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[RP] S'il plait à Dieu, alors, nous irons !

Della
      * Nemo...
      This is me for forever
      One of the lost ones
      The one without a name
      Without an honest heart as compass

      This is me for forever
      One without a name
      These lines the last endeavor
      To find the missing lifeline


Della...

Assise devant son miroir depuis de trop longues minutes, elle s'est perdue dans son propre regard, s'y noyant à l'envi.
Elle cherche un souvenir qui lui ferait signe, qui lui dirait qui elle était, qui elle est devenue et qui elle pourrait être.
Elle est passée d'un nom à l'autre, forte du besoin d'exister, déposant dans les mains des uns et des autres le soin de perdurer sans elle.
Des larmes ont mouillé ses yeux, pas assez parfois, ou trop, sans jamais rien effacer, ridant juste un peu les sillons déjà creusés.
Elle a aimé, tant, trop, pas assez, elle s'est égarée sur la route des sentiments avant de s'écrouler pour oublier.
Elle aime encore mais qui l'aime en retour ?
Est-elle encore quelqu'un ?
Est-elle devenue ...personne ?



        *-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*


C'est une main rageuse qui jeta le peigne au loin !
Della, surnommée la Renarde Noire par son frère aîné tant regretté, venait de sortir d'une longue torpeur rythmée par le mouvement répétitif du peigne dans sa chevelure.
De ses pensées, elle retenait qu'elle s'était perdue bien souvent, trop souvent, qu'elle était à nouveau perdue, qu'il fallait réagir !

Kéridil d'Amahir-Euphor, son époux, avait prit la décision de faire rentrer son épouse récalcitrante dans le droit chemin, plus exactement, le chemin que lui pensait être droit mais qui aux yeux de son épouse était loin de l'être. Pourtant, depuis quelques semaines maintenant, elle donnait à voir l'image d'une épouse discrète, sage, qui ne prenait pas position ou en tout cas pas ouvertement, contre son époux.
C'est à ce prix qu'elle avait pu revoir ses deux fils Clément et Dorante que Kéridil avait tenu écartés de leur mère, pendant la période qu'il avait jugée comme "indisciplinée" de Della.
Si la joie d'être à nouveau auprès de ses trois enfants réunis avait adouci le sacrifice, il n'en demeurait pas moins que Della vivait cela comme une soumission infernale dont elle n'était pas certaine de sortir indemne !

De plus en plus souvent, on la voyait le regard éteint, recroquevillée sur elle-même, se berçant au rythme d'une mélodie intérieure, muette.
Lorsqu'on lui parlait, on avait l'impression de la sortir d'un rêve éveillé, l'interrogation qu'on lisait alors sur son visage trahissait ce détachement progressif avec le quotidien qui se vivait autour d'elle, mais sans elle.
Elle, épicurienne, ne se nourrissait que de quelques morceaux de pain ou de quelques fruits, délaissant les mets succulents déposés devant elle, boudant jusqu'au Beaumont, ce vin provenant de ses terres chéries.
Il n'y avait pas encore si longtemps, elle priait pour que son époux ne sombre pas dans l'acédie, qui priait pour elle, à cette heure, en voyant ses traits émaciés ?



        *-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*


C'était le point du jour, le printemps donnait quelques signes avant-coureurs de son retour à travers le ciel dégagé et les rayons du soleil qui se réchauffaient doucement.
Dans le lit de Della, pas d'époux, un fidèle compagnon, un chien qu'elle avait offert à Kéridil et qui avait troqué un maître contre une maîtresse. Elle ignorait le nom que Kéridil avait bien pu donner à ce chien, elle le surnommait simplement "le Chien", en souvenir de ce vieux toutou qu'elle avait eu jadis.
Le Chien leva le nez lorsque Della quitta le lit, aussitôt à ses pieds, il attendait...

Comme chaque matin, la Renarde s'agenouilla sur le prie-Dieu et s'abîma en prières sincères et en longues suppliques.
Est-ce que ce fut le soleil qui brillant sur la croix aristotélicienne, fit étinceler cette lumière qui éblouit la jeune femme ?
Ou était-ce enfin le signe que Della attendait, donné par Dieu lui-même répondant à ses demandes pour la sortir de l'aveuglement et la ramener dans la lumière ?

Quelques instants plus tard, elle ouvrit la porte de sa chambre, le Chien en profitant pour filer, et elle appela ses deux fidèles suivantes, seules témoins de la langueur qui dévorait la Duchesse de Chartres, celle-là même qui autrefois faisait ployer devant elle tous ceux qui osaient la défier.

Clarinha ! Isandre !
Où êtes-vous ?
Venez, vite !

La porte claqua, Della plongea dans un de ses nombreux coffres à vêtements et le retourna méthodiquement.



*Nightwish, Nemo
**Traduction
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Isandre.watelse
Des jours qui s'écoulaient dans le silence et le froid... Voilà l'impression qu'elle ressentait depuis leur retour de Lorraine.
Elle ne reconnaissait plus la Bourgogne autrefois si joyeuse. Elle ne reconnaissait plus sa maitresse jadis si vaillante.
Le monde ressemblait à un long jour gris où on attend vainement qu'un rayon de soleil perce le plafond lourd des nuages.
Mais seul la froidure régnait en maitresse sur les lieux.
Elle s'efforçait, jour après jour d'égailler cette inconnue triste et abattue qu'elle ne connaissait plus.

Plus de crises de fous rires, plus de grandes tirades politiques, plus de coups de colère, plus de décisions à l'emporte pièce. La rivière tumultueuse avait été remplacée par un étang calme et plat dont les eaux sombres cachaient des secrets inavouables ou des cauchemars enfouis.

Elle se préparait dans sa chambrette, située non loin de celle de sa maitresse quand l'appel lui parvint.

Lâchant son peigne, elle posa un voile sur sa chevelure juste démêlée et ajusta son châle avant de se présenter dans la chambre de Dame Della.

- Le bonjour Dame.
Quelque chose ne va pas ? Vous avez perdu une tenue ?


Elle se souvenait encore de la scène lointaine où une broderie s'était égarée. Cela lui avait valu des heures de recherches infructueuses dans tout le château. Elle espérait bien que cette fois, les recherches seraient rapides et ne l'obligerait pas à retourner jusqu'en Lorraine.
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Della
Précisément, Della émergea du coffre, portant le regard sur Isandre à laquelle elle s'adressa, toute excitée.

Ah ! Isandre ! Oui, tout va bien ! Je cherche...je cherche une robe ! Une belle robe !
Regardez-moi, je suis...horrible ainsi !


Les étoffes qu'elle tenait dans sa main tombèrent à terre tandis qu'elle montrait la pauvre chainse défraîchie qu'elle portait, à sa damoiselle de compagnie.

Isandre, ma chère Isandre...La Renarde prit possession des mains de sa suivante, mains qu'elle serra entre les siennes, les yeux brillants...Oh, Isandre ! Le Très Haut...je L'ai vu ! Il vient de me donner un signe ! Elle était exaltée, parlait vite, le souffle court. Lâchant les mains d'Isandre, elle montra la croix accrochée au mur. La croix, elle a brillé, là, devant moi, pendant que je priais...Il m'a entendue, Isandre, Il a répondu à mes prières !

Certes, elle était excitée, complètement euphorique, légèrement à la masse mais elle se sentait revivre, venait de retrouver un chemin à suivre qui même s'il en surprendrait plus d'un, aurait pour elle, cet effet bénéfique de la sauver d'un mutisme déboussolant.

Il ne faut pas se détourner du Très Haut, Il veille, je n'ai jamais douté, aujourd'hui, je suis absolument certaine qu'Il nous protège...Vous, Clarinha, moi, Kéridil, les enfants...Nous ne devons pas douter, pas un instant, vous comprenez, mon amie ? Jamais, il ne faut jamais douter !

Nous allons reprendre nos vies en main, Isandre, il est temps ! Nous ferons de nos vies, des outils de la foi, nous servirons le Seigneur !


Della avait attrapé un chapelet qu'elle tourna autour de son poignet avant d'y poser les lèvres.

J'ai péché, Isandre, j'ai péché...tellement péché...et pourtant...pourtant, Il m'offre Son pardon...N'est-ce pas merveilleux ?

S’asseyant à nouveau devant son miroir, elle tendit le peigne à Isandre.

Coiffez-moi, voulez-vous, ma chère Isandre. Je suis laide ainsi ! Regardez...Elle se penchait plus avant vers le miroir, pointant les cernes qui lui dévoraient le visage...regardez comme ce visage est affreux ! Je veux redevenir belle, je le dois !

Mais où est Clarinha ? Il faut qu'elle s'occupe de ma robe...


Elle se sentait comme une enfant devant une étagère remplie de confitures, à vouloir toutes les goûter ! Elle aurait déjà voulu fuir le peigne qui démêlait douloureusement ses longs cheveux blonds bien mal entretenus depuis ces dernières semaines pour sauter dans une robe après être passée dans...

Un bain ! Isandre, appelez pour qu'on chauffe de l'eau, vous y mettrez ces pétales de roses que vous avez fait sécher !
Oh, Isandre, réjouissez-vous avec moi, mon amie ! Notre rédemption aura lieu !

Aïe !
Laissez-moi un peu de cheveux, tout de même !

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