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[RP] Stakhanovisme & bienséance – Acte V

Actarius
L'entretien privé de la veille avait-il apaisé les tensions ? A priori, rien ne semblait avoir changé. Un silence de mort régnait dans la pièce où étaient réunis Grand Chambellan et Grand Maître des Cérémonies pour les deux dernières entrevues des candidats au caducée noir "bis". Le regard du Vicomte était rivé sur la missive de le demoiselle et ne souciait que peu de l'occupation de la Prinzessin. Son visage marqué par la concentration ne laissait transparaître aucun bouleversement palpable et pourtant, il était bel et bien profondément troublé. En se levant, il avait cependant pris son parti et opté pour une ferme résolution. Dans le cadre de ses fonctions, il contiendrait toutes les émotions aussi diverses que contradictoires qui le tenaillaient en présence de la ténébreuse icône. Une fois quitté ses charges, la donne serait peut-être différente, mais il s'efforcerait de suivre le même chemin.

Sa lecture terminée, le Languedocien fit venir un garde.
Faites venir Demoiselle Aranelle du Ried, je vous prie. Dès la disparition du plancton qui laissa la porte ouverte derrière lui, les yeux du Phénix se portèrent jusqu'à sa "voisine". Belle, définitivement belle.
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Aranelle
La Ried, le teint légèrement nacré par un précédent séjour dans le Sud du Royaume de France, où l'éblouissement de l’astre solaire égalait celui de la Reyne Béatrice de France, reçut une réponse à sa missive envoyée au Grand Chambellan, lors de son retour au duché de Trun. Quelques jours avaient passé depuis l'envoi d'une lettre présentant sa postulation à la charge de Maître des Cérémonies, et l'impatiente de recevoir le pli tant attendu s'était fait sentir, surtout pour les plains pages de ses parents, qui avaient goûté au caractère sauvage d'Aranelle, qui manquait plus ou moins de patience. Et à ce moment, elle en manquait cruellement.
Aspirer à devenir Maître des Cérémonies n'était pas seulement pour elle une simple fonction qui remplirait ses folles journées. C'était aussi l'occasion de se remettre en question, et d'établir un bilan. En effet, cette charge serait pour elle un changement total de vie. Elle qui habitait dans un château où elle était choyée à longueur de temps, elle devrait alors se rendre au Louvre, où se serait à son tour de s'occuper et d'assurer les grandes cérémonies royales et autres, ainsi que les conviés des dites cérémonies. De plus, elle avait se désir de ce rendre utile, d'un autre moyen que sa carrière politique en Alençon.
Lorsqu’elle eut fini de lire la lettre rédigée par le Vicomte de Tournel, un sourire étira ses lèvres finement dessinées. L'entretien était prévu dans peu de jours. Elle exigea qu'on la conduise à la capitale afin se trouver quelque robe qui puisse faire honneur à son rang, et à ce prestigieux entretien, au Louvre, rappelons-le. Les Galeries LaFayottes seraient parfaites, où par ailleurs de nouveaux ateliers et maisons de confection fleurissaient de jour en jour. La Jeune Fleur, richement vêtue pour se rendre à Paris dans le but de trouver accoutrement qui la vêtirait comme jamais elle ne l’avait été - vous suivez ? - fut prise d'une infâme quinte de toux, et espérait ne pas contracter la peste. De quoi aurait-elle l'air, avachie et à moitié trépassée dans un fauteuil, en compagnie du Grand Chambellan et d'une Princesse Impériale ?

Quelques jours plus tard... c'était le grand jour ! Aranelle, à nouveau en manque de patience, était arrivée à Paris dans un carrosse aux couleurs de sa famille, comme à chacun de ses déplacements, plus ou moins lointains. Elle était vêtue d'un robe coloré d'un vermillon effacé bordée de dentelle cousue de fil d'or, et parée d'un pendentif ambré, et d'anneaux eux aussi d'or. Le véhicule s'arrêta. La blonde foula les palets parisiens, et releva la tête ; elle faisait face au Louvre. Les prunelles observaient avec insistance le Palais, et la richesse du décor. Elle ne se lasserait pas de contempler les ornements de roche, mais il fallait qu'elle se rende le plus vite possible à son entretien. L'intérieur du Louvre surpasserait d'autant plus la beauté de la façade extérieure. La Ried fut à nouveau prise d'un accès de toux, ce qui ruina son moral. Comment ferait-elle pour ne pas toussoter lors de son entretien ? Si elle n'y arrivait pas, cela lui vaudrait peut être un échec. Elle décida de ne plus y penser, et se dirigea vers le lien où l'attendait le Grand Chambellan et le Grand Maître des Cérémonies.
La porte était ouverte. Elle n'arrivait pas à apercevoir les prestigieux examinateurs de sa prestation, et attendit. Un court instant après son arrivé devant la pièce, un garde qui officiait au château vint la chercher. Dès qu'elle entendit son nom, la blonde subit une montée d’adrénaline. Elle entra dans la fameuse pièce, d'un pas lent. Elle était meublée et décorée avec goût, et avec la richesse due à une pièce se trouvant dans le palais français. Devant elle, le Grand Chambellan, et le Grand Maître des Cérémonies. Elle inclina la tête, puis releva le front.


- Votre Altesse, Votre Seigneurie, je suis honorée de vous rencontrer, dit-elle angoissée, malgré qu'elle n'y laissait rien paraître. Elle s’assiérait sur le fauteuil qui lui était réservé lorsqu'on l'y aurait invité. Le cœur battant, elle attendit, ses prunelles ne se détachant pas du regard des deux notables qui lui faisaient face.
Actarius
Impitoyable Languedocien ! Oui, c'était bien le terme pour cet homme, dont les perles de Terre de Sienne brûlée s'arrêtèrent longuement sur la demoiselle, la fille de son com-pair. Ce fut sans doute interminable pour elle, horrible cette sensation d'être scrutée peut-être déjà jugée rien que sur son apparence. Car si le regard du Phénix n'avait rien de pervers, il n'en demeurait pas moins inquisiteur. Et ce silence, éphémère pour lui, éternelle pour elle, le Grand Chambellan finit par le briser.

Prenez place Demoiselle du Ried, commença-t-il dans un oïl irréprochable et irréprochablement teinté d'oc. Je vois avec plaisir quel soin vous avez porté à votre mise... Il quitta alors sa posture droite et martiale pour un maintien un peu plus nonchalant, mais toujours convenable. Ah ! L'apparence..., ajouta le "colossal" Languedocien à l'allure si militaire, tandis que son regard, presque amusé se portait vers un ciel qui ressemblait fichtrement au plafond d'une pièce bien décorée. Le visage se détendit tout à fait, un soupir s'échappa, un peu comme s'il avait l'intention de longuement discourir. Soudain, ses yeux revinrent sans prévenir sur l'héritière. Et alors qu'on aurait pu croire, qu'il allait se perdre en une longue tirade sur l'apparence, son ton se fit corsaire. On l'attendait au large que déjà il abordait avec un effet de surprise "magistralement" manigancé. En quoi l'apparence est-elle fondamentale à la Cour et quels officiers se chargent d'y veiller tout particulièrement au sein de la Maison Royale ?
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Aranelle
Elle était là, droite, figée, mains jointes, à se demander lequel des deux Grands Officiers prendrait la parole le premier. Les paris étaient ouverts, et elle misait sur la Princesse. Après tout, une femme, c'est plus bavard qu'un homme. Et, le Vicomte de Tournel semblait bien plus occupé à défigurer et analyser chaque tissu de la jeune femme. Regard inquisiteur qui devenait plus pesant à chaque seconde. Puis, malchanceuse, ce fut l'Euphor qui l'invita à s'asseoir. La Jeune Fleur hocha la tête, et s'assit délicatement sur le luxueux fauteuil, placés de l'autre côté de la table qui séparait le candidat de le Princesse et du Pair. Sa main droite recouvrait toujours sa main gauche, tel un suzerain recouvrait les mains de son vassal à la recherche de protection ; seul signe extérieur de l'anxiété qu'éprouvait la Ried lors de ce moment fatidique.
Un silence, tout aussi perpétuel et pesant que le regard du Pair, régnait sur la « salle des entretiens ». L'Euphor continua alors de parler, brisant le silence, et complimenta la Ried sur sa tenue, ce qui eut don de mettre la en confiance. Elle décroisa les mains et un nouveau sourire, plus atténué cette fois, remercia le Vicomte. Une question tomba, d'un ciel peint et inconnu, et ce fut la malheureuse fin des compliments. La blonde s'attendait sans trop de surprise à des questions de ce genre, de celles qui demandent une dizaine de minutes à la réflexion, et un développement digne d'un philosophe reconnu. Ses yeux vitreux reflétaient la flamme frétillante d'une chandelle à laquelle les azurs de la Ried s'étaient fixés. Cette vision favorisa la concentration et l' inspiration d'Aranelle. Elle put ainsi ordonner ses idées assez rapidement.


- Et bien...dit-elle, afin de briser le silence qui avait à nouveau installé son trône dans la pièce, Je pense que l'apparence est fondamentale à la Cour car elle est la base de la première impression. D'autre part, l'apparat reflète la personne, ce qui s’explique par plusieurs facteurs : les goûts, le rang, et bien d'autres choses. On peut donc facilement différencier une Duchesse d'une Baronne. L'apparat induit donc le respect, et il fonde la Cour. D'une manière plus concrète, prenons tout simplement le Louvre. Lorsqu'on se retrouve à l'intérieur de ce palais, que voit-on ? Tout ce que la Cour a mis en œuvre, des huissiers jusqu'aux tenues des offices.

Elle se tut, respira faiblement, et réfléchit à la deuxième partie de sa réponse. Il était question d'officiers royaux, ce qui aurait pu lui poser problème, vivant dans un Duché Alençonnais, mais la Ried connaissait très bien les différentes offices royales. Sinon, pourquoi serait-elle là, démangée par de malsaines toux ? Elle se racla la gorge, et reprit son petit discours...

- Ensuite, les principaux officiers veillant à l'allure au sien de la Maison Royale sont le Maître de la Garde-robe et les fournisseurs royaux. En effet, ce sont eux qui sont chargés de fournir et de gérer la garde-robe de la Reyne. Mais d'une autre façon, le Grand Maître des Cérémonies, ici présent, les Maîtres des Cérémonies et les huissiers assurent aussi l'apparence des différentes réceptions royales. Pour finir, je dirais que toutes les offices assurent un aspect du paraître. Cela forme un unique ensemble qui caractérise cette magie de la Cour.

Sur ces mots, elle en finit avec la première question, et elle espérait que sa réponse satisferait les deux examinateurs. Son regard avait alterné durant toute sa réponse entre le Pair et la Princesse. Il se déposa cette fois sur la riche table de bois, et la Ried attendait quelques réponses de la part des Grands Officiers qui se trouvaient devant elle. La torture pouvait continuer !
Ingeburge
Il lui fallut prendre sur elle pour répondre à la cinquième candidate et adresser à celle-ci quelques mots d'accueil. Le fond et la forme furent des plus convenus, cérémonieux à l'extrême et comme c'était là ce qu'on attendait d'elle, ni le fond, ni la forme ne surprendraient son voisin et la visiteuse. Actarius prit la parole et ce fut la chose dont elle pourrait le remercier car elle ne s'en sentait pas la force. Mais pour le reste, tout ce qu'elle subissait et qu'elle subirait encore! Cette question sur l'apparence, elle était bien anodine mais cela la renvoyait à elle et si elle arriva à convenir que cela n'était pas contre elle, elle ne pouvait s'empêcher, de son propre chef, de l'analyser à l'aune de ses sentiments.

Attentive, c'est ce qui convenait mais qui lui coûtait bien trop, elle écouta les réponses de la jeune Ried, tâchant de faire taire en son esprit les échos de son trouble. Elle fut tentée, à contre-courant de ce qui était exigé d'elle, de demander à Aranelle si l'allure du Grand Maître des Cérémonies de France, cette allure qui lui valait présentement tant de déboires, participait réellement de cette magie de la Cour mais elle réprima son mouvement et se contenta de poser une question bien moins significative pour elle :

— Ne croyez-vous pourtant pas que cette apparence ne revêt pas autre chose? Les cérémonies ne sont donc qu'impression et visibilité? Ou y a-t-il autre chose derrière?

Quoique... terrain glissant, elle ajouta donc :
— S'il en est ainsi, comment envisagez-vous le rôle de l'Office des Cérémonies là où il suffit d'engager des artisans de renom et de goût pour remplir cette nécessité d'une apparence choisie?
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Aranelle
Après sa légère tirade, la Ried regarda le Pair et la Princesse, et les défigura, afin de déduire si sa réponse avait apporté satisfaction, ou non. Mais, les visages des deux officiers restaient stoïques et de condition neutre. La jeune femme ne s’attendait pas à un sourire éclatant, ou au contraire, à une grimace déplaisante ; mais à un signe en coin de lèvres, ou à un léger froncement de sourcils. Mais leur expression n'arborait ni joie, ni tristesse. Durant cet entretien, leur âme était enfermée, à double tours, qui plus est. Ses azurs se glissèrent donc sur un anneau d'or, qui entourait l'un de ses fin et chétif doigt. La jeune femme le replaça au bout de sa phalange, et releva la tête lorsqu’elle entendit la voix du Grand Maître des Cérémonies.
Finalement, non, elle n'en avait pas totalement fini avec la première question. Celle de la Princesse Impériale abordait à nouveau le terme d'apparence, terme qui commençait à se réitérer très régulièrement aux tympans de la Ried. C'est à ce moment qu'elle haït la mise qu’elle avait vêtu pour cet entretien. Le Grand Maître des Cérémonies évoquait une autre notion revêtue par l'apparence. Qu'avait-elle oublié ? Concernant la réponse, deux solutions possibles. Soit la Ried trouvera la réponse que l'officier attend, dans quel cas, tout ira très bien dans le meilleur des mondes, et des oursons de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel apparaîtront même dans la salle, jusqu'à les prochaine question. Ou, la jeune femme fournira une réponse qui ne satisfera pas la Princesse, ainsi, Aranelle préférait trépasser d'une quinte de toux satanique. L'héritière tenta de connecter l'entièreté de ses neurones, et fit tourner le mécanisme qui peuplait son crane à plein régime.


- Non, nullement. Je pense que les cérémonies sont aussi un moyen de montrer à l'ensemble du Royaume et des provinces adjacentes la grandeur royale représentée par Sa Majesté. C'est une image de grandeur à faire véhiculer pour le Royaume et au nom du Souverain. Les différentes réceptions et cérémonies royales en sont le meilleur exemple.

Elle s'arrêta un instant, réfléchissant cette fois à l'autre question de la Princesse. Jusqu'à maintenant elle n'avait parlé que de l'aspect « apparence » des Maîtres des Cérémonies. Si elle entendait et comprenait bien ce qui lui était demandé, il fallait maintenant généraliser sur le rôle des dits Maîtres. Next !

- Un Maître des Cérémonies ne doit pas seulement avoir un bon goût ou un talent artistique. Beaucoup d'autres qualités lui sont demandées, car il n'est pas uniquement chargé de veiller à l'apparence de la Cour. D'autres obligations, comme veiller à la sécurité et à la ponctualité des fournisseurs royaux peuvent aussi être demandées à un Maître des Cérémonies. Son rôle consiste également à, bien entendu, seconder le Grand Maître des Cérémonies quant à l'organisation et la gestion des cérémonies. Il doit aussi être digne de confiance, aux vues des responsabilités qui lui sont assignées.

« Ah ! L'apparence... », comme dirait l'autre.
Ingeburge
Seconder... Quelques mois plus tôt, Actarius était encore son bras droit, son assistant, son second et aujourd'hui, il lui donnait des ordres. De cela, elle n'en avait cure, ce changement de perspective ne l'avait nullement affectée, elle s'en était même vivement réjouie elle qui répugnait à voir ses habitudes bousculées et montrait des réticences face aux bouleversements qui pourraient affecter son quotidien. Lui promu, elle avait gardé ce sentiment de sécurité qu'elle avait connu quand ils avaient commencé de travailler ensemble, il s'en était même accru, épaissi, étoffé du fait de son élévation, et aujourd'hui... aujourd'hui, si dans son travail, elle savait toujours pouvoir compter sur le Languedocien, ce sentiment de sécurité avait dévié en un malaise qu'elle ne pouvait plus lui dissimuler. Oui, l'équipe, l'entourage, c'était là chose importante, capitale et cela lui fournit matière pour sa question suivante :
— L'entente entre le Grand Maître et le Maître st en effet chose importante, pour tous un tas de raisons plus ou moins évidente. En parlant de collaboration, comment imaginez-vous la place de l'Office des Cérémonies au sein de la Maison Royale dont il fait partie. Que savez-vous de son fonctionnement et de ses rapports avec les autres officiers? Comment les imaginez-vous?

Durant tout ce temps, la Prinzesin soutint de son regard mort celui, plus curieux, de la jeune Ried et comme depuis le début, pas un seul de ses traits marmoréen ne remua ni ne marqua la moindre émotion.
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Aranelle
La Ried n'avait pas pour habitude d'être questionnée, et requestionnée, mais cela ne la dérangeait pas pour autant. Malgré la difficulté des question, et la précision exigée pour ses réponses, la blonde appréciait ce genre d'interrogatoire. D'autant plus que chacune de ses réponses avaient d'inévitables conséquences sur l'impression reçue par les deux officiers, ce qui rendait la situation davantage excitante, bien qu'Aranelle était loin de prendre cet entretien pour un simple jeu anodin.
Ce fut la Princesse qui reprit la parole. La blonde écouta attentivement les questions du Grand Maître des Cérémonies, auxquelles la Ried s'était plus ou moins préparé. Des questions types, dans ce genre d’entretien. Et l'héritière d'essayer de se remémorer la nuit passée, où elle avait essayé de préparer quelques arguments. Se souvenant de de quelques idées, elle prit la parole avec assurance. L'improvisation compléterait les quelques lacunes ou oublis.


- L'office des Cérémonies est composé de quatre officiers, plus ou moins hautement placés, parmi le Grand Chambellan, le Grand Maître des Cérémonies, qui supervise plusieurs offices tels l'argenterie, ou les menus-plaisirs et qui est en charge de l’organisation des réceptions royales, le Maître des Cérémonies ainsi que l'Intendant aux menus-plaisirs. Selon cette hiérarchie, le Maître des Cérémonies doit donc se conformer aux exigences du Grand Maître des Cérémonies. Ainsi, et selon mon expérience, le regard de la Ried s'arrêta sur la Princesse, il est évident que j'apprendrai beaucoup en travaillant pour et avec vous.
A mon sens, une complémentarité et une collaboration doit impérativement exister entre les différentes offices royales, pour mener à bien une Cérémonie ; bien que tout dépend de la dite cérémonie, bien entendu. Par exemple, l'office de la Bouche du Roy doit pouvoir répondre présente en fonction d'une cérémonie, conjointement avec l'office des Cérémonies. Il en est de même avec les huissiers selon les festivités. L'interaction des offices royales est vital à la bonne tenue d'un événement.


Après sa réponse mêlant ses connaissances sur les offices royaux et sa motivation personnelle, Aranelle ne souffla plus mot. Une brise saisonnière souffla au dehors, et la risée étouffée par les murs solides du palais ne laissa pas le temps au silence de s'installer, ce qui réjouit la blonde.
Ingeburge
Non, définitivement, le silence ne s'installerait pas, plus; il était trop risqué pour chacun des trois protagonistes qu'il se fît plus dense, trop porteur de non-dits pour souhaiter qu'il devînt plus épais. Ce qui motivait la prise de parole de ses compagnons était ignoré de la duchesse d'Auxerre mais ses propres inspirations étaient des plus claires, il ne fallait pas que le Phœnix s'exprimât. En somme, et sans s'en douter le moins du monde, elle adoptait là le schéma que lui-même avait appliqué lors de l'entretien avec Akane de Clairval.

Pressée qu'elle était de garder la main, elle remarqua à peine qu'Aranelle s'adressait directement à elle, à celle qui détenait cette charge de Grand Maître des Cérémonies qui impliquait que c'était avec elle que travaillerait la prochaine recrue de la Maison Royale et poursuivit sur sa lancée, bille en tête, menant la discussion à marche forcée :

— Bien, ce cadre posé, imaginons que vous êtes en poste.
L'un des enfants de Sa Majesté doit être baptisé dans quelques jours.


Il y avait matière à répondre... la Prinzessin espérait simplement que cette matière serait assez rapidement mise en ordre pour que le silence revenu, ce foutu et damné silence, soit rapidement et seulement rompu par l'autre jeune femme de la pièce.
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Aranelle
L’entretient prenait alors un air de jeu, où la compétition entre les deux examinateurs faisait rage, bien que la Duchesse d'Auxerre prenait le dessus, sans trop de difficulté. Les questions et réponses qui fusaient au cœur de la pièce réquisitionnée pour les entretiens ravissaient la blonde, car celles-ci ne laissaient pas le temps au silence de s'installer. Silence qu'Aranelle trouvait bien trop pesant. La Ried se sentait de plus en plus à l'aise, au fur et à mesure que l'entretien s'éternisait. Cette dernière essayait de répondre aux questions qui lui étaient posées, tout en faisait attention à fournir des éléments justes, ce qui n'était pas chose facile. Mais en contrepartie, l'assurance qu’elle avait acquise lors de sa précédente réponse avait l'effet d'un contrepoids, ce qui l'aidait sensiblement à donner des arguments valables. Du moins, elle l’espérait.
La Princesse grappilla à nouveau quelques points, en posant une question, qui tendait à vérifier la capacité de la jeune Ried à organiser un événement. Et quel événement ! Ingeburge évoqua le prochain baptême de l'enfant de la Reyne de France. C’est à ce moment qu'elle se rendit vraiment compte que la charge de Maître des Cérémonies, charge pour laquelle elle postulait, n'était pas sans importance. Elle réfléchissait, aussi vite que sa faculté cérébrale le lui permettait, et répondrait en convergeant la réponse qu'elle venait de donner – et qui avait pour thème les liens entre les différentes offices royales et leurs liens, ce qui permettrait, d'une pierre deux coups, de justifier ses dires par un exemple concret- ainsi que les différents élément devant êtres nécessairement réunis pour un événement de cette envergure réussi.


- Deux solutions sont possibles. Soit Sa Majesté désire un baptême assez privé pour son enfant, ce qui restreint considérablement le nombre d'invités présents. Dans ce cas, la cérémonie religieuse aurait lieu dans la chapelle du Louvre, et les invités seraient la famille royale, ses amis les plus proches, le parrain et la marraine du jeune baptisé, et les nobles les plus notables du Royaume.
En revanche, si la Reyne souhaite un grand baptême, ce qui est plus courant, la cérémonie religieuse aurait cette fois lieu à la Cathédrale de Nostre-Dame, et les personnes conviés seraient également la famille royale et ses amis proches, le parrain et la marraine ainsi que la moyenne et la haute noblesse de France, les officiers royaux qui ne seront pas réquisitionnés par l'organisation exigé de ce grand jour ; et même la haute noblesse des provinces adjacentes au Royaume de France, tels la Reyne de Castille et Léon ou l'Empereur du Saint-Empire. Dans les deux cas, les festivités après-cérémonie se dérouleraient ici-même, au Louvre. Je pense qu'il serait bon d'organiser des joutes, auxquelles le vainqueur, accompagné si Dame il a, gagnerait une place à la table de la Reyne, le soir venu, lors d'un grand banquet.
Enfin, l’organisation de ce baptême réunirait plusieurs offices. La Garde-Robe, pour ce qui est de la mise de la Reyne et du Roy consort, ainsi que le jeune baptisé, la Bouche du Roy s'occuperait des mets servis lors du banquet, puis une collaboration avec les Écuries Royales devrait avoir lieu, afin de fournir les palefrois les plus performants du Royaume. L'office des Cérémonies, elle, prendrait part à l'organisation de l'ensemble de cette journée, du début à la fin.


Et le front de la Ried de se baisser, comme un signal, pour faire comprendre que sa réponse est terminée. Pas de bal ? Non, la Ried trouvait cela trop banal et réchauffé. Le baptême du Prince apportant un vent de fraîcheur au Royaume de France, un divertissement autre s'imposait. Elle sentait que l'entretient touché à sa fin, et s'attendait à la prochaine et probable dernière critique.
Ingeburge
Le réveil avait été difficile en ce jour, elle avait peiné à s'extirper de sa couche et à s'adonner à ses occupations matinales habituelles, obnubilée qu'elle avait été par l'entretien qui avait eu lieu la veille. Elle s'était repassé les mots prononcés, les images utilisées, les gestes esquissés, les regards échangés ou évités, les mimiques arborées et parmi ce tourbillon d'informations, elle avait essayé de traquer les non-dits et de s'expliquer les sous-entendus. Il lui fallut donc toutes ses forces pour ne pas relâcher son attention, toute sa volonté pour ne pas faillir et cela lui fut d'autant plus ardu qu'elle le sentait à côté, qu'elle regrettait qu'il ne l'aidât pas et qu'Aranelle parlait d'abondance; il lui eût été plus facile de se trouver seule avec un candidat moins volubile.

Pour autant, elle s'intéressa car il y avait matière à être attentif :

— Bien, je vois que vous avez la capacité de réfléchir rapidement et de balayer nombre de points. Je pense que nous avons là les éléments qui...

Il y eut une interruption car il lui semblait avoir senti quelque chose couler sur son visage et intriguée, elle porta sa main au-dessus de sa bouche, là où elle avait été gênée. C'était humide et maintenant totalement mal à l'aise, elle partit de sa main libre à la recherche d'un mouchoir. La quête ne fut guère longue et elle tamponna aussitôt son nez. Le morceau de tissu d'immaculé avait viré à l'écarlate en ce qu'il était désormais souillé d'une trace sanglante. D'un geste brusque, elle recula son siège et elle balbutia quelques mots :
— Je vous prie de bien vouloir m'excuser.

Ce furent ses dernières paroles car elle sortit sans perdre davantage de temps, le mouchoir plaqué contre son visage, laissant à Actarius le soin de signifier la fin de l'entretien et de saluer la Ried de leur part.
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Actarius
Muré dans son silence, le Vicomte n'en demeurait pas moins présent et attentif à la moindre parole prononcée. Que la Prinzessin menât l'entretien ne lui posait aucun problème, cela lui permettait au contraire de ne pas trahir le profond trouble qui était sien. Autant dire qu'il opposait avec une constance à toute épreuve, un visage de marbre, sévère et altier. Impassible, intouchable statue antique.

Il n'avait pas franchement conscience d'une quelconque concurrence. Elle avait certes été bel et bien présente lors des entretiens précédents, mais ce jour-là, il n'était plus question de jeu. Il se surprit même à oublier son malaise dans le flot de paroles sur lequel paraissaient rivaliser les deux femmes. Ephémère et trompeuse impression qui se dissipa dès lors qu'il vit d'une oeillade qui se voulait détachée le sang. Et là, plus que du malaise, il ressentit une terrible inquiétude. Etait-elle souffrante, à l'agonie, au seuil de la mort ? Il n'eut pas vraiment l'occasion de lambiner sur ses questions tant la cardinalice Bourguignonne disparut rapidement.

Contenir son trouble, la dissimuler devint alors un calvaire. Et quand bien même il porta au mieux cette croix de l'anxiété, son regard, lui, brillait de cette lueur si propre à un jeune homme bercé par un attachement dépassant le cadre de l'amitié, de l'amour même. Cette émotion particulière n'était certes pas décelable dans cet oeil inquiet, et si tel avait été le cas, alors elle se serait appelé désir irrationnel.

Mine impassible, regard étrange, qui trahissait une émotion quelconque - peut-être de la surprise ou alors de la satisfaction ? Qui savait comment serait interprétée cette brillance de ses iris de Sienne ? -, voilà ce qui fut offert à la candidate dans ce désormais tête-à-tête qui tourna court.
Je vous remercie demoiselle. Vous recevrez bientôt une missive. Que le Très-Haut vous raccompagne. Et il se leva, tranchant ainsi l'issue de cette entrevue. Mais de quoi pouvait bien souffrir la belle Prinzessin ?
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