On ira tous au Paradis.

Eusaias

[Ce Rp est la suite au rp : [RP] Le premier qui tombe - Dominos et crise de foi. ]

Quelques jours après le transfert du Primat au Châtelet.

Chrestien le destrier avait été soigneusement préparé, la veille, tout comme son maitre d’ailleurs. Le bleu riche et profond de la tunique du Roi mettait en valeur ses différents colliers d’or. Il avait choisit une escorte des plus « légère », puisqu’il voulait se mouvoir vite et sans trop attirer l’œil car des jacqueries, des appels à la croisade, des nobles séditieux s’armant contre la couronne et autres attaques de routiers fleurissez de-ci de-là en France. Il ne tremblait pas pour autant, car le Bourguignon était homme confiant et il se savait protégé par Dieu.

Cependant il avait chevauché toute la journée de la veille et une partie de la nuit. Arrivant dans Paris, il inspira alors l’odeur crasse de la ville avant de grimacer. Sa main passa machinalement sur sa protectrice, « Joie Perçante » qui tinta lorsque la main gantée tapota sa garde, car oui, sa protectrice était de fer.

Il avait ensuite déambulé, accompagné de soldat du guet, dans les rues jusqu’au châtelet.

J’eus vent que mon invité était ici. Faites-moi porter cette canaille de primat.

Le ricanement du balbuzard rebondit contre les murs de la prison. Oui, il avait usé du terme canaille, mais utilisé comme un père qui appellerait son enfant qui aurait fait une bêtise. Les doigts pianotèrent sur la garde son épée, alors que de ses lèvres sortait une chanson à peine plus audible qu’un murmure. Une fois de plus chantait « les dessous de Bertrude aux pieds velus ».

Il jeta un regard derrière, voir s’il voyait le museau de la Salamandre. Son épouse devait plus tarder, elle lui avait dit dans son dernier courrier.
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Navigius

Les journées se succédaient tout en se ressemblant au châtelet. L'ecclésiaste italien les passaient en prière, cherchant dans les cieux le courage et la sagesse pour dénouer une situation dont il ignorait la gravité réelle, n'étant toujours point informé des événements depuis sa capture. Par courtoisie, il avait renoncé à tenter d'extirper des informations de ses geôliers, le Roy étant assez sagace pour découvrir la manoeuvre et punir d'innocents geôliers. Toujours faire passer les autres avant soi-même était la maxime d'une vie bien menée avec discipline et rigueur qui l'avait guidé au delà de la cinquantaine de printemps.

Depuis quelques soirées, sa captivité s'était agrémentée de charmantes discussions avec ses geôliers, sur tous les sujets mondains allant de l'horticulture, domaine dans lequel le prélat excellait et était reconnu à la mode trop frivole en vogue depuis une bonne trentaine d'année, la pudeur de l'évêque ayant été fixée il y a bien longtemps. Les poulaines, en particulier, recevaient sa désapprobation profonde, seulement tempérée par le fait que le Pape en portait lui-même.

Lorsqu'un cognement à la porte de ses quartiers se fit entendre, l'italien referma machinalement son bréviaire, se relevant. Il s'attendait à une visite, celle du Grand Aumônier de France, mais ce fut plutôt une escorte, lui indiquant que Sa Majesté le Roy requérait sa présence. Il jeta un rapide regard dans la glace, plutôt satisfait de sa présentation. Comme toujours, il portait sa soutane noire, rigoriste et impeccablement propre. Sa barbe avait été taillée il y a quelques jours, son visage était toujours creusé par la récente épreuve des geôles béarnaise. Un long chapelet était accroché à sa taille, lui donnant une allure humble. Il s'engagea donc à la suite de ses geôliers, missel dans une main, canne dans l'autre, claudiquant dans les couloirs jusqu'à une pièce dans laquelle se trouvait un homme richement vêtu, dont le visage ne pouvait être ignoré.

Le prélat, respectueux en toute chose, fit courte révérence, appuyé sur sa canne. Il demeura silencieux, laissant au Roy de France la première parole, comme le voulaient les usages inculqués à l'ecclésiaste dans la jeunesse à Florence.

Gnia

Et dire qu'Agnès avait passé la majeure partie de sa vie à éviter soigneusement tout voyage superflu et voici que l'Artésienne se retrouvait à chevaucher plus que de raison les terres du Domaine Royal qu'elle avait soigneusement évitées la majeure partie de sa vie.
Et tandis qu'avec sa petite escorte, elle pénétrait les faubourgs de Paris, ses pensées se perdirent, mêlant les souvenirs du quartier des artisans d'Arras, l'imposante Ostau de Tarbes, l'Alabrena à Montauban et le bel Ostal Morand à Toulouse dont elle n'avait guère eu le temps de profiter. Une profonde lassitude teintée d'une mélancolie qui ne présageait rien de bon pour qui connaissait la Salamandre l'accompagna jusqu'à ce qu'ils parviennent au Châtelet où son époux lui avait mandé de le rejoindre.

Encore engoncée dans sa tenue de cavalière, broigne de cuir, corselet au métal brossé, poussière du voyage ombrant le minois abîmé et chignon sévère dont s'échappait quantités de mèches rebelles, la Reyne de France consort entra d'un pas martial dans la pièce où on lui avait fait savoir que le Roy recevait le Primat de France.

Sa Majesté, nous a fait demander et nous voici.

Profonde révérence à son époux et un bref salut à Navigius, tandis qu'enfin le visage quittait sa froideur pour esquisser un discret sourire au vieil homme.
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Navigius

Arriva alors la Reyne de France, visiblement dans la Capitale depuis peu comme en témoignait sa tenue de cavalière, à moins que ce ne soit le genre d'accoutrement qu'elle porte au naturel. Il chercha dans sa tête, des souvenirs du comté d'Artois, quand ils avaient tous deux jadis oeuvré au sein du conseil comtal. Mis à part les visage plus jeunes, il ne parvenait pas à se souvenir de ses habillements. Par contre, il se rappelait des événements tumultueux entourant la guerre de la félonne Niria de Ponthieu pour récupérer la cité de Compiègne, une guerre à laquelle il avait été fermement opposé. Encore aujourd'hui, il se demandait si la Reyne savait qu'il relayait les positions et la composition des armées artésiennes au Roy de France, en bon et fidèle sujet. Déjà qu'elle ne devait pas l'apprécier pour avoir presque négocié sa tête lors des discussions de paix. Toutefois, il se rappelait aussi d'avoir célébré son mariage avec le triste Erel de Dénéré, un homme dont l'ambition et la mélancolie avaient mené à une mort tragique et jeune. C'était là leurs derniers moments à se côtoyer, lui était parti pour l'Anjou, elle, vers une nouvelle vie, couronnée, littéralement, de succès.

Il posa ses prunelles sur elle, sondant son regard et à travers ses yeux, son âme, disait-on de l'évêque tant il transcendait le naturel d'un simple regard, homme profondément marqué par la paix et la sagesse. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, destiné à la Reyne, le sourire de deux vieilles connaissances amusées par les aléas de l'Histoire et le contexte de leur rencontre.

Eusaias

A Navigius, dans quelle catégorie je dois vous placer ce jour ? Parmi les fripouilles à trente deniers comme Rehael qui appelle à la guerre quand tous négocient la paix ? Ou alors parmi les cardinaux et évêques qui ont compris qu’ils n’auraient rien de moi en voulant m’imposer leurs idées ?

Sourit de biais sur le visage du balbuzard couronné.

La tête se tourne vers l’arrière quand sa reine se montre. Sa meilleure alliée était encore là, comme ils en avaient convenu lors de leur mariage. Comme pour la Fronde qu’ils avaient lancée. Elle ne lui était guère fidèle en amour, mais sa loyauté « politique » et militaire était totale. Quoi attendre de mieux d’une épouse ?

Ma Reine quel plaisir de vous revoir. On me conta votre courage et votre hardiesse en ce qu’on appelait avant « Anjou ». Je suis triste pour ce duché, mais il faut avouer que désormais le Maine est bien plus grand, bien plus riche. Enfin, notre invité à besoin d’entendre la vérité sans doute, ensuite libre à lui d’entendre raison ou de préférer le mariage avec une potence. Je suis homme vertueux, je laisse toujours le choix à mon interlocuteur.

Puis le bec de rapace qui servait de nez se pointa sur le prélat.

J’espère que vous êtes disposé à nous entendre, car j’ai long à dire.
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Navigius

Lorsque le Roy s'exprima, l'ecclésiaste italien l'écouta avec attention. Son esprit tentait de combler les portions manquantes de l'actualité, il n'avait été tenu au courant de rien depuis les dernières semaines de décembre. La colère du Roy, d'abord centrée sur Son Éminence Aaron et lui-même, semblait trouver prise sur Son Éminence Rehael. Connaissant l'opiniâtre Cardinal-Archevêque de Rouen, l'italien ne pouvait qu'essayer de s'imaginer quelle parole ou décret avait bien pu être à la base du présent courroux. À la question du Monarque, il répondit comme toujours, avec un mélange de philosophie et d'assurance, une assurance gagnée à la dure, aux fil des ans, dans les longs déplacements pour rejoindre la maison d'un mourant, dans les regards profonds des gens au bord du trépas. Répondre à un Roy n'était rien en comparaison avec le devoir de rassurer un homme sur l'au-delà alors qu'il expire en tenant votre main. De sa voix calme et paternelle, il s'exprima.

- Ma foy, Votre Majesté, il fût un temps où l'on aurait admiré la grande vertu d'un homme occupant si hautes fonctions que celles de Son Éminence Rehael et n'ayant pour patrimoine pécuniaire que trente deniers. Peut-être me raconterez-vous ce qui est à la source de votre ire contre le Cardinal-Archevêque de Rouen, je croyais votre courroux limité à ma propre personne et à celle du Doyen du Collège des Cardinaux, Son Éminence Aaron de Nagan.

L'ecclésiaste prit une petite pause, laissant le temps à son esprit d'échafauder quelconque scénario expliquant la situation. Il reprit, toujours aussi calme, répondant aux paroles du Roy.

- Lorsque j'étais plus jeune, à une autre époque, l'on m'a appris que la guerre est une triste œuvre peinte par les pinceaux écarlates de multiples hommes, car trop sombre et complexe pour un seul d'entre eux. Certes, il arrive que l'Église en vienne à tirer le Fer, mais toujours en dernier recours. Tous n'ont pas lame si affûtée et glissant aussi bien et vite hors de son fourreau que votre Majesté, ni talent et capacité de s'en servir avec résultats aussi probants.

La réplique ne se voulait point une insulte, mais plutôt une marque de respect envers le suzerain qui cumulait les victoires militaires depuis des années, son nom revenant à plusieurs reprises lors de comptes-rendus de sièges victorieux. Et l'italien ne savait point encore que l'Anjou, le fier Anjou avait été réduit à néant, ni même que la Bourgogne était aux prises avec une insurrection adroitement fomentée. Le Primat s'adressait au Roy avec la confiance et le respect qu'il témoignait à tout monarque, une attitude fort appréciée par Lévan III de Normandie lors de leurs longues discussions, du temps où il fut Grand Aumônier de France.

- Pour ce qui est d'imposer les idées, il me faut bien vous concéder que l'usage du Verbe convainc bien mieux qu'il n'impose, la coercition relevant plutôt du fer que de la parole. Il n'est pas impossible toutefois que certains prélats ne s'éloignent de leur mission première, tout comme certaines personnes se voyant confiées la saine gestion d'un territoire faillassent parfois à en faire fleurir le potentiel et la prospérité en y laissant la population exsangue par les conflits.

Le point allait sûrement être relevé par le Monarque. Certes, l'Église avait ses propres correctifs à apporter en son action, et le Très-Haut seul savait à quel point le Primat tenait une petite liste mentale de ces problèmes à corriger, mais le Royaume de France n'était point le bastion inébranlable de la vertu, de la piété et de la bienséante noblesse. Lorsque le suzerain s'exprima à son épouse, il écouta poliment, ne cherchant pas à entendre plus que de mesure. Le ton de la voix lui indiqua qu'il était concerné aussi par les paroles, une tentative d'intimidation qui aurait certes effrayé bien des hommes, mais qui n'avait de prise réelle que sur les gens impressionnables.

- Votre Majesté, je crains que la situation ne nous indique de n'avancer de paroles que ce qui est réalisable. Je vous sait l'acumen politique assez développé, ainsi donc, vos propos de potence ratent leur cible puisqu'un homme de votre intellect ne créerait point un martyr de la foy aussi légèrement. Par respect pour nos longues expériences propres, parlons-nous avec la franchise d'hommes n'ayant point besoin de se cacher derrière de vaines menaces pour discuter de choses qui sont importantes et qui serrent votre cœur d'une poigne faisant suffoquer votre noble esprit.

Il regarda le suzerain avec un regard profond, ce regard humain qui songe l'âme et qui démontre chez l'italien une paix profonde et une absence de toute mesquinerie. Si certes il avait cette facilité de langage pour débattre et répondre, il avait aussi une profonde lassitude pour tout ce qui détournait le dialogue de la compréhension mutuelle. Soufflant un soupir, il reprit, pour faire suite aux dernières paroles du Roy.

- Votre Majesté, je suis de la meilleure disposition pour vous écouter. L'hospitalité de votre détention imposée sur moi s'est chargée de vous assurer de mon entière disponibilité. De plus, je crains deviner que la situation qui prévalait au moment de mon arrestation à la fin du mois de décembre n'ait empiré et ne vous ait confiné à une difficulté d'obtenir l'oreille des serviteurs du Très-Haut. Si vous me le permettez, toutefois, je requerrais la faveur de prendre un siège, mes pauvres jambes ne pouvant plus soutenir mon âge depuis une infortunée rencontre avec le triste sir Falco de Cartel sur une route de Gascogne il y a quelques années.

Il sourit à l'homme espérant un dialogue honnête qui porterait en terre les semences d'une compréhension mutuelle et d'une résolution de l'impasse dans laquelle le Royaume était placé, impasse dont l'ecclésiaste ne mesurait nullement l'énormité, tenu dans l'ignorance depuis des semaines.

Eusaias

Le roi rit à gorge déployée en écoutant le prélat. Visiblement son manque de contact avec l’extérieur avait largement altéré sa réflexion.

L’évêque, les 30 deniers dont je parle ne font pas référence aux caisses de l’église, loin de là, mais bel et bien au prix de la trahison de Rehael. Il vend sa guerre sainte pour 30 pièces d’argent… Il va donc en subir les conséquences. A sa lâcheté nous lui opposerons notre bravoure. A sa folie notre sagesse répliquera. Ses Saintes Armées formées pour la plupart par la lie de l’Europe seront défaites par nos braves et glorieux soldats. Tous ses sbires tomberont sous nos épées.
Voilà la seule vérité qu’il y aura dans cette croisade ! L’écroulement de Rome et de l’Empire contre le renforcement de notre pouvoir en France.

D’un geste impérieux il invita le prélat à s’asseoir.

Vous savez tout comme moi que le triste Cardinal qu’est le simoniaque Rehael fut en difficulté avec la quasi-totalité des rois et reines de France, pour son comportement. Et puisque l’Eglise possède une branche pourrie, j’ai une épée pour la tailler.

Puis il tira un fauteuil pour que celui-ci puisse servir de trône à la reine, qu’il invita à s’asseoir également.

Notre invitation a dû sans doute vous tenir loin des nouvelles de notre monde. Pour résumer la situation, Pendant que nous combattions en Anjou, les angevins qui piqués de folies ont attaqué nos terres, la Curie a appelé à la croisade contre la France. Ils ont trouvé deux champions, Namaycush, mon adversaire battu lors des élections et le second l’Empereur.

Allez, je vais vous faire rire, ils ont nommé le premier champion alors qu’il était encore sous interdit, tout comme ils ont sacré Fentchik sous interdit également.

Un petit ricanement ponctua la phrase.

Enfin, persuadé de leur victoire ils ont mené manœuvre contre nos terres, notre vassale la Bourgogne et quatre duchés du Sud : Gascogne, Béarn, Armagnac et Toulouse.
Sauf que mes troupes ont fini leur œuvre en Anjou et que désormais elles se dirigent sur les Saintes Armées. Toujours est-il que clément et ouvert au dialogue j’ai accepté de rencontrer Tully, afin de trouver un terrain d’entente pour une issue pacifiste.
Vous allez peut être rire, mais Rehael a tout fait foirer car il veut absolument pouvoir placer « SON » conseil sur le trône de notre vassale la Bourgogne.
Nous en sommes en là et après avoir accepté plusieurs « négociations » toutes refusées par l’Eglise nous allons donc écraser les SA. Croyez moi, la victoire sera notre.

Voilà ou nous en sommes. Du moins… Certains prélats plus sages que d’autre ou ayant une bien meilleure clairvoyance que l’autre navrant, seraient pour une entrevue en Normandie. Ils demandent également leur libération.

Il réfléchit un moment et repris.

Sans doute devrais-je envoyer votre tête à Rome pour que vous puissiez, si vous y arrivez, discuter avec eux pendant que je garderai votre corps en captivité.

Sourire amusé sur le visage du roi au faciès d’oiseau de proie.

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Navigius

Lorsque le Roy éclata de rire, l'italien nota qu'il n'avait pas relevé le sarcasme de sa réponse. Visiblement, le monarque préférait considérer le primat comme un simplet, ce qui en temps et lieux pourrait constituer un avantage. Pour sa part, l'ecclésiaste se savait en présence d'un esprit brillant, capable de matérialiser sa volonté en un torrent de faits tangibles, une qualité peu commune chez d'innombrables princes. Il fit un mouvement vers le fauteuil, tout en entreprenant la lourde tâche d'ordonner ses pensées afin de répondre au flot des paroles du suzerain, paroles fort instructives non seulement en les détails qu'elles offraient, mais aussi en ceux qu'elle se réservaient de divulguer. Sur son ton toujours calme, il répondit aux paroles prononcées :

- Si vous me permettez, Votre Majesté, lorsque vous parlez de Son Éminence Rehael, vous parlez d'un homme dont le service continu s'est toujours effectué dans la loyauté envers la Couronne de France. Il fut l'architecte du sacre de nombreux monarques. Quant à sa prétendue trahison envers la Couronne, vous me voyez fort confus puisque la trahison, concept sibyllin, s'est vu rendre largement confuse lorsque vous l'avez attribuée à ma personne sans aucune forme de procès.

Il prit un instant, chassant la nervosité que suscitait une rencontre du genre, même chez un vieillard peu impressionnable. Il reprit ensuite, la mine grave.

- Passons outre cette considération de justice afin toutefois de lever le voile sur la prétendue simonie dont vous accablez le Cardinal-Archevêque de Rouen. Nul doute que de marchander pour obtenir une contrepartie en se détournant de la Vertu est un fait condamnable. C'est en quelque sorte comme un achat de votes, une chose que vous et moi convenons comme étant hautement répréhensible. Si vous disposez de preuves tangibles, je suis prêt à vous accompagner devant la Saincte-Inquisition afin de tirer cette situation au clair et de faire rayonner la justice.

Il laissa le sujet de la prétendue corruption de l'Archevêque de Rouen de côté un instant. S'il pouvait acquiescer au fait que le Cardinal avait parfois un caractère irascible, il ne pouvais franchir l'énorme gouffre intellectuel et moral qui séparait une position raisonnée des acrobaties mentales que forçaient les allégations du Roy. Il reprit sur un tout autre thème.

- Certes, Votre Majesté, je veux bien croire en votre bravoure et votre sagesse. Toutefois, je crains que votre confiance en la pérennité de celles-ci ne soient infondée. Si certes, suspendre le Concordat de Paris et ouvrir les portes du Royaume de France aux hérétiques de tout acabit peut sembler brave, il m'est impossible d'avancer que cela est sage. Par cette simple action, vous avez semé d'innombrables graines de discorde qui viendront détruire le Royaume de France dans les générations à venir. Certes, vous êtes un fort et puissant prince, nul ne vous le contestera, mais vous n'êtes points éternel et l'histoire nous démontre souvent qu'à un grand homme succède souvent un pleutre. J'ai donc grande crainte pour ce Royaume que nous aimons tous autant.

C'était là un de ses traits fondamentaux. Il parvenait toujours à exprimer les désaccords dans le respect des positions énoncées, avec une franchise déconcertante mais surtout, une croyance en la capacité de deux personnes de discourir sous l'égide de la raison sans laisser l'émotion modifier le discours issu de la réflexion. Lorsque le monarque lui mentionna la croisade, presque trivialement, l'italien en fut atterré. Il réfléchit un instant avant d'avancer quelques paroles :

- Les croisades ne sont jamais déclenchées simplement. Le Saint-Père n'est point de ceux qui plongent un Royaume en entier dans les affres de la guerre pour simple trivialité. Votre rivalité avec certains cardinaux ne vaut pas la mort, la famine et la maladie qui prendront d'innombrables fils, filles, femmes et maris. C'est dans la paix que se grave la véritable renommée, les blessures et l'agonie laissant marques certes plus indélébiles dans les annales de l'histoire, mais traces beaucoup plus douloureuses. Soyons hommes de paix, préservons la multitude, l'avenir de vos sujets, de nos frères, vaut bien quelques génuflexions et une dose de contrition, Le Saint-Père est homme de pardon.

Appel à la paix. S'il avait bien saisi la nature vaniteuse du Roy, il savait celui-ci vain. Il était de certaines natures de n'être courbées par aucune force autre que la brutalité des armes. Hélas, c'était là une profession qui n'était point familière à l'Église, malgré toute sa vertu et son courage. Le sujet passa donc sur la situation de quelques duchés, dont la Bourgogne et le Béarn. L'italien se demandait bien ce qui pouvait bien s'être passé, ainsi donc, il se reporta sur la sagesse qui l'avait toujours guidé, de Florence à l'Artois, du Béarn à l'Anjou.

- Et qu'on donc décidé les conseils comtaux et ducaux légitimement élus? Car le Sud n'est point fait que de Duchés, vous le savez sûrement, votre charmante épouse ayant été, si je ne m'abuse, comtesse et non Duchesse du Béarn. J'imagines aisément que vous ayez décidé de respecter les décisions de ceux tirant leur pouvoir des urnes, après avoir clamé de façon si convaincante et probante votre légitimité comme étant issue seulement de ce moyen? Je n'ai pas souvenir que le Cardinal-Archevêque de Rouen eut des intérêts en Bourgogne. Quant aux négociations, vous me voyez fort marri de ne point saisir toute l'ampleur de la situation, de par l'ignorance imposée sur ma conscience par les soins de votre détention, ainsi donc, je ne puis être d'un énorme conseil.

Il ne fléchit ni ne tressaillit lorsque le suzerain opina qu'il pouvait encore lui couper la tête. Certes, il était très attaché à celle-ci, l'intégrité de son corps défaillant était un combat de tous les jours, le Roy le découvrirait assez vite si la Providence le comblait de longues années contrairement à ses prédécesseurs. Il soutint le regard du Roy, empli d'une résolution de fer et d'un foy sans limite envers le Paradis solaire.

- Vous pouvez certes envoyer ma tête à Rome, mais je ne crains qu'elle vous desserve grandement si elle n'est point attachée à mon corps. Si c'est un message fort que vous cherchez, élevez-vous donc par la vertu et forcez-vos ennemis à rivaliser de cette même vertu avec vous. Vous pourriez, d'un coup de plume plutôt que de lame, sauver la vie d'innombrables innocents. Rétablissez le Concordat en signe de sagesse, il est tout bonnement impossible de vous croire profondément aristotélicien lorsque vous causez un tort plus grand à notre foy que le tort que vous avancez comme ayant été fait à votre encontre.

Sa proposition était faite. Il y avait un chemin vers une solution pacifique de la situation. Certes, Eusaias pouvait tuer des soldats aristotéliciens, mais il ne pouvait détruire un institutions aussi vénérable et permanente que l'Église. Les idées n'étant, après tout, pas tangibles, il ne saurait faire taire les murmures de libertés à jamais. Il termina avec un conseil presqu'humoristique.

- Si vous me permettez, Votre Majesté, une branche pourrie finira toujours par tomber d'elle même. L'herboriste novice s'empresse de la couper, mais bien souvent, il cause un tort irréparable à l'arbre qu'il expose à la voracité d'une multitude d'insectes nuisibles. Certains arbres peuvent soutenir un tel assaut, mais les fleurs délicates, par exemple, le lys, ne peuvent subir un traitement aussi draconien, aussi experte soit la main qui coupe. Si je puis me permettre, il est aussi fort improductif, dans une telle situation, de tenir à l'écart un herboriste chevronné.

Il demeura silencieux, laissant au Roy sa réplique.

Eusaias

Il avait écouté le vieux prélat qui semblait aussi têtu qu’une mule et bien plus fin négociateur qu’on aurait pu le penser. Cependant, Eusaias était dans une phase de confiance inébranlable, car il avait déjà deviné sa victoire. Il choisi des réponses pleines d’impétuosité afin de donner réplique au pics du captif.

Pour son éminence Rehael on va dire « l’autre ». C’est plus rapide et ça a au moins le même « prestige » que ses éclats de fait. S’il a aidé nombreux monarques, c’est qu’il espérait recevoir en retour. Il les a aidés puis trahis, salis… Enfin, il fut plus proche du marchand de religion que de l’archevêque. Sans doute que le terme coquillard de la cour des miracles lui collerait bien à la peau.

Pour les preuves, je pense qu’on en aura. Pour ce qui est de le conduire devant la Très Sainte Inquisition... Vous ne seriez pas en train de vous moquer de moi ? On sait tous que le Dyftain est la compagne, ou le compagnon certains soirs, de « l’autre ».

Puis prenant un air songeur.

Ils doivent tirer à la courte paille pour déterminer qui remplira le rôle de la compagne. A ce jeu, je me demande bien qui à la plus courte entre les deux incapables. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Mais n’attendant pas vraiment de réponse sur l’anatomie des deux prélats, il enchaina.

Enfin si je porte les preuves, vous pourrez toujours les présenter à Innocentius qu’il sache à quoi s’en tenir avec « l’autre ».

Puis le roi entama les 100 pas dans la salle. S’il aimait parler, il préférait de loin préparer tisser mentalement des liens avec les forces potentiellement en présence. Puis telle une aragne il tirait à lui tous ces petits liens, renforçant son pouvoir d’un coup, un seul. Il fit donc une courte pose afin de réfléchir à un nouveau lien.

Pour ce qui est des graines de la discorde, je n’ai rien semé, je suis roi, pas paysans. L’Eglise les a planté et cultivé elle-même à Rome. Ce n’est pas la France qui va s’effondrer, mais tout Rome. Moi je serai sur mon trône, impassible regardant les simoniaques et autres ribauds en bure se déchirer. Quant à mon côté eternel, je le suis, je le serai toujours, bien que mon corps puisse disparaitre, mon œuvre, la France, cette force que j’insufflerai à mes sujets, tout ceci sera éternel. Je me sais l’instrument du Destin, lieutenant de Dieu et désormais c’est certain, je suis sur terre pour abattre l’épée vengeresse du Très Haut sur ceux qui se sont servit de son nom pour leurs propres desseins.
Et sachez que je suis ravi de savoir qu’Innocentus est homme de pardon. Ainsi il saura comment se comporter quand il viendra au Louvre me supplier de lui pardonner alors que mes armées marcheront sur Rome.

Pour des élections et des biens méchants vassaux du Sud, ne vous inquiétez pas. Le Roi sait gérer son affaire et n’a pas besoin de Rome pour cela. Mais rassurez vous avons respecté le choix des urnes mais ses canailles n’ont pas respecté leur serment devant Dieu ! N’est-ce point honteux ? Je suis donc dans l’obligation de leur faire un cadeau chacun : Une corde d’une Toise. Ils feront ainsi belle décoration dans les arbres de leurs comtés, à moins qu’ils reviennent faire serment.

Petit ricanement.

Je sais cependant que les croisés tueront nombreux innocents pour plaire à « l’autre ». Je me signerai donc de la tête jusqu’aux pieds pour tous les malheureux, puis ensuite je placerais sur des pieux tous les croisés que je saisirai.

Le concordat, lui, a brûlé. Je ne remettrai pas en place une chose créant autan de souci à mon royaume. Si Rome veut en voir un autre, qu’ils acceptent nos conditions lors des négociations. Un dernier point sur lequel vous vous leurrez, être aristotélicien n’a jamais imposé de courber l’échine devant la Curie, ils sont peut être vos maitres, mais pas les miens !
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Navigius

L’ecclésiaste italien découvrit qu’il se trouvait plus devant un enfant qu’un homme. Les réponses étaient formulées avec la seule intention de provoquer plutôt que de prouver un point, ce qui laissant dans l’esprit du vieillard un association malsaine avec le caractère milanais, chose hautement désagréable pour le florentin d’origine qui se plaisait plutôt dans le dialogue franc et honnête. Toutefois, ne laissant paraître au monarque son agacement envers ses paroles puériles, il entreprit de lui donner de la répartie afin d’essayer de redresser la discussion. Calmement, posément, avec patience digne d’un homme qui a tant vu, il s’exprima :

- Je crains hélas, Votre Majesté, que vous soyez plutôt injuste dans votre appréciation du Cardinal-Archevêque de Rouen. Toutefois, n’étant moi-même pas homme à porter jugement, je ne puis que vous encourager à présenter des preuves de vos dires, ces allégations étant bien lourdes pour la légèreté des faits présentés jusqu’à présent pour les soutenir. Quand à vos propos dégradants à son endroit et à l’endroit du Cardinal-Archevêque de Sens, vous me permettrez de m’en tenir à la plus simple des courtoisies, c’est-à-dire d’éviter de donner ne serait-ce qu’un début de considération aux quolibets en ce genre, sans quoi, il me faudrait croire aussi ce que l’on entend sur les dimensions, la fermeté et le maniement de l’épée avec laquelle Votre Majesté se lance dans la conquête de toutes les attrayantes et luxuriantes contrées de l'Europe, rumeurs entendues dans tous les estaminets et débits de boisson du Royaume. Vous conviendrez que d'y prêter attention donnerait un portrait fort confus de Votre Majesté et forcerait à une certaine tristesse et compassion envers Sa Majesté la Reyne.

Il eût un léger sourire de connivence envers le Roy, doublé d’un regard portant une pointe de malice bon-enfant. S’il comprenait la frustration du monarque, il ne la partageait que peu et n’acceptait surtout pas des procédés fallacieux pour tenter de faire argument. C’était une approche pédagogique, certes, qui avait fort irrité Lévan III à l’époque, mais qui consistait à exiger le meilleur en toute circonstance. Nul doute que le Roy, à l’intellect si poussé, ne s’en formaliserait pas outre mesure. De plus, il se doutait que la Reyne, dont il se souvenait le sens de l'humour fin, pousserait un rictus, à tout le moins. Il reprit ensuite, plus sérieusement.

- Si vous portez des preuves, Votre Majesté, je serai le premier à vous accompagner devant le Saint-Père si nécessaire, mais il nous faut tout d'abord passer par la Saincte-Inquisition. Nul ne peut se défiler de ses responsabilités. Toutefois, en l'absence de preuve, convenons-donc de ne plus en reparler, le vent colporte bien des ragots mais n'accompli rarement quoi que ce soit de concret.

Il écouta ensuite le monarque qui s'envolait lyriquement, plus pour le plaisir de ses oreilles et la flatterie de son égo que dans une tentative de former une impression sincère chez l'ecclésiaste. Comme tant d'autre avant lui, Eusaias semblait vouloir emprunter le chemin arpenté par les Caligula, Commode et autres Louis le Hutin de ce monde. Avec philosophie, mais fermeté de croyance, il répondit au suzerain qui venait de compléter son hyperbole.

- Puissant Prince, si grand soyez-vous, gardez vous de liquider la vertu en même temps que vos ennemis. Encore une fois, n'alléguez point la simonie sans preuve, c'est ouvrir là porte au même traitement à votre endroit. Pour ce qui est de votre destinée en tant qu'instrument de Dieu, vous demeurez aujourd'hui sans le sacre, et il m'apparait important de vous rappeler que le clergé et les évêques, en dignes descendant des apôtres, occupent une fonction voulu par le Très-Haut et exprimée par le prophète Christos, lorsqu'il foula le sol de cette Terre. Vous qui vous voyez déjà triompher de l'Église et des puissants princes de l'Europe, permettez-moi de vous rappeler qu'à entretenir trop d'ambitions démesurées, l'on perd de vue la qualité de la paix et l'on s'expose à suivre les pas de Caligula, dont le règne s'est ouvert en triomphe pour se terminer dans l'opprobre. Votre trône, tout doré soit-il et au pied desquels se trouvent les armes des vaincus, est subordonné à celui du Très-Haut, tout comme le sont ceux des autres princes.

La discussion devenait lassant, l'italien senti qu'il aurait presqu'à invoquer l'armée des anges qui viendraient libérer les croyants, tant l'on donnait dans l'exagération. Son visage redevint sévère, tant il était déterminer à cesser ce bavardage pour passer aux choses sérieuses. Il reprit, le ton légèrement sec.

- Votre Majesté, il me faut vous avouer que je désires votre justice. En tant que Roy de France et garant de la justice et de la paix, je me vois fort déçu d'avoir été détenu et déclaré coupable de trahison au Royaume que je sert depuis d'innombrables années sans le moindre procès. Qui plus est, fort doléances contre la conduite des prêtres me révèlent qu'il serait grandement plus utile que je sois de retour à Rome, à redonner au Royaume de France une direction épiscopale avisée, plutôt qu'enfermé dans cette cage dorée dans laquelle vous me gardez. Si nous en venions donc à cette question de justice, et surtout, à la raison pour laquelle vous avez préféré me faire traître et me faire saisir plutôt que de me convoquer simplement en votre présence, j'aurais accouru plus rapidement et à moindres frais.

Il soutint le regard du Roy, point défiant mais résolu.

Eusaias

Bonté divine ! Pour sur que ma fermeté et ma vigueur ne sont pas légende ! On m’a donné le surnom de « Couillu » ou encore Eusaias « Deux épées », alors que je n’en portais qu’une à la ceinture… Vous croyez vraiment que c’est pour rien ? Quant à mes conquêtes elles sont nombreuses, il suffit de voir le nombre d’enfants et de bâtards que j’ai.
Issu de mon « créateur » : quatre de trois mères différentes et j’ai bien failli en avoir six de cinq mères différentes. Alors allez-y vous pouvez en parler !

Le rictus s’étira sur son visage. Il avait une oreille sélective et comprenait toujours que ce qu’il voulait. Pour le coup son ego se gonfla un peu plus.

Pour ce qui est d’Innoncentius, nous dirons qu’il viendra à nous, c’est diplomatiquement préférable. Il pourra ainsi d’une simple génuflexion, comme vous dites, épargner bien des vies. Ne serait-ce pas louable de sa part de faire ainsi ? Moi je pense que c’est la moindre des choses quand on dirige l’Eglise : le sacrifice de soit. Quant à la Sainte Inquisition, nous irons voir le couard, avec quelques uns de mes routiers qui se veulent hommes de sciences. Je les ai surpris en train de débattre sur la question : les pieds d’un prélat sont ils bons combustibles pour se chauffer ? Ils pourront ainsi faire les essais. C’est beau d’aider les sciences non ?

Puis le visage se fit plus ferme.

Enfin, mes « hommes de sciences » s’en chargeront quand ils auront fini leur petite visite de courtoisie à votre sœur. Elle nous a dit vous chercher… Mais rassurez vous ils ne vont pas voir si elle est bon combustible ou non.

Il fronça les sourcils comme s’il était inquiet.

Je leur écrirais quand même tout compte fait pour bien leur expliquer que je voudrais la rencontrer vivante, en bonne santé et pas à moitié dévêtue et outragée…

Puis réprimant un rire.

C’est fou, avec ces routiers on ne sait jamais à quoi s’attendre !

Puis il alla s’épauler contre un mur, la main sur la garde de « joie perçante ». Il la tira un peu du fourreau et la laissa retomber, puis recommença plusieurs fois, comme s’il marquait le temps qui passait durant sa réflexion silencieuse.

Ne vous inquiétez pas pour mon trône, je sais ce qu’il est. En lui-même qu’un assemblage de bois, mais le trône de France est un homme et cet homme c’est moi*. De ce fait qui serait plus enclin que moi à savoir ce qu’est le trône de France ?

Mais vous marquez un point en demandant notre justice. Vous retrouvez enfin votre place, celle voulu par les apôtres, celle qui est sous la puissance d’un Roi tel que nous. Le jour ou les gens d’église comprendront que les lois de notre royaume sont valables également pour les gens en bure, peut être retrouveront-ils notre estime.

Je vais sans doute vous libérer, vous irez faire entendre raison aux romains, leur expliquant qu’une négociation avec le Très Puissant et Très Redouté Roi Eusaias est la seule solution à leurs maux. Vous leur direz que je ferai combattre leurs armées, leurs gens, leurs alliés sans le moindre remord, sans la moindre faiblesse.

Je vous invite à ne point trop trainer cependant, ma patience à des limites et une fois que j’aurai fini de discuter avec votre sœur, je pense que ma patience sera arrivée à son terme. Après je ne promets que malheur pour les gens qui se seront dressés contre moi, ainsi que la désolation de leur famille.

*Napoleon Bonaparte.
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Le prêtre sourit lorsque le Roy ne saisit de son propos que ce qui ajoutait à sa gloriole. Assurément, le Blanc-Combaz avait une future rencontre avec certaines maladies, ce qui ne serait pas très différent d'autres princes à l'époque. La discussion, en fait, la suite de monologues déconnectés se poursuivait, sans réellement laisser poindre de réel résultat.

- Je crains, hélas, Votre Majesté, que le Pape ne viendra point s'agenouiller devant vous. Que vous jouez de votre épée et l'astiquez comme bon vous semble, je doutes que cela ne fasse émotion auprès du Saint-Père. Quant à vos menaces envers les membres de la Saincte-Inquisition, je crains que vous ne soyez obnubilé par votre puissance au point de confondre vos désirs et certaines réalités. Si je suis en votre détention, Votre Majesté, ce n'est que ma par propre volonté, et non pas la dextérité ou la compétence de vos soldats.

L'homme, le salaud, insinua qu'il ferait saisir la sœur de l'Archevêque en guise de garantie. C'était là non seulement une manœuvre des plus horribles, mais carrément dangereuse lorsque l'on traitait avec des italiens. Le visage sévère du prélat se crispa quelque peu, n'étant détendu que par la surprise qui attendaient les sbires d'Eusaias s'ils osaient aller se coltiner avec sa soeur. Quelques décennies plus tôt, Cristoforo di Carrenza fut visionnaire en entraînant ses filles aux arts des armes, ce qui constituait une surprise de taille pour quiconque se laissait berner par le joli minois innocent. Il répondit sèchement.

- Si je puis me permettre, je suis convaincu que Sa Majesté ne fera aucun acte qui remettrait directement en cause son honneur, comme se saisir d'une personne tout à fait innocente. Persister dans ce chemin serait damner son âme de façon indélébile aux yeux du Très-Haut. Quant à votre justice, l'Église s'est toujours employée à respecter les lois temporelles. Vous ne pouvez brandir la justice, Votre Majesté, alors que je suis ici enfermé sans procès aucun, ce qui démontre votre actuel malaise à trouver, dans une vie de pur respect des lois, quelconque matière à procès. Si vous désirez de moi que je me rendes à Rome pour leur exposer la situation et vos volontés, je le ferai certes, cela est mon devoir envers le Royaume.

Il toisa le roy, visiblement fatigué de cet entretien, espérant enfin être libéré.

On ira tous au Paradis.

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