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[RP] Lorsque la mort vient, elle n’argumente pas...

Isleen
[Lorsque la mort vient, elle n’argumente pas, il faut y penser.]

Partir, tout quitter, tout abandonner, tout fuir, lâchement, sans un mot, sans se retourner, sans rien dire, ni faire, juste comme ça, en laissant tout, sans un mot, telle l’amie qui s’en va chercher quelques chose, telle la tavernière qui va juste faire une course au marché et que vous attendez impatient de la voir vous servir la prochaine tournée, telle la femme que le mari envoie faire une course et qui au final ne reviens jamais, dont au final vous ne savez ce qu’elle est advenue, juste qu’elle a disparue, envolée, plus aucune nouvelle.

Vivre, c’est mourir chaque jour.

Isleen entre dans le logis, et il lui semble que c’est dans une autre vie, lointaine qu’elle aurait pu faire cela, sans le moindre remords, ce temps ou la vie l’a laissé seule, ou le peu de liens, d’attaches véritables qu’elle avait, furent rompues par la force des choses, par la vie, dans une autre vie pas si lointaine, une autre vie si facile à retrouver, il suffit de si peu, quelques pas au loin, les premiers, les plus durs et, continuer encore sans se retourner.

Vivre c’est mourir, s'oublier dans les liens que l’on se crée.

Elle n’est plus cette femme sans attaches, aujourd’hui, elle est forte de ses liens, et faible aussi d’eux. L’amitié, l’amour, ils vous galvanisent, vous emportent, vous transcendent, vous font vous dépasser, tout autant qu’ils vous tuent, nous anéantissent de l’intérieur doucement, surement, ou violemment d’un coup, vous brisant le cœur en milles petits morceaux, les laissant éparpiller au sol. Petits bouts qu’il faut alors patiemment recoller les uns au autre, un puzzle pour lequel l’irlandaise a perdu des morceaux.

C’est bien parce qu’elle n’est plus la même rouquine que celle qui s’échoua sur les cotes bretonnes, plus la même que celle qui arriva en Languedoc, plus la même que celle qu’elle était avant les lettres, avant l’arrivée de Manon, c’est bien pour tout ça et plus encore, qu’elle est ici, à demander au premier qui passe ou se trouve Gabrielle, Enzo, savoir s’ils sont là, si elle peu leur parler, qu’elle envoi faire la demande.

Vivre c’est mourir, dans la confiance qu’on porte.

Elle veut leur parler, il n’y a qu’à eux qu’elle peut demander, eux en qui elle a confiance, mais bien qu’elle ait ses entrées ici plus facilement que quiconque, elle sait qu’il ait des choses à respecter, elle n’est pas totalement sans gène, sans manière, sans savoir vivre, elle a reçue une éducation qu’elle utilise de temps à autre, c’est bien l’une des rares choses qu’elle a obtenu de son géniteur, ça et l’arrivé de Manon dans sa vie. Isleen attend donc, s’avançant tout de même dans la grande salle, s’approche de la fenêtre, et ses onyx se portent sur le dehors, bientôt, ils partiront combattre, et les lieux familiers ne seront plus que souvenirs inscrits dans la mémoire.

Vivre c’est mourir de l’amour que l’on ressent.

Trop de souvenirs, trop de sentiments, c’est pour cela qu’elle part aussi, pour tenter de faire le vide, de se diluer dans la vie, telle l’écume dans la mer, pour qu’à chaque apparition à la surface, elle soit la même et pas, se diluer et s’oublier… l’oublier lui. Être les vagues qui se fracassent de colère, de rage sur les rochers, sur la plage, être l’écume, pleurs des femmes de marins disparus en mers, larmes salées amères des moments qui n’existeront plus, des mots durs, violents échangés, et de tous ceux qui ont fait qu’elle l’aime, être tout cela, diluer les sentiments, le souvenir parmi d’autres, les faire disparaitre un jour ou du moins en atténuer les contours, mourir de tout cela et affronter la mort.

Mourir chaque jour, c’est vivre.

La dextre se lève pour plonger par réflexe dans sa crinière, signe de sa nervosité, ne rencontre que le vide, elle en a oublié l’avoir domptée, bridée depuis peu en une longue tresse, la main retombe donc pour se poser doucement sur sa besace. Les pensées de l’irlandaise vont vers ce qui s’y trouve, aujourd’hui, plus qu’hier, elle est obligé de songer à ce qui se passera si le pire arrive, pour Manon, sa sœur venue jusqu’à elle.

Elle meurt de tout, de ses angoisses, de sa solitude, des sentiments, de ses biens, de ses pensées, mourir de tout cela pour pouvoir s’émerveiller encore comme une enfant qui les découvre de ses yeux neufs, mais cette mort n’est pas physique, et même si souvent la Señorita l’a juste frôlé, il lui faut penser au jour ou elle viendra vraiment, y songer et préparer l’avenir, voilà ce qu’elle fait là aujourd’hui, voilà pourquoi elle attend ses amis. Elle a une chose importante à leur confier, à leur demander.

Car lorsque la mort vient, elle n’argumente pas, autant alors s’y préparer.


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Gabrielle_montbray
- Senher, Madame… Isleen est en bas, elle demande à vous voir.

Gabrielle hausse un sourcil et regarde Enzo. La visite de la rousse n’était pas attendue. Non pas qu’elle ait vraiment besoin de s’annoncer mais la nuit va tomber et ils se verront de toute façon demain. C’est donc un peu étonnant qu’Isleen débarque comme ça et veuille les voir. Tous les deux de surcroit. Ca doit être important.
Certes Isleen est un peu la confidente du couple, l’amie commune des deux, celle qui sait plus que quiconque, écoutant l’un, consolant l’autre, supportant les engueulades, les réconciliations. Mais finalement, elle passe de l’un à l’autre et les mélange rarement. Pourtant elle en sait des choses, Isleen. Elle en a vu et entendu.
Elle est celle qui sait les écarts d’Enzo, sa violence, ses infidélités, sa jalousie. Elle est aussi celle qui est proche de lui. Très proche. La seule femme avec Cebyss que Gabrielle ne regarde pas d’un œil sombre quand elle se penche sur son mari, la seule femme en qui elle a confiance. A qui elle confierait le soin de veiller sur Enzo, sur son fils. Isleen a été là quand Gabrielle n’était que la cousine, elle a été là quand elle était seule, elle a été là quand elle s’est mariée, et c’est à elle que Gabrielle a broyé la main lors de la naissance d’Eyquem. Elles partagent parfois les mêmes bains, la même couche. Isleen sait tout de leur vie, presque tout. Une présence discrète, mais une présence sur laquelle on peut compter. Et Gabrielle ne lui rend pas si bien. Elle ne sait même pas si elle lui a déjà dit merci d’être là, elle est certainement moins présente, elle écoute sûrement moins bien. Gabrielle est une amie médiocre. Un constat difficile mais honnête.


- Enzo ? Je… Heu… Prenez-le.


Et de coller Eyquem dans les bras de son père, elle ne sait pas bien si ça se fait ou si ça lui plaira, mais elle ne sait pas quoi faire d’autre, toute encombrée qu’elle est avec l’enfant contre elle. Encombrée et un peu troublée de cette première fois entre son fils et elle. Elle n’a jamais été aussi proche de lui depuis sa naissance. C’est tout à la fois émouvant et angoissant cette rencontre entre elle et lui. Gabrielle est agitée à l’intérieur. Se rendre compte qu’on est mère n’est pas chose aisée pour elle. Amie médiocre. Mère médiocre. Gabrielle secoue légèrement la tête et fait un petit sourire à Enzo. Epouse médiocre aussi peut-être bien. Elle ne sait plus bien. Et ça n’est pas le moment d’y songer. Demain, ils partent à la guerre. Et ce soir, elle va tenter d’être là pour son amie. Pour rattraper toutes les fois où elle n’avait pas assuré son rôle.
Gabrielle claque un rapide baiser vassalique à Enzo et ouvre la porte de la chambre d’Eyquem, Suzanne la nourrice attend patiemment que les parents lui rendent son fils nourricier.

- Je repasserais saluer Eyquem demain avant le départ.

Une façon polie de signifier à Suzanne qu’elle viendra quelle que soit l’heure, et qu’il sera de bon ton de ne pas l’emmerder à ce sujet. Eyquem est son fils. Elle est sa mère. Et elle peut bien venir le voir quand bon lui semble.
Gabrielle descend ensuite les escaliers à toute vitesse, ne ralentissant l’allure que dans les dernières marches. Elle voit Isleen qui regarde la cour par une des fenêtres de la grande salle.


- Tu es nostalgique des lieux ? Tu sais que tu reviens t’installer ici quand tu veux !


Un sourire à l’irlandaise. Un claquement de doigt pour se faire amener du vin, ils ne peuvent pas se permettre plus fort la veille d’un départ aussi importante.
Gabrielle prend place dans un des sièges autour de la table. Son regard bleu sombre se pose sur Isleen.


- Tu es venue te confesser avant la bataille ?

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Enzo
Il est beau son fils. Ça n’est sans doute pas objectif, mais Enzo aime et trouve beau le garçon qui bouge un peu dans les bras de sa femme. Si le jeune homme n’avait jamais nié le fait qu’il aimerait avoir des enfants, il ne pensait jamais en avoir un aussi rapidement. Et certainement pas de Gabrielle, puisqu’il la croyait – au tout début – infertile. Ce qui expliquait selon lui pourquoi elle n’avait jamais eu d’enfants avec l’angloys. Et vouloir des enfants c’était surtout perpétuer le sang, le rang, avoir un héritier, plus qu' "avoir un enfant » comme on le concevra des années plus tard. Ça n’était pas un choix, mais une nécessité. Enzo fixait donc un peu son fils, un peu sa femme, un peu les deux à la fois quand quelqu’un interrompit l’échange silencieux. Ils ne pouvaient jamais être tranquilles ? Bon, ça faisait déjà un moment qu’ils étaient là, mais tout de même. Un soupir du jeune homme, et un regard noir et froid envers celui qui vient les déranger. Sans cogner de surcroît ! Le jeune homme hausse les épaules au regard de Gabrielle. Il ne savait pas plus qu’elle ce que la Rousse voulait, et elle voulait les voir tout les deux ? Vraiment ? C’est que souvent, ils pouvaient se voir seuls à seuls, mais rarement tous les trois. Isleen avait peut-être quelque chose d’important à leur annoncer. C’est donc en soupirant qu’Enzo avait fait un pas vers la porte quand Gabrielle décida de lui coller son fils entre les mains. Yeux étonnés, bras qui tentent maladroitement de tenir correctement l’enfant, bouche ouverte pour dire quelque chose, mais qui se referme pour recevoir le baiser vassalique. Ce petit baiser qu’il a apprit à apprécier à force du temps. Et la voilà envolée sa femme. Le jeune père cligne des yeux, un brin embêté et regarde son fils, le tenant à bout de bras. Silence. Il sourit le bébé. De ses sourires édentés qui viennent aussi facilement qu’un rire quand la main chatouille le ventre.

- « Ehm »

Il l’a déjà tenu son fils, quelques instants. Parfois. Il lui a embrassé le front, déjà et même jouer avec lui, si on peut dire que bouger un hochet devant sa bouille c’est « jouer ». Juste pour le voir sourire et rire. Il ne le dira pas à Gabrielle, mais regarder son fils, c’est un peu se regarder lui et elle. Se rappeler le principal et oublier ce qui met un frein, un peu, à leur épanouissement. Ou peut-être juste au sien. Il ne sait pas bien. Sans doute qu’il la rend malheureuse aussi, avec sa façon d’agir et de mal l’aimer. Enzo sourit à Eyquem qui se met à gazouiller, tandis que Suzanne revient dans la chambre et tend les bras, un peu effrayée de la tenue de l’enfant par son père. Le jeune homme la regarde un instant, et colle son fils contre son torse, la tête déposée contre l’épaule, une main au niveau des fesses et l’autre dans le dos. Geste qu’il fait tout à fait naturellement, ne sachant pas bien pourquoi. Le regard se fait plus noir, et Enzo de serrer son fils bien contre lui. Drôle de sensation d’ailleurs de le sentir ainsi contre lui. Les sinoples jettent un œil au bébé, puis retournent vers Suzanne qui semble toujours attendre qu’on lui rende l’enfant qu’elle nourrit.

- « Je…Ne me regarde pas ainsi ! Fais autre chose, il vient avec moi. »

C’est catégorique, et Enzo de se diriger vers la porte qu’il ouvre maladroitement avant de prendre la direction des escaliers pour descendre jusqu’à la salle principale. Eyquem, n’a pas l’air d’être incommodé du fait d’être trimbalé dans les bras de son père, qui lui est moins enchanté de la chose. C’est que c’est petit un bébé, et Enzo n’est pas certain de comment il doit le prendre, le tenir, etc. C’est fragile, ces petites choses, et dans ses longs bras musclé, ça paraît. La discussion semble avoir déjà plus ou moins commencé. Tout du moins, Enzo semble entendre la voix de sa femme tandis qu’il descend les derniers escaliers. Elle est assise, et l’Irlandaise semble être un brin nerveuse, ou peut-être qu’Enzo s’imagine des choses. Enfin, elle ne doit pas être venue simplement pour discuter, car sinon elle ne les aurait pas demandé tous les deux. D’ailleurs, Isleen n’avait pas vu Eyquem depuis sa naissance, il a bien fait de l’amener, peut-être. Ça non plus, il ne sait pas bien. D’ailleurs, il se demande encore pourquoi il a eu l’idée de garder le garçonnet contre lui et de descendre avec. C’est donc accompagné de son fils qu’il s’approche des deux femmes.


- « Lo Bonjorn Isleen. Si c’est la confession qui t’amène, l’Église aurait été le mieux, quoique dans les circonstances, le cureton est notre ennemi. »

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©JD Marin
Isleen
Une cavalcade, puis des pas qui ralentissent, une lueur amusée éclaire un moment les onyx de l’irlandaise, Eyquem aurait été plus grand, elle se serait attendu à le voir là arriver à toute vitesse, dévalant l’escalier tel un chevalier sans peur, lançant au galop sa monture contre n’importe quel ennemi imaginaire. Un mini Enzo, avec la beauté de son père et le caractère de sa mère, voilà bien comment elle l’imagine plus tard, ce petit qu’elle avait vu naître. Mais elles sont encore loin ces années, et qui sait si elle le verra grandir cet enfant, tant de choses peuvent se passer, la vie peut les éloigner les uns des autres, distendre les sentiments, surement ne reviendra-t-elle-même pas de la guerre, oui surement et c’est bien pour cela qu’elle se trouve ici, la veille du départ.
Même alors qu’elle vient de retrouver sa sœur, il lui semble parfois que cela serait mieux ainsi, qu'il serait mieux que la guerre la fasse rejoindre les rivages sacrés de l'au delà, et à d’autres moments, elle se refuse à s’y laisser aller, il n’a pas su, pas voulu, pas essayer, alors elle ne se laissera pas aller. Si la tristesse qui est sienne depuis peu s’exprime dans sa solitude, la colère reste là, comme une boule qui ne décoince pas, qui la ronge, elle lui en veut tout autant qu’elle l’aime et elle espère bien évacuer tout cela dans cette fichue guerre.

Et puisque ce ne peut être Eyquem qui arrive, ne reste qu’une seule personne à pouvoir se le permettre : Gabrielle, la seule capable d’arriver à la vitesse d’un cheval au galop sans se départir d’une certaine élégance et cela avec un parfait naturel. L’irlandaise tourne son regard vers elle chassant au loin une partie des pensées qui étaient siennes et esquisse un léger sourire.


Oui, je sais Gabrielle, peut être à notre retour, une installation plus définitive....

La rouquine de regarder son amie claquer des doigts, s’assoir en attendant le vin, alors qu’elle reste debout contre la fenêtre comme incertaine de la suite, avant qu’un vrai sourire ne se fasse amusé par l’idée émise sur sa venue. Se confesser, ce serait bien une première et assurément c’est bien la dernière chose qu’elle a en tête. D’ailleurs qu’aurait-elle besoin de dire à un cureton ? Rien. On se confesse pour apaiser son âme de ses pêchers, c’est ce qu’elle avait compris du principe, encore faut-il regretter ce qu’on a fait, regretter les soi-disant fautes, ce qui n’est absolument pas son cas.

Des bottes qui claquent plus doucement qu’à l’ordinaire lui font tourner le regard vers une vision qui l’étonne, la surprend, l’émeut ravivant cette douleur en elle, celle liée à son propre père. Enzo, son fils blotti au creux de ses bras, tel un père aimant et attentif à son enfant qui s’avance vers elles. Les onyx se fixent un moment sur ce petit être niché dans des bras trop grands. Il avait bien grandi et semblait en pleine santé, un visage d’ange, peut être bien qu’il allait être aussi beau que son père, vers lequel son regard remonte.


Le bonjour Enzo. Et non je ne viens pas me confesser, je n’ai rien dont je n’ai envie de me faire pardonner….ni même avouer.

Le regard se fait un rien amusé alors qu’il passe d’Enzo à Gabrielle pour revenir au maître des lieux, elle ne sait trop comment aborder la chose, et pourtant ça n’a rien de difficile ce qu’elle souhaite leur demander, non rien de compliquer. En tant ordinaire, elle aurait juste dit la chose tel quel, comme elle vient, sans détour ni emphase, alors pourquoi tout simplement ne continue-t-elle pas ? Qu’est ce qui la retient alors qu’ils sont là tous les deux ? De quoi a-t-elle peur ? Introspection, qu’elle ne veut pas faire sur elle-même, pas là, pas maintenant, et la diversion vient de deux petits bras qui se lèvent vers une chemise comme pour s’en saisir dans un léger gazouillis .

Eyquem a bien grandi depuis la dernière fois, il vous ressemble, à tous les deux…

C’est con, très stupide et d’une banalité affligeante, bien sur qu’il a grandi, bien sur qu’il leur ressemble, ils en sont les parents ça n’a jamais fait aucun doute dans son esprit et puis un enfant ressemble toujours à ses parents. Parfois elle ferait mieux de se la boucler tout rouquine qu’elle est. En ce moment ça va vraiment pas, elle débloque et se reconnait difficilement. Ressaisie toi Isleen, souris, regarde les et attends qu’ils réagissent à tes banalités avant de continuer.
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Gabrielle_montbray
Gabrielle sourit à Isleen. C’était pas mal quand elle vivait à l’oustau la rousse. Une alliée au milieu de la mesnie. Certes Margue et Saâdia étaient là mais, même si elles s’entendaient plutôt bien, il y avait ce rapport de hiérarchie de la maitresse sur son personnel qui bloquait bien des choses. Quand elle était là, Isleen était à part dans la mesnie. Un peu comme l’avait été Audoin. Les deux seuls qui osaient tenir tête à Enzo.
Enzo qui arrive, Eyquem dans les bras. Gabrielle fixe la scène. C’est la première fois qu’elle voit le père et le fils ensemble. Si Gabrielle n’était pas déjà éperdument amoureuse d’Enzo, peut-être bien qu’elle le deviendrait à l’instant. Si les enfants, et les bébés en particuliers, ne l’ont jamais intéressé, ni ému, voir son mari tenir leur fils c’est tout simplement beau. Et émouvant. Et troublant. Cet enfant qu’elle pense ne pas aimer vraiment, ou mal, est le trait d’union entre eux deux. Il est la preuve que d’un amour interdit peuvent naitre de jolies choses. Il est ce qui les liera à jamais. Malgré les autres. Malgré eux. Gabrielle sourit à Enzo. D’un de ces sourires qu’elle évite souvent. Un de ces sourires qui l’aurait fait fuir avant. Un de ces sourires qui est une déclaration à lui tout seul. Peut-être bien qu’il ne l’aura pas relevé. Elle reporte son attention sur Isleen.


- Il ressemble à Enzo. Avec mes yeux je crois bien… Il s’assombrissent et passent du gris au bleu. Il est parfait.


Oui, Gabrielle le pensait vraiment que son fils était parfait. Elle avait tellement pensé qu’il serait difforme, monstrueux, ou qu’il allait la tuer en naissant qu’elle ne pouvait que le trouver parfait. Le fait qu’ils soient vivants tous les deux, et que le bébé soit sain et vigoureux tenait selon elle du miracle. Un cadeau de la vie. Pas comme lui disait les gens. Mais oui, c’était un cadeau. Le Très Haut était peut-être bien de leur côté après tout. Et Gabrielle commençait à pleinement prendre conscience de la place d’Eyquem dans sa vie.


- Si on le met assis, il s’appuie sur ses mains et il tient tout seul sans tomber. Et il sait rouler sur lui-même aussi. Et il sourit tout le temps. Il est très souriant cet enfant, voilà une chose qu’il ne tient pas de son père.

Et Gabrielle de sourire à Enzo, un rien taquine.


- Par contre, il s’intéresse beaucoup aux seins de sa nourrice et à ceux de toutes personnes de sexe féminin le prenant dans ses bras. Ca par contre, ça vient peut-être de vous, Enzo. Ah ! Le vin ! Buvons.


Et Gabrielle de renvoyer le gamin aux cuisines et de remplir les coupes elle-même. Les yeux bleu sombre se fixent sur Isleen.


- Mais j’imagine que tu n’es pas venue parler d’Eyquem. En quoi pouvons nous t’être utiles, Isleen ?
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Isleen
Isleen sourit doucement à Gabrielle avec un rien d’amertume dans le regard. C’est toujours pour elle un coup de poignard que de voir le regard attentif d’un père pour son enfant, le sourire aimant d’une mère, et la fierté qui transparait dans les mots de son amie alors qu’elle lui parle des progrès de son fils, lorsqu’elle les regarde, c’est douloureux, c’est tout ce qu’elle n’a jamais pu avoir et n’aura jamais. Le temps n’arrange rien à l’affaire, certaines douleurs restent vivaces et se rappellent à elle souvent. D’habitude elle fuit ce genre de situation, les évite, là elle ne pourra pas, mais avec le temps on apprend à faire avec, à vivre avec, à ne rien laisser paraître, et le gamin qui vient alors, avec les verres et le vin, est le bienvenu pour distraire son attention d’Eyquem.

La rouquine se détache de la fenêtre ou elle était restée jusqu’alors pour se rapprocher de la table.


En effet, je ne suis pas là pour parler Eyquem, même si ça fait plaisir de voir qu’il grandit bien.

Léger sourire, un regard vers Enzo et le petit, elle pensait vraiment ce qu’elle disait. Elle prit place face à son amie.

J’ai un service à vous demander…demain, nous partons… mais rien ne dit qu’on reviendra…vivants… Ses onyx quittèrent un moment Gabrielle pour se poser sur Enzo, avant de revenir vers son amie…que je reviendrais . J’ai fermé ma maison, vendu mon champs…et bref, j’aimerais savoir si vous voulez bien garder pour moi l’argent de la vente et une lettre pour les remettre à Manon, le cas ou.…

L’irlandaise prit le verre devant elle dans sa main, ses onyx étaient sur son amie, guettant ses réactions même s’il ne faisait presque aucun doute pour elle, que Gabrielle accepterait. Presque aucun, parce que rien n'est jamais certain, rien n'est définitivement acquis, qu'on ne peut présager des réactions des autres. Enzo c’était autre chose, surtout pour la seconde partie de ce qu’elle voulait leur demander. Mais elle attendait, parce que si déjà, il mettait une objection à cela, alors il ne servirait à rien qu’elle poursuive plus avant sa demande.
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