à la droite du Grisonnant, la scandinave se fait taiseuse. Les pensées noires, elle rumine, le museau grincheux enfoui au sein d'un col montant qui lui couvre la moitié du visage. Il faut voir l'ambiance moribonde qui règne en maître au sein du cortège hétéroclite en marche. La Bourgogne ne semble pas réussir à l'assemblée ; et pour une fois la blondeur ne fait pas exception. La vue des troupes champenoises envoyées en guise d'accueil n'arrange en rien son humeur. Un nuage furibond assombrit le faciès danois qui s'empresse de consulter son vieux comparse et employeur.

Encore des champenois. Ça pousse comme des mauvaises herbes ou qu...

La bestiole devient raide comme un cadavre quand elle comprend.

Tout s'enchaîne si vite alors, ce sont les flèches qui pleuvent et les lances vaillamment précipitées sur eux. Les chevaux paniquent, celui de la Danoise se cabre tandis qu'elle tente en vain de rejoindre la position de l'Irlandais tombé au sol. Acte misérable qui lui vaut le glissement d'une lame ennemie dans la chair de son râble. Elle hurle, rabattue sur l'encolure de l'animal.


Brænd I helvede !

L'incision, trop légère pour être complètement assommante, confère à l'Astana une dose de rage employée pour mettre pied à terre. On verra plus tard pour le massacre. Jetée dans la mêlée, elle balance haineusement son bouclier dans une trogne champenoise et se fraye un chemin jusqu'au Gaélique en souffrance. L'heure n'est pas aux moqueries induites par la flèche ayant élu domicile dans son séant. D'une main ferme, le bras droit est agrippé pour l'arrimer autour de ses épaules. Relevés, le Joyau et son Écrin battent en retraite près des charrettes, où deux toisons rousses se dessinent dans le paysage. L'illusion sécuritaire d'être ainsi regroupés la pousse à considérer le sort du Cazayous d'un peu plus près.

Il lui sera impossible de continuer avec un corps étranger aussi bien monté dans l'arrière train. Ils le savent tous les deux.


Vous me faites confiance ?

Sans attendre de réponse, les états d'âme sont foutus au placard lors qu'elle ampute la tige aux trois quarts.

...

C'est comme ça.



* Paysage désolé.
** Brûle en enfer ! en danois.


08/02/1461 04:05 : Votre bouclier a été détruit.
08/02/1461 04:05 : Alicia vous a porté un coup d'épée. Vous avez été légèrement blessé.
08/02/1461 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Le Griffon Champenois" dirigée par Maxdph.

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Niria_helene
[Fauchée en plein vol.]

Petite Altesse Royale embarquée bien malgré elle parmi cette troupe hétéroclite, pour la plupart des inconnus pour la fillette.

Mais sa Mère a dit, alors elle obtempère, une fois n'est pas coutume. "Vous allez suivre Finn afin de nous rejoindre en Bourgogne et ne pas vous faire remarquer."

Bon les mots n'étaient peut être pas exactement ceux là, mais on aura compris l'idée générale : "Avance et tais toi".

Alors elle a suivit la petite, elle a rongé son frein d'avoir été abandonnée à l'arrière, blessée autant dans sa chair que dans son amour propre.
Personne en Anjou n'avait été capable de lui expliquer les raisons de sa présence au dispensaire, ni pourquoi elle ressentait cette douleur atroce à la base du crâne. Quel mauvais coup avait elle bien pu prendre ?

On l'avait soigné, sans mot dire, et on l'avait laissée repartir, comme si de rien n'était.

Et depuis, la petite Niria souffrait le martyr en silence, avec le sentiment qu'un marteau et une enclume avaient pris possession de sa tête. La douleur ne la quittait presque plus, l'obligeant souvent à plisser les yeux pour tenter de diffuser le mal.
Mais elle ne disait rien, comme on le lui avait ordonné, et elle serrait les dents.

"Soyez fière Altesse".

Vous en avez de bonnes vous, c'est que ça fait vachement mal !!

Bref, c'est donc à bord de la charrette transportant les vivres de La Lance Royale, que Niria a parcouru la distance entre Angers et la Bourgogne, prostrée dans un silence douloureux.

Que diable faisait elle donc ici ?

Bientôt elle allait les revoir, sa Mère, sa soeur si délicieusement détestée, le Petit Prince, le Germanique Ernst VonMachinChouette, Georges et tous les autres.
Bientôt oui ...

Mais cela bien sûr était sans compter les aléas du destin qui encore une fois allaient s'abattre sur la malheureuse innocente.

Elle les entend avant de les voir.
Les sabots des chevaux.
Le fracas des armes.
Les cris de ses compagnons d'infortune.

Et ce sifflement dans l'air, annonciateur du pire.
Cette flèche qui file vers elle, comme au ralenti, et qui vient se ficher en pleine poitrine.

...
... ...
... ... ...

Petite Princesse Royale qui s'effondre dans le fond de la charrette. Poupée de chiffon inerte, ballottée au rythme de la retraite annoncée.

Et sur le tissu ébène de sa si jolie robe, une rose de sang qui ouvre un à un ses pétales comme les paupières enfantines se referment.


Ma ... man ...

Et quelque part dans les cieux, un pigeon qui erre sans but, missive* à la patte que jamais la gamine ne lira :




Excuses champenoises

De nous Hersent d'Ar Sparfel, Dame de Maizières et de Vignory
Capitaine Royal de Champagne

A vous Damoiselle Niria_helene, altesse royale

Salutations et paix,

C'est avec horreur que j'ai appris votre mauvaise rencontre avec l'armée champenoise commandée par le Général en Second de l'Ost champenois, sieur Maxdph.
Je sais qu'il n'y a pas de mot pour excuser cette lamentable erreur qui est de mon seul et unique fait. Je n'ai pas percuté lorsque j'ai lu la composition de la lance dont vous faisiez partie et j'ai omis de signifier au GES Maxdph d'ôter Messire Finn de sa liste ennemie.

C'est avec humilité que je vous présente mes sincères excuses.

Respectueusement

CR Hersent


08/02/1461 04:05 : Votre bouclier a été détruit.
08/02/1461 04:05 : Votre arme a été détruite.
08/02/1461 04:05 : Rackam29 vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.
08/02/1461 04:05 : Koroseth vous a porté un coup d'épée. Vous avez été sérieusement blessé.
08/02/1461 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Le Griffon Champenois" dirigée par Maxdph.


*Posté avec accord de l'auteur.

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© Crokie
Finn
Si prudence est mère de sûreté, confiance ne fait certainement pas partie du ménage. Pourtant, le Gaélique s'y risque depuis quelques temps déjà. Aussi, le souvenir d'une passation de gage blanc brodé d'un 'B' d'or avec la Scandinave suffit à l'enhardir, prêt à se soumettre aux bons soins de l'Ecrin dévoué à sa survie.

- « AHH ! »

Pas suffisamment, apparemment.

Pataud, le corps engourdi par la douleur qui saillit de muscles jusque-là ignorés, l'Irlandais parvient à s'accouder à la charrette leur faisant une couverture provisoire. Partagé entre ire et incompréhension, le vieux briscard se permet un rapide calcul.
Devant, le gros de la menace armée, qu'il serait fol de chercher à percer.
Ici, un ratio défavorable dans la distribution des mandales.
Et derrière, peut-être une dernière chance de voir demain.

Halte à la boucherie, on remballe.

Indifférent au consentement de l'irrévérencieuse employée, le Grisonnant s'arrime en même temps qu'il la guide d'une main de fer afin de rallier sa selle. Et croyez-le, ce n'est pas de gaîté de cœur qu'il se hisse sur sa monture avec le soutien d'une femme. Enfin, de son 'Ecrin', se console-t-il.

Une solide grimace fige ses traits. La posture s'allonge, le buste couché sur l'encolure. Un demi-tour exécuté à bride abattue de sa seule main valide le place en mesure de héler un à un ses suivants. Les montures de trait sont menées depuis sa propre selle dans une cacophonie de hénissements affolés et d'ordres excédés . L'Ecrin fera sans doute sa part d'héroïsme, non sans renâcler, elle aussi. Quant au borgne tuberculeux, Dieu seul sait où sa carcasse finit ses jours. Le reste n'est que femmes et enfants.

La retraite annoncée, les blessés comme les morts éventuels sont emportés sans tri.
On enterrera plus tard.


[Tonnerre – Terre d'Église.]


Un hospital de campagne à l'orée du bourg accueille les affligés de la matinée. De confession mêlée, la troupe y échoue en dépit du bon sens. Au milieu des humbles qui s'y entrechoquent sous le regard miséricordieux du clergé romain l'administrant. Retour à la case départ pour la lance qui n'en a plus que la pugnace prétention.
Aux pieux assistants, l'Irlandais se présente sous bannière croisée, la réelle n'ayant su convaincre leurs propres alliés. Un alibi de choix que les frères et sœurs n'objectent pas à l'heure où les navrés de tout bord s'entassent en leurs murs.

Affalé sur l'avant, le verso soumis à examen du Tout-Puissant, l'Insulaire prie. L'aristotélicien, le romain, interroge l'enchaînement malheureux l'ayant conduit à s'engager à rebours d'une part coriace de ses convictions. Dans l'ignorance la plus pure du sort de sa compagne devant l'Eternel et de leur rejeton en devenir, l'inquiétude lui serre le poitrail. Et ce malgré les mots et la décision ferme de s'en éloigner. L'instant suivant, son cœur palpite pour la précieuse chair d'Agnès.

Puissent-elles n'avoir à déplorer qu'un fer de flèche champenoise planté dans l'arrière-train et une épaule perforée.

Péniblement, le chef oblique sur le pageot, la taiseuse voisine scandinave en ligne de mire.


- « Qu'est-ce que vous avez branlé en Champagne ?! »
_________________
Astana
[Tonnerre — Autour de nous les fous]


Comme un goût de déjà vu dans le fait d'être pieutée à se faire tripoter par des inconnus. Allongée sur le ventre, l'entaille du râble exposée à vue, l'exténuée blondeur fait une fixette sur la senestre entachée d'un sang qui n'est pas sien. Celui du Gaélique, et des autres. Un long soupir s'échappe de la barrière formée par les lèvres de la scandinave. Sourcils froncés, elle revoit le chaos du rapatriement des corps inanimés en sûreté, et celui du rouquin entre ses bras sur la monture. L'héroïsme, ça pue et vous impose des états d'âme là où il n'y en a pas d'habitude.

De la condition de ses compagnons, la Danoise n'en a pas la moindre idée.
Ce qui l'agace au plus haut point, tandis qu'elle se surprend à se faire du mauvais sang pour eux.

Nouveau soupir.

La voix pinailleuse de l'Irlandais la sort de sa torpeur. Ses propos sont accueillis par un grognement.
Elle coupe court à toute pensée vagabonde qui pourrait bien la mettre à mal.


À part m'y faire appeler Alfrude ? Pas grand chose.

S'appuyant sur les coudes, l'Écrin se redresse quelque peu.


C'est plutôt à vous qu'il faut poser la question. Vous avez une flèche logée dans le séant.

... ça sent la vengeance personnelle, quand même. Pour être ainsi humilié.
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Gaetan
- moi j'ai rien fait du tout...

Mais ça, tout le monde s'en fout, bien entendu... Le môme, discret et taiseux à ses heures, ne peut s'en prendre qu'à lui même si sa présence ne laisse que peu de traces et encore moins de souvenirs. Ce qui dans le cas présent l'arrange bien, finalement, puisqu'il est donc impossible qu'il soit à l'origine de l'étrange attaque dont ils ont été les malencontreuses victimes... Pour une fois qu'ils n'étaient pas en train de faire la guerre !

Gaetan il trouve ça un peu répétitif en plus la guerre. On s'ennuie, on s'ennuie, on s'ennuie, on mange mal, on se re-ennuie, et d'un coup on meurt. Ou avec un peu de chance, on passe 15 jours à avoir mal. Et ensuite ? bah on s'ennuie encore un peu avant de rentrer à la maison. Mais même là, on ne peut manifestement pas y échapper : on a encore mal, et on ne peut plus bouger.

Rosalinde croyait qu'il voulait être chevalier quand il serait grand. Il avait ri. Parce que pas du tout, mais alors il veut être chevalier comme un sourd a envie de se faire lire une histoire. Comme un aveugle veut aller au théâtre, comme un vieux aimerait avoir de l'acné. Au moins.

Non, Gaetan, il rêve de calme, d'un champs à lui, et pourquoi pas un jour, une échoppe. Où il pourrait fabriquer des trucs, même s'il ne sait pas encore quoi. Il rêve de s'installer quelque part où il ne serait plus le petit manchot que l'on aperçoit parfois au bout de la rue municipale, mais quelqu'un de reconnu, au point qu'on en oublierait son handicap. Voilà ce dont rêve cet enfant. Et d'être entouré aussi. Mais ça, c'est pas gagné pour l'instant, même si parfois des ébauches se dessinent, si parfois on lui permet de découvrir l'effet que ça fait d'être aimé. Katina... Rose... Matalena, à sa manière. Des femmes qui avaient pour point commun de l'avoir fait se laver. Est-ce ça, finalement, aimer quelqu'un ? le vouloir propre ?

Le môme en est là de ses réflexions métaphysiques quand il se rend compte soudain qu'il manque des voix autour de lui...


- elle est où Rose ? Et les autres que je connais pas ?

Il essaie de se redresser, mais sur un coude, rien de moins aisé, et il a trop mal aux côtes pour rouler sur le côté afin d'apercevoir la salle. Il ne peut que s'en référer aux autres.

- FINN ! elle où Rose ? elle est chouette Rose, même si elle étouffe les bébés, je l'aime bien.
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Hersent
[Campement du Griffon champenois, Sémur]

Réveil des plus désagréables pour le Capitaine Royal de Champagne quand elle reçoit les rapports de combats au petit jour: une lance complète décimée et aux cris poussés par Amory, cela devait être la boulette du jour!

Elle lit et relit les noms et comprend enfin ce qui a provoqué le drame: nom d'un chien... Finn!!!! Il était listé sur les personnes poutrables à vue par les armées champenoises. Elle devient pâle, a du mal à tenir debout, réalisant la bourde énorme qu'elle a commis... et pourtant au QG, elle aurait dû se souvenir que Finn avait été retiré des listes.
La nausée lui donne des hauts le coeur, son estomac se noue: palsambleu!!! Elle avait délisté Finn de la liste ennemie de son armée "Les Ailes du Pentale", au début de la chasse au Thoros. Délistage effectué à la demande du Roy en personne. Elle avait mis en ami nombre de personnes au passé trouble, personnes qui rejoignaient les rangs de l'armée du Roy. Elle l'avait fait pour Les Ailes mais n'avait pas répercuté le délistage pour les deux autres armées champenoises qui n'étaient pas appelées à bouger de leur cantonnement.

Puis, il y avait eu la rencontre avec Alea Furor VI de Thoros, bataille inattendue qui lui avait fait perdre le commandement de son "bébé" en raison d'une sévère blessure. Quelques semaines plus tard, les Ailes regagnaient Reims et le Griffon ralliait, en l'embarquant dans ses rangs, la Bourgogne... et elle avait oublié ces délistages. Aussi, n'avait-elle pas réagi lorsqu'en salle de QG, la Reyne avait prévenu qu'une lance de renfort arrivait à Sémur, elle en avait donné la composition... Finn.... Finn... misère c'est cet oubli qui a provoqué ce gâchis!

Maintenant, il fallait se rendre au QG pour expliquer et assumer son erreur devant la Reyne en personne... d'autant qu'il y avait sa fille parmi les victimes. Hersent en était malade, elle était mère elle aussi, elle savait qu'il n'y avait pas de mots pour exprimer la douleur maternelle devant une telle nouvelle.
La honte lui rongeait le ventre et faisait trembler son corps lorsqu'elle se rendit devant la Reyne. Comment expliquer les blessures, les disparitions d'une fillette, du favori du Roy, Sa Grasce Falco, le vassal de la Reyne, Finn... justement... Finn!

Elle avait tenté de préparer sa prise de parole mais au moment M, elle ne put que présenter sans fard l'énormité de sa bourde, expliquant comment au début de cette chasse au Thoros qui allait déclencher des batailles en série, elle avait ôté des noms mais seulement dans la liste de l'armée qu'elle commandait et comment elle avait oublié de le signifier à son GES Maxdph, commandant du Griffon Champenois.
A l'issue de ses explications devant la Reyne, elle avait présenté sa démission.... refusée....

De retour au campement du Griffon, Hersent prit son écritoire de voyage, rassembla huit pigeons et commença à rédiger une lettre d'excuses...Comment commencer à expliquer l'indicible et l'impardonnable???

Elle inspira longuement, tint fermement sa plume et la trempa dans l'encrier puis commença à écrire:


Citation:
De nous Hersent d'Ar Sparfel, Dame de Maizières et de Vignory
Capitaine Royal de Champagne

A vous ....

Salutations et paix,

C'est avec horreur que j'ai appris votre mauvaise rencontre avec l'armée champenoise commandée par le Général en Second de l'Ost champenois, sieur Maxdph.
Je sais qu'il n'y a pas de mot pour excuser cette lamentable erreur qui est de mon seul et unique fait. Je n'ai pas percuté lorsque j'ai lu la composition de la lance dont vous faisiez partie et n'ai omis de signifier au GES Maxdph d'ôter Messire Finn de sa liste ennemie.

C'est avec humilité que je vous présente mes sincères excuses.

Respectueusement

CR Hersent


Hersent écrivit à chacune des victimes, son coeur se serra lorsqu'elle adressa l'une d'entre elles à la fille de la Reyne, la jeune, trop jeune pour mourir, elle espérait de tout coeur qu'elle se remettrait de ses blessures, Niria_helene... et si pareille horreur était arrivée à sa fille, à elle??? Elle n'aurait qu'une seule envie.... faire rendre gorge à l'auteur de ce crime! Elle comprit l'immense mansuétude de la Reyne, femme de principes mais aussi très pragmatique.

Puis la huitième lettre fut prête à être roulée puis attachée à la patte du dernier messager ailé, elle était adressée à celui qu'elle avait oublié de faire délister:


Citation:
De nous Hersent d'Ar Sparfel, Dame de Maizières et de Vignory
Capitaine Royal de Champagne

A vous Messire Finn, Seigneur de Cazayous

Salutations et paix,

C'est avec horreur que j'ai appris votre mauvaise rencontre avec l'armée champenoise commandée par le Général en Second de l'Ost champenois, sieur Maxdph.
Je sais qu'il n'y a pas de mot pour excuser cette lamentable erreur qui est de mon seul et unique fait. Je n'ai pas percuté lorsque j'ai lu la composition de la lance dont vous faisiez partie et n'ai omis de signifier au GES Maxdph d'ôter votre nom de sa liste ennemie.

C'est avec humilité que je vous présente mes sincères excuses.

Respectueusement

CR Hersent


Elle pria le Très Haut que ces huit personnes lui accordent leur pardon... même si elle était en délicatesse avec ses représentants temporels en raison de sa présence en Bourgogne.

La journée continuait son cours, le Capitaine Royal se rendit auprès d'Amory de Jouarre, Maréchal de France, pour lui présenter sa démission de ses différentes fonctions champenoises.: autant boire le calice jusqu'à la lie.

Le plus difficile dans tout cela fut la sensation de solitude et de vide devant l'ampleur de la catastrophe. Mais que dire des souffrances infligées aux victimes qui ne demandaient qu'une chose: rejoindre une armée pour épauler les forces du Lys.

Pour la première fois, elle goûta l'amertume de l'erreur, celle qui coûte la vie à autrui... son ancien Capitaine le lui avait bien dit ... être CR c'était assumer et regarder sans faux fuyant les victoires comme les désastres, les réussites comme les erreurs. Lui, il en avait vécu et à un moment, n'en pouvant plus, avait choisi de partir... du côté des limbes de l'après-vie. Elle, Hersent, ne choisirait pas cette voie.... elle avait moult raisons de vivre, même avec cette infamie qui la poursuivrait jusqu'à la mort, et d'espérer en un avenir serein et doux. Elle avait assez fui, depuis trop longtemps, et se rendait compte que la fuite n'était jamais la solution.


Elle assista à l'envol groupé des messagers ailés, bruissements soyeux et échappée d'une beauté à couper le souffle, paradoxe de la guerre.

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Finn
L'arcade se hérisse, levée vers la Scandinave surgie des limbes.
Si le ridicule de sa posture lui échappait jusque-là, Dieu soit loué, ce n'est plus le cas.

L'Irlandais remue et s'échine à vouloir contempler le désastre sur sa croupe, sans succès. Les tiraillements de son fondement mêlés à ceux qui navrent son épaule lui fichent une grimace amère sur la trogne.
L'explication de l'incident malheureux s'en trouve provisoirement repoussée alors qu'il reporte son attention sur son jeune page.


- « Cessez d'piailler, mon garçon, et affrontez la situation en homme. En vrai. Tout l'monde est làAÏEEUH ..! »

Comme l'on retire une épine d'un pied, le personnel ecclésiaste attaque brusquement son séant à la grosse pince pour en déloger la pointe de flèche enfouie. Le fer froid fourrageant sans vergogne ses chairs, le Gaélique en mord les draps. Ce faisant, la pogne valide bat les airs en moulinets stériles visant à arracher un œil à ses bourreaux.

Non, tu ne porteras point la main sur tes frères...
Allez, vas-y douille plutôt.

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Isaure, incarné par Rosalinde
Sur une monture louée pour l'occasion, Isaure chevauchait, un sourire cousu aux lèvres. Elle redécouvrait cette liberté de mouvement, ce sentiment de légèreté qui lui avait tant fait défaut ces derniers mois. Son fils n'était plus une entrave à la vie. Blotti contre le sein lourd et nourricier d'une fille de ferme choisie pour la profusion de lait qu'elle semblait produire, il dormait du sommeil du juste et souvent, la jeune mère venait s'assurer de sa bonne santé, s'inquiétant souvent de savoir s'il respirait encore et s'étonnant qu'il puisse autant dormir. Elle avait beau se vanter de la robustesse de son enfant, elle n'était pas sourde à cette triste réalité qui voyait mourir tant d'enfançons si rapidement.

Quand elle n'observait pas son fils, l'œil débordant d'amour, elle s'offrait une petite course avec le vent, pressant résolument les flancs de sa monture. D'un bout à l'autre de l'étrange cortège, tout le monde pouvait alors profiter de sa présence et de son babillage. Gaetan subissait les railleries incessantes de la brune, tandis que Finn devait supporter ses reproches continuels. Rose, elle, jouissait désormais d'une place particulière dans le monde isaurien et se voyait offrir bien plus de sourires et gentils mots que de piques désobligeantes. La jeune Altesse, quant à elle, était respectée et sa santé, certes moins importante à ses yeux que celle de sa chair, l'inquiétait tout de même et il lui arrivait, souvent, de venir faire quelques pas à ses côtés.
Rosalinde
Et puis l'armée était arrivée. Et si on ne devait reconnaitre qu'un mérite à Isaure, c'était celui d'aimer son enfant peut être plus encore qu'elle-même. La nourrice, voyant le péril arriver, s'était carapatée sans demander son reste, et laissant l'enfant là où il était, blotti dans son couffin, bien calé sur le chariot. C'est la mère qui avait parlé. Rompant la première vague de soldats, elle s'était précipitée au bas de son cheval pour protéger sa progéniture, en confiant son fils vagissant à Rose qui avait déjà roulé sous le véhicule. Et elle n'eut pas le temps de retourner jusqu'à sa monture pour s'emparer de son épée, que déjà une lame champenoise l'avait jetée au sol, inconsciente et sanguinolente.

[Tonnerre - Aussi]

Lentement, les paupières lourdes de Rose s'ouvrent. A l'obscurité succède le flou. Un flou blanc, blanc comme le plafond de cette salle éclairée par la lumière crue d'un après-midi d'hiver, aveuglant. Les cils papillonnent, sans rien d'autre à charmer que de l'air, et la chaux de ce plafond. Et puis doucement les prunelles s'habituent à la clarté nouvelle, alors que se réveille la douleur, qui lui vrille le flanc gauche et l'épaule droite. Après tout, pourquoi ne gâcher qu'un seul côté ?
Une fraction de seconde plus tard, à nouveau l'obscurité se fait sur les yeux de la rousse, le temps d'un nouveau battement de cils, à la faveur duquel perle une larme, aveu muet d'une souffrance tue d'une morsure de la lippe inférieure.

Les souvenirs affluent, le pourquoi, le comment, et sa dernière vision avant de sombrer, évanouie, le fils de Judas et Isaure. Qui choisit cet instant propice pour se manifester, d'un gentil gazouillement que font les bébés, quand tout baigne pour eux. Malgré d'incessants bourdonnements, et passant outre la douleur, elle tourne la tête, pour vérifier : Oui, il est là, tout près d'elle, gigotant dans son couffin d'osier posé sur le chevet de son lit, faute de mieux sans doute.

Un fils en amenant un autre, il ne lui faut que le temps de réaliser d'où provient le principal élancement, pour qu'en un bond elle se retrouve assise dans son pieu, geste ô combien douloureux qui lui arrache une nouvelle larme salée et un horrible rictus. Non loin, un homme crie. Pensée fugace, il doit s'agir de Finn. C'est la voix de Finn. Elle ne peut s'en assurer, car trois draps blancs tendus autour de son lit lui empêchent toute vérification visuelle. Et du reste, ce n'est nullement son époux qui occupe son esprit en ce moment précis.

Sentencieuse, la couverture tombe, dévoilant une nudité rendue nécessaire par l'urgence, débarrasser les chairs des lambeaux de tissu poisseux de sang, et faciliter le travail des soigneurs. Là, tranchants comme une évidence malgré la faible différence de carnation, elle ne voit qu'eux. Ces bandages qui lui enserrent le ventre, ce ventre rond, plein de vie, que l'on croirait à présent momifié.


- Bouge. Bouge. Bouge. Bouge.

Frénétique supplication qui s'échappe en un souffle des lèvres de la Rose. Il ne bouge pas. L'évidence s'impose, atroce.

- Non.

La voix s'étrangle dans la gorge, et puis la litanie reprend, l'hystérie croit.

- Non. Non. Non non non. NON !

Et puis un cri, animal, plainte déchirante résonnant jusqu'au fin fond de l'hospice. Son petit, son tout petit ne se manifestait pas, éteint dans ses entrailles. Panique, elle suffoque, les mains crispées sur son ventre. Non, pas lui... Tout, mais pas lui !
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En RS du 24 février au 3 mars !
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