Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Journal de bord d'un équipage de branques...

[RP] Fichtre-cul d'drafiot ! Ou journal du capitaine béjaune

Grayne
Et on est partit de bon matin....




L'air froid et iodé du port de Montpellier emplissait les narines et l''aube commençait seulement à pointer le nez à l'horizon. Elle n'était encore qu'une ligne ténue au loin d'un orange encore froid qui cherchait doucement à se frayer un chemin dans l'épaisseur des bleus foncés. Grayne se tenait là, assise sur un tonneau sentant la saumure entassé dans un coin des quais. Elle respire alors un grand coup, chargeant ses poumons de l'air glacé de janvier et des effluves du port. Algues, poisson, sueur, bois et chanvre mouillé, épices et sel.

Elle regarde un sourire au lèvre le balais rôdé et matinal des gens du port. Les cargaisons se chargent et se déchargent, des hommes crient des ordres, d'autres des blagues salaces, une putain salut un marin qui embarque d'un long baiser humide, un bateau s'amarre avec le vacarme qui s'en suit. Le port est réveillé et alerte, bien plus que Grayne. Elle avait pour le coup, l'impression d'être baignée tout entière dans le tonneau qui lui servait de siège.

Putain, ça y est... Se dit elle en secouant la tête, surtout pour elle même. Elle fouille d'une main hésitante dans sa besace et en sort une flasque de grès. Très vite, une gorgée du liquide brulant et brutal viens réchauffer son gosier.

La gorgée du champion, la gorgée des courageux. Aujourd'hui, elle est capitaine et elle va se lancer à travers la mer. Non on ne peut pas dire que la navigation la connait... Son dernier voyage en bateau de plus d'une journée avait consisté en récurage de pont, serrage de quelques noeuds et surtout, de méticuleusement vider les réserves du mess en bonne compagnie.

Bon, après tout, capitaine, ce n'était que la même chose dans une cabine confortable et à beugler au lieu de récurer non ? Pleinement -ou un peu- rassurée par la gorgée de gnôle infâme et sa capacité à beugler fort au seul membre d'équipage du rafiot, Elle se met en marche et monte.

Rea Silvia, à nous trois !







    Journal de bord, premier jour de février 1461

    Nous avons réussi à sortir du port. Ah ! C'est une première victoire pour le capitaine Grayne et son fidèle matelot Laviolette.



    Après midi. Putain d'chiure. Ce foutu rafiot refuse d'avancer. J'ai tiré sur la corde de *rature* près du mat qui s'attache *rature* à plein de machin. Mais on reste immobile. Faut dire, y'a autant de vent que si j’essayai de souffler une bougie. Je crois qu'on à du oublier un truc de marin important. On a essayé d'accrocher un cabillaud à la proue. Les carottes ça marche pour les mules, les bateaux ça doit plutôt fonctionner au poisson.

    Note : penser à sacrifier une anguille demain si ça se calme pas. Il y a surement un truc maritime mystique à faire à ce propos.



    cantine : J'ai mitonné un ragoût de couenne, au poil ! Ça avait presque le goût de cochon !


_________________
Laviolette
Je ne tenais plus en place... Sautillant sur place...

On z'embarque! On z'embarque!

Je savais pas ce que cela allait donner, mais foi de fleur, ça allait dépoter... Le grand voyage, la grande aventure et surtout le truc qui peut mal finir en allant servir de mangeaille à la friture... Quoiqu'on risque d'être imbouffable vu le goût de la cuistance de Grayne.

Adieu Montpellier, hurlais-je en embarquant. Quand je reviendrai, je serai un fier mataf.
Grayne
Étarquez les bonnettes !*



La mer. Y'a pas à dire, c'est grand. On à beau se le dire du bord, que effectivement, ça semble vachement grand. Et bien une fois sur un rafiot en pleine mer, oui, effectivement, c'est grand. On distinguait encore, comme un filet ténu la côté au loin. Mais des autres côtés, rien que le bleu.

Perchée sur la vigie, Grayne était occupée depuis une bonne heure à scruter le loin, l’œil plissé et la posture digne. Être capitaine implique des responsabilités. Et si la connaissance de la mer était loin d'être son fort, elle restait persuadée qu'il fallait compenser en "ayant l'air capitaine". Après tout, on fait tout un plat, mais ça reste une question de charisme. En tout cas c'est ce qu'elle se répétait depuis trois jours, surveillant d'un œil son fidèle matelot.

Elle entreprit alors la descente de son perchoir. Les mains s'accrochent aux cordages et les pas s'enchainent. On ne peut pas dire qu'elle ai eu souvent le vertige... Après tout, monter et descendre à la corde, que ça soit sur un mur haut, une fenêtre ou un portail, cela reste la même manœuvre. Bien que le côté flottant ne soit pas un plus pour cette situation. Elle trottina sur le pont, époussetant négligemment ses vêtements. Elle s'assit en tailleur et sortit de quoi écrire.







Troisième jour de février 1461.

Cher journal de bord,

Voilà trois jours que nous sommes sur l'eau. TROIS jours, eh ouais. On a pas coulé, on est pas perdu, enfin je crois. J'ai trouvé une carte dans ma cabine. Elle à pas l'air trop vieille. Du coup, je regarde les nuages, je jauge et je fait des petit points dessus histoire de voir à peu près ou on se trouve. On fait les choses bien !

Bon, le premier jour à été compliqué, mais nos efforts pour dompter les esprits marins ont portés leurs fruits, depuis hier on avance de mieux en mieux ! Je crois même sentir au loin les odeurs de fritures espagnoles.

La violette trouve sa place j'ai l'impression. Faut dire, on est deux alors on peut prendre les places qui nous plaisent, c'est pas comme si on allait se bousculer. Bon, son problème de myopie sévère est pas un plus pour se diriger, je peux compter que sur ma maîtrise des éléments du coup, mais on fait une bonne équipe !

J'ai repéré un nuage qui à l'air d'avancer dans le même direction que nous, je crois que c'est bon signe, on va le suivre pour le reste de la journée.


Note : Le poisson de la proue commence à fatiguer, et les mouettes ne nous lâchent pas. Penser à demander à la violette d'aller en accrocher un autre.

Cantine : J'ai bidouillé une bouillie pas si mal ce matin avec une poignée de biscuits durs. Bon, à sec, on se serait pété les dents dessus, mais trempés une demie heure dans du vin chaud et du bouillon, ça le fait !






Merci au Naheulband et à la chanson "les pirates mauves"
_________________
Grayne
Et celle là tu l'as vu ?!


Cela ne faisait qu'une poignée de jours qu'ils étaient à bord mais ils avaient l'impression d'avoir toujours été là. Le pas bancal de ceux qui n'ont pas souvent quitté la terre a laissé place à un pied sûr et une dextérité à se mouvoir sur le pont et entre les cordages. L'air c'est rudement adoucit également. Bien que le vent en mer était toujours présent, ils avaient pu avec joie laisser tomber les capes et manteaux de grosse laines. Le bleu les berçaient de partout. Il n'y a pas à dire, les mers espagnoles ont un certain charme. Bien sûr, Grayne ne l'avouera jamais et se contentera de cracher dédaigneusement pour plutôt parler de la "mer qui bouge" du nord, celle qui est "gris vert" et qui au moins "est franche comm' une claque dans t'gueule !".

La donzelle avançait d'un pas presque dansant sur le pont, rognant un morceau de pain un peu dur, chantant de sa voix forte, la bouche pleine et postillonnant au ciel quelques miettes humides. L'avantage en mer, c'est qu'on peu crier fort, de toute façon, il n'y a personne !



    Un bateau chargé de vits
    Deschendait une rivière.
    Ils étaient chi bien raidis
    Qu’ils pachaient par la portière.

aaaaaaa Pan, pan, de la Bretonnière !
aaaaaaa Pan, pan, de la barbe au con.


Ils étaient chi bien raidis
Qu’ils pachaient par la portière,
Une dame de Paris
Voulut en acheter une paire...


Elle s'interrompit le temps de mordre à nouveau dans le morceau de pain récalcitrant, avant même d'avoir d'avoir avalé la bouchée précédente. Elle aperçut alors la violette, assis près du bord, sur un monticule ingénieux de caisse. Il était tout pétrit de la concentration extrême du pécheur consciencieux : Avachit la canne à la main, un air de demi-sommeil sur le visage. Ni une ni deux, elle sautille jusqu'à lui et le rejoint sur son perchoir.

Hé ! Cha mord ?

La bouchée est avalée et la main se pose au dessus des yeux, comme si cela permettrait de mieux voir les poissons en bas dans l'eau.

Si t'en chope un, j'te ferai un ragoût qu'tu m'en dira des nouvelles té ! Attends, c'est que j'm'y connais en vidage d'poisscaille... Mais... Ça serait pas...

Elle saute sur ses deux pieds et se penche sur le bastingage.

Hé ! Mais s't'un putain d'rafiot là bas !

un rafiot, certes, plutôt un véritable navire, bien plus grand que le leur brisait les vagues un peu plus loin, allant pour croiser leur chemin. Grayne replace ses mains au dessus des yeux, dans la position fière de l'observateur avisé.

Té ! Il doit être bourré d'marchandises à ras la gueule 'cui là ! Attends, on va leur dire coucou !

Elle quitta son poste d'observation, montant sur un point plus élevé. Il ne fallut pas longtemps avant que le bateau arrive à leur niveau, toutes voiles gonflées et le pont grouillant d'un équipage affairé. Souriant largement de son sourire incomplet, elle place alors ses mains en porte-voix et reprend sa chanson, se dandinant légèrement sur son promontoire improvisé.


    Pour en choisir deux jolies,
    Envoya sa chambrière.
    Chambrière, en femme d’esprit,
    S’en est servi la première
    .


aaaaaaaPan, pan, de la Bretonnière !
aaaaaaaPan, pan, de la barbe au con !


    Chambrière, en femme d’esprit,
    S’en est servi la première.
    Elle s’en est si bien servi
    Qu’elle s’est pété la charnière
    .


aaaaaaaPan, pan, de la Bretonnière !
aaaaaaaPan, pan, de la barbe au con !


Elle éclate alors d'un rire sonore. Oui, chaque occasion est bonne pour se distraire à bord d'un bateau partit pour une longue traversée avec un seul compagnon de traversée. Grayne se retourne alors, déboucle d'un geste vif sa ceinture, baisse ses braies aussi vite et expose, avec toute la classe et la dignité dont elle est capable, son séant au bateau plus loin.


Regardez ça té ! Va-y ! R'gardé ça dans ta lorgnette té !


Tout marin expérimenté vous le dira, être capitaine, c'est du charisme, de la classe et aussi, savoir réagir à n'importe quelle situation.





Journal de bord, 4ème journée de février 1461

On file vers l'ouest dans la jolie mer des Baléares ! C'est beau , c'est bleu, mais on s’arrête pas pour se baigner. Concours du jour : Le premier qui pêche un poisson volant gagne un biscuit !

On à croisé un putain de gros bateau dans la journée. J'ai lu "Le Vadrouilleur Imperial" sur cette grosse barquasse... Ils sont repartit vite. Ils doivent avoir plus de trucs dans la cale que nous, avec un bateau aussi gros. On dois figure pâle figure avec nos poignées de maïs de miche de pain pourries.


Cantine : Si la violette nous chope un poisson, c'est rata de poiscaille ce soir au menu. J'ai retrouvé un navet pas trop frippé dans la cale. Ca donnera ptet du goût au bouillon. Faut voir...

_________________
Laviolette
Je venais de chopper une friture, et pas une petite... La capitaine nous a promis un sacré brouet si j'y arrivais... Souci : suis pas sûr de réussir à l'avaler ce ragoût, je passe mon temps à renarder par dessus le bastingage. Avantage : cela semble attirer les fritures autour de mon hameçon. Inconvénient : je suis pas bien, tout retourné et nauséabond...

J'espère que cela va passer, car soit j'ai pas le pied marin, soit c'est la cuistance de Grayne.


Capitaine, j'ai votre friture pour la mangeaille. Tout frais.

Et avec le t'io que j'ai choppé, j'ai remplacé celui de la proue. Bien fait?

Je me précipite au bastingage, lâche un jet de vomissure couleur glaire et arrive à lâcher :

Je crois qu'il sera que pour vous cette poiscaille....
Laviolette
'Core une journée... Je vais mieux, ça doit donc être la cuistance de Grayne qui ne me convient pas. Reste plus qu'à en pâtir quelque temps...

Aujourd'hui, elle m'a donné un drôle d'ordre :

Citation:

Dis donc matelot Laviolette, J'ai fait un rêve c'te nuit, où la Réa Silvia avait des pattes de canard sous sa coque, et que c'est pour ça qu'on avance aussi vite... Tu plonge pour voir ça ? Pour être sur !


Je sais pas vraiment ce que je dois en faire... Donc j'ai obéi. Un boute autour du corps et à la baille la jolie fleur que je suis... Pas bon l'eau salée, mais on obéit à son capiston...

Et :


Mon Capiston!!! Y a pas de pattes de canard sur notre rafiot... Rien d'autre que des algues et des argonautes...

Maintenant ne me reste plus qu'à remonter à la force...
Laviolette
Raghhhh....!!!!

Je me mis à galoper partout sur le gaillard, en hurlant, gesticulant, m'arrachant les cheveux... Jusqu'à m'étaler par terre à cause d'un bout de corde qui traîne... Bout de corde que j'aurai dû ranger depuis 3 jours environ...

Et mon état d'énervement, non pas d'énervement. Mon état d'hystérie serait plus proche de la réalité, vient du fait que le Caspiton avait les intestins viciés et tout cela à cause de sa cuistance... Cuistance qui lui vaut d'être bloqué aux tinettes...

Ca veut dire que c'est moi qui barre le bateau... Oui moi, le matelot qui sait rien faire, qui ne sait qu'obéir à son Capiston, même dans ses ordres les plus bizarres...

Je me remis à courir en hurlant...


On va caner...
Grayne
Quand un pêcheur a faim, il mange un poisson. Quand la mer a faim, elle mange un bateau.



Voilà maintenant presque une quinzaine de jours que le Rea Silvia avait levé l'ancre. Se serait minimiser la chose que de parler d'un manque certain d'optimisme quand à la réussite du voyage de la part des marins aguerris que Grayne avait croisé avant de prendre la mer. On lui avait dit qu'elle coulerait à peine passé la rade du port, qu'ils seraient pillé et massacré par des pirates en moins de trois jours, que le vent les retourneraient avant qu'elle n'ai eu le temps d'entamer les réserves de gnôles, qu'ils se retrouverai en Grèce au lieu de La Rochelle avant de comprendre ce qui leur arrive ou bien qu'elle passerai raide torchée par dessus le bastingage à peine la première nuit entamée.

Bien que la dernière option était de loin la plus plausible... Rien. Ils avaient maintenant dépassé Porto, le vent de l'atlantique soufflant dans les voiles, et le Rea Silvia, entier tout comme eux, glissant sur les flots comme s'il n'avait besoin d'aucune aide.

Oh, ce n'est pas sans déplorer d'incidents. Grayne avait du panser le crâne égratigné contre la coque de son unique matelot, quand il était remonté, des algues entre les dents d'une vérification dont l'utilité reste encore à démontrer. A rajouter sur la liste des incidents de bord, deux jours de droulle de tout les diables .

La fière capitaine se promenait sur le pont. L'air doux et calme de la méditerranée avait laissé place à un vif et mordant, tout empli de sel. Les voiles battaient et claquaient, tantôt leur bruit résonant sur tout le pont, tantôt gonflée et tendues comme la chemise d'un bourgeois au sortir d'un banquet de noce.






Cher journal du quatorzième jour de février 1461.


On avance bien. Enfin, je le suppose, on file si vite que j'ai l'impression qu'on va écourter la nuque de tout les dauphins qui pourraient se trouver en dessous. D'ailleurs, est ce qu'on peut vraiment parler de nuque pour un dauphin ? Parce que même si ça à une tête...

bref, j'ai un peu l'impression qu'on est perdu. On voit plus la côte et y'a que de l'eau de tout les côtés. Mais je suis confiante. J'ai un bon sentiment et je crois même pouvoir dire que je sent le truc. Tu vois ? Un peit coup de "la violette, à gauche, là ouais..." et un petit "à Tribabord toute !" pour alterner... Et hop, ça le fait. On en fait tout un plat de la navigation hein, mais franchement, c'est surtout une question d'avoir LE truc. Et sans vouloir me vanter cher journal de bord, ouais, je crois bien que je l'ai ce foutrecul d'truc.

Bon, pour la violette, ça reste à voir. Faudra déjà qu'il essaye de pas se tuer, ça sera déjà une bonne chose.


Note : Penser à vérifier si le nuage qui nous sert de repère à pas trop dévié.

Cantine : Je crois que ça sera diète pour ce soir. Enfin, juste un ptit coup de gnôle pour tasser hein, normal...

_________________
Laviolette
Je suis soulagé. Le capiston a repris son poste... Elle barre de nouveau notre jolie barcasse. Et pis elle est fortiche, la Grayne. Elle a tout compris de la mer, la barcasse avance, je reçois des ordres. Et pis quand j'en ai pas, j'en demande...

D'ailleurs...

Fonçant vers elle, en zigzaguant entre les bouts de corde, les tonneaux vides et les détritus de poissons :


Capiston, j'ai rien à faire. Y a qu'que chose à faire? Parce qu'a pas à dire, je m'ennuie là...

Grand sourire. Attente d'ordre. Et pis pour lui faire plaisir, vu que j'ai lu le journal de bord, je sais quoi rajouter...

Et vous êtes le meilleur des Capistons, Capiston. J'voudrai pas servir sous les ordres d'un autre Capiston que vous...
Grayne
Qui pisse au vent, mouille son caban.




Grayne était juchée près de la proue, un air de concentration extrême en fixant les nuages qui défilaient sous le vent. A force qu'il souffle aussi fort, elle avait presque l'impression d'être un biniou. Sauf que l'air humide et salé lui poissait le visage, les cheveux et mouchetait de sel ses vêtements.

Fichtre cul. Ces putains d'nuages arrêtent pas d'bouger, comment qu'tu veux qu'on s'y retrouve. [i]Nota elle mentalement.

Elle secoue la tête tristement. A peine le temps de réfléchir à un plan d'action pour ce qui est de la direction à prendre que les pas de son fidèle second-ami-matelot-récureur de pont-compagnon de voyage se font entendre.[/i]

"Et vous êtes le meilleur des Capistons, Capiston. J'voudrai pas servir sous les ordres d'un autre Capiston que vous..." Qu'il lui dit, un grand sourire au bec, sa toison outrageusement rousse flottant dans le vent.[/i]

Grayne hoche doucement la tête, perdue dans ses pensées. Ô flagornerie ! Consciente de ce fait ? Oh bien sûr. Cela change il la donne ? Oh bien sûr que non. D'ailleurs, en un haussement d'épaule, la donzelle oublie ce détail et sourit, buvant la cajolerie comme une pinte fraiche.

Bah tiens qu't'pourrais pas avoir d'meilleurs caps... caspi... Bref, capitaine. peut 'porte comment qu't'appelles ça.

Elle le gratifie d'un sourire, bombant tout de même légèrement le torse. Oui, il s'agirait de ne pas perdre l'aura du capitaine dans la discussion. Elle regarde avec un air de pitié mêlée de compassion, intimement convaincue que la nature, le créateur ou quelque soit le responsable, n'a vraiment pas été généreux avec tout le monde.

Bah, t'sais quoi ? T'vas ranger s'merdier, aller m'chercher une bouteille d'gnôle... t'sais celle qui sent un peu l'vieux torchon, mais qu'en fait quand on l'boit pas vraiment... Elle mime la forme de la bouteille, pour aider à l'identification de l'infâme boisson. Et t'vas aussi m'ramener du... Des... D'machins qui servent pas et qui s'jettent. Elle place la main au dessus du front, fixant un point au loin. On est pas loin des côtes, y'a des mouettes. Avec un peu d'chance, on leur balancera des trucs, ç'va être drôle !





Journal de bord, quinzième jour de février 1461


Té ! Foutu journal tu vas pas me croire ! On à dépassé le cap machin. Enfin, un truc important sont m'avait parlé le frangin, j'ai reconnu sur la carte mais faut dire que moi et les noms, ça fait plus d'une paire.

bref, ça roule quoi. Même si s'foutu vent m'ferais presque craqueler les yeux.


Cantine : On croise les doigts pour la mouette rôtie ce soir !

_________________
Grayne
Mieux vaut flotter sans grâce que couler en beauté !



Si longer les côtes espagnoles avait été un doux moment à profité de la brise tiède et du soleil encore pâle de la fin de l'hiver, le passage dans l'atlantique s’avéra d'une autre trempe. La douce brise avait doucement laissé place à un vent fort et continu, dru et piquant, salé et humide. Le ciel lui avait troqué sa teinte turquoise contre un épais tapis de nuages gris, moutonneux parfois, sombres et compactes une autre heure. Et le paysage... La côte, jamais très loin, qui semblait défiler tout au long de leur voyage, comme une petite ligne changeante avait elle, tout à fait disparu. C'était maintenant de l'eau à perte de vue, rien que de l'eau.

C'était le deuxième jour de gros vent. Et pour couronner le tout, la pluie s'en était mêlé. Le bateau se soulevait aussi facilement sur les roulis qu'une feuille dans la brise, et retombait, lourdement, brisant les vagues comme un phoque sur une mare. Mais le Rea Silvia filait, et avançait, et ce, sans le moindre encombre. Certes, la navigation à son bord en cette journée de tempête était grandement différente des jours de farniente à pêcher sur le bord.

Grayne courrait d'un côté à l'autre du bateau, tirant certains cordant, en nouant certain et dénouant d'autres. Logique, connaissance, instinct de survie ou intuition... Il aurait été difficile de se décider en regardant le manège de la fière capitaine, jurant et beuglant d'un bout à l'autre du bateau dans un balai d'aller retours glissants et décousus.


FICHTRE CUL D'RAFIOT !

Les mains attrapent un nœud, tirent sur la corde mouillée, et en viennent à bout. Et hop, direction l'autre bout du bateau, en trottinant sur le pont mouillé.

FILS DE CHIENNE D'FOUTU CORDON D'MES DEUX !


Un cordage est sèchement tiré, retendu et fixé. Grayne prend appui sur une pile de caisses fermement amarrées et saute par dessus en direction de la barre. Elle ne glisse presque pas, le pas sûr et motivé par les jurons permanents, elle redresse d'un coup la barre.


LA VIOLETTE ! Zieute par l'autr' côté si tout s'bien attaché et qu'ça tire pas d'trop ! Une gerbe d'eau viens lui caresser le visage. LA RACLURE D'TINETTE !

Elle explose alors d'"un rire sonore et on ne peux plus franc, de ceux qui couvrent le bruit et vous secouent les poumons. Elle repart vers l'avant, tout près du bord, d'un pas presque sautillant. Un grand sourire aux lèvres, ses cheveux mouillés battant son visage, elle regarde l'horizon, un air satisfait. Le bateau continue de rouler, de monter, de descendre. Mais elle à confiance. Elle saisit à son flanc une flasque, la débouche du pouce et s'enquille une gorgée de gnôle brûlante.

La, ça c'est de la navigation. Et ça, elle pourra le foutre au cul de tout ceux qui lui avait dit qu'elle en serait pas capable. Chanceuse ? peut être, mais pour Grayne, la chance n'est même pas un paramètre, la plupart du temps, elle ne se rend même pas compte que cela existe.




Journal de bord du 18ème jour de février 1461.


Putain de vent ! On à un putain d'vent ! J'entends tout l'rafiot craquer et s'foutu enflure change de sens toutes les heures. Mais, l'Rea il assure et nous aussi. Ca, c'est dit !

Si j'en crois ma carte, on serait presque arrivé. J'ai eu l'impression au début que c'était une foutue blague et que j'avais du remplir la carte bourrée, mais non, je crois pas. C'est juste l'autre con qui m'a baratiné sur le temps de voyage. Ou alors, on est hyper bon avec la violette.


En tout cas, tout est foutuement mouillé et ça commence à bien faire. Mais j'arrive bientôt, et j'pourrait arriver, fièrement postée sur la proue en entrant dans le port. Et ils serons tous verts tiens !


Cuisine : Pas le temps, ce foutu rafiot à besoin de nous là. On grignotera bine un bout de vieille miche. La chance, avec toute cette flotte elle sera ptet bien ramollie !

_________________
Laviolette
Le Capiston m'a dit d'aller vérifier un des côtés du bateau, voir si tous les bouts de cordes étaient bien attachés... Reste plus qu'à y aller, vu que je suis pas du bon côté...

Ça roule, ça tangue, ça bouge, ça glisse, ça ballotte... Rien pour aider à marcher droit. Mais bon je sais un truc : quand t'es pas sûr, tu t'enroules un bout de corde autour de la taille et tu l'attaches bien fort à l'endroit le plus sûr...

L'endroit le plus sûr : le grand mât... Et vogue, matelot! On peut traverser le pont...

Un pas à droite, un à gauche, un à droite... On va pas droit comme ça, mais au moins j'avance...

Euh, grosse vague en approche sur le côté...

Et me voilà parti à faire demi-tour... Une autre grosse de l'autre côté, et demi-tour... Mais le mât était pas une bonne idée... Je suis entrain de m'enrouler la corde autour...

Quelques vagues plus tard, j'ai plus beaucoup de mou dans la corde. Pour être franc, toute la corde est très proche de moi... Comme le mât d'ailleurs...


Euh Capiston, j'aurai besoin d'un coup de main pour me dégager là...

Capiston!!!

Une vague balaya à ce moment le pont, amenant une énorme quantité d'eau dans la figure...

Capiston!!! Au secours!!!
Grayne
Qui s'attache au mât, y perd le bas !


Pour être un bon capitaine, il faut le "truc". Ça, c'est dit. Il faut également le charisme, ça on le sait aussi. Mais, une autre chose importante est aussi de pouvoir rebondir sur n'importe qu'elle situation. Et si quelqu'un est doué dans ce domaine, même si c'est pour y répondre de façon simple, c'est bien Grayne. Quand on mène une vie ou les trois quarts des décisions et des actions vous plongent jusqu'au cou dans des situations épineuses, bourbeuses ou dangereuses, savoir rebondir fait partie de l'instinct de survie. Naviguer avec un matelot dont la sincère innocence et l’obéissance aveugle le mettent systématiquement dans des situations improbables, demande d'autant de capacités à jongler avec le sort.

Toujours perchée près de la proue, le fier "capiston" se tourne vers les cris, couvrant avec peine le bruit des vaches et du vent claquant les voiles. Elle tend la main au dessus du front, et aperçoit enfin l'objet des beuglements. Son fidèle second, saucissonné comme le dernier des rôtis au grand mât.


Fichtre cul d'rouquemoute !

Un bon, deux, trois, tel un cabri dans les alpes -l'haleine de gnôle en plus- Grayne bondit vers son matelot, prisonnier et mouillé jusqu'au fondement. Avant même de saisir les cordages, elle se place devant lui, les yeux plissées, son visage à quelques centimètres à peine du sien, l'oeil inquisiteur.

J'pourrais t'demander comment qu'tu t'retrouves ficelé comme la cuisse d'une putain grasse dans une jarretière... Mais j'crois que j'préfère même pas savoir...

Elle secoue la tête et s'acharne à démêler le nœud de cordages mouillés. Ne pas poser de question, c'est encore le mieux à faire. Pour un peu il expliquerait bien que c'était pour lui servir de bretelles. Le lien retombe vite sur le plancher de bois détrempé, la pluie battante continuant de les arroser copieusement.

Voilà, aussi libre qu'un fraichement veuf !

La fière "capiston" lui colle une tape amicale dans le dos, de ses mains bourrues, comme elle sait si bien le faire. C'est là qu'un grand claquement, comme si milles lavandières secouaient leur draps au lavoir en même temps retentit.

OH PUTAIN D'CHIURE ! LA GRANDE VOILE !

Battant comme linge mouillé d'un coin, la voilà, qui les narguent dans le vent. Bientôt arrivés, oui, mais pas encore sortis du sable...





Journal de bord du 19 février 1461.

Ca y est. la tempète est passée et le vent est pas mal tombé. Cette foutue pluie nous lâche enfin l'crâne ! Et j'crois bien qu'on sera dans l'port d'ici demain matin.

Raaah, y'a pas à dire, ça fait bizarre. Mais putain ! On l'as fait.


Cantine : On fini les restes ! J'ai retrouvé quelques biscuits durs, y'a plus qu'à les laisser tremper l'après midi si on veut pas se casser les dents. Il nous reste du tafia, ça serait con d'en avoir encore en arrivant à terre, vu que c'est des réserves de bord...

_________________
Grayne
Fait curieux : personne n'a jamais le mal de mer à terre.




L'air est doux, le printemps s'approche. Il n'y a pas si longtemps encore, le froids s'acharnait à tirailler les orteils des voyageurs, perçant la peau de vives engelures. Pour Grayne, voyager était encore à ce moment là, de longues marches sur les chemins, les pieds dans la boue, dans l'herbe ou la terre neigeuse, à se blottir la nuit arrivée autour d'un feu de brindilles pour essayer de redonner vie aux extrémités bleutées de son corps. Et puis ce fût ce voyage, LE voyage. Grayne avait goûté à l'aventure, au vent salé sur le visage et aux tempêtes soulevant cœur, entrailles et bateau. L'édentée avait goûté de ce vin dont on oublie pas le gout.

L'après midi était bien entamé, et le port s'approchait, toujours plus. Si proche qu'on aurait l'impression d'avoir juste à tendre la main pour serrer la pogne des dockers... C'est à cheval sur la proue, ses pieds pendouillant dans le vide au rythme de la chanson paillarde qu'elle sifflote que Grayne fera son entrée à La Rochelle. Son biniou -obtenu dans d'obscures circonstances- accroché en bandoulière, elle salut les travailleurs sur le port, avant de porter ses mains en porte-voix.

Héééé ! Réservez moi au moins un tonneau tout'entier d'bonne bière ! J'ai l'sel qui gratte le gosier ! J'ai l'impression d'être un jambooon !

Elle explose de rire, gagnée par l'euphorie du moment. Ca y est, le frangin va pouvoir fouler le pont de son bateau, elle va pouvoir, au passage, montrer et expliquer à tous -et plusieurs fois- a quel point elle est un capitaine formidable et par dessus tout, elle va pouvoir jouer au marin de retour de périple dans les tavernes. Bon public, il lui suffit de crier elle même un peu pour avoir plus d'énergie à revendre qu'un troupeau de gamin heureux de sortir de la messe. Elle saisit son instrument et le renifle. Ayant le temps de son voyage à pied servit d'outre, il semble destiné à souffler un air vinassé comme celui d'un ivrogne. Qu'a cela ne tienne, pas besoin de ça quand il s'agit de faire du bruit. Car Grayne vous l'expliquera, ceux qui disent qu'on peut obtenir de la musique avec ce machin sont des menteurs ! La poche est vote gonflée, tripatouillée, les flutiôts redressés, et le premier son sort, violent et strident à la fois, tremblant dans l'air, résonnant dans le port.


PoooOOOOouuuUUUUuuuuiiiiIIIIIIiiiiiiiin ! Elle ôte le flutiôt de la bouche et prend le relais, de sa voix forte. [/i]On est revenu ! PooOIIIiiiiiIIIIIIIIIIIIIiiiiiiii !

[i]On est fier capitaine quand on à le charisme, quand on a la pose, il se faut alors, une entrée au port digne de ça ! Et pour ce qui est de faire du bruit, Grayne connait son affaire.

Et le Rea Silvia avant, doucement, tel un gros canard paisible, accompagné par le tonnerre de l'instrument, crissant comme un chat qu'on égorge.








Journal de bord du 20 février 1461


Vingt jours ! Eh ouais. On m'avait prédit un mois et demi, comme quoi... Ca y est, le port est en vue, arrivée sans encombre.. Tout ça... Bref... C'est presque triste de se quitter là cher journal de bord ! Je commençait à m'amuser. Bon, je te laisse entre de bonne main, le frangin c'est pas le dernier des mignons tiens avec une plume en main. Sûr que l'journal va se transformer en recueil de poèmes de bord. Mais ça aura de la gueule.

Repose toi bien Rea Silvia, et chope pas trop de bernicles dans le port...

_________________
Laviolette
Après ma mésaventure avec une corde et un mât, v'là que le Capiston m’annonce qu'on arrive à la Rochelle, juste après m'avoir démêler de ma douce amie, la corde...

Je suis content, on l'a fait... Relier Montpellier à la Rochelle sans rien connaître des barcasses... Juste pour embêter tous ceux qui nous ont prédit mort, naufrage, noyade et tous autres désagréments que l'on peut imaginer dans la cadre d'une balade en mer...

Mais v'là pas que le Capiston sort son outre à vinasse et se met à souffler dedans... Et ça en sort un son horrible... Le genre de truc à vous crever les oreilles ou à vous les crever vous même pour ne plus entendre ça... Mais bon, je ne peux que l'accompagner dans sa sonate de fin du voyage...

Et je fonce chercher la harpe que j'ai trouvé abandonné dans le fond de la cale. On peut pas dire que je sais en jouer, mais je sais en tirer des sons qu'on va dire...

Et me v'là à côté de Grayne à tirer joyeusement sur les cordes :


Tzoinnngg... Zsoingggggg.... Tsssoiiiing...

Et à chanter, mais bon hurler serait plus juste en même temps :

La Rochelle, mon amour. Nous voilà!
Rentre tes donzelles. Nous voilà!
Cache tes fûts. Nous voilà!
Et surtout cache les bien. Nous Voilà!!!!


Tzoinnngg... Zsoingggggg.... Tsssoiiiing...

Et voilà t'y pas que je tente de faire de la musique...
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)