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[RP]Le Grand Secret.

Evil_erin
1. Geneve

Citation:
Heure .... semaines ... voir mois ?
De se rendre compte que Genève a "tenu ses promesses",
Qu'elle s'y attendait, qu'elle le savait, mais qu'elle espérait quand même ...
Que la déception est amère comme toujours, même quand on est habitué à l'amertume.
De se dire qu'il va falloir partir, encore, sans savoir où, sans savoir pourquoi, juste parce que la distance étouffe un peu la douleur,
Que c'est nul de tout abandonner mais qu'elle n'a pas le choix, qu'il ne lui laisse jamais aucun choix, si ce n'est entre rien et ignorance,
Qu'elle est lasse, déçue, et qu'il va bien falloir en sortir un jour, coute que coute.

De lui dire .... mais il le sait, c'est le pire.
Alors lui dire ... qu'être Lochlainn représentait beaucoup ... représente encore beaucoup ... pour elle ... pour elles.
Tant pis ...


Les bois étaient calmes, trop, empreints d'un silence qui inquiétait. Je faisais un dernier tour de la clairière, le vent parsemait les feuilles mortes autour de mes pieds, l'odeur de l'humus se répandait partout et mon regard avait beau scruter, il ne restait plus aucune trace du campement. L'Ombre avait toujours su disparaitre sans une seule trace, il était la meilleure protection pour ma fille, et contre moi-même aussi ...

Je me laissais tomber à genoux là où avait du se tenir la toile de tente. Mes cheveux volaient sous le vent sec et froid, impossible de les faire tenir en place et j'abandonnais, il me faudrait refaire mes tresses pour les maintenir ...

Mes mains glissèrent de mes cuisses pour rencontrer le sol dur et presque glacé, mes ongles s'enfoncèrent dedans en crissant légèrement. Les questions revenaient en vrac dans ma tête, il fallait que je les oublie, elles n'auraient jamais de réponses, une seule pourtant me martelait les tempes avec force : pourquoi suis-je si idiote, si stupide, si aveugle ?

Des larmes de rage roulèrent sur mon visage, c'était le seul moyen, même mon épée n'y pouvait rien, à moins de la retourner contre moi ... C'était l'ultime solution.

Je tombais en morceaux ... La louve s'affaiblissait avec le temps ...

Je restais là un long moment, laissant la morsure glacée prendre possession de moi, si seulement elle pouvait plonger dans sa morbidité tout ce qui se trouvait à l'intérieur de ce maudit corps trop faible ... Bientôt, il faudrait disparaitre et j'en cherchais le moyen le plus efficace, être sure de ne jamais revenir.


Citation:
L'inéluctable,

L'évènement qui arrive à un point nommé,
Qu'on savait parfaitement imminent, inné
Qu'on repoussait avec toute son énergie
Et qui pourtant vous tombe dessus, ainsi,
Inéluctablement ...

L'inéluctable,

Comme la mort, qui finit toujours par arriver
C'est la dernière surprise que m'est réservée
Cette vie sans importance, sans constance
L'inévitable, l'impensable, mais l'évidence
Inéluctablement ...

Adieu ...

_________________
Evil_erin
2. Chambéry

Mamaaaaaaaa !!!!!!

Première esquisse de sourire qui s'ébauche sur mon visage depuis des jours, des semaines, une éternité. Mais ce cri qui venait de ce jeune cœur se répercutait dans le mien endolori. Un peu comme un baume, un peu comme un coup de semonce, un avertissement brutal pour que je n'oublie pas que ma chair meurtrie se reparait au delà de moi.

J'attrapais ma fille dans mes bras, mon trésor de boucles blondes, le ravage de ses grands yeux sombres éclairés par le plaisir de me retrouver, moi, sa mère, son ancre. Elle, elle était mon radeau, cette frêle esquif de sauvetage à laquelle je savais pouvoir me raccrocher, en laquelle je me devais de trouver la force de continuer.


Mon petit ange ... Tu as encore grandi ! Regarde ca, tu es plus grande que maman !

Et je la soulevais à bout de bras, légèrement au dessus de ma tête, son rire résonnait délicieusement à mes oreilles. Ne plus penser qu'à elle, à nous, même si elle ne tarderait pas à me rappeler à ce que je voulais laisser de coté.

Ei'een l'a vu les sevals, et n'a un petit gasson comme moi, pa'eil.

C'était son anniversaire. Deux ans déjà, deux années qui étaient passées sans que je ne m'en aperçoive, deux années où j'avais tenté de recuperer, de rassembler ce qui pouvait l'être pour cette famille, avec bonheur par moments, et grande déception par d'autres.

J'avais fait ramener Eileen à Chambéry par l'Ombre, avec Léony. Sur mes ordres, les fillettes avaient été placées dans une famille noble, une double baronnie qui avait su rester humble et simple dans ses habitudes de vie. Je la savais en sécurité, choyée, nourrie et logée avec confort.
Les mots de Xassir m'étaient revenus subitement. Et si je la laissais là, en tutelle, elle grandirait avec tout ce qui pourrait être le meilleur pour elle, elle deviendrait surement quelqu'un de bien. Mais elle grandirait loin de moi, loin de mes bras, sans mon amour, et moi, en plus de supporter son absence à Lui, il me faudrait renoncer à la joie que me donnait ma fille ...
Ca m'était impossible. Je ne pouvais pas endurer autant sans craquer. Il fallait que je surmonte, il fallait qu'Eileen reste ma fille et que je reste, moi, sur les décisions prisent à sa naissance.


Viens ... Viens t'asseoir avec moi !

Je la déposais sur le sofa, attrapais ma besace et me laissais tomber à ses cotés. Mon regard s'attarda sur elle, alors que le sien naviguait entre moi et mon sac. Je regrettais déjà la déception que je lirais sur son visage, mais tant qu'elle n'y penserait pas, j'éluderais la question. Et je commençais alors à fouiller d'un air mystérieux le fond de ma besace ....
_________________
Eileen


Mamaaaaaaaa !!!!!!

Alors qu'elle entre dans la pièce, je me precipite dans ses jambes. Ma maman est revenue ! Elle m'attrape, me serre contre elle, elle m'a manqué, beaucoup, beaucoup trop.
Je suis bien chez les gens, avec Lony, il y a des enfants, on joue à cache cache dans la grande maison, même qu'ils en ont plusieurs des maisons. Il y a beaucoup de gens, qui s'occupent des enfants et des maisons. Mais c'est toujours Lony qui me donne mon bain et je dors avec elle, parce que j'ai encore peur la nuit.
Tout ca, je le raconte à maman, dans mon langage, à ma vitesse, j'ai pas encore tous les mots, pas encore toute la facilite pour m'exprimer mais je sais que maman elle me comprend.


Ei'een l'a vu les sevals, et n'a un petit gasson comme moi, pa'eil.

Elle m'installe sur le sofa, elle sourit et je grimpe sur ses genoux pour voir ce qu'elle cache dans son sac. Maman elle ne sait pas très bien jouer, mais elle apprend avec moi.

C'est su'p'ise ? Fe'me mes nyeux !

Et je pose mes mains sur ma figure, écartant un doigt ou deux pour essayer de voir ce qui va ressortir de la besace magique. Je suis impatiente et je saute comme un puce, je manque de tomber et elle me rattrape d'une main.

Regarde ...

J'enlève mes mains et je prend le petit sac en tissu qu'elle me tend, je le secoue, il contient quelque chose, des choses qui s'entrechoquent dedans. Elle me l'ouvre et je plonge ma petite main dedans pour ressortir des espèces de ... petits cailloux ? J'appuie dessus et la fine couverture se brise pour laisser apparaitre quelque chose de mou.

Met le dans ta bouche ... Ce sont des cerises confites enrobées de sucre ... vas y, goute !

La petite friandise est dirigée vers ma bouche et je commence par la lécher, la suçoter, c'est plutôt bon, très bon même.
J'observe maman du coin de l'œil alors que j'engloutis le fruit.


Va veni' papa ?

Elle sursaute légèrement, le mouvement passe inaperçu et je répète ma phrase qu'elle élude par une autre surprise.

J'ai autre chose pour toi !

Elle se penche à nouveau sur son sac, ma curiosité de nouveau en éveil, et elle sort une petite boite minuscule qu'elle me tend. Je la regarde un instant, puis je souris et frappe dans mes mains de plaisir.

_________________
Evil_erin
"Jamais dans les histoires d'amour, on ne rencontra une telle obstination et une telle foi." R. Barjavel. Le Grand Secret.

Les enfants sont innocence et vérité. C'est parfois dangereux, c'est souvent ennuyeux, mais c'est dans leur nature.

Mon premier présent semble lui plaire, connaissant la gourmandise de ma fille, je ne risquais guère de me tromper. Puis les mots que je redoute, finissent par échouer sur ses lèvres. Mais je commence à savoir que l'attention des enfants est rapidement détournée par une simple diversion.
La petite boite lui plait, elle la tourne dans tous les sens sans trouver le moyen de l'ouvrir. Je la reprend alors et l'ouvre lentement, la laissant découvrir la petite médaille représentant un double phœnix et au dos son nom gravé : Eileen Lochlainn.




Je détache la petite chaine et la lui glisse autour du cou, elle est impressionnée, presque fière de mon cadeau. Et je la regarde, et je me demande comment j'ai pu en arriver là. Comment j'ai réussi à aimer suffisamment fort un monstre pour engendrer une enfant aussi belle. Comment j'ai pu être aussi stupide pour me laisser entrainer sur les pentes du mensonge et de la trahison.

Alors que je soupire légèrement, elle redresse sa tête vers moi, sa médaille toujours tenue dans sa main. Elle me regarde et je sens bien que la question est toujours là, qu'il va falloir que je parle, que j'explique. Elle aussi l'aime, elle aussi va souffrir et pour ca, je m'en veux terriblement. Par deux fois, c'est moi qui ai trahi ma fille, par deux fois je lui ai fait une promesse que je ne peux tenir.

Je déglutis lentement, je cherche mes mots, qu'ils soient simples et explicites sans trop la heurter mais je sais que cela va être impossible. Alors, en plus de l'avoir trahie, je vais lui mentir. Mes yeux me brulent. Je ne dois plus pleurer, plus comme ces derniers jours à Genève où mon corps s'est vidé, asséché, refroidi, définitivement fermé. Elle ne doit pas me voir pleurer sur la lâcheté de son père.

Doucement, je desserre sa petite main autour de sa médaille, puis je la prend tout contre moi, je l'enveloppe de mes bras et je ressens sa chaleur contre mon corps inerte et glacé. Je soupire lentement à nouveau avant de me lancer.


Mon bébé ... Ton papa t'aime ... T'as aimé ... mais ... il ne reviendra plus, il est ... mort.

Le mensonge qui me vrille les tempes, mais elle doit me croire, elle doit entamer son deuil pour continuer à grandir.

Ca veut dire qu'on ne le verra plus jamais ...

Je la serre un peu plus fort contre moi, je sais que les mots font leur chemin dans son esprit d'enfant, même si la mort n'est encore qu'une vision abstraite de la vie. Elle sait et elle comprendra en temps voulu. Pour le moment, seuls les mots "ne le verra plus jamais" veulent dire quelque chose. J'ai peur ... Peur qu'elle m'en veuille, peur qu'elle me haïsse pour le mal que je lui fais à présent, peur qu'elle rejette sur moi la faute de sa disparition, parce que j'avais promis ... et lui aussi avait promis. Mais jamais, jamais il n'avait pu tenir une seule promesse.

J'essaie de garder mes larmes pour plus tard, j'essaie d'être forte, encore, parce que c'est ce qu'on attend de moi. Je sais que la souffrance va rester, que la solitude va revenir, et que finalement il faudra survivre.

Je murmure alors, tout contre ses cheveux soyeux.


Nous allons aller nous promener, nous allons voyager, tu verras comme le monde est beau parfois, je te protégerai de ses imperfections ...
_________________
Evil_erin
3- Un nœud savoyard

Une missive courte, explicite, qui tombait à point. Il me fallait une occupation, sentir l'acier entre mes mains, frapper pour supporter ma propre douleur.

Citation:
    Evil,

    Contrat : stoppez par tous moyens le dénommé XXXX. Description : cheveux blonds ondulés, moustache, armé d'une hache, vêtu comme un vagabond. Récompense habituelle.

    Bonne chance,
    E. d'A.


Le petit vélin disparu dans la poche intérieure de mon gilet, un sourire mauvais aux lèvres, le commandant savait à quel point il me plaisait de taper sur ces abrutis du sexe opposé. Il était temps de s'y remettre pour de bon.

Je passais les heures avant la tombée de la nuit à tourner le déroulement de l'attaque dans ma tête, simple, rapide, efficace. Mon épée sur mes genoux, je la nettoyais minutieusement, faisant briller chaque angle de l'acier, chaque alcôve du pommeau finement ciselé. Chantebrume était fidèle, c'était dans sa composition, dans son façonnement, si les humains pouvaient être créés de la même manière ... Ma vie serait bien trop monotone ! Je continuais d'aiguiser l'effilé de mon épée consciencieusement. Je savais parfaitement les dégâts que pouvaient créer une hache sur un corps, et je ne tenais pas plus que cela à en faire la démonstration.

Ma cape s'enroule autour de moi, mon épée à la hanche, je deviens la nuit, mon pas accéléré me mène rapidement hors de la ville, tout est calme, serein, endormi sous le froid hivernal. La louve suit son instinct, elle coule entre les arbres, bondit sans bruit, le nez en l'air, les oreilles aux aguets, elle cherche les indices menant à sa proie.
Une grimace qui se veut un sourire s'esquisse sur mes lèvres. Du feu ... Je me faufile doucement entre les obstacles invisibles de la foret jusqu'à arriver à l'orée d'une petite clairière. Il est là ! La description correspond, comme prévu à l'endroit convenu.

Ma main glisse vers mon coté pour tirer mon épée de son fourreau lorsque ... Du bruit, des voix un peu au loin derrière moi. Je grince entre mes dents :
Merrde ...
Je me fais ombre parmi les ombres et j'attends, patiemment, pas un son n'émane de moi, mon souffle est aussi froid que l'air et nul le voit, mon cœur gelé ne produit plus le toc-toc régulier, et mon esprit concentré est là, silencieux, fixé sur le groupe qui bouge.

Deux ... Peut-être trois personnes ... Hum ... Genevois, à l'accent de certains.


*Bordel ! Faut qu'je patiente si je ne veux pas être découverte.*

Je reporte mon regard sur le blond qui rêvasse à son feu. Comme il serait facile, je l'imagine, si j'étais une de ces catins qui tranchent les gorges sur leur couche. Lui faire le grand jeu de la bouche en cœur, les cils qui papillonnent et le déhanchement qui fascine. Mais je ne suis pas de celles-là ! Moi, je me bat comme ca, j'attaque de front, je défie, je frappe et je tue à la loyale ! Il aura sa chance ... Bientôt, très bientôt, dès que j'estimerai que les troubles-fêtes seront tombés dans les limbes de leur sommeil.

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Evil_erin
"Je te regarde, et quand je ne te regarde pas je pense à toi, et quand je ne pense pas à toi, je suis morte..." R.Barjavel. Le Diable l'emporte.

Le sommeil, ce traitre qui n'est jamais là quand il faut, quand on en a besoin. Il me faut le chercher, le forcer, tenter de le prolonger sans cesse pour gagner quelques minutes de quiétude. Pourtant, le plus dur, ce n'est pas tant de dormir, c'est de ne pas rêver, de chasser les visions, les souvenirs qui viennent alimenter mes cauchemars.
Avant, je m'abrutissais à l'alcool, la gnôle envahissait mes pensées, aucune idée n'avait plus de sens, et je finissais par m'écrouler dans un sommeil sans fond, lourd, bien que peu réparateur. Cependant, avec Eileen, si je suis près d'elle, je veux rester alerte. Ses nuits ne sont guère plus calmes que les miennes et souvent nous dormons ensemble, j'en ai autant besoin qu'elle à vrai dire.

Et puis ... Pour une fois qu'il valait mieux rester éveillée, je fus prise dans le tourbillon de mes rêves, pour une fois mon sommeil fut agréable.
Je ne me souviens plus comment il avait commencé ce reve, une réminiscence de ma mémoire concernant un moment particulier mais lequel je ne sais plus. Et puis de fil en aiguille, de sentiment contrit en désir charnel, les images défilent, elles s'étirent, se déforment et reviennent toujours à lui, mon obsession, la seule idée fixe que je ne contrôle pas. Et le reve devient presque réel.

    Il est là, tellement près, si près de moi qu'il me suffit de tendre la main pour poser mes doigts sur sa joue. Ils glissent sur ses contours, cette constante barbe de quelques jours, la courbe de son menton, et je me rapproche, mon autre main vient se poser sur l'autre profil et suit la danse en cadence.

    Mes paumes remontent ensemble en suivant l'arête de son nez, puis du bout de mes doigts je fais le contour de ses yeux. Ces yeux sombres qui m'ensorcèlent, dans lesquels je plonge et me noie volontairement. Il est là, il est beau, je ne peux quitter son visage des yeux, je le veux, je le désire, toujours autant, toujours aussi fort qu'au premier jour.
    Je connais le gout de ses baisers, la texture de ses lèvres, la dextérité de sa langue, je connais cela par cœur et mon regard se pose sur sa bouche avec gourmandise. Je me mords la lèvre, me forçant à patienter encore un peu, mon désir s'attisant de lui même, puis n'y tenant plus ce sont ses lèvres à lui que je viens mordiller avec délice. Hum ... retrouver la douceur de son baiser puis sa fougue, sa force, la passion qui nous fait nous dévorer mutuellement.
    Mes mains esquivent, sillonnent et viennent s'enfouir dans ses cheveux, c'est un geste que j'aime, plein de sensualité, puis je laisse mes doigts venir caresser sa nuque. Le baiser se prolonge, intensément, éternellement, nous sommes liés l'un à l'autre, et l'union ne fait que commencer.


Je gémis doucement dans mon sommeil. Ce qu'il me manque, ce que je peux avoir besoin de lui ! Je tourne et vire, m'agite sur ma couche, j'ai froid, j'ai chaud, la couverture est rejetée puis un long frisson m'oblige inconsciemment à aller la rechercher. Mais dans mon reve, le geste est tout autre ...

    Ma tête plonge en arrière, je suis prisonnière de ses bras et sa bouche vient récolter les pulsations de mon pouls dans ma gorge, je frémis sous ses baisers, ses tendres morsures. Alors, je sais que je parle mais je n'entends pas mes propres mots, surement je lui dis combien je l'aime, combien je le veux, avec toute la force de ma passion.
    Puis une de ses mains vient grappiller les boutons de ma chemise, tester leur fonctionnalité et vérifier qu'ils s'ouvrent bien, sans effort aucun. Les doigts s'immiscent, suivent le vallon entre les monts, m'arrachent un soupir de délicieuse frustration.
    J'aime la sensation de ses mains sur mon corps, utilisant autant de douceur que de violence, donnant autant qu'exigeant, et j'offre, chaque centimètre, chaque parcelle de peau, de chair, tout lui appartient.

    Enfin c'est mon tour ! Mes doigts se délient et je viens suivre le même cheminement, le dénudant, découvrant et redécouvrant les lignes de ses muscles, le jeu de cette force qu'il cache sous sa peau brulante. Ma bouche s'attarde avec langueur, ma langue s'échappe et le goute, inlassablement, indéfiniment, à satiété, pour finir par presser mon corps contre le sien, aspirant sa chaleur et lui rendant la mienne, mêlant nos sens et nos folies. Nos bouches se rejoignent et le désir devient flagrant, évident, empressé, il nous faut accélérer nos mouvements ....


Le bruit ... Léger, continu, agaçant. Je n'arrive pas à le définir, il me tire, m'éloigne de mon reve, m'éloigne de lui et je m'agrippe, je ne veux pas le fuir mais je n'y peux rien, tout devient brumeux, il m'échappe, j'ai froid.
Un cri rauque s'échappe de mes lèvres, me reveille complètement.


Garret !

Ma main se pose sur mon épée par instinct. Fini ... Il me faut reprendre le cours de ma nuit de chasse.
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Evil_erin
Je m'extirpais du creux du tronc où j'avais trouvé refuge pour mon somme. D'un mouvement de rotation, je réveillais ma nuque et mes épaules ankylosées par la position peu confortable, puis je m'étirais complètement. Ma cape, pliée en quatre, rejoignit ma besace dans le nid que je venais de quitter, que je camouflais de quelques feuilles mortes. Enfin, mon épée glissa dans son fourreau dorsal, jetant un dernier coup d'œil à la proie endormie près de son feu, je décidais d'aller dans la direction des helvètes. Je n'avais pas l'intention de me laisser surprendre si leur envie était de ramasser quelques bourses dans le coin.

Relevant le regard en travers des cimes sylvestres, j'observais le ciel et me dis qu'il devait être un peu plus de la mi-nuit. Je frictionnais mes mains l'une contre l'autre pour tenter de les réchauffer vaguement. Mes yeux glissaient d'un tronc à l'autre, je plissais le nez sous l'odeur d'un feu éteint. Mes bestioles nocturnes avaient fichu le camp, ca c'était une bonne nouvelle.

Revenant sur mes pas, j'entendis alors un bruit de piétinement, les feuilles craquaient allègrement, quelqu'un qui ne faisait absolument pas attention à la discrétion de son passage.
Hum ... Si c'était le blond, j'étais prête à le recevoir. Je n'aurai finalement pas perdu trop de temps dans cette foret glaciale.

Le martèlement des pieds se rapprochait et ma lame jaillit lentement de mon dos. Cachée dans l'ombre d'un bosquet, sur le qui-vive, je comptais le rythme de l'arrivant, les différences de son qui me parvenaient et au moment extrêmement précis où la cible se trouva dans ma trajectoire, je bondit, menaçante, mettant en garde la victime, la lame quasiment sous sa gorge.

Un cri ! Un cri de fille !


Et merrde ! Qu'est ce que tu fous là toi ?

Je me trouvais nez à nez avec une gamine d'une dizaine, douzaine d'années tout au plus. P'tain mais c'était quoi ces parents qui lâchaient leur marmaille dans les bois à courir les routes seuls ?!!

Je baissais mon épée d'un geste rageur, la plantant avec force dans le sol, puis j'attrapais la morveuse par le col, la soulevant légèrement à bout de bras. De l'autre main, je lui arrachais la besace perchée à son épaule.
Mes yeux la fixèrent un instant, froids, le regard impénétrable, puis je la rejetais, la laissant tomber au sol
.

File ! Avant qu'il ne t'arrive pire ! Dégage, bon sang !!

Au bord des larmes, la gamine ne se fit pas prier davantage et prenant ses jambes à son cou, elle disparu en quelques instants. Je fouillais vite fait la besace, y trouvant une gourde d'eau, quelques restes de nourriture et des vêtements. Cependant, sous ceux-ci, mes doigts sortirent une petite bourse. Je jetais la besace un peu plus loin et soupesais la bourse : humm ... il devait bien y avoir, à vue de nez, cinq cent écus. Des inconscients ces parents !

Je me ressaisis avant que mes pensées ne s'égarent trop loin et glissais la bourse dans ma poche. Elle n'aurait qu'à voir avec le commandant pour se faire rembourser, c'était pas mon problème. Maintenant il me restais à donner sa leçon au blond. Reprenant mon épée de ma main droite, je fis quelques moulinets en avançant sur lui.

La louve s'accroupit, un genou à terre, elle observe le campement un moment. Le cri de la fille a du le reveiller, la hache manque. Les yeux émeraudes se froncent, où est-il ? Il faut que je le trouve avant que ce ne soit lui. Ma main se crispe sur le pommeau, je me relève, m'adosse au tronc d'un arbre large. Là ! Derrière moi ! Je le sens, je le perçois, il est là. Je ferme les yeux une poignée de secondes, j'inspire longuement, je chasse le tumulte dans ma tête, puis au signal de mon instinct, je me retourne face à lui.
Immediatement mon épée frappe le manche de la hache qui s'apprête à s'abattre sur moi. Le combat est engagé, sans un mot, sans un regard, et chacun frappe, sachant que sa vie en dépend.
La hache est lourde, elle manque de marge de manœuvre, d'un bond je me décale sur sa gauche et lui assène un grand coup d'épée dans le bras. Au grognement, je sais que j'ai marqué un point, les yeux me fixent et les miens naviguent entre eux et le filet carmin qui s'étire sur son bras.


Sale garce !

Le second assaut ne passe pas loin de ma tête, je sens l'air frôler ma tignasse, il veut me refaire une coupe cet enfoiré ! J'esquive de justesse, et profitant de la lourdeur de son retrait, je l'attaque au ventre, la hache se rabat et je perçois la longue vibration se répercuter dans mes poignets. Je serre des dents, la garde de mon épée bloque sa hache, mais pour combien de temps ?
Je jette alors mon genou dans son flanc, il se recule, nouvelle insulte qu'il n'achève pas, mon épée s'enfonce entre ses cotes. Son regard passe de l'incompréhension à la douleur. Je retire ma lame et le repousse du pied, sa main gauche instinctivement portée sur sa plaie, la droite tente de lever la hache dans un ultime effort. Je bondis sur lui et le pommeau de ma lame vient s'incruster dans son faciès, je frappe de toutes mes forces et l'homme s'écroule, inconscient, baignant dans son sang.

Je me penche sur lui et lui arrache sa bourse.


T'en n'auras plus besoin, l'ami. Avec les remerciements de la Savoie !

Je retourne à son camp, je recupere ce qui me semble intéressant, dégotant une bouteille de vin, je reste un peu autour du feu à moitié mort le temps de la vider. Seule ... Ma vie redevient cette longue fuite solitaire qu'elle était avant Lui. Me battre pour une bourse bien pleine et tuer sans rien ressentir.

De retour à la capitale, juste avant l'aube, je laisse un vélin au commandant.


Citation:
    Mission remplie, cible éliminée. Un petit souci que je vous laisse régler.

    24/11/1460 04:05 : Vous vous êtes battu avec XXXX (coefficient de combat 4), qui essayait de vous résister. Vous avez triomphé, l'obligeant à vous ouvrir sa bourse.

    A une prochaine !

    E.E.


Dans la meilleure auberge de la ville, je dégote une bouteille de génépi, à l'étage je rejoins ma fille, mon ange endormi. Déposant mon épée maculée et mes affaires dans un coin, je m'allonge près d'elle et me met à chantonner sa berceuse tout bas, une larme roule sur ma joue.
_________________
Evil_erin
4- A nouveau Genève.

"Je t'écris cette lettre et je vais la brûler pour que tu la reçoives à travers les distances et les murailles." R.Barjavel. le Grand Secret.

Combien de fois avais-je fait ce geste ... Des centaines ... Des centaines de pigeons qui n'avaient jamais eu de réponses. Et quand enfin l'un deux revenait, il n'apportait qu'ironie ou indifférence.

Combien de fois avais-je tendu la main ... Tout autant ... Pour recevoir en contre-partie des blessures, des sévices, des tortures.

Combien de fois lui avais-je tout offert ... Une vie ... Et il l'avait piétinée, détruite, massacrée consciencieusement et proprement.

Et bien évidemment tout était de ma faute. Finalement, il n'avait peut-être pas tort. C'était moi la fautive, celle qui était tombée amoureuse d'un monstre incapable d'assumer le moindre sentiment, de le vivre sans blesser et se blesser lui-même.

Voyons ... Que noter dans cette lettre qu'il ne recevra jamais ...

"Je t'aime" ... Mensonge !

"Tu es ma princesse, tu es ma femmes, tu es ma vie" ... Mensonge !!!

"Je vivre avec toi, avec notre fille, je veux être heureux" ... Mensonge et re mensonge !!!!!!!!!!!!

Fallait-il que je fasse une liste de ses torts, de tous ses défauts, ou plutôt une liste de mes rêves débiles, de mes stupides désirs, de tout ce que j'avais donné, enduré pour lui. Fallait-il que je note toutes les fois où je l'avais protégé alors que le monde entier l'aurait lynché, toutes les fois où je m'étais battue pour le garder vivant à mes cotés ou plutôt chaque coup qu'il m'avait assené en traitre, chaque fois où il m'avait poignardé en plein cœur alors que je le lui ouvrais.

Les vélins griffonnés finissaient tous au sol, tous ces mots je voulais qu'ils soient vrais. Dans ma folie amoureuse, je leur redonnais une place d'honneur. Il était l'homme de ma vie, il serait l'homme de ma mort. Il était le père de ma fille, il avait fait d'elle une orpheline en la concevant. Mais à quoi bon ... Elle finirait de toute façon au feu, cette lettre, comme toutes ces lettres qu'il avait du bruler, qu'il n'avait jamais pris la peine de lire, de comprendre, ou tout simplement qu'il n'avait pas eu envie de recevoir.

La plume acheva sa course dans l'encrier, je terminais d'écrire avec une ou deux larmes dans lesquelles mon doigt traça un mot invisible, un mot plus puissant que tout, celui que je continuerai de penser, de hurler dans ma tête, mais qu'il faudrait taire à la face du monde.

Je t'aime, et ce serait le mot de la fin ... de cette lettre.

_________________
Evil_erin
Because Of You* "Kelly Clarkson"

Genève s'enlisait dans le froid, tout comme moi, cette ville qui m'avait finalement achevée, cette ville qui me retenait prisonnière, dans laquelle je n'aurai jamais du mettre les pieds, et dont je ne pouvais plus bouger. Je le savais là, tout près, caché quelque part, hors de mes yeux mais jamais hors de mon cœur, et cela me rendait une once de courage.

A cause de toi ...

Je menais à bien, en deux jours, les négociations pour ma petite affaire personnelle. L'argent arrangeait souvent bien des choses mais pas toujours. Il fallait que je fasse confiance à un homme, exercice difficile pour moi, mais je n'avais guère le choix. Son aide était précieuse, je gagnais en temps et contre la volonté absente.

A cause de toi ...

A la fin du deuxième jour, un message m'arriva. Mon nom était resté ! Fierté, manque de modestie comme Il aurait dit, mais qu'importe. J'acceptais l'offre et commençais à affuter mon arme. "Ca risque de chauffer" disait le message. Tant mieux ! J'avais trop froid à l'intérieur, trop d'amertume glacée qui ne demandait qu'à s'extérioriser, à se réchauffer, et le meilleur moyen était encore que je me batte.

A cause de toi ...

Travailler. Travailler pour moins penser, pour ne plus tourner en rond entre les tavernes et les ruelles à la recherche d'une trace, d'un indice. Il fallait que je me contente de savoir qu'il était là, et travailler. Alors je me renseignais, je notais, je suivais l'armée et j'apprenais tout ce qui pouvait m'être utile, l'affaire semblait prendre de l'ampleur de jour en jour et je surveillais consciencieusement chaque information qui me parvenait, de quelque coté que ce fut.

A cause de toi ... A cause de toi, j'ai peur, je te l'avais livré le secret de mon unique peur et tu l'as mise à exécution, me plongeant dans l'effroi ... A cause de toi ...




* A cause de toi
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Evil_erin
5- Paris.

L'Amour est une maladie dont on ne veut jamais guérir, mais ce qu'elle engendre est-ce bien pathologique ?

Depuis quelques temps déjà, quelque chose de curieux ... douloureux même, se produisait en moi. Une sensation vive, cinglante, dans mon coté droit, un peu au dessus de l'aine. L'énervement, les mouvements brusques déclenchaient l'arrivée brutale de cette brulure qui me pliait en deux, me coupant le souffle sous la douleur. J'avais pensé que cela passerait tout seul, avec le temps, mettant sa survenue sur le compte de l'enfer intérieur que je vivais actuellement, mais les semaines passaient et rien ne changeait.

Plusieurs âmes de bonne volonté m'avaient conseillé de voir un médicastre, un de ces charlatans qui finissaient par vous tuer si la maladie ne le faisait pas. Alors j'avais le choix : attendre que la maladie inconnue m'emporte ou qu'un homme de science accélère le mouvement.

Était-ce mon amour détruit qui me tuait lentement, à petit feu, rongeant mon corps de l'intérieur ? Toujours est-il qu'un jour où le souffle me manqua au point de presque perdre connaissance, je décidais de chercher une solution à cette souffrance physique.

De conseils en recommandations, je m'étais retrouvée à Paris, cherchant tant bien que mal, entre les bords de Seine et les parvis de Notre Dame, l'hôpital de l'Hôtel Dieu. Les hommes et femmes de la profession semblaient suivre des "études", cela me paraissait encourageant, j'avoue que je manquais fortement de motivation pour y entrer.

Premier désagrément, on me demanda aimablement mais fermement de laisser mon épée à l'accueil. Bon gré mal gré, je fus bien obligée d'accepter. Et finalement, l'on m'introduisit dans une salle dite de "consultation". Je jetais un regard rapide sur mon environnement proche, aucune arme ou ustensile de torture n'était visible, je posais alors la main sur un recueil des "Grandes Sciences".


Cela ne vous sera d'aucune utilité, chère dame.

Je me retournais en entendant la voix masculine et dévisageais un instant l'homme devant moi. Une barbe grise mangeait sa figure d'où émergeait un sourire mi figue, mi raisin, que je rangeais immediatement dans les imbus. A priori contre le sexe masculin, direz-vous ? Surement, mais c'était ainsi.
Je le laissais me raconter quelque chose au sujet du livre et de la médecine, totalement inintéressant pour moi, et il finit par m'adresser directement la parole.


Je suis Pierre de Latour, un des médecins les plus renommés de la Citée. Parlez moi de ce qui vous amène en mon office, je vous en prie.

Et je me mis à décrire les symptômes, éludant quelques parties de mon existence récente, ne donnant que les details essentiels, n'aimant guère m'étaler devant un homme.

Hum ... Je vois, c'est assez étrange. Je vais vous demander de passer derrière ce paravent et de vous déshabiller, afin que je vous ex...

Pardon ??!! Il est hors de question que je me foute à poil devant vous !

Mais madame ce n'est que ...

Je veux voir une femme ! Une femme médecin ca existe non ? J'en veux une !

De mon air déterminé, devenu légèrement hargneux du fait que j'avais l'impression de perdre mon temps, et surement du fait que l'érudit n'avait guère envie de perdre le sien, je me retrouvais quelques minutes plus tard dans une salle plus grande, plus simplement disposée, où trônaient quelques lits. Une femme tout de blanc vêtue et d'un age indéfini se planta face à moi, elle enrichit son visage ingrat d'un sourire franc et se présenta.

Bonjour, je suis Agathe Blancpain. Je suis médecin ici, à l'Hôtel Dieu, que puis je pour vous ?

Elle me désigna un banc où je posais mes fesses d'un mouvement las, puis elle s'assit près de moi. Je commençais, ou plutôt recommençais, mon petit laïus sur ma maladie inconnue.

Hum ... Je vais faire quelques prélèvements pour des examens, cela peut prendre un peu de temps, pouvez vous rester dormir ici cette nuit ? De nombreux lits sont disponibles, ce n'est pas un problème.

J'acceptais. Ma foi, dormir en payant une chambre d'auberge miteuse dans un quartier mal famé, ou dormir ici à l'œil dans des draps fraichement lavés, le choix n'était guère difficile. Elle m'indiqua le lieu où se prenait les collations, que je déclinais n'ayant plus d'appétit depuis quelques semaines, et s'en retourna à ses taches.
Une heure plus tard, peut-être deux j'avais un peu perdu la notion du temps dans ce lieu, elle revint pour les "prélèvements" des humeurs. Et dire que certains se plaignaient de mes humeurs changeantes ! J'esquissais une grimace en y pensant.
D'un geste vif, avec ce qu'elle appelait un scalpel, elle trancha légèrement mon poignet et recueillit mon sang. Je serrais des dents sous l'incision et fronçais les yeux en me demandant ce qu'elle trouverait dedans. Puis elle me tendit un pot de chambre, me demandant mes urines, pour les étudier également. Je l'avais dit, des charlatans ! Pourtant, il fallait bien que je sache, est-ce que c'était la mort qui m'attendait ou non.
Elle me posa ensuite quelques questions, me parla astrologie, théorie des humeurs et des éléments, charabia qui me laissa indifférente. La femme médecin me quitta sur un sourire, alors que je gardais le visage sombre et maussade.
La nuit s'annonçait longue, moi qui ne dormais jamais beaucoup, j'avais l'impression d'être une nonne en couvent ! Ce n'était qu'une nuit après tout, et demain je saurai ...

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Evil_erin
Le secret de la vie éternelle ne réside pas dans une longévité infinie, l'immortalité est dans ce qu'on laissera après notre mort.

Les jardins étaient entretenus et parfaitement propres, d'un calme presque effrayant. De l'automne, les arbres prenaient cet air morbide, aucune fleur n'avait survécu aux premières gelées et le sol bruissait des dernières feuilles mortes.

J'avançais lentement, au hasard des allées, l'esprit plus égaré que mes pas, peut-être que je ne faisais que tourner en rond, laissant les bons chemins pour prendre les mauvais qui me ramenaient fatalement toujours au départ, inlassablement je refaisais le même trajet, perdue dans le labyrinthe de mes pensées.


Dame Lochlainn, vous êtes bien matinale.

Si elle savait ... Je la regardais, incapable de sourire, comme si les muscles qui induisaient ce mouvement étaient devenus insensibles. Elle semblait prendre son travail à cœur et je m'avouais intérieurement que la voir sourire signifiait surement que ma mort n'était pas encore si proche.

Venez, rentrons, je voudrais vous examiner ... et vous poser quelques questions personnelles ...

Je la dévisageais un instant sans vraiment comprendre. Finalement, il lui manquait des informations, le sursis n'avait peut-être été que de courte durée.
Installées dans une pièce plus petite, une salle d'auscultation, elle commença par m'offrir une tisane que je refusais rapidement. Puis elle me posa des questions sur ... mon couple, enfin ce qui l'avait été. Je répondis tant bien que mal, parfois gênée de l'intimité dans laquelle elle entrait, mais dont elle retirait habilement une information qui semblait la contenter. J'acquiesçais souvent d'un simple hochement de tête pour éviter d'entrer dans des détails qui me faisaient mal.


Votre histoire est "émotionnellement" intéressante, mais sachez que vous n'êtes pas un cas unique.

Elle se releva et m'invita à la suivre, puis à m'allonger sur une chose qui ressemblait à la fois à un lit et à la fois à une table.

Défaites juste votre chemise ...

J'obéissais, ouvrant entièrement ma chemise et reposant mes bras le long de mon corps. Ses mains commencèrent alors à glisser, palper, presser, sur toute la partie supérieure de ma personne. Depuis le cou jusqu'à mon ventre, où elle termina par appuyer sur l'endroit de la douleur.
Elle ponctuait parfois ses gestes d'un "bien!" ou d'un "oui, parfait!". Je ne quittais pas son visage des yeux, cherchant à y déceler une réponse avant qu'elle ne la prononce. Mais je ne voyais rien. Quand son regard croisait le mien, elle souriait, simplement.


Vous pouvez vous rhabiller, je pense que j'en sais suffisamment.

Je remettais rapidement de l'ordre dans ma tenue et la fixais toujours, un peu anxieusement, alors que je reprenais une position assise. Elle secoua la tête sans se départir de son sourire.

Alors ? Vais- je ... mourir ? Ou pouvez vous me guérir ?

Je vous rassure tout de suite, vous ne mourrez pas de cela, pas immédiatement du moins.

Je ne comprenais pas grand chose à son discours.

Alors vous pouvez me guérir ?

C'était évidemment ce que tout patient attendait du praticien mais elle secoue négativement la tête.

Non, il n'y a aucun remède contre cela. Il existe bien des choses mais ce serait mettre votre vie en danger. En tant que femme et médecin, je suis totalement contre ces usages.

Je vais donc souffrir toute ma vie ?

Je grimaçais. La punition divine, j'avais entendu cela quelques jours auparavant, belle connerie, mais en attendant je ne goutais guère la joie de me la trainer jusqu'à mon dernier souffle.

Non, elle disparaitra dans quelques mois ... Dame ...

Elle me prit les mains dans les siennes devant mon air d'incompréhension.

... Vous allez avoir un enfant.

Le toit me serait tombé dessus que je n'aurais pas eu plus de réaction. Je la regardais, secouant légèrement la tête, en me répétant "non, c'est impossible". Pourquoi le sort s'acharnait-il sur moi ? Avais-je donc mérité autant de punitions depuis ma naissance?

Je me levais vivement, la douleur surgissant sous le mouvement brusque, et je pressais ma main sur mon ventre, grinçant entre mes dents.


Pourquoi est-ce que j'ai mal ?

Le fœtus est peut-être mal placé, pour le moment, ou peut-être simplement êtes-vous fatiguée ... vous devriez vous reposer et manger un peu plus.

Elle posa sa main sur mon bras, compatissante. Je secouais de nouveau la tête en reprenant mon souffle.

Je vous remercie ... Je sortis une bourse à moitie pleine et la lui tendis. Pour vos œuvres ...

Après les salutations et une promesse de prendre soin de moi, je fuis rapidement hors de l'Hôtel Dieu. Il me fallait être seule, loin de tout, loin de la ville pour réfléchir à la nouvelle qu'elle venait de m'asséner.
J'avais bien gagné quelque chose à ce maudit tournoi ... Et c'était des ennuis, comme toujours.

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Evil_erin
6- Manoir des Crocs

Pendant ces quelques secondes, il n'y aurait pas eu assez d'horreur dans le monde pour emplir ton cœur. R.Barjavel "La Nuit des Temps"

Décembre, le mois de l'hiver, le solstice était pour bientôt, j'avais retenu ca des enseignements de la bretonne. La foret, qui cachait mon antre, était sombre, lugubre et froide. Le Barje l'avait bien choisi à l'époque, le manoir restait à présent ma "grotte", les années n'amélioraient pas son état. La bâtisse en ruine semblait à l'image de ma vie.

J'avançais lentement entre les arbres, je reconnaissais chaque chemin, chaque virage, pour les avoir parcouru maintes fois lorsque je faisais mes rondes, lorsque la vie venait jusqu'ici. De mes souvenirs ressurgissaient des images, fragments indélébiles de ma mémoire, les visages des gens, détesté ou sympathisé, me revenaient plus facilement que leurs noms.

Un tronc moussu et humide accueillit mon dos le temps d'une pause. Une boule dans la gorge, j'avais beau tenter de disperser mes pensées, j'avais toujours la nouvelle du médicastre fichée dans ma tête. Un enfant ... J'allais avoir un enfant, un autre enfant de Garret, un autre enfant conçu dans l'amour, un amour particulier il était vrai, mais qui viendrait lui aussi dans la solitude et l'absence. L'histoire ne faisait-elle que se répéter sans cesse ?

Ma main se porta instinctivement sur mon ventre, me ramenant quelques années en arrière, lorsque nous nous étions rencontrés. J'avais eu beau résister, une vaine résistance, je l'avais trouvé si attirant qu'il ne m'était resté aucune chance. Moi qui me pensais complètement hermétique à ce genre de choses, je m'étais retrouvée à tomber amoureuse d'un des pires des hommes. Je m'étais donnée entièrement dans cette relation, buvant et m'enivrant de ses mots, mariage, enfant, famille ...
Et puis la fougue de cet amour avait entrainé l'arrivée d'Eileen, et notre première séparation. Enceinte de quelques mois, j'étais entrée dans la spirale infernale de la douleur incessante.

Je soupirais longuement et me remettais en marche. Encore quelques mètres et la grille serait là, devant moi. Comme j'aurais voulu que lui soit là, comme je voudrais lui dire "Tu voulais un fils, je tiens ma promesse". Quelle folie ! De nouveau, j'allais devoir faire face à des mois de solitude, d'angoisse, de douleur, j'allais de nouveau devoir affronter cette étrange mort qu'était la délivrance, et je serais seule cette fois, sans personne pour me sauver la vie.

Son nom vint s'échouer sur mes lèvres, j'avais tant besoin de lui, de sa présence, de son regard et de son sourire. Secouant la tête pour me sortir ca du crane, j'accélérais le pas, il ne fallait pas que je commence à m'appesantir sur moi-même et mon état. J'allais me reposer un peu au manoir, puis je reprendrais la direction de la ville helvète devenue tombeau.

Après avoir sauté le mur d'enceinte, comme à mon habitude et surtout pour éviter d'avertir le vieil Igor, je me faufilais dans le manoir par l'entrée des geôles à l'arrière. Faisant un crochet par la cave, je ramassais deux, trois bouteilles de gnôle "maison" puis je m'enfermais dans le bureau. Au cœur du clan mort, je régnais tel le fantôme que je devenais, une ombre du présent parmi les ombres du passé.

En quelques mots l'horreur s'était de nouveau abattue sur moi, en quelques seconde ma vie s'était de nouveau effondrée, et mon cœur, pour ce qu'il en restait, avait été enseveli en ces quelques secondes sous toute cette horreur.

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Evil_erin
7- Une pause, mère et fille.

Contretemps ! Je détestais ce mot, surtout en ce moment où tout semblait vouloir contrecarrer le moindre de mes projets. Ne plus en faire ? Impossible, mieux valait mourir.
Donc le contrat en Lorraine étant repoussé, la mission à Genève avortée, je décidais alors de faire à nouveau un saut à Chambéry, voir ma fille. Depuis plusieurs jours déjà j'y pensais et elle me manquait terriblement.

Chemins de traverses, aucun détour, la ligne la plus rapide fut prise, et je connaissais l'endroit comme ma poche depuis le temps. Le domaine surplombait une petite vallée, Albens, avec un village modeste et sans histoire. Tout le coin d'ailleurs respirait le calme, la sérénité la plus totale, et cela me convenait parfaitement, au moins je savais ma fille à l'abri de tout.

A la grille un nouveau garde. J'appris de sa bouche que les nobles n'étaient pas en la demeure et qu'ils avaient décidé de faire un petit voyage d'agrément. Il me semblait que Victoria m'en avait touché deux mots, mais ma tête était bien occupée ailleurs. Des ordres avaient été donnés pour que l'on me laissa entrer et je me dirigeais rapidement vers le batiment principal.

L'intendante de la maison vint m'ouvrir et me guida jusqu'au salon. Je savais quelle était son opinion sur moi, sur le fait de laisser un mercenaire entrer ainsi à sa guise dans le domaine de la baronnie, elle trouvait cela dangereux.
J'observais depuis le pas de porte l'enfant, assise à même le sol, penchée sur un vélin, elle s'appliquait à faire des lignes le plus droites possible à l'aide de sa mine de charbon. Ses longues boucles blondes courraient à présent dans son dos, elle avait hérité de la texture soyeuse des cheveux de son père. Je soupirais sans bruit puis m'approchais lentement. Je la vis relever la tête et je m'accroupis derrière elle pour me trouver à sa hauteur.


Mamaaaaaaaaa !

J'écartais les bras et la recevais à l'intérieur, où elle se jetait avec une force inouïe. Je la serrais fort contre moi, l'enfermant contre mon cœur, embrassant chaque centimètre de son visage. Ce que j'avais réussi dans ma vie, je le tenais là dans mes mains.

Comment tu vas mon petit cœur ? Tu es bien ici ?

Son babillage était toujours un plaisir à entendre, il nous enfermait dans notre petit monde à nous. Ses mots s'alignaient les uns derrière les autres, pas toujours comme il faut, pas souvent bien agencés, mais elle avait tellement de choses à me raconter et si peu de temps pour le faire.

Je posais mes fesses sur le tapis moelleux qui couvrait le centre de la piece et la colla contre moi, entre mes jambes. Devant nous, je posais mon sac et en sortis une dizaine de petits animaux en bois.


Regarde ce que je t'ai ramené ... Tu les connais ? Tu veux que je te dise leurs noms ?

Je déposais sur ses genoux les petits animaux taillés dans le bois, un par un, lui laissant le temps de trouver le mot avant de passer au suivant. Ses petits cris de joie, son rire, entraient dans mon cœur et le serraient parfois avec violence. Je posais un baiser dans ses cheveux, retenant les mots que j'aurais voulu lui dire mais qu'il valait mieux taire pour ne pas lui faire mal.

*Il nous aime ... Là où il se trouve, quelles que soient les choses qu'il fait, je suis certaine qu'il nous aime ... Autant que nous l'aimons*

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Eileen


Elle est gentille la vieille dame, elle me donne tout ce que je veux. Mais en fait, je ne veux pas grand chose. Plus les jours passent et moins je veux de choses, c'est bizarre. En plus, il est tombé de la pluie toute blanche, toute froide, ca aussi c'est bizarre. La maman des enfants elle a voulu qu'on aille dehors avant qu'ils partent pour leur voyage, pour qu'on joue dans la neige qu'elle appelle ca. Mais moi j'ai pas aimé, j'avais froid à mes mains et pis j'arrivais pas à marcher dedans et les autres rigolaient alors moi je voulais ma maman.

Je ne sors plus dehors, surtout depuis que les autres ne sont plus là, alors je reste à l'intérieur. Je m'ennuie toute seule, je voudrais tellement que ma maman soit là.
Aujourd'hui, la vieille dame m'a habillé, elle m'a donné mon petit déjeuner et m'a dit d'être sage, en me donnant des vélins pas tout neuf et une mine de charbon. Alors je gribouille, je fais des traits et je m'applique : un trait pour un bras, puis un autre pour le second, et je fais pareil pour les jambes, et mes traits sont longs, parce que mon papa il est grand, il est très grand. Et mon dessin je le donnerai à maman, et quand elle verra papa elle sera moins triste.
Je souris et je "peaufine" mon portrait.

Une sensation ... une impression ... une odeur peut-être ...
Je relève la tête du vélin qui commence à être tout noir de partout.


Mamaaaaaaaaa !

Hum ... J'aime quand elle me serre fort, tout contre elle, comme si on n'avait jamais été séparées, comme si on ne le serait plus jamais. Il ne fallait pas que ma maman reparte.

Des rires, des cris, il faut que mon émotion sorte, que les effusions me calment. Maman me berce contre elle, et je lui fais des bisous, et je lui raconte tout.


T'as vu mama, y a la neiz' l'est froid ... Je fais une grimace significative. Et je continue, je lui explique que tout le monde est parti, que je ne veux pas rester ici toute seule. Elle ne repond pas mais elle s'assoit avec moi, elle m'a encore ramené un jouet.

Mes yeux s'agrandissent en voyant tous les petits animaux. J'en connais ! Je suis sure que j'en connais.


seval ... maou ... wouwou ... Oh ! Je sursaute. Je me retourne vers elle et je fais tomber les petits animaux au sol. L'est g'and Wouwou ... Tu veux le voi' ? Il fait dodo dans la c'isine, passque c'est un wouwou.

Et je la tire pour qu'elle se lève, je lui tend les bras pour qu'elle me prenne, alors je fourre mon visage dans son cou et je suis bien.

Mama ... Tu vas fai' dodo avec moi ? Veux pas dodo tout' seule ...

Evil_erin
La douleur me vrille le corps. Debout devant la fenêtre de la chambre, je regarde les jeux de lumière de la lune sur la neige immaculée. Mais je ne vois rien. Seulement me concentrer sur la douleur, être plus forte qu'elle. L'enfant que je porte en mon sein me tue de l'intérieur, c'est impossible !
Alors que la pénible souffrance s'estompe, je fais les quelques pas qui me rapproche du lit où Eileen dort paisiblement. Je m'assois sur le bord et caresse tendrement ses cheveux. Que ne donnerais-je pour être sure de son bonheur ... Le mien n'a été qu'un reve fugace, tellement beau, tellement fort, perdu bien trop vite.

Me relevant péniblement, je prends place devant le petit bureau orné de volutes étrangement structurées. Le bois est lisse, verni et soigné, j'y dépose un vélin et trempe la plume dans l'encrier. Oui, j'ai réfléchis, j'y ai pensé des jours et des nuits, tout ce temps solitaire, tout ce temps où Il nous a abandonné à notre propre sort. Je dois tout mettre en œuvre pour protéger mon enfant ... mes enfants. Je me penche sur le vélin et commence à écrire les mots douloureux qui sont dans mon esprit.




Victoria,

Nous en avons discuté quelques fois et j'avais promis d'y réfléchir. Ce que j'ai fait ...

L'absence *de mon ...je raye* du père de ma fille, son probable désintérêt pour nous, me pousse à accepter ta proposition.
Je souhaite qu'Eileen devienne ta pupille, elle sera sous ta garde et celle de ton futur époux lorsque mes obligations professionnelles me tiendront dans l'impossibilité d'être une mère.
Si un jour la grande faucheuse finit par me faire sienne, alors je donne mon autorisation, en toute connaissance de cause, pour que mon enfant soit adopté par votre famille.

..............


Ma main tremble, j'ai du mal à continuer. Envisager ma propre mort, ma séparation définitive de tout ce qui me tient à cœur ... et à corps ... Je pose la main sur mon ventre. Encore quelques semaines et je ne pourrais plus cacher mon état. Peu de gens sont au courant, chacun garde le secret, je leur fais confiance. Mais d'ici peu, il me faudra affronter le doigt tendu, le sourire railleur, les remarques acerbes et désobligeantes sur ma stupidité à avoir voulu persister.
Comment peut-on me reprocher la faute d'avoir un cœur avec des sentiments et d'aimer, d'avoir voulu réaliser un reve ... Comment ? Je secoue la tête et repose la plume dans l'encrier. Jeter le vélin ? Non, il faut que je le fasse, c'est la meilleure solution pour mes enfants, je serais certaine ainsi qu'ils ne manqueront de rien, qu'ils seront en sécurité. N'est-ce pas ce que devraient souhaiter tous les parents ?

J'abandonne, je n'arrive pas à faire face à ma résolution. La chose en mon ventre me laisse enfin en paix et je retourne m'allonger près de ma fille. Ma main s'égare un instant sur ses cheveux qui lui retombe sur le visage, mes yeux suivent ses traits endormis, je me demande si elle reve, à quoi, à qui ... A-t-elle aussi peur que moi ? Surement. Comme je voudrais ... Je pose ma tête sur mon bras, un long soupir s'exhale de mes lèvres et je clos mes yeux avant que les larmes ne reviennent.


*Pourquoi ? Pourquoi Garret ? Pourquoi tu nous as fait ca ?*
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